Un peu d'histoire

De Wiccapedia

Un peu d'histoire

Doreen Valiente

Traduction Tof


1 - La Résurgence

La résurgence de l’ancienne religion qui vénère la Terre et utilise la magie commence réellement en 1951 lorsque l’ancien « Witchcraft Act » britannique a été enfin aboli. On a considéré que cette loi était franchement anachronique et qu’elle ne servait qu’à poursuivre les médiums Spirites. C’est surtout grâce à l’influence du mouvement Spirite considéré alors comme tout à fait respectable que cette loi a été abolie.

Cette modification de la loi a permis à M. Cecil Williamson d’ouvrir son Musée de la Magie et de la Sorcellerie à Castletown sur l’Ile de Man. Dans un premier temps ce musée fut qualifié de Centre Folklorique et selon les journaux qui en ont parlé alors, il devait servir de centre international pour les sorcières opératives contemporaines. Des articles furent publiés sous les titres de « Il prévoit un rassemblement des Sorcières du Monde » et « Appel à tous les Coven ».

La plupart des gens ont appris à cette occasion qu’il y avait toujours des sorcières opératives, et on a écrit que M. Williamson avait dit qu’il connaissait au moins une douzaine de sorcières en Grande Bretagne. Lorsque le Centre fut prêt, il a tenté d’y faire venir un coven sorcier qui se réunissait dans le Sud de l’Angleterre. A certains moments de l’année, le coven dansait nu à l’occasion de rites de fertilité. Une des sorcières était une très belle demoiselle, mais d’autres étaient plutôt âgées.

2 - Gerald Gardner

Plus tard en 1951 M. Williamson a été rejoint par le Dr Gerald Brosseau Gardner qui été présenté comme « sorcière résidente ».

Dans un journal on a pu lire qu’il était docteur en philosophie de l’université de Singapour et docteur en littérature de l’université de Toulouse ainsi que membre du Coven des Sorcières Britanniques du Sud.

Lors des dernières années on a parlé du droit qu’avait Gerald Gardner à porter le titre de docteur. A l’époque où je l’ai connu (et nous fûmes des amis très proches durant de nombreuses années), j’ai toujours considéré que ses titres n’étaient que purement honorifiques. Il n’était pas docteur de l’Université de Singapour, je le leur ai demandé après la mort du vieux Gerald, les responsables de l’université ont affirmé que cette dernière n’existait même pas à l’époque où Gerald Gardner vivait en Malaisie avant la seconde Guerre Mondiale et qu’il travaillait pour l'administration des douanes Britanniques. Plus tard, j’ai aussi contacté l’Université de Toulouse. Ils m’ont appris qu’ils n’ont jamais conféré de doctorat en littérature à Gerald Gardner.

Etant très intéressée par la survivance de l’ancienne religion j’ai écrit à Gerald Gardner sur l’Ile de Man et je l’ai rencontré dans la maison d’un ami. C’était quelqu’un de vraiment remarquable, une personne attachante et délicieuse qui possédait un grand savoir lié au folklore et à la magie sous toutes ses formes. Il a fait état de ses connaissances dans son roman ésotérique « High Magic’s Aid » publié par Michael Houghton à Londres en 1949. Michael Houghton est aussi connu sous le nom de Michael Juste, propriétaire de la célèbre librairie ésotérique « Atlantis Bookshop » non loin du British Museum. Mais le moment n’était pas le bon et le livre n’a pas connu un grand succès.

Gerald Brosseau Gardner reste ce que l’on pourrait qualifier de « personnage controversé » que ce soit dans les milieux sorciers ou en dehors. Il fut un des pionniers du naturisme bien avant que le naturisme (appelé à tort « nudisme ») ne soit accepté par tous et a fait preuve d’un grand courage moral en soutenant publiquement ce mouvement que l’on jugeait scandaleux.


3 - Gerald Gardner et Aleister Crowley

Il connaissait à peu près tout le monde dans les cercles occultes du Sud de l’Angleterre dont Aleister Crowley.

Il a été dit par Francis King dans son livre « Ritual Magic in England » qu’Aleister Crowley fut payé par Gerald Gardner pour écrire les rituels du nouveau culte sorcier de Gerald Gardner et cela a été repris par différents auteurs qui ne se sont pas posé de questions. Pour moi pourtant, cela me semble des plus discutables. Les rituels de base du culte sorcier « gardnerien » furent publiés sous forme fictionnelle dans « High Magic’s Aid » le roman cité plus haut et publié en 1949. Confronté à la publicité hostile de la presse, le vieux Gérald a trouvé plus approprié de le nier, mais lorsque j’ai été initiée en sorcellerie par Gerald Gardner en 1953 les rituels utilisés étaient pratiquement les mêmes que ceux de « High Magic’s Aid ». Gerald Gardner n’a rencontré Aleister Crowley que lors des toutes dernières années de la vie de ce dernier, lorsqu’il vivait dans un hôtel particulier de Hastings et n’était plus qu’un vieillard malade maintenu en vie par des injections médicamenteuses.

Gerald Gardner et Crowley ont été présentés l’un à l’autre par Arnold Crowther selon ce que m’a dit personnellement M. Crowther ce dont je n’ai aucune raison de douter.

Si Crowley avait réellement inventé ces rituels dans leur intégralité, ils auraient été les dernières choses qu’il aurait écrites. Est-ce que cet homme affaibli et pratiquement mort a été capable d’un tel tour de force ?

Gerald Gardner a été initié en sorcellerie dans la région de New Forest en Angleterre en 1939 et a pris part aux rituels du coven visant à empêcher l’invasion de l’Angleterre par les forces d’Hitler en 1940. Une confirmation indépendante de l’existence de ce coven et de ces rituels a été donnée à Francis King par Louis Wilkinson qui a écrit des livres sous le nom de plume de « Louis Marlow » et qui fut aussi un ami d’Aleister Crowley. Gerald Gardner n’est ainsi pas le seul à parler du New Forest coven.


4 - Aleister Crowley, la Golden Dawn et la Sorcellerie

Mais, de quels rituels se servaient-ils ? Et qu’en est-il réellement du rôle joué par Aleister Crowley dans le revival sorcier contemporain ?

Dans mon livre précédent « An A.B.C. of Witchcraft Past and Present », j’ai écrit qu’Aleister Crowley n’était pas sorcière malgré le fait que ses surnoms de « Grande Bête » ou de « Plus Mauvais Homme au Monde » etc… se retrouve cité dans la presse à sensations dans tous les articles traitant de la sorcellerie. Je sais que dans son livre « Witchcraft Today » Gerald Gardner s’interroge sur l’origine des rituels sorciers et il y affirme qu’Aleister Crowley lui a dit avoir été membre du culte sorcier dans sa jeunesse. Gerald Gardner m’a dit que Crowley l’affirmait mais qu’il ajoutait qu’il avait quitté le culte car « il ne voulait pas être commandé par une femme » (l’attitude dédaigneuse de Crowley vis à vis des femmes se retrouve tout au long de ses écrits). Je prends cela avec des pincettes, car je pense qu’il peut aussi s’agir d’une fanfaronnade de la part de Crowley.

De nouvelles et curieuses informations ont été divulguées il y a peu par un correspondant du journal sorcier « The Wiccan » une publication irrégulière qui circule dans les covens anglais et américains ainsi que chez leurs sympathisants.

Cet homme qui résidait auparavant en East Anglia, affirme qu’il est membre d’un coven héréditaire de l’Essex et que ceux de son groupe savent que dans leur jeunesse, Aleister Crowley et Allan Bennett furent les élèves du fameux « Old George » Pickingill » le fameux sorcier de Canewdon en Essex. Il existe, selon lui, une vieille photo de Pickingill et certains de ses élèves. On y reconnaît facilement Allan Bennett et le jeune homme derrière lui ressemble beaucoup à un jeune Crowley.

Cela se passait à l’époque où Crowley et Allan Bennett étaient colocataires à Londres et étudiaient ensemble la magie. A ce sujet, celui qui a écrit le texte pour The Wiccan (dont le nom n’a pas été publié à sa demande) signale dans son livre « Confessions » Aleister Crowley parle de la « baguette destructrice » d’Allan Bennett et de ses étranges pouvoirs. Il suggère que Bennett n’a reçu cette arme magique ni de l’Ordre de la Golden Dawn ni de la Société Théosophique et cela semble être un point des plus intéressants.

De plus dans le Volume 1 n° 3 de la revue d’Aleister Crowley « The Equinox » Allan Bennett parle d’un rituel datant de cette époque « Le Rituel pour l’Evocation sous une Apparence Visible du Grand Esprit Taphtharath ». Taphtharath est l’Esprit de Mercure, et Bennett espérait persuadé cette entité de lui enseigner ainsi qu’à trois de ses amis les secrets de l’art magique et du savoir occulte en général.

Ce rituel, tout en ressemblant aux rituels engagés et résolument dramatiques de l’Ordre de la Golden Dawn, comprenait également des éléments qu’on ne retrouve pas dans les pratiques de la Golden Dawn. Son point de focalisation au centre du Cercle était « un petit chaudron de cuivre chauffé par une lampe à alcool dans lequel était conservé un serpent » Ce chaudron était le réceptacle pour le « brouet de l’Enfer » dont Bennett avait la charge en tant « qu’assistant Mage de l’Art ». Il était là pour fournir à l’esprit la base pour prendre une apparence visible. Certaines lettres d’Allan Bennett au sujet de ce rituel et surtout de la composition du « brouet de l’Enfer » ont été reproduites dans le livre d’Ellic Howe « The Magician of the Golden Dawn ». Il donne à son ami F.L. Gardner (à ma connaissance rien à voir avec le vieux Gerald) une liste de substance à réunir et l’averti de ne parler à personne de ce rituel si ce n’est aux trois autres personnes qui y prendront part.

Ce rituel qui a eu lieu en mai 1896 et de toute évidence proche des pratiques sorcières. Il n’y a pas de chaudron ou de brouet de l’enfer dans les rituels de la Golden Dawn et cela on dirait que cette expérience magique était non-officielle voit clandestine. Quel en fut le résultat, s’il y en a eu un, il semble qu’il n’y en ai aucune trace écrite.

Les liens entre Bennett et la sorcellerie britannique on cessé lorsqu’il a émigré à Ceylan probablement début 1900. Il y est devenu moine bouddhiste et est surtout connu en occident pour son travail sur le bouddhisme. Pourtant il a du être déçu par le bouddhisme car il est retourné en Angleterre et a repris l’étude de l’occultisme opératif. Il est mort en 1923 selon ce que dit à son sujet Ithell Colquhoun dans son livre « Sword of Wisdom : MacGregor Mathers and the Golden Dawn ».


5 - Ceux de la Golden Down et la Sorcellerie

Ma source qui vient d’East Anglia (qui m’a autorisé à en faire état ici) dit que Bennett à présenté Crowley à George Pickingill et que Crowley a été admis dans l’un des « neuf coven » de George Pickingill en 1899 ou en 1900. Cependant Crowley n’y est pas rester bien longtemps et a réussi à rapidement détesté et chassé. La prêtresse de son coven le décrivait comme « un petit monstre vicieux avec de mauvaises dispositions et aux pensées sales » !

Bien des années plus tard, Crowley a rencontré Gerald Gardner, qui comme nous l’avons déjà vu était membre d’un coven sorcier de la région de new Forest dans le Hampshire. Crowley a parlé à Gerald Gardner de son expérience lointaine du culte sorcier et on m’a dit que les deux ont comparé leurs notes. Gerald Gardner voulait vraiment retrouver toutes les informations possibles au sujet des anciens rituels, il a ainsi demandé à Crowley de retranscrire les rituels dont se servaient son coven. Gerald Gardner souhaitait comparer ces notes avec les deux sources d’informations qu’il avait déjà, c’est à dire le New Forest coven où il fut initié en 1939 et un autre coven proche où il avait aussi été reçu ensuite. On m’a dit que ces deux coven faisaient parti des « neuf coven » qu’avait fondé George Pickingill mais il semble que le temps avait érodé leur savoir au sujet des connaissances de base qu’on leur avait communiqués.

Voilà quelle est, je crois, la véritable histoire derrière la légende qui veut qu’Aleister Crowley ai écrit les rituels pour les coven de Gerald Gardner. Que ces rituels puissent contenir des phrases issues de textes publiés de Aleister Crowley est incontestablement vrai. Gerald Gardner m’a dit que les rituels qu’il avait retrouvés étaient fragmentaires. Il devait les rallonger pour pouvoir s’en servir et il a donc utilisé des passages du travail de Crowley car il reconnaissait la puissance magique et la grande beauté des écrits de Crowley même s’il n’avait pas une grande admiration pour Crowley en tant qu’homme.

De plus dans le Volume 1 n° 3 de la revue d’Aleister Crowley « The Equinox » Allan Bennett parle d’un rituel datant de cette époque : « Le Rituel pour l’Evocation sous une Apparence Visible du Grand Esprit Taphtharath ». Taphtharath est l’Esprit de Mercure, et Bennett espérait persuader cette entité de lui enseigner ainsi qu’à trois de ses amis les secrets de l’art magique et du savoir occulte en général.

Ce rituel, tout en ressemblant aux rituels engagés et résolument dramatiques de l’Ordre de la Golden Dawn, comprenait également des éléments qu’on ne retrouve pas dans les pratiques de la Golden Dawn. Son point de focalisation au centre du Cercle était « un petit chaudron de cuivre chauffé par une lampe à alcool dans lequel était conservé un serpent » Ce chaudron était le réceptacle pour le « brouet de l’Enfer » dont Bennett avait la charge en tant « qu’assistant Mage de l’Art ». Il était là pour fournir à l’esprit la base pour prendre une apparence visible. Certaines lettres d’Allan Bennett au sujet de ce rituel et surtout de la composition du « brouet de l’Enfer » ont été reproduites dans le livre d’Ellic Howe « The Magician of the Golden Dawn ». Il donne à son ami F.L. Gardner (à ma connaissance rien à voir avec le vieux Gerald) une liste de substances à réunir et l’avertit de ne parler à personne de ce rituel si ce n’est aux trois autres personnes qui y prendront part.

Ce rituel qui a eu lieu en mai 1896 est de toute évidence proche des pratiques sorcières. Il n’y a pas de chaudron ou de brouet de l’enfer dans les rituels de la Golden Dawn et on dirait que cette expérience magique était non-officielle, voire clandestine. Quel qu’en fut le résultat, s’il y en a eu un, il semble qu’il n’y en reste aucune trace écrite.

Les liens entre Bennett et la sorcellerie britannique ont cessé lorsqu’il a émigré à Ceylan probablement début 1900. Il y est devenu moine bouddhiste et est surtout connu en occident pour son travail sur le bouddhisme. Pourtant il a du être déçu par le bouddhisme car il est retourné en Angleterre et a repris l’étude de l’occultisme opératif. Il est mort en 1923 selon ce que dit à son sujet Ithell Colquhoun dans son livre « Sword of Wisdom : MacGregor Mathers and the Golden Dawn ».

Ma source qui vient d’East Anglia (qui m’a autorisé à en faire état ici) dit que Bennett a présenté Crowley à George Pickingill et que Crowley a été admis dans l’un des « neuf coven » de George Pickingill en 1899 ou en 1900. Cependant Crowley n’y est pas resté bien longtemps et a réussi à rapidement se faire détester et écarter. La prêtresse de son coven le décrivait comme « un petit monstre vicieux avec de mauvaises dispositions et aux pensées sales » !


6 - Crowley et le Livre des Ombres

Bien des années plus tard, Crowley a rencontré Gerald Gardner, qui comme nous l’avons déjà vu était membre d’un coven sorcier de la région de new Forest dans le Hampshire. Crowley a parlé à Gerald Gardner de son expérience lointaine du culte sorcier et on m’a dit que les deux hommes ont comparé leurs notes. Gerald Gardner voulait vraiment retrouver toutes les informations possibles au sujet des anciens rituels, il a ainsi demandé à Crowley de retranscrire les rituels dont se servait son coven. Gerald Gardner souhaitait comparer ces notes avec les deux sources d’informations qu’il avait déjà, c’est à dire le New Forest coven où il fut initié en 1939 et un autre coven proche où il avait aussi été reçu ensuite. On m’a dit que ces deux coven faisaient partie des « neuf coven » qu’avait fondés George Pickingill mais il semble que le temps avait érodé leur savoir au sujet des connaissances de base qu’on leur avait communiquées.

Voilà quelle est, je crois, la véritable histoire derrière la légende qui veut qu’Aleister Crowley ait écrit les rituels pour les coven de Gerald Gardner. Que ces rituels puissent contenir des phrases issues de textes publiés de Aleister Crowley est incontestable. Gerald Gardner m’a dit que les rituels qu’il avait retrouvés étaient fragmentaires. Il devait les rallonger pour pouvoir s’en servir et il a donc utilisé des passages du travail de Crowley car il reconnaissait la puissance magique et la grande beauté des écrits de Crowley même s’il n’avait pas une grande admiration pour Crowley en tant qu’homme.

On a dit qu’un Livre des Ombres écrit de la main de Crowley fut autrefois exposé dans le Musée de la Sorcellerie de Gerald Gardner sur l’Ile de Man. Je ne l’ai en tout cas pas vu lors de mes deux séjours sur l’Ile avec Gerald et Donna Gardner. Le grand manuscrit que l’on voit dans Witchcraft Today n’est pas de l’écriture de Crowley mais de celle de Gerald Gardner.


7 - Old George Pickingill

Mais revenons plutôt à ce remarquable mais trop peu connu personnage qu’était George Pickingill. Il est né à Hockley, Essex en 1816 et est mort à Canewdon en 1909. Bien qu’il n’était qu’un simple ouvrier agricole il pouvait remonter sa généalogie sur des siècles, jusqu’à Julia la sorcière de Brandon, qui fut tuée en 1071. Selon mon informateur de l’Essex, depuis cette époque chaque génération de la famille Pickingill a fourni des prêtres à l’Ancienne Religion. « Old George » lui-même était considéré avec crainte dans le village de Canewdon, à cause de ses pouvoirs étranges, et des nombreuses histoires qui couraient à son sujet. Eric Maple en a relatées certaines dans son livre « The Dark World of Witches ».


Dans un journal à l’époque de la mort de Pickingill, une nécrologie affirmait que l’Angleterre n’avait produit que deux magiciens remarquables : George Pickingill et Merlin ! Durant sa vie il fut consulté par des personnes venant de tout le pays et même d’Europe et d’Amérique. Deux Maîtres Maçon, qui furent plus tard membres fondateurs de la « Societas Rosicruciana in Anglia », d’où émergea plus tard l’Ordre de la Golden Dawn, furent les élèves de Georges Pickingill. Il s’agit d’Hargrave Jennings et W.S. Hughan. Il faut noter qu’un des buts déclarés de la S.R.I.A. était de permettre aux maçons d’étudier l’antiquité de l’Art ainsi que de rassembler des informations sur « ces mystérieuses sociétés qui existaient lors des âges sombres lorsque la force était le droit, lorsque la main de chaque homme se levait contre son frère et lorsque de tels groupes étaient nécessaires pour protéger le faible du fort. »


Dans l’article de « The Wiccan » on pouvait lire : « Un petit groupe de Maîtres Maçon ont établi une relation longue et fructueuse avec George Pickingill à partir des années 1850.» Ces Francs-maçons faisaient leurs les idées rosicruciennes et cherchaient à vérifier secrètement que Francs-Maçons et Rosicruciens étaient tous deux issus de l’ancienne religion.


« Old George » alarma ces Maçons Rosicruciens en leur démontrant sa maîtrise de divers élémentaux. Il les fascina en expliquant « les secrets intimes de la Maçonnerie. » Aucun de ces Maîtres Maçons ne pouvait comprendre comment ce non-maçon avait pu pénétrer les mystères. Ils ont dû admettre à contre cœur que le Culte Sorcier possédait un certain savoir secret.


Mon informateur continue en parlant de ce qui est selon lui la véritable origine du fameux « Cipher MS » qui entra en possession de la S.R.I.A. et à partir duquel les rituels de la Golden Dawn ont été élaborés. Il dit que Hargrave Jennings a retrouvé des manuscrits soi-disant rosicruciens qui faisaient partie de l’héritage laissé par J.B. Ragon un occultiste français décédé en 1862. A partir de ces manuscrits où étaient détaillés une structure en degrés, des rituels, etc… Hargrave Jennings avec l’aide de George Pickingill a concocté le « Cipher MS ».

Si cette histoire est exacte, elle résout une des grandes énigmes liées à ce sujet épineux, à savoir que même si le Cipher MS était supposé venir du continent il a été décodé en anglais.


Hargrave Jennings a pris la précaution de demander une facture lorsqu’il a acheté les manuscrits de Ragon et si je comprends bien ce que dit mon informateur, il l’a montré en même temps que le manuscrit codé qu’il avait lui-même concocté en se servant d’un code trouvé dans un vieux livre du British Museum. Il a dit aux Frères de la S.R.I.A. fort impressionnés que la possession de ces documents affranchissait son ou ses propriétaires de retrouver une branche de l’authentique fraternité Rose Croix. Mon informateur affirme : « Il est inutile de préciser que Jennings a omis de mentionner qu’il avait collaboré avec une des sorcières les plus connues d’Angleterre pour amender et modifier ces rituels authentiques. »

Cette histoire sur la fondation de l’Ordre de la Golden Dawn d’après des rituels élaborés à partir du Cipher MS a été formidablement détaillée et documentée par Ellic Howe dans « The Magician of the Golden Dawn » auquel je renvoie le lecteur qui veut en savoir plus sur ce sujet qui n’est pas le mien. Mon informateur décrit la Golden Dawn comme ayant été « fondée sur une série de montages ingénieux » mais je pense qu’il faut rajouter que ces mystifications n’ont pas forcement étaient accompagnées de mauvaises intentions et que l’Ordre de la Golden Dawn participa largement à l’étude sérieuse de l’occultisme en Angleterre et en Amérique.


Pour en revenir aux « neuf covens » de George Pickingingill, ils ont été fondés, selon mon informateur, dans le Norfolk, l’Essex, l’Hertfordshire, le Sussex et l’Hampshire sur une période de 60 ans. A chaque fois on se servait des mêmes rites de base mais « Old George » modifiait à chaque fois des phrases et introduisait de nouveaux concepts. Ces covens de Pickingill étaient toujours dirigés par une prêtresse qui pouvait conduire les rites et elle le faisait ! Cette idée est censée venir de sources scandinaves et françaises.

Il y a eu autrefois de nombreux établissements scandinaves en East Anglia comme l’atteste la toponymie. Il y eu plus tard une irruption d’émigrants français et flamands qui ont emporté avec eux leurs coutumes secrètes. L’idée de covens dirigés par une femme n’était pas acceptable pour certains leaders héréditaires du culte sorcier. Ils avaient l’habitude de covens dirigés par un homme, le Maître ou le Magister comme on l’appelait. C’était lui qui acceptait des candidats des deux sexes. D’ailleurs, ils préféraient (tout naturellement je pense si l’on considère le climat anglais) conduire le rite en restant habillé plutôt qu’en état de nudité rituelle. Mais, ils reconnaissaient la tradition héréditaire dont a hérité la famille Pickingill, et les deux branches du culte sorcier connaissaient la succession des « trois rites » qui sont devenus les « trois degrés » actuels.

On m’a dit qu’il y avait une autre raison pour laquelle les covens sorciers secrets et héréditaires étaient réticents à l’égard de George Pickingill, c’est parce qu’il militait ouvertement pour renverser la religion chrétienne et l’establishment en général. A son époque il était bien osé et déraisonnable d’agir de la sorte, surtout pour un pauvre. « Que Dieu bénisse le seigneur et les siens et qu’il nous laisse à notre place » était pour ainsi dire un article du credo des chrétiens et on pouvait être jugé, emprisonné et déporté si on y contrevenait comme l’ont compris à leur dépends les « Martyrs de Tolpuddle » du Dorset lorsqu’ils ont essayé de créer un syndicat. D’autres leaders sorciers avaient de bonnes raisons de penser que la discrétion était préférable à cette époque.

« Old George » détestait à ce point le christianisme qu’il acceptait même de collaborer avec des satanistes déclarés et ce fut un argument de plus contre lui. Contrairement à l’image de la sorcellerie que l’on retrouve dans la presse à scandale, les vraies sorcières ne pratiquent pas un « culte diabolique » et n’invoquent pas Satan. Elles pensent que leur Ancienne Religion est le culte indigène de l’occident, qu’il est bien, bien plus ancien que le christianisme, et que Satan n’est rien de plus qu’un personnage de la mythologie chrétienne et que les satanistes ne sont que des chrétiens embrouillés.

C’est pour toutes ces raisons que la réelle importance de Old George Pickingill et le rôle qu’il a joué dans le revival actuel de la sorcellerie ne sont pas reconnus. Il est remarquable pourtant que ceux qui disent le plus de mal de la sorcellerie contemporaine sont des personnes qui ont suivi une autre voie occulte. Cela fait irrésistiblement penser à la définition de H.G. Wells de l’indignation morale : « de la jalousie avec une auréole».


8 - Les Rituels utilisés par Gerald Gardner

Un grand nombre de versions fausses et déformées des rituels utilisés par Gerald Gardner et les covens qu’il a fondés circulent de nos jours et sont présentés comme d’anciennes versions de rites sorciers.

Par exemple, j’ai découvert dans une librairie un livre de poche américain qui était présenté comme des rituels passés oralement depuis des générations et publiés maintenant avec l’autorisation express d’une dame qui se présentait modestement comme la « Reine des Sorcières d’Amérique ». J’ai acheté le livre, je l’ai ouvert et les premiers mots que j’ai lus étaient ceux du poème « Invocation of the Horned God » qui est paru pour la première fois dans le périodique « Pentagram » sous mon nom et copyright en 1965 ! Pour ajouter une insulte à l’injure, ils l’ont mal cité et malgré de multiples lettres à l’éditeur américain, il n’a même pas eu la courtoisie de me répondre.

Je pense qu’il faut voir cela comme une sorte d’hommage, et je dois avouer que j’ai eu une sorte de joie enfantine en lisant attentivement une autre série de rituels, ce coup-ci copiée par une personne dont la « grand-mère sorcière » l’avait initié lorsqu’il n’était encore qu’un petit garçon. Parmi ces rituels il y avait poème commençant par : « Darksome night and shining moon… » que Gerald Gardner et moi avons écrits ensemble vers 1954 ou 55. Et une fois de plus nous avons été mal cités ! (…)

Je dois aussi dire que je possède le Livre des Ombres original de Gerald Garder qu’il m’a donné. C’est le livre qui est représenté dans l’édition originale du livre de Gerald Gardner « Witchcraft Today » sur la photographie représentant un autel sorcier préparé pour une initiation qui est, dans cette édition, à côté de la page 96.

C’est la circulation de versions châtrées des rituels sorciers dont je parle plus haut qui fut un des motifs pour lesquels j’ai écrit mon livre « Witchcraft for Tomorrow » car d’une part ça m’ennuie de voir que de mauvaises versions de textes que j’ai écrits pour Gerald Gardner sont mis en vente, quel qu’en soit le prétexte. D’autre part, si des rituels doivent être publiés, que ce soit fait de manière littérale et qu’on puisse s’en servir. Après tout, le temps et les circonstances ont radicalement changé depuis l’époque où tout était transmis sous couvert d’un serment de secret. Aujourd’hui les gens dans tout le monde anglophone forment ou essaient de former des covens de l’Ancienne Religion. Il est temps qu’ils trouvent de l’aide au lieu d’être exploités.