A L’Ile de Man L’Internationale des Sorciers adopte le Disque Jeteur de Sorts

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A L’Ile de Man L’Internationale des Sorciers adopte le Disque Jeteur de Sorts

Hubert Giraud, Noir & Blanc du 01-08-1951


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Il y a quelque temps, une étrange conversation téléphonique avait lieu entre un monsieur qui se trouvait, à Londres et une dame habitant la Suisse.

- Allô ! disait le monsieur, viendrez-vous sur votre balai ?

- Non, répondait la dame, je viendrai par la British European Airways...

Le londonien, était M. Cecil N. Williamson, grand maitre et organisateur du Congrès annuel des Sorciers, la dame, une magicienne suisse et la conversation, la preuve éclatante que les Anglais, même sorciers, conservent le sens de l’humour.

Pourtant ce Congrès international de la Sorcellerie et une réunion fort sérieuse dont les participants venus de tous les pays du monde pour confronter leurs découvertes et communier dans des rites mystérieux, sont loin d'être des plaisantins. On y trouve des professeurs, des avocats, des médecins, des écrivains et même un secrétaire du gouvernement britannique. D’autres sont sans profession mais leur aspect n’a rien d’exceptionnel, les sorciers ne se différencient plus du commun, comme l’explique M. Williamson, que par leurs dons cachés et leur savoir secret. La sorcière classique avec sa mâchoire édentée, son nez crochu et son antre repoussant n’existe plus. Au contraire, parmi celles qui participèrent au récent congrès, il en était, parait-il, de fort belles. L’une est une femme du monde célèbre...

Ce véritable sabbat moderne s’est tenu dans l’Ile de Man où M. Cecil N. Williamson, qui dirige par ailleurs une importante firme de cinéma, possède un moulin à vent et une caverne, deux accessoires indispensables à certains rites magiques. Le secret le plus absolu entoure les réunions d’initiation, d’envoutement et d’ensorcellement qui eurent lieu dans un endroit « inaccessible » aux gens normaux... Précaution utile lorsqu’on sait qu’en Angleterre les pratiques de sorcellerie sont sévèrement punies.

Au cours de séances de travail pour lesquelles le huis clos n’était pas nécessaire, des reliques étranges furent montrées aux sorciers. Entre autres, le pied momifié d’un Egyptien qui aurait été guéri par un magicien il y a quelques milliers d’années.

Mais on révéla aux congressistes que ce pied avait le pouvoir de tuer quand on ne le gardait pas « sous une bonne influence », et une « concentration » spéciale fut exigée d’eux...

A l’issue du Congrès, fut tracé un cercle magique selon le dessin du fameux Dr Dee, sorcier de la reine Elizabeth qui, dit-on, suscita l’orage qui devait disperser l’Armada Espagnole.

Au centre de ce cercle, dont l’influence dans le monde doit être énorme, fut placé un autel de pierre recouvert des signes cabalistiques que les sorciers se transmettent depuis des siècles.

On y plaça neuf chandeliers, de la terre noire spécialement importée, l’oeil d’Horus, la baguette et la coupe des magiciens, enfin quatre ailes blanches de cygne.

Quand tout fut terminé, les membres présents de la seule secte au monde capable de doter le cercle de puissance, demeurèrent seuls dans la pièce et agirent.

Après un long moment, ils ressortirent pour annoncer que le cercle « rayonnait » désormais dans le monde et que son action bénéfique était commencée.

Pourtant, la chambre qui contient le cercle fut interdite, et seuls quelques rares initiés de haut degré furent admis à y pénétrer. Après le Congrès, M. Williamson fit remplacer la porte par une forte glace fluidique, ce qui permettra, l’année prochaine, à tous les sorciers - quel que soit leur niveau de science - de voir le cercle sans avoir à en craindre les émanations. Il s’agirait d’une sorte de radioactivité très dangereuse pour ceux qui ne peuvent s’en protéger par une force intérieure qu’un travail spécial permet d’acquérir.

- Ce cercle, assura M. Williamson, empêchera - nous l’espérons - la guerre atomique d’éclater - notre rôle est d’ailleurs de lutter sans cesse contre les forces du mal, représentées sur terre par quelques individus que noue connaissons...

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Pendant leur séjour dans l’Ile de Man, les sorciers se nourrirent de plats préparés suivant des recettes dont le secret est conservé en Grande-Bretagne par quarante sorcières. Ces quarante femmes, qui appartiennent, elles aussi à la meilleure société anglaise, connaissent toutes les formules d’envoutement et de magie contenues dans les livres sacrés. Elles ne s’en servent que pour faire le bien, guérissant par exemple les malades, ou ramenant l’infidèle au foyer détruit : mais elles pourraient aussi bien jeter des sorts avec des desseins beaucoup moins charitables.

Bien entendu, leur famille et leurs plus intimes amis ignorent tout de cette activité occulte. Dans certaines régions, si ces pratiques étaient connues, les pauvres femmes devraient prouver leur innocence en sortant indemnes de l’épreuve qui consiste à être roulée dans un tonneau dont l'intérieur est garni de clous comme les planches de fakir

Loin d’être pourtant des compagnes de Satan comme les sorcières de jadis, elles s’abstiennent de jeter des malédictions et s’intéressent surtout à la Théologie psychique. Quelques séances du Congrès furent d'ailleurs consacrées à cette discipline ainsi qu’à la relation avec les esprits.

D’autres débats portèrent sur l’usage que l’on pouvait faire de la sorcellerie dans le monde actuel. Et M. Williamson soutint que les sorciers pouvaient parfaitement utiliser la technique moderne pour augmenter le rayonnement de leur puissance. Il le prouva en faisant entendre des disques d’envoûtement. Il s’agit d’enregistrements de magiciennes jetant des sorts ou récitant le rituel de l’invocation des esprits.

Comme on lui objectait qu’il ne pouvait s’agir là tout au plus que d’un moyen de garder intactes quelques formules, il démontra que ces disques conservaient non seulement la voix, mais encore la puissance du sorcier. Plusieurs prodiges eurent lieu « commandés » par les disques.

On ignore tout des envoûtements « bénéfiques » (puisque ces sorciers se défendent de faire le mal) pratiqués pendant le Congrès dans l’Ile de Man; mais il est certain que de nombreuses figurines de cire furent transpercées chaque soir, au douzième coup de minuit. S’agissait-il seulement de « sacrifices symboliques » ?

Quoi qu’il en soit, ce Congrès sorciers est pour nous extrêmement instructif. Il prouve qu’en 1951, quantité d’hommes et de femmes mènent une double vie et sortent de leur bureau, de leur prétoire ou de leur clinique pour s’enfermer dans un laboratoire de sorcellerie, afin d’y essayer des formules magiques. Il révèle en outre que ces sorciers modernes s’intéressent activement ans grands événements internationaux et que des combats mystérieux et insoupçonnés (et peut-être efficaces) se livrent sans bruit d’une extrémité à l’autre du monde, entre sorciers noirs et mages blancs...

Tout cela semble bien loin de nous. Qui sait si nous n’en sommes pas l’enjeu ?