Pouvoir et Fertilité
Pouvoir et Fertilité
Doreen Valiente
Traduction Tof
Nous parlons de générer de la Pouvoir, mais qu’est réellement ce Pouvoir que génèrent les sorcières ?
Il semble que ce soit une sorte d’énergie intermédiaire, comme celles dont parlent des pratiquants de l’occulte de différents lieux et époques. Les kahunas d’Hawaï, par exemple, la nomme Mana et les Hindous l’appellent Prana.
Quand au dix-huitième siècle les disciples de Mesmer ont commencé à redécouvrir cette énergie, ils ont parlé (de manière plutôt vague) de « magnétisme animal ». De nos jours, Wilhelm Reich nous a donné le concept de l’énergie qu’il appelle « orgone », qui semble être très proche de ce que le baron Von Reichenbach appelait au début au dix-neuvième siècle Od ou Odyle et qu’il prétendait voir sourdre des cristaux de quartz, un concept qui rappelle le « pouvoir du cristal » dont nous parlent tant aujourd’hui les fans de New Age.
Il semble évident que toutes ces expressions décrivent une énergie très proche et peut-être qu’aujourd'hui, alors que l’esprit des hommes est plus ouverts, nous pouvons commencer à étudier plus étroitement ces énergies subtiles et peut-être pourrons nous redécouvrir ce qui se produit vraiment quand les sorcières se réunissent ensemble « pour lever le Cône de Pouvoir » qui est, d’après ce qu’on dit, ce que représente le chapeau pointu des sorcières.
Mais que sommes-nous censés faire avec ce Pouvoir, une fois que nous l’avons généré ? Que sont, finalement, les buts fondamentaux de l’Art des Sages ?
On nous a dit que la sorcellerie est un culte de la fertilité. Autrefois, c’était probablement vrai. La sorcellerie était liée à la fertilité de la terre dans l’année tout au long des quatre saisons ainsi qu’au bien-être de la terre et de ceux qui y habitent. Elle s’occupait des aspects fondamentaux de la vie : naissance, mort et renaissance. Ainsi, c’était surtout l’invocation de la force de vie elle-même, « l’Ancienne Providence » comme les gens des campagnes britanniques l’appelaient.
Mais, l’idée de fertilité est quelque chose qui va plus loin que l’espoir d’avoir de bonnes récoltes et de plus en plus de bétail et je suis certaine que ça a toujours été le cas. Il y a bien sûr une fertilité matérielle mais aussi une fertilité spirituelle. Les gens ont besoin d’être vivants, utiles et créatifs. La vie doit être appréciée et non simplement endurée. Il y a un passage merveilleux dans le célèbre texte « channelisé » par Aleister Crowley, « le Livre de la Loi » : « Souvenez-vous tous que l’existence est joie pure, que tous les chagrins sont comme des ombres, ils passent et s’en vont, mais il en est qui restent ».
Aleister Crowley n’a peut être pas été une personne très aimable mais il fut un grand poète. On enseignait aux initiés des anciens Mystères Païens à dire : « Je suis l’Enfant de la Terre et des Cieux Etoilés et il n’y a nulle part de moi qui ne soit des Dieux ». Si de nos jours nous croyons cela, alors nous verrons que c’est vrai, et d’autres aussi feront de même. Nous cesserons, par exemple, d’avoir des chamailleries stupides entre covens, parce les autres font des choses d’une manière autre que nous. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je me suis éloignée de Robert Cochrane, car, au nom de la sorcellerie traditionnelle, il voulait déclarer une sorte de Guerre Sainte aux partisans de Gerald Gardner. Cela me semblait n’avoir aucun sens car il me semblait, et je le pense toujours, que comme sorcières, païens, ou quel que soit le nom que nous choisissons de nous donner, ce qui nous unis est plus important que ce qui nous divise.
Je disais cela dans les années 1960 à l’époque de la vieille Association pour la Recherche sur la Sorcellerie, et je le répète encore aujourd’hui. Mais aujourd’hui nous avons, je pense, fait des progrès. Nous nous sommes propagés littéralement dans le monde entier. Nous sommes un mouvement créatif et fertile. Nous avons inspiré l’art, la littérature, la télévision, la musique et la recherche historique. Nous avons fait cesser la calomnie et les insultes. Nous avons survécu aux trahisons. Ainsi il me semble que « les Pouvoirs Qui Sont » doivent avoir un but pour nous, dans l’Age du Verseau qui arrive.
