Premiers contacts avec Alex Sanders
Premiers contacts avec Alex Sanders
Stewart Farrar
Traduction Tof
A la fin de l’année 1969 mon rédacteur en chef m’a envoyé à la pré-projection pour la presse d’un film intitulé « Legend of the Witches » Notre journal ne parle pas de films, mais le « Roi des Sorcières » Alex Sanders et son épouse Maxine – qui avaient donné des conseils techniques pour le film et qui y apparaissaient également – devaient être présents. On commençait à parler d’Alex dans la presse et le rédacteur en chef pensait « qu’il y avait là un article à écrire ».
Après la projection, un verre de scotch à la main, je me suis faufilé dans la foule qui se pressait autour des Sanders. Alex était un homme mince et dégarni. Il devait avoir dans les quarante ans, portait des lunettes noires et répondait aux questions d’une voix douce en souriant à tout le monde. Maxine était plus grande qu’Alex et avait vingt ans de moins. C’était une femme saisissante avec de longs cheveux blonds, elle portait une robe blanche diaphane et ressemblait vraiment à une sorcière. J’ai attendu mon tour et j’ai demandé si le journal Reveille pourrait avoir une interview dans la quinzaine qui venait. Alex a accepté de façon fort courtoise en disant du bien de ce journal et m’a donné son adresse à Nothing Hill Gate.
Avant l’interview j’ai préparé mon travail en lisant la biographie d’Alex « King of the Witches » de June Johns qui était sortie le mois précédent. J’ai trouvé qu’il s’agissait d’un texte captivant sur un homme extraordinaire. Il a été initié sorcière par sa grand-mère lorsqu’il avait sept ans après qu’il eut accidentellement interrompu un des ses rituels solitaires. Ni Alex ni sa famille n’imaginaient qu’elle puisse être une sorcière et cela aurait pu être une expérience traumatisante pour le garçon : passer la porte et trouver la vieille femme toute nue avec d’étranges armes et objets, mais elle ne lui a pas laissé le temps de réfléchir, elle lui a retiré ses vêtements, l’a initié dans la foulée et lui a dit qu’il était maintenant aussi une sorcière et que d’horribles choses subviendraient s’il trahissait le secret.
Heureusement pour sa santé mentale, Alex adorait sa grand-mère et était de plus naturellement « médium », il était donc comme un poisson dans l’eau lors de sa formation sorcière. Après la mort de sa grand-mère il a cherché pendant longtemps, sans y parvenir, à contacter d’autres sorcières tout en continuant à étudier tous les textes qu’il pouvait trouver. Il y a eu ensuite une longue période, matériellement profitable mais spirituellement désastreuse, consacrée à la Magie Noire, dont il s’est sorti par un processus rigoureux d’auto-purification.
Régénéré et revitalisé, il a commencé à bâtir ses propres contacts, cette fois avec plus de succès. Il a rencontré, initié puis épousé Maxine Morris, une autre « médium naturelle ». Par les degrés que lui avait fait franchir sa grand-mère il avait tout à fait le droit d’initier d’autres personnes selon les règles de la Wicca – le nom que donnent les sorcières à leur pratique – mais uniquement des femmes, car l’initiation doit passer de l’homme à la femme ou de la femme à l’homme. Ensemble, Alex et Maxine ont créé ce qui sera appelé le mouvement Alexandrien : ils ont initié des sorcières qui se sont émancipées et ont formé à leur tour leurs propres covens desquels des sorcières se sont émancipées pour former les leurs. Aujourd’hui Alex n’a aucune idée du nombre d’Alexandriens mais il s’agit certainement du mouvement sorcier qui développe le plus rapidement.
Après avoir fait ces recherches, j’ai rendu visite aux Sanders (ils étaient trois avec Maya qui a deux ans) à leur appartement en entresol à Claricarde Gardens à Londres.
J’ai trouvé Alex infiniment plus impressionnant sans ses lunettes noires. Avec d’autres, nous avons essayé de le persuader de cesser de porter ces lunettes lors de ses apparitions publiques et je suis heureux de dire qu’il semble suivre notre conseil. Il a un air d’autorité et de connaissance indubitable et ses yeux sont irrésistibles, certains diraient dérangeants. Mais cette aura ne franchit pas les limites du mélodrame, son sens de l’humour qui apparaît à des moments les plus improbables l’en préserve.
Nous avons parlé pendant deux ou trois heures et il m’a prouvé qu’il n’était pas uniquement impressionnant visuellement mais qu’il était aussi lettré et expliquait de façon tout à fait cohérente sa philosophie.
Il m’a donné une première preuve de ses pouvoirs. Après que nous ayons parlé de clairvoyance et de précognition, je lui ai demandé de me dire quelque chose à mon sujet. Il a dit différentes choses qu’il aurait pu avoir devinées puis a dit : « dans un mois ou deux vous allez gagner environ 500 ou 600 £ lors d’un travail en freelance – quelque chose à voir avec la loi ou la police ».
Ca ne me disait rien du tout à ce moment, mais quelques semaines plus tard, on m’a demandé d’écrire un épisode de la série policière « Special Branch » pour la Thames Television. Le salaire était de 550£.