Les Arcanes Majeures
Les Arcanes Majeures
Arthur Edward Waite
Traduction Tof
0. Le Fou
I - Le Magicien
1. Le Mage, Magicien ou jongleur, le lanceur de dés et saltimbanque dans le monde de la vulgaire ruse. Voilà l’interprétation « colportage » et cette carte a la même correspondance avec la véritable signification symbolique que l’utilisation du Tarot de la diseuse de bonne aventure a avec sa construction mystique selon la science secrète du symbolisme. Je dois ajouter que de nombreux étudiants indépendants du sujet, suivant leurs propres illuminations, ont découvert des séquences individuelles de significations concernant les Arcanes Majeures et leurs lumières sont parfois évocatrices, mais ce ne sont pas les véritables lumières. Par exemple, Eliphas Lévi dit que le Mage désigne cette unité qui est la mère de nombreux enfants, d’autres disent que c’est l’Unité Divine et l’un des derniers commentateurs français considère que, dans son sens général, c’est la volonté.
Particularités de la carte du Magicien du Jeu Rider-Waite :
Un jeune homme dans les vêtements d’un magicien, il a le visage du divin Apollon, avec un sourire de confiance et les yeux brillants. Au dessus de sa tête il y le signe mystérieux de l’Esprit Saint, le signe de la vie, comme un cordon sans fin qui forme le signe 8 en position horizontale. Autour de sa taille il y a un serpent-ceinture, le serpent semble dévorer sa propre queue. La plupart reconnaîtront là un symbole classique de l’éternité, mais ici, il désigne plus particulièrement l’éternité de la réalisation dans l’esprit. Dans la main droite du Magicien il y a une baguette levée vers le ciel, sa main gauche est dirigée vers la terre. Ce signe double est connu dans les très hauts grades des Mystères Institués, il montre la descente de la grâce, la vertu et la lumière, tirées de ce qui est en haut et envoyées à ce qui est en bas. Il suggère donc la possession et la communication des Pouvoirs et Dons de l’Esprit. Sur la table devant le Magicien il y les symboles des quatre couleurs des Tarots, symbolisant les éléments de la vie naturelle, qui sont disposées comme sur un comptoir devant l’adepte et il les adapte comme il le veut. Sous les roses et les lis, la fleur du champs et le lys, changés en jardin de fleurs, pour montrer la culture de l’aspiration. Cette carte symbolise le moteur divin en l’homme, reflétant Dieu, la volonté de la libération de son union avec ce qui est au-dessus. Elle désigne aussi l’unité sur tous les plans de l’être individuel. Pour revenir à ce que j’ai appelé le signe de vie et son lien avec le chiffre 8, on peut se souvenir que le gnosticisme chrétien parle de la renaissance dans le Christ comme un changement « dans l’Ogdoade. » Le chiffre mystique est appelé la Jérusalem d’en haut, le Pays où coulent le Lait et le Miel, le Saint-Esprit et le Pays du Seigneur. Selon le martinisme, 8 est le chiffre du Christ.
I. Le Magicien
0. Le Fou, le Copain ou Celui qui manque de Sagesse. Dans la plupart des Tarots cette carte ne porte pas de numéro. Court de Gebelin la place à la tête de toute la série, c’est le zéro ou le négatif qui est présupposé par la numérotation, et comme il s’agit d’un simplet, c’est aussi un ordre plus adéquat. Cette numérotation a été abandonnée parce que à une époque postérieure des lettres de l’alphabet hébreu ont été affectées aux cartes et il y a eu apparemment quelques difficultés au niveau de l’attribution du symbole zéro de façon satisfaisante dans une séquence de lettres qui représentent toutes des nombres. Là la carte s’était vue attribuer la lettre, Shin, qui correspond à 200, la difficulté ou la déraison reste. La vérité est que la place réelle des cartes n’a jamais été vraiment connue. Le Fou a un baluchon, il regarde par-dessus son épaule et ne sait pas qu’il est au bord d’un précipice, mais un chien ou un autre animal - certains disent que c’est un tigre – l’attaque par derrière et il se hâte vers sa destruction sans le savoir. Etteilla a donné une variation justifiable de cette carte – comme elle est généralement comprise - sous la forme d’un bouffon de cour, avec chapeau, des cloches et un costume bariolé. Les autres descriptions disent que le baluchon contient les folies et vices du porteur, ce qui semble bourgeois et arbitraire.
Particularités de la carte du Fou du Jeu Rider-Waite :
D’un pas léger, comme si la terre et ses entraves n’avaient que peu de pouvoir pour le retenir, un jeune homme en vêtements magnifiques fait une pause au bord d’un précipice entre les grandes hauteurs du monde, il contemple l’espace bleu devant lui – l’étendue du ciel plutôt que la perspective en dessous. Son acte de marcher insatiablement est encore précisé car même s’il s’est arrêté quelques instants à un moment donné; son chien bondit toujours. Le bord de la montagne qui s’ouvre sur le vide n’inspire pas la terreur, c’est comme si les anges l’attendaient pour le soutenir, s’il en venait à sauter dans le précipice. Son visage respire l’intelligence et semble rêveur. Il a une rose dans une main et dans l’autre une baguette onéreuse d’où pend sur son épaule droite un baluchon brodé de façon curieuse. C’est un prince de l’autre monde qui voyage dans notre monde dans toute la gloire du matin, dans l’air vif. Le soleil, qui brille derrière lui, sait d’où il vient, où il va, et comment, dans quelques jours, il repartira par un autre chemin. Il est l’esprit à la recherche de l’expérience. De nombreux symboles des Mystères Institués sont résumés dans cette carte, qui inverse, en vertu de mandats importants, toutes les confusions qui l’ont précédée.
Dans son Manuel de Cartomancie, Grand Orient fait une curieuse suggestion quant au rôle du Fou Mystique dans la divination supérieure, mais il peut être appelé pour que dans l’opération il mette en action plus que des dons ordinaires. Nous allons voir combien vaut cette carte dans les arts communs de la bonne aventure et ce sera un exemple pour ceux qui peuvent entrevoir le fait, par ailleurs si évident, que les Arcanes Majeurs n’avaient à l’origine pas leur place dans les arts des jeux psychiques, lorsque les cartes sont utilisées comme supports et prétextes. Sur les circonstances dans lesquelles cet art est né nous ne savons pas grand-chose. Les explications conventionnelles disent que le Fou désigne la chair, la vie sensible et par une facétie particulière son nom fut à un moment l’alchimiste, désignant ainsi la folie à son niveau le plus insensé.
II. La Grande Prêtresse
2. La Grande Prêtresse, la Papesse Jeanne, ou le Pontife Féminin; d’anciens commentateurs ont pensé appeler cette carte la Mère ou la Femme du Pape ce qui est en opposition avec son symbolisme. On dit parfois qu’elle représente la Loi Divine et la Gnose, dans ce cas, la Prêtresse correspond à l’idée de la Shekinah. Elle est la Tradition Secrète et le sens élevé des Mystères Institués.
Particularités de la Grande Prêtresse du Jeu Rider-Waite :
Elle a le croissant lunaire à ses pieds, un diadème cornu sur la tête, avec un globe au centre et une grande croix solaire sur sa poitrine. Sur le parchemin dans ses mains est inscrit le mot Tora, un mot qui signifie la Loi Supérieure, la Loi Secrète et le sens second du Mot. Le parchemin est partiellement recouvert par son manteau pour montrer que certaines choses sont implicites et certaines sont exprimées. Elle est assise entre les piliers blancs et noirs - Jakin et Boaz. – du Temple de mystique. Le voile du Temple est derrière elle, il est brodé de palmiers et de grenades. Ses vêtements sont fluides et vaporeux et le manteau suggère la lumière - un scintillement. Elle a été appelée « Science occulte sur le seuil du Sanctuaire d’Isis », mais en réalité elle est l’Eglise Secrète, la Maison qui tient de Dieu et l’homme. Elle représente aussi le Second Mariage du Prince qui n’est plus de ce monde, elle est l’épouse et la Mère spirituelle, la fille des étoiles et le Jardin Supérieur d’Eden. Elle est, in fine, la Reine de la lumière qui a été empruntée, mais c’est la lumière de tous. Elle est la Lune nourrie du lait de la Mère Surnaturelle.
D’un certain sens, elle est aussi la Mère Surnaturelle elle-même – c’est-à-dire qu’elle est le reflet lumineux. C’est dans ce sens de réflexion que Shekinah – la gloire qui cohabite- est son nom le plus exact et plus élevé. Selon la Kabbale, Shekinah est à la fois au-dessus et en dessous. Dans le monde supérieur, elle est appelée Binah, la Compréhension Surnaturelle qui reflète les émanations qui sont en dessous. Dans le monde inférieur, elle est MaIkuth - ce monde qui est, dans ce cas compris comme un Royaume béni qui est béni parce qu’elle est la Gloire à Demeure. Mystiquement parlant, la Shekinah est l’Epouse Spirituelle de l’homme juste et quand il lit la Loi, elle donne la signification Divine. Il y a quelques domaines où cette carte est la plus élevée et la plus sacrée des Arcanes Majeures.
III. L’Impératrice
3. L’Impératrice, qui est parfois représentée de face alors que son alter ego, l’Empereur, est de profil. Comme il y a eu une certaine tendance à donner une signification symbolique de cette distinction, il semble souhaitable de dire que cela n’a aucune signification intérieure. L’Impératrice a été liée aux idées de fécondité universelle et dans un sens général avec l’activité.
Particularités de l’Impératrice du Jeu Rider-Waite :
Une figure imposante, assise, avec de riches vêtements et un aspect royal, une fille du ciel et de la terre. Son diadème est composé de douze étoiles qui sont réunies en un bouquet. On voit le symbole de Vénus sur le bouclier qui est posé près d’elle. Un champ de blé mûrit devant elle et derrière elle il y a une cascade. Le sceptre qu’elle porte est surmonté du globe de ce monde. Elle est dans le Jardin inférieur d’Eden, le Paradis Terrestre, tout cela est symbolisé par la maison visible de l’homme. Elle n’est pas la Regina Coeli, mais reste toujours la Refugium Peccatorum, la mère féconde aux milliers d’enfants. Il y a aussi certains aspects dans lesquels elle a été correctement décrite comme le désir et les ailes du désir, comme la femme revêtue de soleil, comme la Gloria Mundi et le voile du Saint des Saints, mais elle n’est pas, pourrais-je ajouter, l’âme qui a reçu des ailes, à moins que tout le symbolisme soit considéré d’une façon différente et inhabituelle. Elle est avant tout la fécondité universelle et le sens extérieur de la Parole. C’est évident, car il n’y a aucun message direct qui a été donné à l’homme équivalent à celui porté la femme, mais elle ne symbolise pas cette interprétation.
Dans un autre ordre d’idées, la carte de l’Impératrice désigne la porte ou le portail par lequel on entre dans cette vie, comme dans le jardin de Vénus puis le chemin qui permet d’en sortir, et d’aller vers l’au-delà. C’est le secret que connaît la Grande Prêtresse: elle le communique à l’élu. La plupart des attributions anciennes du symbolisme de cette carte sont complètement erronées - comme, par exemple, son identification avec le Verbe, la Nature Divine, la Triade, et ainsi de suite.
IV. L'Empereur
4. L’Empereur, par imputation l’époux de la carte précédente. Il est parfois représenté portant, en plus de ses insignes personnels, les étoiles ou rubans d’un ordre de chevalerie. Je mentionne cela pour montrer que les cartes sont un mélange d’emblèmes anciens et récents. Certains insistent sur les liens qu’ont les emblèmes entre eux. Le fait qu’on trouve sur une carte d’anciens éléments ne signifie aucunement que cette carte est ancienne, mais on ne tirera pas non plus de conclusion du fait qu’y soient incorporées sporadiquement des nouveautés, dont l’intervention peut n’être due qu’à la main imbécile d’un éditeur ou d’un dessinateur tardif.
Particularités de l’Empereur du Jeu Rider-Waite : Son sceptre a une forme de Croix ansée et il a un globe dans sa main gauche. C’est un monarque couronné - commandant, majestueux, assis sur un trône. Sous ses bras il y a des têtes de béliers. Il est l’exécutif et la réalisation, la puissance de ce monde, ici il est revêtu de ses attributs naturels les plus élevés. Il est parfois représenté assis sur une pierre cubique, ce qui mélange cependant certaines des questions. Il est la puissance virile, à laquelle répond l’Impératrice, et en ce sens il est celui qui vise à enlever le Voile d’Isis et pourtant elle demeure virgo intacta.
Il faut comprendre que cette carte et celle de l’Impératrice ne représentent précisément la condition de la vie maritale, même si cet état est implicite. En surface, comme je l’ai indiqué, ils représentent la royauté ordinaire, assis sur les sièges des puissants, mais par dessus tout il y a la suggestion d’une autre présence. Ils représentent aussi - surtout le personnage masculin - la royauté supérieure, ils occupent le trône intellectuel. On voit ici la domination de la pensée plutôt que celle du monde animal. Les deux personnalités, à leur manière, sont « remplies d’expérience étrange », mais la sagesse qui vient d’un monde supérieur n’est pas consciemment leure. L’empereur a été décrit comme (a) volonté dans sa forme incarnée, mais ce n’est là que l’une de ses applications, et (b) comme une expression des virtualités contenues dans l’Etre Absolu - mais cela relève de la fantaisie.
V. Le Hiérophante
5. Le Grand Prêtre ou Hiérophante, appelé aussi Père Spirituel et plus souvent bien sûr, le Pape. Il semble même avoir été nommé l’Abbé et son alter ego la Grande Prêtresse , était alors l’Abbesse ou de la Mère du Couvent. Les deux sont des noms arbitraires. Les insignes des personnages sont papaux, et dans ce cas, la Grande Prêtresse est et ne peut être que l’Eglise à qui le Pape et les prêtres sont mariés selon le rite spirituel de l’ordination. Je pense, cependant, que dans sa forme primitive, cette carte ne représentait pas le Pontife Romain.
Particularités du Hiérophante du Jeu Rider-Waite : Il porte la triple couronne et est assis entre deux piliers, mais ce ne sont pas ceux du Temple qui est gardé par la Grande Prêtresse. Dans sa main gauche il a un sceptre se terminant par la triple croix et de sa main droite, il fait un signe ecclésiastique bien connu que l’on dit être celui de l’ésotérisme, la distinction entre la partie manifestée de la doctrine et celle qui est cachée. Il faut noter à ce sujet que la Grande Prêtresse ne fait aucun signe. A ses pieds il y a les clés croisées et deux prêtres en aube agenouillés devant lui. Généralement on l’appelle le Pape qui est l’une des fonctions particulières du rôle plus général qu’il symbolise. Il est le pouvoir en place de la religion perceptible, comme la Grande Prêtresse est le génie prévalant de l'ésotérisme, le pouvoir retiré. La signification correcte de cette carte a souffert d’un mélange déplorable venant d’un peu partout. Le Grand Orient dit réellement que le Hiérophante est le pouvoir des clefs, la doctrine orthodoxe exotérique et le côté extérieur de la vie qui conduit à la doctrine, mais ce n’est certainement pas le prince de la doctrine occulte, comme un autre commentateur l’a suggéré.
Il est plutôt la summa totius theologiæ, qui est passée à une grande rigidité d’expression, mais il symbolise aussi tout ce qui est juste et sacré du côté manifesté. En tant que tel, il est le canal de la grâce appartenant au monde de l’institution par opposition à celui de la nature et il est le responsable du salut de la race humaine dans son ensemble. Il est l’ordre et à la tête de la hiérarchie reconnue, qui est le reflet d’un autre ordre hiérarchique plus important, mais il peut arriver que le pontife oublie la signification symbolique de cet état et qu’il agisse comme s’il contenait en lui tout ce que signifie son signe ou ce que son symbole cherche à montrer. Il n’est pas, comme on l’a pensé, la philosophie, sauf sur le côté théologique, il n’est pas l’inspiration et il n’est pas la religion, bien qu’il soit un mode de l’expression de la religion.
VI. Les Amants
6. Les Amants ou le Mariage. Ce symbole a subi de nombreuses variations, comme on pouvait s’y attendre de son sujet. Dans sa forme du XVIII ème siècle, par laquelle elle a dans un premier temps été connue du monde de la recherche archéologique, c’est vraiment une carte de la vie maritale montrant le père et la mère avec leur enfant placé entre eux. Le Cupidon païen qui vole au-dessus n’est, bien sûr, qu’un emblème mal employé. Le Cupidon est plus l’amour qui naît que l’amour dans sa plénitude, gardant les fruits de cet amour. On dit que la carte a été appelée Simulacyum fidei, le symbole de la foi conjugale, dont l’arc en ciel comme un signe de l’alliance aurait été une figuration plus appropriée. On dit aussi que les personnages symbolisent aussi Vérité, Honneur et Amour, mais je soupçonne que ce fut, pour ainsi dire, un commentaire d’un commentateur moralisateur. Il a ces aspects mais il en a d’autres plus élevés.
Particularités des Amants du Jeu Rider-Waite :
Le soleil brille au zénith et dessous il y a un grand personnage ailé, les bras tendus, déversant des influences. Au premier plan il y a deux personnages humains, un homme et une femme, nus l’un devant l’autre, comme Adam et Eve tout d’abord lorsqu’ils occupaient le paradis du corps terrestre. Derrière l’homme il y a l’Arbre de Vie, qui porte douze fruits et derrière la femme il y a l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, le serpent est enroulé autour de lui. Les personnages font penser à la jeunesse, la virginité, l’innocence et l’amour avant qu’ils ne soient contaminés par le désir matériel grossier. C’est en toute simplicité la carte de l’amour humain, présenté ici comme une partie du chemin, de la vérité et de la vie. Elle remplace, par recours aux premiers principes, l’ancienne carte du mariage, que j’ai déjà décrite, et les folies postérieures qui décrivent l’homme entre le vice et la vertu. Dans un sens très élevé, la carte est un mystère de l’Alliance et du Sabbath.
A l’égard de la femme il est suggéré qu’elle signifie que l’attirance vers la vie sensible porte en elle l’idée de la Chute de l’Homme, mais elle est plus le travail d’une Loi Secrète de la Providence qu’une tentation volontaire et consciente. C’est grâce à la déchéance qu’on lui impute que l’homme s’élèvera finalement et ce n’est que par elle qu’il peut être entier. La carte est donc à sa manière une autre exhortation concernant le grand mystère de la féminité. Les significations anciennes tombent en pièces comme les anciennes représentations, mais parmi les interprétations de ces anciennes représentations, certaines d’entre elles étaient de l’ordre du banal et d’autres étaient inexactes dans leur symbolisme.
VII. Le Chariot
7. Le Chariot. Il est représenté dans quelques manuscrits comme étant tiré par deux sphinx ce qui correspond bien au symbolisme de la carte, mais il ne faut pas croire que c’était là sa forme originale, cette version a été inventée pour étayer une hypothèse historique particulière. Au dix-huitième siècle, des chevaux blancs étaient attelés au chariot. En ce qui concerne son nom habituel, le petit représente le grand, c’est vraiment le Roi dans son triomphe, il caractérise cependant la victoire qui crée la royauté comme conséquence naturelle et non pas la royauté investie de la quatrième carte. M. Court de Gebelin dit que c’était Osiris Triomphant, le soleil victorieux au printemps qui a vaincu les obstacles de l’hiver. Nous savons maintenant que Osiris ressuscité des morts n’est pas représenté par un symbolisme aussi évident. D’autres animaux que les chevaux ont aussi été utilisés pour tirer le currus triumphalis, comme, par exemple, un lion et un léopard.
Particularités de la carte du Chariot du Jeu Rider-Waite :
Un personnage debout et princier tenant une épée nue et correspondant, grosso modo, à la description traditionnelle que j’ai donnée dans la première partie. Sur les épaules du héros victorieux on dit qu’il y a Urim et Thummim. Il a emmené des captifs, il est la conquête sur tous les plans – en esprit, en science, en progrès, lors de certaines épreuves de l’initiation. Il a ainsi répondu aux sphinx, et c’est sur cet aspect que j’ai accepté la variation d’Eliphas Lévi, deux sphinx qui tirent son chariot. Il est avant tout le triomphe dans l’esprit.
Il faut ainsi comprendre :
a) que la question du sphinx est liée à un Mystère de la Nature et non pas au monde de la Grâce à laquelle le conducteur du char ne pourrait apporter de réponse.
b) que les plans de sa conquête sont manifestes ou externes et non pas en lui-même.
c) que la libération sur laquelle il agit peut le laisser lui-même dans la servitude de la compréhension logique.
d) que les tests d’initiation par lesquels il est passé soient compris physiquement ou rationnellement.
e) que s’il parvient aux piliers du Temple, entre lesquels la Grande Prêtresse est assise, il ne pourra pas ouvrir le livre appelé Tora pas plus que si elle l’interroge il ne pourra lui répondre. Il n’est pas issu de la royauté héréditaire et il n’est pas prêtre.
VIII. Le Courage
8. Le Courage. C’est l’une des vertus cardinales dont je parlerai plus tard. Le personnage féminin est généralement représenté comme fermant la gueule d’un lion. Dans la forme ancienne imprimée par Court de Gebelin, elle l’ouvre de toute évidence. La première solution est préférable symboliquement mais les deux sont un exemple de force dans sa compréhension conventionnelle et expriment l’idée de maîtrise. Il a été dit que le personnage représente la force organique, la force morale et le principe de toute force.
Particularités de la carte de la Force (ou Courage) du Jeu Rider-Waite :
Une femme, dont la tête porte le symbole de vie, que nous avons rencontrée sur la carte du Magicien, ferme la gueule d’un lion. Le seul point où le dessin de cette carte diffère du dessin classique, c’est que sa force bienfaisante a déjà soumis le lion qui est tenu par une laisse de fleurs. Pour des raisons qui me conviennent cette carte a été échangée avec celle de la justice, qui porte généralement le chiffre huit. Comme l’explication de la variation n’apportera rien au lecteur, il n’y a pas à donner d’explication. Le Courage, dans un de ses aspects les plus exaltés, est lié au Mystère Divin de l’Union, la vertu, bien sûr, opère sur tous les plans et s’appuie donc sur tout son symbolisme. Il est aussi lié à l’innocentia inviolata et avec la force qui réside dans la contemplation.
Ces significations supérieures, sont cependant, question d’analogies et je ne dirai pas qu’elles apparaissent clairement sur la carte. Elles sont sous-entendues par la laisse de fleurs, qui désigne, entre autres choses, le joug agréable et le léger fardeau de la Loi Divine. La carte n’a rien à voir avec la confiance en soi dans le sens ordinaire, bien que cela a été suggéré - mais il est question de la confiance de ceux dont Dieu est la force, ceux qui ont trouvé leur refuge en Lui. Il y a un aspect où le lion désigne les passions et celle qui est appelée Force est la nature supérieure dans sa libération. Il a marché sur l’aspic et le basilic et a foulé du pied le lion et le dragon.
IX. L'Hermite
9. L’Ermite, comme il est appelé dans le langage courant, est le prochain sur la liste, il est aussi le Capucin et dans un langage plus philosophique le Sage. On dit qu’il est à la recherche de la Vérité qui est située loin dans la séquence des cartes, et de la justice qui l’a précédée sur le chemin. Mais c’est une carte de réalisation, comme nous le verrons plus tard, plutôt qu’une carte de quête. On dit aussi que sa lanterne contient la Lumière de la Science Occulte et que son bâton est une baguette magique. Ces interprétations sont en tout point comparables à celles de la signification qu’en donne la divination et les diseuses de bonne aventure dont je parlerai plus tard. Le diabolisme des deux est que la divination et les diseuses de bonne aventure sont à leur façon dans le vrai, mais il manque toutes les choses élevées auxquelles les Arcanes Majeures devraient être allouées. C’est comme si un homme qui sait dans son cœur que tous les chemins mènent vers les hauteurs et que Dieu est à une très grande hauteur, doit choisir le chemin de la perdition ou celui de la folie comme chemin de sa propre réalisation. Eliphas Lévi a dédié cette carte à la Prudence, mais il l’a fait car il voulait combler une lacune qui autrement aurait surgi dans le symbolisme. Les quatre vertus cardinales sont nécessaires à une séquence idéologique comme les Arcanes Majeures, mais elles ne doivent pas être prises uniquement dans leur sens premier qui n’existait que pour Lévi à une époque où il était un journaliste mal payé et qu’il parlait de l’homme dans la rue. Dans leur bonne compréhension, ce sont les corrélatifs des conseils de perfection lorsqu’elles ont été elles aussi ré-exprimées et elles se lisent comme cela :
a) La justice transcendante, le contrepoids de la balance, quand des poids bien trop lourds y ont été posés pour qu’ils penchent franchement du côté de Dieu. Le conseil correspondant est d’utiliser des dés pipés lorsque vous jouez gros jeu avec le Diable. L’axiome est Aut Deus, aut nihil.
b) l’Extase Divine, comme contrepoids à ce qu’on appelle Tempérance, le signe de ce qui est, je crois, l’extinction des lumières dans l’auberge. Le conseil correspondant est de ne boire que du vin nouveau dans le Royaume du Père, parce que Dieu est tout en tout. L’axiome, selon Spinoza, est que l’homme, étant un être raisonnable, doit s’enivrer de Dieu.
c) L'état de Fortitude Royale, qui est l’état d’une Tour d’Ivoire et d’une Maison d’Or, mais c’est Dieu et non pas l’homme qui est devenu Turris fortitudinis a facie inimici, et l’ennemi a été chassé hors de la Maison. Le conseil correspondant est qu’un homme ne doit pas se ménager, même en présence de la mort, mais il doit être certain que son sacrifice sera le meilleur pour le but à atteindre. L’axiome est que la force qui est portée à un degré tel qu’un homme ose se perdre, doit lui montrer comment trouver Dieu et dans ce cas - oser et apprendre.
d) La Prudence c’est l’économie qui suit la ligne de la moindre résistance, c’est l’âme qui peut retourner d’où elle vient. C’est une doctrine de la parcimonie divine et de la conservation de l’énergie, à cause du stress, de la terreur et des impertinences manifestes de cette vie. Le conseil correspondant est que la vraie prudence ne se préoccupe que de la seule chose nécessaire et l’axiome est : Ne gâche rien, ne veux rien.
La conclusion de tout cela est une proposition d’affaires fondée sur la loi de l’échange : Vous ne pouvez pas obtenir d’aide pour obtenir ce que vous cherchez s’il s’agit de choses qui sont de l’ordre du divin. C’est la loi de l’offre et de la demande. J’ai parlé ici de ces points pour deux raisons simples :
a) parce que proportionnellement à l’impartialité de l’esprit, il semble parfois plus difficile de déterminer si c’est le vice ou la vulgarité qui dévaste le plus le monde actuel.
b) parce que pour remédier aux imperfections des notions anciennes, il est vraiment nécessaire, à l'occasion, de vider les mots et les phrases de leur sens habituel pour qu’ils puissent recevoir une signification nouvelle et plus adéquate.
Particularités de la carte de l’Ermite du Jeu Rider-Waite :
La seule variation de cette carte par rapport aux versions classiques c’est que la lampe n’est pas enveloppée partiellement dans le manteau de celui qui la porte, ce qui mélange l’idée de l’Ancien des Jours avec celle de la Lumière du Monde. Il y a une étoile qui brille dans la lanterne. J’ai dit que c’est une carte de l’achèvement et pour développer cela on peut dire qu’on voit le personnage porter son feu jusqu’à un sommet. Ainsi, l’Ermite n’est pas, comme l’a expliqué Court de Gebelin, un sage à la recherche de la vérité et de la justice, ni qu’il est, comme le propose une explication plus récente, un exemple particulier de l’expérience. Sa flamme laisse entendre que « là où je suis, tu pourras aussi être. »
C’est en outre une carte qui est assez mal comprise quand elle est connectée avec l’idée de l’isolement occulte, comme protection du magnétisme personnel contre les influences extérieures. C’est une explication frivole que nous devons à Eliphas Lévi. Elle a été adoptée par l’Ordre français Martiniste et certains d’entre nous accordent une importance particulière au Silence et à la Philosophie Silencieuse protégé par son manteau de la connaissance du profane. Dans le véritable Martinisme, la signification de l’expression Philosophe inconnu était d’un autre ordre. Elle ne se réfère pas à la dissimulation voulue des Mystères Institués, et encore moins à leurs substituts, mais - comme la carte elle-même – au fait que les Mystères Divins assurent leur propre protection contre ceux qui n’y sont pas préparés.
X. La Roue de Fortune
10. La Roue de la Fortune. Il y a un Manuel de Cartomancie qui a eu un très grand succès en Angleterre, et au milieu d’un grand nombre de choses curieuses n’ayant aucun sens on retrouve quelques sujets graves. Dans sa dernière édition qui est la plus épaisse il y a une section sur le Tarot, que l’auteur - si je comprends bien ce qu’il veut dire - considère du début à la fin comme une Roue de la Fortune, cette expression étant comprise dans le sens que je lui donne. Je n’ai aucune objection à ce qu’on dise cela et je me demande si elle n’a pas été adoptée avant qu’on ne parle de diseuses de bonnes fortunes. C’est aussi le nom d’une des Arcanes Majeures – celle qui nous concerne maintenant comme le montre mon sous-titre. Dans les dernières années elle a subi de nombreuses versions fantastiques et une reconstruction hypothétique qui est évocatrice de son symbolisme. La roue a sept rayons, au Dix-huitième siècle les animaux montants et descendants étaient vraiment indéterminés, l’un d’eux ayant une tête humaine. Au sommet il y avait un autre monstre avec le corps d’une bête indéterminée, des ailes sur les épaules et une couronne sur la tête. Il tenait deux baguettes dans ses griffes. Ils ont été remplacés par un Hermanubis se levant avec la roue, un Sphinx couché au sommet et un Typhon du côté descendant. Voici un autre exemple d’une invention à l’appui d’une hypothèse, mais si on met de côté le Typhon, le groupe est symboliquement correct et peut donc être accepté.
Particularités de la carte de la Roue de la Fortune du Jeu Rider-Waite :
Dans ce symbole j’ai suivi à nouveau la reconstruction d’Eliphas Lévi qui a proposé plusieurs variantes. Il est légitime - comme je l’ai laissé entendre – d’utiliser le symbolisme égyptien lorsque cela sert notre but, à condition qu’aucune théorie d’origine n’y soit implicite. J’ai, cependant, présenté Typhon sous sa forme de serpent. Le symbolisme n’est, bien sûr, pas exclusivement égyptien, tout comme les quatre Créatures Vivantes d’Ezéchiel occupent les angles de la carte et la roue elle-même suit d’autres indications de Lévi liées à la vision d’Ezéchiel, pour illustrer cette Clef particulière du Tarot. Avec l’occultiste français, et dans le dessin lui-même, l’image symbolique représente le mouvement perpétuel d’un univers fluidique et le flux de la vie humaine. Le Sphinx en est l’équilibre intérieur. La translittération de Taro en Rota est inscrite sur la roue, en opposition aux lettres du Nom Divin - pour montrer que la Providence est suggérée à tous. Mais c’est l’intention divine à l’intérieur et l’intention similaire à l’extérieure qui est illustrée par les quatre êtres vivants. Parfois, le sphinx est représenté couché sur un piédestal au-dessus, ce qui nuit au symbolisme en masquant l’idée essentielle du mouvement au milieu de la stabilité.
Derrière la notion générale exprimée dans le symbole, il y a la négation du hasard et la fatalité qui y est implicite. On peut ajouter que, depuis l’époque de Lévi, les explications occultes de cette carte sont - même pour l’occultisme – d’un genre particulièrement stupide. Il a été dit qu’elle désigne surtout la fécondité, l’honneur viril, l’autorité au pouvoir, etc. Les conclusions des diseuses de bonne aventure habituelles sont meilleures que cela sur ce plan.
XI. La Justice
11. La Justice. Cette carte qui aurait pu être présentée d’une façon beaucoup plus archaïque montre que le Tarot, même s’il est assez ancien, ne remonte pas à des temps immémoriaux. Mais ceux qui sont capables de discernement en la matière n’auront pas besoin qu’on leur dise que l’âge n’est en aucune façon le point essentiel ici. le Rite de Clôture de la Loge du Troisième Degré en Maçonnerie remonte à la fin du Dix-huitième siècle, mais cela n’a aucune importance, cela reste le résumé de tous les Mystères institués et officiels. On dit que le personnage féminin de la onzième carte est Astrée qui incarnait la même vertu et qui est représentée par les mêmes symboles. Bien qu’il y ait cette déesse et bien qu’il y ait Cupidon, le Tarot n’est pas lié aux mythologies romaine ou grecque. Sa présentation de la justice est censée être l’une des quatre vertus cardinales inclues dans la séquence des Arcanes Majeures, mais, comme cela arrive, on cherche toujours quel est le quatrième emblème et les commentateurs cherchent à le découvrir à tout prix. Ils ont fait tout ce qu’il était possible de faire et pourtant ils ne sont pas parvenus à dégager la Perséphone manquante sous la forme de la Prudence. Court de Gebelin a essayé de surmonter la difficulté par un tour de force et a pensé avoir extrait ce qu’il voulait du symbole du Pendu – mais il se trompait. Le Tarot a ainsi sa Justice, sa Tempérance et aussi sa Force, mais - en raison d’une curieuse omission – elle ne nous propose nulle forme de Prudence. Mais il peut être admis que, à certains égards, l’isolement de l’Ermite, poursuivant un chemin solitaire à la lueur de sa lampe, donne à ceux qui peuvent le recevoir un conseil lié à la via prudentiæ.
Particularités de la carte de la Justice du Jeu Rider-Waite :
Comme cette carte suit le symbolisme traditionnel et a surtout un sens évident, il y a peu à dire à son sujet en dehors des considérations qu’on retrouve dans la première partie, à laquelle le lecteur est renvoyé.
On verra, cependant, que le personnage est assis entre les piliers, comme la Grande Prêtresse, et à ce sujet il semble bon d’indiquer que le principe moral qui concerne tout homme selon ses travaux - alors que, bien sûr, il y a une analogie stricte avec des choses plus élevées - diffère dans son essence spirituelle de la justice qui est impliquée dans l’idée d’élection. Ce dernier appartient à un ordre mystérieux de la Providence, en vertu de laquelle il est possible à certains hommes de concevoir l’idée de dévouement à un niveau des plus élevés. Faire cela c’est comme la respiration de l’Esprit là où il veut et nous n’avons aucun repère pour en parler ou donner une explication à son sujet. C’est comme la possession de dons féeriques, de dons élevés et des dons délicats du poète : nous les avons ou nous ne les avons pas et leur présence est autant un mystère que leur absence. La loi de la Justice n’est toutefois pas concernée par ses deux alternatives. Pour conclure, nous avons les piliers de la Justice ouverts sur un monde et les piliers de la Grande Prêtresse ouverts sur un autre.
XII. Le Pendu
12. Le Pendu. C’est le symbole qui est censé représenter la Prudence et Eliphas Lévi dit, de sa façon superficielle et vraisemblable, qu’il est l’adepte lié par ses engagements. Un homme est suspendu la tête en bas à un gibet, auquel il est attaché par une corde fixée à l’une de ses chevilles. Ses bras sont attachés dans son dos et une jambe est croisée sur l’autre. Selon une autre interprétation plus courante, cette carte symbolise le sacrifice, mais toutes les significations courantes attribuées à cette carte viennent des intuitions de cartomanciens, en dehors de toute valeur réelle du côté symbolique. Pour les diseurs de bonne aventure du Dix-huitième siècle cette carte représentait un personnage jeune, semi-féminin en pourpoint, debout sur la pointe d’un pied et attaché par une corde à un petit pieu planté dans le sol.
Particularités de la carte du Pendu du Jeu Rider-Waite :
La potence où il est pendu forme une croix en Tau alors que le personnage - la position de ses jambes - forme une croix gammée. Il y a un halo autour de la tête de celui qui semble être un martyr. Il convient de noter que
1) L’arbre du sacrifice est en bois vivant avec ses feuilles.
2) Son visage exprime une transe profonde, il ne souffre pas.
3) Le personnage, dans son ensemble, suggère la vie en suspension, mais il s’agit de vie et non de mort.
C’est une carte qui a une signification profonde, mais toute sa signification est voilée. Un de ses éditeurs a suggéré qu’Eliphas Lévi n’en connaissait pas la signification, ce qui est incontestable, mais l’éditeur ne la connaissait pas lui non plus. On a parlé à tort d’une carte du martyr, une carte de la prudence, une carte du Grand Œuvre, une carte du devoir, mais on peut citer toutes les interprétations publiées, on n’y trouvera que vanités. Je dirais très simplement que pour ma part elle exprime la relation, dans l’un de ses aspects, entre le divin et l’Univers.
Celui qui peut comprendre que l’histoire dans sa nature supérieure est noyée dans ce symbolisme recevra des allusions concernant un grand réveil qui est possible et il sait que, après le Mystère sacré de la Mort, il y a un Mystère glorieux de la Résurrection.
XIII. La Mort
13. La Mort. La méthode de représentation est presque invariable, il s’agit d’une forme bourgeoise de symbolisme. La scène décrit le domaine de la vie et au milieu d’une végétation ordinaire, il y a des bras et des têtes vivantes dépassant du sol. Une des têtes est couronnée et un squelette avec une grande faux est en train de faucher. Sa signification transparente et inéluctable c’est la mort, mais les attributions alternatives de ce symbole sont le changement et la transformation. D’autres têtes ont été déplacées de leur place précédente, mais dans son sens actuel et évident c’est tout particulièrement la carte de la mort des Rois. Dans un sens exotique. Il a été dit qu’elle symbolise la montée de l’esprit dans les sphères divines, la création et la destruction, le mouvement perpétuel, et ainsi de suite.
Particularités de la carte de la Mort du Jeu Rider-Waite :
Le voile ou le masque de la vie se perpétue dans le changement, la transformation et le passage de l’inférieur au supérieur et ceci est bien mieux représenté dans le Tarot modifié par une des visions apocalyptiques que par la notion brute du squelette à la faux. Derrière la Mort se trouve le monde entier de l’ascension dans l’esprit. Le mystérieux cavalier se déplace lentement, portant un étendard noir où l’on peut voir la Rose Mystique qui représente la vie. Entre deux piliers à l’horizon, brille le soleil de l’immortalité. Le cavalier n’a aucune arme visible, mais le roi, l’enfant et la demoiselle tombent devant lui alors qu’un prélat, les mains jointes attend sa fin.
Il ne devrait pas y avoir besoin de souligner que la référence à la mort que j’ai faite dans ma description de la carte précédente doit, bien entendu, être comprise mystiquement, mais ce n’est pas le cas ici. Le passage naturel de l’homme à l’étape suivante de son être est, ou peut être, une forme de ses progrès, mais l’entrée curieuse et presque inconnue, tout en restant dans cette vie, dans l’état de la mort mystique est un changement dans la forme de conscience et le passage dans un état où la mort ordinaire n’est ni le chemin ni le portail. Les explications occultes existantes de la treizième carte sont, dans l’ensemble, meilleures que d’habitude, renaissance, création, destination, renouvellement, et renouveau.
XIV. La Tempérance
14. La Tempérance. Une femme ailée - qui, en opposition à toute la doctrine sur la hiérarchie des anges, est généralement considérée comme faisant partie de cet ordre d’esprits tutélaires – qui verse un liquide d’un pichet à un autre. Dans son dernier ouvrage sur le Tarot, le Dr Papus abandonne la forme traditionnelle et décrit une femme portant un couvre chef égyptien. La première chose qui semble claire c’est que tout le symbole n’a pas de lien particulier avec la Tempérance, ainsi que le fait que cette désignation qu’a toujours eue la carte offre un exemple très clair d’une signification cachée derrière une signification, ce qui est la considération principale à avoir lorsqu’on parle des Tarots dans leur ensemble.
Particularités de la carte de la Tempérance du Jeu Rider-Waite :
Un ange ailé, avec le signe du soleil sur le front et sur la poitrine il y a le carré et le triangle du septénaire. Je parle de lui au masculin, mais le personnage n’est ni masculin ni féminin. Il doit verser les essences de la vie de calice à calice. Il a un pied sur la terre et un autre sur les eaux, ce qui illustre la nature des essences. Un chemin direct va jusqu’à une hauteur à l’horizon et au-dessus il y a une grande lumière, au travers de laquelle on peut distinguer vaguement une couronne. Il y a là une partie du Secret de la Vie Eternelle comme elle est accessible à l’homme dans son incarnation. Tous les emblèmes traditionnels sont abandonnés ici.
Il en est de même des significations conventionnelles qui se réfèrent aux changements des saisons, au mouvement perpétuel de la vie et même a des combinaisons des idées. Il est, en outre, inexact de dire que le personnage symbolise le génie du soleil, il s’agit de l’analogie de la lumière solaire, réalisée dans la troisième partie de notre triplicité humaine. C’est ce qu’étrangement on appelle la Tempérance, parce que, lorsque sa règle opère dans notre conscience, elle tempère, combine et harmonise les natures psychiques et matérielles. Selon cette règle, nous savons dans notre esprit rationnel d’où nous venons et où nous allons.
XV. Le Diable
15. Le Diable. Au dix-huitième siècle, cette carte semble avoir été surtout un symbole d’impudicité animale. A part un couvre chef fantastique, le personnage principal est entièrement nu, il a des ailes de chauve-souris et ses mains et ses pieds sont replacés par les griffes d’un oiseau. Dans sa main droite il tient un sceptre se terminant par un signe dont on a pensé qu’il représentait le feu. Le personnage dans son ensemble n’est pas particulièrement maléfique, il n’a pas de queue et les commentateurs qui ont dit que les griffes étaient celles d’une harpie ne se sont basés sur rien. La meilleure suggestion alternative est de penser qu’il s’agit de griffes d'aigle. Deux petits démons, probablement de sexe masculin et féminin sont attachés par une corde qui part de leurs colliers et qui est fixée sur le piédestal sur lequel se tient le personnage principal. Ils ont des queues mais pas d’ailes. Depuis 1856 l’influence d’Eliphas Lévi et de sa doctrine sur l’occultisme ont changé le visage de cette carte et le Diable apparaît maintenant comme un personnage pseudo-Baphométique avec une tête de bouc et une grande torche entre les cornes, il est assis au lieu de debout et à la place des organes génitaux, il y a le caducée Hermétique. Dans le « Tarot Divinatoire » de Papus les petits démons sont remplacés par des êtres humains, homme et femme, nus « qui ne sont attachés que l’un à l’autre. » L’auteur peut être félicité pour l’amélioration de ce symbolisme.
Particularités de la carte du Diable du Jeu Rider-Waite :
La carte montre un mélange de plusieurs motifs mentionnés dans la première partie. Le Bouc Cornu de Mendès avec des ailes ressemblant à des ailes de chauve-souris, se tient sur un autel. Au milieu de son estomac il y a le signe de Mercure. La main droite est levée et tendue, dans une position inverse à celle de la bénédiction qui est donnée par le Hiérophante sur la cinquième carte. Dans la main gauche il a une grande torche enflammée dirigée vers la terre. Il a un pentagramme inversé sur le front. Devant l’autel il y a un anneau d’où partent deux chaînes qui vont jusqu’au cou des deux personnages, masculins et féminins. Ce sont les mêmes personnages que ceux de la cinquième carte, comme s’il s’agissait d’Adam et Eve après la chute. Il s’agit de la chaîne et la fatalité de la vie matérielle.
Les personnages ont une queue, pour rappeler leur nature animale, mais on décèle de l’intelligence humaine sur leur visage et celui qui est au-dessus d’eux ne pas être leur maître pour toujours. Même maintenant, il est lui aussi asservi, dirigé par le mal qui est en lui et qui l’aveugle et le prive de la liberté de servir. Avec plus que sa dérision habituelle pour les arts dont il fait semblant de respecter et d’interpréter comme un maître, Eliphas Lévi affirme que le personnage Baphométique représente les sciences occultes et la magie. Un autre commentateur a dit que dans le monde Divin, il indique la prédestination, mais il n’y a pas de correspondance dans ce monde avec les choses qui sont en dessous et appartiennent au Diable. Il représente le Gardien du Seuil, devant le Jardin Mystique lorsque les humains en ont été chassés après avoir mangé le fruit défendu.
XVI. La Tour
16. La Tour frappée par la Foudre. Ses autres noms sont le Château de Plutus, la Maison de Dieu et la Tour de Babel. Dans ce dernier cas, les personnages qui en tombent sont censés être Nemrod et ses ministres. C’est assurément une carte de confusion et cela correspond avec ce qu’on voit, grosso modo, sur toutes ces appellations à l’exception de la Maison de Dieu, à moins que nous devions comprendre que la Maison de Dieu a été abandonnée et que le voile du temple a été vendu. Il est un peu surprenant que cette carte n’ait pas représenté la destruction du Temple de Salomon, la foudre aurait symbolisé le feu et l’épée avec lesquels cet édifice a été visité par le roi des Chaldéens.
Particularités de la carte de la Tour du Jeu Rider-Waite :
Les explications occultes liées à cette carte sont maigres et surtout déconcertantes. Il est inutile de dire que cette carte représente la destruction sous tous ses aspects, parce que c’est ce qu’on y voit. Il est dit également que cette carte contient une première allusion à un matériau de construction, mais je ne vois pas la Tour comme un simple matériel mais comme les Piliers que nous avons rencontrés il y a trois cartes. Je ne vois rien qui aille dans le sens de Papus qui y voyait la chute d’Adam. Il y a beaucoup plus d’arguments dans le sens d’une autre version voulant que la Tour désigne la matérialisation de la parole spirituelle. Christian le bibliographe chrétien imagine qu’elle désigne la chute de l’esprit, qui cherche à pénétrer le mystère de Dieu. Je suis d’accord avec le Grand Orient qui dit qu’il s’agit plutôt de la ruine de Notre Maison, quand le mal en a pris possession et qu’il s’agit avant tout d’une Maison de Doctrine. Je comprends que la référence fait surtout allusion à une Maison du Mensonge. La carte illustre aussi d’une façon très compréhensive l’ancienne vérité voulant que « si ce n’est pas le Seigneur qui bâti la maison, le travail de construction sera vain. »
Il y a un sens où la catastrophe est le reflet de la carte précédente, mais pas du côté du symbolisme que j’ai essayé d’indiquer. Il s’agit plus d’une question d’analogie. L’une des analogies s’intéresse à la chute dans les états matériel et animal, alors que l’autre désigne la destruction du côté intellectuel. On a dit que la Tour était le châtiment de l’orgueil et l’intellect accablé par sa tentative de pénétrer le Mystère de Dieu, mais aucune de ces explications ne parle des deux personnes qui souffrent. L’une est la parole littérale rendue caduque et l’autre est une mauvaise interprétation. Dans un sens plus profond, la carte peut aussi désigner la fin d’une indulgence, mais il n’est pas possible ici d’examiner cette question.
XVII. L'Etoile
17. L’Etoile, le Chien-Etoile ou Sirius, que curieusement on appelle aussi l’Etoile des Rois Mages. Autour de cette étoile il y a sept astres mineurs et en dessous il y a une femme nue, avec le genou gauche à terre et le pied droit sur l’eau. Elle est en train de verser des liquides contenus dans deux pots. Un oiseau est perché sur un arbre près d’elle, parfois sur des cartes plus récentes cet oiseau sur l’arbre est remplacé par un papillon sur une rose. Parfois aussi l’Etoile a été appelée celle de l’Espoir. C'est l’une des cartes dont Court de Gebelin dit qu’elle est totalement égyptienne, mais elle ne l’est que dans ses propres rêveries.
Particularités de la carte de l’Etoile du Jeu Rider-Waite :
Une grande étoile à huit rayons, entourée de sept étoiles plus petites ayant également huit rayons. Le personnage féminin au premier plan est entièrement nu. Son genou gauche est sur la terre et son pied droit sur l’eau. Elle verse de l’eau de vie de deux grands pots, irrigant la mer et la terre. Derrière elle, le sol s’élève et à droite il y a un arbuste ou un arbre sur lequel est posé un oiseau. La femme exprime la jeunesse éternelle et la beauté. L’étoile est l’étoile flamboyante, qui apparaît dans le symbolisme Maçonnique, mais qui a été confondue avec elle. Ce que la femme verse c’est la substance des cieux et des éléments. On a dit que les devises de cette carte sont « Eaux de Vie librement » et « Dons de l’Esprit. »
Le résumé de plusieurs explications curieuses serait qu’il s’agirait d’une carte d’espoir. Sur d’autres plans, on a parlé d’immortalité et de la lumière intérieure. Pour la majorité des esprits préparés, le personnage apparaît comme la Vérité dévoilée, glorieuse dans sa beauté éternelle, qui remplit les eaux d'âme et de mesures de son bien inestimable. Mais elle est en réalité la Grande Mère en Binah, la sphère kabbalistique des Sephirot, qui est la Compréhension céleste, qui communique avec les Sephirot qui sont en dessous d’elle dans la mesure où ils peuvent recevoir son influx.
XVIII. La Lune
18. La Lune. Certaines cartes du dix-huitième siècle montrent l’astre dans son aspect déclinant. Dans l’édition bizarre d’Etteilla, la lune est représentée de nuit dans toute sa plénitude, dans un ciel étoilé. Maintenant la lune est montrée dans son aspect ascendant. Dans presque toutes les présentations, elle brille de mille feux et sécrète de grosses gouttes de rosée fertilisante. En dessous il y a deux tours, entre lesquelles serpente un chemin menant jusqu’à l’horizon. Deux chiens, ou parfois un loup et un chien, hurlent à la lune, et au premier plan il y a de l’eau où une écrevisse se dirige vers la terre.
Particularités de la carte de la Lune du Jeu Rider-Waite :
La distinction entre cette carte et certaines autres plus classiques, c’est que la lune est croissante sur ce qu’on appelle son côté miséricordieux, à la droite de celui qui regarde. Elle a seize rayons principaux et seize rayons secondaires. La carte représente la vie de l’imagination coupée de la vie de l’esprit. Le chemin entre les deux tours est le passage vers l’inconnu. Le chien et le loup sont les craintes de l’esprit naturel devant ce passage quand seule la lumière réfléchie de la lune est là pour vous guider.
La dernière référence est une clef pour une autre forme de symbolisme. La lumière intellectuelle est une réflexion et au-delà il y a le mystère inconnu qui ne peut être dévoilé. Elle éclaire notre nature animale, dont des exemples sont représentés plus bas - le chien, le loup et ce qui vient des profondeurs, la tendance sans nom et hideuse qui est inférieure à la bête sauvage. Elle cherche à se manifester, ce qui est symbolisé par le passage des abîmes marins à la terre, mais elle retourne invariablement là d’où elle venait. Le visage de l’esprit a un regard calme sur les troubles en dessous, la rosée de la pensée tombe. Le message est que la Paix est toujours là et il se peut que la Paix tombe sur la nature animale.
XVIIII. Le Soleil
19. Le Soleil. Sur les cartes anciennes l’astre se distingue par des rayons principaux qui sont ondulés et saillants ainsi que des rayons secondaires proéminents. Il semble déverser son influence sur la terre, non seulement par la lumière et la chaleur, mais aussi - comme la lune - par des gouttes de rosée. Court de Gebelin parlait de larmes d’or et de perles, tout comme il identifiait la rosée lunaire aux larmes d’Isis. Sous l’étoile du chien il y a un mur qui fait penser à une enceinte, qui pourrait être un jardin clos, dans lequel il y a deux enfants, soit nus ou soit légèrement vêtus, face à de l’eau. Ils gambadent ou courent main dans la main. Eliphas Lévi dit qu’ils sont parfois remplacés par la fileuse qui déroule le destin et parfois encore par un enfant nu sur un cheval blanc qui porte un étendard écarlate dont le symbolisme est bien meilleur.
Particularités de la carte du Soleil du Jeu Rider-Waite :
On a dit que l’enfant nu sur un cheval blanc qui porte un drapeau rouge était le meilleur symbolisme lié à cette carte. C’est le destin de l’Orient Surnaturel et la lumière grande et sacrée qui précède la procession infinie de l’humanité, sortant du jardin clos de la vie sensible et passant sur le chemin du retour. La carte désigne ainsi le transit de la lumière manifestée de ce monde, représentée par le soleil glorieux de la terre à la lumière du monde à venir, qui arrive avant le désir et est caractéristique du cœur d’un enfant.
Mais la dernière allusion est à nouveau la clef d’un aspect différent ou une autre forme de symbolisme. Le soleil est celui de la conscience dans l’esprit – la lumière directe est un peu l’antithèse de la lumière réfléchie. Le type caractéristique d’humanité y est devenu un petit enfant - un enfant au sens de la simplicité et l’innocence dans le sens de la sagesse. Dans cette simplicité, il porte le sceau de la Nature et de l’Art. Dans cette innocence, il désigne le monde restauré. Quand l’esprit de la connaissance de soi s’est levé dans la conscience au-dessus du la conscience naturelle, que l’esprit dans son renouvellement conduit la nature animale à un état de conformité parfaite.
XX. Le Jugement
20. Le Jugement. J’ai déjà parlé de ce symbole, dont la forme est pour ainsi dire invariable, même dans le jeu d’Etteilla. Un ange souffle dans sa trompette per sepulchra regionum, les morts se lèvent. Qu’Etteilla ne représente pas l’ange ou qu’il soit remplacé par un personnage ridicule par le Dr Papus (ce qui est en accord avec le motif général de ce Tarot) n’est pas très important. Avant de rejeter l’interprétation du symbolisme transparent qui est véhiculée par le nom de la carte et par l’image qui se présente à l’œil, nous devrions être très sûrs de nos bases. En surface, au moins, elle n’est et ne peut être que la résurrection de la triade - père, mère, enfant - que nous avons déjà rencontrée dans la huitième carte. M. Bourgeat suggère qu’ésotériquement il s’agit du symbole de l’évolution - dont il ne porte pourtant aucun des signes. D’autres disent que c’est un signe de renouvellement, ce qui est assez évident, il s’agit de la triade de la vie humaine, c’est-à-dire la « force génératrice de la terre... et la vie éternelle. » que Court de Gebelin rend impossible, comme d’habitude et souligne que si les pierres tombales étaient enlevées la carte pourrait être un symbole de création.
Particularités de la carte du Jugement du Jeu Rider-Waite :
J’ai dit que ce symbole est généralement invariable dans tous les jeux de Tarot ou que du moins les variations ne modifient pas son caractère. Ici le grand ange est entouré de nuages, mais il souffle dans sa trompette où est accrochée une bannière, et la croix apparaît, comme d’habitude, sur la bannière. Les morts se lèvent de leurs tombes – à droite une femme, à gauche un homme et entre eux leur enfant qui tourne le dos. Mais dans cette carte les trois personnes ne sont pas les seules à revenir et on a pensé qu’il était bon de créer cette variation pour illustrer l’insuffisance des explications courantes. Il faut noter que tous les personnages semblent être émerveillés, dans l’adoration et l’extase ce qui est exprimé par leurs attitudes. C’est la carte qui enregistre la réalisation de la grande œuvre de transformation en réponse à l’appel du Surnaturel – dont l’appel est entendu de l’intérieur et auquel on répond de l’intérieur.
Il y a ici l’appel d’une signification qui ne peut être poussée plus loin que là où elle est actuellement. Ce qui est en nous qui fait sonner la trompette et tout ce qui est inférieur dans notre nature se lève en réponse – en à peine un instant, presque en un clin d’œil ? Laissons la carte continuer à décrire, pour ceux qui ne voient pas plus loin, le Jugement Dernier et la résurrection dans le corps naturel, mais que ceux qui ont les yeux tournés vers leur propre cœur cherchent et en découvrent plus. Ils comprendront que dans le passé cette carte a été nommée avec justesse la carte de la vie éternelle et pour cette raison, elle peut être comparée à celle qui prit le nom de Tempérance.
XXI. Le Monde
21. Le Monde, l’Univers ou le Temps. Les quatre créatures de l’Apocalypse et la vision d’Ezéchiel, attribuée aux évangélistes dans la symbolique chrétienne, sont groupées autour d’une guirlande ovale, comme s’il s’agissait d’une chaîne de fleurs destinée à symboliser l’ensemble des choses sensibles. Dans cette guirlande il y une femme dont le vent a entouré les reins d’une légère écharpe, il s’agit de son unique vêtement. Elle est en train de danser et a une baguette dans chaque main. De toute évidence il s’agit d’une représentation du tourbillon de la vie, de la joie du corps, de l’ivresse de l'âme au paradis terrestre, mais elle est toujours surveillée par les Veilleurs Divins ainsi que par les pouvoirs et les grâces du Nom Sacré, le Tetragammaton, JVHV - ces quatre lettres ineffables qui sont parfois attribuées aux bêtes mystiques. Eliphas Lévi qualifie la guirlande de couronne et dit que le personnage représente la Vérité. Le Dr Papus, relie cette carte avec l’Absolu et la réalisation du Grand Œuvre. Pour d’autres encore, c’est un symbole de l’humanité et la récompense éternelle d’une vie qui a été bien vécue. Il convient de noter que dans les quatre coins de la guirlande il y a quatre fleurs distinctement représentées. Selon P. Christian, la guirlande doit être formée de roses et ce genre de chaîne est, selon Eliphas Lévi, moins facilement brisée qu’une chaîne de fer. Peut-être par antithèse, mais pour la même raison, la couronne de fer de Pierre pourra être plus légère sur la tête des souverains pontifes que la couronne en or des rois.
Particularités de la carte du Monde du Jeu Rider-Waite :
Comme ce message final des Atouts Majeurs est inchangé - et est en fait immuable - en ce qui concerne le dessin de cette carte, il a déjà été décrit en partie précédemment. Le Monde représente aussi la perfection et la fin du Cosmos, le secret qui est en lui, l’enlèvement de l’univers quand il se comprend lui-même en Dieu. C’est aussi l’état de l’âme dans la conscience de la Vision Divine, reflétée dans l’esprit de la connaissance de soi. Mais ces significations ne nient pas ce que j’ai dit au sujet du côté matériel de cette carte.
Il a plus d’un message du côté macrocosmique et c’est, par exemple, l’état du monde rétabli lorsque la loi de la manifestation doit avoir été portée au plus haut degré de la perfection naturelle. Mais c’est peut-être plus particulièrement une histoire du passé, se référant à ce jour où tout a été déclaré bon, quand les étoiles du matin chantaient ensemble et que tous les Fils de Dieu poussaient des cris de joie. L’une des pires explications au sujet de cette carte est que le personnage symbolise le Mage, quand il a atteint le plus haut degré d’initiation, une autre version dit qu’il représente l’absolu, ce qui est ridicule. On a dit que le personnage représentait la Vérité, qui est cependant plus correctement attribuée à la septième carte. Enfin on l’a aussi appelé la Couronne des Rois Mages.