Modèle:Prochaines célébrations/Samhain
De Wiccapedia
Extraits des recherches sur Samhain de Janet et Stewart Farrar[1]
- La Veillée du 1er Novembre, début de l’Hiver celtique, est la contrepartie sombre de la Veillée de Mai qui accueille l’Eté. Davantage encore que cela, pour les Celtes le premier Novembre était le début de l’année elle-même, et les festivités de Samhain marquaient la veillée du Nouvel An, ce moment mystérieux qui n’appartient ni au passé ni au présent, ni à ce monde, ni à l’Autremonde. Samhain (que l’on prononce Saow-ynn) est le nom Gaelique du mois de Novembre ; Samhuin (prononcé Sav-enye) est le mot Gaelique pour désigner la Toussaint, le 1er Novembre. Chez les Gaulois, on parlait de Samonios.
- Les bergers d'antan ne pouvaient continuer à soigner leurs troupeaux tout entiers pendant l'hiver, ils gardaient donc en vie un minimum de bêtes susceptibles d’engendrer, et le reste était abattu, la viande salée – seule manière à l’époque de préserver de la viande. (Et origine possible de l’usage traditionnel du sel en magie comme « désinfectant » préservant de tout mal psychique ou spirituel ?) On procédait aux abattages et aux salaisons aux alentours de Samhain, et il n’est pas difficile d’imaginer à quel point cette période était critique. Avait-on sélectionné les bonnes bêtes – et en nombre suffisant ? L’hiver à venir serait-il long et rigoureux ? Et si c’était le cas, le bétail survivrait-il, et la viande stockée suffirait-elle à nourrir la communauté ?
- Les champs aussi devaient tous avoir été moissonnés avant le 31 Octobre, et tout ce qui était encore à récolter était abandonné sur place à cette date à cause du Pooka, un gobelin changeur de formes vivant la nuit, et qui n’aimait rien tant que tourmenter les humains, notoirement connu pour passer la nuit de Samhain à détruire et contaminer tout ce qui restait à moissonner. Le déguisement favori du Pooka semble avoir été la forme d’un horrible cheval noir.
- A l’incertitude économique s’ajoutait un sentiment de sensibilité psychique, car au tournant de l’année – l’ancienne en train de mourir, la nouvelle encore non-née – le Voile était très fin. Les portes du Sidh étaient ouvertes, et cette nuit-là ni les humains ni les fées n’avaient besoin de mot de passe pour aller et venir entre les deux mondes. Cette nuit-là également, les fantômes des proches et amis décédés cherchaient la chaleur du feu de Samhain et la communion avec les vivants qui leur étaient chers. C’était Féile na Marbh, (prononcé fayleuh neuh morv) la Fête des Morts, et également Féile Moingfhinne (prononcé fayleuh mong inneuh), la Fête de Celle aux Cheveux Blancs, la Déesse de la Neige. C’était « un retour partiel au Chaos Primordial… la dissolution de l’ordre établi, en prélude à sa re-création dans une nouvelle période de temps ».[2]
- Samhain était donc d’un côté un temps de sacrifice, de divination et de communion avec les morts, et d’un autre côté, une fête de boisson et de bonne chère désinhibée, l’affirmation de la vie et de la fertilité, un défi lancé à la tête même de l’obscurité en train de se refermer sur le monde.
- La nuit des feux d’artifices et des brasiers en Irlande est encore Hallowe’en, et certaines de ses survivances inconscientes sont remarquables. Quand nous vivions à Ferns dans le Comté de Wexford, beaucoup des groupes d’enfants qui nous tendaient des embûches à Hallowe’en en demandant des pommes, des noix ou « de la monnaie pour le Roi, de la monnaie pour la Reine » comptaient un gamin masqué jouant le rôle de « L’Homme en Noir ». Il nous défiait en disant « Je suis l’Homme en Noir, me connaissez-vous ? » et nous devions répondre « Nous te connaissons, mais tu es l’Homme en Noir. » Nous nous sommes demandé si les enfants réalisaient que l’une des accusations récurrentes dans les procès en sorcellerie des périodes de persécution étaient que l’Homme en Noir était le Grand Prêtre du Coven, dont l’anonymat devait être obstinément préservé.
- En Ecosse et au Pays de Galles, c’était l’usage d’allumer des feux de Samhain privés au sein des familles ; on les appelait Samhnagan en Ecosse et Coel Coeth au Pays de Galles, et les foyers étaient construits pour plusieurs jours, près de la maison, au point le plus élevé possible. C’était une coutume assidûment suivie, jusque tout récemment, bien qu’entre temps ce soit devenu, comme le feu de joie anglais, une célébration plutôt enfantine. L’habitude des feux d’Hallowe’en a survécu également sur l’Ile de Man.
- L’aspect divinatoire de Samhain est compréhensible pour deux raisons. La première, est que le climat de sensibilité médiumnique de la saison y était propice ; et la seconde, que l’anxiété concernant l’hiver à venir exigeait des réponses. A l’origine les Druides étaient « repus de sang frais et de la viande jusqu’à ce qu’ils entrent en transe et se mettent à prophétiser », rendant des oracles concernant la tribu pour l’année à venir ( Cottie Burland, The Magical Arts ) ; mais la survivance du folklore rendit la divination plus personnelle. Les jeunes filles en particulier ont cherché à cette date à identifier leur futur mari, en observant comment se comportaient des noix mises au feu ( voir ci-dessus ) et dans quelle direction elles sautaient ou en conjurant l’image du promis dans un miroir. Dans le comté de Donegal, une fille pouvait laver sa chemise de nuit trois fois dans l’eau courante et la suspendre devant le feu de la cuisine pour qu’elle sèche, à minuit durant la veillée de Samhain, en laissant la porte ouverte ; son futur époux se sentirait poussé à entrer et à retourner le vêtement. Une formule alternative dit que l’eau de lavage devait être prise « dans un puits devant lequel passent les cortèges de mariages et de funérailles ». Une autre méthode répandue pour les filles intéressées était de poser sur la table un repas très appétissant, auquel l'ombre du futur époux viendrait et, ayant consommé des aliments, serait lié à elle. ( L'ombre est bien sûr la projection du corps astral, ce qui implique qu’à Samhain non seulement le voile entre la matière et l’esprit est très fin, mais que le corps astral aussi est moins fermement attaché au corps physique ).
- Les noix et les pommes d’Hallowe’en conservent encore leur aspect divinatoire dans la tradition populaire ; mais comme la collecte de noix de Beltaine, leur but originel avait trait à la fertilité, car Samhain aussi était un moment de liberté sexuelle assumée. Cet aspect rituel concernant la fertilité se reflète, comme on peut s’y attendre, dans les légendes des Dieux et des Héros. Le Dieu Angus mac Òg, et le Héros Cu Chulainn, ont tous deux eu des aventures de Samhain avec des femmes ayant la capacité de se métamorphoser en oiseaux ; et c’est à Samhain que le Dagda ( le « Bon Dieu » ) s’est accouplé avec la Morrigan ( l’aspect sombre de la Déesse ) alors qu’elle longeait la rivière Unius, et également avec Boann, la Déesse de la rivière Boyne.
- Samhain a toujours été et est toujours une fête délurée et chaleureuse, une Nuit de Méfaits, le début du règne de ce Seigneur des Méfaits qui s’étend traditionnellement de Samhain à Candlemas, avec un certain sérieux sous-jacent, cependant. Il ne s’agit pas de succomber au désordre, mais, quand l’Hiver commence, nous regardons le « Chaos primordial » en face afin de discerner en lui les germes d’un ordre nouveau. En le défiant, et en riant même avec lui, nous proclamons notre foi en la Déesse et le Dieu qui ne permettront pas, par leur essence même, que le Chaos nous engloutisse.
Sources
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