Labyrinthe
Les labyrinthes sont des motifs très anciens retrouvés dans de nombreuses civilisations antiques : en Crète, en Scandinavie, en Egypte, en Amérique du Sud... Les plus anciens datent de 5000 ans. Ils sont souvent formés à base de cercles et de spirales.
Leur taille est très variable : de quelques centimètres à plusieurs kilomètres de diamètre.
Préhistoire : les origines du lanyrinthe
Le labyrinthe s’apparente à la cupule d’une part, et à la spirale d’autre part.
La spirale évoque le serpent, symbole universel de régénération, ou l’eau, traditionnel lien avec le monde des morts.
A l’époque post-glaciaire, on passe insensiblement de la simple spirale au labyrinthe complexe.
A Newgrange, on retrouve le thème de la spirale, formée de doubles ou triples enroulements qui sont à l’origine du labyrinthe plus complexe.
En Grande Bretagne, les labyrinthes ont évolué à partir de cupules : on trouve de nombreuses gravures de cercles concentriques symbolisant le cosmos. Ces cercles sont peu à peu reliés par des stries rayonnantes.
Le labyrinthe classique se trace à partir d’une croix, symbole masculin, entouré de courbes, symbole féminin. Il s’agit donc d’une représentation de l’union du masculin au féminin.
Les labyrinthes sont connus sous les noms de «brainstone» (pierres en cerveaux), «moon stone» (pierre de Lune) ou «serpent stone» (pierre en serpent).
Grèce antique : le labyrinthe de Cnossos
Le roi de Crète, Minos, avait un fils monstrueux mi-homme mi-taureau nommé le Minotaure. Il était agressif et se nourrissait d’humains. Il fut donc enfermé à Cnossos dans un labyrinthe construit par Dédale. Nul ne pouvait sortir de ce labyrinthe.
Tous les neuf ans, le roi de Crète exigeait des Athéniens sept garçons et sept filles qui seraient livrés au Minotaure. Thésée, fils du roi d’Athènes, insista pour faire partie des victimes.
En Crète, Thésée séduisit la fille de Minos, Ariane. Celle-ci lui donna un fil qui lui permit de retrouver la sortie du labyrinthe après avoir mis à mort le Minotaure.
Le labyrinthe n’est parcouru que dans un seul sens : de l’extérieur vers le centre. Il est à l'image de la vie humaine,
avec ses nombreuses circonvolutions qui semblent ne mener nulle part, mais emporte vers une mort inéluctable,
au centre du labyrinthe où réside le Minotaure symbole de sauvagerie, monstrueux.
Thésée va affronter le Minotaure, c’est à dire peut être vaincre sa propre sauvagerie, son «côté obscur». Mais son exploit serait vain sans l’aide d’Ariane : sa part de féminité. Celle-ci le guide pour lui permettre de sortir du labyrinthe.
On peut interpréter ce passage comme une renaissance, passant par la découverte de sa féminité, ou de l’amour, ou même une réincarnation passant nécessairement par une femme..
Dans les expériences chamaniques, les thérianthropes (mi-hommes mi-animaux) apparaissent à la fin d’une initiation. Le Minotaure, mi-taureau, symbolise plus particulièrement la force physique. Le labyrinthe évoque les toiles d’araignées initiatiques, desquelles on ne peut revenir sans l’aide chamanique du fil.
On retrouve de nombreuses représentations de Thésée et du Minotaure dans le labyrinthe au Moyen-Âge et à la Renaissance.
Moyen Age : les labyrinthes de cathédrales
De nombreux labyrinthes ont été construits dans des cathédrales, le plus connu étant celui de Chartres.
Selon les descriptions qui nous sont parvenues, le labyrinthe de la cathédrale de Chartres aurait comporté en son centre une plaque sur laquelle était gravée la scène de l’affrontement entre Thésée et le Minotaure. Cette plaque a malheureusement disparu pendant la Révolution.
On peut être surpris de retrouver une scène de la mythologie grecque en plein milieu d’une église. L’explication la plus probable est que la symbolique du labyrinthe était la même que celle des anciens Grecs : le labyrinthe était un chemin initiatique. En le traversant, on se rapproche du centre, de Dieu et de la résurrection, mais aussi de la connaissance de soi et de l’harmonie.
On remarquera que les labyrinthes sont toujours situés à l’entrée des églises, comme une épreuve, une initiation qu’il faut accomplir avant d’entrer dans la maison de Dieu.
Le labyrinthe était aussi appelé :
- le dédale : allusion au labyrinthe de Cnossos enCrète qui, selon la légende, fut construit par Dédale,
l’architecte du roi Minos.
- la lieue : en rapport avec la longueur du labyrinthe, ressentie d’autant plus longue qu’elle était généralement traversée à genoux.
- le chemin de Jérusalem : parcourir le chemin du labyrinthe à genoux était un équivalent du pèlerinage
à Jérusalem.
Traditions du monde
Les Hopi (peuple amérindien) associent les labyrinthes à la Terre-Mère lorsqu’ils commencent leur enroulement à gauche, et au Soleil lorsqu’il commencent à s’enrouler par la droite.
Les grandes lignes tracées par les Nascas, évoquent des labyrinthes géants, souvent sous forme d’animaux.
Interprétation
Les labyrinthes évoquent une idée de complexité avec leurs nombreux détours. En les traversant il s’agit de retrouver son chemin, en sortir ou atteindre un but, et de ne pas se perdre en route.
Les méandres des «labyrinth» évoquent les circonvolutions du cerveau. Ils sont d’ailleurs connus sous les noms de «brain stone» (pierre de cerveau), moon stone (pierre de Lune), ou encore «serpent stone» (pierre de serpent). Le serpent est un symbole universel de régénération. Le labyrinthe est clairement un outil d’initiation et de régénération.
La traversée du labyrinthe peut être comparée à une vie : de même on a souvent l’impression de n’aller nulle part, de se perdre, voire de revenir en arrière, et pourtant on se dirige inéluctablement vers le centre : lieu de la renaissance.
Les courbures induisent un état d’hypnose mentale ou de transe, permettant l’exploration de notre inconscient.
Utilisation des labyrinthes
- Dans ses écrits, Homère fait allusion à une aire de danse aménagée par Dédale à Cnossos, sur laquelle
se déroulait la «danse de Thésée» qui renvoyait par la complication de ses pas, au parcours dans le labyrinthe. Cette danse était aussi appelée «danse du labyrinthe» ou «danse des grues».
- Il existe un jeu traditionnel en Finlande utilisant un labyrinthe : la «danse de la jeune fille». Une jeune
fille se place au centre d’un labyrinthe et des jeunes hommes doivent l’atteindre pour la libérer.
- Le dédale : labyrinthes aux nombreux culs-de-sac, où l’on est sans cesse confronté au choix du chemin à suivre. On les retrouve sur des cahiers de jeux d’enfants, ou dans les parcs d’attraction.
- Le Jeu de l’Oie est un jeu de hasard sous forme de spirale. On en retrouve les premières traces dans
l’Antiquité, en Crète et en Grèce. Le long de la spirale, des cases illustrent diverses misères ou coups de chance de la vie.
- La marelle est un jeu traditionnel d’enfants, avec aux deux extrémités la terre (à l’entrée) et le ciel.
- Le labyrinthe peut être utilisé comme outil méditatif, de guérison, de relaxation...
Sig Lonegren a développé une méthode permettant d’analyser les différents tenants et aboutissants d’une décision pour réussir à faire un choix.[1]
exemple d'utilisation :
Tenez-vous à l’entrée du labyrinthe, prenez quelques respirations profondes, appelez la déité de votre choix, videz votre esprit et commencez à marcher (vous pouvez traverser du regard l’image de labyrinthe si vous n’en avez pas un grand à disposition !). Avancez doucement en laissant vagabonder vos pensées, remonter à la surface vos émotions, et sans vous arrêter. Prêtez attention à tout ce que vous ressentez, physiquement ou émotionnellement. Continuez à marcher jusqu’à atteindre le but : le centre du labyrinthe. Restez-y aussi longtemps que vous le souhaitez puis marchez alors lentement vers la sortie. Vous vous rendrez peut être compte que bien que le labyrinthe ne comporte qu’un seul chemin, il n’est pas impossible de s’y perdre !
Galerie
Bibliographie
- Les Mythes Pré-celtiques, Myriam Philibert
- Les Labyrinthes , Mythes traditionnels et applications modernes, Sig Lonegren
- Notre-Dame de Chartres, l’énigme du labyrinthe
- Magie du Nord, Nigel Pennick
Liens externes
traverser un labyrinthe sur une musique méditative
trouver un labyrinthe près de chez vous
le site de Sig Lonegren (en anglais)
Mymaze (en anglais et allemand)
Sources
<references>