L'Initiation dans l’Histoire

De Wiccapedia

L'Initiation dans l’Histoire

Rosemary Ellen Guiley

Traduction Tof


Un des rites les plus anciens, l’initiation marque le passage psychologique d’un seuil vers de nouveaux territoires, connaissances et aptitudes. Les thèmes centraux de l’initiation sont la souffrance, la mort et la renaissance. L’initié est soumis à une épreuve, il meurt et renait symboliquement en étant une nouvelle personne qui a une nouvelle sagesse.

Dans la Sorcellerie et le Paganisme contemporains, l’initiation marque l’entrée dans une société secrète traditionnelle et fermée. Elle ouvre la porte de l’apprentissage des rituels secrets, de la magie et le développement et l’utilisation de pouvoirs psychiques. L’initiation marque une transformation spirituelle où l’initié commence un voyage dans son Moi et vers la Force Divine, elle marque le début d’une nouvelle foi religieuse. Bien qu’il existe des rites d’initiation traditionnels, les Sorcières et les Païens pensent que le seuil spirituel peut être franchi par de nombreuses autres façons alternatives.

L’initiation peut être vécue en groupe ou seule. Elle peut être formelle ou informelle. Elle peut être pratiquée avec un ancien rituel ou un plus récent, il peut survenir comme un éveil spirituel spontané, dans la méditation ou dans les rêves. Elle peut se dérouler lors d’un festival.


Croyances Historiques sur les Initiations des Sorcières

Historiquement, l’initiation d’une sorcière était censée être sombre et diabolique, marquée par des rituels obscènes. Lors des chasses aux sorcières, de nombreuses personnes croyaient aux histoires de rites d’initiation odieux. Nombre d’entre eux provenaient des aveux des personnes accusées de sorcellerie qui avaient été torturées par les inquisiteurs.

Les histoires varient, mais il y avait des points communs entre toutes ces histoires. Certaines sorcières avaient été initiées à la naissance ou la puberté, elles affirmaient que leurs mères les avaient emmenées aux sabbats, présentées au Diable et consacrées à son service. Les candidats adultes étaient repérés et recrutés par les responsables locaux de covens. Après avoir consenti de leur plein gré à rejoindre le groupe, ils étaient officiellement présentés au coven et initiés. Une grande partie du rite était une parodie des rites chrétiens, qui était la croyance prépondérante à l’époque.

La cérémonie, à laquelle le diable lui-même assistait, avait lieu de nuit dans un endroit éloigné. Les initiés apportaient parfois un exemplaire des Evangiles qu’ils donnaient au Diable. Selon Pierre de Lancre un chasseur de sorcières français du 17e siècle, ils renonçaient à la foi chrétienne et au baptême en récitant, « je renonce et nie Dieu, le sainte Vierge, les saints, le baptême, mon père, ma mère, ma famille, le ciel, la terre et tout ce qui fait le monde ».

Les initiés faisaient alors un vœu d’allégeance. On dit que les sorcières écossaises plaçaient une main sur le sommet de leur crâne et l’autre sous la plante d’un pied et consacraient tout ce qui était entre les deux mains au service du diable. On dit que les sorcières scandinaves mettaient des copeaux de métal et des pierres dans un petit sac et les jetaient dans l’eau, en disant: « Comme ces copeaux de métal ne retourneront jamais au métal dont ils sont issus, mon âme ne retournera jamais au ciel. »

Le Diable baptisait les initiés, leur donnait un nouveau nom, un nom secret, qui ne devait être utilisé qu’au sein du coven et il les marquait de façon permanente, soit en les égratignant avec son ongle soit en les mordant. Les nouvelles sorcières devaient baiser l’anus du Diable, une parodie du baiser sur le pied du pape. Parfois on leur faisait fouler la croix et cracher dessus. Le Diable les coupait ou les piquait à un doigt et leur faisait signer un pacte avec leur sang. Finalement il les déshabillait et leur attribuait un ou plusieurs familiers. Le représentant du coven ou le Diable enregistrait leur nom dans un « livre noir », un livre où étaient notées les adhésions et les présences lors de chaque réunion du coven.

Parfois, une poule noire ou d’autres animaux étaient sacrifiés au Diable. Après la cérémonie, toutes les sorcières participaient à une danse sauvage, copulaient avec le diable ou ses démons et mangeaient des choses abjectes telles que la chair rôtie de bébés non baptisés.

Les éléments fantastiques et horribles de ces récits peuvent être attribués à la torture ou, dans certains cas, au délire. Certains récits peuvent avoir été le résultat de prise de drogues hallucinogènes. On trouve dans les manuels de chasse aux sorcières comme le « Malleus Maleficarum » (1486) de nombreuses questions allusives pouvant être posées par les inquisiteurs.

Cependant, certaines traditions familiales de magie populaire et de paganisme ont sans doute existé et comportaient peut-être des rites initiatiques, mais rien qui ressemble aux idées sinistres des chasseurs de sorcières.


Initiations à la Sorcellerie et au Paganisme Contemporain

La Sorcellerie contemporaine est une religion à mystères fournissant un cadre à l’initié pour le « Connais-toi toi-même ». Les rites initiatiques ne ressemblent en rien aux descriptions faites par ces premiers chasseurs de sorcières et démonologues. Les rites varient selon la tradition, mais gardent généralement le thème universel de la souffrance, de la mort et de la renaissance à un nouveau réveil spirituel.

Les éléments suivants ne font pas partie de l’initiation à la Sorcellerie ou au Paganisme :

1. Il n’y a pas de renonciation à la foi chrétienne ou à une autre foi.

2. Il n’y a pas d’hommage au Diable, on ne l’embrasse pas, on ne lui prête aucun serment et on ne fait pas de pacte avec lui. Satan n’est pas reconnu par les Sorcières ou les Païens.

3. Il n’ya pas de sacrifice sanglant.

Traditionnellement, une Sorcière n’est pas considérée comme étant un membre véritable de la Sorcellerie sans initiation formelle dans un coven, après une période d’apprentissage d’un an et un jour. Les femmes doivent être initiées par un grand prêtre, les hommes par une grande prêtresse.

Chez certaines Sorcières héréditaires, les mères peuvent initier leurs filles et les pères leurs fils lors d’une « adoption dans le clan. »

Dans les traditions Gardnerienne et Alexandrienne, les traditions les plus importantes de la Sorcellerie Contemporaine, l’initiation est une cérémonie pratiquée dans un cercle magique. Les deux traditions ont un système à trois degrés, le passage à chaque degré est marqué par une initiation.

Il y a quelques différences entre ces deux traditions, mais les aspects principaux sont similaires. La progression dans les degrés est, comme dans la maçonnerie, en avancement dans les Mystères de l’occultisme Occidental, progressivement, plus d’enseignements secrets sont révélés.

Lors d’une initiation au premier degré, le candidat a les yeux bandés et attaché avec des cordes et défié en dehors du cercle magique pour voir s’il a le courage de continuer. L’initié répond qu’il est prêt à souffrir pour être purifié et apprendre avec « parfait amour et parfaite confiance ». Une fois à l’intérieur du cercle, le candidat peut-être rituellement flagellé (légèrement avec des cordes), mesuré avec une corde dans laquelle on fait des nœuds pour marquer les mesures et il fait un serment.

En présence de la (des) Déesse(es), du (des) Dieu(x), des Gardiens, des Frères et Sœurs de l’Art, l’initié jure de garder et de protéger l’Art, les Secrets de l’Art, et les frères et sœurs de l’Art, et, dans certaines traditions, de prêter assistance aux dits frères et sœurs.

Le candidat est rituellement oint et embrassé, proclamé Sorcière et on lui présente un ensemble d’outils magiques. L’initié adopte un nom de Sorcière.

Les noms secrets de la Déesse et du Dieu sont révélés.

Dans la tradition Alexandrienne, la mesure est rendue à la Sorcière. Dans la tradition Gardnerienne, il est d’usage que l’initiateur conserve la mesure. Selon Gerald B. Gardner, la Sorcière Britannique qui a laissé son nom à la tradition Gardnerienne la mesure constitue une sorte de police d’assurance que le serment sera tenu.

Lors de l’initiation au second degré, on bande les yeux de la Sorcière, on l’attache, et elle renouvelle le serment selon lequel il est nécessaire de souffrir pour apprendre et être purifié. Une flagellation rituelle peut suivre. La sorcière prend un nouveau nom de Sorcière et son initiateur veut que son propre pouvoir magique passe en elle. L’initiation au troisième degré, la consommation des Mystères, implique le Grand Rite, un rituel sexuel qui peut être pratiqué réellement ou symboliquement avec des outils magiques. Toutes les initiations s’achèvent avec une célébration de nourriture et de boisson.

Toutes les sorcières ne suivent pas les mêmes procédures. De nombreuses Sorcières pratiquent seules et ne se sentent pas obligées d’adhérer à un coven pour être Sorcière. Elles s’initient toutes-seules lors de rituels qu’elles ont créés elles-mêmes. Les rites peuvent inclure des bains rituels (une forme de baptême), une onction et un engagement à servir la Déesse et à utiliser les pouvoirs de la Sorcellerie pour le bien des autres. D’autres Sorcières, ainsi que de nombreux Païens, se livrent à une veillée et un jeûne et passent toute la nuit en plein air pour être en contact direct avec les dieux, découvrir leur propre pouvoir et s’unir avec les esprits tutélaires, totémiques ou gardiens. D’autres Sorcières et Païens entreprennent une initiation chamanique, un voyage extatique vers d’autres domaines de conscience.