Fontaine de Barenton

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Matière de Bretagne.

La fontaine de Barenton (anciennement connue sous le nom de fontaine de Berenton, ou Bellanton) est une fontaine merveilleuse dont plusieurs textes médiévaux font mention.

A la fin du XIIème siècle, elle est associée à la légende arthurienne.


Les pouvoirs de la fontaine de Barenton

Vers 1160, le Roman de Rou (écrit par R. Wacepoète anglo-normand et chanoine de Bayeux au service du roi Henri II) indique que l'on peut déclencher la pluie, voire un orage ou une tempête, même par grand soleil, quand on y puise de l'eau et qu'on la verse sur le perron de la fontaine "de Berenton, à Brecheliant" (de Barenton, à Brocéliande).


Dans Le Tournoi de l'Antéchrist

Dans ce texte daté de 1128, Huon de Mery, un trouvère, fait le récit allégorique du combat mené, près de la forêt de Brocéliande, par les vices du Diable contre les vertus de Dieu. Il prétend s'être rendu en personne à la fontaine, sans toutefois la nommer précisément.


Dans Le Roman de Rou

C'est le premier texte à nommer la fontaine. Il est daté d'environ 1160.

  "La fontaine de Berenton
  sort d'une part lez le perron
  aler i solent veneor
  a Berenton par grant chalor,
  e a lor cors l'eve espuiser
  e le perron desus moillier
  por ço soleient pluie aveir."


Dans Yvain ou le Chevalier au lion

Vers 1170,Chrétien de Troyes semble s'inspirer du Roman de Rou. Il développe le motif de la fontaine merveilleuse et de son perron, en l'intégrant à la légende arthurienne, et en en faisant un lieu où les chevaliers de la Cour de Bretagne sont mis à l'épreuve.

Dans cette version, le chevalier Calogrenant vient à la fontaine, déclenche la tempête, et doit pour cela combattre le Chevalier Noir, qui le défait en combat singulier. Le Roi Arthur désire voir de ses yeux ce prodige, et se met en route pour Barenton. Mais le cousin de Calogrenant, Yvain, le devance. Une fois sur les lieux il déclenche à son tour la tempête, et combat le Chevalier Noir. Il sort vainqueur de ce combat, mais se retrouve contrait de devenir le gardien de la fontaine.

  "Mesire Yvains chele nuit ot
  Mout boin hostel et mout li plot.
  Et quant che vint a l'endemain,
  Si vit les tors et le vilain,
  Qui la voie li enseigna;
  Mais plus de .c. fois se seigna
  De la merveille que il ot,
  Conment Nature faire sot
  Oevre si laide et si vilaine.
  Puis erra dusque a la fontaine,
  Si vit quanques il vaut veoir.
  Sans arrester et sans seoir,
  Versa seur le perron de plain
  De l'yaue le bachin tout plain.
  De maintenant venta et plut
  Et fist tel temps que faire dut.
  Et quant Dix redonna le bel,
  Sor le pin vinrent li oysel
  Et firent joie merveillouse
  Seur la fontaine perillouse."

Chrétien de Troyes ne nomme pas le lieu, mais décrit une petite chapelle et un pin à proximité où pendrait un bassin d'or. On sait que l'action se déroule plus globalement dans la forêt de Brocéliande, il n'y a donc pas de doute : il s'agit de la fontaine de Barenton.


Dans le conte gallois Owein et Luned

Ce récit doit dater d'après 1170, étant donné que la description de la fontaine semble empruntée au texte de Chrétien de Troyes. L'histoire est également identique, Owein remplaçant le personnage d'Yvain, et Cynon remplaçant le personnage de Calogrenant.


Dans Les Usemens et coustumes de la forest de Brécelien

Ce texte de 1467, écrit par le Comte de Laval Guy XIV, évoque les droits et les devoirs des seigneurs et des usagers concernant la forêt de Brocéliande ("brécelien"). La fontaine de Barenton est mentionnée dans un chapitre particulier, intitulé De la décoration de la dicte forest et des mervoilles estans en ycelle. Gui XIV s'approprie les pouvoirs légendaires de la fontaine de Barenton et introduit un personnage de fiction dans la forêt de Brécilien, "le chevalier Ponthus". Cet ajout "décoratif" du personnage fictif semble lié à une rivalité politique entre les Rohan et les Laval, pour obtenir une préséance à l'assemblée des Etats de Bretagne. La fontaine est présentée comme miraculeuse, et il est dit que les Seigneurs de Montfort-Gaël s'y rendirent plusieurs fois pour demander la pluie en versant quelques gouttes d'eau de la fontaine sur un gros bloc de grès, connu aujourd'hui sous le nom de "Perron de Merlin". On trouve dans ce chapitre la première tentative de localisation de la fontaine, en reprenant le récit de Wace : elle serait située dans la forêt de Paimpont :

  " …Item auprès du dit breil, il y a un breil nommé le breil de
  Bellanton, et auprès d’yceluy, il y a une fontaine nommée la fontaine
  de Bellanton…[…] Item joignant la dite fontaine, il y a une grosse
  pierre qu’on nomme le perron de Bellanton, et toutes les fois que le
  seigneur de Montfort vient à ladite fontaine, et de l’eau d’icelle
  arrose et mouille le perron, quelque chaleur, temps sur de pluie,
  quelque part que le vent soit, soudain et en peu d’espace, plutôt que
  le dit seigneur n’aura pu recouvrer son chasteau de Comper, ains que
  soit la fin d’iceluy jour, plera en pays si abondamment que la terre et
  les biens estant en icelle en sont arrousées, et moult leur profite."