Mercure

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mythologie romaine

Mercure, Villa Medicis

Mercure (Mercurius en latin) est le dieu du commerce, des voyages et messager des autres dieux, assimilé à l'Hermès grec.

Étymologie

Ses noms latins sont Mercurius, Merqurius, Mirqurios, Mircurios.

Son nom est lié au mot latin merx (marchandise), mercari (commercer), et merces (salaire).

Origine et évolution

Vers le IVe siècle av. J.-C. commence un processus d'assimilation du dieu grec Hermès, commençant, et des Dei Lucrii, anciennes divinités du commerce, de l'échange et du profit.

Mercure assimilera ensuite une ou plusieurs autres divinités locales en Gaule Romaine (peut être Lugh).

Généalogie

La mère de Mercure est Maïa, qui est, selon la mythologie grecque, une titanide et la plus importante des Pléïades. Son père est Jupiter.

Bien que Mercure n’ait pas d’épouse régulière dans la mythologie grecque, il est l’amant fréquent de Vénus et le père de plusieurs dieux, notamment Hermaphrodite fils d'Aphrodite, Pan fruit de ses amours avec Pénélope, Evandre avec Carmenta, et avec la nymphe Lara il eut les dieux Lares.

Concernant la mythologie, se reporter à celle d'Hermès.

Mercure romain

Fonctions

Mercure est un messager des dieux et un dieu du commerce, en particulier du commerce des grains. Dans la pièce Amphitryon de Plaute, il y incarne le rôle de transmetteur dans les aventures amoureuses de Jupiter. Étant encore enfant, ce dieu des marchands et des larrons avait dérobé à Neptune son trident, à Apollon ses flèches, à Mars son épée et à Vénus sa ceinture. Il vola aussi les bœufs d'Apollon, mais en vertu d'une convention pacifique, il les échangea contre sa lyre. Mercure est en effet également dieu de l'éloquence et de l'art de bien dire.

Mercure présidait aux voyages et aux chemins, on lui rendait culte aux carrefours. Les ex-voto que les voyageurs lui offraient au retour d'un long et pénible voyage étaient des pieds ailés.

Mercure est aussi, un dieu psychopompe, qui conduit les âmes récemment décédées dans l'au-delà.

Culte

On l'honorait lors d'une fête importante, le 15 mai, les Mercuralia fête au cours de laquelle les marchands arrosaient leur tête et leurs marchandises d'eau tiré de son puits sacré situé près de la Porta Capena.

Le mercredi, jour de la semaine, lui est consacré (Mercurii dies).

Mercure, 40-48 ap JC. Sa main gauche aurait tenu un caducée.

Représentation

Il apparaît comme un athlète à l’aspect assez jeune. D’une main il porte le caducée, sa verge ailée et enlacée de serpents ; de l’autre, un porte monnaie. L’un symbolise son rôle de héraut des dieux et garant de la paix, l’autre la prospérité matérielle et spirituelle qu’il confère.

Au dos il porte un manteau de voyageur, à la tête le pétase — un chapeau rond et ailé, et aux pieds des sandales ailées.

Il peut être accompagné de ses animaux favoris, la tortue, le coq ou la chèvre.

Il a parfois été représenté avec un pénis proéminent en érection, comme Priape.

Épithètes

  • Terminorum : des frontières (principalement invoqué lors de violations de frontières).
  • Mercator : des marchands.
  • Fortunus : de la chance, de la bonne fortune.
  • Atlantiades : petit-fils d'Atlas.
  • Alipes : aux pieds ailés.
  • Caducifer : porteur de caducée.
  • Pacifer : porteur de paix.
  • Interpres : médiateur.
  • Sobrius : un aspect de Mercure honoré dans l'un des vici de la Rome augustéenne, lié à un dieu punique plus ancien.

Iconographie

Mercure gallo-romain

Jules César rapporte, à propos des gaulois : « Le dieu qu’ils honorent le plus est Mercure. Il a un grand nombre de statues. »[1]

César ne nous apprend pas le nom local de la divinité qu'il assimile à Mercure. Il pourrais s'agir de la forme gauloise de Lugh à l'origine de nombreux toponymes.

Au sommet du Puy de Dôme, un temple du 1er siècle après J-C était probablement dédié à Mercure. Le sanctuaire était un centre de pèlerinage dont la renommée s'étendait dans toute la Gaule.[2]

Mercue gallo-romain en bronze, Dijon

Fonctions

La première fonction que note César[3] est celui d’inventeur de tous les arts (omnium inuentorem artium). C’est le rôle de créateur, d’inventeur, qu’on attribue à Mercure, tandis que Minerve enseigne les arts aux mortels. Minerve préside en fait plutôt aux industries et aux manufactures (operum atque artificiorum). Cependant, le domaine de Mercure est plus large, comprenant par exemple des beaux-arts et toutes sortes de ruses.

César[4] indique aussi le rôle de Mercure comme guide des voyageurs (uiarum atque itinerum ducem). Les Gaulois avaient l’habitude de se déplacer à travers d’étonnantes distances : de la Gaule jusqu’à Delphes et en Asie mineure, par exemple, ou en Égypte pour servir comme mercenaires.

Le rôle du dieu comme pourvoyeur des gains et du commerce (quaestus pecuniae mercaturasque) souligne son importance singulière dans la vie quotidienne.

Représentation

Le Mercure gaulois est habituellement représenté sous ses attributs classiques romains. Il peut être barbu (ce qui est d’ailleurs également possible chez les Grecs). Sa tête peut même avoir trois visages barbus, notamment en Belgique-Seconde.

En Gaule, la plus importante de ses parèdres est Rosmerta, qui l’accompagne souvent dans les figurations et sur les invocations épigraphiques. Notons aussi Visucia et Félicité, qui pourrait être des aspects de Rosmerta ou bien des divinités distinctes.

Plusieurs monuments montrent Mercure à côté de Cernunnos, le dieu aux bois de cerf, qui devait collaborer étroitement avec Mercure, et comme pourvoyeur des richesses souterraines, et comme gardien des âmes des défunts. On trouve Mercure et Cernunnos ensemble par exemple sur la couple d’argent trouvée à Lyon, qui montre aussi l’aigle de Jupiter, et aussi de l’autel de Reims où Mercure et Apollon flanquent un Cernunnos assis.

Épithètes

Stèle de Mercure au grand caducée, Paris
  • Mercurius Artaios, association de Mercure avec le dieu celtique Artaios, une divinité des ours et de la chasse, qui était vénéré à Beaucroissant, en France.[5]
  • Mercurius Arvernus, association de l'Arvernus celtique avec Mercure. Arvernus était vénéré en Rhénanie, probablement comme divinité spécifique à la tribu des Arvernes, quoique l'on ne trouve aucune dédicace à Mercurius Arvernus en Auvergne, le territoire des Arvernes.
  • Mercure Arvernorix, roi des Arvernes
  • Mercure Bigentius, de Bigentio, le Piesport d’aujourd’hui..
  • Mercurius Cissonius, qui signifie peut-être « des chars », ou en association de Mercure avec le dieu celtique Cissonius, évoqué dans des textes ou inscriptions depuis Cologne, en Allemagne, jusqu'à Saintes, en France..[6]
  • Mercure Dumias, du puy de Dôme.
  • Mercurius Esibraeus, association de la divinité ibérique Esibraeus avec Mercure. Esibraeus est uniquement mentionné dans une inscription trouvé à Medelim, au Portugal. Ce pourrait être la même divinité que Banda Isibraiegus, qui est invoqué dans une inscription dans le village proche de Bemposta.[7]
  • Mercurius Gebrinius, association de Mercure avec Gebrinius, divinité celtique ou germanique, connu grâce à une inscription trouvée sur un autel à Bonn, en Allemagne.[8]
  • Mercurius Moccus, du nom du dieu celtique Moccus, qui était assimilé à Mercure, dont on a trouvé des traces à Langres, en France. Le nom Moccus ("cochon") signifie que cette divinité était liée à la chasse au sanglier.[9]
  • Mercurius Visucius, synthèse du dieu celtique Visucius avec Mercure, attesté dans une inscription trouvée à Stuttgart, en Allemagne. Visucius était initialement vénéré dans la zone frontalière de l'empire séparant la Gaule de la Germanie. Bien qu'il ait été principalement associé à Mercure, Visucius a quelquefois été combiné au dieu Mars, comme une inscription trouvée en Gaule, dédiée à "Mars Visucius" et Visucia, l'alter-ego féminin de Visicius, le laisse comprendre. Visucius est peut-être à relier aux corbeaux. [10]
  • Mercure Vosegus , le vosgien (également un épithète de Sylvain)
  • On cite souvent « Mercure auguste », et au moins une fois (dans l’Altbachtal à Trèves) « Mercure des étrangers, des non-Romains » (Mercurius Peregrinorum).

Iconographie

Mercure tardif

Satire

Offenbach a fait la caricature de Mercure dans Orphée aux Enfers :

Mercure :

« Eh hop ! Eh hop ! Place à Mercure !

Ses pieds ne touchent pas le sol,

Un bleu nuage est sa voiture,

Rien ne l'arrête dans son vol.


Bouillet dans son dictionnaire

Vous dira mes titres nombreux :

Je suis le commissionnaire

Et des déesses et des dieux ;

Pour leurs amours moi je travaille,

Actif, agile, intelligent,

Mon caducée est ma médaille,

Une médaille en vif argent.

[…]

Je suis le dieu de l'éloquence,

Les avocats sont mes enfants,

Ils me sont d'un secours immense

Pour flanquer les mortels dedans.

Je dois comme dieu du commerce

Détester la fraude et le dol,

Mais je sais par raison inverse

Les aimer comme dieu du vol,

Car j'ai la main fort indirecte

Et quelquefois le bras trop long :

Quand il était berger d'Admète

J'ai chipé les bœufs d'Apollon.

Tout en étant le dieu des drôles,

Je suis le plus drôle des dieux,

J'ai des ailes sur les épaules

Aux talons et dans les cheveux.

Jupin mon maître sait me mettre

À toute sauce ; il finira

Par me mettre dans un baromètre

Pour savoir le temps qu'il fera. »


Iconographie

Sources

Ovide, Fastes: II, 607 sqq

Deo Mercurio

<references>

articles connexes

Hermès, Lugh, Rosmerta

  1. Jules César(résumant Posidonius), De Bello gallico vi: 17. Traduit par Désiré Nisard (1865).
  2. monuments historiques
  3. Jules César(résumant Posidonius), De Bello gallico vi: 17. Traduit par Désiré Nisard (1865).
  4. Jules César(résumant Posidonius), De Bello gallico vi: 17. Traduit par Désiré Nisard (1865).
  5. Miranda J. Green, Dictionary of Celtic Myth and Legend, 1992, London: Thames and Hudson, p. 148–149.
  6. Miranda J. Green, Dictionary of Celtic Myth and Legend, 1992, London: Thames and Hudson, p. 148–149.
  7. Jorge de Alarcão, Roman Portugal. Volume I: Introduction, 1988, Warminster: Aris and Phillips, p. 93.
  8. Miranda J. Green, Dictionary of Celtic Myth and Legend, 1992, London: Thames and Hudson, p. 148–149.
  9. Miranda J. Green, Dictionary of Celtic Myth and Legend, 1992, London: Thames and Hudson, p. 148–149.
  10. Rudolf Thurneysen, cité par Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, 2003, p. 321.