Attis

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Bloc mutilé, découvert à Coblentz, dans la Moselle, en 1867. Au Musée de Bonn. Pierre commune. Hauteur 0,90m ; largeur 0,77m ; épaisseur, 0,65m. Par devant, les restes d'un homme debout, de face, drapé, dans une niche. A gauche, ceux d'un Attis, dans le costume et la pose traditionnels. La pierre est épannelée du côté droit et provient certainement de l'une des assises d'un grand monument funéraire.

Mythologie grecque

Egalement connu sous la graphie Atys (dans les écrits d'Hérodote).


Culte d'Attis

Ce culte aurait été importé par des tribus thraces en Phrygie.

Au cours des siècles, la figure d’Attis devient prééminente. Ce n’est qu’aux alentours des IIIème et IVème siècles de notre ère qu’une idéologie de résurrection se développe autour d’Attis, directement reprise de la mythologie chrétienne.


Cycle liturgique

Cérémonie de taurobole dans le culte de Cybèle et Attis. Musée Archéologique d'Athènes.

Le cycle liturgique d’Attis commence par le sacrifice d’un taureau de six ans et la célébration de "l'entrée de l'arbre" ("arbor intrat"), le jour de l’équinoxe de printemps (ou le lendemain, Référence nécessaire). Les porteurs d'arbre ("dendrophores") apportaient en procession au temple un pin coupé et décoré, enveloppé dans un linceul, qui représentait le cadavre d'Attis. Plusieurs jours de jeûne et de continence s'ensuivaient, durant lesquels il était longuement adoré et pleuré puis mis au tombeau le 24 mars, "Jour du Sang", avec un cérémonial sanglant.

Le troisième jour est consacré au deuil et au jeûne. Le quatrième jour est le dies sanguinis, le jour du sang : l’hystérie collective est de rigueur, les mystes et les "galles" dansaient frénétiquement au son des tambourins et des trompes, en se lacérant pour éclabousser de sang le pin sacré et ses abords. Des fanatiques se castraient alors avec des éclats de silex mis à leur disposition (sous l’Empire, cette émasculation deviendra symbolique, Hadrien l’ayant interdite). Après l’éviration, les galles étaient tatoués, ou on plaçait parfois une feuille d’or sur la cicatrice de la mutilation. Marqués au fer rouge, ils s'en allaient en ville jeter cette "moisson du dieu Gallos" en une quelconque maison dont les habitants devaient alors les nourrir et les vêtir d'habits féminins. La nuit suivante (Hilaries) préparait la résurrection d'Attis.

Dans la nuit de Pannychis, les fidèles veillaient le dieu, dans un lieu réservé, pour lui offrir leur force vitale. Attis pouvait alors renaître dans la nuit, la lumière apparaissait et un prêtre annonçait la résurrection du dieu.

Le cinquième jour, celui des Hilaria est jour de gaieté, de carnaval, de rire.

Le sixième jour est Requieto, repos et introspection. La Lavatio conclut la «semaine sainte» d’Attis par une procession de purification.


Dans les mythes lydiens

(Hérodote, Hermésianax)

Hérodote présente "Atys" sous les traits d’un fils du roi Crésus, mort au cours d’une chasse contre un sanglier gigantesque, tué par la lance du prince chargé de le protéger[1]. Ce prince nommé Adraste évoque Adrasteia, une Mère divine dont le nom est souvent associé à Némésis, donc aux décrets inéluctables du destin.

Hermésianax en fait un impuissant, missionnaire du culte métroaque. Le courroux de Zeus s’abat sur lui et il périt sous les coups d’un sanglier.


La version de Pausanias

Au 2 ème siècle de l’ère chrétienne, Pausanias transmet une version pessinontienne et qu’il veut originelle, du mythe d’Attis.

La Terre, fécondée par la semence de Zeus, engendre un monstre bisexué, Agdistis. Les dieux, effrayés, coupent le pénis du monstre dont va sortir un amandier avec ses fruits mûrs. La fille du fleuve Sangarios tombe enceinte du fruit de l’amandier et donne naissance à Attis, qui est abandonné puis élevé par un bouc. Devenu adulte, Attis doit épouser la fille du roi de Pessinonte mais Agdistis s’éprend d’Attis et surgit pendant le mariage. Pris de folie, Attis s’émascule. Agdistis, fou (ou folle ?) de chagrin et de regrets, obtient de Zeus que la pourriture épargne le corps d’Attis.[2]


Dans les mythes phrygiens

Arnobe, converti au christianisme au 4 ème siècle, se lance dans une diatribe contre les païens dans son Adversos Nationes. Il instruit un dossier à charge contre le paganisme et son «immoralité» supposée en recueillant tous les mythes comportant des transgressions. Arnobe se réclame d’un «insigne théologien», un Eumolpide (Les Eumolpides sont Les descendants des familles aristocratiques à qui Déméter a confié la garde de ses Mystères) du nom de Timothée qui aurait tiré ses connaissances d’ouvrages peu accessibles et anciens et de sa propre pratique des mystères de la Grande Déesse.

Bien qu’en apparence hostile et décidé à critiquer le paganisme, Arnobe compile différentes versions du mythe et offre un récit cohérent sur Attis.

La Mère des Dieux est une pierre issue de la roche dont Pyrrha et Deucalion se sont servis pour donner naissance à l’humanité post-diluvienne. Cette roche dénommée Agdus se trouvait en Phrygie. La pierre fut animée par la volonté divine pour devenir la Mère. Zeus tenta en vain de la violer et n’obtint de sa semence, que le monstre Agdistis (également bisexué).

Agdistis menaçait les hommes et les dieux. Un subterfuge de Dionysos va provoquer la castration du monstre : enivré et les parties génitales liées, Agdistis se châtre en s’élançant à son réveil. Du sang d’Agdistis répandue sur la terre, naît un grenadier. La fille du roi Sangarios tombe enceinte en recueillant une grenade. Le roi est furieux de ce qu’il pense être une conduite déshonorante et enferme sa fille pour la faire mourir de faim. Mais la Mère des Dieux vole à son secours et la jeune fille met au monde Attis, que Sangarios expose.

L’enfant est recueilli par un berger du nom de Phorbas qui le nourrit de lait de bouc.

En grandissant, Attis est aimé de la Mère des Dieux mais aussi d’Agdistis. Pour l’aider à échapper à Agdistis, Midas, roi de Pessinonte propose sa propre fille en mariage au jeune Attis. Il fait clore sa citadelle afin que nul ne vienne entraver le bon déroulement de l’union mais la Mère des Dieux soulève les murailles de sa tête et Agdistis insuffle la folie à tous les convives.

Entré dans une démence proche de la transe, Attis s’émascule et se laisse mourir mais la Mère des Dieux recueille les organes qu’elle ensevelit comme des morts, après les avoir lavés et vêtus. Le sang d’Attis répandu fait naître des violettes et la jeune épousée Ia (qui signifie «violette») se suicide après avoir recouvert la poitrine du mort de laine tendre et pleuré en compagnie d’Agdistis. La Mère des Dieux est inconsolable et ses larmes vont faire pousser un amandier, signe de l’amertume du deuil. Ses plaintes se mêlent à celles d’Agdistis. La Déesse emporte dans son antre le pin, où le jeune homme a perdu sa virilité. Agdistis implore Zeus de le faire revivre mais celui-ci ne le permet pas ; en revanche, le corps d’Attis fut épargné par la pourriture, ses cheveux poussèrent éternellement et seul son petit doigt survécut agité d’un mouvement incessant.

Agdistis consacra le corps à Pessinonte et le fit honorer par des prêtres dédiés en des rites annuels.

Ce récit phrygien contient pourtant des éléments anciens (6 ème siècle avant JC) et grecs (notamment le recours à Deucalion et à l’humanité née des pierres ; quant au vieux thème grec de l’autochtonie, la naissance d’Agdistis évoque Erichtonios).

Le cycle liturgique d’Attis à l’époque classique : une lecture post-chrétienne du mythe d’Attis ou les effets de la concurrence Ce cycle célèbre la mort et la résurrection du jeune Attis en une ultime version du mythe. Revécu de façon intime et liturgique, il transforme le profane en initié.

Rapports entre Attis et Cybèle

Les différents mythes, selon les époques et les lieux, le présentent alternativement comme le fils ou l’amant de la Déesse mais toujours victime d’une furie destructrice provoquée par un désir érotique violent.

Attis ne deviendra le fils deCybèle que bien plus tard et en réalité, cette filiation restera exceptionnelle.

Amoureuse de ce jeune berger Phrygien, abandonné enfant dans les roseaux, Cybèle le découvre et il devient son amant. Cependant Attis devint amoureux à son tour d’une nymphe du nom de Sagaritis (qui prend dans l’histoire, la place de la fille du roi) et Cybèle folle de colère, fit périr la nymphe et frappa Attis de folie.

Attis submergé par la douleur s’émascula pour se punir de sa trahison. De son côté, Cybèle prise de remords le changea en pin.


Représentations

Sources

Mythologie : Cybèle, du Mont Ida aux arcanes majeurs du Tarot , par Avénoé, Lune Bleue Numéro 6 – Yule 2010 <references>

  1. Hérodote 1, 34-45
  2. Pausanias, «Description de la Grèce», lib.7