Le Langage Magique des Symboles
Le Langage Magique des Symboles
Robert John Stewart
Ce n’est qu’en comprenant les formes animales, humaines et divines comme un alphabet permettant de communiquer que nous pouvons approcher le personnage du Gardien qui combine tous ces attributs en un puissant Nom magique. Chacun de ces êtres mineurs, guides ou gardiens, compose une lettre de ce Nom – un Nom qui se réalise dans la conscience intérieure et non par l’enseignement, la littérature ou la religion.
Le langage de la magie n’est pas linéaire, il n’est pas composé d’unités directives cohérentes qui peuvent être assemblées pour s’unir en une structure complète plus grande. Cette approche alphabétique standard du langage a été utilisée sous forme d’analogies dans les textes et enseignements magiques et même si l’analogie agit, il faut la traiter avec pondération et réserve.
Une mauvaise compréhension du concept a conduit à de nombreux efforts vains, particulièrement dans les tentatives continues de placer un « alphabet » sur les Chemins de l’Arbre de Vie. Cette méthode n’a jamais marché car elle est étrangère au contexte de la culture juive et ne peut que difficilement être appliquée au symbolisme Occidental. Pourtant elle a occupé l’esprit de grands savants et visionnaires ésotériques. Ceux-ci furent plagiés par des écrivains modernes mineurs sans qu’ils n’y réfléchissent sérieusement ni ne comprennent le propos.
Lorsque nous trouvons un modèle alphabétique dans les travaux d’un génie comme Athanasius Kircher nous sommes en présence de motifs conceptuels où les valeurs littérales sont bien moins importantes que les motifs archétypaux. Cette expression de modèles ou de modes de pensée passe par le grand œuvre Hermétique et s’épanouit dans son expression juive sous la forme de l’Alphabet Sacré. Comme nous allons le découvrir la conscience Occidentale a son propre alphabet qui n’émane pas des lettres de l’écriture chères aux théosophes pan-culturels. Cet alphabet magique est bâti sur l’union de symbolismes qui prennent forme dans l’imagination et s’exprimant dans des exemples fragmentaires dans les nombreux courants des traditions magiques qui nous sont accessibles aujourd’hui.
Tout comme dans tous les arts magiques, il y a un paradoxe. Une fois que le magicien s’est réellement harmonisé avec le pouvoir des noms ou mots magiques, il lui est possible de réaliser des sorts alphabétiques où des mots uniques sont créés à partir de lettres qui s’harmonisent aux modes de conscience. Mais cela ne marche pas si l’on apprend mécaniquement des listes dogmatiques de correspondances ou des axiomes en un langage exotique et des lettres d’autres cultures.
Le langage magique est composé d’unités concentrées qui peuvent être morcelées en un grand nombre de composants séparés. Superficiellement cela peut sembler identique à notre système d’alphabet écrit mais rapidement, l’analogie s’estompe.
Le magicien doit apprendre comment écouter et comprendre tous les Mots, qui sont les Unités symboliques clefs ou courants de conscience partageables avant que les Unités plus petites ou Lettres puissent être déchiffrées et dissociées. Comme la magie vient de la conscience non savante, elle fonctionne exactement de la même façon que l’enseignement et les traditions orales, le langage est activé par l’expérience seule. La division analytique ou intellectuelle et la recréation apparaissent lors d’étapes ultérieures du système épuré.
Ainsi la magie ne peut être apprise dans les livres, quelle que soit leur pertinence en tant qu’exemples d’éclaircissement, de préservation, d’encouragement ou de dissémination. La magie n’est pas un art ou une science dépendant de la littérature ou du calcul car elle est générée à des niveaux de conscience qui à la fois précèdent et transcendent ces fonctions.
Les niveaux magiques de consciences, qui sont les niveaux transformatifs, sont présents dans la personne et la culture en général. Si nous cherchons assez profondément nous constatons qu’il y a une propriété de conscience de l’humanité universelle, mais cette grande vérité est souvent détournée et utilisée comme un moyen de troubler ceux qui ne sont pas encore allés au delà de leur héritage culturel et environnemental. C’est lorsqu’on veut imposer des idées qu’on aboutit aux persécutions religieuses et aux guerres saintes. Dans les Mystères et dans les traditions ésotériques établies nous transcendons notre héritage culturel en l’assimilant pleinement sous sa forme la plus dynamique. Telle est la nature de l’Initiation du Monde du Milieu.