Athéna

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Mythologie grecque

Athéna, encore appelée Athéné ou « Pallas Athéna » est une déesse de la guerre, de la sagesse, des artisans, des artistes et des enseignants.

Athéna Giustiniani. photo : Tetraktys


Étymologie

L'origine de son nom, selon certains, vient de la racine indo-européenne ath- signifiant probablement « tête » ou « sommet », car née de la tête de Zeus.[1]


Naissance et origine

Selon la Théogonie d'Hésiode, Athéna est la fille de Zeus et d'une océanide, Métis. Ouranos, le Ciel étoilé, avait prédit à Zeus qu'un fils né de Métis lui prendrait son trône. Par conséquent, dès qu'il apprend que Métis est enceinte, Zeus prend le parti de l'avaler. Mais quelques mois plus tard, il ressent de terribles maux de tête. Il demande alors à Prométhée de lui ouvrir le crâne d'un coup de hache, pour le libérer de ce mal : c'est ainsi qu'Athéna jaillit, brandissant sa lance et son bouclier, de la tête de Zeus, en poussant un puissant cri de guerre.

La naissance d'Athéna se serait déroulée en un lieu appelé Triton ou Tritonis, dont la localisation est revendiquée en divers endroits :

naissance d'Athena

- en Crète pour Diodore V.72.3 :

La mythologie dit aussi que Athéna naquit de Zeus dans l'île de Crète à la source du fleuve Triton, d'où lui est venu le surnom de Tritogéne. On voit même encore un temple de cette déesse auprès de ces sources et dans le lieu même de sa naissance.

- en Béotie pour Pausanias IX.33.7 :

Un torrent peu considérable coule auprès ; on lui donne le nom de Triton, à cause de la tradition qui veut qu’Athéna ait été élevée auprès du fleuve Triton ; les habitants du pays disent que c'est vers ce fleuve-là même, et non vers celui de la Libye qui prend sa source dans le lac Tritonis, et va se jeter dans la mer de Libye.

- en Arcadie près d’Aliphères pour Pausanias VIII.26.6 :

Aliphères a pris son nom d'Aliphéros autre fils de Lycaon. Ses temples sont au nombre de deux, dont l'un est dédié à Asclépios, l'autre à Athéna, déesse à laquelle ces peuples ont une dévotion singulière, persuadés qu'ils sont qu'elle est née chez eux et qu'elle y a été nourrie. C'est dans cette idée qu'ils ont érigé un autel à Zeus Lochéate, c'est-à-dire à Zeus qui accouche d'Athéna, et ils ont donné le nom de Tritonis à une fontaine à laquelle ils attribuent tout ce que l'on dit du fleuve Triton.

- en Egypte, c’est aussi un autre nom donné au Nil, selon Pline V.4.3

Très vite, elle rejoint les dieux de l'Olympe, où elle prend une place importante. L’Iliade, l’Odyssée comme les Hymnes homériques la représentent comme la favorite de Zeus, celle à qui il ne peut rien refuser.


D'autres légendes font d'Athéna la fille d'un certain Pallas, un géant ailé au corps de bouc, qu'elle massacra alors qu'il tentait d'abuser d'elle. Elle lui arracha la peau, s'en fit une égide et accola son nom au sien, devenant Pallas Athéna.[2]

Mais, selon d'autres légendes, Pallas était la fille de Triton (ce qui serait appuyé par l'épithète de "Tritogénie" dont on qualifie Athéna), et certains font de Pallas et d'Athéna une seule et même déesse, mais d'autres font de Pallas la compagne de jeux d'Athéna que celle-ci tua accidentellement. On attribue à Triton une autre fille, Tritéia, qui fut une prêtresse d'Athéna.[3]

Des légendes peu claires relient également Athéna à la Phtiotide, région de la Grèce antique située au fond de l'actuel golfe de Lamia et qui était la région de Phthie, dont Pélée deviendra le roi. Ces légendes font d'Athéna la fille du roi Itonos, et elle tua sa sœur Iodama en lui montrant la tête de la Gorgone. Mais, selon d'autres légendes, Athéna n'était pas la fille d'Itonos et Iodama était une prêtresse d'Athéna (et fille d'Itonos).[4]

Selon Robert Graves, il semblerait donc que ces légendes anciennes témoignent d'une passation de pouvoir (a priori pacifique) du "père" Tritonis vers sa "fille" Athéna (ou Neith...), et que l'on soit passé, à une époque reculée, du patriarcat au matriarcat. Des traditions encore vivaces en Afrique du Nord le confirmeraient.[5]

poterie datée de vers 410-390 av. J.-C.

Description

Athéna est la déesse de la cité, mais c'est comme déesse de la sagesse, représentée par la chouette et par l'olivier, qu'elle s'impose et en vient à symboliser la civilisation grecque au cours des siècles, jusqu'à nos jours.

À l'instar d'Hestia et d'Artémis, Athéna est une déesse vierge, à qui on ne connaît pas d'aventures. Elle tient beaucoup à sa virginité ; elle fut donc surnommée Parthénos (jeune fille) d'où le nom du grand temple d'Athènes sur l'Acropole, le Parthénon.

Athéna est la déesse de la raison et du savoir.

La chouette

Athéna est accompagnée d’une chouette, symbole d’intelligence (la chouette voit la nuit), et Homère, dans l’Iliade, la qualifie de déesse aux yeux "glauques", mot qui a donné lieu à plusieurs interprétations : yeux de chouette ("glaux, glaucos", la chouette, en grec), yeux bleus ou bleu-vert (couleur que l’on nomme également "pers"), yeux brillants. C’est cette dernière traduction que l’on retient maintenant, bien que la première s’accorde bien au symbole d’Athéna, la chouette, et que la seconde confirme les origines "berbères" de la déesse.


Guerrière et Protectrice

Héraclès et Athéna, 480-470 av. JC, Vulci.

Il peut sembler étrange que la déesse de la sagesse naisse en armes et soit également la déesse du combat. Pourtant il n'est pas anodin que les sages grecs aient revêtu Athéna d'attributs guerriers : la guerre est omniprésente dans le monde des cités grecques ; la sagesse implique que la cité soit protégée non seulement spirituellement, mais aussi physiquement. Athéna, par son côté guerrier représente davantage l'art de bien se protéger et de prévoir les combats à venir, que l'art du combat lui-même, incarné par Arès dans sa sauvagerie meurtrière. Athéna incarne l'aspect plus ordonné de la guerre, la guerre qui obéit à des règles, celle qui se fait en certains lieux, à certaines périodes, et entre les citoyens.

Elle se charge souvent de protéger les héros. Elle vient en aide à Diomède, Ulysse et Télémaque. Elle apaise la colère des Erinyes et fait acquitter Oreste par l'Aréopage.

Elle aide également Héraclès à accomplir ses douze travaux, et Persée à tuer Méduse, dont la tête coupée orne ensuite son égide. C'est elle qui conseille Cadmos, le fondateur de Thèbes, lui enjoignant de tuer le dragon puis de semer ses dents pour susciter une armée hors de terre. Elle indique à Bellérophon comment dompter Pégase. Par la suite elle se rendit sur le trône provoquant Zeus.


Art et Artisanat

Athéna est une déesse civilisatrice, que le peuple vénère entre autres pour le don de techniques agricoles. Elle est la protectrice des artisans et des travailleurs sous son épithète « la travailleuse ».

Athéna Pallas, 16ème siècle. photo : kladcat

Elle préside au travail du bois. C'est elle toujours qui montre à Érichthonios comment fabriquer un char[6], et à Danaos, à Rhodes, comment concevoir un navire à cinquante rames — son rôle est similaire dans la légende des Argonautes, c'est elle qui montre comment construire l'Argo. Elle aide et protège Tektôn, fils d'Harmôn l'Ajusteur qui a construit pour Pâris le navire qui emporta Hélène à Troie. Elle assiste Danaos, l'inventeur du premier navire et elle supervise toutes les opérations de la construction du bateau d'Ulysse qui lui a permis de quitter l'île de Calypso. Elle rabote et polit le bois de la lance de Pélée.

Tout ce qui est filé ou cousu est de son domaine, comme le montre par ailleurs la fable d'Arachné, transformée en araignée pour avoir osé prétendre qu'elle filait mieux que la déesse. De nombreuses représentations la montrent tenant un fuseau ou un rouet.

Elle protège les arts et la musique. Elle inventa la flûte (aulos), la trompette, le râteau, le joug pour les bœufs.


Le serpent

Athéna, à l'époque classique, a pour compagnon habituel un serpent, et ses rapports avec Erechthée, le roi-serpent, sont particulièrement étroits.

Athéna est souvent représentée avec un ou plusieurs serpents et/ou la tête de Gorgone sur son égide devenue (gorgoneion).


Autres fonctions

Enfin, elle est aussi la protectrice de la santé familiale. Elle protège les mariages et les jeunes enfants, et défend l'honneur du foyer conjugal. La prêtresse d'Athéna portait chez les jeunes mariés l'image de la déesse.[7] Pudique, elle rend aveugle Tirésias qui l'a surprise au bain.

Déesse de la santé physique et morale, elle possède à ce titre une statue sur l'Acropole ainsi que des autels. C'est Athéna hugieia, la déesse de la bonne santé. Il est probable qu'avant l'introduction du culte d'Asclépios à Athènes, Apollon et Athéna se partageaient les guérisons.


Selon Diodore I.12.7-8 (au sujet des interprétations hellénistiques des prêtres égyptiens) :

l'air était appelé Athéna qu'ils ont crue fille de Zeus et toujours vierge, parce que l'air est incorruptible, et qu'il s'étend jusqu'au sommet de l'univers; car Athéna était sortie de la tête de Zeus. Elle s'appelle aussi Tritogénie, des trois changements que subit la nature dans les trois saisons de l'année, le printemps, l'été et l'hiver.


Mythes

Athena et Poseidon, 540 av JC

La compétition avec Poséidon

D'après la légende de Cécrops, Athéna et Poséidon se sont disputés la possession de l'Attique. Ils choisissent comme arbitre Cécrops, le premier roi du territoire. Poséidon frappe l'Acropole de son trident et en fait jaillir un étalon noir invincible au combat, ou dans d'autre légende un lac salé. Athéna, elle, offre un olivier. Cécrops juge le présent de la déesse bien plus utile pour son peuple, et c'est elle qui devient protectrice d'Athènes.

Selon Varron, Cécrops demande aux habitants d'Athènes (les femmes comprises) de choisir eux-mêmes leur protecteur. Les hommes préfèrent le cheval, susceptible de leur apporter la victoire dans la bataille. Les femmes quant à elles préfèrent l'olivier. Les femmes, plus nombreuses d'une voix, font pencher la balance en faveur d'Athéna. Furieux, Poséidon submerge l'Attique sous les flots. Pour apaiser sa colère, les Athéniens doivent imposer aux femmes trois punitions : elles n'auront plus le droit de vote ; aucun enfant ne portera le nom de sa mère ; et enfin, elles ne seront plus appelées Athéniennes.

Lorsqu'on plante un olivier, c'est la génération suivant qui en récoltera les fruits. C'est donc un symbole garantissant la paix. L'olive était également une richesse dans les pays méditerranées.


La tentative de viol d'Héphaïstos

Un jour qu'Athéna était allée dans la forge d'Héphaïstos lui commander des armes, celui-ci lui déclara sa flamme. Elle s'enfuit, il courut après elle et, tout boiteux qu'il était, il la rattrapa, la saisit dans ses bras… Mais Athéna savait se battre. La lutte était si ardente et si chaude qu'Héphaïstos répandit sa semence sur la cuisse de la déesse. Dégoûtée, elle l'essuya avec un flocon de laine qu'elle jeta par terre. Gaia en fut fécondée. Il en sortit un garçon, qui fut nommé Erichthonios pour rappeler sa double origine lainière et terrienne, et qu'Athéna reconnut comme son fils. Craignant la jalousie des autres déesses, et sans doute cette idée fixe de Zeus de voir paraître un descendant qui le détrônerait, elle résolut qu'il serait élevé secrètement. Elle l'enferma dans un panier et le confia aux trois filles de Cécrops, avec interdiction d'ouvrir. L'une d'elles, Aglauros, ne put résister… Avec la complicité d'une de ses sœurs, on ne sait trop laquelle, elle ouvrit le panier. Et ce qu'elles virent… Eh bien, on ne le sait pas très bien non plus. Un serpent? Un enfant endormi avec un serpent enroulé autour de lui? Un enfant dont les jambes n'étaient qu'une queue de serpent? Toujours est-il qu'elles furent épouvantées et qu'elles se précipitèrent du haut du rocher de la future Acropole. Le serpent demeura comme un des emblèmes d'Athéna: on pouvait le voir derrière le bouclier de la statue d'Athéna Parthénos. Quant à Erichthonios, il survécut à cet accident et devint roi d'Athènes.[8]


Le jugement de Pâris

Jugement de Pâris. 510 av. JC. Vulci.

Un jour un mariage eut lieu sans qu'Eris, déesse de la discorde, ne soit invitée. De rage elle s'invita au mariage, tenant dans sa main une pomme d'or où il était inscrit "A la plus belle". Elle la lance dans la foule et Aphrodite, Héra, Athéna se battirent pour l'avoir. Les dieux ne voulant pas faire de conflit allèrent chercher le plus beau des mortels qui se nommait Pâris pour qu'il rende le jugement à leur place.

Il était en train de garder des troupeaux sur le mont Ida quand les dieux lui apparurent. Ils leur expliquèrent l'histoire et il accepta de juger. Chacune des déesses lui promit un bel avenir si il la choisissait : Héra la gloire de l'Europe et l'Asie, Athéna la victoire dans les guerres et Aphrodite l'amour de la plus belle des mortelles.

Pâris ne sachant qui choisir voulut couper la pomme en trois pour donner un bout à chacune mais Aphrodite l'en empêcha. Finalement Pâris remit la pomme d'or à Aphrodite qui lui avait promit l'amour de la plus belle des mortelles . Aphrodite lui dit que c'était Hélène, mais elle était mariée avec le roi de Sparte. Pâris enleva Hélène et déclencha la guerre de Troie.

Culte

On avait consacré des temples à Athéna dans toute la Grèce. Ceux-ci étaient servis par des jeunes filles vierges. Outre Athènes, bien sûr, et le Parthénon et l'Érechthéion qui abrite le Palladium, elle avait notamment des temples à Mycènes, à Tégée en Arcadie, à Chalcioecon en Macédoine, à Tirynthe, un sanctuaire d'Athéna Khalkiokos (« à la Maison de Bronze ») à Sparte ; sanctuaire d'Athéna Aléa à Tégée ; sanctuaire d'Athéna à Lindos, dans l'île de Rhodes, un haut lieu de culte fondé par les Doriens.


Les Panathénées

Les principales fêtes consacrées à Athéna étaient les Panathénées. Elles se déroulaient à Athènes, le 28 du mois d'hécatombaion (mi-août), tous les ans pour les Petites Panathénées, et tous les cinq ans pour les "Grandes". Elles faisaient venir d’Attique de nombreux voyageurs. Elle comportaient des concours de musique, gymnastique et hippisme, pyrrhique (danse en armes), lampadodromia, et concours de beauté, et une cérémonie religieuse, un sacrifice et banquet. Celle-ci consiste en la remise à Athéna d'un nouveau péplos (robe) de laine jaune, décoré de scènes représentant la lutte d'Athéna contre les Géants.[9] Lors des Grandes Panathénées, les jeunes filles d’Athènes promenaient dans la ville le Peplos, ou voile brodé exécuté par les femmes d’Athènes durant l’année, pour le porter à la statue d’Athéna Polias.

Temple d'Athena Nike, Acropole, Athènes

Culte agraire

Le cycle des fêtes d'Athéna commence par les sunoikèsia, fêtes du foyer, de la réunion des bourgades qui vont former " les Athènes ", Athènai, mot pluriel, synoecisme dont le réalisateur légendaire est Thésée. On offre un sacrifice pour la paix.

Puis vont se dérouler en liaison avec un des rôles d'Athéna des fêtes agraires. En Octobre-novembre on célèbre les semailles. Deux petites filles de sept à onze ans, les arréphores, élues par l'ekklèsia à la mi-novembre de l'année précédente et logées sur l'Acropole, sont au centre d'une étrange cérémonie nocturne. La prêtresse d'Athéna leur met sur la tête une corbeille sacrée dont ni la prêtresse ni les arréphores n'étaient censées connaître le contenu. Les arréphores descendaient de l'Acropole par un souterrain en cul-de-sac au fond duquel elles déposaient le contenu de la corbeille, voilé, et prenaient d'autres objets voilés qu'elles rapportaient sur l'Acropole. C'étaient des gâteaux de formes diverses, serpents, pommes de pin, phallus et symboles de fécondité, et les restes de ces gâteaux devaient être mêlés aux semailles. Après leur séjour sous terre, ils sont les garants des récoltes futures.

Le même mois, les bouzyges, famille sacerdotale d'Athéna qui prétendaient descendre du héros Bouzugès, celui qui avait appris aux Athéniens l'agriculture et notamment le labourage - on conservait sa statue à Athènes - les bouzyges, donc, procédaient au labourage sacré. Derrière eux, un semeur jetait le grain mêlé aux restes des gâteaux sacrés.

A la fin de l'hiver, vers le mois de Mars, quand les pousses de blé commençaient à grandir, on offrait à Athéna un sacrifice de reconnaissance lors d'une fête, les procharesteria. Les magistrats de la ville y assistaient.

Au mois de mai-juin, les pluntèria, qui commençaient par un grand lavage du temple d'Athéna ; puis une procession conduisait la statue vers la mer. Puis la statue revenait, parée, on lui offrait une brebis et un plat de figues.

Une autre fête est représentée par les hôschophoria. Une procession se rendait à quelque distance d'Athènes, par la voie sacrée qui menait à Eleusis. Tous les participants étaient munis d'un parasol blanc. Ils se rendaient jusqu'à un champ qui justement avait été le premier ensemencé par les Athéniens. On y conduisait la statue d'Athéna que l'on frottait avec la terre pour faire venir la pluie en montrant à la déesse les inconvénients de la sécheresse.

Les nikètèria célébraient à l'origine la victoire d'Athéna dans sa querelle avec Poséidon, puis commémorèrent la victoire de Platées.[10]

Temple de Tholos, Delphes. photo : Kufoleto Antonio De Lorenzo et Marina Ventayol

Hérodonte nous renseigne sur les cultes rendus à Athéna :

Dans une fête que ces peuples [les Machlyes et les Auséens] célèbrent tous les ans en l'honneur de Athéna, les filles, partagées en deux troupes, se battent les unes contre les autres à coups de pierres et de bâtons. Elles disent que ces rites ont été institués par leurs pères en l'honneur de la déesse née dans leur pays, que nous appelons Athéna ; et elles donnent le nom de fausses vierges à celles qui meurent de leurs blessures. Mais, avant que de cesser le combat, elles revêtent d'une armure complète à la grecque celle qui, de l'aveu de toutes, s'est le plus distinguée; et, lui ayant mis aussi sur la tête un casque à la corinthienne, elles la font monter sur un char, et la promènent autour du lac. Je ne sais de quelle façon ils armaient autrefois leurs filles, avant que les Grecs eussent établi des colonies autour d'eux. Je pense cependant que c'était à la manière des Égyptiens. Je suis en effet d'avis que le bouclier et le casque sont venus d'Égypte chez les Grecs. Ils prétendent que Athéna est fille de Poséidon et de la nymphe du lac Tritonis, et qu'ayant eu quelque sujet de plainte contre son père, elle se donna à Zeus, qui l'adopta pour sa fille.[11]

Les sacrifices des nomades se font de cette manière : ils commencent par couper l'oreille de la victime (cela leur tient lieu de prémices), et la jettent sur le faîte de leurs maisons ; cela fait, ils lui tordent le cou : ils n'en immolent qu'au Soleil et à la Lune. Tous les Libyens font des sacrifices à ces deux divinités ; cependant ceux qui habitent sur les bords du lac Tritonis en offrent aussi à Athéna, ensuite au Triton et à Poséidon, mais principalement à Athéna.

Les Grecs ont emprunté des Libyennes l'habillement et l'égide des statues de Athéna, excepté que l'habit des Libyennes est de peau, et que les franges de leurs égides ne sont pas des serpents, mais des bandes minces de cuir : le reste de l'habillement est le même. Le nom de ce vêtement prouve que l'habit des statues de Athéna vient de Libye. Les femmes de ce pays portent en effet, par dessus leurs habits, des peaux de chèvres sans poil, garnies de franges et teintes en rouge. Les Grecs ont pris leurs égides de ces vêtements de peaux de chèvres. Je crois aussi que les cris perçants qu'on entend dans les temples de cette déesse tirent leur origine de ce pays. C'est en effet un usage constant parmi les Libyennes, et elles s'en acquittent avec grâce. [12]


Hymnes homériques

Traduction par Leconte de Lisle.

Je chanterai Pallas Athènaiè, puissante protectrice des villes, et qui s’occupe, avec Arès, des travaux guerriers, des villes saccagées, des clameurs et des mêlées. Elle protège les peuples qui vont au combat ou qui en reviennent.

Salut, Déesse ! Donne-moi la bonne destinée et la félicité.

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Je commence par chanter Pallas Athènaiè, Déesse illustre, aux yeux clairs, très sage, au cœur indomptable, vierge vénérable, protectrice des villes, vigoureuse, que le prévoyant Zeus enfanta lui-même de sa tête auguste, couverte d’armes guerrières d’or et resplendissantes, et que tous les Immortels contemplèrent avec admiration.

Devant Zeus, elle jaillit impétueusement de la tête immortelle, brandissant sa lance aiguë, et le grand Olympos fut ébranlé sous le bond de la Déesse aux yeux clairs, et, autour, la terre retentit horriblement, et la mer fut ébranlée, bouleversant ses eaux pourprées ; mais l’abîme salé s’apaisa aussitôt, et l’illustre fils de Hypériôn arrêta ses chevaux aux pieds rapides jusqu’à ce que la Vierge Pallas Athènaiè eût enlevé ses armes divines de ses épaules immortelles, et le très sage Zeus s’en réjouit.

Et je te salue ainsi, fille de Zeus tempétueux ! Je me souviendrai de toi et des autres chants.

Tetradrachme, Athènes, 449-404 av JC. photo : Classical numismatic group

Appellations et épithètes

Aedôn : rossignol

Alalkomenêis (Αλαλκομενηις) : protectrice

Amboulia (Αμβουλια) : conseillère

Anemôtis (Ανεμωτις) : des vents

Erganê (Ἐργάνη) : la travailleuse

Restitution en polychrome, temple d'Athéna Aphaia à Égine. 490 av. JC. photo : Marsyas

glaukôpis (γλαυκῶπις) : aux yeux pers, gris, brillants

Hippia (Ἱππια) : des chevaux

hugieia : de la santé

Huy-dat (Ὑγεία) : la protectrice de la santé familiale.

Koryphagenês (Κορυφαγενης) : née de la tête

Koryphasia (Κορυφασι) : de la tête

Mêtêr (Μητηρ) : mère

Níkê (Νίκη) : de la Victoire

Ophthalmitis (Οφθαλμιτις) : des yeux

Paiônia (Παιωνια) : guérisseuse

Parthenos (Παρθενος) : vierge

Polias (Πολιας) : de la cité

Polioukhos (Πολιουχος) : protectrice de la cité

polyboulos (πολύϐουλος) : de bon conseil

Prómakhos (Πρόμαχος) : celle qui combat au premier rang

Salpinx (Σαλπινξ) : trompette de guerre

Sôteira (Σωτειρα) : sauveuse

tygater Dios aigiokhoio (θύγατερ Διὸς αἰγιόχοιο) : fille de Zeus porte-égide

Tritogéneia (Τριτογένεια) : Tritogénie

Galerie

articles connexes

Athènes, Minerve

Sources

Theoi : Athena

Bibliographie

Robert Graves. "Les mythes grecs" traduction intégrale du livre de langue anglais "Greek Myths Cassell & C° LTD. Londre", La Pochothéque, FAYARD. 2005.

Catherine Salles " La Mythologie grecque et romaine " Hachette littérature. Tallandier Editions, 2003.

Jean Chevalier, Alain Gheerbrant. "Dictionnaire des symboles" Edition Robert Laffont 1989.

François Frontisi. Dictionnaire des mythologies (Sous la direction de Yves BONNEFOY). Flammarion, Paris - 1981 ; tome I.

Pierre Grimal, La Mythologie grecque (collection Que sais-je ?) 1972.


<references>

  1. Dictionnaire des noms de lieux - Louis Deroy et Marianne Mulon (Le Robert, 1994)
  2. Kulturica
  3. Kulturica
  4. Kulturica
  5. Kulturica
  6. Hymnes homériques à Aphrodite, 7-15
  7. La Religion Grecque : Athéna
  8. Jean Duché, La Mythologie racontée à Juliette, Robert Laffont (1977)
  9. La religion grecque : Athéna
  10. La religion grecque : Athéna
  11. Hérodote IV.180
  12. Hérodote IV.188-189