Aradia ou l'évangile des sorcières
ARADIA OU L’EVANGILE DES SORCIERES
Charles G. Leland [1899]
Traduction / adaptation Véro
PREFACE
Si le lecteur a lu les travaux du folkloriste G. Pitré, ou les articles de "Madame Vere de Vere" parus dans le « Italian Rivista » italien, ou ceux de J. H. Andrews à « Folk-Lore », [Mars, 1897: "Neapolitan Witchcraft."] il se rendra compte qu'il y a en Italie un grand nombre de sorcières ou de diseuses de bonne aventure, qui prédisent l’avenir grâce aux cartes, exécutent d’étranges cérémonies dans lesquelles des esprits sont censés être appelés, qui fabriquent, vendent des amulettes, et ne se comportent génralement pas comme ce à quoi on pourrait s’attendre, qu’elles soient prêtresses noires Vaudou en Amérique ou sorcières ailleurs.
Mais la strega ou la sorcière italienne est à certains égards un personnage différent de ces derniers. Dans la plupart des cas elle vient d'une famille dans laquelle son pouvoir ou son art a été pratiqué depuis de nombreuses générations. Je n'ai aucun doute qu'il y ait des cas où cela remonte au moyen-age, à l’époque romaine voire même à celle des étrusques. Le résultat a été dans de telles familles la persistance de nombreuses traditions. Mais dans l’Italie du nord, comme les écrits l’indiquent malgré quelques petites collections de contes et de croyances populaires faites par des élèves, il n’y a jamais eu le moindre intérêt pour l’art sorcier étranger, pourtant il semblerait qu’elle inclue une incroyable quantité de mythes et légendes de la Rome antique , telles qu’ils furent rapportés par OVID, auquel, comme à tous les autres écrivains latins, beaucoup a échappé.. [Ainsi nous pouvons imaginer ce qu’il en aurait été des contes de fées allemands si rien n’avait survécu à part les ouvrages de Grimm et de Musaeus On pourrait alors croire qu’il s’agit là de la totalité des recueils du genre , alors qu’en fait ils ne représenteraient qu’une infime partie d’un ensemble. Et le savoir des sorcières était totalement inconnu des auteurs classiques de l’Antiquité, en vérité il n’y a chez aucun d’entre eux de preuve qu’il se mêlait au peuple pour y collecter des informations comme on le fait aujourd’hui. Ils se contentaient de rédiger leurs ouvrages à partir d’autres ouvrages quelque chose de ce genre de littérature nous reste encore aujourd’hui.
Ce manque de savoir était fortement encouragé par les sorcières et les magiciens, dans la mesure, où, par crainte des prêtres ils rendaient toutes leurs traditions extrêmement secrètes. En fait les prêtres ont aidé sans le savoir à cet état de faits, car l’interdit est un pouvoir d’attraction puissant et la magie, comme les truffes, se développe mieux, et se pare de ses meilleurs arômes, quand elle est cachée profondément.
Toutefois aujourd’hui, les prêtres, tout comme les magiciens, disparaissent avec une incroyable rapidité, il y a même un écrivain français qui a fait remarquer qu’un franciscain dans un train représente un anachronisme et dans quelques années, avec les journaux et les bicyclettes (le ciel seul sait ce qu’il adviendra lorsque qu’il y aura des machines volantes) ils seront tous irrémédiablement balayés de la surface de la terre.
Cependant, ils disparaissent lentement, et il y a encore des personnes âgées dans le Nord de l’Italie qui connaissent les noms étrusques des douze dieux, et les invocations à Bacchus, Jupiter, et Venus, Mercure, et les anciens esprits, et en ville des femmes fabriquent d’étranges amulettes, sur lesquelles elles murmurent des sorts, tous connus au temps des romains, elles peuvent étonner même les instruits par leurs connaissances des légendes des dieux latins, mélangées avec le savoir que l’on peut trouver chez Cato ou Théocrite. Je suis devenu intime avec l’une d’entre elles en 1886, et depuis j’ai rassemblé parmi ses consœurs toutes les anciennes traditions qu’elles connaissaient. Il est vrai que j'ai utilisé d'autres sources, mais cette femme de par une longue pratique a parfaitement appris ce que peu comprennent. Elle savait exactement ce que je voulais et comment l'obtenir de ses consœurs.
Parmi d'autres reliques étranges, elle a réussi, après plusieurs années, à obtenir « l'évangile » qui suit et dont je dispose d’une copie écrite de sa main. Un exposé complet sur sa nature avec de nombreux détails se trouve dans un appendice. Je ne sais pas de manière certaine si mon informatrice a obtenu ces traditions de sources écrites ou de récits oraux, mais je pense qu’il s’agit principalement de la seconde solution. Mais, il y a peu de magiciens qui copient ou préservent des documents relatifs à leur art. Je n'ai pas vu mon informatrice depuis que « l'évangile » m'a été envoyé. J'espère obtenir plus d’informations dans un futur proche.
En bref je peux dire que l’art des sorcières est connu de ses adeptes comme « la vecchia religione » ou l’ancienne religion. Diane est leur déesse, sa fille Aradia (ou Herodias) le Messie féminin, dans ce qui suit on trouvera comment cette dernière est née et est venue sur Terre, comment elle a créé les sorcières et la sorcellerie, et est alors retournée au ciel. On trouvera aussi les cérémonies et les invocations ou les incantations à adresser à Diane et à Aradia, l'exorcisme de Caïn, et le sort de la pierre sainte, et de la rue et de la verveine, constituant, comme le dit le texte, le rite régulier, qui doit être chanté ou dit aux réunions de sorcières. On trouvera également d’étranges incantations ou les bénédictions du miel, de la farine, et du sel, ou les gâteaux du dîner sorcier, qui est très fortement influencé par l’antiquité et est une évidente relique des mystères romains.
Le travail aurait pu se prolonger à l’infini en y ajoutant des cérémonies et des incantations qui font réellement partie des rites sorciers, mais on les retrouve tous ou presque dans mes travaux intitulés « Etruscan-Roman Remains » et « Legends of Florence», j'ai hésité à compiler un tel volume avant de m'assurer qu’il y avait un public assez nombreux intéressé par ce travail. Depuis que j’ai écris les ouvrages précités j’ai trouvé et lu un texte très intelligent et divertissant intitulé « Il Romanzo dei Settimani » de G. Cavagnari datant de 1889, dans lequel l’auteur, sous forme de roman, dépeint les coutumes, les manières de penser, et particulièrement la nature de la sorcellerie, et les nombreuses superstitions courantes parmi les paysans de Lombardie.
Malheureusement, malgré sa connaissance étendue du sujet, il ne semble jamais être apparu au narrateur que ces traditions puissent être autre chose qu’un non-sens ou une folie anti-chrétienne abominable. Que cela existe dans ce qui reste de la mythologie antique et le folklore, qui est la base de l'histoire, l’auteur l’occulte totalement comme le ferait Zoccolone ou un franciscain errant. On pourrait croire qu’un homme, qui savait qu'une sorcière a vraiment essayé de tuer sept personnes lors d’une cérémonie ou d’un rite, afin d'obtenir le secret de la richesse immense, aurait au moins pu penser qu’une telle sorcière doit connaître de merveilleuses légendes; mais de tout ce là n'existe aucune trace. Il est évident que l’idée ne lui a pas traversé l’esprit qu’il y avait derrière tout cela quelque chose de très intéressant.
Son livre, finalement, fait partie du grand nombre de livres sur les fantômes et la superstition depuis que le sujet est tombé en discrédit, et dans lesquels les auteurs se moquent de ce qu’ils considèrent comme vulgaire et erroné. Comme Sir Charles Coldstream, ils ont jeté un rapide coup d’œil dans le cratère de Vésuve après son éruption et n'y ont rien trouvé. Mais il y avait quelque chose; et le scientifique, que n’était pas Sir Charles, continue à faire des trouvailles dans les résidus, et l'antiquaire de Pompei ou d’Herculaneum continue à dire qu’il reste encore sept villes enfouies à déterrer. J'ai fait (bien peu il est vrai) ce que j’ai pu pour exhumer quelque chose du volcan éteint de la sorcellerie italienne.
Si c’est ainsi que la sorcellerie italienne est traitée par l'auteur le plus compétent qui l'a décrite, il n’est pas surprenant que peu s'inquiéteront de savoir s'il y a un véritable évangile des sorcières, qui est apparemment très ancien, c’est un corps de croyances d’une contre-religion étrange qui vient des temps préhistoriques jusqu’à nous. La « sorcellerie n’est que foutaises ou même pire» disent les anciens auteurs, « et tous les livres sur le sujet ne valent pas mieux. » Je crois sincèrement, que ces pages pourront tomber dans les mains de quelques-uns uns qui penseront autrement.
Je devrais, cependant, pour rendre justice à ceux qui explorent les voies sombres et surprenantes, expliquer clairement que le savoir sorcier est caché avec un soin scrupuleux et n’est conservé que par très peu en Italie, tout comme l’est le Chippeway Medas ou le Vaudou africain. Dans le roman sur la vie de I Settimani, un aspirant est représenté comme vivant avec une sorcière et acquérant ou reprenant difficilement, bribes après bribes, ses sorts et incantations pendant des années. Ainsi mon défunt ami M. Dragomanoff m'a dit qu’un homme en Hongrie, ayant appris qu'il avait rassemblé de nombreux sorts (publiés plus tard dans des journaux de folklore), les a volés dans la chambre de l’étudiant et les a copiés, ainsi l'année suivante quand Dragomanoff y est retourné, il a trouvé le voleur devenu magicien. En réalité il n'avait pas beaucoup d'incantations, à peine une douzaine, mais dans ce domaine on peut faire beaucoup avec peu et je pense pouvoir dire qu'il y a peu de sorcières en Italie qui en connaissent autant que ce que j'ai édité, dans la mesure où ce que j’ai assemblé assidûment vient d’un peu partout Tout ce qui est écrit sur ce sujet, est souvent détruit avec un soin scrupuleux par les prêtres ou les pénitents, ou les nombreux qui ont une crainte superstitieuse d'être dans la même maison que de tels documents, de sorte que je considère le sauvetage du Vangelo comme quelque chose qui est pour le moins remarquable.
CHAPITRE I – COMMENT DIANE DONNA NAISSANCE A ARADIA (HERODIA)
« C’est Diane, regardez !
Son étoile se lève »
(Keat’s Endymion)
« Faites plus de lumière La Reine étoile entre dans sa nuit de noces »
(Ibid)
Ceci est l’évangile (vangelo) des sorcières.
Diane aimait profondément son frère Lucifer, le Dieu du Soleil et de la Lune, le Dieu de la Lumière (Splendor) qui était si fier de sa beauté que cela lui avait valu d’être expulsé du paradis.
De son frère Diane eut un enfant, une fille, à qui elle donna le nom de Aradia (Herodias).
En ce temps là, sur la terre, vivaient beaucoup de riches et beaucoup de pauvres.
Les riches faisaient des pauvres leurs esclaves.
En ce temps là il y avait beaucoup d’esclaves, qui étaient durement traités. Dans chaque palais des tortures, dans chaque château des prisonniers.
Beaucoup d’esclaves s’échappaient. Ils s’enfuirent vers une contrée où ils devinrent des voleurs et des hommes mauvais. La nuit, au lieu de dormir, ils fomentaient des plans, volaient leurs anciens maîtres et les tuaient. Ils sillonnaient les montagnes comme voleurs et assassins, et cela uniquement pour échapper à l’esclavage.
Un jour Diane dit à sa fille Aradia :
« En vérité tu es une immortelle
Mais tu es née pour redevenir mortelle
Il faut que tu descendes sur terre
Enseigner aux hommes et aux femmes
Qui voudront apprendre l’art de la sorcellerie dans ton école
Mais tu ne dois jamais devenir comme la fille de Cain
Ni comme cette race
Qu’elle a laissé devenir amère et vulgaire
Telle que les juifs et les zingaris errants
Qui tous sont des voleurs et des malfaisants, telle qu’eux
Tu ne dois pas devenir
Et tu seras la plus grande des sorcières
Et ton nom sera connu sur la terre entière
Et tu enseigneras l’art de l’empoisonnement
Pour empoisonner quiconque se serait cru au-dessus des autres
Oui, dans leurs palais tu dois les faire mourir
Et tu emprisonneras l’âme des dictateurs (avec ton pouvoir[1])
Et si tu trouves un paysan qui serait riche
Alors tu devras apprendre à la sorcière, ton élève,
Comment elle pourra détruire toute sa récolte avec des orages,
Avec les éclairs et le tonnerre (effrayant)
Avec la grêle et la tempête…
Et si un prêtre devait te nuire
Avec des incantations, alors tu dois lui
Rendre tout cela en double, et cela en
Mon nom, Daine, Reine de toutes les sorcières !
Et si les prêtres ou la noblesse
Te disent que tu dois t’en remettre
Au Père, au Fils et à la Vierge Marie,
Alors réponds :
« Votre Dieu, le Père et Marie sont
trois démons »….
« car le vrai Dieu, le Père, n’est pas vôtre,
Car je suis venue pour débarrasser la terre des malfaisants
Les hommes du mal, je les détruirai tous !
« Vous qui êtes pauvres et affamés,
et souffrez dans la misère, et subissez
souvent suffisamment d’enfermement, malgré tout cela
vous possédez une âme, et pour prix de votre souffrance
vous serez heureux dans l’autre monde,
et terrible sera le destin de ceux
qui vous ont fait du mal »
Lorsque enfin Aradia fut instruite, quand on lui eut appris comment maîtriser l’art de la sorcellerie et comment s’y prendre pour anéantir la mauvaise race (les oppresseurs) elle transmit son savoir à ses élèves et leur dit :
Quand je ne serai plus sur cette terre
Quand vous aurez besoin de quelque chose
Une fois par mois, à la pleine lune
Vous devrez vous réunir dans un endroit isolé
Ou vous rencontrer dans une forêt
Pour adorer l’esprit enveloppant de votre reine
Ma mère, la grande Diane.
Celle qui voudra tout apprendre de la sorcellerie
N’a pas encore atteint des plus profonds secrets, ma mère
Lui enseignera, la vérité sur les choses les plus secrètes,
Et vous serez tous libérés de l’esclavage
Et comme signe de votre vraie liberté
Vous devrez être nus lors de vos rites, aussi bien les hommes
Que les femmes : cela devra être ainsi, jusqu’à
Ce que le dernier de vos oppresseurs soit mort ;
Et vous pratiquerez le jeu de chasse de Benevento
Et quand les lumières seront éteintes,
Vous préparerez le repas de cette manière :
CHAPITRE II Le Sabbat
Treguenda ou Réunion Sorcière
Comment consacrer le dîner
On trouve ici le dîner, en quoi il doit consister, ce qu’on doit dire et faire pour le consacrer à Diane.
Vous prendrez la farine et le sel, le miel et l'eau, et ferez cette incantation :
La Conjuration de la farine.
Je te conjure O farine !
Qui en vérité est notre corps, car sans toi
Nous ne pourrions pas vivre, car (d’abord en tant que semence)
Avant de fleurir, tu vis sous la terre
Où sont enterrés tous les secrets les plus profonds, et alors
Quand le sol commence à remuer comme la poussière dans le vent
Et malgré tout te porte dans ce rapide et mystérieux voyage !
Et aussi, quand tu n’étais encore qu’une partie de l’épi,
Même en tant que blé brillant (doré), même là
Les lucioles se hâtaient de jeter leur lumière sur toi[2]
Pour aider à ta croissance, car sans leur lumière
Tu ne pourrais ni pousser ni acquérir ta beauté
Pour cela tu appartiens à la race
Des sorcières ou des elfes, car
Les lucioles appartiennent au soleil….
Reine des lucioles ! Hâte-toi vers nous,[3]
Viens vers moi maintenant, comme si tu devais gagner une course,
Bride le cheval, quand tu m’entends chanter maintenant !
Bride, oh oui bride le fils du Roi !
Hâte-toi vers moi et amène le avec toi !
Le fils du Roi t’offrira bientôt la liberté ;
Et parce que tu seras éternellement lumineuse et belle,
Je veux te protéger sous un verre ; et là
J’étudierai tes secrets enfouis avec une loupe,
Jusqu’à ce que tous les mystères soient résolus,
Oui, tout le savoir merveilleux, qui embrouille
Cette vie de notre croix et la suivante
Je maîtriserai tous ces mystères
Oui, même ceux du blé finalement,
Et quand je saurai tout cela de façon certaine,
Alors, luciole, je te rendrai la liberté !
Quand enfin les sombres secrets de la terre ne me seront plus cachés
Mes bénédictions t’accompagneront
Voici maintenant la conjuration du sel
Conjuration du sel
Je te conjure, ô sel, vois ! quand le soleil sera à son zénith,
Exactement au milieu d’un courant,
Je prendrai ma place et regarderai l’eau autour de moi,
Et le soleil seul sera l’objet de mes pensées
Pendant que je serai assise là dans le soleil, à côté de l’eau :
Car en vérité toute mon âme sera tournée vers eux,
Aucun souhait ne détournera mes pensées,
Je désirerai découvrir la vérité parmi toutes les vérités,
Car depuis longtemps je souffre du désir
De connaître mon futur ou mon avenir,
Qu’ils soient bons ou mauvais.
Eau et soleil, soyez indulgents pour moi !
Voici maintenant la conjuration de Cain.
Conjuration de Cain
Je te conjure ô Cain, qui jamais
Ne trouvera la paix ou le repos, jusqu’à ce que tu sois libéré
Par le soleil[4], qui est ta geôle, et qui t’oblige à toujours
Battre des bras et bouger rapidement[5]
Je te le demande, laisse-moi connaître mon avenir ;
Et s’il doit être mauvais, modifie-le pour moi !
Si tu dois m’accorder cette faveur, je le verrai clairement
Dans l’eau et dans la splendeur du soleil ;
Et toi, ô Cain, tu me diras, avec des mots de ta bouche,
Comment sera cet avenir.
Et tant que tu ne m’auras pas accordé cela
Tu ne trouveras ni la paix ni la félicité.
Voici maintenant la conjuration de Diane
Conjuration de Diane
Je ne cuis pas le pain, ni le sel qui s’y trouve,
Je ne cuis pas le miel avec le vin,
Je cuis le corps, et le sang et l’âme
L’âme de la (grande) Diane, pour qu’elle ne trouve
Ni paix ni sérénité et qu’elle
Se courbe sous le poids de la souffrance, jusqu’à ce qu’elle m’accorde
Ce que je demande, ce que je souhaite le plus ardemment,
Je le lui demande du plus profond de mon cœur !
Et quand cette faveur me sera accordée, ô Diane !
Je donnerai cette fête en ton honneur,
Je festoierai et viderai le gobelet jusqu’à l’ultime goutte,
Nous danserons et sauterons sauvagement,
Et si tu m’accordes la grâce que je te demande,
Alors que la danse sera à son paroxysme, les lampes seront éteintes
Et nous nous aimerons librement !
Et cela sera fait : tous s'assiéront, nus, pour le dîner, hommes et femmes ; puis le repas terminé, ils danseront, chanteront, feront de la musique, puis s'aimeront dans l’obscurité, tous feux éteints : car c'est l'esprit de Diane qui les éteindra, et ils danseront et feront de la musique, pour sa gloire.
Alors il arriva que Diane, après que sa fille eut accompli sa mission et eut passé son temps sur terre parmi les vivants (les mortels), la rappela à elle, et lui donna la puissance qui quand elle était invoquée... pour peu qu’on ait fait quelques bonnes actions... elle lui donna le pouvoir de gratifier ceux qui l’avaient appelée en leur offrant le succès en amour :
Pour bénir ou maudire des amis ou des ennemis (pour faire le bien ou le mal).
Pour converser avec les esprits.
Pour trouver les trésors cachés dans d’anciennes ruines antiques.
Pour conjurer l’esprit des prêtres qui sont morts en laissant des trésors derrière eux
Pour comprendre la voix du vent.
Pour changer l'eau en vin.
Pour pratiquer la divination avec des cartes.
Pour connaître les secrets de la main (lire dans les lignes de la main).
Pour guérir les maladies. Pour transformer la laideur en beauté
Pour rendre dociles les bêtes sauvages.
Quoi qu’il soit demandé à l'esprit d'Aradia, cela devrait être accordé à ceux qui avaient mérité sa faveur.
Et ils doivent l'invoquer ainsi:
Ainsi je cherche Aradia ! Aradia ! Aradia ![6] A minuit, à minuit j'entre dans un champ, et avec moi je porte l'eau, le vin, et sel, je porte l'eau, le vin, et le sel, et mon talisman-mon talisman, mon talisman, ainsi qu’un petit sac rouge que je tiens dans ma main, et il y a du sel dedans, dedans. Avec l'eau et le vin je me bénis moi-même, je me bénis moi-même, avec dévotion pour implorer une faveur d'Aradia, Aradia.
Invocation à Aradia
Aradia, mon Aradia !
Toi qui es la fille de celui
Qui a été le plus mauvais de tous les esprits, qui autrefois
Règnait sur les enfers , après son éviction du ciel
Qui fut accueilli par sa sœur
Car ta mère s’est repentie de son péché
Et a souhaité faire de toi un esprit bon
Tu dois être miséricordieuse
Et non pas me vouloir du mal !
Aradia, Aradia ! Je te conjure
Par l’amour qu’elle eut pour toi !
Par l’amour que je ressens pour toi !
Je prie pour que tu m’accordes la faveur que je te demande !
Et quand elle me sera accordée alors l’un de ces
Trois signes apparaîtra clairement :
Le sifflement d’un serpent
La lueur d’une luciole
Le coassement d’un crapaud !
Mais si tu ne me l’accordes pas
Puisses tu à l’avenir ne connaître ni paix ni félicité,
Et devoir me chercher très loin,
Jusqu’à ce que tu me rejoignes pour accomplir mon souhait,
En te dépêchant, et alors seulement du pourras retourner
A ta destinée.
Ainsi soit il, Amen !
CHAPITRE III – Comment Diane créa les étoiles et la pluie
Diane fut créée avant la création ; en elle toutes choses étaient en attente ; c’est d’elle-même qu’elle tira la première obscurité et elle se divisa ; elle se partagea entre l’ombre et la lumière. Lucifer, son frère et son fils, elle même et son autre moitié étaient la lumière.
Et quand Diane vit combien la lumière était merveilleuse, cette lumière qui n’était autre que son autre moitié, son frère Lucifer, elle la désira ardemment. Elle voulut réaccueillir cette lumière dans son obscurité, elle tremblait du désir de se la réapproprier. De cette volonté naquit la damnation.
Mais Lucifer, la Lumière, s’éloigna d’elle et ne voulut pas se plier à son souhait ; il était la lumière, qui s’envole jusqu’au confins du ciel, la souris qui fuit devant le chat. Alors Diane s’adressa aux pères de la création, aux mères, aux esprits, qui existaient avant le premier esprit et leur déclara qu’elle n’arrivait pas à faire entendre raison à Lucifer. Ils la louèrent pour son courage ; ils lui dirent que pour se hisser il fallait d’abord qu’elle tombe ; pour devenir la plus grande des déesses elle devait d’abord devenir une mortelle.
Et, en ces temps extrêmement anciens, au début du temps, quand le monde fut créé, Diane descendit sur terre, tout comme Lucifer, qui était tombé, et Diane apprit la Magie et la Sorcellerie, avec lesquelles vivaient les sorcières, les elfes et les kobolts, qui tous ressemblaient aux hommes mais sans être mortels.
Et ainsi il arriva que Diane prenne l’apparence d’un chat. Son frère possédait un chat qu’il aimait plus que toute autre chose, et ce chat dormait dans son lit toutes les nuits, un chat plus beau que toute autre créature, un elfe, mais il n’en savait rien.
Diane convainquit le chat d’échanger leurs corps, et ainsi dormit elle avec son frère, et à la faveur de la nuit elle reprit son apparence et c’est ainsi qu’elle eut sa fille Aradia de son frère Lucifer. Mais lorsque au matin Lucifer vit sa sœur couchée près de lui, et que l’ombre avait triomphé de la lumière, il entra dans une grande colère ; mais Diane entonna un charme contre lui, un chant de pouvoir, et il se tut, le Chant de la Nuit, qui amène quiconque à dormir, il ne put plus rien dire.
Mais Diane l’ensorcela afin qu’il se soumette à son amour. Ceci fut le premier enchantement ; elle fredonna un air, c’était le fredonnement des abeilles (ou le bourdonnement d’une toupie) un rouet, qui filerait la vie. Elle fila la vie de tous les humains ; toute chose fut filée sur le rouet de Diane. Lucifer faisait tourner la roue.
Diane n’était pas connue comme étant la mère des sorcières et des esprits, des fées et des elfes et des kobolts qui vivaient dans des endroits isolés ; elle se cachait avec humilité comme étant une simple mortelle, mais grâce à la force de sa volonté elle se hissa au dessus de tous. Sa connaissance de la magie était si grande, et elle devint si puissante dans cet art, que sa grandeur ne se laissa point cacher. Et ainsi arriva-t-il qu’une nuit, e réunion de toutes les magiciennes et les elfes, qu’elle affirma pouvoir assombrir les cieux et changer toutes les étoiles en souris.
Tous ceux qui étaient présents dirent :
« si tu peux accomplir quelque chose d’aussi étrange, si tu as un tel pouvoir, alors tu seras notre reine » Diane alla sur la route ; elle prit la vessie d’un bœuf et une pièce de monnaie de sorcière dont la tranche était aussi aiguisée d’un couteau – avec de telles pièces de monnaie les sorcières découpent les traces de pieds laissées par les hommes dans la terre- et elle coupa la terre et avec elle et beaucoup de souris elle emplit la vessie, et elle gonfla la vessie jusqu’à ce que celle ci éclate.
Et alors arriva une merveille, car la terre qui avait été dans la vessie, devint la voûte céleste au dessus d’eux, et durant trois jours il plut sur la terre, les souris devinrent des étoiles ou de la pluie. Et, ayant fait le ciel et les étoiles et la pluie, Diane devint la reine des sorcières ; elle était le chat qui regnait sur les souris-étoiles, le ciel et la pluie.
Sources
<references>
- ↑ Legare l’utilisation de l’art de la sorcellerie pour lier et paralyser les facultés humaines
- ↑ ici il est fait de toute évidence une corrélation entre le corps de la luciole, qui ressemble fort à un grain de blé et celui ci
- ↑ les six lignes suivantes sont souvent dites sur un rythme de comptine pour les enfants
- ↑ sans doute une confusion avec la Lune.
- ↑ on comprend ici que Cain doit se réchauffer en faisant ces gestes, ce qui semble une preuve tangible du fait qu’il faudrait lire « lune » au lieu de « soleil ». Une autre légende dit que Cain souffrait du froid de la Lune.
- ↑ cette formule doit être dite lentement, pour que les répétitions ressortent bien