Même les Sorcières font des affaires sur l’Ile de Man

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Même les Sorcières font des affaires sur l’Ile de Man

John LeBlanc, The Calgary Herald du 26 octobre 1967 et Frontiers of Belief (1968)

Traduction Tof


Castletown, Ile de Man - La grande prêtresse des covens de l’Ile de Man covens verse à tout le monde une tasse de thé et fait remarquer que la météo des Iles Britanniques est aussi exécrable pour les sorcières que pour les autres personnes.

« J’ai vraiment hâte de m’envoler pour Majorque pour les vacances, » a ajouté la grande prêtresse, connue sous le nom Lady Olwen dans les cercles de sorcellerie, mais ses amis l’appellent Nicky. Elle et sa famille s’envoleront par des moyens conventionnels.

« Aucune sorcière n’a jamais volé sur un balai » a expliqué l’époux de Lady Olwen, que les sorcières appellent Loic mais qui est aussi Campbell (Scotty) Wilson et dont le savoir en matière d’aérodynamique vient d’un passé de pilote de guerre dans la Royal Air Force puis d’un emploi de pilote de transport civil en Extrême Orient.

Scotty et Nicky sont des sorcières totalement modernes. Ils pratiquent les rites secrets de la sorcellerie, disent-ils, mais ils ont aussi monté une entreprise autour de la sorcellerie. Scotty peut discourir avec une aisance égale de la politique coloniale britannique que des points faibles des avions de combats F-111.

Il a aussi réfléchi à la façon dont l’idée que les sorcières volent s’est répandue. Comme il le dit, elles couvraient leurs corps nus de graisse noire et se rendaient sur leurs lieux de rituels à cheval sur des bâtons, comme sur un cheval-bâton. Les enquêteurs officiels cherchaient des bâtons graisseux qui étaient une preuve contre les sorcières et les conséquences étaient redoutables. Ainsi, les sorcières plaçaient leur balai dans la cheminée, cela pouvait ainsi expliquer pourquoi le balai était noir de suie.

Elles ne peuvent rien faire en leur faveur

« C’est de là qu’est venue l’idée voulant que les sorcières chevauchaient leurs balais dans le ciel. » a ajouté Scotty, qui a aussi expliqué pourquoi lui et Lady Owen ne peuvent pas provoquer le beau temps sur cette ile de la mer d’Irlande au lieu d’aller le chercher en Méditerranée.

« Les sorcières ne peuvent rien faire en leur faveur » a-t-il dit. Il exprime aussi certaines réserves sur ce qu’elles peuvent faire pour les autres.

« Nous pratiquons les anciens rituels lorsque des gens comme les agriculteurs nous demandent de faire quelque chose pour les cultures ou la météo. Je me souviens qu’une fois il y a eu ensuite 12 jours de soleil pour l’agriculteur, il s’agissait peut être d’une coïncidence, mais pour nous le temps est resté pluvieux.

« Puis il y a des gens qui ont des soucis au sujet d’une chose ou d’une autre ou qui demandent de l’aide. Nous essayons de leur donner une aide psychologique »

En tout cas, dit Scotty, toutes nos activités impliquant d’autres personnes vont dans le sens du bien : les sorcières d’aujourd'hui ne jettent plus de mauvais sorts. Pour eux, la sorcellerie est une religion, basée sur l’ancienne « wica » Anglo-Saxonne ou état de sagesse.

Ils disent aussi qu’elle se répand dans les Iles britanniques et dans toute l’Europe et « explose » en Amérique du Nord. Ils ajoutent qu’ils ont mis en place des covens au Canada mais qu’ils n’en parleront pas parce que les autorités canadiennes ne montreront peut être pas la même tolérance que les autorités britanniques vis-à-vis des pratiques non-orthodoxes.

Ca a démarré à l’Est

Nicky, un peu moins de 40 ans, vêtue conventionnellement d’un pull à col roulé et d’un pantalon moulant, dit avoir été initiée à la sorcellerie en Extrême-Orient. Monique est née à Haiphong, maintenant c’est le Nord Vietnam, mais à l’époque c’était l’Indochine française, elle était la fille d’un ingénieur français. Elle et Scotty se sont rencontrés à Hong Kong.

Quand Scotty a perdu le droit de piloter les avions – il parle de « ces foutus babouins de Whitehall » - ils sont venus ici et ont rejoint le Dr Gerard Gardner, l’homme à la tête des covens britanniques. Lorsqu’il est décédé il y a quelques années, il leur a laissé ses livres anciens et un musée de la sorcellerie où il exposait ce qu’il avait réuni lorsqu’il était fonctionnaire à l’étranger.

Malgré leurs croyances insolites, les Wilson et leurs enfants sont acceptés comme une famille normale dans la communauté même s’ils pratiquent occasionnellement mais discrètement des rituels dans leur agréable maison.

Ils ont également mis sur pied un important musée commercial autour d’un vénérable moulin de pierre en ruine avec une atmosphère adéquate à côté de Casteltown. Le moulin est mentionné dans des documents remontant jusqu’à 1611 et on dit qu’il a été utilisé comme piste de danse par un groupe appelé les sorcières d’Arbory il y a ​​plus d’un siècle.

Les officiels de cette île touristique ont fait en sorte que les bus desservent le musée de Lady Olwen et Loic et cette année 90.000 visiteurs sont venus au musée.

« Juste pour rire »

« La plupart d’entre eux viennent ici juste pour rire » a dit Scotty avec une pointe de regret dans la voix.

Mais, le couple fait mieux que leurs prédécesseurs dans le culte. Bien que les habitants de l’Ile de Man d’ascendance Celtique et Scandinave se soient intéressés à toutes sortes de mysticismes, les sorcières ont été pourchassées par les autorités pendant la majeure partie de l’histoire de l’Ile.

Dans les archives il y a les traces de centaines de procès ecclésiastiques pour sorcellerie. Habituellement le condamné était exposé lors de la messe dominicale vêtu d’un drap avec une bougie à la main.

Il y a eu de nombreux procès criminels dans les tribunaux. Il semble que généralement sur l’Ile de Man le verdict de sympathie du jury était : Non coupable, mais ne recommence pas.

Le magistrat William Quayle se souvient d’une ancienne légende où Slieu Whallian, une colline devant la ville de St. John était réservée à la punition de ceux qui pratiquaient les arts sombres. Au sommet de cette Colline Sorcière les suspects étaient placés dans des tonneaux tapissés intérieurement de pointes et on les faisait rouler.

Ils ne pouvaient s’en sortir

Ils ne pouvaient s’en sortir. Si l’accusé survivait à la balade, on disait que c’était grâce à la sorcellerie et l’accusé était traîné derrière un bateau dans la mer toute proche jusqu’à ce que mort s’en suive. Si le suspect ne survivait pas à l’épreuve du tonneau, il y avait un verdict posthume d’acquittement.

Mais le seul cas où il y a eu officiellement une exécution de sorcière s’est passé en 1617 lorsque Margaret Quayne a été surprise en train de pratiquer un rite de fertilité pour qu’il y ait de bonnes récoltes, ce que font également aujourd’hui Scotty et Nicky. Elle et son jeune fils ont été brûlés sur le bucher.

Plus favorisés par les Îliens sont tous ceux du « petit peuple. » Il remonte à l’époque où il y a très longtemps des Irlandais sont arrivés sur l’Ile de Man. Il y a aussi quelques trolls scandinaves appartenant au folklore des Vikings qui ont dominé l’Ile de Man dans les premier siècle de notre ère.

Ceux du petit peuple sont généralement représentés comme dansant au pied du lit après avoir bu du champagne et mangé du homard, vêtus de vert avec des bonnets rouges. Ils sont généralement prêts à aider mais aussi capables de faire mal à ceux qui ne les traitent pas bien. En hiver, dans les fermes, le feu est censé brûler toute la nuit pour qu’ils aient bien chaud et de la nourriture est laissée à leur intention.

Le lieu où l’on a le plus de chance de les rencontrer c’est au Santan-burn à Ballaglonney où un pont mène à ce qui reste de la Rushen Abbey, construite au début du 12ème siècle. En passant le pont entre la capitale Douglas et l’aéroport animé de Ronaldsway, le véritable Manxois soulève sa casquette et dit. « Bonjour, petit peuple » Au moins, quand il y a des touristes autour.