Interview de Maxine Sanders

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Interview de Maxine Sanders, par The Witch and Pagan Times

Traduit et adapté de l'anglais par Iridesce.


Vous vous êtes impliquée dans la Sorcellerie dès les premiers jours, lorsque la plupart d'entre nous n'avaient pas même encore commencé à penser vouloir suivre cette voie, qu'est-ce qui vous a menée à la Sorcellerie à une époque où la perception qu'on avait des Sorcières était encore assez négative ?

Ayant été élevée au sein d'une famille qui discutait et débattait des voies mystérieuses de Dieu, de théosophie, de philosophie et de bien d'autres sujets reliés aux Mystères : il m'a semblé que c'était pour moi une progression naturelle, bien que ma mère et la Soeur Supérieure du couvent de Saint Joseph où j'étais éduquée n'en aient pas le moins du monde été impressionnées. Il y avait toujours des invités extraordinaires à la maison, des artistes, des musiciens, des prêtres, et des chercheurs de vérité. Alex Sanders était un ami de ma mère avant ma naissance ; ils travaillaient ensemble dans un centre pharmaceutique, et c'était un visiteur régulier des soirées que ma mère organisait.


Aujourd'hui on parle plutôt librement d'une communauté sorcière, mais y'avait-il une telle communauté lorsque vous avez décidé de suivre le chemin de la Sorcellerie dans votre propre vie ? Comment faisait-on à l'époque pour contacter cette communauté, si on décidait qu'on voulait en savoir plus sur la Sorcellerie ou rejoindre un coven ?

Dans les années 60, on trouvait un coven par le bouche à oreille ou par chance, si vous croyez qu'une telle chose existe, ce qui rendait le processus de recherche d'initiation plus magique, en quelque sorte. La plupart des covens étaient extrêmement secrets. La peur de la persécution était bien réelle, ce qui rendait le lien entre les membres d'un coven extrêmement forts, et faisait des mots "parfait amour et parfaite confiance" des mots de passe auxquels on tenait. On pouvait perdre son emploi, énerver sa famille ou pire encore, et faire face à de la violence en cas de persécutions.


Avez-vous l'impression que d'une certaine manière, la persécution ou la stigmatisation des Sorcières était un filtre à l'époque, pour écarter ceux qui n'étaient pas sérieux dans leur désir de suivre la voie Wiccane ?

La magie du Cercle a la capacité naturelle de filtrer la majorité de ceux pour qui l'Art n'est qu'un marchepied vers d'autres voies. Je préfère de très loin cette magie naturelle à celle qu'exercerait la persécution.


Quand avez-vous rencontré pour la première fois Alex Sanders, étiez-vous déjà une Sorcière pratiquante à cette époque ? Quelles ont été vos premières impressions le concernant ?

Après ma naissance, Alex et ma mère ont perdu contact pendant quelques années. Lorsqu'ils se rencontrèrent à nouveau à Manchester, dans un centre du mouvement Subud, Alex prédisit à ma mère le décès imminent de mon père. J'avais 14 ans lorsque je fis consciemment la rencontre d'Alex à l'une des soirées de dimanche de ma mère. A cette époque, j'avais été initiée dans les Mystères égyptiens. Je n'étais pas encore une Sorcière. Il n'était pas courant qu'une Sorcière nous rende visite ; j'étais plutôt nerveuse à l'idée qu'un véritable Sorcier vienne chez nous. Alex était tiré à quatre épingles, et portait un feutre mou orné d'une plume plutôt exubérant. Il était très bien charpenté, avait des yeux bruns profonds et un petit début de calvitie. C'était un homme réservé, dont émanait une aura de sainteté. Son discours sur la sorcellerie était pragmatique et fascinant. Sa voix était comme un velours polaire chaud. Alex était sincère dans sa croyance absolue en "l'Art Magique". Cependant, tout cela lui était naturel, et comme sa mère, il n'avait pas réellement besoin d'être un Sorcier pour activer ces pouvoirs. La Sorcellerie était la religion de son choix, malgré qu'il soit capable de pratiquer la magie comme le plus naturel des dons.


Est-ce qu'Alex ou vous-même avez eu conscience des conséquences à long terme de ce dans quoi vous étiez impliqués tous les deux, à l'époque, pour les futurs Païens et Sorcières ? Avez-vous envisagé un moment, dans le futur, où les stéréotypes ignorants concernant les Sorcières seraient remplacés par un portrait plus correct ?

Oui, c'était une action consciente ; la forme-pensée en avait été établie dès 1964. J'admets avoir toujours été la plus réticente à ce sujet, convaincue que l'Art était trop merveilleux et trop sacré pour le livrer en pâture au monde ; j'était inexpérimentée dans l'Art Magique et dans le fait que les Mystères ont du pouvoir et se préservent eux-mêmes. Bien entendu, j'étais jeune, et amoureuse d'Alex et des Mystères, et j'aurais donné ma vie pour lui comme pour eux. Je me suis laissée facilement convaincre du besoin qu'il y avait de rendre l'Art acceptable pour le tout-venant, du besoin qu'il avait de pouvoir approcher de l'Ancienne Prêtrise pour pouvoir apporter son aide en cas de nécessité sans crainte qu'on lui mette des bâtons dans les roues, etc. Et plus important encore, il fallait mettre un terme aux persécutions qui étaient si répandues à cette époque. Au début, la publicité faite à la Sorcellerie avait valeur de choc, puis c'est devenu un titillement, et à présent, après toutes ces années, c'est devenu quelque chose d'acceptable. Il y a eu une période où ce fut un véritable enfer, on pouvait se faire jeter des pierres, insulter, chasser de son emploi, incendier sa maison, rien de tout cela n'était étranger aux sorcières qui osaient proclamer publiquement leurs croyances.


Qu'espériez-vous accomplir tous les deux en vous rendant visibles comme vous l'étiez ? Sur le long terme, quel effet avez-vous eu sur la communauté sorcière de jadis et comment cela a-t'il affecté la communauté sorcière actuelle ?

Pour ceux qui cherchaient une Initiation, il était difficile de trouver un groupe prêt à parler ouvertement de son culte et de son travail. Il y avait beaucoup d'activité au sein du "Gang de la Main Noire" de l'Art, ce qui était dégradant. Je pense qu'Alex et moi avons pour le moins fait le ménage dans les querelles mesquines qui existaient entre les différents Covens, remis les égos à niveau, que nous leur avons donné des choses à dire et que nous les avons incités à laisser les moins capables dans leur coin. Aujourd'hui, il y a beaucoup plus d'humour ; de partage de connaissances, d'expansion des techniques rituelles, et de considération pour l'évolution qui a lieu en chacun d'entre nous.


Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec ce terme, pouvez-vous nous en dire plus sur le "Gang de la Main Noire", et sa signification ?

Nous avions souvent coutume d'utiliser ce nom pour parler de ces groupes qui avaient l'habitude d'être extrêmement secrets, d'une manière qui suggérait qu'ils étaient les seuls et uniques détenteurs du pouvoir, du savoir. Ce n'était pas une appellation flatteuse !


Comment avez-vous géré la publicité qui a découlé de votre sortie du placard à l'époque ? Etait-elle entièrement négative où y'avait-il des réactions qui prenaient en compte d'une manière réaliste la Sorcellerie et ses pratiquants à l'époque ?

Qu'importe si cette publicité était négative ou réaliste, la réaction a été énorme. C'était un peu effrayant ; nous recevions au moins 10 sacs de courrier chaque semaine ; des gens qui voulaient une aide magique, d'autres qui cherchaient une manière de vénérer la Déesse sans Initiation. Des gens qui voulaient être initiés et entraînés dans la Prêtrise de l'Art. C'était presque comme si l'homme moderne avait reçu la permission de pratiquer selon son coeur plutôt que selon les jugements de la religion orthodoxe. Evidemment, il y avait aussi des courriers de ceux qui ne souffraient pas que vive une Sorcière ; je suis toujours là !


D'où est venu le nom de "Roi des Sorcières" concernant Alex ? Est-ce que ce nom lui a valu des critiques des autres Sorciers et Sorcières de l'époque ?

Le Coven a évidemment grandi très vite, et beaucoup de Sorcières d'autres covens et traditions se sont fait connaître à nous. Il est devenu clair pour eux qu'Alex avait le charisme, les connaissances et l'esprit nécessaires pour amener l'Art à sa conscience présente. Un rituel a été conçu pour le couronner "Roi des Sorcières". Il était celui qui serait sacrifié, et le fut souvent. Il y en avait, dans l'Art, qui le considéraient comme un renouveau, Alex était le premier à admettre qu'ils avaient raison, et il se rangea à leur opinion. Sans les seigneurs de l'opposition, tout cela aurait été sans aucun pouvoir.


Il y avait à coup sûr beaucoup moins de livres publiés, par rapport à ce qui nous est accessible aujourd'hui, mais y'avait-il des écrits que vous utilisiez pour étudier la Sorcellerie au début ? Où ces livres étaient-ils disponibles à l'époque ?

Il y avait des boutiques actives dans les années 60, comme Watkins et Atlantis ; les bibliothèques et les trouvailles des bouquinistes étaient un régal. Nous appréciions Mathers, Eliphas Levi, certains travaux de Crowley, et Dion Fortune. En fait, la liste est infinie. Bien que nombre de livres ineptes soient disponibles concernant d'hypothétiques activités de l'Art, la magie rituelle et cérémonielle fascinait beaucoup de nos covens qui se mirent à se spécialiser dans leurs propres domaines d'études.


Y'avait-il une communication entre ceux que l'on pourrait appeler les meneurs de la communauté sorcière d'alors ? (Raymond Buckland, Doreen Valiente, Gerald Gardner, les Farrars, Sybil Leek, etc) ? Je réalise qu'internet et le contact rapide par email n'existait pas à l'époque, mais y'avait-il des conversations par téléphone ou par courrier classique entre ceux qui étaient perçus comme des meneurs discutant du futur de la Sorcellerie ou comparant des notes sur ce qui se passait dans leur localité ?

En 1967, lorsque nous avons déménagé à Londres, la crème de la crème de la société occulte nous est tombée dessus avec force et sans grande gentillesse. C'était comme s'ils voulaient nous maintenir hors des feux de la rampe. Certains nous ont menacés, d'autres nous ont harcelés, et certains comme Sybil Leek étaient plutôt soutenants. Les covens se contactaient rarement entre eux, se pliant à l'ancienne loi qui disait qu'il devait y avoir un rayon de trois miles entre chaque coven et qu'ils ne devaient jamais se rencontrer, sauf dans le cas rare des Grands Sabbats.

A ce moment-là, nous n'aurions pas pu stopper la couverture médiatique qui nous concernait même si nous l'avions souhaité. La presse nous utilisait lorsqu'il y avait peu de choses à dire sur le terrain, et peu à peu les journalistes se mirent à vouloir de bonnes histoires plutôt que du sensationnalisme. Ce fut au début des années 70 que le "Temple de la Mère", mon coven à Notting Hill, a commencé à prôner des pélerinages dans les lieux sacrés de Bretagne, permettant ainsi aux Grands Sabbats d'avoir lieu. Le plus grand et le dernier de ces Sabbats se tint à Glastonbury dans les années 80. Il y avait tellement de Sorcières du monde entier et de différentes traditions ; il était évident qu'il faudrait se mettre à penser de manière commerciale pour couvrir les problèmes de sécurité, etc. La magie s'appauvrit quand ce genre de choses arrivent.


Est-ce que vous ou Alex avez-eu conscience de fonder une tradition qui serait suivie dans les années à venir, en ces temps de commencement ?

Non ; quand Stewart Farrar et Alex ont collaboré pour le livre "What Witches Do", Stewart a demandé comment on pourrait appeler les Sorcières initiées via nos covens ; après pas mal de discussions, il trouva le terme "Alexandrien", qu'Alex et moi avons plutôt aimé. Avant cela, nous étions très heureux qu'on nous appelle simplement "Sorcières".


Tout le monde semble se focaliser sur Alex et ses contributions, alors je voulais vous demander quel rôles vous avez joué durant les années 60 et 70 ? Qu'est-ce qui relevait d'Alex dans tout ce qui se passait, et qu'est-ce qui relevait de Maxine ?

Mon travail était de représenter la Déesse.


Pourquoi avez-vous rencontré une opposition de la part des facettes plus traditionnelles de la communauté, en rendant l'Art public ? Que pensiez-vous du fait de porter ces vérités cachées vers une plus large audience ?

L'Art est une religion à Mystères, et pour le dire abruptement, les Matriarches de l'époque croyaient qu'il serait souillé si on le rendait public, et dans une certaine mesure, je suis d'accord avec elles. Cependant, nombreux ont été ceux qui ont accédé à l'Initiation et à la vérité, ce qui inclut beaucoup de grands écrivains et enseignants d'aujourd'hui.


Avez-vous toujours à l'esprit la préoccupation qu'il va manquer quelque chose à l'Art s'il continue d'être de plus en plus ouvert ? Peut-on encore le qualifier de religion à Mystères, avec autant de livres publiés, de rassemblements, de conférences chaque année ?

Bien sûr, la pratique de l'Art tient toujours de la religion à Mystères ; peu importe le nombre de livres écrits, de lectures ou de conférences données. C'est l'application personnelle, l'expérience, la dévotion et la pratique de la magie qui ne peuvent être amenées dans les royaumes de l'etre, que par l'entremise de la compréhension.


Quels sont vos souvenirs de Stewart Farrar et du temps qu'il a passé au sein de votre coven durant la période qui a précédé son initiation ? Vous fut-il apparent que lui et Jane étaient destinés à mener encore plus de gens vers la Sorcellerie grâce à leurs écrits dans les années à venir ?

Stewart était un homme charmant, un étudiant sincère doté d'un esprit actif et souple. Je l'aimais beaucoup ! Alex appréciait la compagnie des intellectuels et des académiques, gardant toujours un oeil sur les futurs écrivains au sujet de l'Art, de la Déesse, et de la Vérité. Alex disait "Il n'y a que la vérité sur les autels de l'Art", c'est à dire, la lumière qui brûle dans tous les Temples de la Mère.


Après votre séparation avec Alex, vous avez continué de travailler dans la communauté wiccane. Parlez-moi de ce que vous avez souhaité accomplir dans vos enseignements et par votre coven lorsque vous étiez de votre côté ?

Nous étions tous les deux dévastés par notre séparation et nous avons continué à lutter, nous aimer et travailler ensemble jusqu'à la mort d'Alex. Toutefois, la rupture a mis au jour une ouverture que je n'avais jamais envisagée auparavant. J'aimais enseigner la magie cérémonielle et j'ai découvert qu'il y avait une très grande demande pour cet aspect de l'Art. Ainsi que pour la voie des Mystères Intérieurs, qui entraîne de l'auto-discipline et une aspiration à prendre part au "Grand Oeuvre".

L'Initiation n'apporte pas la paix ; elle intensifie la quête de savoir et d'illumination. Faire partie d'un groupe magique conscient et actif qui crée le cercle magique du Pouvoir, donne une perception merveilleuse de l'Univers. Cependant, il faut un certain égoïsme désinteressé pour devenir un centre d'expression de la Volonté-de-Bien primordiale, qui crée et alimente éternellement l'univers !


Ayant vu la communauté évoluer pendant plusieurs décennies, quelles sont vos sentiments sur la manière dont les choses se passent ? Est-ce que la religion wiccane se trouve là où elle devrait être, depuis le temps qu'elle existe ? Y'a-t'il des changements dans la Wicca que vous aimeriez voir arriver dans les années à venir ?

Les changements et l'évolution au sein de l'Art sont merveilleux, en effet s'il n'y avait aucune transmutation et aucune différence, il n'y aurait pas d'avancée. La diversité se doit d'être la voie de l'Art. Mère Terre est différente de colline en vallée, ce qui nous fait vibrer, interagir et pratiquer l'Art Magique chacun à notre manière individuelle.


De votre point de vue, quel a été le bénéfice de la tradition alexandrienne au fil des années, et comment a-t'elle changé depuis ses débuts ? Y'a-t'il encore une force vitale dans l'évolution continue de la Sorcellerie à ce jour ?

"Si ça marche, utilise ça". On a enseigné aux Alexandriens d'oser faire cela, simplement, ce qui a brisé la mainmise que quelques passéistes ringards avaient sur l'Art de jadis. Toutes les traditions en ont tiré bénéfice !

La Sorcellerie est une religion qui incarne la force vitale qui nous permet de la vénérer et de l'utiliser d'une manière qui nous sied en tant qu'Initiés. Je doute que qui que ce soit puisse remettre en question le Pouvoir de la Vie. Est-il vraiment important de savoir de quelle Tradition il s'agit, pourvu que ça marche !


En regardant en arrière, tous les étudiants que vous avez formés et toutes les initiations que vous avez conférées au fil des années, ressentez-vous de la satisfaction à avoir accompli autant ? Restez-vous en contact avec tous vos étudiants et initiés pour voir comment ils se débrouillent ou est-ce tout simplement impossible vu leur nombre ?

Je ressens une satisfaction intense dans toutes mes expériences, magiques ou autres. En ce qui concerne les accomplissements, eh bien, c'est à d'autres que moi de juger et de se faire leurs opinions.

Il y a des étudiants qui restent en contact pour aucune autre raison que le lien qui s'est formé durant leur formation. Tous mes étudiants ne m'ont pas appréciée, ce qui n'avait guère d'importance ; j'étais leur enseignante ; la responsabilité de cette position privilégiée était de m'efforcer de diriger les étudiants vers leur plein potentiel, quel que soit leur chemin.


Je vois que vous avez découvert internet, après être tombé sur votre site web durant une de mes recherches ; en tant que personne qui a commencé à pratiquer à une époque où il n'y avait quasiment aucun moyen de contacter d'autres Sorcières hormis le courrier, quels sont vos sentiments sur la manière dont internet a changé le visage de ce qu'était la Wicca, et de ce qu'elle deviendra à l'avenir ?

Il a fallu beaucoup de coercition pour me persuader qu'un site web serait une bonne chose, et je n'en suis toujours pas certaine !

Parfois, je trouve que l'Art est devenu juste un peu trop social, mais si cela signifie que le savoir est partagé et qu'on en fait bon usage, c'est bien et tant mieux. Je crois qu'il y a beaucoup d'aspects dans l'Art ; certains groupes sont ouverts, tandis que d'autres sont fermés. Certains vêtus du ciel, d'autres en robes. Nous sommes poussés chacun vers la prêtrise qui fonctionne pour notre évolution individuelle.


Quels sont les dangers inhérents à faire de l'Art un rassemblement social plutôt qu'une focalisation sur ses aspects spirituels ? Comment s'assurer que son chemin personnel, son groupe ou son coven, gardent la focalisation sur ce qui doit arriver ?

Il n'y a rien de mal aux rassemblements sociaux, aussi longtemps qu'ils sont reconnus en tant que tels. Il y avait un aspect particulier du rite des Grands Sabbats, qui nous permettait un partage collectif de pensée. Une fois que cette pensée, ce pouvoir, devient trop grand, il se dissipe ; tout le monde n'est pas capable de rester concentré ! Un Cercle est seulement aussi puissant que le plus faible des Initiés qui le composent, d'où la nécessité de l'entraînement aux aspects pratiques de l'Art. Aujourd'hui, il semble que beaucoup oublient que le Pouvoir peut corrompre, et corrompt, et qu'au quotidien il suscite l'hyperactivité de l'égo terrestre, des querelles malsaines, des commérages perturbateurs, et très peu de joie.

Avoir un Scribe de Coven a toujours été la meilleure manière de consigner le travail effectué, les accomplissements, les succès et les échecs des expériences. Le Coven du Temple de la Mère changeait de Scribe tous les trois mois, pour garder une perspective précise et équilibrée sur toutes les allées et venues au sein du Temple ; au moment du changement, on analysait le travail des trois mois passés. Cela permettait aux Enseignants du groupe d'évaluer chaque Initié, la magie et ses résultats si l'on était dans sa limite de temps prévue, et de réajuster les futurs travaux en fonction de tout cela. Les registres conservés par les Scribes remontent à quarante ans, ils font partie des possessions les plus précieuses des Covens, car on y trouve des évaluations consultables des erreurs qui devraient être évitées. Le besoin d'une auto-analyse constante est naturel à tout Initié digne de ce nom.


A présent que vous n'enseignez plus, est-ce que cela vous manque de prendre de nouveaux Initiés et de les guider vers le point où ils voleront de leurs propres ailes pour guider d'autres gens ? Vous prenez toujours la parole lors d'événements publics ou de rassemblements, à l'occasion ?

L'an dernier, j'ai pris part à ma dernière Initiation au 2nd et 3ème degré ; c'était fantastique. Peu importe à quel point le pouvoir du cercle en coven me manque, il est temps pour moi d'acquérir des connaissances via une forme d'expression différente dans les royaumes de l'Art.

Aujourd'hui, il y a de formidables Initiés qui ont la vigueur et la vitalité de la jeunesse, et qui ont pris sur eux le manteau des Enseignants.

Il est étrange que les gens pensent que je suis une oratrice expérimentée. Je suis une prêtresse de la Déesse. Initiée, consacrée, et dédiée au travail de l'Art. Cette initiation, cette consécration, ne m'ont pas préparée, ni appris ou inspiré aucun désir de pratiquer l'art de la prise de parole en public, et même s'il m'est arrivé de parler à quelques publics bienveillants, cela n'est jamais vraiment devenu plus simple !

De temps en temps, lorsque le cottage a besoin de quelques travaux, les Dieux dans leur puissance s'arrangent pour que j'aille parler à un auditoire païen amical, ce qui me permet de financer ces nécessités.

J'ai souvent pensé que ceux qui prennent la parole publiquement et régulièrement sur la Sorcellerie, ne peuvent pas avoir le temps de mettre ce qu'ils disent en pratique ; j'espère que cela ne m'arrivera pas.


Pour clore cette interview, avez-vous un conseil pour ceux qui traversent des temps difficiles avec leurs familles, leurs amis ou le public en général au sujet du chemin qu'ils ont choisi de suivre ? Avez-vous des pensées que vous aimeriez partager avec n'importe lequel de vos étudiants ou initiés qui pourrait lire ces lignes quelque part dans le monde ?

L'expérience m'a appris que c'est par mes actions que je suis connue et qu'on se rappelle de moi ; une fois que nos pieds sont sur le chemin de l'Initié, ce fait est amplifié considérablement. Les meilleurs Initiés ont été ceux qui ont fait des erreurs et n'ont jamais cessé de poser des questions. Les bonnes manières ne coûtent rien et ne sont jamais critiquées.

Wow ! Avec le recul, tout ça valait la peine ; la vie est magnifique !

Soyez bénis.


Sources