Je suis une Sorcière (Eleanor Bone)

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Je suis une Sorcière

Eleanor Bone, the Saint Magazine, mai 1967

Traduction Tof et Xavier


Cela ne signifie pas que je porte un chapeau pointu et que je vole sur un balai avec un chat noir à l'arrière. Je n'accompli pas non plus de miracle d'un geste de la main ou en faisant bouger mon nez comme à la télévision. Je sais que c'est ça la vision qu'ont les gens des sorcières et que beaucoup les associent au mal.

Cette image a été créée pour nous lorsque nous étions enfants, lorsque nous écoutions les histoires avant de dormir, la plupart parlaient de la bonne fée qui réussissait toujours à surmonter la méchante sorcière. Nous rencontrons les Sœurs Fatales dans « Macbeth » avec leur aura maléfique, de vieilles mégères laides chantant d'étranges incantations en remuant une potion méphitique dans leurs chaudrons. Plus tard on nous a parlé des sorcières du moyen-âge qui ont été brûlées sur le bûcher pour leur méchanceté et pour hérésie.

Il y a quelques années encore, la majorité des gens ne croyaient pas que les sorcières existaient toujours au XXème siècle. En effet, de nombreuses personnes n'arrivent pas à croire qu'elles ont existé en dehors de livres de contes pour enfants.

Lorsque la dernière Loi contre la Sorcellerie britannique été abrogée en 1951, le secret absolu qui jusque-là avait été essentiel a perdu une grande partie de son importance et il n'a pas fallu attendre bien longtemps avant que le grand public apprenne qu'il existait des covens de sorcières autour d'eux. Tout d'abord les gens furent horrifiés. Tout comme autrefois les anciens chrétiens ont été jetés aux lions, aujourd'hui une forme plus subtile de persécution des sorcières a été menée par la presse. Et quelles images terrifiantes ont été évoquées ! La Sorcellerie a été mélangé avec Magie Noire en laissant penser, pour faire bonne mesure, qu'elles pratiquaient la Messe Noire et des « sacrifice de sang » - pour ne pas parler d'orgies sexuelles - un très bon divertissement pour égayer la tristesse d'un dimanche après-midi.

Je me souviendrai toujours d'une très charmante jeune femme, dans la vingtaine, qui est venue me voir. Elle m'a dit qu'elle s'intéressait beaucoup à la Sorcellerie et qu'elle désirait rejoindre un Coven - MAIS - qu'elle serait incapable d'égorger un animal! Elle croyait vraiment que cela faisait partie du rituel et, malheureusement, beaucoup d'autres personnes pensent comme elle.

De temps à autre, durant les dernières années, des histoires ont été publiées dans la presse nationale, parlant de profanation d'églises, de tombes vandalisées, de croix inversées et d'autres choses du même genre. Chaque fois que ce genre de chose surgit on suggère que c'est lié à la sorcellerie. Il est si facile de blâmer les sorcières. Mon opinion est que la plupart de ces événements sont perpétrés par des jeunes qui s'ennuient et qui ont lu trop de livres de Dennis Wheatley.

Ces derniers temps, beaucoup a été dit et écrit sur les sorcières et la sorcellerie. Les écrivains, les sceptiques, les « chasseurs de sorcières » contemporains - même les sorcières elles-mêmes ont eu leur mot à dire. Un homme a décrit la sorcellerie comme si elle était une sorte de racket à l'américaine alors qu'un autre a suggéré qu'elle avait été « récupérée dans les poubelles des religions du monde ». Nous avons été décrites de façon très très sombre et il a été suggéré que nous sommes tous « des gens anxieux, peureux, en échec et pervers ». D'un autre côté, d'autres nous blanchissent tellement que nous pourrions être une publicité pour le dernier détergent.

C'est ainsi que j'ai lu avec intérêt l'article de W. G. Lofts en espérant y trouver une orientation nouvelle sur un ancien sujet.

Mais il semble avoir fondé son article sur les suppositions d'écrivains du moyen-âge dont les écrits ne font que refléter la propagande répandue par l'Eglise et l'Etat dans leur tentative fanatique de détruire l'Ancienne Religion. Si on lit des travaux comme « Calendrier des Archives Domestiques Gouvernementales » 1584; « L'Histoire Complète de la Magie et de la Sorcellerie » (2 tomes) Londres 1725; « Recueils de tracts rares et curieux relatifs à la Sorcellerie » Londres. 1838; « Confessions sous la Torture de Sorcières » E. Goldsmid, Edimbourg 1886, et je pourrais en citer bien d'autres, bien sûr, on s'attend à y trouver ce fanatisme. Dans tous les cas de propagande on ne peut accepter les accusations pour ce qu'elles se veulent être. Les incidents deviennent des événements, les valets des héros, et vice versa.

Les inquisiteurs ont fait brûler Jeanne d'Arc pour sorcellerie. Elle peut très bien en avoir été une - en fait son surnom de « La Pucelle » - « La Demoiselle », - rend cela très possible - mais ce fut surtout une excuse pour l'exécuter, la raison était purement politique.

M. Lofts nous dit beaucoup sur la persécution des sorcières au moyen-âge, mais il ne donne pas d'explication réellement satisfaisante sur pourquoi et quand la persécution a vraiment commencé. Il tend à ridiculiser l'idée que la sorcellerie vient de l'Ancienne Religion.

Il a aussi tendance à confondre la sorcellerie avec la magie rituelle - une erreur assez commune que de nombreux laïcs ont tendance à faire. Par exemple, quand il mentionne le Dr John Lamb.

Le Dr. Lamb était le médecin personnel du Duc de Buckingham. Il a pratiqué la magie rituelle et l'alchimie (comme l'avait fait au 16ème siècle le Dr John Dee, il avait été emprisonné par la Reine Mary et s'est lié d'amitié plus tard avec la Reine Elizabeth Ière.) C'était un magicien, pas une sorcière. Il a été lapidé à mort par la foule en 1640. Le Roi Charles Ier s'est déplacé personnellement pour faire cesser l'émeute. Mais il est arrivé trop tard. Il a infligé une amende de 600 Livres à la ville de Londres pour ne pas avoir puni les meneurs. Un homme pour lequel le Roi lui-même est intervenu devait avoir été tenu en haute estime par le cercle royal, et les sorcières n'étaient certainement pas assez bien vues pour mériter une telle attention.

Comme M. Lofts le souligne, les procès des sorcières suivaient effectivement une trame. Elle semble avoir consisté en un certain nombre de questions implicites qui ne seraient plus autorisées dans les tribunaux. Après que les personnes accusées aient été soumises à un traitement brutal et à un lavage de cerveau, il n’est pas étonnant qu'elles aient accepté tout ce qu'on leur suggérait.

Je pense qu'il est faux de dire qu'il n'y a aucune trace de grands Procès Anglais de Sorcières que l'on puisse comparer aux Procès de Salem. Le procès de masse de vingt sorcières en 1612 a été décrit dans un livre à deux sous intitulé « La Découverte Merveilleuse des Sorcières dans le Comté de Lancaster » par Thomas Potts (Londres 1618), et les mêmes Sorcières de Pendle ont été immortalisées par Harrison Ainsworth dans son livre « Les Sorcières du Lancashire ». Elles ont même inspiré un roman en 1951, « Brume sur Pendle » avec lequel l'auteur, Robert Neill, a établi sa réputation.

Le premier procès vraiment notable était celui des Sorcières Chelmsford en 1566. Puis il y a eu les procès des Sorcières de Saint Osyth en 1582 et des Sorcières Warboy en 1589. Le procès des Sorcières de Bury St. Edmunds en 1662 a été beaucoup plus documenté et ébruité, et en fait, ce procès a influencé très fortement la conduite des procès de Salem.

Je suis pratiquement certaine qu'il n'a jamais été affirmé que des malformations physiques étaient les caractéristiques de toutes sorcière. De nombreuses jolies femmes de tous âges ont été jugées. Par exemple, Lady Alice Kyteler, la première sorcière irlandaise à avoir été jugée.

Cet essai a été initié par l'évêque de Ledrede d'Ossery, un franciscain formé en France. Il a sans doute appris des procès en sorcellerie là-bas et il a essayé de les introduire en Irlande. Comme Lady Kyteler était la femme la plus riche de Kilkenny, sa richesse était probablement intéressante, car une condamnation pour hérésie signifiait la confiscation de ses biens. Elle a défié l'évêque qui l'a excommuniée. Mais Lady Kyteler a fait emprisonner l'évêque et finalement toute l'affaire s'est terminée par le triomphe de Lady Kyteler.

En ce qui concerne la sorcellerie contemporaine M. Lofts paraît moins sûr de lui, il semble tirer ses informations d’articles de journaux et pas toujours correctement.

Par exemple, feu Gerald Gardner n’a pas dit à la presse qu’il y « avait assez de sorcières pour parvenir à la paix dans le monde ». Les propos d’une jeune Grande Prêtresse britannique en 1958 étaient les suivantes : « S’il y avait suffisamment de sorcières blanches par ici, elles pourraient apporter la paix dans le monde ».

Encore une fois, les Moulin des Sorcières à Castletown sur l'Ile de Man n'est pas le seul Musée de la Magie et de la Sorcellerie dans le monde. Jusqu'il y a quelques semaines, il y en avait un à Bourton-on-the-Water dans le Gloucestershire et il y en a un autre à Boscastle, près de Tintagel.

Je dois dire que la citation d'Edgar Allan Poe n'aurait pas été ma façon de clore un article si je voulais convaincre les gens. La plupart des gens ne connaissent que très peu ses œuvres sérieuses - je pense qu'il est bien plus connu pour ses écrits macabres qui semblent avoir été inspirés par une imagination étrange et morbide mais au combien fascinante. Alors que l'homme n'était pas aussi noir que l'a décrit, Rufus Griswold, son premier biographe, il n'était tout de même pas très sain. Il est mort dans un hôpital suite à une bagarre d'ivrogne. Je me suis toujours dit qu'il devait être schizophrène et je pense que Le Corbeau montre ce dédoublement de la personnalité, peut-être plus que tout le reste de son œuvre. Cette citation particulière a été tirée du Corbeau. En tout cas, des citations prises hors de leur contexte ne prouvent rien, même si elle donne un côté dramatique. Qu'est-ce qui est vrai sur nous les sorcières d'aujourd'hui ?

Pour trouver l'origine de la Sorcellerie, nous devons remonter à l'époque préchrétienne. En anglais le mot sorcière dérive de l'ancien anglo-saxon wicca signifiant « sage ». Les sorcières étaient la prêtrise de l'Ancienne Religion, qui était une combinaison du culte du Soleil et de la Lune, en effet, elle embrassait tous les aspects de la nature. Dans de nombreux anciens cultes, il était de coutume que les rites de la prêtrise soient gardé secrets et il s'agit là d'une des raisons du secret entourant les rites des sorcières et cela même de nos jours.

C'était vers les sorcières que les gens ordinaires allaient quand ils avaient besoin de conseils. Elles étaient habiles dans l'art de « soigner par les simples » - c'est l'ancien nom de la médecine à base de plantes - et elles guérissaient les malades, hommes et animaux, et aidaient et donnaient des conseils sur de nombreux sujets. J'ai toujours pensé qu'elles devaient aussi être de très bonnes psychologues.

Dans une communauté pastorale, la fertilité des hommes, des animaux et des cultures était d'une importance primordiale. Les rites pratiqués par les sorcières avaient pour but de réaliser ces objectifs. Elles croyaient que si elles voulaient que les Dieux les aident, elles devaient aider les Dieux. Une idée intelligente quand on y réfléchit, après tout, nous ne pouvons pas espérer quelque chose de la vie si nous n'y mettons pas du nôtre. Nous devons nous rappeler que ces rites et sacrifices ne faisaient pas partie de la philosophie, c'était une forme de magie sympathique. Alors que la prêtrise s'est développée, le nombre de rites a augmenté. N'est-ce pas là typique de toute prêtrise ? Très souvent, le dogme, qui est très souvent absurde, devient si important que l'enseignement originel n'est presque plus visible. Cela semble se produire dans toutes les religions, ça donne de l'importance aux prêtres et les rend indispensables.

C'est dans ces rites que l'on trouve l'origine de l'histoire de balai. Les sorcières dansaient autour des champs à cheval sur leurs balais. Elles croyaient que plus elles sautaient haut, plus les céréales allaient pousser. Avec le temps, l'histoire a été exagérée et on a dit qu'elles volaient dans les airs! De même, lorsqu'elles recherchaient la fertilité des animaux elles enfilaient des peaux et des masques d'animaux et imitaient les actions de l'animal dont elles souhaitaient la fertilité - une forme de magie sympathique. Cela peut très bien avoir été à l'origine de la superstition voulant que les sorcières peuvent se changer à volonté en animaux.

L'Ancienne Religion était simple - des croyances simples pour des gens simples. Ils adoraient un Dieu et une Déesse, le Dieu était assimilé au Soleil, la Déesse à la Lune ou à la Terre Mère. Ces divinités étaient connues sous de nombreux noms dans différentes parties du monde à travers les âges.

Ce n'est qu'au moyen-âge que nous commençons à entendre parler du Coven composé de douze personnes et d'un leadeur. Cela ne signifie pas nécessairement qu'il n'existait pas avant, juste qu'on n'en a pas de trace.

Dans son livre, Les Soufis, Idries Shah Sayed dit que c'est dû à l'influence sarrasine. Que nous soyons ou non d'accord avec lui, je pense que cette théorie doit être examinée.

Au 9ème siècle, l'école mystique d'Aniza a été fondée par Abyu el Atcahia. Après sa mort, un groupe de cette école a migré vers l'Espagne qui était à cette époque sous domination arabe depuis plus d'un siècle. Ce rejeton berbère était appelé « Le Bi-Cornu ». Ils ont adopté le Bouc comme symbole, Bouc lié au nom tribal Anz, Aniza. Une torche placée entre ses cornes symbolisait l'illumination de l'intellect de l'enseignant Aniza.

Penchons-nous sur certaines similitudes entre ces personnes et les sorcières.

Les deux utilisent le terme « Ancienne Religion » et « Ancienne Tradition ».

Les sorcières appellent leurs divinités « les Anciens » - la divinité des Soufi est « l'Ancien ». Le couteau à manche noir des sorcières est l'athamé - le couteau rituel des soufis est l'adh-hame. Le mot Sabbat dérive peut-être de l’az-zabat - « L'occasion puissante ». Le saint patron des Soufi est Khidr - le Vert, et l'Homme Vert a toujours été associé aux Sorcières. Même si ces similitudes ne constituent pas une preuve, elles donnent force à cette hypothèse. Nous savons que le Bouc fut identifié au Diable en Espagne et à cette époque dans ce pays le Diable a soudainement développé deux cornes et une queue.

La survie de l'ancienne religion préchrétienne aurait considérablement pu être renforcée par l'arrivée du culte sarrasin et cela a ainsi causé la peur et la crainte à l'Eglise du moyen-âge. La Nouvelle Religion n’était pas encore assez ancienne ni assez stable pour se sentir complètement en sécurité.

Comme autrefois un culte absorbait de nombreuses croyances et rituels d'autres cultes, l'Eglise avait absorbé la plupart des théogonies solaires et lunaires de l'Ancienne Religion. De même Bride l'ancienne Déesse Mère païenne fut, à des fins de prosélytisme, canonisée comme sainte chrétienne.

Il faut se souvenir qu'au début le christianisme a été introduit en Angleterre par des étrangers. Augustin était un Italien et au 7ème siècle, l'Église ici avait été organisée par Théodore de Tarse assistée par Adrien le Maure. Pendant plusieurs siècles, le nombre des païens l'emportait nettement sur le petit nombre d'immigrés chrétiens. Lorsque Guillaume le Conquérant a battu Harold, alors qu'il était lui-même chrétien, la majorité de la population était païenne. Même les prêtres servaient souvent à la fois les Anciens Dieux et le Dieu chrétien. En 1282 il est écrit que le prêtre d'Inverkeithing a conduit la danse de fertilité autour du cimetière, pour cela il a été sévèrement réprimandé par son évêque.

Au 13ème siècle, il a été déclaré que la Sorcellerie était une secte hérétique et ce n'est qu'au 14ème siècle que les deux religions se sont sérieusement opposées. La bataille a fait rage aux 16ème et 17ème siècles, les païens ont résisté mais ont perdu la lutte. Dans ce pays, le traitement infligé aux sorcières fut considéré comme plus clément que dans d'autres pays européens où des milliers furent envoyés au bûcher. Pourtant, les sorcières se sont accrochées à leur foi, ont souffert et sont mortes en agonisant plutôt que de renier leurs anciens Dieux. Si elles étaient brûlées, elles croyaient qu'elles deviendraient des victimes sacrificielles et que de cette façon elles servaient leurs Dieux dans la lutte contre le mal et aussi qu'elles assuraient la fertilité de la communauté. Je pense qu'elles méritent le respect pour leur intégrité.

Mais aussi fort qu'une grande majorité de personnes essaient d'enrayer quelque chose qu'ils n'approuvent pas et surtout quelque chose qu'ils craignent, il y aura toujours un petit groupe de partisans fidèles qui se cramponnera fermement à ses croyances et qui les enseignera à d'autres qui souhaitent écouter. C'est ainsi qu'il en a été pour l'Ancienne Religion. Tout au long des années, les croyances ont été transmises ainsi que la plupart des rituels de sorte qu'aujourd'hui nous pouvons encore nous réunir et pratiquer nos rites comme le faisaient nos ancêtres.

La religion est sûrement faite par l'homme, adaptée à un environnement particulier et à un moment particulier.

Même si enfant, je fus baptisée à l'Église et que j'allais régulièrement à l'église et à l'école du dimanche, à un jeune âge j'ai compris que cette religion n'était pas pour moi. Etant une enfant unique je passais une grande partie de mon temps à lire. J'aimais lire des livres sur les Anciens Dieux et Déesses, la religion des Egyptiens et des Grecs de l'Antiquité, sur les Celtes, les Scandinaves et les Phéniciens. Dans toutes ces religions je trouvais le même schéma - le culte d'une grande Force de Vie. Cela me plaisait. C'était une chose que je pouvais comprendre, une chose à laquelle je pouvais vraiment croire, cela me semblait presque familier - peut-être l'écho de quelque chose que je connaissais depuis longtemps. Je me sentais plus proche de ce qui était à l'air libre, dans les forêts, sur les collines, là où l'eau coulait, que de ce que je ressentais entre les quatre murs des églises. En grandissant, ce sentiment s'est développé - inconsciemment je cherchais des gens qui pensaient comme moi.

Au début de la guerre, je vivais et travaillais dans le Cumberland. J'ai sympathisé avec une de mes collègues. C'était une personne sympathique et compréhensive, et souvent le week-end, nous allions faire de longues promenades à la campagne. Une après-midi nous étions assises au bord d'un fleuve et je me suis mis à lui raconter ce que je pensais et ce que je croyais. Cela l'a intéressé et elle a suggéré que je rencontre des amis à elle dont elle savait qu'ils partageraient mes idées.

Le moment voulu, je les ai rencontrés et je suis allé assez régulièrement chez eux. Nous avions en effet beaucoup de choses en commun et il n'a pas fallut très longtemps avant que je réalise que, enfin, j'avais rencontré des gens qui partageaient mes croyances. Je dois expliquer que jusqu'à ce moment, je ne me serai jamais qualifiée de « sorcière ». Je me voyais simplement comme une païenne, une adoratrice de la nature - je n'arrivais pas à croire que le Grand Pan était mort...

Puis, une nuit Mary m'a parlé et a dit qu'elle et son époux étaient maintenant tout à fait certain que j'étais 'l'une des leurs'. Elle a continué en m'expliquant qu'ils étaient membres d'un Coven de sorcières... Sorcières! Pendant un temps le temps semblait s'être arrêté ... et puis - je savais que c'était la réponse. La dernière pièce manquante du puzzle a été mise à sa place et la photo était complète. A ce moment je voyais très clairement que ce n'était pas le Diable que les sorcières du moyen-âge avaient adoré, c'était l'ancien Dieu Cornu. Le Grand Pan n'était pas mort et il ne le sera jamais...

Lors de la rencontre du Coven suivante j'ai été initiée et emmenée dans le Cercle. Je suis liée par un serment de discrétion qui m'empêche de révéler les secrets de l'Art, je ne peux donc pas vous dire grand-chose sur l'initiation. Elle est aujourd'hui aussi vivace dans mon esprit qu'elle l'était il y a vingt-cinq ans.

C'était une nuit claire de pleine lune. Un collier a été placé autour de mon cou, j'ai été attachée avec des cordes et mes yeux ont été bandés, puis on a placé un gros manteau de laine sur mes épaules et en passant par le jardin on m'a menée dans la forêt où ils tenaient leurs réunions lorsque les nuits étaient douces. Je pouvais sentir la rosée sur mes pieds nus - Je pouvais sentir l'herbe, les feuilles et les fleurs - tous mes sens semblaient stimulés. Tout à coup, nous nous sommes arrêtés et les mains amies qui m'avaient guidée n'étaient plus là. J'étais là, les yeux bandés, attachée, impuissante et seule - oh, si seule... C'était une impression étrange. Je me sentais complètement désorientée, presque paniquée. Où étaient les autres? Une brindille a craqué - juste un petit animal qui se déplaçait dans les sous-bois, mais c'était très singulier pour moi. Quelque part, un chien a aboyé. Je n'ai dû attendre que quelques minutes, mais cela m'a semblé être une éternité. Puis, soudain on m'a retiré le manteau, je frissonnai en sentant l'air froid de la nuit sur mon corps.

« O, toi qui te tiens sur le seuil entre le monde plaisant des hommes et les domaines effrayant des Seigneurs des Espaces Extérieurs, as-tu le courage de subir l’Epreuve ? Car je te le dis, en vérité, il serait préférable que tu te jettes sur ma lame et que tu périsses plutôt que d’essayer avec la peur en ton cœur. »

Je sentais la pression de l'acier froid contre ma poitrine, mon cœur battait la chamade - j'avais presque l'impression d'étouffer - et puis - des bras puissants m'ont menés dans le Cercle - et l'initiation a eu lieu. Après avoir fait mon serment le bandeau a été retiré ainsi que les cordes et j'ai été accueillie par mes amies sorcières. Puis j'ai participé à la Danse de Rencontre en commençant lentement puis de plus en plus vite jusqu'à ce que mes pieds semblent ne presque plus toucher le sol, le sentiment d'euphorie était indescriptible.

Après que tout fut fini je me suis senti en paix et je savais que je venais enfin de revenir à la maison.

Je sais que le fait que nous ne portons pas de vêtements lors de nos réunions est devenu un grand problème moral pour nos détracteurs. Je tiens à souligner que la nudité n'a rien à voir avec la moralité ou l'immoralité d'une personne. On peut devenir immoral sans ôter ses vêtements.

Parfois les gens me demandent si je n'avais pas été embarrassée lors de mon premier rituel nue. Je sais qu'il est parfois un peu difficile quand on regarde en arrière après un certain nombre d'années d'être tout à fait clair sur ses réactions lors de certaines situations, mais je pense honnêtement que je peux répondre « NON ». Dans le Cercle les corps semblent n'avoir qu'une importance secondaire - l'atmosphère est plus de nature spirituelle. C'est non seulement mon expérience personnelle mais aussi ce que j'ai entendu dire par d'autres personnes, pourtant certaines d'entre elles pensaient, avant, que la nudité serait une épreuve en soi.

Depuis quelques années, je fais partie du mouvement naturiste comme l'ont fait certains de mes amis sorcières. Mais toutes les sorcières n'aiment pas ça. Je trouve cela très reposant - c'est comme si en enlevant mes vêtements, j'enlevais les soucis et problèmes quotidiens. C'est purement psychologique et il est possible que tout le monde ne sente pas la même chose.

Je reçois de nombreuses lettres et je rencontre beaucoup de personnes qui ont envie de devenir sorcières. Certains d'entre eux ne sont que curieux, de toute évidence d'autres aimeraient cela juste pour « l'excitation », ceux là, j'en suis certaine, seront très déçus si ont les accepte.

Nous saurons instinctivement que certaines personnes seront « bien » pour nous; même si, nous ne les faisons pas entrer immédiatement dans le Cercle. Nous ne cherchons pas à convertir - les personnes qui doivent vraiment venir, trouveront le chemin jusqu'à nous, tout comme moi j'ai trouvé ma voie.

Est-ce que les gens naissent sorcières ? Je trouve qu'il faut vraiment réfléchir à cette idée. Je suppose que c'est vrai. Cela ne signifie pas nécessairement que leurs parents ou leurs grands-parents étaient des sorcières; mais, selon toute probabilité, si on cherche suffisamment loin, on doit pouvoir trouver du sang de sorcière dans leur famille. Je pense qu'ils sont certainement nés en sachant vaguement cela, un sentiment qui se développe fortement si on y prête attention Je dois admettre que je deviens très méfiante quand je reçois des lettres qui disent « Je suis une sorcière, ma grand-mère était une sorcière, elle m'a initié quand j'avais sept ans. » Je découvre ensuite que la personne n'est pas aussi « sage » qu'elle devrait l'être. Très souvent, je le crains, ces lettres sont écrites soit par des cinglés soit par des mythomanes.

Malheureusement, il y a beaucoup trop de personnes de ce genre et je pense que peut-être c'est à ce type de personnes que M. Lofts fait référence lorsqu'il parle « personnes en quête de publicité ». Les vraies sorcières ne cherchent pas la publicité - c'est elles qui sont recherchées.

Au cours des dernières années, une nouvelle expression a surgi - « Reine des Sorcières »; « Roi des Sorcières ». Cela tend à être très trompeur, car ceux qui prétendent à ces titres surgissent les uns après les autres. Les gens se demandent ce qui se passe dans le monde des sorcières. Eh bien, je voudrais qu'une chose soit très claire - ces gens se sont auto-couronnés, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de Roi ou de Reine des Sorcières. Je pense que ces personnes ont peut-être lu un livre de feue le Dr Margaret Murray, où elle fait référence à la « Reine du Sabbat » - ce qui fait bien sûr référence à la Demoiselle ou à la Grande Prêtresse du Coven qui préside au Sabbat. Pourquoi font-ils cela ? Si c'est pour créer une impression, ça ne marche pas bien, comme souvent l'impression créée n'est pas bonne et tend à donner au public une image étrange de la sorcellerie.

La raison pour laquelle une femme dirige un coven est, bien sûr, tout à fait évidente. C'est parce que c'était à l'origine un culte Matriarcal et à cette époque (à l'Age de Pierre tardif - avant l'établissement de la paternité et du mariage) la femme n'était pas considérée comme inférieure à l'homme.

Alors que je parle des mythes modernes sur la sorcellerie, je ne peux pas occulter l'histoire du « mariage des sorcières ». Il n'y a pas très longtemps, j'ai vu une photo dans un journal et j'ai lu une description d'un soi-disant « mariage de sorcières ». Eh bien c'était simplement une version de l'ancien « liage des mains » écossais et rom auquel on a ajouté un peu de charabia magique. Les participants auraient déclaré qu'après avoir vécu cette cérémonie, ils n'avaient pas besoin d'un mariage civil. Comme la femme avait vingt et un ans et que l'homme avait plus de deux fois son âge, il y a eu un bon nombre de critiques.

Or, comme il n'y a pas de cérémonie de ce genre dans les rituels de sorcellerie et que tout cela avait l'air plutôt stupide et malsain, j'ai fait plus de 280 km en voiture pour lutter contre la présumée « sorcière » responsable de tout ça. Lui ayant mis les points sur les « i » et lui ayant clairement fait savoir ce que je pensais de lui, il a décidé qu'il ne pouvait pas me tromper. Il a admis qu'il avait mis tout cela en scène pour montrer « ce qu'était un mariage de sorcières, si une telle chose existait ». Dans le même temps, j'ai découvert que ce qu'il pratiquait n'était certainement pas réellement de la sorcellerie. C'était un mélange étrange de magie cabalistique et égyptienne tirées de livres auquel il avait ajouté quelques idées personnelles. Il m'a montré ce qu'il appelait un « anneau de sorcière » (Le nombre d'anneaux de sorcière qu'on a pu me montrer au cours des années! La plupart d'entre eux sont des bijoux bizarres achetés pour quelques piécettes aux puces ou alors fabriqués par quelqu'un qui est prêt à fournir des « objets rituels » à des prix exorbitants, quelques-uns étaient très précieux et très beaux, mais ne possédaient aucune propriété occulte).

Plus récemment encore un jeune homme qui estimait avoir été « déçu » par la foi chrétienne a donné une interview à un journaliste. Il avait prié pour que sa mère vive et quand elle est décédée il a décidé que Dieu n'était pas bon et il est donc devenu un adorateur du Diable. Eh bien, si ça le rend plus heureux, tant mieux pour lui, mais il n'en n'est pas resté là. Il s'est mis à dire « Dans la Sorcellerie on rend hommage à Satan ». Il a également annoncé son intention de fonder un coven de sorcières. Visiblement c'était un jeune homme très confus et personnellement je pense qu'il est à plaindre, mais ce sont les gens de cette sorte qui apportent le discrédit sur la Sorcellerie. Un autre article dans un journal était titré en grosses lettres : SORCELLERIE - LES SORTS MAGIQUES D'UNE JEUNE FILLE DE COULEUR. C'était le compte d'une histoire d'assassinat et il est fait mention d'une personne qui a été placée dans une noix invisible et qui avait survolé des fleuves. M'étant efforcé de lire cette histoire jusqu'au bout j'en suis arrivé à la conclusion que c'était vraiment du grand n'importe quoi !

Je crois que de nombreuses personnes sont païennes sans être des sorcières, tout comme beaucoup de gens sont chrétiens sans être prêtres et ces personnes peuvent être d'une grande importance pour la Sorcellerie. Il n'y a pas très longtemps, on m'a donné le texte d'une cérémonie qui semblait probablement remonter au moyen-âge, qui avait pour but de faire venir des gens à la Sorcellerie sans avoir à les mener dans le Cercle, pour qu'ils puissent assister à une réunion, en témoigner et participer à la fête et à la Danse de Rencontre à la fin. Alors que je ne l'ai pas encore utilisé, j'espère que, plus tard, nous serons en mesure de l'intégrer à nos rites.

Peut-être que l'une des attractions qu'a la Sorcellerie pour beaucoup de gens est que, si c'est une religion, elle n’est pas bornée ni congestionnée par les dogmes. Aujourd'hui, nos croyances sont assez différentes. Alors que l'on honore toujours dans nos rites le Dieu et la Déesse traditionnels, nous ne les considérerons pas comme des personnalités. Nous croyons que ce sont la personnification des aspects masculins et féminins de la grande Source de Vie - positifs et négatifs, si vous voulez. Nous n'avons pas de manuel imprimé qui nous dit ce que nous pouvons faire et ne pas faire. Chaque Coven est autonome et alors que les principes fondamentaux sont les mêmes, les rites peuvent être très différents selon les covens comme c'était le cas autrefois.

Au moyen-âge, on demandait aux sorcières de garder un livre écrit de leur « propre main ». En cas de danger, il était détruit. Cette tradition existe toujours aujourd'hui. Ce livre est appelé « Le Livre des Ombres ». Dans ce livre nous notons les rituels que nous utilisons à diverses occasions, des chants, des rites d'initiation, d'anciennes recettes à base de plantes, etc. parfois, lorsque nous faisons des recherches, nous retrouvons des fragments de savoir que nous incorporons à notre livre.

À l'époque de la persécution, les sorcières avaient tendance à renoncer à leurs livres et passer plutôt leur savoir oralement, par mesure de sécurité. Malheureusement, cela signifie qu'au cours de quelques siècles certaines choses ont été modifiées, d'autres choses ont été perdues, de sorte que nous sommes constamment à la recherche de bribes à ajouter à notre savoir.

Nous nous retrouvons treize fois par an, une fois par mois lunaire, le plus près possible de la pleine lune. Nous observons les quatre Grands Sabbats - Beltane (la veille de Mai), Lammas (la veille d'Août), Hallowe'en (la veille de Novembre) et de la Chandeleur (la veille de Février), qui ont été célébrés depuis les tout premiers temps. A cette époque Hallowe'en était appelé Samhuin, ce qui signifie 'Fin de l'Eté' (à cette époque il n'y avait que deux saisons - l'Hiver et l'Eté). La Chandeleur était connue comme la fête de Feil-Bride en l'honneur de la Déesse Brigid. C'était la déesse adorée par la grande tribu des Brigantes qui occupait à cette époque la plus grande partie du Nord de l'Angleterre.

Nous préférons tenir nos réunions en plein air chaque fois que possible - ce qui, je le crains, n'est pas toujours facile avec notre ce climat incertain. Notre Réunion à la Veille de l'Eté a toujours lieu en plein air. C'est l'une des occasions où nous permettons aux sympathisants d'être présents.

Tout d'abord la Grande Prêtresse trace le Cercle avec l'athame - le couteau à manche noir - puis elle invoque les Quatre Directions pour qu'ils gardent le Cercle. Un feu est allumé au centre du Cercle et le Chaudron, rempli d'eau et décoré de fleurs d'été, est placé à l'Est. Les sorcières se tiennent autour du cercle alors que la Grande Prêtresse invoque le Soleil. Puis elle ordonne alors aux sorcières : « Dansez autour du Chaudron de Cerridwen ». (Cerridwen était un vieux nom Gallois pour la Terre Mère et son Chaudron représente le Saint-Graal d'immortalité.) Elles dansent autour en chantant, de plus en plus vite. Puis, conduite par la Grande Prêtresse et le Grand Prêtre, elles sautent en couple par dessus le feu. C'est pour stimuler les forces du Soleil qui donnent la vie alors qu'il s'apprête à décroitre.

Chaque Réunion se termine par la cérémonie des Gâteaux et du Vin. Certaines personnes ont suggéré que ce n'était qu'une parodie du Sacrement de la communion, mais bien sûr, c'est tout à fait inexact. C'est purement un rite de remercîment pour le blé et les raisins qui ont mûri pour fournir à manger et à boire.

A chaque Réunion, nous travaillons pour les gens. Parfois pour les guérir, parfois pour les aider à régler leurs problèmes domestiques - les gens viennent demander notre aide pour toutes sortes de raisons. Nous faisons de notre mieux pour les aider. Bien sûr, il y a des exceptions, parois nous refusons d'aider, comme lorsqu'une femme qui estimait qu'il serait agréable et pratique si nous pouvions la débarrasser de son mari dont elle ne voulait plus. Je dirais que nous avons plus de succès que d'échecs. Si vous êtes sceptique, vous pouvez parler de « coïncidences », mais pourtant ça arrive, ce dont de nombreuses personnes peuvent témoigner.

A nouveau, les différents covens ont différentes façons de faire. Nous avons toujours trouvé la danse et le chant très efficaces. Parfois, nous utilisons des poupées de cire. De nombreuses personnes voient les poupées de cire comme quelque chose où l'on plante des épingles, pour causer la maladie ou la mort (encore une fois à cause des livres sur la 'Vieille Magie Noire'!) ce sera donc une surprise d'apprendre qu'une poupée de cire peut aussi être utilisée à des fins thérapeutiques. Nous fabriquons la poupée en pure cire d'abeille puis une personne se met à genoux au centre du Cercle et masse la zone malade alors que le reste du Coven danse en cercle tout en chantant. Nous ne considérons pas qu'il y ait quoi que ce soit de surnaturel dans nos pouvoirs. Le pouvoir vient de nous, de la volonté, de la pensée et de l'esprit et il peut être lié à des symboles extérieurs. Les outils, les mots, les symboles et les sorts sont nos outils de travail - mais l'esprit est le plus important de tous.

Il semble qu'un malentendu veut qu'une sorcière ne puisse travailler seule. C'est tout à fait faux - bien sûr qu'une sorcière peut travailler seule - certains d'entre nous le font assez souvent.

Fréquemment des gens me demandent la différence entre la Magie Blanche et la Magie Noire. La Magie c'est ma Magie - elle n'est ni blanche ni noire. Je vais vous donner une analogie très simple. Une personne peut prendre un couteau et couper le pain pour nourrir la famille; une autre personne prend le même couteau et poignardera quelqu'un. Ce n'est pas le couteau qui est bon ou mauvais, mais celui qui l'utilise. Il en est de même pour la Magie. Cette force est neutre en elle-même. Il n'y a rien de bon ou de mauvais, mais c'est la pensée qui détermine ce qui est bon et ce qui est mauvais. L'esprit de l'homme est un récepteur et un émetteur et la personnalité de l'utilisateur influe sur la transmission. Il est ainsi correct de parler de sorcières Blanches et de sorcières Noires.

Les sorcières noires sont celles qui travaillent contre les personnes, leur travail est dirigé vers des buts maléfiques, alors que les sorcières blanches travaillent à aider les autres et faire le bien. Quand les sorcières blanches travaillent dans un cercle, elles se déplacent toujours dans le sens des aiguilles d'une montre - dextrogyre - le sens du soleil. Les sorcières noires travaillent dans le sens opposé - sinistrogyre, comme on dit. Les sorcières blanches travaillent lorsque la lune est pleine ou quand elle est croissante, les sorcières noires quand elle est décroissante. Pour résumer cela tout simplement - les sorcières blanches œuvrent de façon constructive - les sorcières noires de façon destructive.

De nos jours les gens deviennent de plus en plus matérialistes. Ils ont tendance à trop se reposer sur les enseignements de la science et rejeter trop vite les idées et les enseignements des anciens, que les civilisations orientales ont connus et reconnus depuis des milliers d'années.

Savoir, oser, vouloir et se taire! Voilà ce qui a été le code des sorcières. Il arrive un moment, cependant, où il est nécessaire de rompre ce silence, juste pour dire au monde quelque chose à notre sujet, nos croyances et nos buts, nous pouvons être acceptés et laissés en paix pour suivre notre foi à notre façon. Tout ce que nous demandons c'est que les gens respectent nos croyances, tout comme nous respectons celles des autres. Certaines personnes se moquent de nous et pensent que nous sommes plus qu'un peu étranges. Cela ne nous dérange pas le moins du monde, car après tout, rien ne mérite d'être considéré comme sacré si on ne peut en rire.

Nos Rencontres ne sont pas des affaires solennelles où l'on a le visage grave. Elles sont heureuses et gaies et pleine de joie de vivre. A la fin nous nous sentons fortifiés, euphoriques, heureux.

Ca fait vingt-cinq ans que j'ai été acceptée dans la Sorcellerie. Lors des quatre dernières années, j'ai été une Grande Prêtresse. Je me demande parfois quelles sont les qualités requises pour cela.

Je suppose qu'il faut comprendre les autres, être en mesure de les aider avec leurs problèmes, leur inspirer confiance afin qu'ils puissent parler librement, sachant que leur confiance sera respectée. Etre en mesure de révéler le pouvoir chez les autres et les inciter à l'utiliser de la bonne façon. Toutes ces choses ne viennent que de l'expérience de la vie et c'est pourquoi les Grandes Prêtresses ne sont pas des jeunes filles, mais des femmes qui ont obtenu leur diplôme à l'Université de la Vie.

Cette haute fonction est une responsabilité et une joie. Nous ne devons pas laisser obscurcir notre vision ni voiler notre passion. Nous devons toujours être prêts à passer cette fonction à un membre plus digne. Cette charge temporaire nous protège de l'orgueil, car l'orgueil génère la jalousie, ce qui est dangereux. Il y a un sentiment d'accomplissement qui est bon, le sens du travail individuel bien fait, ce qui est bon.

Alors que je remplis mon office je dois faire de mon mieux, avec joie, sachant que j'ai joué mon rôle, fait mon devoir, pratiqué le rituel comme un lien dans la continuité de l'Art des Sages. Car c'est le véritable sens du mot Sorcière.


Soyez bénis.