Divinité

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Une divinité (on peut également dire une déité, ou un dieu) est un être surnaturel qui fait l'objet de cultes ou de déférence dans différentes religions.



Divinités grecques

  • L'apparence des Dieux

Ils sont la plupart du temps décrits par les Grecs antiques sous une forme humaine, bien que certains d'entres eux soient réputés pour se métamorphoser en divers animaux ou végétaux lorsqu'ils le souhaitent.

Lorsque Sémélé demande à Zeus de lui montrer son véritable visage, il se présente devant elle avec sa foudre et ses éclairs : Sémélé ne supportant pas la vue des éclairs, est consumée. (Zeus parvient en cette occasion à extraire le fœtus de Dionysos, leur fils, du ventre maternel pour terminer la gestation du bébé en le renfermant dans sa propre cuisse.)


  • L'ichor

Les Grecs antiques pensaient que leurs divinités avaient une apparence humaine, et que l'une des particularités les différenciant des mortels était qu'ils avaient dans les veines de l'ichor (ἰχώρ) en lieu et place de sang.

On trouve deux passages évoquant ce fait chez Homère. Aux vers 339-342 du chant V de l'Iliade, lorsque le héros Diomède, lors de son aristie, blesse Aphrodite, on peut lire :

  πρυμνὸν ὕπερ θέναρος· ῥέε δ᾽ ἄμβροτον αἷμα θεοῖο
  ἰχώρ, οἷός πέρ τε ῥέει μακάρεσσι θεοῖσιν·
  οὐ γὰρ σῖτον ἔδουσ᾽, οὐ πίνουσ᾽ αἴθοπα οἶνον,
  τοὔνεκ᾽ ἀναίμονές εἰσι καὶ ἀθάνατοι καλέονται·
  "Du poignet jaillit l'immortel sang de la déesse,
  L'ichor, tel qu'on le voit couler chez les dieux bienheureux :
  Ne consommant ni pain ni vin aux reflets flamboyants,
  Ils n'ont pas notre sang et portent le nom d'Immortels."[1]

Au vers 416, Aphrodite rentre dans l'Olympe, et Dioné (présentée comme sa mère),

  ἀμφοτέρῃσιν ἀπ᾽ ἰχῶ χειρὸς ὀμόργνυ
  "essuie l'ichor de ses deux mains"[2]


  • La nourriture des Dieux

Pour les Grecs antiques, les mortels ont pour particularité de se "nourrir du blé de Déméter"[3], c'est à dire du pain, contrairement aux héros d'antan (la race de bronze décrite par Hésiode dans les Travaux et les Jours), aux monstres (Les Lestrygons décrits par Homère dans l'Odyssée sont anthropophages, et explicitement différenciés des "mangeurs de pain"), et aux Dieux.

Dans l'Iliade, Apollon rapproche le cycle de vie des mortels de celui des végétaux dont ils se nourrissent, les décrivant comme :

  "de misérables humains qui,
  comparables aux feuilles,
  tantôt croissent et flambent de vigueur
  en mangeant le fruit de la terre labourée,
  et tantôt dépérissent sans force."[4]

Les Dieux sont présentés comme ne mangeant ni pain, ni vin ; ils n'ont pas de sang, et ne sont pas mortels.

Plusieurs éditeurs modernes d'Homère[5] pensent que certains passage de l'Iliade mentionnant que les Dieux s'abstiennent des aliments mortels sont un ajout tardif, qui serait l'oeuvre d'un mouvement religieux comme l'orphisme où l'alimentation est très réglementée, l'idée étant notamment de s'abstenir de pain et de vin pour remplacer peu à peu le sang par de l'ichor, et se rapprocher ainsi de l'état divin[6]. D'autres éditeurs modernes pensent que ces mentions s'intègrent tout à fait dans les conceptions théologiques d'Homère et sont donc "d'origine". Chez Homère, les dieux ne se nourrissent pas des viandes sacrificielles qu'on leur dédie, mais profitent de la fumée et des odeurs dégagées par leur cuisson, et notamment par la graisse brûlée.

La véritable nourriture des Dieux grecs est le nectar et l'ambroisie, qui empêchent leur vieillissement.

On ne retrouve plus vraiment de suite à cette notion d'ichor dans la littérature ultérieure, où on constate plutôt que le nectar et l'ambroisie sont la cause directe de l'immortalité des Dieux. Ce concept permet que le nectar et l'ambroisie puissent rendre immortel un mortel, comme Bérénice[7] ou Enée[8].

Un passage de l'Agamemnon d'Eschyle pourrait éventuellement se rattacher à la conception homérique de l'ichor, lorsque Clytemnestre dit, en évoquant la malédiction des Atrides :

  πρὶν καταλῆξαι / τὸ παλαιὸν ἄχος, νέος ἰχώρ.
  l'ancienne plaie n'est pas encore cicatrisée, déjà coule le nouvel ichor[9]

Ce passage est difficile à interpréter, pouvant aussi bien parler d'écoulement de sang d'un abcès, que d'un sang royal qui rapprocherait les Atrides de leur ancêtre Zeus, et les différencierait du commun des mortels.[10]


Divinités nordiques

  • Dans la religion Ásatrúar, les Ases ne sont pas des êtres infaillibles ni même immortels et on ne les adore pas avec soumission. Ils sont plus considérés comme des amis dont la sagesse et la puissance peuvent venir en aide à point nommé. De plus, les dieux du Nord ne sortent pas tout en armes de la tête de leur géniteur et ne restent pas immuables devant le passage du temps. Ils sont le produit de leur existence, comme on peut le voir en étudiant la vie de Loki, le géant du feu ou mieux, celle de Freyr, le dieu de la fertilité. Les hommes, créés par Óðinn et ses frères, sont très proches des dieux, par leur comportement et les relations hommes/dieux sont, en quelque sorte, familiales.
  • Autrefois, il n’était pas rare qu’un Scandinave punisse le dieu qui l’avait trahi en lui retirant (pour un temps) son adoration et ses offrandes. C’est d’ailleurs ce trait de caractère qui rendit l’implantation de la religion chrétienne si délicate dans ces contrées : au moindre revers, Jésus était mis au coin au profit des Ases et des Vanes.[11]


Sources

<references>

  1. Homère, Iliade - Traduction française par Frédéric Mugler pour les éditions Actes Sud, 1995.
  2. Homère, Iliade - Traduction française par Frédéric Mugler pour les éditions Actes Sud, 1995.
  3. Iliade (XIII, 322).
  4. Iliade, Chant XXI
  5. Notamment Wolf, Humboldt et Leaf ; Bolling, p. 49
  6. Bolling, p. 50
  7. Théocrite, Idylles (XV, 106-108)
  8. Ovide, Métamorphoses (XIV, 606-608)
  9. Eschyle, Agamemnon (1479-1480)
  10. Bolling, p. 51
  11. http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%81satr%C3%BA