Hécate
Hécate n'est jamais citée dans l'Iliade et l'Odyssée.
Epithètes
Aidonaia (Dame du Monde d'En-Bas)
Antania (Ennemie de l'humanité)
Atalos (Tendre, Délicate)
Atropaia (Celle qui éloigne le mal)
Brimô (de βρόμος, feu ou βρίμηνις, qui a une violente colère), à cause de son caractère terrible. Cet épithète concerne également Perséphone.
Chtonia (Celle de la Terre)
Dadophoros (Porteuse de Torche)
Enodia (Celle des Chemins)
Epiphanestate Thea (Déesse la plus manifeste)
Erodia (Gardienne des Portes)
Kleidukos (Porteuse de Clés)
Koure mounogenes (Fille Unique)
Kourotrophos (Celle qui Soigne)
Krataiis (Forte)
Megiste (La Plus Grande)
Melana (la Noire)
Monogenes (Enfant unique)
Nykipolos Khthonie (Errante du Monde d'En-Bas)
Nyktipolos (Errante nocturne)
Ourania (Celeste)
Perseis (Destructrice)
Phosphoros (Porteuse de Lumière)
Propolos (Guide)
Propylaia (Gardienne des Portes, Celle qui se tient devant la Porte)
Skotia (Celle des Lieux Obscurs)
Soteira (Délivrance)
Trevia/Trivia/Trioditis (Des Trois Chemins)
Tricephalus (A Trois Têtes)
Triformis (Aux Trois Aspects)
Trioditis ou Trivia (Chemin Triple)
Zerynthia (Du Mont Zerynthia)
Liens de parenté
D'après Hésiode[1], Hécate est fille d'Astéreia, la Nuit étoilée.
D'après Diodore de Sicile, Médée et Circé sont les filles nées de l'union d'Hécate et d'Aiétès.
D'après Apollonios de Rhodes, Scylla est la fille de Phorcus et d'Hécate.
Dans la Théogonie, d'Hésiode[2]
"Phébé monta sur la couche désirée de Céus ; déesse fécondée par les embrassements d'un dieu, elle enfanta la douce Latone au voile bleu, Latone qui, toujours agréable aux Immortels et aux humains, apporta dès sa naissance l’allégresse dans l’Olympe. Elle engendra encore la célèbre Astérie que Persès autrefois amena dans son vaste palais pour la nommer son épouse. Devenue enceinte, Astérie donna l'existence à Hécate, que Jupiter, fils de Saturne, honora entre toutes les déesses : il lui accorda de glorieux privilèges et lui permit de commander sur la terre et sur la mer stérile. Déjà, sous Uranus couronné d'étoiles, elle avait obtenu cet emploi et jouissait des plus grands honneurs parmi les dieux immortels. Aujourd'hui, lorsqu'un des hommes, enfants de la terre, célèbre, selon l’usage, des sacrifices expiatoires, c'est Hécate qu'il invoque, et soudain la céleste faveur environne le suppliant dont la bienveillante déesse accueille les prières ; elle lui prodigue la richesse, car elle en a le pouvoir. Tous les privilèges partagés entre les nombreux enfants de la Terre et d'Uranus, elle seule les réunit. Le fils de Saturne ne lui a ni dérobé ni arraché aucune des prérogatives qui lui échurent sous les Titans, ces premiers dieux ; elle conserve tout entière la part d'autorité qu'elle obtint dans l'origine. Fille unique, elle n'est ni moins respectée ni moins puissante sur la terre, dans le ciel et sur la mer ; son pouvoir est encore plus vaste, parce que Jupiter l'honore. Quand elle veut favoriser un mortel, elle l'assiste avec empressement, et, selon sa volonté, elle le fait briller dans l’assemblée des peuples, lorsque les hommes s'arment pour le combat meurtrier, c'est elle qui, à son gré, se hâte de lui accorder la victoire et de prodiguer la gloire au vainqueur. Aux jours où l'on rend la justice, elle s'assied auprès des rois vénérables. Si elle voit des rivaux lutter dans l'arène, toujours propice, elle vient les encourager et les secourir ; l'athlète vainqueur par sa force et par sa constance mérite promptement un prix magnifique, et transporté d'allégresse, couvre de gloire sa famille. Quand elle le veut, elle protège les écuyers qui montent sur les chars ; également favorable aux navigateurs qui affrontent le trajet difficile de la mer azurée, elle exauce les vœux qu'ils adressent à Hécate et au bruyant Neptune : cette illustre déesse leur procure aisément une abondante proie ou ne la leur montre que pour les en dépouiller si tel est son désir. Occupée avec Mercure à multiplier dans les étables les bœufs, les agneaux, les nombreux essaims de chèvres et de brebis à la toison épaisse, elle peut, comme il lui plaît, accroître ou diminuer les troupeaux. Rejeton unique de sa mère, elle vit comblée d'honneurs parmi tous les Immortels. Le fils de Saturne la chargea encore d'élever et de nourrir les humains qui, après elle, devaient voir la lumière de l'aurore au loin étincelante. Ainsi dès le principe, elle devint la nourrice des enfants : tels sont ses nobles emplois."
Dans les Argonautiques, d'Apollonios de Rhodes
Médée est une prêtresse d'Hécate, qui lui a enseigné l'art des enchantements et des poisons.
Dans le Chant III :
"Médée passait ordinairement les jours entiers dans le temple d'Hécate dont elle était prêtresse"[3]
"Divine Hécate, exauce ma prière ! Fais qu'il retourne vainqueur dans sa patrie, ou si le Destin veut qu'il périsse, qu'il sache au moins que sa mort ne sera pas un sujet de joie pour moi."
"Je vous ai déjà parlé d'une jeune princesse instruite par Hécate elle-même dans l'art des enchantements. S'il était possible de l'intéresser en notre faveur, il n'y aurait plus pour vous de danger à redouter."
"Dans le palais d'Eétés habite une jeune princesse à qui la divine Hécate a révélé ses secrets les plus cachés. Elle connaît toutes les productions de la terre et des eaux et sait, en les préparant avec adresse, composer des charmes capables d'apaiser l'ardeur de la flamme, de suspendre le cours des fleuves les plus impétueux et d'arrêter dans leur marche la lune et les étoiles"
"Demain, au lever de l'aurore, je me rendrai au temple d'Hécate et je remettrai à l'étranger qui cause ici tant de trouble un charme propre à adoucir la férocité des taureaux."
"Dans le vestibule de son appartement couchaient douze jeunes esclaves qui n'avaient point encore subi le joug de l'hymen. Elle les appelle et leur ordonne d'atteler promptement ses mules à son char pour la conduire au temple d'Hécate. Tandis qu'on exécutait ses ordres, elle tira de sa boîte une liqueur qui porte, dit-on, le nom de Prométhée et dont la vertu est telle que si quelqu'un en répand sur ses membres après avoir offert un sacrifice nocturne à Hécate, tout à coup il devient pendant tout un jour invulnérable au fer, insensible aux ardeurs du feu et acquiert une force et un courage extraordinaires. La plante dont elle est tirée naquit pour la première fois dans les vallons du mont Caucase du sang que distillait de son bec l'aigle cruel qui dévorait le foie du malheureux Prométhée. Sa double tige est surmontée d'une large fleur dont la couleur est semblable à celle du safran de Cilicie. Sa racine offre l'image d'un morceau de chair nouvellement coupée et renferme une liqueur noire, semblable à celle qui découle des chênes sur les montagnes. Médée l'avait exprimée autrefois dans une coquille de la mer Caspienne, après qu'elle se fut purifiée sept fois dans une fontaine et que, vêtue de noir, elle eut dans l'horreur des ténèbres invoqué sept fois Brimo ; Brimo qui préside à l'éducation des enfants, qui se montre la nuit sous des formes épouvantables, qui commande aux mânes et règne dans les Enfers. Tandis qu'elle coupait cette racine, la terre mugit et trembla sous ses pas. Prométhée lui-même ressentit une vive douleur au fond de ses entrailles et remplit l'air de ses gémissements. Médée ayant donc tiré le charme de la boîte où il était renfermé, le mit dans la ceinture parfumée qui retenait sa robe autour de son beau sein, sortit de son appartement et s'élança sur son char. (...) Lorsqu'elle fut sortie de la ville et arrivée près du temple, elle descendit légèrement de son char, et s'adressant à ses esclaves : « Mes amies, leur dit-elle, j'ai commis une grande imprudence en venant ici sans songer que c'est nous exposer à rencontrer les étrangers qui sont descendus sur ces côtes. Toute la ville est en alarme et je ne vois aucune des femmes qui ont coutume de venir chaque jour invoquer en foule la déesse."
"Apprenez, dit enfin Médée, quel est le charme que vous venez de recevoir de moi. Lorsque mon père aura remis entre vos mains les dents de dragon que vous devez semer dans le champ du dieu Mars, attendez le milieu de la nuit. Alors revêtu d'habits noirs, et après vous être purifié dans les eaux du fleuve, vous creuserez seul une fosse ronde, dans un lieu écarté. Vous y égorgerez une brebis, et vous la brûlerez tout entière sur un bûcher que vous dresserez au bord de la fosse. Vous invoquerez ensuite la fille unique de Persée, la puissante Hécate, en faisant en son honneur des libations de miel. Éloignez-vous après cela de la fosse sans regarder derrière vous, quel que soit le bruit des pieds et les hurlements des chiens qui frappent vos oreilles. Si vous n'observez cette loi, tout le reste deviendra inutile pour vous et vous ne pourriez même rejoindre sans danger vos compagnons. Au lever de l'aurore, vous humecterez le charme que je viens de vous donner, et vous en frotterez non seulement votre corps, mais encore votre épée, votre lance et votre bouclier. Une force plus qu'humaine se répandra aussitôt dans vos membres. Le fer des guerriers qui naîtront de la terre s'émoussera contre vous et vous braverez les flammes que vomissent les taureaux. Ce charme puissant ne doit durer qu'un jour, mais ne craignez rien, et voici un moyen de terminer promptement le combat. Lorsqu'après avoir subjugué les taureaux et labouré le champ, vous verrez les fils de la terre sortir en grand nombre des dents que vous aurez semées, jetez alors au milieu d'eux une grosse pierre. Semblables à des chiens qui se disputent une proie, ils se battront à l'entour. Profitez du moment et fondez aussitôt sur eux. C'est ainsi que vous triompherez et qu'obéissant aux ordres de Pélias, vous emporterez loin de la Colchide la Toison dans la Grèce"
"Tandis qu'ils se livraient au sommeil, Jason attendait avec impatience le milieu de la nuit. Déjà la constellation de l'Ourse commençait à s'abaisser vers l'horizon (34). Un calme profond régnait dans les airs. Jason alors s'avança sans bruit pour chercher un endroit écarté, portant avec lui toutes les choses qui lui étaient nécessaires et qu'il avait préparées pendant le jour. Argus lui avait donné le lait et la brebis, et il avait tiré le reste du vaisseau. A quelque distance du chemin était un lieu solitaire qu'arrosait une eau claire et tranquille. Le héros, s'y étant purifié, se revêtit d'un manteau noir dont Hypsipyle lui avait fait présent à son départ de Lemnos pour lui rappeler le triste souvenir de leurs amours, trop tôt interrompus. Il creusa ensuite une fosse de la profondeur d'une coudée, dressa un bûcher, égorgea la brebis, l'étendit avec soin sur le bûcher, y mit le feu, et versa sur la victime des libations de lait et de miel en invoquant le secours d'Hécate. Dés qu'il eut achevé, il s'éloigna de la fosse. La déesse, ayant entendu sa prière, accourut de ses profonds abîmes pour recevoir le sacrifice. Son front était ceint de rameaux de chêne entrelacés de serpents. Des torches enflammées répandaient autour d'elle une lumière éclatante. Elle était environnée des chiens infernaux, qui poussaient des hurlements affreux. La prairie trembla sous ses pas, et les Nymphes effrayées firent retentir l'air de leurs cris. Jason ne fut point exempt d'épouvante. Toutefois il continua sa marche sans regarder derrière lui jusqu'à ce qu'il eût rejoint ses compagnons."
Dans le Chant IV :
"Médée s'avance hardiment vers lui en invoquant la redoutable Hécate"
"un vent favorable porta le troisième jour les Argonautes sur le rivage de Paphlagonie, près de l'embouchure du fleuve Halys. Là par le conseil de Médée, ils offrirent un sacrifice à Hécate. La princesse l'accompagna de cérémonies dont aucun mortel ne doit être instruit et que je me garderai bien de révéler dans mes vers. On éleva en même temps en l'honneur de la déesse un monument qui se voit encore sur le bord de la mer."
"Craignez surtout que Charybde ne les engloutisse, ou que Scylla, ce monstre d'Ausonie, fille de Phorcus et d'Hécate, et qu'on appelle aussi Crataïs, étendant hors de son antre une gueule effroyable, ne dévore l'élite de ces héros."
"J'en atteste la lumière sacrée du soleil et les mystères de la redoutable Hécate, c'est malgré moi que j'ai quitté ma patrie pour suivre des étrangers."
Dans Médée, d'Euripide
"Non, jamais, par la maîtresse que j'honore entre toutes les divinités et que j'ai choisie pour auxiliaire, Hécate, qui réside au plus profond de mon foyer, nul n'aura la joie de me déchirer le coeur."[4]
Chez Diodore de Sicile
Ier siècle avant notre ère.
"Persès eut une fille appelée Hécate, encore plus cruelle et plus méchante que son père. Elle aimait beaucoup la chasse, et, à défaut de gibier, elle perçait les hommes à coups de flèches comme des bêtes féroces. Devenue habile dans la composition des poisons mortels, elle découvrit ce qu'on appelle l'aconit. Elle expérimentait la puissance de chaque poison en le mélangeant aux aliments qu'elle donnait aux étrangers. Possédant ainsi une grande expérience dans ces choses, elle empoisonna d'abord son père, et s'empara du royaume. Ensuite elle fit élever un temple à Diane, et, ordonnant de sacrifier à cette déesse tous les étrangers qui y aborderaient, elle devint célèbre pour ses cruautés. Aeétès, qui l'épousa, eu eut deux filles, Circé et Médée, et un fils appelée Aegialée. Circé, livrée à l'étude des poisons de toutes sortes, découvrit diverses espèces de racines et leurs propriétés incroyables. Elle avait appris beaucoup de secrets d'Hécate, sa mère ; mais elle en découvrit bien plus encore par sa propre sagacité, de telle sorte qu'elle ne le cédait à personne dans l'art de préparer les poisons."
Articles connexes
Sources
<references>
- ↑ Hésiode, Théogonie, 409
- ↑ http://remacle.org/bloodwolf/poetes/falc/hesiode/theogonie.htm
- ↑ Les Argonautiques, chant III
- ↑ http://remacle.org/bloodwolf/tragediens/euripide/medee.htm