Le Graal, l'Epée et le Triskele : un exemple de fécondation druidique

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Le Graal, l'Epée et le Triskele : un exemple de fécondation druidique

Manon Dufour


Voyons quelques-uns des principaux objets, symboles primordiaux, ayant contribue a rendre si riche la mythologie des Celtes et à faire de la légende arthurienne un véritable culte druidique. Le Graal constitue l'élément essentiel de la quête légendaire du peuple celte représentée symboliquement à travers l'épopée arthurienne. II serait aisé de croire que cet objet n'obtient son véritable sens que dans une perspective chrétienne. II réfère au calice de la Cène dans lequel aurait été recueilli le sang des plaies de Jésus à sa crucifixion et qui aurait été apporté plus tard en terre anglaise par Joseph d'Arimathie. En outre, ce n'est que tardivement qu'apparaît dans la littérature médiévale la première version complétée de la Quête du Graal. "Une étape importante sera franchie par Robert de Boron, chez qui le Graal est véritablement christianisé [...]". (Régnier-Bohler, 1989 : XV.)

Cependant, bien avant la christianisation du druidisme, un vase d'un grand raffinement artistique et empreint de religiosité, avait déjà été confectionné par une peuplade celte. Découvert en 1891, dans un marécage près du village de Gundestrup au Danemark, on a situé la création de ce vase au premier siècle avant notre ère. Christiane Éluère, dans son ouvrage intitulé L'Europe des Celtes, nous dira ceci à ce propos : "Sa fabrication est probablement d'origine balkanique, à la périphérie orientale du monde celtique dont il synthétise une grande partie de la mythologie. " (Éluère, 1992 : 117.) Le chaudron de Gundestrup est bel et bien celtique et contient à lui seul les principales caractéristiques religieuses que I'on reconnaît au druidisme.

L'épée, tant pour les chrétiens que pour les Celtes, incarne les propriétés symboliques, guerrière et phallique, que l'on associe généralement à la masculinité. "Arme symbolisant à la fois la force guerrière et la Lumière triomphant des ténèbres, l'épée manifeste la Parole et la puissance solaire dont elle semble être un rayon." (Thibaud, 1995 : 139.) Mais l'analyse de la mythologie celtique nous incite à préciser cette brève définition. En effet, c'est d'une épée particulière dont il est question dans la légende arthurienne. Excalibur permettra à Arthur d'être intronisé, de régner avec la sagesse druidique et de gagner, sans trop de dommage, la plupart de ses combats. L'épée magique est investie d'une puissance druidique qui reconnaît l'agressivité, la force guerrière et l'honneur comme des attributs divins et religieux.

"Quelle que soit la situation dans laquelle eIIe est employée, quel que soit le héros qui la possède, Excalibur représente la Connaissance triomphant des ténèbres, la sagesse, et la puissance des druides, inutilisable pour tous ceux qui ne la méritent pas. C'est un grand symbole ésotérique. " (Thibaud, 1 995 : 146.)

Comme le précise Markale en parlant des travaux de Jessie Weston : "[...] si la lance qui saigne représente le principe masculin, le Graal, c'est-à-dire la coupe, représente le principe féminin. Ce serait donc l'union de ces deux principes qui redonnerait au pays du Graal, dévasté et stérile, sa richesse et sa fécondité d'antan." (Markale, 1992a : 249.) De plus. féminité, sexualité et fécondité semblaient déjà inséparables pour les Celtes sur le plan conceptuel."Le symbolisme sexuel de l'objet Graal est certain : c'est une coupe, et comme telle, elle est I'image du sein dispensant la nourriture. [...] Et en fait, plutôt que l'image du sein, le Graal-coupe représente l'utérus de la Déesse-Mère, qui donne la vie à toutes les créatures du Monde, à condition d'être fécondé." (Markale, 1992a : 249.)

Le Graal, tout comme le chaudron de Gundestrup, incarne le principe même de la féminité pour le druidisme. Il est ['élément du féminin récepteur ou l'ovule symbolique nécessaire a l'équilibre des lois de la Nature et le déterminant fondamental des cycles de la fécondité. La présence de l'épée sacralisée ou Excalibur dans la légende arthurienne suppose l'intervention du principe masculin émetteur, phallique et druidique, pour la fécondation du mythe religieux. Mais la compréhension de ce processus de fécondation n'est possible qu'en se référant au symbole par excellence de la philosophie religieuse du druidisme, le triskèle. Ainsi, ce vestige de l'archéologie celtique ne peut être occulte de l'étude des objets sacrés, bien que non présenté concrètement, mais plutôt symboliquement, dans la légende arthurienne.

Ce symbole que l'on retrouve un peu partout dans la documentation archéologique celtique est constitué de trois spirales se réunissant pour former dans l'ensemble un aspect triangulaire. Chaque spirale représente les cycles de l'existence, le mouvement continu des lois de la nature et I'essence énergétique de toute forme de vie.

En cela, elle représente parfaitement "le Trois en Un", c'est-à-dire l'hydrogène, composant majeur de l'univers, que l'on sait associé au feu, à l'air et à l'eau. Ces trois éléments constituent, en effet, la Trinité créatrice primordiale sur notre plan terrestre. (Reznikov, 1994 : 171.) Même si ces principes scientifiques n'étaient pas connus à cette époque, il demeure que les Celtes ont démontré une forte intuition de la compréhension du monde et de son fonctionnement. "D'une façon générale, les triades sont innombrables et la notion de triple est "universelle et constitutive du monde celte". " (Persigout, 1990 : 290.) Que ce soit par un intérêt marqué pour l'astronomie ou par leur philosophie religieuse naturaliste, ce qui importe plus particulièrement, c'est l'attachement des Celtes pour le principe de la trinité ; symbole du processus de la Fécondité druidique. À titre d'exemple, dans la légende arthurienne, le triskele pourrait très bien représenter les propriétés symboliques du sang qui lie, sur le plan conceptuel, le Graal et Excalibur. Non seulement l'essence de la vie humaine, le mouvement continu de la nature et l'immortalité sont-ils des attributs symboliques que I'on associe au sang, mais, de plus, ces caractéristiques se confondent avec la définition mythologique du triskèle. Quoi qu'il en soit, pour se prononcer à ce sujet, il se révèle important d'étudier la légende du roi Arthur dans une perspective religieuse.