Le Tarot de Thoth

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Le Tarot de Thoth

Aleister Crowley et Lady Frieda Harris

Traduction Tof et Xavier


0. Le Fou

La caractéristique réellement importante de cette carte c’est son chiffre, ce doit être le 0. La carte représente donc le Négatif au-dessus de l’Arbre de Vie, la source de toutes choses. C’est le Zéro Kabbalistique. C’est l’équation de l’Univers, l’équilibre initial et final des contraires. L’Air, dans cette carte, est donc spécifiquement un vide.

Dans le jeu de carte médiéval, le nom de la carte est Le Mat, un mot qui vient de l’italien Matto, signifiant l’aliéné ou le fou, on reparlera plus tard des propriétés de cette appellation. Mais il y a une autre théorie, ou, pourrait-on dire, une théorie complémentaire. Si l’on part du présupposé que le Tarot est d’origine égyptienne, on peut penser que ce Mat (cette carte est la carte-clé du jeu représente en réalité Maut, la déesse vautour, qui est une mutation du concept de Nuit, antérieure et plus sublime qu’Isis.

Il y a deux légendes liées au vautour. Il est censé avoir un cou en forme de spirale, ce qui peut éventuellement se référer à la théorie (récemment relancé par Einstein, mais qui figure déjà dans les Oracles de Zoroastre) voulant que l’Univers, la forme de cette énergie qu'on appelle l’Univers, soit en forme de spirale.

L'autre légende raconte que le vautour était censé se reproduire grâce à l’intervention du vent, en d'autres termes, l’élément air est considéré comme le père de toute existence manifestée. On en retrouve un parallèle dans l’école de philosophie grecque d’Anaximène.

Cette carte est donc à la fois le père et la mère, dans la forme la plus abstraite de ces notions. Il ne s’agit pas d’une confusion, mais d’une identification délibérée de l’homme et la femme se justifiant par la biologie. L’ovule fécondé est sexuellement neutre. Ce n’est qu’un déterminant inconnu dans le cours du développement qui tranchera la question.

Il est nécessaire de se faire à cette idée étrange. Dès que l’on songe à l’aspect féminin des choses, pour le contrebalancer l’élément masculin devrait apparaître immédiatement dans le même éclair de pensée. Cette identification est complète en elle-même, philosophiquement parlant, ce n’est que plus tard que l’on examinera la question de la formulation du zéro sous la forme de « + 1 + (-1) ». En faisant cela on abouti à formuler l'idée du Tétragramme.


La Formule du Tétragramme

L’ensemble du Tarot est basée sur l’Arbre de Vie et l’Arbre de Vie est toujours lié au Tétragramme. On peut résumer très brièvement toute la doctrine ainsi :

L’Union du Père et de la Mère produit des Jumeaux, le fils va vers la fille, la fille renvoie l’énergie vers le père et par ce cycle de changements, la stabilité et l’éternité de l’univers sont assurés.

Il est nécessaire, pour comprendre le Tarot, de remonter dans l’histoire jusqu’à l’Ere Matriarcale (et exogamique), à l’époque où la succession n’allait pas au fils premier-né du roi, mais à sa fille. Le roi n’était donc pas roi par héritage, mais par droit de conquête. Dans les dynasties les plus stables, le nouveau roi était toujours un étranger, et qui plus est, il devait tuer l’ancien roi et épouser sa fille. Ce système assurait la virilité et l’aptitude de chaque roi. L'étranger devait conquérir son épouse face à une importante concurrence. Dans les anciens contes de fées, on retrouve sans cesse cette idée. L’étranger ambitieux est souvent un troubadour, il est presque toujours déguisé, souvent sous une forme hideuse. La Belle et la Bête est un conte typique. La fille du roi a aussi souvent un tel déguisement, comme dans l’histoire de Cendrillon ou celle de la Princesse Prisonnière. L’histoire d’Aladin reprend cela sous une forme très élaborée et on y retrouve en plus des détails de techniques magiques. Il y a là la base de la légende du prince errant, et notez bien, il est toujours « le fou de la famille ». Le lien entre la folie et la sainteté est traditionnel. Ce n’est pas pour rien que le crétin de la famille avait tendance à entrer dans les ordres. En Orient, le fou est considéré comme « possédé », un saint homme ou un prophète. Cette identité est si profonde qu’elle est ancrée dans la langue. « Silly », idiot en anglais signifie vide, libre d’air, Zéro. Et le mot vient de l’allemand « selig » signifiant saint, béni. C’est l'innocence du Fou qui le caractérise le plus. On verra plus tard quelle est l’importance de cette fonction de l’histoire.

Pour assurer la succession il a été décidé : premièrement, que le sang royal devrait vraiment être du sang royal et que d’autre part ce sang devait être fortifié par l’arrivée de conquérants étrangers, au lieu de s’affaiblir par une endogamie continuelle.

Dans certains cas, ce système était poussé très loin, il y avait probablement de nombreuses tergiversations au sujet de ce prince déguisé. Ce pouvait très bien être le roi, son père, qui lui avait fourni des lettres très secrètes d’introduction, bref, les manigances politiques existent depuis très longtemps, et existaient déjà à ces époques primitives.

La coutume s’est donc développée et est devenue ce qu’a si admirablement étudiée Frazer dans le Rameau d’Or. (Ce Rameau est sans aucun doute un symbole de la fille du Roi elle-même). « La fille du roi est toute en gloire vêtue de son vêtement tissé d’or. »

Comment cela a-t-il pu évoluer ainsi ?

Il y a pu y avoir une réaction contre ces manœuvres politiques, il peut y avoir eu, dans un premier temps, une glorification du « gentleman cambrioleur », enfin, du simple chef des voleurs, un peu comme ce que nous connaissons de nos jours dans une réaction contre victorienne. Le « prince errant » était scruté de près en fonction de ses lettres de créances, et à moins d’être un criminel en fuite il n’avait pas le droit de concourir, il n'était pas qualifié pour gagner la fille du roi lors d’une concurrence ouverte et vivre dans le luxe jusqu'à la vieille de la mort du roi et lui succéder en paix, il devait tuer le vieux roi de sa propre main.

A première vue, il semblerait que la formule est l'union de la grosse bête blonde très virile avec la princesse très féminine qui ne pouvait pas dormir s’il y avait un petit pois sous ses sept matelas de plumes. Mais tout ce symbolisme se contredit, le doux devient le dur, le rêche devient le lisse. Plus on étudie en détail cette formule, plus les Contraires se retrouvent. La Colombe est l'oiseau de Vénus, mais la colombe est aussi un symbole du Saint-Esprit, c’est-à- dire du Phallus dans sa forme la plus sublimée. Il n'y a donc aucune raison de s'étonner de voir l'identification du père avec la mère.

Naturellement, quand des idées si sublimes se vulgarisent, elles ne parviennent pas à exposer le symbole avec lucidité. Le grand hiérophante, confronté à un symbole parfaitement ambigu, est contraint, juste à cause de sa fonction de hiérophante, c'est-à-dire d’être celui qui manifeste le mystère, de « transmette le message au chien ». Il doit faire cela en présentant un symbole du second ordre, un symbole adapté à la compréhension du second ordre d’Initiés. Ce symbole, au lieu d'être universel, et donc au-delà de l'expression ordinaire, doit être adaptée à la capacité intellectuelle de l'ensemble particulier de personnes que le hiérophante a la charge d’initier. Pour le vulgaire, une telle vérité apparaît donc comme une fable, une parabole ou une légende.

En ce qui concerne la connaissance du symbole du Fou il y a plusieurs traditions bien distinctes, très claires et, historiquement, très importantes.

Ces traditions doivent être considérées séparément afin de comprendre la doctrine unique d’où tout est issu.

« L’Homme Vert » de la Fête du Printemps, le « Poisson d'Avril » et le Saint-Esprit.

Cette tradition représente l'idée originale, adaptée à la compréhension du paysan moyen. L’Homme Vert est une personnification de l'influence mystérieuse qui induit le phénomène du printemps. Il est difficile de dire pourquoi mais c’est comme ça : il y a un lien avec les idées d’irresponsabilité, de libertinage, d’idéalisation, de romance, de rêves merveilleux.

Le Fou renait en chacun de nous avec le retour du printemps, et parce que nous sommes un peu perplexes, un peu gênés, on a jugé bon d’exprimer cette impulsion inconsciente de façon cérémonielle. Il s’agissait d’une façon facile de l’exprimer. On peut dire de tous ces festivals qu’il s’agit de représentations de la forme la plus simple, sans introspection, d'un phénomène parfaitement naturel. On notera tout particulièrement les coutumes de l'œuf de Pâques et du « Poisson d’avril » La précession des Equinoxes a fait que le Printemps débute avec l'entrée du Soleil dans le Bélier, au lieu des Poissons comme c'était le cas avant.)


Le « Grand Fou » des Celtes (Dalua):

Il s'agit d'un progrès considérable sur les phénomènes purement naturalistes décrits plus haut car dans le concept du Grand Fou il y a une doctrine précise. Le monde est toujours à la recherche d'un sauveur et la doctrine en question est philosophiquement plus qu'une doctrine, c'est un fait évident. Le salut, quoi que salut puisse signifier, ne doit pas être obtenu par des modalités raisonnables. La raison est une impasse, la raison c’est la damnation. Seule la folie, la folie divine, offre une solution. La loi de l’Assemblée Nationale ne servira à rien dans ce cas, le législateur peut être un chamelier épileptique comme Mohammed, un arriviste mégalomane de province comme Napoléon, ou même un exilé, sans beaucoup d’instruction et vivant dans un grenier à Soho, comme Karl Marx. Ces personnes n’ont qu’une seule chose en commun entre elles, ils sont tous fous, c’est-à-dire inspirées. Presque tous les peuples primitifs possèdent cette tradition, au moins sous une forme diluée. Ils respectent le fou errant, car il est peut-être le messager du Très-Haut. « Cet étranger bizarre ? Traitons-le bien. Peut être que sans le savoir nous avons affaire à un ange ».

La question de la paternité est étroitement liée à cette idée. Un sauveur est nécessaire. Quelle est la seule chose certaine à propos des qualifications de ce sauveur ? Il ne doit pas être un homme ordinaire. (Dans les Evangiles les gens refusaient l'affirmation que Jésus était le Messie car il venait de Nazareth, une ville que tout le monde connaissait, parce qu’on connaissait sa mère et sa famille, bref, il ne pouvait pas être candidat au rôle de Sauveur). Le sauveur doit être une personne particulièrement sacrée, il est à peine crédible qu’il soit un être humain. Sa mère doit au moins être une vierge, et, pour correspondre à cette merveille, son père ne peut pas être un homme ordinaire, ce ne peut être qu’un dieu. Mais comme un dieu n’est pas fait de chair, ce doit être la matérialisation d'un dieu. Bien, ce peut être le dieu Mars sous la forme d'un loup, ou Jupiter sous celle d’un taureau, d’une pluie d'or ou d’un cygne, ou encore Jéhovah sous la forme d'une colombe ou une autre créature fantastique, il prend de préférence l’apparence d’un animal. Il existe d'innombrables formes de cette tradition, mais elles s’accordent toutes sur un point: le sauveur ne peut apparaître que comme état le résultat d'un évènement extra-ordinaire, tout à fait à l’opposé d’une situation normale. S’il y a la moindre suggestion de normalité il ne peut plus être question de sauveur. Mais comme il faut avoir une certaine image concrète de ce sauveur, la solution générale est de le présenter comme le Fou. (On retrouve des tentatives pour atteindre cet état dans la Bible. Pensez au « manteau multicolore » de Joseph et de Jésus. C’est l'homme différent, celui qui libère son peuple de l'esclavage.)

On verra plus tard comment cette idée est liée à celle du mystère de la paternité ainsi qu’à celle de l'iridescence du mercure alchimique dans l'une des étapes du Grand Œuvre.


« Le Riche Pêcheur » : Perceval.

La légende de Perceval, partie intégrante du Mystère du Sauveur Dieu-Poisson et de celui du Sangraal ou Saint-Graal, dont l’origine est contestée. Il apparait certainement tout d'abord, en Bretagne, la terre bien-aimée de la Magie, le pays de Merlin, des druides, de la forêt de Brocéliande. Des érudits pensent que la forme galloise de cette tradition, qui donne beaucoup de son importance et de sa beauté au cycle du roi Arthur, est encore plus ancienne. Ca n’a pas de lien, avec ce qui nous intéresse ici mais il est essentiel de réaliser que cette légende, comme celle du Fou, est d'origine purement païenne, mais nous est parvenue dans sa version latino-chrétienne : il n’y a aucune trace de ces idées dans les mythologies nordiques. (Perceval et Galaad étaient « innocente : il s’agit de la condition du Gardien du Graal). Notons également que Monsalvat, la montagne de Salvation, la maison du Graal, la forteresse des Chevaliers Gardiens, se trouve dans les Pyrénées.

Il est peut être mieux de présenter ici le personnage de Parsifal, car il représente la forme occidentale de la tradition du Fou et parce que sa légende a été très savamment élaborée par les initiés. (Le déroulement dramatique du Parsifal de Wagner a été structuré par les responsables de l'OTO)

Parsifal dans sa première phase est « Der reine Thor », le Fou au Cœur Pur. Son premier acte est de tuer le cygne sacré. Il s’agit là de la gratuité de l'innocence. Son second acte est de même nature et lui permet de résister aux flatteries des dames dans le jardin de Kundry. Klingsor, le magicien maléfique, qui pensait à remplir les conditions de vie en s’automutilant, voyant son empire menacé, a lancé la lance sacrée (qu’il avait volée sur la Montagne du Salut) contre Parsifal, mais elle est restée suspendue au-dessus de la tête du garçon. Parsifal a attrapé la lance, en d'autres termes, il a atteint la puberté. (On verra cette transformation plus bas dans d’autres fables symboliques.)

Dans le troisième acte, l’innocence de Parsifal s’est transformée en sanctification, il est le Prêtre initié dont la fonction est de créer, l’action se déroule le Vendredi Saint, le jour des ténèbres et de la mort. Où doit-il chercher son salut? Où se trouve Monsalvat, la montagne du salut, qu’il a cherché si longtemps en vain? Il adore la lance: immédiatement le chemin, qui lui avait été si longtemps interdit, s’ouvre à lui, le paysage se modifie rapidement, il ne lui est pas nécessaire de se déplacer. Il est arrivé au Temple du Graal. Toute véritable religion cérémonielle doit être de caractère solaire et phallique. C'est la blessure d'Amfortas qui a fait disparaitre la vertu du temple. (Amfortas est le symbole du Dieu Mourant.)

En conséquence, pour sauver toute la situation, pour détruire la mort, pour consacrer à nouveau le temple, il n'a plus qu'à plonger la Lance dans le Saint-Graal, il ne rachète pas uniquement Kundry, mais il se rachète aussi lui-même. (Cette doctrine ne peut être véritablement comprise dans son ensemble que par les membres du Sanctuaire Souverain de la Gnose du neuvième degré de l'OTO)


Le Crocodile (Mako, fils de Set ou Sebek).

Cette même doctrine d'innocence maximale se transformant en fertilité maximale se retrouve dans l'Égypte antique dans le symbolisme du dieu crocodile Sebek. La tradition veut que le crocodile n’ait pas d’organe reproducteur lui permettant de perpétuer son espèce (on peut comparer cela avec ce qui a été dit du vautour Maut). Non pas malgré cela mais plutôt à cause de cela, il était le symbole de l’énergie créatrice maximum. (On verra plus tard comment Freud explique cette opposition apparente.)

Une fois encore on fait appel au règne animal pour engendrer le rédempteur. Sur les rives de l'Euphrate les hommes adoraient Oannes ou Dagon, le dieu de poisson. Le poisson en tant que symbole de paternité, de maternité, de perpétuation de la vie en général, revient sans cesse. La lettre « N » (Nun, N en hébreux signifie Poisson) est l'un des hiéroglyphes originaux désignant cette idée, apparemment en raison des réactions mentales créées dans l’esprit par la répétition continuelle de cette lettre. Il y a donc un certain nombre de dieux, déesses et héros éponymes, dont les légendes sont liées aux fonctions de la lettre N. (En ce qui concerne cette lettre, voir le XIII – La Mort.) Le N est lié au Nord et donc avec le ciel étoilé en direction de l’Etoile Polaire ainsi qu’avec le vent du Nord et avec l’Eau. C’est pourquoi la lettre N se retrouve dans les légendes liées au Déluge et aux dieux poissons. C’est Noé qui tient ce rôle dans la mythologie hébraïque. Notons également que le symbole du Poisson a été choisi pour désigner le Rédempteur ou Phallus, le dieu par la vertu duquel l'homme traverse les eaux de la mort. Dans le Sud de l’Italie et ailleurs, le nom commun de ce dieu est aujourd'hui Il pesce. Et son homologue féminin, kteis, est représentée par le Vesica Pisciss, la vessie du poisson et on retrouve régulièrement cette forme dans de nombreux vitraux d’églises et sur l’anneau pontifical.

Dans la mythologie du Yucatan, c’étaient les « anciens recouverts de plumes qui émergeaient de la mer ». Certains ont vu dans cette tradition une référence au fait que l'homme est un animal marin, notre appareil respiratoire possède encore des branchies atrophiées.


Hoor-Pa-Kraat

On arrive à une théogonie très sophistiqué, un symbole parfaitement clair et concret de cette doctrine apparait. Harpocrate est le Dieu du Silence et ce silence a une signification très spéciale.

Kether est là en premier, l’Etre pur inventé comme un aspect du Rien pur. Dans sa manifestation, il n’est pas Un, mais Deux, il n’est Un que parce qu’il est 0. Il existe, Eheieh, est son nom divin, Eheieh signifie « Je Suis » ou « Je Serai », c’est simplement une autre façon de dire qu’il n’Est Pas, parce que l’Un ne mène nulle part, et c’est de nulle part qu’il vient. Donc, la seule manifestation possible est dans le Deux, et cette manifestation doit se faire dans le silence, parce que le chiffre 3, le chiffre de Binah – Comprendre – n’a pas encore été formulé. En d’autres termes, il n’y a pas de Mère. Tout est dans l’impulsion de cette manifestation et elle doit se produire en silence. C’est-à-dire qu’il n’y a autre chose que l’impulsion, qui est informulée, ce n’est que quand elle est interprétée qu’elle devient le Mot, le Logos. (Voir l’Atout I – Le Silence)

Considérons maintenant la forme traditionnelle d'Harpocrate. C’est un très jeune enfant, il est donc innocent et n’a pas encore atteint la puberté, c’est une forme simplifiée de Parsifal. Il est représenté de couleur rose. C’est l’aube, une once de lumière arrive, mais nous ne sommes pas en pleine lumière, il a une mèche de cheveux noirs qui s’enroule autour de son oreille, c’est l’influence du Très haut qui descend sur le Chakra Brahmarandra (ndt : entre les yeux). L'oreille est le véhicule de l'Akasha, l’Esprit. C’est le seul symbole marquant, c’est la seule chose qui nous indique qu’il n'est plus le bébé dénué de cheveux, parce que c'est la seule tache dans tout ce rose. Mais, d’un autre côté, son pouce est soit contre sa lèvre inférieure soit dans la bouche, ce n’est pas clair. Il y a là une querelle entre deux écoles de pensée, s’il a le doigt contre sa lèvre inférieure, l’accent est mis sur le silence en tant que tel, si son pouce est dans sa bouche, il met l'accent sur la doctrine de Eheieh: « Je serai ». Pourtant, à la fin, ces doctrines sont identiques.

Ce jeune enfant est dans un œuf bleu, ce qui est de toute évidence le symbole de la Mère. Cet enfant n’est, en quelque sorte, pas né. Le bleu est le bleu de l'espace, l’œuf est placé sur un lotus et ce lotus pousse sur le Nil. Mais le lotus est un autre symbole de la Mère et le Nil est aussi un symbole du Père qui fertilise l’Egypte, le Yoni. (Mais le Nil est aussi la demeure de Sebek le crocodile, qui menace Harpocrate.)

Pourtant, Harpocrate n’est pas toujours représenté ainsi. Certaines écoles le représentent debout, il est debout sur les crocodiles du Nil. (Voir plus haut pour le crocodile, le symbole de deux choses diamétralement opposées.) Il y a là une analogie. On se souvient qu’Hercule lorsqu’il n’était encore qu’un enfant filait à la roue dans la Maison des femmes, plus tard Hercule, qui était un homme puissant, était un homme fort, était un innocent, c’était aussi un fou qui a tué sa femme et ses enfants. C'est un symbole qu’on pourrait associer à celui d’Harpocrate. Harpocrate est (dans un sens) le symbole de l’Aube sur le Nil, et du phénomène physiologique qui accompagne l’acte du réveil. On voit, à l'autre bout de l'échelle de la pensée, la relation de ce symbole avec la succession au pouvoir royal décrite plus haut. Le symbole d'Harpocrate lui-même tend à être purement philosophique. C’est aussi l'absorption mystique de l'œuvre de la création. Harpocrate est, en fait, le côté passif de son jumeau, Horus. Pourtant, dans le même temps, c’est un symbole très fort de cette idée, qu’est le vent, qu’est l'air, qui imprègne la Déesse Mère. Grace à son innocence il est à l'abri de toute attaque car cette innocence est un silence parfait, c’est-à-dire l’essence de la virilité.

L’'œuf est non seulement Akasha mais aussi l’œuf originel au sens biologique. Cet œuf qui vient du lotus, qui est le symbole du Yoni.

Il y a un symbole asiatique lié à Harpocrate et même s’il n’est pas directement lié à cette carte, il doit être considéré en lien avec elle. Il s’agit du symbole du Buddha-Rupa. Le plus souvent il est représenté assis sur un lotus, et il y a souvent derrière lui le large cou du Cobra, la forme de ce cou, ou capuche, est aussi celle du Yoni. (Notez les ornements habituels de cette capuche, phallique et en forme de fruit.)

Le crocodile du Nil est appelé Sebek ou Mako le Dévoreur. Dans les rituels officiels, le pécheur souhaite généralement une protection contre les assauts de son animal totem.

Il y a, cependant, une identité entre le créateur et le destructeur. Dans la mythologie indienne, Shiva remplit les deux fonctions. Dans la mythologie grecque, le dieu Pan est appelé « Pamphage, Pangene tor », omni-dévoreur, omni-géniteur. (Notons que la valeur numérique du mot Pan est 131, tout comme celui de Samaël, l’ange exterminateur hébreu.)

De même, dans le symbolisme initiatique, l’acte de dévorer est l'équivalent de l’initiation, comme le disait le mystique: « Mon âme est engloutie en Dieu ». (Ce que l’on peut comparer avec le symbolisme de Noé et l’Arche, de Jonas et la baleine, etc.)

Il faut constamment garder à l'esprit la bivalence de chaque symbole. Insister sur l’une ou l’autre des attributions contradictoires inhérentes à un symbole est simplement une marque de carence spirituelle et cela arrive constamment à cause de préjugés que l’on peut avoir. C'est le test initiatique le plus simple, chaque symbole doit être compris instinctivement comme contenant en soi ce sens contradictoire. Notons bien le passage dans « La Vision et la Voix » page 136:

« On m'a montré que ce cœur est le cœur qui se réjouit et que le serpent est le serpent de Da'ath, car ici tous les symboles sont interchangeables, car chacun contient en lui son contraire. Et voici le grand Mystère des Dieux qui sont au-delà de l'Abîme car sous l’Abîme, la contradiction c’est la division, mais au-dessus de l'Abîme, la contradiction c’est l'Unité et il ne pourrait y avoir rien de vrai, sauf en vertu de la contradiction qui est y contenue. » C’est une caractéristique de toute vision spirituelle élevée que la formulation d'une idée est immédiatement détruite ou annulée par l'apparition de son contraire. Hegel et Nietzsche ont perçu cette idée, mais il est décrit très simplement et complètement dans le Liber Aleph vel CXI - le Livre de la Sagesse ou de la Folie.

Ce point sur le crocodile est très important, car la plupart des formes traditionnelles du « Fou » du Tarot montrent nécessairement le crocodile. Dans l'interprétation courante de la carte, les commentateurs disent que l’image est celle d'un jeune homme gai et insouciant, avec un sac plein de folies et d'illusions, dansant le long du bord d'un précipice, ignorant que le tigre et le crocodile représentés sur la carte sont sur le point de l'attaquer. Mais, pour les initiés, ce crocodile aide à comprendre le sens spirituel de la carte comme le retour au zéro Kabbalistique originel, c’est le « He » final de la formule magique du Tétragramme. Par un simple mouvement du poignet, il peut être transformé pour réapparaître comme le Yod originel et recommencer tout le processus depuis le début.

La formule de l’innocence-virile est à nouveau suggérée par l’introduction du crocodile, car c’était l’une des superstitions biologiques sur lesquelles ils fondaient leur théogonie - le crocodile, comme le vautour, avait une méthode mystérieuse pour se reproduire.


Zeus Arrhenothelus.

Lorsqu’on aborde Zeus, on est immédiatement confronté à cette confusion délibérée entre le masculin et le féminin. Dans les traditions grecque et latine, la même chose se produit. Dianus et Diana sont jumeaux et amants, dès que quelqu’un parle de féminin, cela conduit à l'identification avec le masculin, et vice versa, comme ce devait être le cas si l’on songe aux faits biologiques. Ce n’est que chez le Zeus Arrhenothélus que l'on a la véritable nature hermaphrodite du symbole sous une forme unifiée. Il s’agit là d’un fait très important, surtout pour ce qui nous concerne ici, car les images de ce dieu se répètent encore et encore dans l’alchimie. Il n’est guère possible de décrire cette lucidité, cette idée concerne une faculté de l’esprit qui est « au-dessus de l’Abîme », mais tous les aigles à deux têtes avec des symboles qui se retrouvent autour d’eux sont des pistes pour développer cette idée. Le sens ultime semble être que le dieu originel est à la fois masculin et féminin, ce qui est, bien sûr, la doctrine essentielle de la Kabbale. La chose la plus difficile à comprendre dans la tradition de l’Ancien Testament qui a été avilie depuis des siècles, c’est qu’elle représente le Tétragramme comme étant masculin, en dépit des deux composantes féminines. Zeus est devenu trop populaire, et en conséquence trop de légendes ont surgi à son sujet, mais le fait important pour ce qui nous concerne ici est que Zeus était tout particulièrement le Seigneur de l’Air. Dans les premiers temps, les hommes qui cherchaient l'origine de la Nature ont essayé de trouver cette origine dans l’un des Eléments. (L'histoire de la philosophie décrit la controverse entre Anaximandre et Xénocrate, puis ensuite Empédocle) Il est possible que les auteurs originels du Tarot aient essayé de propager l’idée voulant que l’Air fût à l’origine de tout. Pourtant, si tel était le cas, cela bouleverserait l'ensemble du Tarot tel que nous le connaissons, puisque l'ordre d'origine fait du Feu le premier père. L’Air en tant que Zéro réconcilie l’antinomie.

Il est vrai que Dianus et Diana étaient des symboles de l’air, et les Védas Sanskrit disent que les dieux de la tempête étaient les premiers dieux. Pourtant, si les dieux de la tempête avaient vraiment présidé à la formation de l’Univers tel que nous le connaissons, il s’agissait certainement de tempêtes de feu, les astronomes s’accordent sur cette idée. Mais cette théorie implique certainement une identification de l’air et du feu et il semble qu’elles étaient considérées comme précédant la Lumière, c’est-à-dire le Soleil, comme énergie créatrice, c’est le phallus, et cette idée suggère continuellement qu'il y a là une doctrine contraire à notre propre doctrine plus raisonnable: celle où la confusion originelle des éléments, le Tohu-Bohu, doit être mis en avant en tant que responsable de l’ordre, plutôt que comme une masse plastique sur lequel l’ordre s’impose.

Aucun système véritablement Kabbalistique ne fait de l’air dans le sens conventionnel du mot, l'élément originel, même si l’Akasha est l’œuf de l’esprit, l’œuf noir ou bleu foncé. Cela suggère une forme d'Harpocrate. Dans ce cas, par « air » il faut en réalité comprendre « esprit ».

Mais quoi qu’il en soit, le véritable symbole est parfaitement clair, et c’est lui qu’on doit prendre en compte.


Dionysos Zagreus, Bacchus Diphyes

Il est commode de traiter les deux dieux comme s’ils n’en n’étaient qu’un. Zagreus est le seul à être vraiment important ici car il a des cornes et car (dans les Mystères d’Eleusis), il est dit qu’il a été mis en pièces par les Titans. Mais Athéna a sauvé son cœur et l’a porté à son père, Zeus. Sa mère était Déméter, il est donc le fruit du mariage du Ciel et de la Terre. Cela l’identifie au Vau du Tétragramme, mais les légendes de sa « mort » se réfèrent à l'initiation, ce qui s’accorde avec la doctrine du Dévoreur.

Mais sur cette carte la forme traditionnelle parle beaucoup plus de Bacchus Diphyes qui représente une forme plus superficielle de culte, la caractéristique extatique du dieu est plus magique que mystique. La caractéristique extatique de Bacchus Iacchus est elle plus mystique que magique. Dans ce cas Sémélé qui était la mère de Bacchus, avait été visitée par Zeus sous la forme d'un éclair qui l'a détruite. Mais elle était déjà enceinte de lui et Zeus a sauvé l’enfant. Jusqu’à sa puberté, l’enfant est resté caché dans la « cuisse » (le phallus) de Zeus. Pour se venger de l'infidélité de son mari, Héra a rendu fou le garçon. Il y a là un lien direct avec la carte.

Selon la légende Bacchus était, avant tout, Diphyes et était de double nature ce qui semble signifier qu’il était bisexuel plutôt qu’hermaphrodite. Sa folie est aussi une phase de son ivresse, car il est avant tout le dieu de la vigne. Il danse dans toute l’Asie, entouré de divers compagnons, tous fous d’enthousiasme. Ils portent des baguettes entourées de lierre et une pomme de pin est fixée à l’une des extrémités de ces baguettes, ils battent aussi des cymbales l’une contre l’autre et dans certaines légendes ils ont des épées ou des serpents sont enroulés autour d’eux. Tous les demi-dieux de la forêt sont les compagnons masculins des Ménades. Sur les images le dépeignant il a l’air ivre et son sexe est dressé, ce qui le relie à la légende du crocodile dont il a déjà été question. Le tigre est son compagnon assidu, et, dans les meilleurs exemples existants de la carte, le tigre ou la panthère sont représentés en train de lui sauter dessus par derrière, alors que le crocodile est devant le Fou, prêt à le dévorer. Dans la légende racontant son voyage en Asie, on dit que Bacchus chevauchait un âne, ce qui le relie à Priape, dont ont dit qu’il était fils de Bacchus et Aphrodite. Il fait aussi penser à l'entrée triomphale dans Jérusalem le dimanche des Rameaux. Il est également curieux que lors de la naissance légendaire de Jésus, la Vierge Marie est représentée entre un bœuf et un âne si on se souvient que la lettre Aleph signifie Bœuf.

Dans le culte de Bacchus il y avait un représentant du dieu, et pour ce faire on choisissait un homme jeune et viril, mais efféminé. Au cours des siècles, le culte s’est naturellement dégradé, d’autres notions se sont ajoutées à la forme originale, et, en partie en raison du caractère orgiaque du rituel, l’idée du Fou a trouvé sa forme définitive. En conséquence on l’a représenté avec un bonnet de bouffon, phallique de toute évidence, et vêtu de vêtements hétéroclites, qui rappellent à nouveau les manteaux multicolores porté par Jésus et Joseph. Ce symbolisme n’est pas seulement Mercuriel, mais aussi Zodiacal, Joseph et Jésus, avec douze frères ou douze disciples, représentent aussi le soleil au milieu des douze signes du zodiaque. Ce n'est que beaucoup plus tard qu’on y a attribué une signification alchimique, à une époque où les savants de la Renaissance cherchaient plutôt quelque chose de sérieux et d’important dans les symboles qui étaient, en réalité, relativement frivole.

Baphomet. Il ne fait aucun doute que ce personnage mystérieux est une représentation magique reprenant cette idée, développée dans de nombreux symboles. Sa correspondance picturale est plus facilement visible dans les personnages de Zeus Arrhenothelus et Babalon, et dans les représentations extraordinairement obscènes de la Vierge Mère qu’on retrouve parmi les vestiges du début de l’iconologie chrétienne. Richard Payne Knight a longuement traité de ce sujet en développant l’origine du symbole et la signification de son nom. Von Hammer-Purgstall avait certainement raison en soupçonnant que le Baphomet était une forme du dieu-taureau, ou plutôt, le dieu sacrifiant le taureau, Mithra, car Baphomet devrait être orthographié avec un « r » final, car il s’agit clairement d’une corruption d’une expression que l’on peut traduire par « Père Mithra ». Il y a aussi ici un lien avec l'âne, car c’est en tant que dieu à tête d’âne qu’il est devenu objet de vénération pour les Templiers. Les premiers chrétiens ont également été accusés d’adorer un âne ou un dieu à tête d’âne, et cette fois on peut faire le lien avec l’âne sauvage du désert, le dieu Set, identifié avec Saturne et Satan. Il est le Sud, comme Nuit est le Nord: les Egyptiens avaient un Désert et un Océan dans ces directions.


Résumé.

Il a paru commode de traiter séparément ces grandes formes de l’idée du Fou, mais aucune tentative n’a été faite, et il ne faut pas le faire, pour éviter que les légendes se chevauchent et se rejoignent. Les variations de formulation, même si elles peuvent sembler contradictoires, devraient conduire à une appréhension intuitive du symbole par une sublimation et une transcendance intellectuelle. En définitive, tous ces symboles des Tarots existent dans une région extérieure à la raison.

L'étude de ces cartes a pour objectif principal de former l’esprit à penser clairement et de manière cohérente et de façon exaltée.

Cela a toujours été la caractéristique des méthodes d'initiation telle que les ont comprises les hiérophantes.

Dans la confusion de la période dogmatique de matérialisme victorien, il a été nécessaire que la science discrédite toute tentative de transcender le mode rationaliste d’approche de la réalité et pourtant c’est le progrès de la science elle-même qui a réintégré ces différences. Dès le début de ce siècle, la science pratique du mécanicien et de l'ingénieur a été de plus en plus contrainte de trouver sa justification théorique dans la physique mathématique. Les mathématiques ont toujours été la plus sévère, abstraite et logique des sciences. Pourtant, même dans les mathématiques des jeunes écoliers, il faut apprendre l’existence de l’irréel et et de l’irrationnel. Les séries infinies sont la base même de la réflexion dans les mathématiques avancées. L'apothéose de la physique mathématique est aujourd'hui le constat d'impuissance à trouver la réalité d’une seule idée intelligible. La réponse moderne à la question « Qu'est-ce que quelque chose ? » c’est que cette chose est en relation avec une chaîne de dix idées, dont une seule ne peut être interprétée qu’en fonction des autres. Les gnostiques auraient sans doute appelé cela une « chaîne de dix éons ». Ces dix idées ne doivent en aucun cas être considérées comme des aspects d’une même réalité. De même que la supposée ligne droite qui était le cadre du calcul, s’est finalement révélée être une courbe, le point qui avait toujours été considéré comme le type d'existence est devenu le cercle. Il est impossible de douter qu’il y a là un rapprochement sans cesse plus étroit entre la science profane du monde extérieur et la sagesse sacrée de l’Initié.


La conception de la carte du Fou reprend les idées principales de cet essai. Le Fou vient de l’or de l’air. Il a les cornes de Dionysos Zagreus, et entre elles il y a le cône phallique de lumière blanche représentant l'influence qu’a sur lui la couronne. Il est représenté sur un fond d’air, naissant de l'espace et son attitude est celle d’une explosion imprévue au monde.

Il est vêtu de vert, conformément à la tradition du Printemps, mais ses chaussures sont d'or phallique du soleil.

Dans sa main droite, il tient la baguette, ornée d’une pyramide blanche, du Père Universel. Dans sa main gauche, il tient la pomme de pin en flamme, qui a une signification similaire, mais qui parle plus certainement de la végétation qui pousse. De son épaule gauche pend une grappe de raisins rouges. Les raisins représentent la fertilité, la douceur et la base de l’extase. Cette extase est montrée par la tige des raisins qui s’achève en spirales irisés. La Forme de l'Univers. Cela fait penser au Triple Kether: voir la position de la Voie d’Aleph sur l'Arbre de Vie.

Par son intervention le voile de manifestation Négative se fractionne en lumière. Sur cette volute en spirale il y a les autres attributions du divin : le vautour de Maut, la colombe de Vénus (Isis ou Marie) et le lierre que ses fidèles considèrent comme sacré. Il y a aussi le papillon multicolore et le globe ailé avec ses serpents jumeaux, un symbole qui est repris et fortifié par les nourrissons jumeaux serrés l’un contre l’autre dans la spirale du milieu. Au-dessus d’eux pend la bénédiction des trois fleurs en une. Au-dessus, servil il y a le tigre, et sous ses pieds dans le Nil avec ses tiges de lotus, le crocodile est tapi. Au centre il y a le soleil radieux qui envoie ses nombreuses formes et couleurs, il est le point de concentration du microcosme. La carte dans son ensemble est un glyphe de la lumière créatrice.


I. Le Mage

Cette carte est liée à la lettre Beth qui désigne une maison et est attribuée à la planète Mercure. Les idées liées à ce symbole sont si complexes et si multiples qu’il semble préférable de joindre à cette description générale certains documents qui portent sur différents aspects de cette carte. L’ensemble constituera alors une base adéquate pour l’interprétation complète de la carte par l’étude, la méditation et l’utilisation.

Dans le jeu médiéval, le nom français de cette carte est « Le Bateleur », le Porteur du Bâton. Mercure est avant tout le porteur du Bâton : L’énergie envoyée. Cette carte représente donc la Sagesse, la Volonté, la Parole, le Logos par qui les mondes ont été créés. (Voir l’Evangile selon St Jean, chapitre I.) Il représente la Volonté. En bref, il est le Fils, la manifestation en acte de l’idée du Père. Il est l’homologue masculin de la Grande Prêtresse. Il ne doit pas y avoir ici de confusion avec la doctrine fondamentale du Soleil et la Lune, la seconde harmonique du Lingam et du Yoni, car le Mercure créatif est de la nature du Soleil. Mais Mercure est le chemin menant de Kether à Binah, la Compréhension et Il est ainsi le messager des dieux, représentant précisément ce Lingam, le Verbe de création dont le discours est silence.

Mercure représente cependant l’action dans toutes les formes et phases. Il est la base fluidique de toutes les transmissions d’activité et de la théorie dynamique de l’Univers, il en est lui-même la substance. Il est, dans le langage de la physique moderne, cette charge électrique qui est la première manifestation de l'anneau des dix idées indéfinissables. Il est donc une création continue.

Logiquement aussi, étant le Verbe, il est la loi de la raison ou de la nécessité ou le hasard, qui est le sens caché du Verbe, qui est l’essence du Verbe, et la condition de son énonciation. Cela étant, et surtout parce qu’il est dualité, il représente à la fois la vérité et le mensonge, la sagesse et la folie. Etant l’inattendu, il sape toute idée établie et semble donc fourbe. Etant créatif, il n’a pas de conscience. S’il ne peut arriver à ses fins par des moyens normaux, il le fera en trichant. Les légendes sur la jeunesse de Mercure sont donc des légendes liées à la Ruse. Il ne peut être compris, car il est la Volonté Inconsciente. Sa position sur l’Arbre de Vie montre Binah, le troisième Sephira, la Compréhension, qui n’est pas encore formulée, et non pas Da’ath, le faux Sephira, la Connaissance.

De ce qui précède il apparaît que cette carte est la seconde émanation à partir de la Couronne, et donc, en un sens, la forme adulte de la première émanation, le Fou, dont la lettre est Aleph, l’Unité. Ces idées sont si subtiles et si ténues, sur ces plans exaltés de pensée, cette définition est impossible. Il n’est même pas souhaitable, en raison de la nature de ces idées de passer de l’une à l’autre. On ne peut pas faire plus que de dire que chaque hiéroglyphe représente une légère insistance sur une forme particulière d’une idée pantomorphique. Sur cette carte, l’accent est mis sur le caractère créatif et dualiste du chemin de Beth.

Dans la carte traditionnelle le déguisement est celui d’un Jongleur.

Cette représentation du Bateleur est des plus grossières et moins satisfaisante que celle du jeu médiéval. Il est généralement représenté avec un couvre chef ayant la forme du signe de l’infini en mathématiques (ce qui est montré en détail dans la carte appelée Deux de Disques). Il a une baguette avec un bouton à chaque extrémité, ce qui est probablement lié à la double polarité de l’électricité, mais c’est aussi la baguette creuse de Prométhée qui fait descendre le feu des Cieux. Sur une table ou un autel, derrière lequel il se tient, il y a les trois autres armes élémentaires.

« Avec la Baguette Il crée. Avec la Coupe Il préserve. Avec le Couteau Il Détruit. Avec la Pièce Il Rachète. Liber Magi l. 7-10. »

La conception de cette carte a été basée principalement sur la tradition gréco-égyptienne, car la compréhension de cette idée était certainement plus avancée lorsque ces philosophies se sont influencées l’une l’autre, que partout ailleurs à toutes les époques.

Hanuman, le dieu singe la version hindoue de Mercure, est abominablement dégradé. Aucun des aspects les plus élevés du symbole ne se trouvent dans son culte. Le but de ses adeptes semble surtout avoir été la production d’une incarnation temporaire du dieu en envoyant chaque année les femmes de la tribu dans la jungle. Nous n’y trouvons aucune légende ayant quelque profondeur ou spiritualité. Hanuman est certainement à peine plus que le Singe de Thot.

La principale caractéristique de Tahuti ou Thoth, le Mercure égyptien, est, tout d’abord qu’il a une tête d’ibis. L’ibis est le symbole de la concentration car on pensait que cet oiseau se tenait en permanence sur une jambe, immobile. C’est de toute évidence un symbole de l’esprit qui médite. Il peut aussi avoir été une référence au mystère central de l’Eon d’Osiris, le secret si bien gardé du profane, que l’intervention de l’homme était nécessaire pour engendrer les enfants. Dans cette forme de Thoth, il est représenté portant la baguette du phœnix, symbolisant la résurrection par le processus génératif. Dans sa main gauche il a l’Ankh, qui représente une bride de sandale, c’est-à-dire les moyens de progresser à travers les mondes. Il s’agit de la marque distinctive de la divinité. Mais, par sa forme, cet Ankh (la croix ansée) est en fait une autre forme de la Rose et la Croix et ce fait n’est peut-être pas tout à fait aussi accidentel que les égyptologues modernes, préoccupés par leur tentative de réfutation de l’école phallique de l’archéologie, veulent nous le faire croire.

L’autre forme de Thoth le représente principalement comme la Sagesse et le Verbe. Dans sa main droite il a un Stylet et dans la gauche, le Papyrus. Il est le messager des dieux, il transmet leur volonté en hiéroglyphes intelligible pour l’initié et il transcrit leurs actes, mais on a vu depuis très longtemps que l’utilisation de la parole ou de l’écrit, implique aussi l’introduction d’ambiguïté dans le meilleur des cas et du mensonge, dans le pire. Les anciens représentaient donc Thoth suivi par un singe, le cynocéphale, dont la tâche était de déformer la Parole de Dieu, pour se moquer, simuler et tromper. Dans le langage philosophique on peut dire : la manifestation implique l’illusion. Cette doctrine se trouve dans la philosophie hindoue, où l’aspect de Tahuti dont nous parlons est appelé Mayan. Cette doctrine se trouve également dans l’image centrale et typique de l’école du bouddhisme Mahayana (tout à fait identique à la doctrine de Shiva et Shakti).

II. La Prêtresse

Cette carte est liée à la lettre Gimel qui désigne un Chameau. (Le symbolisme du Chameau est expliqué plus loin.)

La carte fait référence à la Lune. La Lune (le symbole féminin général, le symbole de second ordre correspondant au Soleil comme le Yoni correspond au Lingam) est universelle et va du plus haut au plus bas. C’est un symbole qui revient souvent dans ces hiéroglyphes. Mais dans les Arcanes Majeures plus anciennes la carte est liée à la Nature au dessus de l’Abîme, la Grande Prêtresse est la première carte qui relie la Triade Surnaturelle à l’Hexade et son chemin, comme le montre le diagramme, bâti un lien direct entre le Père, dans son aspect le plus élevé, et le Fils dans sa manifestation la plus parfaite. Ce chemin est en équilibre exact dans le pilier du milieu. Il y a là, par conséquent, la conception la plus pure et plus élevée de la Lune. (L’Atout XVIII est à l’autre extrémité de l’échelle.)

La carte représente la forme la plus spirituelle d’Isis la Vierge Eternelle, l’Artémis des Grecs. Elle n’est vêtue que du voile lumineux de lumière. Il est important pour la haute initiation de considérer la Lumière non pas comme la manifestation parfaite de l’Esprit Eternel, mais plutôt comme le voile qui cache cet Esprit. Il en est ainsi en raison de son incomparable et éblouissante brillance. Ainsi, elle est lumière et le corps de lumière. Elle est la vérité derrière le voile de lumière. Elle est l’âme de la lumière. Sur ses genoux il y a l’arc d’Artémis, qui est également un instrument de musique, car elle est chasseresse et qu’elle chasse par enchantement.

Considérez maintenant cette idée comme si vous étiez derrière le Voile de Lumière, le troisième Voile du Néant originel. Cette lumière est la menstrue de la manifestation, la déesse Nuith, la possibilité de Forme. Cette manifestation première, la plus spirituelle du féminin, prend pour elle-même un corrélatif masculin en formulant en elle tout point géométrique d’où on peut contempler. Cette déesse virginale est alors potentiellement la déesse de fertilité. Elle est l’idée derrière toutes les formes, dès que l’influence de la triade descend sous l’Abîme, il y a la réalisation de l’idée concrète.

Le chapitre suivant du Livre des Mensonges (improprement appelé de la sorte), peut aider l’étudiant à comprendre cette doctrine par la force de la méditation :

Tourbillons de Poussière

Dans le Vent de l’esprit survient la turbulence appelée Je. Elle se brise et arrose la pensée stérile. Toute vie s’étouffe. Ce désert c’est l’Abîme dans lequel se trouve l’Univers. Les Etoiles ne sont que des chardons dans ce gâchis. Mais ce désert n’est qu’un lieu maudit dans un monde de félicité. Maintenant encore des Voyageurs traversent le désert, ils viennent de la Grande Mer et vont à la Grande Mer.

Et comme ils avançent, ils versent de l’eau. Un jour ils irrigueront le désert jusqu’à ce qu’il fleurisse. Voyez ! Cinq empreintes de chameau! V.V.V.V.V. (Pour la description classique de l’Abîme, l’étudiant consultera Liber 418, La vision et la Voix, en particulier le Dixième Æthyr. The Equinox, Vol. I, n ° 5, Supplément.)

Au bas de la carte, en conséquence, sont représentées des formes naissantes, verticilles, cristaux, graines, gousses, symbolisant les débuts de la vie. Au milieu il y a le Chameau qui est mentionné plus haut. Dans cette carte il y a le seul lien entre le monde des archétypes et le monde séminal.

Jusqu’à présent, ce chemin était considéré comme permettant de descendre de la Couronne, mais pour l’aspirant, c’est-à-dire, l’adepte qui est déjà en Tiphereth, pour lui qui a atteint à la Connaissance et Conversation de l’Ange Gardien Sacré, c’est le chemin qui mène vers le haut et cette carte, dans un système nommé la Prêtresse de l’Etoile d’Argent, est symbolique de la pensée (ou plutôt de l’éclat intelligible) de cet Ange. Elle est, pour faire bref, un symbole de la plus haute Initiation. Elle est une condition de l’Initiation dont les clés doivent être communiquées par ceux qui les possèdent à tous les véritables aspirants. Cette carte est donc tout particulièrement un glyphe du travail de l’Etoile d’Argent. Une certaine idée de la formule est donnée dans ce chapitre du Livre des Mensonges :

L’Huitre Les Frères de l’Etoile d’Argent ne font qu’un avec la Mère de l’Enfant. Le Multiple est aussi adorable par l’Un que l’Un l’est pour le Multiple. Voila leur Amour, la création-parturition est la Béatitude de l’Un, le coït-dissolution est la Béatitude du Multiple. Le Tout, ainsi imbriqués entre Eux, est Béatitude. Rien n’est au-delà de la Béatitude. L’Homme se complaît dans l’union avec la Femme, la Femme se complait dans la séparation avec l’Enfant. Les Frères de l’Etoile d’Argent sont des Femmes, les Aspirants de l’Etoile d’Argent sont des hommes.

Il est important de préciser que cette carte est entièrement féminine, entièrement virginale, car elle représente l’influence et les moyens de la manifestation (ou, d’en dessous, de la réalisation) en soi. Elle représente la possibilité dans sa seconde étape, sans aucun début de consommation.

Il faut observer tout particulièrement que les trois lettres consécutives, Gimel, Daleth, He (Atouts II, III, XVII) montrent le Symbole Féminin (Yin) sous trois formes composant une Triple Déesse. Cette Trinité est immédiatement suivie par les trois Pères correspondants et complémentaires, Vau, Tzaddi, Yod (Atouts IV, V, IX). Les Atouts 0 et I sont hermaphrodites. Les quatorze autres Atouts représentent ces Quintessences Primordiales de l’Etre en conjonction, fonction ou manifestation.


III. L'Impératrice

Cette carte est liée à la lettre Daleth, qui désigne une porte et se réfère à la planète Vénus. Cette carte est le complément de l’Empereur, mais ses attributions sont bien plus universelles.

Sur l’Arbre de Vie, Daleth est la voie qui va de Chokmah à Binah, unissant le Père à la Mère. Daleth est l’une des trois voies qui passent au-dessus de l’Abîme. Il y a aussi le symbole alchimique de Vénus, le seul des symboles planétaires qui englobe toutes les Sephiroth de l’Arbre de Vie. La doctrine sous-entendue est que la formule fondamentale de l’Univers est l’Amour.

Il est impossible de résumer la signification du symbole de la Femme, pour la raison qu’elle se répète continuellement sous forme infiniment variée.

Sur cette carte, elle est montrée dans sa manifestation la plus générale. Elle combine le spirituel le plus élevé avec les qualités matérielles les plus basses. Pour cette raison, elle est apte à représenter l’une des trois formes alchimiques de l’énergie, le Sel. Le Sel est le principe inactif de la nature, le Sel est une matière qui doit être énergisée par le Soufre pour maintenir l’équilibre tourbillonnant de l’Univers. Les bras et le torse du personnage suggèrent ainsi la forme du symbole alchimique du Sel. Elle représente une femme avec la couronne et les vêtements impériaux, assise sur un trône dont les montants font penser à des flammes bleues tordues symbolisant sa naissance dans l’eau, l’élément fluidique féminin. Dans sa main droite, elle tient le lotus d'Isis. Le lotus représente le pouvoir féminin, ou passif. Ses racines sont plantées dans la terre sous l’eau ou dans l’eau elle-même, mais elle ouvre ses pétales au Soleil, dont la représentation est le ventre du calice. C’est, en conséquent, une représentation vivante du Saint Graal, sanctifiée par le sang du Soleil. Perché sur ce qui ressemble à une flamme, il y a deux de ses oiseaux les plus sacrés, le moineau et la colombe, l’essentiel de ce symbolisme doit être cherché dans les poèmes de Catulle et Martial. Sur son vêtement il y a des abeilles ainsi que des dominos, entourés par des lignes continue en spirale, la signification est toujours la même.

En guise de ceinture elle a le zodiaque.

Sous le trône le tapis est brodé de fleurs de lys et de poissons, ils semblent adorer la Rose Secrète, ce qui est indiqué à la base du trône. La signification de ces symboles a déjà été expliquée. Sur cette carte tous les symboles sont liés en raison de la simplicité et la pureté de l’emblème. Il n’y a ici aucune contradiction, une telle opposition, comme il semble y avoir une, n’est que l’opposition nécessaire à l’équilibre, ce qui est illustré par les lunes qui tournoient

Il y a deux parties héraldiques chez l’Impératrice. D’un côté, le Pélican de la tradition qui nourrit ses petits dans le sang de son propre cœur et de l'autre, l’Aigle Blanc de l'Alchimiste.

En ce qui concerne le Pélican, l’ensemble de son symbolisme n’est accessible qu’aux initiés du cinquième degré de l’O.T.O. En termes généraux, sa signification peut être suggérée par l’identification du Pélican lui-même avec la Grande Mère et sa progéniture, ainsi qu’avec la Fille dans la formule de Tétragramme. C’est parce que la fille est la fille de sa mère qu’elle peut être menée sur son trône. En d’autres termes, il y a une continuité de la vie, un héritage du sang, qui lie ensemble toutes les formes de la Nature. Il n’y a pas de rupture entre la lumière et les ténèbres. Natura non facit saltum. Si ces considérations étaient bien comprises, il deviendrait possible de concilier la théorie Quantique avec les équations Electromagnétique.

L’Aigle Blanc de cet atout correspond à l’Aigle Rouge de la carte conjointe, l’Empereur. Il est nécessaire ici de travailler à l’envers, car dans ces cartes les plus élevées il y a les symboles de perfection, à la fois de la perfection initiale de la Nature et de la perfection finale de l’Art, non seulement Isis mais aussi Nephtys. En conséquence, les détails des travaux se rapportent aux cartes suivantes, en particulier aux Atout No VI et XIV.

A l’arrière de la carte il y a l’Arche ou la Porte, qui est l’interprétation de la lettre Daleth. Cette carte, si on la résume, peut être qualifiée de Porte du Ciel. Mais, en raison de la beauté du symbole et de sa présentation omniforme, l’étudiant qui est ébloui par une manifestation donnée peut être égaré. Sur aucune autre carte il est autant nécessaire d’ignorer les détails et de se concentrer sur l’ensemble.


IV. L'Empereur

Cette carte est liée à la lettre Tzaddi et elle se réfère au signe du Bélier dans le Zodiaque. Ce signe est régi par Mars et le Soleil y est exalté. Le signe est donc une combinaison d’énergie, dans sa forme la plus matérielle, avec l’idée d’autorité. Le son TZ ou TS impliquait cela dans la forme onomatopéique originale du langage. Cela vient de la racine sanscrite désignant la Tête et l’Age, on le retrouve aujourd'hui dans les mots tels que César, Tsar, Sirdar, Sénat, Sénior, Signor, Señor, Seigneur.

La carte représente un personnage masculin couronné, avec les ornements et les insignes impériaux. Il est assis sur le trône surmonté de têtes de bélier sauvage de l’Himalaya. Couché à ses pieds il y a l’Agneau et l’Etendard, ce qui confirme cette attribution sur le plan inférieur, puisque le bélier, par nature, est un animal sauvage et courageux, solitaire dans des endroits isolés, alors que quand il est apprivoisé et qu’on le fait vivre dans de verts pâturages, il se transforme en animal docile, lâche, grégaire et savoureux. C'est la théorie du gouvernement.

L’Empereur est aussi l’une des cartes alchimiques les plus importantes. Avec les Atout No II et III, il représente la triade Soufre, Mercure et Sel. Ses bras et sa tête forment un triangle pointant vers le ciel, plus bas, les jambes croisées représentent la Croix. Il s’agit là du symbole alchimique du Soufre (voir Atout No. X). Le Soufre est l’énergie ardente masculine de l’Univers, les Rajas de la philosophie hindoue. C’est l’énergie créatrice rapide, l’initiative de tout Etre. Le pouvoir de l’Empereur est une généralisation du pouvoir paternel, voilà pourquoi des symboles tels que l’Abeille et la Fleur de Lys sont représentés sur cette carte. En ce qui concerne la qualité de ce pouvoir, on notera qu’elle représente l’activité soudaine, violente, mais pas éternelle. Si elle persiste trop longtemps, elle brûle et détruit. Distincte de l’énergie créatrice d’Aleph et Beth, cette carte est au-dessous de l’Abîme.

L’Empereur porte un sceptre (surmonté d’une tête de bélier pour les raisons exposées ci-dessus) et un globe surmonté d’une croix de Malte, ce qui signifie que son énergie a atteint un aboutissement victorieux, son gouvernement a été mis en place.

Il y a un autre symbole important. Son bouclier représente l’aigle à deux têtes couronné par un disque rouge. Cela représente la teinture rouge de l’alchimiste qui est de la nature de l’or, comme l’aigle blanc que l’on voit sur l’Atout No. III son épouse, l’Impératrice, qui est lunaire et est de la nature de l’argent.

Enfin on notera que la lumière blanche qui descend sur lui indique la position de cette carte sur l’Arbre de Vie. Son autorité vient de Chokmah, la Sagesse créatrice, le Verbe, et elle s’exerce sur Tiphereth, l’homme organisée.


V. Le Hiérophante

Cette carte est liée à la lettre Vau, qui désigne un Clou, et neuf clous apparaissent en haut de la carte, ils servent à fixer l’oriel derrière le personnage principal de l’image.

La carte est liée au Taureau, ainsi le trône du Hiérophante est entouré d’éléphants, qui sont de la nature du Taureau, et le Hiérophante est assis sur un taureau. Autour de lui il y a les quatre bêtes ou Chérubins, un dans chaque coin de la carte, car ce sont les gardiens de chaque sanctuaire. Mais la principale référence est liée à l’Arcane particulier qui est l’essentiel de tout le travail magique, l’union du microcosme avec le macrocosme. En conséquence, l’oriel est diaphane, devant le Manifeste du Mystère il y a un hexagramme représentant le macrocosme. En son centre se trouve un pentagramme, représentant un petit garçon qui danse. Cela symbolise la loi du nouvel Eon de l’Enfant Cornu qui a supplanté l’Eon du « Dieu Mourant » qui a gouverné le monde depuis deux mille ans. Devant lui il y a la femme ceinte d’une épée, elle représente la Femme Ecarlate dans la hiérarchie du nouvel Eon. Ce symbolisme se retrouve également dans l’oriel où, derrière la coiffe phallique, la rose de cinq pétales est en fleurs.

Le symbolisme du serpent et de la colombe se réfère à ce verset du Livre de la Loi, chapitre I, verset 57: « Il y a amour et amour, il y a la colombe, et il y a le serpent. »

Ce symbole revient sur la carte No. XVI.

Le fond de la carte est du bleu foncé de la nuit étoilée de Nuit, Nuit des entrailles de qui sont nés tous les phénomènes.

Le Taureau, le signe du zodiaque représenté par cette carte, est lui-même le Chérubin-Taureau, Le Cherubin lié à la Terre, sa forme la plus forte et la plus équilibrée.

Vénus régit ce signe, elle est représentée par la femme debout devant le Hiérophante.

Le Chapitre III du Livre de la Loi, verset XI dit : « Que devant moi la femme soit ceinte d’une épée » Cette femme représente Vénus ce qu’elle est maintenant dans ce nouvel Eon, non plus le simple véhicule de son homologue masculin, mais la femme armée et militante.

Dans ce signe la Lune est « exaltée », son influence est représentée non seulement par la femme, mais par les neuf clous.

A l’heure actuelle il est impossible d’expliquer cette carte en détail car seul le cours des événements peut montrer comment le nouveau courant d’initiation va se mettre en place.

C’est l’Eon d’Horus, de l’Enfant. Bien que le visage du Hiérophante semble bienveillant et souriant et que l’enfant lui-même semble heureux et innocent, il est difficile de nier qu’il y a quelque chose de mystérieux, voir même de même sinistre dans l’expression de l’initiateur. Il semble rire d’une plaisanterie faite secrètement au détriment de quelqu’un. Il y a un aspect nettement sadique dans cette carte, non sans raison, puisqu’elle s’inspire de la Légende de Pasiphaé, le prototype de toutes les légendes de dieux-taureaux. Elles existent toujours dans les religions comme le Culte de Shiva, ou (après de multiples altérations) dans le Christianisme lui-même.

Le symbolisme de la Baguette est particulier, les trois anneaux entrelacés peuvent être considérés comme représentatif des trois Eons d’Isis, Osiris et Horus avec leurs formules magiques qui se mélangent. L’anneau supérieur est marqué de rouge pour Horus, les deux anneaux inférieurs sont respectivement vert pour Isis et jaune pâle pour Osiris.

Elles sont toutes basées sur le bleu indigo, la couleur de Saturne, le Seigneur du Temps. Car le rythme du Hiérophante est tel qu’il ne se déplace qu’à des intervalles de 2000 ans.


VI. Les Amoureux

Cette carte et sa jumelle le XIV. L'Art, sont les Atout les plus obscurs et compliqués. Chacun de ces symboles est en lui-même double, ainsi leurs significations forment une série divergente et l’intégration de la Carte ne peut être retrouvée que par des mariages et des identifications répétés ainsi qu’une certaine forme d’Hermaphrodisme.

Pourtant, son attribution est l’essence de la simplicité. L’Atout VI. se réfère au Gémeaux, gouvernés par Mercure. La lettre hébreu qui lui correspond est Zain, ce qui désigne une Epée, le cadre de la carte est donc l’Arche d’Epées sous lequel le Mariage Royal a lieu.

L’Epée est avant tout un moteur de division. Dans le monde intellectuel qui est le monde de la série des Epées, les Amants représentent l’analyse. Cette carte et l’Atout XIV. forment ensemble la maxime alchimique complète: Solve et Coagula.

Cette carte est donc une des lames les plus fondamentales du Tarot. Il s’agit de la première carte où apparait plus d’un personnage. [Le Singe de Thoth dans l’Atout I. n’est qu’une ombre.] Dans sa forme originale, c’était l'histoire de la Création. Pour son intérêt historique on a inclus ici la description de cette carte dans sa forme primitive extraite du Liber 418.

« Il y a une légende assyrienne parlant d’une femme avec un poisson ainsi qu’une légende où Caïn était le fils d’Eve et du Serpent et non celui d’Eve et d’Adam. Lorsqu’il a tué son frère, Caïn est devenu le premier meurtrier et il a eu ainsi la marque sur son front puisqu’il avait sacrifié un être vivant à son démon, il s’agissait de la marque de la Bête dont parle l'Apocalypse et c’est le signe de l’Initiation.

« L’effusion de sang est nécessaire, car Dieu n’a pas entendu les enfants d'Eve avant que le sang n’ait été versé. Voilà la religion externe, mais Caïn n’a pas parlé à Dieu et il n’a pas eu la marque de l’initiation sur son front, ce qui a fait s’écarter de lui tous les hommes, avant qu’il n’ait fait couler le sang. Et ce sang était le sang de son frère. Voilà un mystère de la sixième clef du Tarot, qui ne devrait pas être appelée Les Amants mais Les Frères.

« Au milieu de la carte il y a Caïn, dans sa main droite il y a le Marteau de Thor avec lequel il a tué son frère, et il est tout éclaboussé de son sang. Sa main gauche est ouverte en signe d’innocence. A sa droite il y a Eve, sa mère, derrière sa tête est enlacé le serpent à capuche et à sa gauche il y a un personnage ressemblant un peu à la Kali hindoue, mais beaucoup plus séduisante. Je sais qu’il s’agit de Lilith. Au-dessus de lui il y a le Grand Sceau de la Flèche, pointée vers le bas, qui frappe le cœur de l’enfant. Cet enfant est aussi Abel. Et la signification de cette partie de la carte est obscure, mais il s’agit là du dessin exact de la carte de Tarot et c’est la véritable fable magique à partir de laquelle les scribes hébreux, qui n’étaient entièrement Initiés, ont volé leur légende de la Chute et les événements qui ont suivi ».

Il est vraiment significatif que presque chaque phrase de ce passage semble être le contraire de ce que dit le passage précédent. C’est parce que la réaction est toujours égale et opposée à l’action. Cette équation est, ou devrait être, simultanée dans le monde intellectuel où il n’y a pas de grand décalage dans le temps. La formulation d’une idée crée son idée contradictoires à peu près au même moment. La contradiction d’une proposition est implicite en soi. C’est nécessaire pour préserver l’équilibre de l’Univers. La théorie a été expliquée dans l'essai sur Atout I. le Bateleur, mais il faut à nouveau le souligner pour interpréter cette carte.

La Carte représente la Création du Monde, voilà la clef. Pour les Hiérarques ce secret était d’une très grande importance. Ainsi les Initiés qui ont créé le Tarot, pour l’utiliser lors de l’Eon d’Osiris ont remplacé la carte originale décrite ci-dessus dans « La Vision et la Voix ». Ils voulaient créer un nouvel univers qui leur serait propre, c’étaient les pères de la science. Leurs méthodes de travail, qu’on regroupe sous le terme générique d’Alchimie, n’ont jamais été rendus publiques. Ce qui est intéressant c’est que dans les cinquante dernières années tous les développements de la science moderne ont donné aux personnes intelligentes et instruites l’occasion de constater que la tendance générale de la science a été de revenir à des buts et méthodes alchimiques (mutatis mutandis). La puissance des Eglises persécutrices a rendu nécessaire le secret observé par les alchimistes. Les bigots se battaient entre eux mais ils étaient aussi tous soucieux de détruire la science balbutiante, qui, comme ils le comprenaient instinctivement, mettrait fin à l'ignorance et à la foi qui leur procurait pouvoir et richesse.

Le sujet de cette carte c’est l’Analyse, suivi par la Synthèse. La première question posée par la science est : « De quoi sont composées les choses ? » Une fois qu’une réponse a été trouvée, la question suivante fut : « Comment allons-nous les recombiner pour notre plus grand avantage ? » Cela résume toute la politique du Tarot.

Le personnage encapuchonné qui occupe le centre de la Carte est une autre expression de L’Ermite, qui est expliquée plus en détail dans l’Atout IX. Il est lui-même une forme du dieu Mercure, décrit dans l’Atout I., il est étroitement emmitouflé, comme pour signifier que la raison ultime des choses se trouve dans un domaine au-delà de la manifestation et de l’intellect. (Comme ça a été expliqué ailleurs, seules deux opérations sont finalement possible : l’analyse et la synthèse). Il est debout dans le Signe de l’Entrant, comme s’il projetait les forces mystérieuses de la création. Près de ses bras il y a un rouleau qui figure le Verbe, le Verbe qui est aussi bien son essence que son message. Mais le signe de l’Entrant est aussi le Signe de Bénédiction et de Consécration, donc son action sur cette carte est la Célébration du Mariage Hermétique. Derrière lui sont représentés Eve, Lilith et Cupidon. Ce symbolisme a été incorporé pour préserver, dans une certaine mesure, la forme originale de la carte et pour montrer sa dérivation, son hérédité et sa continuité avec le passé. Sur le carquois de Cupidon est inscrit le mot Thelema, qui est le Verbe de la Loi. (Voir Liber AL, chap. I, verset 39.) Ses chenaux sont quanta de Volonté. Il est ainsi montré que cette formule fondamentale du travail, de l’analyse et de la synthèse magiques, persiste à travers les Eons.

On peut maintenant envisager le Mariage Hermétique lui-même.

Cette partie de la Carte est une forme simplifiée des « Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz », un chef-d'œuvre trop long et trop détaillé pour être cité utilement ici. Mais l’essentiel de l’analyse est l’observation continuelle d’idées contradictoires. C’est un glyphe de dualité. Les personnes royales concernées sont le Roi Noir, ou Maure, avec une couronne d’or et la Reine Blanche avec une couronne d’argent. Il est accompagné par le Lion Rouge et elle par l’Aigle Blanc. Ce sont des symboles des principes masculin et féminin dans la Nature, ce sont donc aussi, à divers stades de manifestation, le Soleil et la Lune, le Feu et l’Eau, l’Air et la Terre. En chimie ce sont l’acide et l'alcalin ou (plus profondément) les métaux et les non-métaux, en prenant ces mots dans leur sens philosophique le plus large pour inclure d’une part l’hydrogène et d’autre part l'oxygène. Dans cet aspect, le personnage encapuchonné représente l'élément protéiforme de carbone, la source de toute vie organique.

Le symbolisme du masculin et du féminin est porté encore plus loin par les armes du Roi et de la Reine, il porte la Lance Sacrée et elle le Saint-Graal, leurs autres mains sont jointes, ils consentent au mariage. Les enfants jumeaux tiennent leurs armes, dont les positions sont en miroir. L’enfant blanc tient non seulement la Coupe mais aussi des roses, alors que l’enfant noir, tient la Lance de son père, ainsi que le Bâton, un symbole équivalent. En dessous il y a le résultat du mariage sous sa forme primitive et pantomorphique, c’est l'œuf ailé orphique. Cet œuf représente l’essence de toute vie qui relève de cette formule du masculin et du féminin. Il incarne la symbolique des Serpents, serpents qui sont brodés sur le vêtement du Roi alors que des abeilles ornent le manteau de la Reine. L’œuf est gris, mêlant le blanc et le noir, ce qui désigne ainsi les trois Sephirot métaphysiques de l'Arbre de Vie. La couleur du Serpent est le pourpre, le Mercure sur l'échelle de la Reine. C'est l'influence de ce Dieu qui se manifeste dans la Nature, alors que les ailes sont teintées de rouge, la couleur (sur l’échelle du Roi) de Binah la grande Mère. Dans ce symbole il y a donc un glyphe complet de l'équilibre nécessaire pour débuter le Grand Oeuvre. Mais, comme pour le mystère final, il reste non résolu. Ce plan est parfait pour produire la vie, mais la nature de cette vie est cachée. Elle est capable de prendre n’importe quelle forme possible, mais quelle forme ? Cela dépend des influences associées à la gestation.

Le personnage en l’air présente une certaine difficulté. L'interprétation traditionnelle du personnage veut qu’il s’agisse de Cupidon, mais le rapport entre Cupidon et les Gémeaux n’est pas clair. La position du chemin sur l’Arbre de Vie ne nous en apprend pas plus puisque les Gémeaux mènent de Binah à Tiphereth. Voilà qui pose la question de Cupidon. Les dieux romains représentent généralement un aspect plus matériel des dieux grecs dont ils sont issus. Ici c’est Eros. Eros est le fils d’Aphrodite et selon les traditions son père était Ares, Zeus ou Hermès c’est-à-dire Mars, Jupiter ou Mercure. Son apparition sur cette carte suggère qu’Hermès serait le véritable père, et cette idée est confirmé par le fait qu’il n’est vraiment pas facile de le distinguer de l’enfant Mercure, car ils sont tous deux débauchés, irresponsables et aiment jouer des tours. Mais sur ce dessin il y a des caractéristiques particulières. Il a un arc et des flèches dans un carquois d’or. (Il est parfois représenté avec une torche.) Il a des ailes d’or et les yeux bandés. On peut ainsi penser qu’il représente la volonté rationnelle (et, en même temps, inconsciente) de l’âme de s’unir avec tout le monde comme cela a été expliqué dans la formule générale en lien avec l’agonie de la séparation.

Aucune importance particulière n’est attachée à Cupidon au niveau alchimique. Pourtant, dans un sens, il est la source de toute action, la libido qui exprime le Zéro sous la forme du Deux. D’un autre point de vue, il peut être considéré comme l’aspect intellectuel de l’influence de Binah sur Tiphareth, car (dans une tradition) cette carte c’est « Les Enfants de la Voix, l’Oracle des Puissants Dieux ». De ce point de vue, c’est un symbole d’inspiration, qui descend sur le personnage encapuchonné, qui est, dans ce cas, un prophète opérant la conjonction du Roi et de la Reine. Sa flèche représente l’intelligence spirituelle nécessaire aux opérations alchimiques plutôt que la simple envie de les pratiquer. D’autre part, la flèche est un important symbole de direction, il est donc approprié d’inscrire le mot « Thelema » en lettres grecques sur le carquois. On notera également que la carte opposée, Le Sagittaire, représente le Porteur de la Flèche, ou l’Archer, un personnage qui n’apparait pas du tout sur l’Atout XIV. Ces deux cartes sont donc si complémentaires que, pour une interprétation complète, elles ne peuvent être étudiées séparément.


VII. Le Chariot

L’Atout VII est lié au signe zodiacal du Cancer, le signe dans lequel le Soleil se déplace lors du Solstice d’Eté.

Le cancer est le signe fondamental de l’élément Eau et représente la première ruée vive de cet élément. Le cancer représente également la voie qui va de la grande Mère Binah à Gueburah, et il influence donc la descente Céleste au travers du Voile de l’Eau (qui est le sang) sur l’énergie de l’homme et ainsi il l’inspire. Le Chariot correspond ainsi de cette façon au Hiérophante, qui, de l’autre côté de l’Arbre de Vie, fait descendre le feu de Chokmah.

Le dessin de cette carte a été influencé par l’Atout dessiné par Eliphas Lévi.

La canopée du Chariot est de la couleur du bleu du ciel nocturne de Binah. Les piliers sont les quatre piliers de l’Univers, le régiment du Tétragramme. Les roues écarlates représentent l’énergie originelle de Gueburah qui déclenche le mouvement de rotation.

Ce chariot est tiré par quatre sphinx, les quatre Chérubins : le Taureau, le Lion, l’Aigle et l’Homme. Ces éléments sont transposés dans chaque sphinx, ainsi l'ensemble représente les seize sous-éléments.

L’Aurige est vêtu d’une armure couleur ambre ce qui est approprié au signe du Cancer. Il trône sur le chariot plutôt qu’il ne le conduit puisque tout le système de progression est parfaitement équilibré. Sa seule fonction est de garder le Saint Graal.

Sur son armure il y a dix Etoiles d’Assiah, l’héritage de la rosée céleste de sa mère.

Il porte comme emblème le Crabe approprié au signe du Cancer. La visière de son casque est baissée, car personne ne peut regarder son visage et survivre. Pour la même raison, aucune partie de son corps n’est exposée.

Le Cancer est la maison de la Lune, il y a donc certaines analogies entre cette carte et celle de la Grande Prêtresse. Mais Jupiter est aussi exalté en Cancer et ici on se souvient de l’Atout No. X - la Roue de la Fortune liée à Jupiter.

L’élément central et le plus important de la carte est son centre : le Saint Graal. Il est d’améthyste pure, de la couleur de Jupiter, mais sa forme fait penser à la pleine lune et la Grande Mer de Binah.

Au centre il y a le sang radieux, la vie spirituelle est induite; la lumière dans les ténèbres. Par ailleurs, ces rayons tournent, en insistant sur l’élément Jupitérien dans le symbole.


VIII. Ajustement

Dans le Tarot traditionnel, cette carte était appelée Justice. Ce mot n’a qu’un sens purement humain, il est donc totalement relatif et ne doit donc pas être considéré comme l’un des faits de la Nature. La Nature n’est pas juste, selon une idée théologique ou éthique, mais la Nature est exacte.

Cette carte représente le signe de la Balance, gouverné par Vénus, en qui Saturne est exalté. L’équilibre de toutes choses est symbolisé ici. C’est l'ajustement final de la formule du Tétragramme lorsque la fille, rachetée par son mariage avec le Fils, est ainsi placée sur le trône de la mère (Heh), c’est ainsi que finalement, elle « réveille le Père (Yod) ».

Cependant, dans le plus grand symbolisme de tous, le symbolisme au-delà de toutes les considérations planétaires et zodiacales, cette carte est le complément féminin du Fou, car les lettres Aleph Lamed constituent la clef secrète du Livre de la Loi et c’est la base d’un système kabbalistique complet d’une profondeur et d’une sublimité plus grande que tout autre système. Les détails de ce système n’ont pas encore été révélés. Néanmoins, on a pensé avec raison faire allusion à son existence en assimilant les dessins de ces deux cartes. Non seulement, parce que la Balance est un signe de Vénus, mais aussi parce qu’elle est la partenaire du Fou, elle est la Déesse représentée en train de danser et fait penser à Arlequin.

Cette femme jeune et mince est placée exactement sur la pointe des pieds. Elle est couronnée des plumes d'autruche de Maât, la déesse égyptienne de la Justice, et sur son front se trouve le serpent Uraeus, le Seigneur de Vie et de Mort. Elle est masquée et son expression montre sa satisfaction intime secrète dans sa domination de tous les éléments de déséquilibre de l’Univers. Cette condition est symbolisée par l’Epée Magique qu’elle tient à deux mains, et les plateaux de balances (ou sphères) dans lesquelles elle pèse l’Univers, Alpha le Premier s’équilibre exactement avec Omega le Dernier. Ce sont les Juge et Tests du Jugement Dernier, les Tests, en particulier, sont symboliques du déroulement secret du jugement par lequel toute expérience actuelle est absorbée, transmuée, et finalement transmise, en vertu de l’opération de l’Epée, dans une nouvelle manifestation. Tout cela se déroule dans le diamant formé par le motif du Vesica Piscis caché et par lequel cette expérience sublimée et régulée passe à sa manifestation ultérieure.

Elle se tient avec assurance devant un trône composé de sphères et de pyramides (il y en a quatre ce qui représente la Loi et la Limitation) qui se maintiennent dans la même équité qu'elle manifeste elle-même, même si c’est sur un plan totalement impersonnel dans le cadre duquel toutes les opérations se déroulent. Encore une fois, en dehors de cela, à l’angle de la carte, sont placées les sphères équilibrées de lumière et de ténèbres et les rayons constamment équilibrés de ces sphères forment un rideau, l’interaction de toutes les forces qu’elle additionne et soustrait.

En allant plus profondément dans la philosophie, l’Arcane représente La Femme Satisfaite. L’équilibre se distingue des préjugés individuels et par conséquent en France son nom devrait plutôt être Justesse. Dans ce sens, la Nature est scrupuleusement juste. Il est impossible de laisser tomber une épingle sans créer une réaction correspondante dans chaque Etoile. L’action a perturbé l’équilibre de l’Univers.

Cette femme-déesse est Arlequin, elle est la partenaire et l’accomplissement du Fou. Elle est l’ultime illusion qui est la manifestation, elle est la danse, multicolore, aux nombreux leurres, de la vie elle-même. Tourbillonnant constamment, toutes les possibilités sont expérimentées sous le spectacle fantôme de l’Espace et du Temps : toutes choses sont réelles, l’âme est la surface, précisément parce qu’elles sont immédiatement compensées par cet Ajustement. Toutes les choses sont harmonie et beauté, toutes les choses sont Vérité: car elles s’annulent.

Elle est la déesse Maât, au dessus de son némès elle porte les plumes d’autruche de la Double Vérité.

De cette Couronne, si délicate que le moindre souffle de pensée les fait remuer, dépendra, par des chaînes de Causes, les Echelles par lesquelles Alpha, le premier, est sur le point de parfait équilibre avec Oméga, le dernier. Les plateaux de la balance sont les Deux Témoins dont chaque mot doit être établi. Elle doit donc être comprise comme évaluant la vertu de chaque acte et exigeant une satisfaction exacte et précise.

Plus que cela, elle est la formule complète de la Dyade, le mot AL est le titre du Livre de la Loi, dont le nombre est 31, la plus secrète des clefs numériques de ce Livre. Elle représente la Manifestation qui peut toujours être annulée par l’équilibration des contraires.

Elle est enveloppée dans un manteau de mystère, très mystérieux parce diaphane, elle est le sphinx sans secret, car elle est purement une question de calcul. Dans la philosophie orientale, elle est le Karma.

Ses attributions développent cette thèse. Vénus régit le signe de la Balance et cela pour exprimer la formule : « L’amour est la loi, l’amour à dessein ». Mais Saturne représente avant tout l’élément du Temps, sans lequel l’ajustement ne peut avoir lieu, car toutes les actions et réactions prennent place dans le temps et, par conséquent, le temps lui-même n’est qu’une condition des phénomènes, tous les phénomènes sont invalides car non équilibrés.

La Femme Satisfaite. Ses mains sortent de la cape de ses ailes qui dansent. Elles tiennent la poignée de l’épée phallique du magicien. Elle maintient la lame entre ses cuisses.

C’est à nouveau un hiéroglyphe exprimant « L’amour est la loi, l’amour à dessein ». Chaque forme d’énergie doit être dirigée, doit être appliqué avec intégrité pour accomplir pleinement son destin.


IX. L'Ermite

La lettre hébreu qui correspond à cette carte est Yod qui désigne la main. Ainsi, la main, qui est l’outil ou l’instrument par excellence, est au centre de l’image. La lettre Yod est le fondement de toutes les autres lettres de l'alphabet hébreu, qui n’en sont que des combinaisons de diverses manières.

La lettre Yod est la première lettre du Tétragramme, et cela symbolise le Père qui est Sagesse. Il est la plus haute forme du Mercure ainsi que le Logos, le Créateur de tous les mondes. En conséquence, son représentant dans la vie physique est le spermatozoïde, voilà pourquoi la carte est appelée L’Ermite.

Le personnage de l’Ermite lui-même rappelle la forme de la lettre Yod et la couleur de son manteau est celle de Binah, où il est en gestation. Dans sa main il tient une Lampe dont le centre est le Soleil, dépeint en ressemblance avec le Sceau du grand Roi du Feu (Yod est le Feu secret). Il semble qu’il contemple, et dans un certain sens adore, l’œuf Orphique (de couleur verdâtre), car il coïncide l’Univers, alors que le serpent qui l’entoure est de multiples couleurs, ce qui décrit l’irisation du Mercure. Il n’est pas que créateur, mais il est l’essence fluidique de la Lumière, qui est la vie de l’Univers.

Le symbolisme le plus élevé de cette carte est, par conséquent, la Fertilité dans son sens le plus exalté et cela se reflète dans l’attribution de la carte au signe de la Vierge qui est un autre aspect de la même qualité. La Vierge est un signe de terre et est plus particulièrement liée au Blé, ainsi le fond de la carte est un champ de blé.

La Vierge représente la forme la plus faible, la plus réceptive, la plus féminine de la terre, et forme la croûte sur Hadès. Mais non seulement Mercure gouverne la Vierge mais Mercure s’y exalte. On peut comparer cela au Dix de Pentacles et la doctrine générale voulant que le point culminant de la Descente dans la Matière soit le signal pour la réinsertion par l’Esprit. C’est la Formule de la Princesse, le mode d'accomplissement du Grand Oeuvre.

Cette carte rappelle la Légende de Perséphone dans laquelle il y a un dogme. Dissimulée en Mercure il y a une lumière qui imprègne de façon égale toutes les parties de l’Univers, l’un de ses titres est Psychopompos, le guide de l’âme dans les régions inférieures. Ces symboles sont indiqués par sa Baguette-Serpent, qui en réalité plonge ses racines dans l’Abîme et est le spermatozoïde conçu comme un poison et permettant au fœtus d’exister. Derrière lui il y a Cerbère, le Chien des Enfers à trois têtes qu’il a apprivoisé. Cet Atout montre tout le mystère de la Vie dans ses rouages les plus secrets. Yod, Phallus, Spermatozoïde, Main, Logos, Vierge. Il y a Identité parfaite et non uniquement Equivalence, des extrêmes, de la Manifestation et de la Méthode.


X. La Roue de la Fortune

Cette carte est liée la planète Jupiter, « la Plus Grande des Fortunes » en astrologie. La lettre hébreu qui correspond à cette carte est Kaph qui désigne la paume de la main, dans les lignes de laquelle, selon une autre tradition, la fortune de son propriétaire peut être lue. Il serait obtus de penser que Jupiter serait synonyme de bonne fortune, elle représente les éléments de chance et de malchance. Le facteur incalculable.

Cette carte représente donc l’Univers dans son aspect d’état en changement continuel. En haut on voit le firmament des étoiles. Elles apparaissent sous une forme déformée même si elles sont équilibrées, certaines sont brillantes, certaines sombres. D’elles, à travers le firmament, surgissent des éclairs, ils se transforment en une masse de plumes bleues et violettes. Au milieu de tout cela une roue à dix rayons est suspendue, selon le nombre des Sephiroth et la place de Malkuth elle indique une suprématie des affaires physiques.

Sur cette roue il y a trois personnages, le Sphinx avec une Epée, Hermanubis et Typhon. Ils symbolisent les trois formes d’énergie qui gouvernent le mouvement des phénomènes.

La nature de ces qualités demande une description minutieuse. Dans le système Indien ce sont les Gunas : Sattvas, Rajas et Tamas. Le mot « Guna » est intraduisible. Ce n’est pas tout à fait un élément, une qualité, une forme d'énergie, une phase ou un potentiel. Toutes ces idées sont liées aux Gunas. Tamas c’est l’obscurité, l’inertie, la paresse, l’ignorance, la mort et les autres concepts proches. Rajas c’est l’énergie, l’excitation, le feu, la brillance, l’agitation. Sattvas c’est le calme, l’intelligence, la lucidité et l’équilibre. Les gunas correspondent aux trois principales castes Indiennes.

L’un des aphorismes les plus importants de la philosophie Indienne est : « Les Gunas tournent ». Cela signifie que, selon la doctrine du changement continuel, rien ne peut demeurer dans une phase où l’un de ces Gunas est prédominant, mais quelle que soit la densité et la vacuité de la chose, un jour viendra où elle commencera à évoluer. La fin et la récompense de l’effort est un état de quiétude lucide, qui, cependant, tend finalement à retomber dans l’inertie initiale.

Les Gunas sont représentés dans la philosophie européenne par les trois qualités : Soufre, Mercure et Sel, déjà représentés dans les Atout I, III et IV. Mais dans cette carte l’attribution est quelque peu différente. Le Sphinx est composé des quatre Chérubins, représentés dans l’Atout V, le taureau, le lion, l’aigle et l’homme. Ils correspondent aussi aux quatre vertus magiques, à savoir, vouloir, oser, et se taire. (Ce sont les quatre éléments, résumées dans un cinquième, l’Esprit, qui forment le Pentagone, et la vertu magique qui y correspond est Ire, aller). « Aller » est le symbole du Divin. Ce Sphinx représente l’élément Soufre, et est exalté, temporairement, au sommet de la roue. Il est armé d’une épée, une épée courte romaine, tenue dressée vers le ciel entre ses pattes de lion.

Grimpant sur le côté gauche de la roue il a Hermanubis, qui représente le Mercure alchimique. C’est un dieu composite, mais chez lui l’élément simiesque prédomine.

Sur le côté droit, se précipitant vers le bas, il y a Typhon, qui représente l’élément Sel. Il y a pourtant un certain degré de complexité chez ces personnages, ainsi Typhon était un monstre du monde primitif personnifiant la puissance destructrice et la fureur des volcans et des typhons. Dans la légende il a essayé de conquérir l’autorité suprême sur les dieux et les hommes, mais Zeus l’a foudroyé d’un éclair. On dit que c’est le père des vents orageux, chauds et dangereux ainsi que celui des Harpies. Mais cette carte, comme l’Atout XVI, peut aussi être interprétée comme une Unité de réalisation et de plaisir suprêmes. Les éclairs qui détruisent, engendrent également, et la roue peuvent être vue comme l’Oeil de Shiva, qui lorsqu’il s’ouvrira détruira l’Univers, ou comme une roue du char de Jaganath, dont les dévots atteignent la perfection au moment où le char les écrase.


XI. La Luxure

I. Babalon

Autrefois cet Atout était autrefois appelée Force. Mais elle implique bien plus que de la force dans le sens ordinaire du mot. L’analyse technique montre que la Voie correspondant à cette carte n’est pas la force de Gueborah, mais l’influence de Chesed sur Gueburah, la Voie équilibrée à la fois verticalement et horizontalement sur l’Arbre de Vie. Pour cette raison, il a été jugé préférable d’en modifier le nom traditionnel. La Luxure implique non seulement la force, mais la joie de la force exercée. C’est la vigueur et la joie de la vigueur.

Avance, Ô enfant, sous les étoiles et emplis-toi d’amour !! Je suis au-dessus de toi et en toi. Mon extase est dans la tienne. Ma joie est de voir ta joie.

Beauté et force, rire éclatant et délicieuse langueur, force et feu, sont nôtres.

Je suis le Serpent qui donne Savoir, Plaisirs et gloire éclatante et dans l’ivresse j’attise le coeur des hommes. Pour m’adorer prends du vin et des drogues étranges dont je parlerai à mon prophète et enivre-t-en ! Elles ne te feront aucun mal. C’est un mensonge, cette folie contre soi-même. L’étalage de l’innocence est un mensonge. Sois fort, Ô homme ! Désire, prends plaisir à ce que t’apportent tes sens, n’aie crainte, aucun Dieu ne te l’interdit.

Observe ! Voilà de graves mystères, car certains de mes amis aussi sont ermites. Réfléchi maintenant, comment les trouver non dans la forêt ou sur la montagne, mais dans les lits pourpres, caressés par de splendides femmes féroces aux larges hanches, avec du feu et de la lumière dans leurs yeux et une chevelure abondante et flamboyante autour de leur tête, à toi de les trouver. Tu les verras au pouvoir, dans les armées victorieuses, en toute occasion joyeuse et il y aura en elles une joie un million de fois plus grande que cela. Prends garde qu’une personne n’en contraigne une autre, Roi contre Roi ! Aimez-vous les uns les autres avec des cœurs ardents, foulez du pied les hommes vils dans l’appétit féroce de votre fierté, au jour de votre colère.

Il y a une lumière devant tes yeux, Ô prophète, une lumière non désirée, on ne peut plus désirable.

Je suis élevé dans ton cœur et les baisers des étoiles pleuvent énergiquement sur ton corps.

Tu es exalté dans la voluptueuse plénitude de l’inspiration, l’expiration est plus douce que la mort, plus rapide et plus source de rire qu’une caresse du ver des Enfers.

Cet Atout se réfère au signe Zodiacal du Lion. C'est le Chérubin de Feu, il est gouverné par le Soleil. C’est la plus puissante des douze cartes Zodiacales, elle représente la plus critique de toutes les opérations magicke et alchimique. Elle représente l’acte de mariage originel tel qu’il existe dans la nature, par opposition à la forme la plus artificielle représentée sur l’Atout VI, il n’y a sur cette carte aucune tentative de diriger le cours de l’opération.

Le sujet principal de cette carte correspond au plus ancien recueil de légendes ou de fables. Il est nécessaire ici d’aller un peu plus dans la doctrine magique de la succession des Eons, qui est liée à la procession du Zodiaque. Ainsi, le dernier Eon, celui d’Osiris, est lié au Bélier et à la Balance, comme l’Eon précédent, celui d’Isis, était surtout lié aux signes du Poisson et de la Vierge et que l’Eon actuel, celui d’Horus, est lié au Verseau et au Lion. Le Mystère central de l’Eon précédant était celui de l’Incarnation, toutes les légendes d’Hommes-Dieu étaient fondées sur une histoire symbolique de ce genre. L’essentiel de toutes ces histoires était de nier la paternité humaine du héros ou homme-dieu. Dans la plupart des cas on disait que son père était un dieu sous une forme animale, l’animal étant choisi selon les qualités que les auteurs du culte souhaitaient voir reproduit chez l’enfant.

Ainsi, Romulus et Remus étaient des jumeaux, enfants d’une vierge fécondée par le dieu Mars et furent allaités par une louve. C’est sur cette formule magique que la ville de Rome a été fondée.

Le père de Gautama Bouddha était, dit-on, un éléphant à six défenses qui était apparu à sa mère dans un rêve.

Il y a aussi la légende du Saint-Esprit sous l’apparence d’une colombe, imprégnant la Vierge Marie. Il y a là une référence à la colombe de l’Arche de Noé, apportant la bonne nouvelle : le monde était sauvé des eaux. (Ceux qui vivaient dans l’Arche étaient les foetus, les eaux le liquide amniotique).

Des fables similaires se retrouvent dans toutes les religions de l’Eon d’Osiris : c’est la formule typique du Dieu Mourant.

Sur cette carte apparait donc la légende de la femme et du lion, ou plutôt du lion-serpent. (Cette carte est liée à la lettre Teth, qui désigne un serpent.)

Les devins des premiers jours de l’Eon d’Osiris prévoyaient la Manifestation de cet Eon à venir dans lequel nous vivons maintenant et ils le considéraient avec une intense horreur et une grande peur, ils ne comprenaient pas la précession des Eons et voyaient chaque changement comme une catastrophe. Il s’agit là de la véritable interprétation et l’explication des diatribes contre la Bête et la Femme Ecarlate des chapitres XIII, XVII et XVIII de l’Apocalypse, mais sur l’Arbre de Vie, la voie de Gimel, la Lune, descendant du plus haut, coupe la voie de Teth, le Lion, la maison du Soleil, de sorte que la Femme sur la carte peut être considérée comme un aspect de la Lune, pleinement illuminée par le Soleil, et intimement unie à Lui de façon à engendrer, sous une forme humaine, le ou les représentants du Seigneur de l’Eon.

Elle chevauche la Bête, elle tient les rênes de sa main gauche, ce qui représente la passion qui les unit. Dans la droite, elle brandit la coupe, le Saint Graal enflammé par l’amour et la mort. Dans cette coupe se mêlent les éléments du sacrement de l’Eon. Dans le Livre des Mensonges il y a un chapitre consacré à ce symbole.

Fleur de Waratah


Sept sont les voiles de la danseuse dans Son harem.

Sept sont les noms et sept sont les lampes près de Son lit.

Sept eunuques La gardent, épées tirées. Nul homme ne peut s’approcher d’Elle.

Dans Sa coupe de vin il y a sept fleuves du sang des Sept Esprits de Dieu.

Sept sont les têtes de LA BÊTE qu’Elle chevauche.

La tête d’un Ange, la tête d’un Saint, la tête d’un Poète,

la tête d’Une Femme Adultère, la tête d’un Homme de Valeur,

la tête d’un Satyre et la tête d’un Lion-Serpent.

Sept sont les lettres composant Son nom le plus sacré, et il s’agit de


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Voici le Sceau sur l’Anneau qui est sur Son Index

et c’est le Sceau sur les Tombes de ceux qu’Elle a tués.

Voici la Sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le Nombre de Notre Dame; car c’est le Nombre d’une Femme et Son Nombre est Cent Cinquante-Six.

Il y a dans cette carte une ivresse divine ou extase. La femme est montrée comme ayant dépassé le stade de l’ivresse et de la folie, le lion a aussi soif de luxure. Cela signifie que le type d’énergie décrit est d’ordre primitif et créatif, il est totalement indépendant de la critique raisonnée. Cette carte illustre la volonté de l’Eon. Dans le fond de la carte il y a des images pacifiques de saints, qu’évoquent cette carte, car leur vie entière a été absorbée par le Saint Graal.

Vous saurez maintenant que le prêtre et apôtre désigné de l’espace infini est le prêtre-prince de la Bête et tous les pouvoirs sont donnés à sa femme appelée la Femme Ecarlate, ils rassembleront mes enfants dans leur giron; Ils apporteront la gloire des étoiles dans le cœur des hommes.

Car il est toujours un soleil et elle une lune. Mais à lui sera la flamme ailée secrète et à elle la voûte de lumière stellaire.

Ce sacrement est la formule magico-physique permettant d’atteindre l’initiation pour l’accomplissement du Grand Oeuvre. En alchimie c’est le processus de distillation, opéré par ferment interne sous l’influence du Soleil et de la Lune.

Derrière les personnages de la Bête et de son Epouse il y a dix cercles rayonnants lumineux, ce sont les Sephiroth latents qui ne sont pas encore dans l’ordre, car chaque nouvel Eon exige un nouveau système de classification de l’Univers.

Au sommet de la carte on voit un emblème de la nouvelle lumière, avec les dix cornes de la Bête, qui sont des serpents, envoyés dans toutes les directions pour détruire et recréer le monde.


II. Babalon

(extrait de La Vision et la Voix)

Dans l’Atout VII, l’aurige porte le Graal de la Grande Mère. Voici la vision:

L’aurige parle d’une voix basse, solennelle et grandiose, comme une très grande cloche très lointaine. Qu’il regarde la coupe où le sang est mêlé, car le vin de la coupe est le sang des saints. Gloire à la Femme Ecarlate, Babylone, la Mère des Abominations, qui chevauche la Bête, car elle a répandu leur sang dans toutes les parties du monde, et vois, elle l’a mélangé dans la coupe de sa fornication.

Avec le souffle de ses baisers, elle l’a fait fermenter et c’est devenu le vin du Sacrement, le vin du Sabbat, et au sein de l’Assemblée Sacrée elle l’a servi à ses adorateurs et ils en furent ivres et ainsi, face à face ils ont regardé mon Père. Ainsi ils furent dignes de partager le Mystère de son vase sacré, car le sang c’est la vie. Ainsi, elle s’est assise et les justes ne furent jamais las de ses baisers et par ses meurtres et ses libertinages, elle a séduit le monde. Là s’est manifestée la gloire de mon Père qui est Vérité.

(Ce vin est tel que sa vertu irradie, traversant la coupe et je titube frappé par son ivresse. Et ce vin détruit toutes mes pensées. Elle est restée seule et son nom est Compassion. « Compassion » c’est le sacrement de la souffrance partagé par les véritables adeptes du Très Haut. Et c’est une extase où il n’y a nulle trace de douleur. Sa passivité (= sa passion) c’est comme s’abandonner dans les mains de la personne qu’on aime).

La voix continue : Voilà le Mystère de Babylone, la Mère des Abominations, et c’est le mystère de ses adultères, car elle s’est abandonnée à tout les êtres vivants et a participé à son mystère. Et comme elle a fait d’elle la servante de chacun, elle est devenue la maitresse de tous. Tu ne peux, pour le moment, pas encore comprendre sa gloire.

Tu es belle, Ô Babylon et désirable car tu t’es offerte à tout les êtres vivants et ta faiblesse a soumis leur force. Car dans cette union tu as compris. Ainsi tu es appelée Compréhension, Ô Babylone, Dame de la Nuit !

Voilà ce qui est écrit : « Ô mon Dieu, dans une ultime extase je vais m’unir avec de nombreux autres ! » Car elle est l’Amour et son amour est unique et elle a divisé cet amour unique en une infinité d’amours et chaque amour est unique et est égal à l’Unique et elle est ainsi passée de l’Assemblée et de la Loi et de l’Illumination en une anarchie de solitude et de ténèbres. Car pour toujours elle doit masquer Son éclat.

Ô Babylon, Babylon, puissante Mère, qui chevauche la Bête couronnée, laisse moi boire le vin de tes ébats, que tes baisers me dévergondent jusqu’à la mort, que même moi, qui porte ta coupe, puisse comprendre.

Par la lueur rougeâtre de la coupe, je perçois bien plus, infiniment plus, la vision de Babylone. Et la Bête qu’elle chevauche est le Seigneur de la Cité des Pyramides que j’ai vu dans le quatorzième Aethyr.

Maintenant elle s’en est allée à la lueur de la coupe et l’Ange a dit :

Tu ne pourras pas encore comprendre le mystère de la Bête, car il n’est pas lié au mystère de cette Aire et peu de ceux qui viennent de naitre à la Compréhension en sont capables.

La coupe brille toujours plus lumineuse et brûlante. Tout mes sens sont instables, étant frappé d’extase.

Et l’Ange a dit : Bénis soient les saints dont les sangs se mêlent dans la coupe et ne pourront plus jamais être séparés. Car Babylone la Belle, la Mère des abominations, a juré par son kteis sacré, dont chaque point est un spasme, qu’elle ne cessera ses adultères avant que le sang de tout ce qui est vit y soit recueilli et que le vin qui y a été placé ait muri et soit consacré, digne de réjouir le cœur de mon Père. Car mon Père est las du stress de l’âge et ne la rejoint plus dans son lit. Pourtant ce vin parfait est la quintessence et l’élixir, et en le buvant il retrouve sa jeunesse et il en sera éternellement ainsi, car âge après âge les mondes se dissolvent et changent et l’univers lui-même s’ouvre comme une Rose et se fermera comme la Croix qui s’est repliée pour former le Cube.

Et voici la comédie de Pan, qui se joue la nuit venue dans la forêt épaisse. Et voici le mystère de Dionysos Zagreus, qui est célébré sur la montagne sacrée de Kithairon. Et voici le secret des frères de la Rose-Croix et voici le coeur du rituel qui est accompli dans la Crypte des Adeptes qui est cachée dans la Montagne des Cavernes, la Montagne Sacrée d’Abiego.

Et voilà le sens de la Cène de Pâque, l’effusion du sang de l’Agneau est un rituel des Frères Noirs, car ils ont scellé le Pylône avec du sang, de peur que l’Ange de la Mort pénètre chez eux. Ainsi ils se sont isolés de la compagnie des saints. Ainsi ils se sont coupés de la compassion et de la compréhension. Maudits soient-ils, pour avoir fermé leur cœur.

Ils se sont coupés des baisers de ma Mère Babylone et dans leurs forteresses isolées ils adressaient leurs prières à la fausse lune. Et ils se sont liés les uns aux autres par un serment et une grande malédiction. Et avec malice ils ont conspiré ensemble, ils ont atteint la puissance et la maîtrise et dans leurs chaudrons ils ont brassé le vin âpre de l’illusion, mêlé au poison de leur égoïsme.

Ainsi, ils ont fait la guerre au Saint, envoyant leur illusion sur les hommes et sur tout ce qui vit. Ainsi leur fausse compassion est appelée compassion et leur fausse compréhension est appelée compréhension, voilà leur sort le plus puissant.

Pourtant leur propre poison les fait périr et dans leurs forteresses isolées ils furent dévorés par le Temps qui a les a mystifié pour Le servir et ils ont aussi été trompés par le puissant démon Choronzon, leur maître, dont le nom est la Seconde Mort, car le sang dont ils ont maculé leur Pylône, qui est un obstacle infranchissable par l’Ange de la Mort, sera la clef par laquelle il entrera


XII. Le Pendu

XIII. La Mort

XIV. L'Art

XV. Le Diable

XVI. La Tour

XVII. L'Etoile

XVIII. La Lune

XIX. Le Soleil

XX. L'Eon

XXI. L'Univers

Les Bâtons

Les Coupes

Les Epées

Les Disques