Monde Wicca

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Monde Wicca

Tony Clayton-Lea, « She » juin 1984

Traduction Tof


Il n’y a pas de place pour la superstition dans le coven de Janet et Stewart Farrar. Pour eux, la sorcellerie n’est qu’amour, attentions et soins.

« Chaque femme, si elle peut se libérer du stéréotype imposé par le patriarcat, est naturellement sorcière » dit Janet.

« Les hommes doivent généralement travailler plus durement pour cela. »

Son époux, le Grand Prêtre Stewart » confirme.

La sorcellerie moderne a connu un certain revival au cours de ce siècle. La sorcière d’Epinal disparaît rapidement. Non seulement les sorcières contemporaines écrivent des livres traitant de sorcellerie mais elles rédigent également leur propre biographie. En plus d’être harcelées par les cinéastes, elles parlent ouvertement à la télévision et la radio. De plus en plus la sorcière pourrait être votre voisin de palier. Elle ne cache plus ses croyances et pratiques.

Si la sorcellerie moderne a un père, c’est Gerald Brosseau Gardner, un homme calme, retraité de l’administration. Gerald fut initié en 1939 dans un coven très secret de la New Forest. Il pensait que la Sorcellerie était mourante et sentait qu’il fallait l’analyser et l’observer avant qu’elle ne disparaisse. Il a révélé nombre de ses pratiques, tout d’abord dans un roman, « High Magic’s Aid » en 1949, puis dans deux essais « Witchcraft Today » en 1954 et « The Meaning of Witchcraft » en 1959. Si la Sorcellerie était effectivement mourante, les livres de Gardner lui ont redonné un coup de jeune. Ils ont aussi contribué à changer l’attitude des gens.

Gardner est mort en 1961 (sic). Deux personnes très influencées par lui, Alex et Maxine Sanders ont reçu une importante publicité négative à la fin des années 60 et au début des années 70. Parmi les sorcières qui furent initiés par eux en 1970 il y a eu Stewart Farrar, un journaliste de Reveille qui était venu les interviewer et qui les a rejoints, et Janet Owen, 20 ans à l’époque qui avait travaillé comme assistante pour les Beatles.

Janet Farrar, née Owen, aura 34 ans ce mois-ci. Elle vient de l’Est Londonien et a grandi dans une famille très unie et profondément chrétienne – son grand-père était membre du conseil de fabrique de leur paroisse anglicane. Même si sa mère est décédée alors qu’elle n’avait que cinq ans, Janet a eu une enfance heureuse et sans histoire. Adolescente elle s’est tournée vers d’autres religions et philosophies, partageant brièvement la fascination des Beatles pour le Maharishi.

Janet ne connaissait pas grand chose en matière de sorcellerie si ce n’est quelques idées vaguement sordides sur la magie noire et les profanations de sépultures. L’intérêt de Janet pour la sorcellerie est né d’une rencontre avec les Sanders qui dirigeaient à cette époque un coven à Notting Hill Gate. Janet fut immédiatement impressionnée et a décidé rapidement qu’il s’agissait là de la voie spirituelle qu’elle devait suivre. Cela déplaisait fortement à son père mais lorsque les soins psychiques du coven ont apparemment sauvé la vie d’un enfant mourant avec lequel il était professionnellement en contact, il a décidé que la sorcellerie était efficace. Janet maintient que son attrait pour la Sorcellerie n’était pas une forme de rébellion, qu’elle n’a jamais consciemment fait quoi que ce soit pour ennuyer ses proches. « En fait » dit-elle « j’étais restée vierge jusqu’à l’âge de vingt ans ce qui à cette époque était rarissime. » Un des aspects de l’Ancienne Religion lui parlait vraiment : le fait de considérer Dieu comme étant à la fois masculin et féminin et de l’adorer sous deux aspects le Dieu et la Déesse. Janet et Sewart furent attirés l’un par l’autre et ils ont fondé leur propre coven en décembre 1970.

Ils se sont mariés en 1975, un mariage civil et une cérémonie wiccane puis en 1976 ils ont déménagé en Irlande où ils vivent toujours. Ron le père de Janet, maintenant à la retraite, vit avec eux, il est toujours chrétien et toujours tolérant.

Je suis arrivé chez eux par une journée orageuse et venteuse. La première chose que vous remarquez chez Janet et Stewart, c’est leur regard pénétrant qui laisse une impression un peu déconcertante. Et puis il y a leur apparence: Stewart est grand et imposant, une crinière de cheveux blancs coiffés en arrière surmonte un grand front, Janet est petite, gracieuse avec une taille de guêpe, un beau visage et une allure avisée. Avec eux vivent aussi Jane et Ginny, la mère et la fille, toutes deux sorcières - Ginny étant la « Demoiselle », c’est à dire l’assistante de la Grande Prêtresse du coven. Avec eux vivent aussi de nombreux animaux domestiques et de ferme.

Nous nous sommes assis sur des fauteuils en cuir. Qu’est ce qui a attiré Janet vers l’Ancienne Religion ?

« J’étais fascinée par le fait que la Sorcellerie était une religion d’amour et de don qui prenait l’humanité comme un tout. Et je voulais aussi désespérément pouvoir guérir. La Sorcellerie ouvrait la possibilité d’étudier les moyens de guérir. Je m’y suis mise totalement le sourire aux lèvres.

J’ai découvert que c’était bien plus compliqué que cela. C’est une religion qui est très difficile à pratiquer. Elle demande une grande concentration et énormément d’autodiscipline. Il faut vraiment que vous ayez besoin de progresser spirituellement et vous devez être capable de comprendre ce qui fait avancer le reste de l’humanité.

Cela développe votre vision du futur de l’humanité. Pour commencer elle vous met en contact avec la terre elle-même, elle vous fait appréhender plus encore la terre comme une entité vivante. Elle vous donne une plus grande compréhension des problèmes que le monde traverse en ce moment. En un sens cela place énormément de responsabilités sur vos épaules, car entraîner vos propres facultés à ce que les gens appellent les « facultés para-normales » fait partie de l’art de la sorcellerie. Cela vous donne une capacité dont vous devez vous servir avec précautions. Vous devez vous demander : Est-ce que je fais bien ? Est-ce que je prends la bonne décision ?

Ces capacités sont un peu comme l’électricité. Elles peuvent être positives ou négatives et sont potentiellement très dangereuses. Les pouvoirs de la Sorcellerie sont complètement neutres, tout dépend de ce que vous en faites. Mais si vous vous en servez au détriment de quelqu’un, cela vous revient au triple. Croyez-moi, c’est douloureux. »

Qu’est ce que cela signifie que d’être une sorcière ? Est-ce qu’une sorcière est plus en phase avec la réalité que, disons, un programmateur informatique ?

Stewart répond : « Selon moi, je dirais que cela signifie reconnaître l’existence d’un monde à plusieurs niveaux, un monde qui existe sur les plans physique, éthérique, mental, et spirituel. Il est impératif que nous reconnaissions la réalité de tous ces plans. La sorcière accepte tous les plans de tout son cœur. »

Janet confirme. « Vous êtes une sorcière 24 heures par jour. Je pense qu’une des choses qui vous choque lorsque vous devenez sorcière et commencez à vous intéresser à toutes les autres possibilités de ces différents plans, c’est qu’il y a dans ce monde un nombre considérable de superstitions et d’ignorances qui ralentissent l’avancement du monde vers ce qui devrait être le but : un monde uni. Nous devons commencer à écarter ces peurs et superstitions et donner à la vérité et aux faits leur place. »