Sorcellerie (Texte d'Eleanor Bone)

De Wiccapedia

Sorcellerie

Eleanor Bone

Traduction Tof


Pour trouver l’origine de la sorcellerie vous devez faire un long voyage dans le temps, des milliers d’années avant l’émergence du Christianisme, à l’époque de l’ancienne religion – une religion païenne. Vous vous demandez si nous sommes païens et la réponse est : « Oui nous le sommes ! » Je suis certaine que certains vont dire « quoi païens ! Cela signifie sûrement rétrograde ». « C’est la définition que donne le dictionnaire, mais le mot vient du latin paganus – désignant un secteur campagnard. Ainsi païen signifie simplement « de la campagne ».

Le mot « witch » (sorcière) vient de l’Anglo-saxon « wicca » qui signifie « le sage » ou sorcier. Wiccan désignaient la prêtrise de l’ancienne religion qui adorait le dieu soleil et la déesse lune. Le chat, symbole de l’aspect féminin du divin, était inséparablement lié à la déesse lune.

Là où le culte des sorcières existait ses adeptes se retrouvaient quatre fois par an pour célébrer les mystères de leur foi. Il s’agissait là des quatre grands Sabbats – Chandeleur, Veille de Mai, Lammas et Halloween (ou Samhain comme on l’appelait à l’époque, ce qui signifie « fin de l’été). Cette division de l’année mettait l’accent sur les périodes de reproduction de certains animaux sauvages et domestiques. Autrefois un « coven » de sorcières se réunissait pour une rencontre hebdomadaire que l’on appelait Esbat. Ces réunions étaient en partie liées aux affaires du coven mais avaient aussi une finalité religieuse. Les sorcières étaient les conseillères des gens ordinaires. Elles étaient celles qui soignaient, elles étaient expertes dans l’utilisation des plantes et dans la distillation de potions. Lors des grands Sabbats, lorsque tout le monde se réunissait, une fête était organisée pour célébrer les largesses des dieux.

La croyance populaire voulait que les sorcières se rendent à ces rencontres en chevauchant des balais dans le ciel, mais je pense que les sorcières ne volaient dans le ciel que dans leur imagination. Il y a de nombreuses très anciennes recettes « d’onguents de vol » et manifestement les composants de certains d’entre eux, comme l’aconit et la belladone, lorsqu’on les fait pénétrer dans la peau, pourraient induire des états de transe, des hallucinations et une impression de voler. Des balais étaient probablement utilisés lors de certains rites de fertilité. Les sorcières dansaient en cercle à califourchon sur leur balai, elles sautaient en l’air de temps à autre, en partant du principe que plus elles sautaient haut, plus les céréales pousseraient haut.

Il faut se souvenir que le Christianisme a été importé en Angleterre par des étrangers. Augustin, le premier Archevêque de Canterbury venait de Rome et au septième siècle l’église fut organisée en Angleterre par Théodore de Tarse assisté d’Hadrien l’Africain. Guillaume le Conquérant était chrétien mais ses Normands étaient pour la plupart fidèles à l’ancienne religion. A cette époque, même les prêtres servaient à la fois les déités païennes et le Dieu des chrétiens. En 1282 le prêtre d’Inverkeithing a dirigé une danse de fertilité autour du cimetière.

Au 13 siècle la « sorcellerie » a été déclarée hérétique, mais ce n’est qu’au 14ème siècle que les deux religions ont commencé à lutter l’une contre l’autre. La bataille a fait rage aux 16ème et 17ème siècles, les païens ont combattu de façon loyale mais le combat était perdu d’avance. La dernière loi contre la sorcellerie n’a été abrogée qu’en 1951.

Mais parlons maintenant des sorcières du 20ème siècle. De quel genre de personnes s’agit-il ?

Nous ne sommes que des personnes ordinaires ayant des emplois ordinaires. Il y a parmi nous des médecins, des enseignants, des hommes d’affaires, des agriculteurs, des infirmières, des acteurs, des employés de bureau et des femmes au foyer. La plupart d’entre nous a étudié les religions comparées. Nous n’essayons pas de convertir d’autres personnes mais nous encourageons les gens à s’intéresser à la sorcellerie. Nous n’acceptons pas toutes les candidatures de ceux qui veulent se joindre à nous.

Il est difficile d’estimer notre nombre car nous ne connaissons pas tous les covens, mais il semblerait que de plus en plus de personnes s’intéressent à la sorcellerie. Je pense qu’une des explications est que les gens n’arrivent pas à trouver de satisfaction spirituelle dans les religions organisées.

Pourquoi sommes sorcières ? Je pense que c’est parce que nous savons que c’est la meilleure voie pour nous.

La sorcellerie est un culte de la fertilité : nous adorons la source de vie. Notre dieu, toujours le vieux dieu cornu, représente pour nous à la fois la vie et la mort. Nous ne le craignons pas car nous croyons en la réincarnation. Nous nous retrouvons normalement chaque mois lunaire et nous observons toujours les quatre grands Sabbats.

La Chandeleur était à l’origine la fête des lumières, elle était célébrée le 1er février avec un feu cérémoniel et était liée avec le retour de la déesse du monde de sous terre et avec la renaissance de la nature au printemps. La veille de Mai ou Beltane était un festival du feu et il était organisé au début de l’été pour stimuler le soleil source de vie.

A Halloween les bergers répétaient les rites de Beltane pour inaugurer l’hiver.

Yule était célébré au moment du solstice d’hiver, le tournant de l’année, la renaissance du soleil et le renouveau de la fertilité.

Je pense que l’on sait que nous sommes nus lors de nos rites. Cela a été source de désapprobation mais il me semble évident que les gens peuvent être tout aussi amoraux avec ou sans vêtements. Les femmes sorcières portent toujours un collier, un symbole de renaissance, et la grande prêtresse porte un gros bracelet d’argent avec son nom de sorcière gravé dessus.

Dans notre cercle l’autel est orienté est-ouest. Nous pratiquons nos rites : nous dansons, nous chantons puis nous nous asseyons et nous discutons.

Nous essayons d’aider ceux qui ont des problèmes qu’ils ne peuvent pas régler eux-mêmes. De nombreuses personnes écrivent pour demander notre aide. Nous répondons à toutes les lettres où l’on nous demande de l’aide. Souvent nous nous contentons d’envoyer les gens chez un conseiller matrimonial. En cette époque de science, de médecins, de psychiatres, de vétérinaires, d’assistance légale, de médecines officielles et d’ordinateurs, on pourrait penser qu’il n’y a plus de place pour la sorcière. Mais le soleil se lève toujours le matin, il se couche le soir et la lune veille sur nous la nuit. Les saisons succèdent aux saisons et la vie revient dans les champs, chez les animaux et chez les hommes. Et si le soleil ne se levait plus et ne se couchait plus, s’il n’y avait plus de soleil, à quoi servirait la science ? La source de vie ne serait plus là.

Nous les sorcières du 20ème siècle sommes heureuses de ce que nous savons. Nous sommes des gens simples avec des croyances simples. Nous savons que quoi qu’il arrive, « un nouveau soleil se lèvera demain ».