Hécate et l’Initiation
Hécate et l’Initiation
S.Deste & D.Rankine
Une référence intrigante dans l’un des Papyrus Magiques Grecs du troisième ou quatrième siècle de notre ère peut cacher une survivance d’un rituel d’initiation lié à Hécate. Un emplacement souterrain est approprié comme on peut le voir dans d’autres cérémonies d’initiations à d’autres Mystères comme ceux Eleusis :
Askei Kataskei Eron Oreõn Iõr Mega Samnyěr Baui Askei Kataskei Eron Oreõn Iõr Mega Samnyěr Baui Askei Kataskei Eron Oreõn Iõr Mega Samnyěr Baui Phobantia Semně, j’ai été initié et je suis descendu dans la chambre (souterraine) des Dactyles et j’ai vu les autres choses en dessous, la vierge, la chienne et tout le reste. » … et si vous êtes mené à la mort, dites le pendant que vous éparpillez des graines de sésame et cela vous sauvera.
La combinaison des deux premiers mots des Lettres d’Ephèse (Askei Kataskei) avec la référence à la vision de « choses en dessous, la vierge, la chienne » fait clairement allusion à l’implication d’Hécate dans le processus. Hécate serait la vierge et la chienne serait le chien noir qui l’accompagne.
La référence aux graines de sésame est aussi significative car il s’agissait de l’un des ingrédients du « kalathoi », les offrandes faites dans les Mystères d’Eleusis.
On disait que les Dactyles étaient nés de Rhéa la déesse terre et qu’ils étaient les magiciens qui avaient inventé le travail du fer. Ils ont protégé Zeus, lorsqu’il n’était encore qu’un bébé, de son père Cronos en frappant leurs armes et en faisant du bruit couvrant ainsi ses pleurs dans la grottes où il était caché.
Nous savons grâce à des écrits sur Samothrace qu’il y avait des rites d’initiation célébrés là-bas et qu’ils étaient célébrés dans des grottes, comme on peut le lire dans la Souda une encyclopédie byzantine du dixième siècle :
A Samothrace il y avait des rites d’initiation qui étaient censés être efficaces comme charmes contre certains dangers. Dans ce lieu il y avait aussi les Mystères des Corybantes, ceux d’Hécate et les grottes de Zerynthia où ils sacrifiaient des chiens.
On ne peut être certain qu’il s’agissait là des mêmes rites que ceux suggérés dans les Papyrus Magiques Grecs. Le poète grec Nonnos de Panopolis a aussi fait allusion aux rites de Samotrace dans son œuvre « Dionysiaques »
[Le Cabire] Alkon charge ses bras de traits flamboyants et brandit la torche vouée à Hécate dans sa patrie [Samothrace].
Hécate était aussi adorée lors d’un Culte à Mystères sur l’île d’Egine dont Pausanias écrit :
Parmi les dieux, les Eginètes honorent surtout Hécate dont ils célèbrent son Mystère chaque année et disent qu’Orphée de Thrace l’a créé pour eux. Dans l’enclosure il y a un temple avec une statue de bois faite par Myron ayant un visage et un corps.
Myron était un célèbre sculpteur athénien qui travaillait surtout le bronze vers 480-440 avant notre ère, faisant ainsi de la statue d’Hécate du temple une contemporaine de la célèbre représentation d’Hécate triformis d’Alkamène. La mention d’Orphée est également significative car les Mystères Orphiques incorporaient l’Hymne à Déméter d’Homère, où Hécate était une partie significative de ce mythe. Ils y avaient également des végétariens qui croyaient en la transmigration de l’âme (la réincarnation). On ne peut toutefois pas être certains que ces thèmes issus des Mystères Orphiques se retrouvaient dans les Mystères d’Hécate d’Egine.
En parlant des Mystères d’Hécate d’Egine auxquels son époux avait été initié, le prêtresse romaine Paulina a écrit au quatrième siècle de notre ère :
Tu m’as instruit dans le ministère d’Hécate par le triple secret.
Ce commentaire intriguant n’en révèle pas beaucoup, mais la référence au « triple secret » suggère une Hécate Triformis et rappelle également l’utilisation extensive de la triplicité dans ses rites.