Le Green Man (Texte de Tof)
Le Green Man
Tof
A quelques kilomètres de chez moi il y a une très belle église abbatiale datant d’un peu avant l’an 1000.
Une des particularités de cette église se trouve sur les chapiteaux de la nef. Ils sont ornés de feuillages à visage humain, on y voit des dizaines « d’Hommes Verts », peut être même une bonne centaine. Or cet « Homme Vert » est un des aspects du Dieu des sorcières.
L’expression « Green Man » (Homme Vert en anglais) est une création de Dame Raglan dans un article du « Folklore Journal » en 1939 traitant de l’Homme Vert dans l’architecture des églises.
L’Homme Vert est un personnage bien mystérieux que l’on retrouve sculpté dans bon nombre d’églises médiévales. Il s’agit bien sûr d’une ancienne divinité liée à la végétation. L’énergie de ce Dieu est en toutes choses, il représente la force de vie de la nature. Il incarne le cycle de vie – mort – re-naissance, il est l’esprit qui fait germer le grain dont il s’occupera jusqu’aux récoltes. Il retournera ensuite à la terre pour renaître lors des prochaines semailles. Le plus souvent, seul son visage est représenté, il s’agit souvent uniquement d’un visage composé presque exclusivement de feuilles, c’est un être à la frontière entre l’homme et le végétal. Il est l’incarnation de la nature sauvage. Il est aussi en quelque sorte l’homme primitif, un symbole de la nature pleine de vie exubérante. Il est donc l’intercesseur idéal lorsqu’on veut s’adresser à la nature ou lorsqu’on veut agir sur la fertilité des sols.
On peut aussi facilement faire le parallèle entre l’Homme Vert et l’Homme Sauvage, le Merlin fou qui est parti vivre dans les bois, ou, si l’on remonte plus loin le chaman / sorcier de la préhistoire.
Et puisqu’on est dans les bois pourquoi ne pas penser que l’origine du mythe de Robin des Bois pourrait remonter jusqu’à l’Homme Vert, Robin ne serait plus là un Dieu / sorcier mais uniquement le chef d’un groupe de 13 sorcières dont la belle Marianne est la Grande Prêtresse.
Robin est vêtu de vert, la couleur attribuée à l’Homme Vert, mais il n’est pas le seul dans ce cas, le Saint Nicolas originel d’Alsace (le père Noël de nos grands-parents) était lui aussi vêtu de vert et il est facile de voir en lui un Dieu qui vient chaque année, lorsque les jours cessent de décroître, pour apporter ses présents.
Puck, le faune de Shakespeare est lui aussi vêtu de vert et il n’est pas très difficile de voir en lui une divinité de la nature même s’il est physiquement plus proche du monde animal que du monde végétal.
Enfin, le thème du masque feuillu n’est pas propre à notre culture, puisque c’était également un des attributs d’Osiris, de Bacchus, de Dionysos et du Chevalier Vert du mythe de la table ronde.