La Sorcellerie Aujourd'hui

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La Sorcellerie Aujourd'hui

L'article suivant, a été écrit par Robert Cochrane (Roy Bowers) et publié dans Pentagram de novembre 1964


La sorcellerie, selon les sorcières modernes, est l’Art du Sage.

Une croyance païenne simple, pleine d’anciennes traditions, qui en appelle aux vertus simples, et si nous devons croire ses détracteurs, à quelques vices antiques. D’après d’autres sources c'est une religion traditionnelle basée sur un concept très simplifié du cycle de la nature. Il est dit que les sorcières tentent de modifier la nature par diverses actions et par leur croyance en un état malléable de la nature, de telle sorte qu’elle fonctionne selon les besoins du coven, et de la façon que le coven juge bonne pour la société en général plutôt que de laisser la nature suivre son propre cours. Si on en croit diverses interviews télévisuelles ou journalistiques, ceci a un effet non pas sur la nature mais sur la sorcière, depuis que l’une d’elles a prétendu que le soleil ne se lèverait pas si elle ne faisait pas ses rituels.

Un tel battage aura pour effet positif de rendre l’Art attractif pour ceux qui voudraient revenir à une vie plus simple et ainsi échapper au poids croissant de la société actuelle. Souvent la sorcellerie est devenue un refuge, dans lequel ceux qui n'ont pas réussi à résoudre leurs problèmes personnels iront se cacher, pendant que le raz de marée technologique, les bombes atomiques, et toutes les autres joyeusetés de la civilisation leur passeront sans dommage au-dessus de la tête.

La sorcellerie moderne peut être décrite comme une tentative par l'homme du vingtième siècle de nier les responsabilités du vingtième siècle. C'est une croyance naïve et rassurante qui veut que la nature est toujours bonne et gentille. C'est aussi une croyance qui veut que si vous pouvez revenir en arrière dans l'évolution de la pensée, alors peut-être le reste du monde suivra ce mouvement. La sorcellerie est tout pour tous les hommes, elle est une simple croyance panthéistique pour ceux qui y croient. Il en est ainsi, depuis que les Mystères ont été mis à la portée de tous les hommes, et que l’homme est à la portée des Mystères. Ce qui nous mène à nous demander ce que sont les Mystères.

Toute la pensée mystique est basée sur un seul grand principe : la réalisation de la vérité par opposition à l'illusion. L'étudiant des « Mystères » est essentiellement un chercheur de vérité, ou comme les traditions antiques l'ont décrit, de « sagesse ». La magie est seulement un sous-produit de la recherche de la vérité, et occupe une position inférieure à la vérité. La magie, qui est le développement de la volonté, est un produit de l'âme dans sa recherche de la connaissance ultime.

C'est un effet secondaire d’une quête plus large, la capacité d'employer une force qui a été perçue tout en recherchant un but plus important. Aucune vérité ésotérique ne peut être notée ou placée dans un cadre intellectuel de pensée. Les vérités qui en découlent doivent être vécues pendant la compréhension de l'âme.

La vérité à ce stade n'est pas sujette à la pensée empirique et est seulement évidente pour celui qui la possède, et pour ceux qui ont suivi la même voie en terme de perception. Dans toute l'histoire de l'humanité il y a eu des mythes, des écoles de sagesse et des professeurs qui ont enseigné une manière d'atteindre une connaissance du fonctionnement de la pensée ésotérique et de la philosophie en employant le raisonnement plutôt que la méthode directe pour expliquer les approches à la vérité cosmique.

Le secret de ces maîtres n'a rien à voir avec la protection des Mystères, puisque tout ce qui peut être dit au sujet des Mystères a déjà été écrit dans le folklore, le mythe et la légende. Ce qui n’apparaît pas c’est l’explication. Il a été reconnu que ces légendes, rituels et mythes étaient des routes passant à travers des couches de conscience pour arriver au secteur de l'esprit où l'âme peut exister dans sa totalité. Celles-ci, les disciplines y afférentes, ainsi que leurs enseignements sont devenus ce que l'ouest décrit comme étant les Mystères. Les Mystères sont, par essence, les moyens par lesquels l'homme peut percevoir sa propre divinité intérieure.

Pendant les persécutions les adhérents du système des Mystères se sont cachés et ont joint leurs forces aux croyances indigènes, qui sont ainsi devenues une partie de la sorcellerie traditionnelle. Les siècles ont passé et la signification qui se trouvait derrière beaucoup de rituels a été oubliée, ou reléguée à une observance superstitieuse de la nature élémentaire. Beaucoup des vieux rituels qui ont survécu l’ont fait dans l’immobilisme, répétés par coeur sans être compris. En conséquence ils sont devenus statiques et éloignés de leur but original, qui était d'éclairer les êtres en recherche de spiritualité.

Dans ce qui passe généralement pour de la sorcellerie aujourd'hui, il y a autant d’illusion et de désirs non exaucés que dans le monde extérieur. Dans les cercles fermés de certains covens il y a une plus grande bigoterie et plus de dogme qu'il n’y en a dans beaucoup de sections de la religion chrétienne moribonde. Beaucoup de sorcières semblent avoir tourné le dos à la réalité du monde extérieur et se sont contentées de suivre, comme des perroquets, les rituels et la croyance qu'elles savent avoir peu ou pas de rapport avec le vingtième siècle et ses besoins. Il n'y a plus aucune raison à une religion de la fertilité en Europe depuis l'arrivée de la charrue à soc au treizième siècle, la découverte de la fenaison, la reproduction sélective des animaux, etc. Clamer, comme le font certaines sorcières, qu'il y a un plus grand besoin de fertilité de l'esprit dans ce monde qu’il n’y en avait avant est réducteur, car l’Europe occidentale a moralement et socialement progressé bien plus sans l’ancienne religion et ses superstitions, qu’elle ne l’a fait avec elle.

La valeur de l’ancien Art aujourd'hui est d’abriter les graines de l’ancienne tradition des Mystères Par ceci la sorcière peut percevoir les commencements de la sagesse, la connaissance d'elle-même et de ses motivations. Les Mystères véritables sont ouverts à tous, parce que n'importe qui avec assez d'expérience peut comprendre ce message de base. Brider l'esprit humain afin de le protéger de l'extérieur et de ses effets néfastes, n’aide pas à découvrir ce que nous possédons au tréfonds de nous mêmes, mais est un retour à une attitude claustrophobe qui pourra devenir étouffante.

Si, comme on le prétend, les Dieux sont aimables et qu’ils sont toutes les choses, alors pourquoi la sorcière du vingtième siècle fuit elle si prestement loin d’eux ? Dans cette tradition fossilisée sont cachés de profonds secrets, des secrets parqués entre les murs d’une croyance et de pratiques médiocres. Ces secrets de l’âme et de la destinée, ne peuvent apparaître qu’en plein jour, et non pas dans le monde illusoire des Ye Old English Wiccen. Si les sorcières veulent survivre il faudra que leur religion subisse des changements radicaux et violents. Des changements qui inclurent un examen minutieux des rituels, afin que leur contenu spirituel puisse être mis en lumière. Des changements qui nécessiteront que l’on se demande si ces « sources » ne sont pas taries.

La philosophie inhérente à l’Art était toujours fluide, et il faut qu’elle le redevienne avant qu’elle ne rende son dernier souffle, étouffée sous un monceau de non sens, de théologie à moitié cuite et de philosophie. Les sorcières ne peuvent plus vivre retirées du monde, il n’y a pas de place pour nous dans cette société si nous n’avons rien de valide à lui offrir, et si nous ne participons pas à son évolution sociale.