Artémis

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Mythologie grecque

La Déesse grecque Artémis (en grec ancien Ἄρτεμις / Ártemis ou Artéminusus) est assimilée dans la mythologie romaine à la déesse Diane. Elle fait partie des douze Olympiens et elle participa activement au combat contre les Géants. Déesse de la chasse et des animaux sauvages, elle est souvent associée à la lune.


Apollon et Artémis. 470 av JC

Naissance et origines

L'origine d'Artémis est très ancienne et certainement asiatique : elle personnifiait la maternité et la fertilité.

Artémis est la fille de Zeus et de Léto et la sœur jumelle d'Apollon.

Léto était l'une des nombreuses maîtresses de Zeus à déclencher la colère d'Héra : cette dernière interdit à la terre d'accueillir la parturiente et décréta que ses enfants ne devraient pas naître dans un lieu où brillait le soleil. Elle fit poursuivre Léto par le serpent Python. Léto erra donc jusqu'à trouver l'île d'Ortygie (ou Astérie, ainsi nommée car fondée par sa sœur Astéria), qui, flottant entre la terre et la mer, n'encourait pas la malédiction d'Héra. Zeus accrocha l'île au fond de la mer, et l'île prit le nom de Délos (en grec Δῆλος / Dễlos, « visible, manifeste »). Une variante indique qu'Héra a retenu prisonnière Ilithyie, déesse de l'accouchement. Les autres dieux, usant d'une ruse, finissent par libérer la déesse, permettant ainsi à Léto d'accoucher d'Artémis et d'Apollon. Selon certaines sources Artémis, dès sa propre naissance aide de sa mère Léto à mettre au monde son frère jumeau, Apollon.

Artémis est ensuite élevée par le centaure Chiron qui lui enseigne tous les secrets de la chasse.

A l'âge de trois ans, assise sur les genoux de son père Zeus, elle lui demande en cadeau : « une éternelle virginité, autant de nom que son frère Apollon, un arc et des flèches semblables aux siens, la fonction d'apporter la lumière, une tunique de chasse de couleur safran avec bordure rouge, soixante nymphes océanes, toutes de même âge (neuf ans), vingt nymphes de l'Amnisos en Crète pour prendre soin de ses brodequins et nourrir ses lévriers.

Elle demande aussi toutes les montagnes du monde et une seule cité qu'il plaira à son père car elle vivre, la plupart du temps, dans les montagnes.

Elle demande aussi que les femmes, au cours de l'accouchement l'invoquent souvent car sa mère Léto, l'a porté et l'a mis au monde sans douleurs, et parce que les trois Parques l'ont assigné, en raison de sa naissance sans douleurs, d'être la déesse protectrice des naissances. »


Mythes

Actéon dévoré par ses chiens. 480-470 av JC
  • Callisto

La nymphe Callisto fit la triste expérience de la cruauté d'Artémis : Zeus s'éprit de Callisto. Comme il le faisait souvent pour mener à bien ses conquêtes féminines, il inventa une ruse pour la séduire. Un jour que la jeune nymphe était étendue sous un arbre, il s'approcha d'elle, déguisé en Artémis. Callisto ne se méfia pas et se retrouva enceinte.

Elle chercha à cacher son état à Artémis, qui ne pouvait supporter, de la part d'une de ses suivantes, cette infraction aux règles de la chasteté. Mais un jour que Callisto se baignait dans la rivière, la déesse la surprit et découvrit la vérité.

Artémis entra alors dans une violente colère et la menaça de ses flèches redoutables. Zeus, inquiet pour la nymphe et pour l'enfant qu'elle portait, la transforma en ourse et la cacha dans la montagne. Plus tard, Artémis, lors d'une de ses longues courses, aperçut l'ourse et lui décocha une flèche. Callisto mourut et Hermès, dépêché par Zeus, recueillit son enfant, un garçon nommé Arcas. Zeus, ému par le sort de la nymphe, la transforma en la constellation de la Grande Ourse.

  • Actéon

Artémis est très pudique. Un jour qu'elle prenait son bain en compagnie de ses nymphes, Actéon, qui chassait dans ce bois, la vit. Au lieu de détourner les yeux, il la contempla. Artémis, eut peur qu'il ne se vante auprès de ses amis et lui lança de l'eau à la figure, ce qui le transforma en cerf. Puis elle le fit manger par ses chiens.

  • Orion

Orion, fils de Poséidon et Euryalé, chasseur d'Hyria en Béotie ; il était le plus bel homme, mais aussi un impitoyable chasseur sauvage qui ne respecte pas les règles de la chasse, il extermine les bêtes de tout âge, sans observer aucune limite ; il poursuit aussi une des nymphes d'Artémis, l'Hyperboréenne Opis pour la violer. Mais d'après la légende la plus répandue, en voulant attenter à la virginité d'Artémis et la violer, la déesse fait sortir de la terre un scorpion qui tue Orion en le piquant. Le chasseur, et son tueur le scorpion ont été transformés en constellations qui portent leurs noms dans le ciel.

  • Agamemnon et Iphigénie

Dans l'épopée de la guerre de Troie, Artémis empêche temporairement le départ des flottes des armées grecques vers la ville de Troie en levant des vents contraires car elle se juge offensée par le roi Agamemnon qui a tué une biche dans un de ses sanctuaires (ou selon d'autres versions, Agamemnon s'est vanté d'être plus adroit à la chasse que la déesse elle-même ou un meilleur archer qu'elle). En interrogeant les oracles, Agamemnon apprend que pour lever cette sanction divine, il doit sacrifier sa fille Iphigénie à Artémis. Pressé dans son entreprise guerrière, Agamemnon accepte ce sacrifice mais heureusement, au dernier moment, Artémis sauve Iphigénie en lui substituant, sur le bûcher, une biche ; elle la transporte dans les airs et elle fait d'elle sa prêtresse en Tauride (Crimée). C'est depuis ce jour que la biche est devenue son symbole en tant qu'animal.

  • Œnée

Artémis envoie un terrible sanglier qui dévaste le royaume de Calydon, parce que son roi Œnée, lors d'un sacrifice offert à toutes les divinités d'Olympe pour les remercier d'avoir donné de bonnes récoltes, avait oublié de lui consacrer une partie de ses récoltes.

  • ours

Une ourse était entrée dans son enceinte sacrée près d'Athènes et elle avait été apprivoisée par les visiteurs du temple ; un jour, l'ourse, ne pouvant plus, elle griffe une petite fille, qui ne cessait pas de l'agacer. Les frères de la petite fille, furieux, tuent la bête ; Artémis se juge offensée dans son propre sanctuaire, alors elle se venge en dévastant la cité d'une peste. Suite à cette sanction divine, les fillettes d'Athènes viennent au temple d'Artémis apprendre à être sages « faire l'Ourse », en courant et dansant, torches en mains, pour la déesse.

  • Alphée

Un jour le dieu-fleuve Alphée, eut l'audace de s'éprendre d'Artémis et de la poursuivre à travers la Grèce mais elle s'enfuit à Létrinoi en Elide. Là elle enduisit son visage ainsi que celui de toutes ses nymphes d'une boue blanchâtre, de telle sorte qu'on ne pouvait la distinguer de ses suivantes. Alphée fut contraint de se retirer, poursuivi par les rires moqueurs.

  • Mélanippos et Comaithô

Dans la cité de Patras, les deux amoureux, le jeune Mélanippos et Comaithô la prêtresse d'Artémis, constatant l'opposition des parents à leur mariage, ils osent d'offenser les règles de la cité et d'offenser la déesse Artémis en utilisant son propre sanctuaire comme une chambre nuptiale illégale. La vengeance de la déesse était fulgurante et générale ; à Patras la terre ne portait plus de fruits et les habitants périssaient de maladies étranges. Le poète Callimaque nous dit : « La peste ravage leurs troupeaux et la gelée leurs champs, les vieillards chez eux coupent leur chevelure pour pleurer leurs fils; et les femmes meurent en couches, d'un coup subit, ou, si elles échappent, mettent au monde une progéniture qui ne se tient pas droit et ferme». [1] L'oracle de Delphes, consulté, dévoila le crime de Mélanippos et de Comaithô; il ordonna de les sacrifier à Artémis et d'immoler chaque année à la déesse une jeune fille et un jeune homme, les plus beaux du pays. Plus tard, dit le mythe, l'introduction du culte de Dionysos mit fin à cette pratique sanglante.

Atémis versant une libation, Grèce, 470 av JC

Fonctions

  • chasseresse

Déesse de la chasse, « Dame des fauves », elle est responsable des morts soudaines, des morts subites. Ses flèches sont toujours précises, foudroyantes de rapidité et mortelles. Elle mène sa meute et les pousse de la voix. Artémis possède en effet le double visage de la compagne des animaux sauvages et de la chasseresse.

  • protectrice de la civilisation

Artémis joue le rôle de protectrice de la vie civilisée dans ses différents aspects (guerre, chasse, politique, sexualité...), ses lois et ses règles établies par les dieux et les humains. Artémis veille à ce que ces règles soient bien respectées et elle sanctionne sans pitié, tout comportement représentant un retour à la vie sauvage. C'est pour cela qu'elle verse sa colère sur la cité de Patras, et elle tue Orion, le chasseur sauvage.

  • Divinité des frontières

Artémis erre dans les agroi, les terres en friches, incultes et peu fréquentées. Comme le souligne Jean-Pierre Vernant, elle « a sa place en bordure de mer, dans les zones côtières où entre terre et eau les limites sont indécises ».[2] Toujours située à la frontière entre le monde civilisé et le monde sauvage, Artémis la chasseresse est aussi une nourrice (κουροτρόφος / kourotrophós) [3]. Déesse de l'eschatiai, la zone de passage, elle protège toutes les périodes de transition dans la vie des humains comme des animaux, ces périodes de passage de la vie sauvage à la vie cultivée et qui commencent pour tout individu par la naissance puis l'enfance puis l'adolescence et elles se terminent une fois la personne atteint la maturité en devenant, adulte civilisé, homme ou femme, père et mère accomplis, citoyen utile à la société. Elle intervient dans toutes les étapes de la sexualité féminine : de l'enfance à la puberté, le mariage, la grossesse, et l'enfantement.

  • féminité

Artémis est parthenos, la vierge qui s'occupe du feu, ou, comme le rapporte Plutarque, celle qui s’abstient de tout commerce sexuel avec des hommes. Elle punit sévèrement les hommes qui tentent de la séduire. C'est la déesse des femmes, surtout des vierges. Elle joue le rôle de protectrice de la vie féminine et intervient dans toutes les étapes de la sexualité féminine. Elle était la déesse protectrice des nymphes et amazones qui étaient, comme elle, chasseresses et indépendantes du joug des hommes.

  • guide

Artémis, encore appelée « la radiante », est aussi celle qui guide les égarés, les étrangers, ou les esclaves en fuite au cœur de la nuit. Aussi Artémis porte-t-elle en latin le nom de Trivia, « celle qui éclaire la route aux carrefours de la vie ».

  • divinité lunaire

Artémis est associé à la Lune, son frère jumeau Apollon étant lié au Soleil.


Artémis, possède aussi, comme son frère Apollon, le pouvoir de faire naître les épidémie et le pouvoir de les guérir.

Elle aussi présidait au chant, sous le nom de Hymnia, escortée par les Muses, les Charites ou les Nymphes.

Artémis d'Ephèse

L' Artémis éphésienne est très différente d'autres représentations connues de la déesse à l'époque classique, hellénistique ou romaine. Il pourrait s'agir d'un culte d'une forme pré-hellenique de la déesse[4] Une inscription[5] datant probablement du 3ème siècle av JC l'associe à la crète : "Au guérisseur des maladies, à Apollon, Donneur de lumière aux mortels, Eutyches a élevé en offrande votive [la statue de] la Dame crétoise d’Éphèse", la Porteuse de Lumière." Elle représente la fécondité, la fertilité, c'est une mère nourricière qui allaite l'humanité entière par ses nombreux seins engorgés du lait divin.

  • représentation

C'est Callimaque qui nous dit que la première statue de la déesse était un xoanon ("ξόανον") : sculpture taillée dans le bois". La statue que vit Xénophon était bien en bois et, au Ie siècle ap. J.-C., Pline l'Ancien indique clairement que la statue celle qui figurait dans le temple était sculptée dans du "cyprès". Par la suite, on éleva des répliques en terre cuite, en pierre ou en bronze mais ces reproductions garderont toujours l'esprit de leur matière d'origine. Ce qui évolua, au cours des siècles, c'est l'ornementation. Xénophon nous dit qu'au IVe siècle, la statue était déjà recouverte de feuilles d'or. Il fallut aussi intégrer, sur cette forme stylisée, de nombreux attributs de la déesse.

Artémis xoanon est dépourvue de membres inférieurs, engoncée de la taille aux pieds dans un fourreau qui descend jusqu'au sol, comme si elle y était plantée. On voit nettement, sur certaines statues ou statuettes, des ramifications qui semblent s'enfoncer dans la terre. Le "xoanon" n'est donc pas seulement une statue faite en bois. C'est une divinité arbre, dont il faut imaginer que les racines s'enfoncent dans la Terre mère, en souvenir de l'idole originelle qui fut placée dans le sanctuaire dit "de l'arbre", premier téménos à ciel ouvert installé dans le marécage du Caystre.

Artemis d’Éphèse. 1er siècle ap JC

Le fourreau : le bas du corps est constitué d'une sorte de socle comme celui des divinités du proche orient et d'Egypte. Il est quadrillé, chaque case contenant un ou plusieurs animaux de toutes espèces : cerfs, sangliers, fauves, abeilles, chèvres, taureaux, chevaux, griffons. En général, les mêmes animaux se retrouvent dans des cases contiguës sur la même ligne. On retrouve là les attributs grecs traditionnels de la πότνια θηρῶν (souveraine des bêtes sauvages) et on peut penser qu'il s'agit de la représentation symbolique d'une domination universelle sur le mode sauvage. Les cases du quadrillage correspondraient aux représentations plus réalistes des Artémis chasseresses et auraient été un moyen de conserver à la déesse le cortège animalier que sa posture xoanienne empêchait de montrer.

Mais ces attributs sont aussi ceux des divinités asiatiques, les déesses mères orientales ayant souvent des caractéristiques identiques. Comme on retrouve beaucoup de figurines animales dans les objets votifs du "trésor d'Ephèse", il faut admettre, celui-ci étant antérieur à l'époque de Crésus, que les cultes parallèles ou concurrents à celui de la déesse ionienne faisaient déjà appel à des représentations de ce genre. C'est à eux sans doute que l'on doit la présence de l'abeille et des fleurs. L'abeille, quand elle est figurée, occupe toujours une place importante dans la case.

Enfin, on remarque que nombre de ces animaux sont de souche locale, comme l'épervier que l'on retrouve souvent perché sur un mât au dessus de la déesse. C'est aussi le cas des poissons, coquillages, crabes, qu'on ne trouve guère que chez l'Ephésienne.

Les bras sont à angles droits. Les deux humérus sont collés au corps alors que, pour les avants-bras, souvent manquants, la position du coude indique clairement qu'ils étaient à l'horizontale, dans un geste d'accueil et d'ouverture. Une monnaie d'époque romaine, frappée à Marseille au Ie siècle ap. J.-C. représente des bandelettes tombant de ses poignets jusqu'au sol. Il s'agit d'un attribut divin qui n'est pas propre à Artémis (Homère nous parle, par exemple, des bandelettes d'Apollon) mais nous savons que, dans le cas qui nous occupe, ces fils (probablement de laine) symbolisaient la protection et l'asile que la déesse accordait dans son sanctuaire.

La tête : La déesse porte généralement des boucles d'oreilles. Sa chevelure tombe sur ses épaules et sa tête s'appuie, en arrière, sur un reposoir. Ici encore, les figurations animales abondent. Elle arbore aussi une sorte de tiare, qui prend généralement la forme d'une couronne tourrelée et qui, sur certaines représentations, est quadrillée ou recouverte d'un voile. Il est intéressant de noter qu'on retrouve le même couvre-chef sur la tête de la statuette qu'on suppose représenter un Mégabyse. Parfois, cette tiare est prolongée par un mât sur lequel peut venir encore se percher un épervier, rappelant à la fois les attributs de la Potnia Théron et ceux de la souveraine du marécage du Caystre.

Le cou et la poitrine : le cou de la déesse est orné de pendentifs. Sur ce collier, on trouve souvent des crabes et des scorpions, correspondant, peut-être, à des signes du zodiaque.

Mais ces pendentifs descendent très bas, sur trois ou quatre rangées, jusqu'au niveau de la ceinture et font tomber sur le ventre d'Artémis les protubérances qui lui ont valu l'épithète de polymastos "(aux multiples seins").

Ces protubérances font l'objet de diverses hypothèses : certains y voient des seins, d'autres des attributs mâles, plus spécifiquement des testicules de taureau, dont on sait que la déesse appréciait la compagnie, sans que l'on puisse dire s'il s'agissait d'une castration rituelle effectuée lors d'un sacrifice. Une autre théorie évoque l'éviration humaine. Le Mégabyse, grand prêtre d'Artémis, était un eunuque et Strabon nous dit que, quand la fonction est devenue collégiale, c'est toute une partie du clergé masculin affecté au service du temple qui était, lui aussi, castré. On pourrait voir dans ces chapelets les offrandes rituelles faites par ces prêtres lors de leur entrée en fonction ou à l'occasion de quelque cérémonie religieuse, ce qui rappelle les rites de la déesse orientale Cybèle.

D'autres érudits voient dans ces protubérances des œufs d'autruche, thème qui reste associé à la fertilité.

Un autre interprétation consiste en des grappes de fruits : dans son mémoire, J.-P. Montbrun voit là une représentation symbolique d'un palmier dattier. C'est un arbre très répandu au Moyen Orient, dans le sud de l'Asie Mineure, en Afrique du nord et, dans une moindre mesure, en Méditerranée. Les Grecs le connaissaient bien et il est certain qu'il devait en pousser en abondance dans la région d'Ephèse.

  • culte

- La procession de Daïtis (Δαιτίς)

Daïtis est un endroit de la région d'Éphèse, appelé ainsi pour la raison suivante : Clymèné, fille du roi, étant venue là avec des jeunes filles et des jeunes gens, avait apporté avec elle une statue de la déesse Artémis. Après des jeux et des divertissements dans la prairie, elle dit qu'il fallait régaler la déesse. Alors, les jeunes filles, ayant entassé de l'ache et d'autres herbes, firent un lit pour la statue. Et les éphèbes, ayant pris du sel dans les salines voisines, l'offrirent à la déesse en manière de repas. L'année suivante, cette fête n'ayant pas été renouvelée, la colère divine s'appesantit sur la contrée, sous forme d'une maladie contagieuse. Jeunes filles et jeunes gens périssaient : un oracle fut alors rendu, grâce auquel les Éphésiens apaisèrent la déesse et l'on célébra pour elle un festin, à la mode de ceux des jeunes filles et des éphèbes. Par suite de ce fait, la maladie ayant cessé, la déesse et l'endroit furent appelés Daïtis, du mot : 'banquet'.[6]

L'emplacement de Daïtis pourrait donc le site de Panormos, port situé à la fois à l'écart de la ville et du sanctuaire, auquel on accédait par une route.

La procession solennelle reproduisait des événements rapportés par une légende. il s'agit d'un type de cérémonie appelée ἔξοδος (exodos, sortie), dont les rituels n'ont pas dû varier beaucoup au cours des siècles.

- la κατάκλισιs (cataclisis, action de coucher la statue) et la δειπνοφοριακή πομπή : Dans un premier temps, une procession (πομπή, pompe, cortège) partait de l'Artémision pour porter la statue de la déesse, allongée sur une litière, jusqu'à une plage marine, en souvenir de l'épisode dont la jeune Clyméné fut l'héroïne. A l'époque de Ménandre comme à celle de Xénophon d'Ephèse, on sait que la procession était conduite par des jeunes filles de famille libres, suivie par des jeunes gens réunis en chœurs (les μόλποι) qui chantaient les louanges d'Artémis.

- la θαλασσία (thalassia, bain purificateur de la statue) : La fête se poursuivait ensuite par des jeux et un banquet sur la plage. Ces divertissements rassemblaient les jeunes gens et les jeunes filles des grandes familles de la cité. Après une immersion, la statue de la déesse est recouverte d'un vêtement neuf.

- le δαίς (daïs, repas) : On terminait par un banquet solennel en l'honneur d'Artémis. Le sel y tenait une grande importance. Après la cérémonie, la déesse séjournait quelque temps sur la plage, dans un petit temple.

Clymèné est une Océanide, fille d'Océanos et de Thétys et une Néréide, fille de Nérée et Doris. Le sel tient une rôle important dans le culte. Dans la légende comme dans la cérémonie, tout ramène donc Artémis à l'eau salée et nous invite à réfléchir à l'insistance que mettent les Éphésiens à faire en sorte que leur déesse reste en contact avec la mer.

- La Panégyrie ( ἡ Πανήγυρις)

Cette célébration est décrite par Xénophon d'Ephèse[7] La fête consistait en une procession et reposait également sur une exodos (sortie de l'effigie de son sanctuaire) mais aussi que les fidèles effectuaient un aller-retour entre la ville et le sanctuaire. De jeunes gens et de jeunes filles vont chercher Artémis dans son sanctuaire, d'où ils ressortent ensuite pour reprendre le chemin de la ville.

A la sortie de l'Artémision, la procession est conduite par la grande prêtresse nommée Anthia, suivie des prêtresses du sanctuaire et d'une meute de chiens, de servantes porteuses des objets du culte : thymiateria, corbeilles, torches.... ainsi que de toutes les corporations du sanctuaire, les notables, les magistrats de la cité et les délégations étrangères.

Lors de son retour vers la ville, le cortège est animé par les "acrobates", les "chrysophores" et les "purhrigai", qui exécutent des danses guerrières.

Grâce au texte de Denys d'Halicarnasse, on sait qu'à l'époque romaine, la Panégyrie s'accompagnait de jeux[8]. Peut être avaient-ils lieu, comme les jeux déliens, tous les quatre ans. Au théâtre avaient lieu les jeux scéniques et musicaux, mentionnés dès l'époque de Thucydide. On y donnait des récitations épiques et tragiques, ainsi que des interprétations musicales.

Au stade se déroulaient les compétitions gymniques qui, à l'époque romaine, prirent de plus en plus d'importance. Outre les jeux traditionnellement pratiqués à cette occasion (courses, lancer, lutte...), on relève une spécificité éphésienne : les jeux tauromachiques, appelés ταυρoκαθάψια (taurokathapsia, capture de taureaux) qui connaissaient un vif succès, et pour lesquels il existait des spécialistes aussi entraînés que les gladiateurs romains.

- La confrérie des Courètes (οἱ Κουρῆται)

Strabon consacre un chapitre entier de sa Géographie à une digression sur les Courètes. La confrérie des Courètes est étroitement liée à la légende de la naissance d'Artémis et Apollon à Ortygie. On peut faire remonter la constitution de cette confrérie à un ancien et éphémère culte de Léto qui aurait été assimilé totalement au culte d'Artémis. L'organisation locale de la confrérie est mal connue mais les Courètes d'Éphèse devaient avoir bien des points communs avec leurs homologues des d'autres cultes à mystères, tels les Corybantes ou les Courètes de Messène que nous décrit Pausanias. On peut donc supposer qu'ils pratiquaient les mêmes danses guerrières et proféraient les mêmes incantations.

Strabon indique aussi qu'ils faisaient des sacrifices et célébraient des banquets lors des Mystères. C'est peut-être cette fonction qui leur vaut l'épithète d' εὐσεϐεῖς (eusébeis, pieux).

- Les mystères du Solmissos et d'Ortygie

La plupart des cultes à mystères sont en rapport avec le thème de la naissance ou de la renaissance et, à ce titre, souvent liés au cycle des saisons (comme les Mystères d'Eleusis à Athènes, par exemple).

A Ephèse, les cérémonies se déroulaient en plein en air, pendant deux jours, sur les lieux mêmes de la naissance d'Artémis. Les participants "rejouaient" la naissance d'Artémis. Les principaux animateurs de la cérémonie étaient les Courètes. Pour imaginer les scènes on peut se reporter à la reconstitution de Ch. Picard.

Dans ce tableau, on retrouve tous les éléments du culte mystique  :

- la procession aux flambeaux,

- l'oribasie nocturne, héritée sans doute d'un ancien culte de Cybèle et qui fait penser, bien sûr, au culte dionysiaque, empreint, lui aussi, d'éléments orientaux,

- la danse bruyante et le choc des armes qui rappelle le vacarme créé par les "daimones",

- les rites initiatiques,

- les libations et les fumigations d'encens,

- les sacrifices. Il semble que sur les pentes du Solmissos, ces sacrifices pouvaient revêtir un caractère divinatoire. C'est le seul exemple de ce genre dans le culte d'Artémis, qui a abandonné cette prérogative à son frère jumeau Apollon,

- les banquets : la nuit de veille précédant la première journée et la nuit de la procession aux flambeaux. Ces banquets avaient aussi un caractère sacré : la déesse y était invitée et les Courètes faisaient fonction de restautrateurs (istiatores).

Artémis Braschi

A l'époque romaine, on assiste à une volonté de regrouper toutes les grandes manifestations pour la déesse pendant le mois qui lui était consacré. Toutes les cérémonies qui avaient lieu à l'origine pendant le mois de Thargélion furent déplacées au mois d'Artémision, sans doute sous l'effet d'une volonté romaine de regrouper toutes les grandes manifestations pour la déesse pendant le mois qui lui était consacré. Daïtis, Panégyrie, Jeux, Mystères se retrouvent alors concentrés sur une période assez brève et peut-être même confondus. Voilà pourquoi Strabon appelle "Panégyries" les fêtes du Solmissos.

Représentation

D'après Homère dans l'Iliade, Artémis est belle, chaste, vierge et farouche, avec des grands talents de chasseresse (particulièrement les cerfs), on la représente le plus souvent, court vêtue, armée d'un arc . Elle est souvent accompagnée d'une biche, d'un cerf ou d'un chien, ou encore d'une meute de chiens offerts par Pan (trois chiens aux oreilles coupées, deux bigarrés et un tacheté, puis sept lévriers de Spartes). On la trouve aussi accompagnée par un cortège de nymphes et d'océanides, desquelles elle exige la chasteté. La présence d'un croissant lunaire et d'étoiles surmontant son front confirme qu'il s'agit d'une déesse lunaire.

Culte

Les jeunes filles dédiaient leur ceinture et leurs jouets à Artémis Eukleia (la glorieuse) et elles accomplissaient des rites sous forme de danses et de chants dans la montagne et la prairie à l'honneur de la déesse Artémis, dans le cadre l'initiation à la sexualité et de la préparation au mariage. En récompense, la déesse vient dans les cités des humains assister ces jeunes épouses au moment de l'accouchement en les aidant, les soulageant et les protégeant des difficultés de l'enfantement. Les mises au monde des enfants permettent à ces mère de devenir des citoyennes, et passer au statut de femmes.

Pour gagner ses faveurs, elles dédient au sanctuaire de la déesse à Brauron, en Attique, les tuniques des femmes mortes pendant l’accouchement.

sacrifice à Artémis, 350 av JC, Brauron
  • mois dédiés à Artémis :

Artemisios : mois de mai pour les macédoniens

Mounykhion : dixième mois à Athènes

  • fêtes :

Festival of Artemis Leukophryene (6 Artemisios)

Kunègia (6 Xanthikos)

Thargelia (6-7 Daisios)

  • sanctuaires :

temple d'Artémis à Ephèse (Turquie) : Il faisait partie des sept merveilles du monde. Détruit un première fois au 7ème siècle av JC par une innondation, il fut reconstruit vers 550. En 356 av JC, Herostratus y mit le feu et fut condamné à mort pour ce sacrilège. Un troisième temple fut reconstruit en 323 av JC. Il perdura jusqu'à l'invasion de Goth en 268 ap JC.

temple d'Artémis de Brauron du 6ème siècle av JC, détruit par les perses en 480 et reconstruit 420 av JC.

pièce de monnaire de Gordianus avec le temple d'Artémis d’Éphèse

lac Stymphale en Arcadie

sanctuaire d’Olbia (Hyères)

sanctuaire d'Artémis Orthia à Sparte

temple d'Artémis de Delos

temple d'Artémis de Magnesia : 3ème siècle av JC

sanctuaire d’Artémis en Attique

temple d'Artémis de Pétra

sanctuaire de Pyla (Chypre)

temple d'Artémis de Jerash (Jordanie) : 2ème siècle ap JC

temple près de Sardis (Turquie)

temple de Corfu (Kerkyra) : 6ème siècle av JC

sanctuaire à Thasos : 8ème siècle av JC

fronton ouest du temple d'Artémis de Corfu avec une gorgone archaïque, vers 580 av JC










Appellations et Épithètes

  • la déesse reine (Ποτνα Θεα, Potna Thea)
Artémis en "maîtresse des animaux", 640 - 625 av JC
  • grande (Μεγαλε, Megale)
  • fille de Léto (Λητωις , Lêtôis)
  • la dame des fauves (πότνια θηρῶν, pótnia thêrỗn)[9]
  • chasseresse (Agrotéra)
  • chasseresse de taureau (Tauropolos)
  • tueuse de cerf (Ελαφηβολος Elaphêbolos)
  • à l’arc d’or (khrysêlakatos)[10]
  • l'archère (iokhéairê)[11]
  • gardienne (Προστατηρια Prostatêria)
  • libératrice de la cité (Sosipolis)
  • sauveuse (Soteira)
  • la Bruyante (Κελαδεινή, Keladeinế)
  • glorieuse (Eukleia)
  • droite (Ortheia)
  • brillante (Phoebe)
Artémis dans un char tiré par des biches. 450-425 av JC
  • porteuse de lumière (Phosphoros)
  • ardente (Puronia )
  • aux rênes d'or (Χρυσηνιος Khrysênios)
  • conductrice (Ἡγημόνη, Hêgêmónê)
  • au trône d'or (Χρυσοθρονος Khrysothronos)
  • bien ceinturée (Ευστεφανος Eustephanos)
  • chaste (Ἁγνη Hagnê)
  • vierge (Παρθενος Parthenos)
  • nourrice (κουροτρόφος / kourotrophós)[12]
  • de l'accouchement et des sages-femmes (Locheia)
  • originaire de Délos (Délia)
  • à sourcils blancs (Leukophruene)
  • des marais (Limnatis)

Attributs


Hymnes homériques

Traduction par Leconte de Lisle.[14]

  • HYMNE XXVI. À Artémis.

Je chante Artémis au fuseau d’or, tumultueuse, vierge vénérable, qui perce les cerfs, qui se réjouit de ses flèches, sœur d’Apollon à l’épée d’or, qui, par les montagnes boisées et les sommets battus des vents, se charme par la chasse, tend son arc tout en or et lance des traits mortels. Les cimes des hautes montagnes tremblent et la forêt sombre résonne de la clameur des bêtes fauves. Et la terre frémit, et la mer poissonneuse, tandis que la Déesse au cœur ferme, allant de tous côtés, détruit la race des bêtes féroces. Mais, quand la Chasseresse qui se réjouit de ses flèches s’est ainsi charmée, ayant détendu son arc, joyeuse, elle va dans la grande demeure de son cher frère Phoibos Apollon, vers le riche peuple des Delphiens, afin de former le beau chœur des Muses et des Kharites. Là, ayant suspendu l’arc flexible et les flèches, vêtue de riches parures, elle commande et mène les chœurs. Et toutes, faisant entendre leur voix divine, louent Lètô aux beaux talons, parce qu’elle a conçu des enfants qui sont les premiers des Immortels en pensées et en actions. Salut, enfants de Zeus et de Lètô aux beaux cheveux ! Je me souviendrai de vous et des autres chants.

  • À Artémis

Chante Artémis, Muse, la sœur de l’Archer, la Vierge qui se réjouit de ses flèches, nourrie avec Apollon, et qui, ayant fait boire ses chevaux dans le Mélès plein de joncs, pousse rapidement son char d’or, à travers Smyrnè, sur Klaros où croissent les vignes, et où Apollon à l’arc d’argent est assis, attendant la hasseresse qui se réjouit de ses flèches. Et je te salue ainsi de mon chant, toi et toutes les Déesses. Mais je te chanterai d’abord, et je commencerai par chanter ce qui vient de toi ; puis, ayant commencé par toi, je passerai à un autre hymne.

Iconographie

sources

Theoi : Artemis

Neosalexandria : Artemis

Muagora : L'Artémis d'Ephèse

Aly-Abbara : Artémis

Mythologie grecque - la vérité

Bibliographie :

Robert Graves. "Les mythes grecs" traduction intégrale du livre de langue anglais "Greek Myths Cassell & C° LTD. Londres" . Edition 2, Livre de poche La Pochothéque, FAYARD. 2005.

Catherine Salles " La Mythologie grecque et romaine " Hachette littérature. Tallandier Éditions, 2003.

Jean Chevalier, Alain Gheerbrant."Dictionnaire des symboles" Edition Robert Laffont 1989.

Pierre Ellinger. Dictionnaire des mythologies (Sous la direction de Yves BONNEFOY). Flammarion, Paris - 1981 ; tome I.

Pierre Grimal, La Mythologie grecque (collection Que sais-je ?) 1972.


articles connexes


notes

<references>

  1. Hymne à Artémis, 124-128
  2. Jean-Pierre Vernant, La Mort dans les yeux, Hachette, coll. « Pluriel », 1998.
  3. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique (V, 73).
  4. Artemis von Ephesos und der erwandte Kultstatue von Anatolien und Syrien EPRO 35 (Leiden:Brill) 1973.
  5. Florence Mary Bennett, Religious Cults Associated with the Amazons (1912): Chapter III: Ephesian Artemist
  6. Etymologicum magnum, Daïtis. Traduction Ch. Picard
  7. Les Ephésiaques, II, 2-9 Musagora : la procession d'Artémis
  8. Guerre du Péloponnèse, III, 104
  9. Iliade (XXI, 470).
  10. Homère
  11. Hésiode, Théogonie (14, 918).
  12. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique
  13. hymnes orphiques
  14. A. Lemerre, 1893