Le Retour de la Sorcellerie

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Le Retour de la Sorcellerie

Lester Kinsolving, « San Francisco Chronicle » du 1er avril 1967

Traduction Tof


Anton Szandor La Vey est décrit comme le « Sorcier Opératif le plus connu et le Fondateur de l’unique Eglise Satanique ».

Lorsqu’il a récemment officié au mariage satanique de la fille d’un des membres importants du parti Républicain new-yorkais dont on a beaucoup parlé, le nombre de adeptes de cette Eglise s’est à tel point accru que La Vey a pu abandonner son emploi de pianiste de night club pour devenir producteur de soirées. Le 27 février il a démarré un spectacle intitulé « Le Sabbath des Sorcières » chez Gigi à Broadway.

Les gesticulations d’Anton La Vey peuvent cacher le sérieux des échos d’un retour de la sorcellerie en Angleterre, où l’église de St Nicolas près de Brighton a récemment vu son cimetière profané et la porte de l’église recouverte de cercles, de points et de croix – traditionnellement un signe de magie noire.

A l’église Ste Marie à Westham dans le Sussex, un sonneur de cloches a récemment surpris à la tombée de la nuit quatre jeunes hommes dans l’église. Lorsqu’ils furent découverts dans l’église ils se sont hâtés de battre en retraite laissant par terre une croix de chandelles allumées et des traces de crachats répétés sur la croix d’autel.

Voila les excès de retour de la sorcellerie dont Veronica Thomas écrit qu’elle se développe dans toute l’Angleterre, surtout à Londres, où elle a pu rencontrer un coven de sorcières. Elle a constaté qu’il y avait dans ce coven plus d’hommes (qui ne se qualifient pas de sorcier) que de femmes, mais le coven est dirigé par une grande prêtresse assistée par un grand prêtre et un groupe d’anciens. Ce groupe comprenait un médecin, un avocat, un membre de la haute fonction publique et un ouvrier d’usine alors que la grande prêtresse est infirmière diplômée.

La grande prêtresse exprime son dédain pour une image traditionnelle de la sorcellerie : « Nous ne mangeons pas de bébé et ne volons dans le ciel sur des manches à balais ».

Au lieu de cela, le coven se spécialise dans un art de concentration mentale ainsi qu’une forme de glossalie (parler différentes langues) au profit de ceux pour qui on leur demande d’intervenir, comme des malades.

Ils se prennent par les mains et, accompagnés par le battement d’un tambour dansent en ronde dans le traditionnel « cercle des sorcières » - un dessin tracé sur le sol avec un couteau cérémoniel appelé athamé – ou sur le plancher avec de craie en cas de mauvais temps. Dans le cercle il y a le grand prêtre et la grande prêtresse qui représentent les dieux des sorcières.

En Europe Occidentale, l’origine de la sorcellerie est bien plus ancienne que la Chrétienté selon Ruth Tongue, la co-auteure du livre « Folktales of England ». Mme Tongue affirme que « La vieille religion ne s’est pas éteinte, elle s’est juste dissimulée ». Son origine vient du culte de la nature – surtout ce qui est lié à l’élevage du bétail – qui s’est développé dans l’ancienne Europe et qu’on peut comparer au culte de Baal de l’Ancien Testament.

Ce culte connaît actuellement une forme de renouveau, sans doute en partie en raison de l'accent mis sur la sexualité inhérent à l'accent mis autrefois sur l'élevage.

Alors que les rencontres sorcières ne sont pas les orgies sexuelles qu’on imagine généralement, il y a un arrière plan sexuel très net lors des festivals des sorcières comme la Veille de Mai ou Halloween.

Tous les membres du coven son nus si ce n’est une jarretière blanche autour de leur taille, les colliers et bracelets portés par les femmes sorcières.

Sur l’autel il y a un calice d’argent, un encensoir, un fouet (représentant la purification) une baguette (représentant l’organe masculin de procréation).

Il y a aussi un usage de champignons amanites, qui, dit-on, lorsqu'ils sont infusés ou consommés crus accroissent la conscience ou engendrent des hallucinations – les champignons sont aussi à l’origine du L.S.D.

Le grand prêtre, qui porte des cornes, représentant à la fois la fertilité et la mort, est accueilli par un baiser par toutes les sorcières femmes. A son tour il salue toutes les initiées en touchant leur poitrine avec le couteau cérémonial, après qu’elles aient été déshabillées et qu’on leur ait bandé les yeux dans le cercle cérémoniel.

On demande aux initiés de préparer leur admission dans le coven par tout un programme de lecture de textes parlant de l’histoire et la pratique de la sorcellerie. On les passe aussi sur le gril pour écarter ceux qui ne sont pas sincères, les tordus et ceux qui ne cherchent que des sensations fortes.

Le mélange de sexe avec l’attrait de se dire être une véritable sorcière a donné au mouvement un certain élan. Il en est de même de la pratique courante de coudre les lèvres d’une poupée représentant une commère notoire, ou de planter un clou dans l’empreinte de pas d’un autre ennemi. Il est toujours curieux de contempler la réaction de la victime qui apprend de telles incantations.

« Nos dieux » dit la grande prêtresse de coven de Londres « sont devenus le concept Chrétien des diables – et ils nous ont emprunté la déité féminine lorsqu’ils on découvert le besoin d’une image maternelle à adorer ».