Les Sorcières de l'Ile de Man
Les Sorcières de l'Ile de Man
Frontiers of Belief (1968)
Traduction Tof
Un musée de la sorcellerie sur l’Ile de Man est dirigé par un homme et son épouse qui affirment être des sorcières. Ce sont les Grand Prêtre et Grande Prêtresse d’un coven.
Campbell « Scottie » Wilson, un ancien pilote de bombardier de la Royal Air Force et son épouse Monique Mauricette Marie Wilson originaire de l’Indochine française sont deux parmi le nombre étonnamment élevé des sorcières britanniques. A eux deux les Wilson dirigent le Musée du Moulin des Sorcières à Castletown sur l’Ile de Man, où ils vendent une nourriture à base de poissons et fruits de mer, des petites théières souvenir au milieu de leur collection de poucettes, de bouteilles sorcières et de boules de cristal médiévales. Chaque hiver ils ferment boutique et se dirigent vers le sud, aux Baléares ou en Espagne.
« Tout cela a été rendu possible par feu le Dr. Gerald Brosseau Gardner, le plus grand homme que je n’aie jamais rencontré » dit Scottie Wilson. « Lorsqu’il est mort en 1961, il nous a laissé le moulin, le musée, sa maison sur l’île et une somme d’argent. » Le Dr Gardner, un fonctionnaire à la retraite qui a passé une bonne partie de sa vie en Extrême Orient, a acheté le moulin au début des années 1950 après qu’il ait été transformé en musée de la sorcellerie par Cecil H. Williamson qui s’occupe aujourd’hui d’un musée similaire en Cornouailles. Une fois établi sur l’Ile, Gardner a attiré l’attention en publiant deux livres, « Witchcraft Today » et « The Meaning of Witchcraft » dans lesquels il affirme avoir été initié en sorcellerie par une Grande Prêtresse au sud de l’Angleterre et que l’art de la « Wicca » - ou sorcellerie – était aussi fort qu’il l’avait toujours été dans les Iles Britanniques. Les journaux l’ont qualifié de « Roi des Sorcières » et ses livres sont devenus sujets à controverses. Gardner a eu de nombreux partisans même si ses théories ressemblaient à celles du Dr. Margaret Murray et qu’il n’a présenté que peu de preuves lorsqu’on l’a accusé d’avoir lui-même inventé la sorcellerie contemporaine. Des douzaines de personnes, ici et là dans tout le pays ont affirmé être des sorcières « héréditaires ». Les Wilson ont fait partie de ses premiers disciples et croient toujours sincèrement aux théories de Gardner.
Chaque semaine les Wilson et leur coven se retrouvent pour un « esbat » ou pour s’occuper des affaires du coven dans la vieille maison pittoresque de Gardner sur la route qui mène au moulin. Scottie est le Grand Prêtre de covens à Londres, Manchester et en divers endroits de Grande Bretagne ainsi qu’à New York, il les dirige par délégation depuis l’Ile de Man. A cause de ses multiples fonctions, Monique est pour ses collègues une « Reine Sorcière »
« Chaque coven est libre de conduire ses rites comme il l’entend et les rituels diffèrent comme dans les différentes églises chrétiennes » dit Scottie Wilson, « Mais le but est le même : adorer la vieille grande Déesse Mère, la Force de Vie qui a été adorée tout au long des siècles depuis le début des temps. »
En partant de cette doctrine de base, les Wilson établissent un rapport entre à peu près tout et leur « Vieille Religion de la Wicca ». Tout comme Margaret Murray et Gardner, ils maintiennent que le Christ était Grand Prêtre d’un coven de sorcières, la Vierge Marie en était la Grande Prêtresse et que l’Ordre de la Jarretière est un coven royal avec le Souverain à sa tête. La jarretière joue un rôle rituel en sorcellerie – la Grande Prêtresse nue en porte une à la cuisse gauche en symbole de sa fonction lors des réunions et durant certaines cérémonies le Grand Prêtre est oint d’huile – comme l’est le Souverain lors de la cérémonie du Couronnement. M. et Mme Wilson parlent avec prudence de leurs cérémonies et rituels Wicca – les livres de Gardner font fortement allusion à des rites sexuels et à la flagellation – affirmant que leurs vœux les contraignent au silence.
Lorsqu’on parle d’objets liés à la sorcellerie ils produisent rapidement toute une série de coupes en argent, de bracelets, de jarretières et un casque cornu porté par le Grand Prêtre ainsi que plusieurs autres bizarreries telles des bagues et des colliers – toujours portés par les sorcières femmes. M. Wilson montre ses deux couteaux rituels ou « athamés ». Chacun reçoit son athamé lors de son initiation : il a un manche noir où sont gravés des symboles et il est « consacré » lors d’une cérémonie solennelle. Des deux armes de M. Wilson, l’une est un magnifique poignard à double tranchant, l’autre est un athamé « de voyage », un couteau scout à manche noir où sont gravés les symboles appropriés. L’épée de la Grande Prêtresse a été faite pour elle par le Dr. Gardner – qui était un expert en épées et en poignards et en avait une immense collection – et elle en est très fière. Pour pouvoir s’en servir – M. et Mme Wilson en parlent comme s’il s’agissait d’un animal de compagnie – elle a dû dormir nue avec l’épée pendant plusieurs nuits. L’épée est aiguisée comme un rasoir et Scottie et son épouse se sont coupés tous les deux lorsqu’elle fut posée pour la première fois sur l’autel et qu’ils ont dansé nus autour.
Le musée en lui-même est un endroit curieux et fascinant, une fois que le visiteur a payé ses deux shillings de droits d’entrée. Il occupe deux étages et c’est un mélange étrange d’objets remarquables, banals et bizarres. Il contient de véritables reliques de Matthew Hopkins, le célèbre chasseur de sorcières du XVIIème siècle à côté d’illustrations érotiques tirées de magazines à sensations américains où l’on voit de voluptueuse « sorcières » blondes être torturées par des hommes musclés..
D’anciens grimoires de grandes valeurs et des « Grand Albert » des livres de magie rituelle – partagent une vitrine avec d’horribles bandes dessinées et des coupures de presse, alors qu’un miroir permettant à un magicien de pratiquer le « scrying » sur un pupitre délicatement gravé est exposé à côté d’une statue grossière en terre cuite de feu le Dr Gardner qui pour tout le monde ressemble ici à un nain de jardin.
Dans les jardins à l’extérieur, on voit de petites statues de nymphes d’eau derrière le bosquet, une machine de fête foraine à dire la bonne aventure où il y a marqué « Magie Blanche » est en train de rouiller contre un mur et un puits à souhait couvert d’une grille cadenassée occupe une place proéminente.
Au second étage du musée deux cercles magiques ont été tracés. L’un vient de toute évidence d’une illustration d’un livre magique « Les Clavicules de Salomon » alors que l’autre est un cercle de sorcière comme ceux décrits par le Dr. Gardner dans ses livres. Les deux sentent très fort l’urine éventée – plusieurs visiteurs en on fait la remarque en entrant dans le musée – et en fait l’urine était utilisée comme « marqueur de frontière » par de nombreux cultes, qu’ils soient antiques ou relativement modernes. Lorsque les visiteurs s’en sont allés et que la saison s’achève les Wilson partent en vacances. Mais ils reviennent pourtant pour les quatre grandes occasions de l’année lorsque se tiennent les Sabbats spéciaux ou rencontres cérémonielles.
Même si 13 est le nombre traditionnel de membres d’un coven, les Wilson disent que six est le chiffre qu’ils préfèrent pour « faire de la magie ». Le type de magie qu’ils affirment avoir pratiqué avec succès inclut calmer les mers, agir sur la météo et apaiser la douleur. Mme Wilson dit qu’elle calme régulièrement des douleurs, elle prend pour elle des affections bénignes comme le rhume et la grippe si elle pense que celui qui en souffre ne peut les supporter.
En fait, mme Wilson semble être née pour être une martyre. Elle est convaincue que « l’époque des persécutions va revenir » pour les sorcières et elle est certaine qu’elle est destinée à mourir sur le bûcher pour ses croyances, elle attend cela avec un plaisir apparent.
Les Wilson pensent que la sorcellerie et ses anciennes traditions comme celles qu’ils suivent sont surtout une affaire britannique. Pour cette raison seuls les Britanniques peuvent faire partie de leur groupe car ils pensent que les « étrangers ont leurs propres conventions magiques ». Mme Wilson rajoute qu’une harmonie complète est nécessaire dans le groupe où l’intimité est des plus importantes.
M. Wilson porte au revers de son veston une épinglette figurant un « pénis ailé » de façon à ce que les ailes ressemblent à un insigne de la Royal Aire Force. La maison de Gardner contient elle des objets comme un grand phallus de bronze que M. Wilson affirme avoir déterré dans son jardin, des statuettes en bois figurant des hommes et des femmes en train d’avoir des relations sexuelles et un sceptre dont l’une des extrémités est sculptée en forme de phallus. Il est porté par la Grande Prêtresse lorsqu’elle représente un Grand Prêtre absent.
« Il y a aussi un rite franchement sexuel qualifié de mariage sacré mais il n’est pratiqué qu’une fois tout les cinq ans » dit M. Wilson. « Nous pratiquons nus, nous avons des cérémonies où un phallus est oint à certaines occasions, mais nous ne pratiquons pas d’orgies sexuelles. »