Le Clan de Cain Tubal (Texte de Rosemary Ellen Guiley)

De Wiccapedia

Le Clan de Cain Tubal

Rosemary Ellen Guiley

Traduction Tof et Rowan Fleur de Sorbier


Le Clan of Cain Tubal est fondé en Angleterre dans les années 1950 par Robert Cochrane. Il s’agit d’une tradition sorcière influente, s’appuyant sur les mystères, dont le nom provient du légendaire forgeron hébreu éponyme Robert Cochrane n’a pas prévu que sa tradition devienne une religion. Ses concepts furent adoptés en Amérique par la Tradition 1734 puis absorbés par L’Ancient Keltic Church, anciennement Tradition Roebuck.

Affirmant descendre d’une longue lignée de sorcières héréditaires, Cochrane a travaillé comme forgeron, et a aussi vécu sur une péniche. Les racines du Clan plongent donc dans la tradition familiale de Cochrane, ainsi que dans le folklore découlant des activités exercées durant sa vie : la forge et la navigation.

Fatigué par les tirades contre la sorcellerie véritable rédigées par des journalistes mal informés, il requiert l’anonymat afin de préserver sa femme et son enfant pour son article « La Sorcellerie Véritable » paru le 08 novembre 1963 dans le Psychic News. Selon lui, la sorcellerie n’est pas une religion de la fertilité mais une tradition à Mystères.

Voici quelques extraits de cette lettre :

Je suis une sorcière descendant d’une famille de sorcières. La sorcellerie véritable n’est pas le paganisme, bien qu'elle conserve le souvenir de la foi antique.

C’est une religion mystique dans son approche, et puritaine dans son attitude. C’est le dernier véritable culte à Mystères survivant. Elle a une philosophie très complexe et évoluée, ayant de fortes affinités avec de nombreuses croyances chrétiennes. Le concept d’un dieu sacrifié n’étant pas nouveau dans le monde antique, il ne l’est pas pour une sorcière.

Le mysticisme ne connaît pas de frontière. La sorcière véritable est une mystique de coeur. Une grande partie de l’enseignement de la sorcellerie est subtile et plus proche d’un concept poétique que de la logique pure. Je viens d’une vieille famille sorcière. Ma mère m’a enseigné des choses enseignées à sa grand-mère par sa grand-mère. J’ai deux ancêtres qui ont été pendus pour avoir pratiqué la sorcellerie. Le désir de puissance peut avoir été le motif de la persécution des sorcières...

[Cochrane explique que, durant les croisades aux XIIIe et XIVe siècles, des idées islamiques ont infiltré des covens de sorcières, et que les sorcières venaient aussi bien de classes supérieures que de classes plus modestes.]

Un principe de base de la magie psychologique grise des sorcières est que votre adversaire ne devrait jamais avoir une opinion claire à votre sujet, mais qu’il doit toujours rester indécis.

Cela vous donne un plus grand pouvoir sur lui, car l’indécis est toujours le plus faible. C’est probablement de cette attitude qu’est venue une grande confusion sur le long chemin de l’histoire [...]

[Cochrane explique ensuite que les sorcières ne font pas partie d’un mouvement pré-Spirite et, qu’à l’origine, elles ne sont pas concernées par des messages venant de personnes décédées ou par leur moralité.]

[…] Elle [la sorcellerie] s’occupe de l’action de Dieu et des dieux vis-à-vis de l’homme et de la position spirituelle de l’homme. »

Cochrane préfère le terme de clan à celui de coven affichant un mépris évident envers Gerald B. Gardner et ses partisans.

La structure du Clan est floue. Les rituels de nature chamanique sont pratiqués dans la nature et improvisés par Cochrane. Lorsque cela est possible, les participants sont vêtus d’une cape à capuchon noire. Les contacts avec les plans intérieurs et l’alignement avec les forces naturelles constituent la base des travaux magiques.

Le Clan adore la Déesse et le Dieu Cornu et célèbre des Sabbats et Esbats identiques aux Traditions Gardnerienne et Alexandrienne, dominantes à cette époque.

Les principaux outils de travail sont le Stang (un bâton fourchu représentant le Dieu Cornu), un chaudron pour la Déesse, une coupe en corne, une corde et une pierre à aiguiser. Il n’y a qu’un seul degré d’initiation.


Cochrane aime utiliser des plantes psychotropes dans sa propre pratique, sans toutefois savoir si les membres du Clan agissent de même. Le contenu sacré du Chaudron était l’Aqua Vitae (l’Eau de Vie mêlée à de l’amanite tue-mouches ou du peyotl).

Jamais le Clan n’a compté beaucoup de membres. Lorsque Doreen Valiente est initiée en 1964, il compte Cochrane (comme Magister), Jane (son épouse) et trois hommes. Peu auparavant, une femme s’était retirée. Puis, plus tard, deux femmes rejoignent le Clan.

Dans les années 1960, Cochrane commence à rédiger des articles pour « The Pentagram », un magazine ayant eu une période de parution très brève. Une Sorcière Américaine nommé Joe Wilson publie une annonce signalant qu’il recherche des correspondants. Suite à la réponse favorable de Cochrane, un intense échange épistolaire s’établit entre les deux hommes durant les 06 mois ultérieurs au décès de Cochrane. Ce dernier aurait rendu son dernier souffle lors d’un suicide rituel à l’occasion du solstice d’été en 1966.

Dans sa première lettre adressée à Wilson en date du 20 décembre 1965, Cochrane demande si son interlocuteur comprend la signification de « 1734 ». Il ne s’agit pas une date mais d’un « groupe de chiffres qui a une signification pour une sorcière ».

Cochrane explique que « 1734 » est la façon pour une sorcière de dire « YHVH » (Yod He Vau He), le Tétragramme ou nom le plus sacré de Dieu :


- L’un (1) devient sept (7) : nombre des états de sagesse représentés par la Déesse du Chaudron,

- Les trois (3) Reines des Eléments (l’eau, l’air et la terre – le feu appartenant à l’homme),

-Les quatre (4) Reines des Dieux du Vent.


Cochrane estime que l’Amérique a de bonnes bases mystiques : « les étoiles sur le drapeau américain sont des pentagrammes » souligne-t-il.

De plus, il apprécie son échange avec Wilson au point de lui transmettre sa philosophie et certains rites.

L’enseignement de Cochrane passe par devinette, poème, image rêvée, et mystère. « Il n’y a pas de technique d’enseignement forte et rapide, pas d’écrit ou de loi, car la sagesse ne vient qu’à ceux qui la méritent, et ton professeur c’est toi que tu vois à travers un miroir sombre » explique-t-il à Wilson. Il signe plusieurs de ses lettres par « Flags Flax and Fodder » (Chaume, Lin et Fourrage). Une bénédiction par l’eau, l’air et la terre selon lui.

Vers la fin de sa vie, Cochrane conçoit un code d’éthique sorcière :

- Ne fais pas ce que tu désires, fais ce qui est nécessaire. - Prends tout ce qui t’est donné, donne tout de toi. - Ce que j’ai, je le garde ! - Quand tout est perdu, et pas avant, prépare-toi à mourir dans la dignité… et retourne dans le ventre de la Sombre Déesse pour donner vie à une autre tentative jusqu’à ce que la roue de renaissance soit finalement brisée.

Après la mort de Cochrane, Wilson (décès en 2004) fonde la Tradition 1734. En 1969, il voyage en Angleterre dans le cadre de son travail pour l’US Air Force et rencontre certains membres du Clan. La Tradition 1734 est une famille de covens non initiatique dont la base provient du Clan de Tubal Cain et intégre des enseignements et des idées de courants tels que ceux de la Wicca et du Paganisme. Il est possible de rejoindre cette Tradition sans être initié par un ancien.

En 1976, les Américains, David et Ann Finnin fondent la Tradition Roebuck basée sur la Tradition 1734. En 1982, le magicien anglais William S. Gray, un ami de Cochrane, met les Finnin en relation avec Evan John Jones, un des membres du clan originel. Les Finnin suivent un apprentissage de deux ans avec Jones avant leur adoption par le clan et son transfert aux USA. Ainsi en 1989, la tradition Roebuck devient l’Ancient Keltic Church, basée à Tujunga, Californie.