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* Solitumaros : à la grande vue, qui voit tout, épithète gallo-romain | * Solitumaros : à la grande vue, qui voit tout, épithète gallo-romain<ref>[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1999_num_25_2_1542 Fabien Pilon , Daniel Gricourt , Dominique Hollard, Le Mercure Solitumaros de Châteaubleau (Seine-et-Marne) : Lugus macrophtalme, visionnaire et guérisseur, Dialogues d'histoire ancienne, 1999, Vol 25, N° 25-2, pp. 127-180]</ref> | ||
== Hymnes homériques == | == Hymnes homériques == |
Version du 29 juin 2015 à 18:55
Mercure (Mercurius en latin) est le dieu du commerce, des voyages et messager des autres dieux, assimilé à l'Hermès grec.
Étymologie
Ses noms latins sont Mercurius, Merqurius, Mirqurios, Mircurios.
Son nom est lié au mot latin merx (marchandise), mercari (commercer), et merces (salaire).
Origine et évolution
Vers le IVe siècle av. J.-C. commence un processus d'assimilation du dieu grec Hermès, commençant, et des Dei Lucrii, anciennes divinités du commerce, de l'échange et du profit.
Les étrusques honoraient Turms, dieu du commerce, des marchands, protecteur des voyageurs ainsi que le dieu messager entre les hommes et les dieux. Il est également psychopompe. Sur de nombreux sarcophages tardifs, cette divinité porte aussi parfois le maillet.
Mercure assimilera ensuite une ou plusieurs autres divinités locales en Gaule Romaine.
Généalogie
La mère de Mercure est Maïa, qui est, selon la mythologie grecque, une titanide et la plus importante des Pléïades. Son père est Jupiter.
Bien que Mercure n’ait pas d’épouse régulière dans la mythologie grecque, il est l’amant fréquent de Vénus et le père de plusieurs dieux, notamment Hermaphrodite fils d'Aphrodite, Pan fruit de ses amours avec Pénélope, Evandre avec Carmenta, et avec la nymphe Lara il eut les dieux Lares.
Concernant la mythologie, se reporter à celle d'Hermès.
Mercure romain
Fonctions
Mercure est un messager des dieux et un dieu du commerce, en particulier du commerce des grains. Dans la pièce Amphitryon de Plaute, il y incarne le rôle de transmetteur dans les aventures amoureuses de Jupiter. Étant encore enfant, ce dieu des marchands et des larrons avait dérobé à Neptune son trident, à Apollon ses flèches, à Mars son épée et à Vénus sa ceinture. Il vola aussi les bœufs d'Apollon, mais en vertu d'une convention pacifique, il les échangea contre sa lyre. Mercure est en effet également dieu de l'éloquence et de l'art de bien dire.
Mercure présidait aux voyages et aux chemins, on lui rendait culte aux carrefours. Les ex-voto que les voyageurs lui offraient au retour d'un long et pénible voyage étaient des pieds ailés.
Mercure est aussi, un dieu psychopompe, qui conduit les âmes récemment décédées dans l'au-delà.
Culte
On l'honorait lors d'une fête importante, le 15 mai, les Mercuralia fête au cours de laquelle les marchands arrosaient leur tête et leurs marchandises d'eau tiré de son puits sacré situé près de la Porta Capena.
Le mercredi, jour de la semaine, lui est consacré (Mercurii dies).
Représentation
Il apparaît comme un athlète à l’aspect assez jeune. D’une main il porte le caducée, sa verge ailée et enlacée de serpents ; de l’autre, un porte monnaie. L’un symbolise son rôle de héraut des dieux et garant de la paix, l’autre la prospérité matérielle et spirituelle qu’il confère.
Au dos il porte un manteau de voyageur, à la tête le pétase — un chapeau rond et ailé, et aux pieds des sandales ailées.
Il peut être accompagné de ses animaux favoris, la tortue, le coq ou la chèvre.
Il a parfois été représenté avec un pénis proéminent en érection, comme Priape.
Épithètes
- Terminorum : des frontières (principalement invoqué lors de violations de frontières).
- Mercator : des marchands.
- Fortunus : de la chance, de la bonne fortune.
- Atlantiades : petit-fils d'Atlas.
- Alipes : aux pieds ailés.
- Caducifer : porteur de caducée.
- Pacifer : porteur de paix.
- Interpres : médiateur.
- Sobrius : un aspect de Mercure honoré dans l'un des vici de la Rome augustéenne, lié à un dieu punique plus ancien.
- Solitumaros : à la grande vue, qui voit tout, épithète gallo-romain[1]
Hymnes homériques
Traduction d’Ernest Falconnet
À Vesta et à Mercure.
Ô Vesta ! vous habitez la première place dans les palais élevés des dieux immortels et des hommes qui vivent sur la terre ; vous avez les plus illustres honneurs ; vous obtenez les plus belles et les plus riches offrandes : jamais sans vous il ne fut d’agréables festins pour les mortels ; nul ne commence ou ne finit son repas sans avoir fait d’abord des libations d’un vin généreux à la déesse Vesta.
Mercure, fils de Jupiter et de Maïa, messager des dieux, porteur d’un sceptre d’or, dispensateur de tous les biens, soyez-nous propice et venez aussi avec l’auguste et bien aimée Vesta.
Tous les deux instruits des bonnes actions des mortels, accordez-leur l’esprit et la jeunesse, divinités qui habitez d’illustres maisons.
Salut, fille de Saturne ; salut, Mercure porteur d’un sceptre d’or ; je ne vous oublierai jamais, et je vais dire un autre chant.
À Mercure.
Je chante Mercure Cyllénien, le meurtrier d’Argus. Il protège les troupeaux sur le mont Cyllène et dans l’Arcadie féconde en troupeaux. Bienveillant messager des immortels, il dut le jour à la fille d’Atlas, la vénérable Maïa, qui s’unit d’amour à Jupiter ; éloignée de l’assemblée des dieux, elle habitait au fond d’une grotte obscure : c’est là que, durant les ténèbres de la nuit, le fils de Saturne s’unit à elle, tandis que Junon s’abandonnait aux douceurs du sommeil ; tous deux se dérobèrent a la vue des dieux et des hommes.
Je vous salue, fils de Jupiter et de Maïa ; maintenant que j’ai célébré votre gloire, je chanterai d’autres hymnes.
Salut, bienveillant Mercure, messager céleste ; dispensateur de tous les biens.
Iconographie
Mercure gallo-romain
Jules César rapporte, à propos des gaulois : « Le dieu qu’ils honorent le plus est Mercure. Il a un grand nombre de statues. »[2]
César ne nous apprend pas le nom local de la divinité qu'il assimile à Mercure. Il pourrais s'agir de la forme gauloise de Lugh à l'origine de nombreux toponymes.
Mercure a également été assimilé à Teutatès.
Au sommet du Puy de Dôme, un temple du 1er siècle après J-C était probablement dédié à Mercure. Le sanctuaire était un centre de pèlerinage dont la renommée s'étendait dans toute la Gaule.[3]
Fonctions
La première fonction que note César[4] est celui d’inventeur de tous les arts (omnium inuentorem artium). C’est le rôle de créateur, d’inventeur, qu’on attribue à Mercure, tandis que Minerve enseigne les arts aux mortels. Minerve préside en fait plutôt aux industries et aux manufactures (operum atque artificiorum). Cependant, le domaine de Mercure est plus large, comprenant par exemple des beaux-arts et toutes sortes de ruses.
César[5] indique aussi le rôle de Mercure comme guide des voyageurs (uiarum atque itinerum ducem). Les Gaulois avaient l’habitude de se déplacer à travers d’étonnantes distances : de la Gaule jusqu’à Delphes et en Asie mineure, par exemple, ou en Égypte pour servir comme mercenaires.
Le rôle du dieu comme pourvoyeur des gains et du commerce (quaestus pecuniae mercaturasque) souligne son importance singulière dans la vie quotidienne.
Représentation
Le Mercure gaulois est habituellement représenté sous ses attributs classiques romains. Il peut être barbu (ce qui est d’ailleurs également possible chez les Grecs). Sa tête peut même avoir trois visages barbus, notamment en Belgique-Seconde.
En Gaule, la plus importante de ses parèdres est Rosmerta, qui l’accompagne souvent dans les figurations et sur les invocations épigraphiques. Notons aussi Visucia et Félicité, qui pourrait être des aspects de Rosmerta ou bien des divinités distinctes.
Plusieurs monuments montrent Mercure à côté de Cernunnos, le dieu aux bois de cerf, qui devait collaborer étroitement avec Mercure, et comme pourvoyeur des richesses souterraines, et comme gardien des âmes des défunts. On trouve Mercure et Cernunnos ensemble par exemple sur la coupe d’argent trouvée à Lyon, qui montre aussi l’aigle de Jupiter, et aussi de l’autel de Reims où Mercure et Apollon flanquent un Cernunnos assis.
Épithètes
- Mercurius Artaios, association de Mercure avec le dieu celtique Artaios, une divinité des ours et de la chasse, qui était vénéré à Beaucroissant, en France.[6]
- Mercurius Arvernus, association de l'Arvernus celtique avec Mercure. Arvernus était vénéré en Rhénanie, probablement comme divinité spécifique à la tribu des Arvernes, quoique l'on ne trouve aucune dédicace à Mercurius Arvernus en Auvergne, le territoire des Arvernes.
- Mercure Arvernorix, roi des Arvernes
- Mercure Bigentius, de Bigentio, le Piesport d’aujourd’hui..
- Mercurius Cissonius, qui signifie peut-être « des chars », ou en association de Mercure avec le dieu celtique Cissonius, évoqué dans des textes ou inscriptions depuis Cologne, en Allemagne, jusqu'à Saintes, en France.[7]
- Mercure Dumias, du puy de Dôme.
- Mercurius Esibraeus, association de la divinité ibérique Esibraeus avec Mercure. Esibraeus est uniquement mentionné dans une inscription trouvé à Medelim, au Portugal. Ce pourrait être la même divinité que Banda Isibraiegus, qui est invoqué dans une inscription dans le village proche de Bemposta.[8]
- Mercurius Gebrinius, association de Mercure avec Gebrinius, divinité celtique ou germanique, connu grâce à une inscription trouvée sur un autel à Bonn, en Allemagne.[9]
- Mercurius Moccus, du nom du dieu celtique Moccus, qui était assimilé à Mercure, dont on a trouvé des traces à Langres, en France. Le nom Moccus ("cochon") signifie que cette divinité était liée à la chasse au sanglier.[10]
- Mercurius Visucius, synthèse du dieu celtique Visucius avec Mercure, attesté dans une inscription trouvée à Stuttgart, en Allemagne. Visucius était initialement vénéré dans la zone frontalière de l'empire séparant la Gaule de la Germanie. Bien qu'il ait été principalement associé à Mercure, Visucius a quelquefois été combiné au dieu Mars, comme une inscription trouvée en Gaule, dédiée à "Mars Visucius" et Visucia, l'alter-ego féminin de Visicius, le laisse comprendre. Visucius est peut-être à relier aux corbeaux. [11]
- Mercure Vosegus , le vosgien (également un épithète de Sylvain)
- On cite souvent « Mercure auguste », et au moins une fois (dans l’Altbachtal à Trèves) « Mercure des étrangers, des non-Romains » (Mercurius Peregrinorum).
Iconographie
Mercure tardif
Satire
Offenbach a fait la caricature de Mercure dans Orphée aux Enfers :
Mercure :
« Eh hop ! Eh hop ! Place à Mercure !
Ses pieds ne touchent pas le sol,
Un bleu nuage est sa voiture,
Rien ne l'arrête dans son vol.
Bouillet dans son dictionnaire
Vous dira mes titres nombreux :
Je suis le commissionnaire
Et des déesses et des dieux ;
Pour leurs amours moi je travaille,
Actif, agile, intelligent,
Mon caducée est ma médaille,
Une médaille en vif argent.
[…]
Je suis le dieu de l'éloquence,
Les avocats sont mes enfants,
Ils me sont d'un secours immense
Pour flanquer les mortels dedans.
Je dois comme dieu du commerce
Détester la fraude et le dol,
Mais je sais par raison inverse
Les aimer comme dieu du vol,
Car j'ai la main fort indirecte
Et quelquefois le bras trop long :
Quand il était berger d'Admète
J'ai chipé les bœufs d'Apollon.
Tout en étant le dieu des drôles,
Je suis le plus drôle des dieux,
J'ai des ailes sur les épaules
Aux talons et dans les cheveux.
Jupin mon maître sait me mettre
À toute sauce ; il finira
Par me mettre dans un baromètre
Pour savoir le temps qu'il fera. »
Iconographie
Sources
Ovide, Fastes: II, 607 sqq
<references>
articles connexes
- ↑ Fabien Pilon , Daniel Gricourt , Dominique Hollard, Le Mercure Solitumaros de Châteaubleau (Seine-et-Marne) : Lugus macrophtalme, visionnaire et guérisseur, Dialogues d'histoire ancienne, 1999, Vol 25, N° 25-2, pp. 127-180
- ↑ Jules César(résumant Posidonius), De Bello gallico vi: 17. Traduit par Désiré Nisard (1865).
- ↑ monuments historiques
- ↑ Jules César(résumant Posidonius), De Bello gallico vi: 17. Traduit par Désiré Nisard (1865).
- ↑ Jules César(résumant Posidonius), De Bello gallico vi: 17. Traduit par Désiré Nisard (1865).
- ↑ Miranda J. Green, Dictionary of Celtic Myth and Legend, 1992, London: Thames and Hudson, p. 148–149.
- ↑ Miranda J. Green, Dictionary of Celtic Myth and Legend, 1992, London: Thames and Hudson, p. 148–149.
- ↑ Jorge de Alarcão, Roman Portugal. Volume I: Introduction, 1988, Warminster: Aris and Phillips, p. 93.
- ↑ Miranda J. Green, Dictionary of Celtic Myth and Legend, 1992, London: Thames and Hudson, p. 148–149.
- ↑ Miranda J. Green, Dictionary of Celtic Myth and Legend, 1992, London: Thames and Hudson, p. 148–149.
- ↑ Rudolf Thurneysen, cité par Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, 2003, p. 321.