Équinoxe de printemps

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Roue de l'année

L'équinoxe de printemps est la période après l'hiver au cours de laquelle la durée du jour est égale à celle de la nuit. En Europe, c'est le moment où la nature s'éveille, et le temps des semailles.

Les célébrations de l'équinoxe de printemps sont très anciennes, comme le suggère le site de Loughcrew en Irlande. Il s'agit d'une tombe à couloirs datant du IVème millénaire avant notre ère, dont le passage est illuminé par le soleil levant (en cas de beau temps...) les jours d'équinoxes.

Les païens actuels célèbrent ce sabbat en faisant sonner des cloches, décorant des œufs, plantant des graines, s’occupant du jardin rituel ou non, faisant un grand nettoyage de printemps (physique et spirituel) etc...

photo : Toelstede

Étymologie et appellations

Le terme équinoxe provient du latin æquinoctium, de æquus (égal) et nox, noctis (nuit). Ceci parce qu'à l'équinoxe jour et nuit ont une durée identique.

On appelle équinoxe de printemps (ou vernal) l'équinoxe de mars dans l'hémisphère nord et l'équinoxe de septembre dans l'hémisphère sud.

L'équinoxe de printemps est aussi nommé Alban Eilir, Eostar, Eostre, la Fête des arbres, la Fête de la Dame, NawRuz, No Ruz, Ostara, Ostra et Rites de Printemps. Les traditions de cette période ont souvent été associées à Pâques avec la christianisation.

Le mot anglais Easter (Pâques) tire son origine du nom d'une Déesse de la fertilité saxe (Eostre) ou germanique (Ostara). Ostara est mentionnée par Bède le Vénérable, un moine bénédictin du VIIIe siècle, dans son livre De temporum ratione, qui présente le culte d’Eostre comme déjà éteint parmi les anglo-saxons. Ostara pourrait également dériver du mot germain "Ost" ou "Est", en référence à l'aube et à la vie renouvelée.

Détermination de la date

La date de l'équinoxe peut se déterminer en observant le lever du soleil, par rapport au point situé plein Est (ou plein Ouest pour le coucher) : l'équinoxe de printemps a lieu le jour où le Soleil cesse de se lever au sud de ce point, pour se lever au nord (mutatis mutandis pour le coucher du Soleil, et/ou pour l'équinoxe d'automne).

La date de l'équinoxe de printemps varie suivant les années entre le 20 et le 21 mars.

Les catholiques célèbrent Pâques le premier dimanche qui suit la première pleine lune pendant ou après l'équinoxe de printemps.

Haji Firûz

Nouvelle année

Les peuples iraniens et turcs célèbrent le nouvel an du calendrier iranien : Norouz (en persan : نوروز ; en kurde : Newroz; en turc : Nevruz) qui signifie "nouveau jour". cette fête est célébré depuis au moins 3 000 ans et est profondément enraciné parmi les rituels et les traditions du zoroastrisme.

En association avec la renaissance de la nature, le nettoyage de printemps est traditionnel en Iran et au Kazakhstan. Cela est aussi étendu aux effets personnels, et traditionnellement, tout le monde s'achète au moins une garde robe neuve.

Le traditionnel porteur des couleurs de Norouz est un personnage appelé Haji Pirûz, ou Hadji Firuz. Il symbolise la renaissance du dieu du sacrifice sumérien, Domuzi (Dumuzi, qui a donné son nom au mois hébreu de Tammuz), qui était tué à la fin de chaque année et renaissait pour le début de l'année nouvelle. Portant du maquillage noir et un costume rouge, Haji Firûz chante et danse dans les rues avec tambourin et trompettes en distribuant ses bons vœux pour l'arrivée de la nouvelle année.

Le retour de la Lumière

L'équinoxe marque le passage de la période sombre à la période lumineuse, c'est à dire celle où les jours sont plus longs que les nuits. Les coutumes païennes veulent que l’on allume des feux pour symboliser la libération de l'obscurité hivernale, le renouveau de la vie et la protection des récoltes.

Les gaulois auraient honoré à cette période le Dieu Grannos en allumant des feux.

Schieweschlawe

Le Schieweschlawe est une fête païenne solaire d'équinoxe de printemps pratiquée dans le nord de l'Alsace (Schiewackefier), le Sud de l'Allemagne (Scheibenschlagen) et en Suisse alémanique (Schiibeschlage). Le Schieweschlawe désigne le « lancer de disque » : au bout d'une baguette flexible de châtaignier, on fixe un petit disque en bois de hêtre de 10 cm de diamètre percé d'un trou central. Le disque est plongé dans les braises d'un bûcher. Lorsque les bords amincis commencent à brûler, on le retire. Le lanceur se dirige vers une pierre plate inclinée vers la vallée, décrit plusieurs moulinets en l'air puis frappe le disque sur le tremplin. La rondelle de bois se détache et décrit une trajectoire lumineuse dans le ciel. Selon la croyance ancienne le feu chasse les mauvais esprits des ténèbres et permet de s'attirer la prospérité pour la saison à venir. Le disque symbolise le soleil.

À Aubusson, dans la Creuse, les ouvriers tapissiers jetaient les "veillées à l'eau" en faisant flotter au fil de l'eau un petit bateau ou une planche garnie de chandelles allumées. Une fois les lumières disparues à l'horizon, les veillées étaient considérées comme terminées et l'assemblée fêtait cet événement par de copieuses libations. Cette coutume persista jusqu'en 1914.

En Moselle, à Metz et dans les environs, les enfants font flotter des coquilles de noix garnies de mèches imprégnées d'huile et allumées, en les accompagnant de l'air "Il était un petit navire". Dans les Ardennes, c'est un sabot chaussé d'une chandelle que l'on désigne par l'expression "mettre à l'eau le piton" ou "noyer le couperon", le couperon étant la lanterne à huile des soirs d'hiver.

A Gerardmer et à Fraize dans les Vosges, le 11 mars au soir, on sculptait dans une grosse rave une tête de mort que l'on illuminait intérieurement et le jour précédant l'ultime veillée de la saison, on l'installait sur une fontaine où les jeunes gens s'escrimaient à la faire choir avant d'avoir reçu le seau d'eau que des gardiens invisibles et placés à l'affût, réservaient aux joueurs maladroits.

En Bulgarie le 25 mars était la fête appelée "Blagovetz" ou encore "Blagovechtenie". Le rite principal était d'allumer un grand feu. Les garçons sautaient par dessus le feu pour se préserver en été des piqûres et morsures des serpents et des lézards. Les femmes faisaient du bruit avec une pince à feu, un tisonnier ou d'autres objets de ferrailles, en tournant dans tous les coins du jardin, pour que les serpents et les lézards qui, selon la croyance, sortaient ce jour de leur cachette d'hiver, se sauvent de la maison. Elles disaient :"Courez les serpents et les lézards, parce que les cigognes arrivent".

Les vertus de l'eau printanière

L'eau de la rosée et des ruisseaux est traditionnellement collectée à l'équinoxe de printemps. Se laver avec cette eau est réputé rendre la jeunesse. Selon Grimm, on pouvait voir à Osterrode une jeune fille blanche avec un gros trousseau de clés à sa ceinture se laver dans le ruisseau.

Les aspersions d’eau sont fréquentes à cette époque de l’année. La tradition païenne de bains dans l'eau, appelée Dyngus en Pologne, est censée avoir un effet purificateur, prévenir des maladies et favoriser la fertilité. Par conséquent on aspergeait volontiers les jeunes filles à marier mais aussi les animaux domestiques ou même la terre. Autre tradition païenne polonaise liée à l’arrivée du printemps : la noyade de Marzanna, Déesse slave de la mort et du froid. Une effigie de la Déesse, souvent en paille et vêtue de vêtements féminins était battue, traînée au sol et enfin jetée dans une rivière ou un lac par les enfants le premier jour du printemps.

Renaissance de la végétation

Les grecs célébraient le retour de Dionysos ou de Perséphone, accompagné du renouveau de la végétation. Dans la Rome antique on fêtait le 17 mars Liberalia, les libérales, qui s'apparentent aux usages que l'on retrouve actuellement en Pologne, en Roumanie, en Yougoslavie et en Ukraine. Ainsi on jette ou jetait un gâteau composé de miel, de farine et d'huile dans le foyer d'un autel consacré à Bacchus ou son équivalent, avec une liqueur, pour obtenir la fertilité de la vigne et du blé.

A Rome, fin mars, les fidèles d'Attis célébraient "l'entrée de l'arbre". Les porteurs d'arbres («  dendrophores ») apportaient au temple un pin coupé et décoré qui représentait le cadavre d'Attis. Il était longuement adoré et pleuré puis mis au tombeau le 24 mars, "Jour du Sang", avec un cérémonial sanglant. Les fidèles et les "galles" dansaient frénétiquement au son des tambourins et des trompes, en se lacérant pour éclabousser de sang le pin sacré et ses abords. Des fanatiques se castraient alors avec des éclats de silex mis à leur disposition. Marqués au fer rouge, ils s'en allaient en ville jeter cette "moisson du dieu Gallos" en une quelconque maison dont les habitants devaient alors les nourrir et les vêtir d'habits féminins. La nuit suivante (Hilaries) préparait la résurrection d'Attis.

Osterbaum (arbre à œufs) à Münchsteinach

Encore aujourd'hui en Finlande, les enfants sèment dans des assiettes des graines de " ray-grass " qu'ils font pousser au bord des fenêtres. Ils disposent aussi des branches de saule dans des vases remplis d'eau pour les faire bourgeonner.

Dans les années 1980, une ancienne coutume remise au goût du jour devint un véritable phénomène de mode chez les jeunes finlandaises et suédoises : déguisées en sorcières, équipées d’un balai, d’une cafetière et d’un bouquet de branches de saule décorées de plumes et de motifs de papier crépon multicolores supposés éloigner les mauvais esprits, elles font la tournée des voisins. Elles scandent leurs meilleurs voeux à coups de branches de saule en demandant en retour une pièce de monnaie et des friandises.

La tradition de bénédiction du buis ou du laurier est plus ancienne que le christianisme et se pratique encore, même si la bénédiction ne vient plus des mêmes divinités. Ces branchages sont utilisés comme des talismans, on les accroche, au mur ou dans une armoire, jusqu’à l’année suivante.

L’Osterbaum, « l’arbre de Pâques » est une vieille tradition allemande pour célébrer le retour du printemps : les branches d'arbres sont décorées de coquilles d’œufs décorées.

La croyance est que l'arrivée des hirondelles et des coucous ce jour annonce la fin de l'hiver et l'arrivée du printemps. En Bulgarie les filles passaient de maison en maison en chantant des chansons sur le coucou, qui racontent comment il est arrivé et quelle nouvelle il apporte.

Selon la tradition, on veille à avoir de l'argent dans la poche parce que si on entend le coucou pour la première fois de l'année coucouler, on aura alors du bonheur toute l'année.

Le trèfle

Le trèfle est arboré traditionnellement par les irlandais à la Saint-Patrick, le 17 mars.

Les feuilles vertes trilobées du printemps que l’on retrouve lors de la cérémonie druidique comme dans la boutonnière irlandaise à la Saint-Patrick, nous ramènent donc, non seulement au Dieu solaire et à la doctrine de la Trinité, mais aussi à l’enseignement de l’Awen et au concept de la Déesse triple.

Oeufs peints de manière traditionnelle en Croatie

L’œuf : symbole de renaissance

La symbolique de l’œuf est très riche. Il apparaît comme un des symboles du renouveau périodique de la nature. La naissance du monde à partir d’un œuf est une idée commune aux Celtes, Grecs, Finnois, Égyptiens, Phéniciens, Cananéens, Tibétains, Hindous, Vietnamiens, Chinois, Japonais, aux populations sibériennes et indonésiennes, et à bien d’autres encore.

Déjà, les égyptiens et les romains offraient des œufs peints au printemps en symbole de la vie et de la renaissance à la Déesse-Mère (Vénus, Isis, Sémiramis...). À l’époque pharaonique, on écrivait en couleurs des vœux sur les œufs puis on les déposait le soir dans un panier qui, au matin était inondé par les bienfaits de , le soleil.

En Roumanie et en Estonie, le soleil naît d'un œuf. Les œufs sont un plat traditionnel de Pâques. Dans certaines régions, les coquilles d’œuf et restes de gâteaux sont jetés dans une rivière pour nourrir les esprits.

carte de lapin de Pâques, 1900

Le lièvre : symbole de fertilité et de régénération

Le lièvre, fertile reproducteur, personnifie l’aube, l’est, la blancheur, la lune, le devenir. Dans les cultures païennes, mésopotamiennes, druidiques et scandinaves, le lapin est le symbole du savoir fondamental (inconnu des hommes), de la régénération et du sacrifice.

Le symbole du printemps (« spring » en anglais) bondit (« spring » en anglais) ! Le nom latin du lièvre Lepus donne le verbe anglais to leap, synonyme de to spring signifiant bondir et donnant le terme anglais offspring (la descendance) dont l’ancienne orthographe était of Spring.

Le lièvre est le compagnon des Déesses de la fécondité : Vénus chez les Romains, Ostara en pays Germanique, Easter en pays saxon.

En Grande-Bretagne, à la fin de la récolte, on coupait le lièvre en gage de fertilité : on fabriquait une poupée en épi de blé et on l'enterrait au printemps.

Pline l'Ancien recommandait la viande de lièvre comme remède à la stérilité et pour accroître l'attirance sexuelle.

On retrouve des représentations de lièvres mangeant des grappes de raisin et des figues sur des tombes grecques et romaines, où ils symbolisent la transformation et le cycle de vie, mort et renaissance. Comme Robert Graves le fait remarquer dans La Déesse blanche, on retrouve des traces de lièvres tués le vendredi de Pâques jusqu’en 1620 de notre ère.

Rituels et superstitions

Dans l’Écosse du 13ème siècle, on fit comparaître un curé devant l’évêque pour avoir célébré la semaine pascale « selon les rites de Priape ». Il était accusé d’avoir réuni les jeunes femmes du bourg et de les avoir encouragées à danser autour d’une pierre levée dont l’apparence était ostensiblement phallique, et ceci tout en chantant.

Dans certaines campagnes les hommes faisaient circuler dans la maison une chaise décorée de verdure, de fleurs, et de rubans. Chaque femme de la maisonnée s’asseyait sur cette chaise, et on la soulevait dans l’air. Parfois aussi on lui aspergeait les pieds d’eau à l’aide d’un bouquet de fleurs, et celui qui l’offrait, revendiquait un baiser en guise de récompense.

En Bulgarie on perce les oreilles des petites filles pour mettre des boucles d'oreille parce que ce jour là elles auraient moins de douleur et la cicatrisation se ferait plus vite.

En Grande Bretagne, les vieilles superstitions recommandent de porter un vêtement neuf le jour de Pâques pour porter chance tout au long de l'année à venir. Les oiseaux puniraient ceux qui portent de vieux habits en lâchant des décorations des airs !

Pratiques néo-païennes

L'équinoxe de printemps est célébré par les wiccans sous le nom d'Ostara et par les druidisants sous le nom Alban Eilir, ou Satios.

Les couleurs généralement associées à cette fête sont le jaune et le vert.

Les plantes sont la violette, la tulipe, la jacinthe, le crocus, la jonquille, toutes les fleurs printanières, et le saule.

Quelques exemples d’activités pratiquées à cette occasion :

teinture à l'oignon

- rendre hommage aux "forces divines du printemps"

- méditer sur le renouveau, le symbole de l’ œuf, ce que l'on souhaite renouveler, les projets à développer, l'équilibre dans sa vie...

- faire un "nettoyage de printemps"

- décorer des œufs

- fabriquer des bougies dans des coquilles d’œufs

- décorer un "arbre de Pâques" (y suspendre des œufs et d'autres décoration)

- planter des graines, qui peuvent être chargée des projets que l'on souhaite développer

- se promener, observer les signes du printemps naissant

- réaliser divers jeux impliquant des œufs

- cuisiner des brioches en forme de lapins

Iconographie

Articles connexes

Alban Eilir

Ostara

Recettes d'Ostara

Symboles d'Ostara

Printemps

Sources

Siannan, Les Traditions du Printemps, Lune Bleue n°9