La Magie Enochienne
La Magie Enochienne
J. Greer
Traduction Tof et Maud K.
Dans le « Book of Shadows » du Bricket Wood Coven on peut lire à peu près cela :
Les conjurations du Dr. Dee sont en un langage appelé Angélique ou Enochien ; sa source a jusqu’ici déconcerté les chercheurs mais il s’agit d’une langue et non d’un jargon car elle possède une structure qui lui est propre ainsi qu’une grammaire et une syntaxe. Cependant cela marche, même le débutant constatera que des choses se produisent lorsqu’on s’en sert à dessein.
La Magie Enochienne est un système de magie développé à partir des travaux de John Dee (1527-1608), le plus important occultiste Anglais de la période Elisabéthaine. Avec l’aide de quelques adeptes du scrying, dont Edward Kelley fut le plus célèbre, Dee a exécuté une série colossale de travaux théurgiques dans une quête d’un savoir caché sur la nature de Dieu, de l’univers et de l’humanité. Selon son journal circonstancié, des anges qui apparaissaient lors des séances de scrying, ont communiqué des centaines de pages de textes complexes qui ont formé le matériel brut de la magie Enochienne.
La première version du système Enochien, celui utilisé par Dee lui-même sous les conseils des anges, était plus théurgique que magique. Dee utilisait des prières et des exercices de dévotions Chrétiennes pour se préserver, ainsi que ses voyants, des présences angéliques avec qui ils communiquaient. Les ordres et les méthodes techniques de la magie de la Renaissance en étaient intégralement absents. Suivant les instructions des anges, il a construit une table spéciale où étaient peints des signes et des symboles compliqués, ses quatre pieds reposaient sur des pentacles de cire. Un autre disque de cire, sur lequel était tracé le complexe Sigillum Dei Aemeth (Sigil du Dieu de Vérité), était placé sur la table comme base à son cristal de scrying. De longs passages dans une langue auparavant inconnue, appelée Enochienne, une série de tables de lettres et chiffres complexes, une bague et un pendentif d’or étaient aussi utilisés lors des travaux Enochiens.
A partir des textes reçus, Dee a composé plusieurs livres manuscrits – «Heptarchia Mystica », «Liber Scientiae Auxilii» et «Victoriae Terrestris, 48 Claves, Angelicae » et d’autres encore. Ces textes ont formé la base d’un système complexe de philosophie mystique et de pratique théurgique.
Après la mort de Dee, des extrais de ses journaux sont apparus et furent publiés par Meric Casaubon en 1659. Casaubon espérait que cette publication discréditerait Dee et plus encore discréditerait toute la magie. Involontairement, il a réussi à préserver et faire revivre le travail de Dee. Au moins deux groupes d’occultistes Anglais de la fin du dix-septième siècle sont connus pour avoir continué à travailler avec le système Enochien en se servant des livres de Casaubon pour se guider.
Il pourrait bien y avoir d’autres groupes au cours des cent cinquante années suivantes mais il semble qu’il n’en soit resté nulle trace. Le système Enochien n’a pas refait surface avant l’époque de l’Hermetic Order of the Golden Dawn, fondé en 1887. Les tablettes élémentales Enochiennes sont mentionnées dans le Manuscrit Chiffré original qui fournit les bases des travaux de l’Ordre et apparaît dans les rituels de l’Ordre Extérieur. Ce n’est pourtant qu’après que l’Ordre Intérieur a été fondé en 1892 que les chefs de la Golden Dawn ont présenté le système Enochien ainsi que des informations détaillées à leurs élèves.
Les documents Enochiens de la Golden Dawn marquent une refonte complète du système original de Dee. La dimension théurgique a été presque entièrement supprimée et remplacée par tout un système de magie rituelle utilisant la langue et les symboles Enochiens ainsi que d’autres techniques de la Golden Dawn. Les clefs ou appels angéliques, les cinq tablettes assignées aux éléments et les anges et les esprits qui en dérivent formaient le premier degré de la magie Enochienne, «l’Heptarchia Mystica », qui décrit quarante neuf esprits assignés aux sept planètes, enseignés aux étudiants plus avancés. Un système d’échecs Enochiens qui se jouait avec des pièces représentant des dieux Egyptiens et utilisé comme système divinatoire fut aussi développé et utilisé.
Une grande partie de matériel Enochien de base de la Golden Dawn a été publié par Aleister Crowley, le premier membre de la Golden Dawn à publier son savoir, dans les premières années du vingtième siècle. Tous les appels, les tables, les esprits et les matériels qui les concernent, ainsi que les instructions pour les échecs Enochiens furent inclus dans le volume IV de livre de Israel Regardie, «The Golden Dawn », publié en 1940. Dans les vingt dernières années du vingtième siècle, une poignée de magiciens érudits sont retournés à la source originale – les écrits de John Dee – et avec plusieurs livres dévoilant un matériel Enochien de la Golden Dawn inédit ont contribué à une modeste renaissance de la magie Enochienne.