La Déesse des Carrefours

La Déesse des Carrefours

Raven Grimassi

Depuis très longtemps on considère le carrefour comme un lieu mystique et un lieu de rencontres magiques. Selon l’ancienne croyance occulte le carrefour était le meilleur endroit pour faire de la magie et invoquer les esprits. Dans la Grèce antique, les rites de purification et de bannissement se faisaient aux carrefours. Selon les traditions Sorcières du Sud et du Nord de l’Europe les événements liés au destin se déroulaient fréquemment aux carrefours. C’est aussi là que l’on prend, avec l’aide de la Déesse des Carrefours, les décisions liées au destin.

Dans les anciens écrits occidentaux il y a plusieurs déesses associées aux carrefours, les trois les plus courantes sont Hécate, Diane et Proserpine. Dans la Grèce Antique c’est aux carrefours que les femmes faisaient des offrandes à une déité appelée Kourotrophos, Hécate sous sa forme de nourrice. Certains commentateurs font le lien entre Hécate et la Déesse Celte Aeracura ou Aercura.

L’image d’Hécate aux carrefours est une représentation intéressante. Hécate est membre de la famille des déesses porteuses de torche et elle est donc par nature une déesse lunaire. Sa torche illumine les carrefours et ainsi les trois routes sont révélées. Les trois routes symbolisent le présent, le futur et l’alternative. La personne a déjà marché sur la route du présent et elle peut rester dans le présent. La route du futur est celle qui mène au destin préétabli. La route de l’alternative est celle des volontés et visions personnelles. Malheureusement c’est la route la moins employée.

Hécate est une Déesse qui montre le chemin (celui sur lequel on se trouve, celui du probable et aussi celui du possible). Pourtant elle ne guide personne dans le sens qu’elle ne suggère rien et ne conseille personne. Le choix appartient toujours à l’individu qui se tient au carrefour. Hécate est celle qui porte la lumière, comme la pleine lune dans la nuit, elle illumine le chemin sous nos pieds. Mais c’est toujours à nous de marcher.

Dans la tradition mystique le carrefour est un lieu entre les mondes. Là où trois routes se rencontrent il n’y a ni départ ni arrivé, juste un centre avec trois choix. Le centre n’est ni sur la route ni en dehors de la route. Il s’agit plutôt d’un royaume à soit tout seul. Il ne s’agit pas uniquement du passage vers les autres mondes mais aussi l’essence elle-même de la magie.

Autrefois, un mat appelé « hekataion » était placé à la fourche d’un croisement. Sur le mat on accrochait trois masques regardant chacun vers une direction de la route. Dans l’antiquité, Ovide dans son ouvrage « Fasti » fait référence au visage d’Hécate « tourné vers trois directions pour qu’elle puisse garder le carrefour où les trois chemins se séparent » (cité dans « The Rotting Goddess » par Jacob Rabinowitz. Autonomedia, 1998). La désignation de gardien implique une influence ou pouvoir exercé sur le carrefour et sur ceux qui s’y engagent.

La triple forme de la Déesse au Carrefour est une indication du processus mystique. Le chiffre trois a longtemps eu une signification dans l’Europe Païenne. De nombreux commentateurs pensent que « trois » représente une amplification du pouvoir de base. Ainsi, trois triplera le pouvoir ou la signification de tout ce qui y est associé ou qui y est accolé.

Pythagore pensait que le chiffre trois représente le début, le milieu et la fin. Ces jonctions étaient souvent personnifiées sous l’apparence de trois femmes, les Parques. Dans les traditions du Sud et du Nord de l’Europe les trois femmes sont représentées sous l’apparence d’une jeune fille, d’une femme mature et d’une femme âgée. Une préparant le fils de la vie, l’autre le filant et la troisième qui le coupe.