Livre des Ombres gardnérien (1953)
Livre des Ombres gardnérien (1953)
Traduit et adapté de l’anglais par Iridesce.
A propos des chants
Dans les temps anciens, il y avait de nombreux chants et chansons utilisés spécialement pour accompagner les Danses. Nous avons à l’heure actuelle oublié nombre d’entre eux, mais nous savons qu’ils recouraient à des cris « IAU », qui ressemblent beaucoup aux cris « EVO » ou « EVOHE » des anciens. Cela dépend surtout de la prononciation.
Dans ma jeunesse, quand j’entendais « IAU », cela ressemblait à « AEIOU » ou plutôt « AAAEEIOOOOUU ». Il se peut que ce soit la manière naturelle de prolonger le son pour qu’il puisse être lancé comme un appel, mais cela suggère qu’il s’agisse possiblement des initiales d’une invocation, tout comme on dit que c’est le cas pour Agla ; et on dit aussi que c’est le cas de l’alphabet hébreu dans son intégralité, pour cette raison on le récite comme un charme puissant ; mais au moins cela est certain, ces cris ont un profond effet pendant les danses, comme je l’ai constaté moi-même.
Il y a d’autres cris comme « IEHOUA » et « EHEIE » ; ou « Ho Ho Ho Ise Ise Ise ».
IEO VEO VEO VEO VEOV OROV OV OVOVO peut être un sortilège, mais c’est plus vraisemblablement un appel. Comme le EVOE EVOE des Grecs et le « Hissez ho ! » des marins. « Emen hetan » et « Ab hur, ab hus » semblent être des appels ; tout comme « Horse and hattock, horse and go, horse and Pellatis, ho, ho, ho !«
« Thout, tout a tout tout, throughout and about » et « Rentum tormentum » sont probablement des tentatives mal prononcées pour retrouver des formules oubliées, bien qu’elle puissent aussi avoir été inventées par quelques infortunés sous la torture, pour éviter de dire la vraie formule.
Aider les malades
[1] Souvenez-vous toujours de la promesse de la Déesse, « Car l’extase est mienne, et la joie sur terre », et que la joie emplisse donc toujours votre cœur. Accueillez les gens avec joie, soyez heureux de les voir. Si les temps sont durs, pensez, « Cela aurait pu être pire. Au moins, j’ai connu les joies du Sabbat, et je les connaîtrai de nouveau. » Pensez à la grandeur, à la beauté et à la Poésie des rites, aux être chers que vous rencontrez en y participant. Si vous demeurez dans cet état de joie intérieure, votre santé sera meilleure. Il vous faut essayer de bannir toute peur, car elle vous toucherait réellement. Elle pourrait blesser votre corps, mais votre âme est au-delà de tout cela.
[2] Et souvenez-vous toujours, que si vous aidez les autres cela vous fait oublier vos propres malheurs. Et si autrui est dans la souffrance, faites ce que vous pouvez pour en distraire son attention. Ne dites pas « Tu ne souffres pas », mais si vous en avez la possibilité, administrez les remèdes qui apaisent aussi bien que ceux qui soignent. Œuvrez toujours pour faire croire aux malades qu’ils vont mieux. Installez-les dans des pensées heureuses. Faites en sorte que ceci s’intègre à leur for intérieur, de façon à ce qu’ils en soient toujours convaincus.
[3] A cette fin, il n’est pas mauvais de laisser penser aux gens que nous autres, qui sommes du culte, détenons plus que notre puissance réelle. Car la vérité est que, s’ils croient que nous avons plus de pouvoir que nous n’en possédons en réalité, alors nous possédons véritablement ces pouvoirs, et c’est à cette aune que nous pouvons faire du bien aux gens.
[4] Vous devez essayer de savoir comment les gens fonctionnent. Si vous affirmez à un homme légèrement malade, « Tu as meilleure mine. Bientôt, tu iras bien », il se sentira mieux, mais s’il est réellement malade, ou dans la souffrance, le fait qu’il sache qu’il a mal fera qu’il doutera de vos affirmations à l’avenir. Mais si vous lui donnez un médicament avant de lui dire, « La souffrance diminue. Bientôt, elle sera partie », comme la douleur disparaît, la prochaine fois que vous lui direz « La douleur s’en va », il vous croira, et elle ira réellement en s’amenuisant. Mais il vous faut toujours le dire avec conviction, et cette conviction doit venir de votre foi en vous-même, parce que vous savez en votre for intérieur que si vous pouvez arranger son esprit pour que le malade vous croie, ceci sera la réalité.
[5] Le mieux est souvent de les regarder exactement entre les deux yeux, comme si vos yeux perçaient leurs têtes, en ouvrant vos yeux le plus grand possible et en ne cillant jamais. Ce regard continu rend souvent le patient somnolent. S’ils en montrent des signes, dites « Vous êtes somnolent. Vous allez dormir, vous êtes fatigué. Dormez. Vos yeux sont fatigués. Dormez. » S’ils ferment les yeux, dites « Vos yeux se ferment, vous êtes fatigué, vous ne pouvez pas ouvrir les yeux. » S’ils n’en sont plus capables, dites « Vos bras sont fatigués, vous ne pouvez plus les lever. » S’ils en sont incapables, dites « Je suis maître de votre esprit. Vous devez toujours croire ce que je vous dis. Lorsque je regarderai ainsi dans vos yeux, vous vous endormirez, et vous soumettrez à ma volonté », et affirmez-leur ensuite qu’ils vont dormir et se réveiller revigorés, en se sentant bien mieux. Continuez de faire cela tout en administrant des médicaments qui apaisent et qui soignent, et essayez de leur infuser le sentiment d’extase que vous ressentez au Sabbat. Ils ne pourront pas pleinement le vivre, mais vous pouvez leur ordonner de ressentir ce qu’il y a dans votre esprit, et vous concentrer sur cette extase. Si vous pouvez dire en toute confiance que vous faites partie du Culte, votre tâche pourra en être facilitée. Et il est envisageable de leur ordonner de le savoir uniquement lorsque leur esprit est endormi, et de l’oublier à l’état de veille, ou du moins de se trouver incapable de le dire à qui que ce soit lorsqu’ils sont réveillés. Leur ordonner de tomber immédiatement ne sommeil si jamais on leur pose des questions sur la Sorcellerie ou les Sorcières est une bonne manière de faire.
[6] Rappelez-vous toujours, si vous êtes tentés de reconnaître ou de proclamer votre appartenance au Culte, que vous mettez en danger vos frères, car bien qu’à présent les feux de la persécution se soient éteints, qui peut dire quand ils seront ravivés ? Beaucoup de prêtres ont connaissance de nos secrets, et ils savent bien que, malgré que beaucoup du fanatisme religieux se soit calmé, nombreux sont ceux qui voudraient rejoindre notre culte. Et si l’on connaissait la vérité de ses joies, l’Eglise perdrait du pouvoir, et si nous recrutons trop massivement, nous pourrions bien attiser à nouveau contre nous les feux de la persécution. Alors gardez toujours les secrets.
[7] Pensez à la joie, pensez à l’amour, essayez d’aider les autres et d’apporter de la joie dans leurs vies. Les enfants sont naturellement plus faciles à influencer que les adultes. Cherchez par tous les moyens à œuvrer à partir des croyances pré-existantes des patients. Par exemple, plus de la moitié de la population mondiale croit à l’efficacité des amulettes. Une pierre ordinaire n’est pas une amulette, mais si elle arbore un trou naturel, elle est inhabituelle, alors si le patient a de telles croyances, donnez-lui en une. Mais d’abord, portez-la près de votre peau pendant quelques jours en y insufflant la volonté de guérir la douleur, de se sentir en sécurité, ou en luttant contre leur peur spécifique, et cette amulette pourra continuer d’imposer votre volonté lorsque vous serez absent. Les maîtres des talismans savent bien ce qu’ils disent lorsqu’ils affirment qu’ils doivent être faits dans un cercle, pour éviter toute distraction, par quelqu’un dont l’esprit est focalisé sur l’objet du travail.
[8] Gardez votre propre esprit joyeux. Rappelez-vous des Paroles de la Déesse : « Je procure d’inimaginables joies sur terre, et la certitude, non la foi, durant la vie, et lorsque la mort vient, la paix ineffable, le repos, et l’extase, et la promesse que vous reviendrez. » Dans les temps anciens nombre d’entre nous allèrent périr dans les flammes en riant et en chantant, et à présent tout cela nous est encore possible. Nous pouvons goûter à la joie d’être en vie et à la beauté, à la paix, à la Mort, et à la promesse d’un retour.
[9] La Bible dit, « Un cœur joyeux est un bon remède, mais un esprit abattu dessèche les os. » Mais vous ne pouvez pas avoir un cœur joyeux. Vous êtes peut-être né sous une mauvaise étoile. Je pense que les effets des astres sont surestimés, mais vous dites qu’un cœur joyeux n’est pas quelque chose qui se commande. Au sein du Culte, vous le pouvez ; il y a des processus secrets par lesquels votre volonté et votre imagination peuvent être influencés. Ces processus affectent également le corps, et le mettent en joie. Votre corps est heureux, alors votre esprit est heureux. Vous vous sentez bien parce que vous êtes heureux, et vous êtes heureux parce que vous vous sentez bien.
[10] On peut utiliser la prière avec de bons résultats si le patient croit que cela peut et va fonctionner. Nombreux sont ceux qui croient en l’efficacité de la prière, tout en ne croyant pas que leur Dieu ou un saint les aidera. Les Prières à la Déesse sont d’une grande aide, particulièrement la Prière de la Corne d’Amalthée, car elle provoque une stimulation aussi bien dans le corps que dans l’esprit.
La Prêtresse et l'Epée
Il est dit que "Quand une femme prend le rôle principal dans la vénération du Dieu Mâle, elle doit être ceinte d'une épée."
Note. Cette phrase a été expliquée comme signifiant qu'un homme devrait être le Magus qui représente le Dieu, mais que si aucun homme des hommes présents n'a de rang et de savoir suffisant, une femme armée comme un homme peut prendre sa place.
Le fourreau devrait être porté attaché à la ceinture. Elle devrait tenir l'épée au clair, mais la remettre au fourreau quand elle a besoin d'utiliser ses mains. Toutes les autres femmes du cercle devraient tenir une épée en main pendant que ce culte est rendu. Ceux qui se tiennent à l'extérieur du cercle devraient être uniquement armés d'un athamé. Une femme peut personnifier soit le Dieu, soit la Déesse, tandis qu'un homme ne peut personnifier que le Dieu.
La mise en garde
Garde ce livre écrit de ta main. Laisse les frères et les sœurs en copier ce qu’ils veulent, mais ne laisse jamais ce livre échapper à tes mains, et ne conserve jamais les écrits d’un autre, car si on découvrait leur écriture, il se pourrait bien qu’ils soient pris et torturés. Chacun devrait garder ses propres écrits et les détruire lorsqu’un danger menace. Apprends autant que tu peux par cœur, et lorsque le danger est passé, réécris ton livre. Pour cette raison, si l’un d’entre nous meurt, détruis son livre s’il n’en a pas eu la possibilité, car, s’il était découvert, ce serait une preuve limpide contre eux. « Tu ne peux pas être une Sorcière solitaire » ; alors, tous ses amis risqueraient d’être torturés. Alors détruis tout ce qui n’est pas nécessaire. Si ton livre est trouvé sur toi, c’est une preuve limpide contre toi. Tu pourrais être torturé. Garde hors de ton esprit toute pensée concernant le culte. Dis que tu as fait des mauvais rêves, dis qu’un Diable t’a fait écrire cela sans que tu le saches. En ton for intérieur, dis-toi, « Je ne sais rien. Je ne me rappelle de rien. J’ai tout oublié. » Induis cette pensée dans ton esprit. Si la torture s’avère trop grande à supporter, dis, « Je vais me confesser. Je ne peux pas supporter ce tourment. Que voulez-vous que je dise ? Dites-moi, et je le dirai. » S’ils essayent de te faire parler de la confrérie, n’en fais rien, mais s’ils tentent de te faire parler de choses impossibles, comme voler dans le ciel, s’accoupler avec le Diable, sacrifier des enfants, ou manger de la chair humaine, dis, « J’ai fait un mauvais rêve. Je n’étais pas moi-même. J’étais fou. » Tous les Magistrats ne sont pas mauvais. Si tu as une excuse, ils peuvent faire preuve de clémence envers toi. Si tu as confessé quoi que ce soit, nie-le par la suite. Dis que tu as babillé sous la torture ; dis que tu ne savais pas ce que tu faisais ou disais. Si tu es condamné, n’aie pas peur. La Confrérie est puissante. Ils peuvent t’aider à t’échapper si tu t’es montré inébranlable. Si tu trahis quoi que ce soit, il n’y a pas d’espoir pour toi, ni dans cette vie, ni dans la suivante. Mais, c’est chose sûre, si tu te rends au bûcher encore inébranlable, on te procurera des drogues. Tu ne sentiras rien, et tu iras simplement à la Mort et à ce qui se trouve après, l’extase de la Déesse.
La même chose s’applique aux outils du travail. Fais en sorte qu’ils soient aussi ordinaires que tous ceux que n’importe qui a chez lui. Les Pentacles devraient être en cire, pour pouvoir être fondus ou brisés en un instant. N’aie pas d’épée, à moins que ton rang ne le permette. N’inscris pas de noms, ou de signes, sur quoi que ce soit. Contente-toi de les reporter à l’encre avant de les consacrer, et de nettoyer sitôt que tu as terminé. Ne te vante jamais, ne menace jamais, ne dis jamais tu souhaites du mal à quelqu’un. Si quiconque te parle de l’Art, dis, « Ne me dis pas de telles choses, cela m’effraye, cela porte malheur d’en parler. »
De l'Ordalie de l'Art magique
Tire un enseignement de l’esprit qui porte des fardeaux sans honneur, car c’est l’esprit qui voûte les épaules, et non le poids. L’armure est lourde, cependant c’est un honorable fardeau et un homme se tient droit à l’intérieur. Limiter et contraindre l’un des sens sert à augmenter la concentration d’un autre. Fermer les yeux aide à mieux entendre. Ainsi, lier les mains de l’initiée accroît sa perception mentale, tandis que le fouet accroît sa vision intérieure. L’initiée traverse tout cela fièrement, comme une princesse, consciente que cela ne sert qu’à accroître sa gloire. Mais cela ne peut être accompli qu’avec l’aide d’une autre intelligence et à l’intérieur d’un cercle, pour empêcher que le pouvoir ainsi généré ne se perde. Les prêtres tentent de faire la même chose avec leurs flagellations et mortifications de la chair. Mais sans l’aide des liens, et comme leur attention est distraite parce qu’ils se fouettent eux-mêmes et que le peu de pouvoir qu’ils produisent est dissipé, étant donné qu’ils ne travaillent habituellement pas dans un cercle, il n’est pas très étonnant qu’ils échouent. Les moines et les ermites font mieux, car ils sont aptes à travailler dans des petites cellules et des endroits reclus, qui agissent d’une certaine manière comme des cercles. Les Chevaliers du Temple, qui avaient l’habitude de se flageller mutuellement dans un octogone, faisaient tout de même mieux ; mais ils ne connaissaient apparemment pas la vertu des liens et procédaient mal, uniquement entre hommes. Mais peut-être que certains le savaient ? Qu’en est-il de l’accusation de l’Eglise à leur encontre qui disait qu’ils portaient des ceintures ou des cordes ?
Le Fouet et le Baiser
[1] Invocation (Les pieds, les genoux et les poignets devraient être liés étroitement pour retarder le flux sanguin.) Fouettez 40 fois ou plus, pour faire picoter la peau, puis dites, pour invoquer la Déesse,
Salut à Toi, Aradia,
De la corne d’Amalthée,
Déverse Tes réserves d’amour.
Je m’incline bien bas devant Toi !
Je T’invoque à la toute fin,
Lorsque les autres Dieux
Ont déchu et sont méprisés.
Ton pied est sur mes lèvres !
Mes soupirs innés
S’élèvent, touchent Ton cœur
Et s’enroulent autour de lui.
Alors,
Amour plein de compassion,
Pitié la plus adorable,
Descends
Et porte-moi bonheur,
A moi qui suis seul, abandonné et désespéré.[1]
Demandez à la Déesse de vous aider à obtenir ce que vous désirez, puis utilisez à nouveau le Fouet pour lier le sort. C’est très puissant en cas de mauvaise chance ou de maladie. Cette invocation doit être dite dans un Cercle, et vous devez être correctement préparé et bien purifié, aussi bien avant qu’après la déclamation, pour lier le sort. Avant de commencer, vous devez visualiser très clairement dans votre esprit l’objet de votre souhait. Faites en sorte de voir votre vœu accompli. Assurez-vous de voir, dans votre propre esprit, exactement ce dont il s’agit et de quelle manière vous allez l’obtenir. Ce sortilège est celui qui me fut enseigné il y a longtemps, et je l’ai trouvé efficace, mais je ne pense pas qu’il y ait une vertu particulière dans ces paroles. N’importe quelles autres peuvent leur être substituées, pour peu qu’ils demandent de l’aide à la Déesse (ou au Dieu), qu’on demande clairement ce que l’on veut, et qu’on en forme une image mentale claire ; et si cela ne fonctionne pas de prime abord, continuez d’essayer jusqu’à ce que ça marche. Votre assistant, qui manie le Fouet, doit absolument connaître l’objet de votre souhait, et également en former l’image mentale.
D’abord, en tous les cas, ce sera mieux pour vous de travailler à ce sort, puis que la fille prenne votre place et y travaille également ; vous la fouetterez. Ne vous essayez pas à quelque chose de difficile pour commencer, et répétez l’opération au moins une fois par semaine jusqu’à ce que ça fonctionne. Vous devez être en sympathie l’un avec l’autre, avant que quoi que ce soit ne se produise, et un travail régulier rend la chose plus aisée. En ce qui concerne les sorts, les mots exacts importent peu si l’intention est claire et si vous soulevez le pouvoir véritable, en quantité suffisante. Ils doivent toujours rimer. Il y a quelque chose de bizarre avec les rimes. J’en ai fait l’expérience, et les mêmes mots semblent perdre leur pouvoir si vous manquez une rime. Quand ils sont rimés, les mots semblent également couler d’eux-mêmes. Vous n’avez pas à faire une pause pour vous demander « Qu’est-ce que je dois dire après ? » Faire ceci vous fait perdre beaucoup de votre intention.
[2] Il faut maintenir l’ordre et la discipline. Un Grand Prêtre ou une Grande Prêtresse peut, et doit, à cette fin, punir toute faute, et tous ceux du Culte doivent accepter de leur plein gré ces corrections. Tous sont frères et sœurs, pour la raison suivante : même la Grande Prêtresse doit se soumettre au Fouet. Toute faute devra être corrigée séparément. Le Prêtre ou la Prêtresse devront être correctement préparés et appeler le coupable pour son procès. Celui-ci devra être préparé comme pour l’initiation et s’agenouiller, se voir rappeler sa faute, et entendre sa sentence. La punition sera le fouet, puis une peine consistant à administrer plusieurs quintuples baisers, ou quelque chose de cette nature. Le coupable devra accueillir la justice de cette punition en embrassant les mains et le fouet en entendant la sentence, et une nouvelle fois en remerciant pour la punition reçue.
[3] Les coups de fouets sont au nombre de 3, 7, 9, (trois fois trois) et 21 (trois fois sept), soit 40 en tout. Il n’est pas désirable de faire moins de deux vingtaines d’offrandes [flagellations] à la Déesse, car il y a là un Mystère. Les nombres fastes sont le 3 et le 5 . Car en additionnant 3 et 2 (le Couple Parfait) on obtient 5. Et 3 et 5 font 8 ; 8 et 5 font 13 ; 13 et 8 font 21. On appelle le ‘Quintuple Baiser’ comme s’il n’y en avait que 5, mais il y a en fait 8 baisers, car il y a les 2 pieds, les 2 genoux, les parties génitales, les 2 seins et les lèvres. Et 5 fois 8 font deux vingtaines. Les nombres fastes sont aussi 3, 7, 8, et 21, dont la somme donne 40, soit deux vingtaines. Car chaque homme et femme possède 10 doigts et 10 orteils, de sorte que chacun totalise une vingtaine. Et un couple parfait fait deux vingtaines. Ainsi, un nombre inférieur ne serait pas une prière parfaite. S’il est requis d’en faire plus, il faut aboutir à un nombre parfait, comme quatre vingtaines ou six vingtaines. Il y a également les Huit Armes Élémentaires.
[4] Pour faire l’huile d’onction, prenez des plats en verre à moitié remplis de graisse ou d’huile d’olive. Mettez de la menthe douce dans l’un, de la marjolaine dans l’autre, du thym réduit en poudre dans un troisième, et si vous pouvez en utiliser, du patchouli, des feuilles séchées pilées. Placez les récipients au bain-marie. Remuez et laissez cuire pendant plusieurs heures, puis versez dans des sacs en lin, pressez la graisse au travers pour la remettre dans les plats, et remplissez de feuilles fraîches. Après avoir fait ceci plusieurs fois, la graisse sera très parfumée. Mélangez-les alors toutes ensembles et conditionnez-les en bocal hermétique. Procédez à l’onction derrière les oreilles, sur la gorge, les aisselles, les seins et le ventre. Les pieds doivent également être oints pour toutes les cérémonies où l’on devra les embrasser.
L'Octuple Sentier
L'Octuple Sentier ou Les Voies qui mènent au Centre.
1 La méditation ou la Concentration. En pratique, cela signifie former une image mentale de ce que l'on désire, et se forcer soi-même à voir son désir accompli, avec la conviction et la conscience aiguës qu'il peut être et sera accompli, et que vous continuerez à bander votre volonté jusqu'à ce que vous ayez contraint ce désir à s'accomplir. On peut l'appeler plus brièvement "l'Intention".
2 La Trance, ou projection astrale.
3 Les rites, les chants, les sortilèges, les runes, les charmes, etc.
4 L'encens, les drogues, le vin, etc., tout ce qui peut être utilisé pour libérer l'Esprit. (Note. Il convient d'être très prudent à ce sujet. L'encens est la plupart du temps inoffensif, mais vous devez faire attention. S'il y a des effets secondaires non souhaitables, réduisez la quantité utilisé, ou la durée durant laquelle vous pouvez l'inhaler. Les drogues sont extrêmement dangereuses si on en prend excessivement, mais vous devez vous rappeler qu'il existe des drogues qui sont tout à fait inoffensives, bien que les gens en parlent avec une certaine tension ; mais le Chanvre est particulièrement dangereux, parce qu'il déverrouille l’œil intérieur rapidement et avec aisance, donc on est tenté d'en prendre toujours plus. Si jamais vous l'utilisez, ce doit être avec les précautions les plus draconiennes, en veillant à ce que la personne qui le fait n'ait pas d'accès à la réserve. Ceci doit être supervisé par une personne responsable, et les quantités délivrées doivent être strictement limitées.)
5 La dance, et les pratiques assimilées.
6 Le contrôle du sang (les Cordes), le contrôle du souffle, et les pratiques assimilées.
7 Le Fouet.
8 Le Grand Rite.
Ce sont toutes les voies. Vous pouvez en combiner plusieurs en une seule expérience, plus il y en a, mieux c'est.
Les Cinq Choses Essentielles :
1 Le plus important, c'est l'Intention : vous devez savoir que vous pouvez réussir, et que vous réussirez ; c'est essentiel pour toutes les opérations.
2 La préparation. (Vous devez être préparé conformément aux règles de l'Art ; autrement, vous n'arriverez à rien.)
3 Le Cercle doit être correctement formé et purifié.
4 Vous devez tous êtes correctement purifiés, plusieurs fois si nécessaire, et cette purification devrait être répétée plusieurs fois durant le rite.
5 Vous devez posséder des outils correctement consacrés.
Ces cinq choses essentielles et ces Huit voies ou sentiers ne peuvent pas tous se combiner en un seul et même rite. La méditation et la danse ne se combinent pas très bien, mais on peut très bien former une image mentale, dancer, et combiner cela avec des chants, les sortilèges, etc, combinés avec la flagellation et le N°6, suivi du N°8, forment une splendide combinaison. La méditation, suivie de flagellation, combinée avec les N° 3, 4 et 5, est également une très bonne combinaison. Pour faire plus rapidement, coupez la concentration, les N° 5, 6, 7 et 8 sont excellents.
Obtenir le don de Seconde Vue
[1] Cela arrive aux gens de diverses manières. Il est rare que cela se produise naturellement, mais cela peut être induit de bien des façons. La méditation longue et prolongée pourrait avoir cet effet, mais seulement si vous avez une prédisposition naturelle pour cela, et habituellement un jeûne prolongé était également nécessaire. Jadis, les moines et les nonnes obtenaient des visions à la suite de longues veilles, combinées avec des jeûnes, des flagellations jusqu'au sang, et d'autres mortifications de la chair, c'est ainsi qu'ils obtenaient indubitablement ce résultat. En Orient on s'y essaye à l'aide de tortures variées, en s'asseyant en même temps dans des postures très serrées, qui retardent le flux du sang, et ces tourments, longs et continus, donnent de bons résultats. Mais au sein de l'Art, on nous enseigne une manière plus facile d'intensifier l'imagination, tout en contrôlant en même temps le flux sanguin, et utiliser le rituel est une des meilleures façons d'opérer.
[2] L'encens est bon pour se concilier les faveurs des Esprits, mais aussi pour induire la relaxation et pour aider à mettre en place l'atmosphère nécessaire à la suggestibilité. (Car nos yeux humains sont si aveugles à ce qui existe réellement, qu'il est souvent nécessaire de suggérer que la chose est là, avant que nous puissions la voir, tout comme nous pourrions pointer du doigt vers une chose éloignée pour l'indiquer à quelqu'un d'autre avant que cette personne puisse la voir par elle-même.) La gomme de mastic, l'écorce de cannelle, le musc, le genièvre, le bois de santal et l'ambre gris combinés sont tous très bons, mais le patchouli est le meilleur de tous. Et si vous pouvez vous procurer du chanvre, c'est encore mieux, mais soyez très prudent en l'utilisant.
[3] Une fois que le cercle est formé, que tous sont correctement préparés, que les Rites ont été accomplis, et que tous ont été purifiés, l'aspirant devrait lier son tuteur et lui faire faire le tour du cercle en saluant les Puissants et en les invoquant pour qu'ils l'aident durant l'opération. Puis tous deux devraient danser en rond jusqu'à ce qu'ils se sentent étourdis, en invoquant ou en utilisant des chants. Flagellation. Puis le tuteur devrait lier très étroitement l'aspirant, pas assez pour causer de l'inconfort, mais suffisamment pour entraver légèrement le flux sanguin. Une fois encore, ils devraient dancer en rond, en chantant, puis se flageller à coups légers, tranquilles, monotones et lents. Il est très bon que le pupille puisse voir les coups venir (on peut arranger cela en trouvant une position propice, ou si on peut recourir à un grand miroir, cela peut s'avérer très efficace) puisque cela a l'effet de passes magiques, et aide grandement à stimuler l'imagination, et il est important que les coups ne soient pas durs, le but n'étant pas de faire davantage que d'attirer le sang dans une partie du corps pour l'éloigner du cerveau. Ceci, combiné à des liens étroitement serrés, ralentit la circulation du sang, et les passes magiques induisent bientôt un état de somnolence et de stupeur. Le tuteur devrait surveiller cela. Aussitôt que l'aspirant s'endort, la flagellation doit cesser. Le tuteur doit également surveiller que le pupille ne devienne pas froid, et s'il lutte ou semble perturbé, il doit être réveillé sur le champ. (Note : s'il n'a pas été possible de trouver un arrangement pour que le pupille voie, il est possible d'utiliser la baguette pendant un moment, puis de revenir à la flagellation.)
[4] Ne soyez pas découragé s'il n'y a aucun résultat après deux ou trois tentatives. Cela viendra, quand les deux opérants seront dans l'état approprié. Lorsque vous commencerez à obtenir des résultats, les suivants viendront plus rapidement. Bientôt il vous sera possible d'écourter un peu le rituel, mais ne négligez jamais l'invocation de la Déesse et des Puissants, ou de former le Cercle, ou de tout faire correctement. Pour obtenir de bons résultats clairs, il vaut mieux faire trop de rituel que trop peu.
[5] On a constaté que cette pratique suscite souvent un grand attachement entre aspirant et tuteur, et si cela arrive, cela produit de meilleurs résultats. Si pour une raison ou une autre la survenue d'une grande affection entre eux n'est pas souhaitable, cela peut être facilement évité, si les deux parties prennent d'emblée dans leur esprit la résolution que, si un tel attachement s'ensuit, il devra être comme celui d'un frère et d'une soeur ou d'un parent et d'un enfant. Et c'est pour cette raison qu'un homme ne peut être instruit que par une femme, et une femme par un homme, et que deux hommes ou deux femmes ne devraient jamais s'essayer à ces pratiques ensemble. Et puissent toutes les Malédictions des Puissants s'abattre sur ceux qui en feraient la tentative.[2]
[6] Rappelez-vous que le Cercle, correctement construit, est toujours nécessaire pour empêcher le pouvoir soulevé de se dissiper. C'est également une barrière contre toute perturbations des forces malveillantes, car pour obtenir de bons résultats, il faut impérativement être exempt de toute perturbation. Rappelez-vous que l'obscurité, les points lumineux brillants au milieu des ténèbres environnantes, l'encens, et les passes magiques lentes d'un bras blanc ne sont pas des effets de scène. Ce sont les procédés mécaniques qui font démarrer les suggestions, qui déverrouillent plus tard la conscience du fait qu'il est possible de connaître l'extase divine, et ainsi d'atteindre la connaissance et la communion avec la Divine Déesse. Lorsque vous y avez touché une fois, le Rituel n'est plus nécessaire, puisque vous pouvez atteindre cet état d'extase à volonté, mais jusque là, ou bien si vous l'avez atteint vous-même et souhaitez amener un compagnon à cet état de joie, le rituel est ce qu'il y a de mieux.
Le Pouvoir
Le pouvoir existe à l'état latent dans le corps et peut-être attiré à l'extérieur, et utilisé de diverses manières par les personnes compétentes. Mais à moins d'être confiné dans un cercle, il se dissipera rapidement. D'où l'importance d'un cercle correctement construit. Le pouvoir semble exsuder au travers de la peau, et possiblement par les orifices du corps ; d'où le besoin d'être correctement préparé. La plus infime saleté gâche tout, ce qui montre l'importance d'une propreté rigoureuse. L'attitude de l'esprit a un effet majeur, alors travaillez uniquement avec un esprit révérencieux. Prendre un peu de vin, de manière répétée, durant la cérémonie, s'avère si nécessaire utile pour produire du pouvoir. D'autres boissons fortes ou drogues peuvent être utilisées, mais il est nécessaire de se montrer extrêmement modéré, car si on devient ne serait-ce qu'un peu confus, on ne peut pas contrôler le pouvoir qu'on évoque.
La manière la plus simple de procéder est la danse accompagnée de chants monotones, d'abord lentement, puis en accélérant graduellement le tempo jusqu'à ce que l'étourdissement s'ensuive. Ensuite, on peut utiliser les appels, ou même des cris sauvages et sans aucun sens qui produisent du pouvoir. Mais cette méthode attise l'esprit et le rend plus difficilement capable de contrôler le pouvoir, bien qu'on puisse acquérir davantage de contrôle avec la pratique. Le fouet est un bien meilleur moyen, car il stimule et excite à la fois le corps et l'âme, et cependant on maintient aisément le contrôle.
Le Grand Rite est de loin ce qu'il y a de mieux. Il libère un pouvoir énorme, mais les conditions et les circonstances afférentes rendent difficile pour l'esprit de le contrôler, au début. C'est encore une fois une question de pratique, et de la force naturelle de la volonté de l'opérateur, ainsi que, dans une moindre mesure, de celle de ses assistants. Si, comme jadis, beaucoup d'assistants bien entraînés étaient présents, et si toutes les volontés étaient correctement en phase, il se produirait des miracles.
Les ensorceleurs* utilisaient principalement le sacrifice sanglant ; nous soutenons que ceci est mal, mais ne pouvons cependant nier que cette méthode est très efficace. Le pouvoir surgit du sang fraîchement versé, au lieu d'exsuder lentement comme avec notre méthode. La terreur et l'angoisse de la victime ajoutent de l'acuité, et même un très petit animal peut laisser échapper un pouvoir énorme. La grande difficulté pour l'esprit humain est de contrôler le pouvoir de l'esprit inférieur animal. Mais les ensorceleurs affirment qu'ils ont des méthodes pour le faire, que la difficulté diminue d'autant que l'animal est grand, et que quand la victime est humaine, la difficulté disparait tout à fait. (Cette pratique est une abomination mais c'est ainsi.) Les prêtres savent bien cela ; et avec leurs auto-da-fés, avec la souffrance et la terreur des victimes (les feux agissant comme des cercles), ils obtenaient beaucoup de pouvoir.
Jadis les Flagellants évoquaient très certainement du pouvoir, mais comme ils ne le confinaient pas dans un cercle, il y avait énormément de déperdition. La quantité de pouvoir soulevée était si grande et continue que toute personne avec des connaissances pouvait le diriger et l'utiliser ; et il est très probable que les sacrifices païens et classiques étaient utilisés de la même manière. Il se murmure que lorsque la victime humaine offrait un sacrifice consenti, avec son esprit dirigé vers le Grand Oeuvre et avec des assistants hautement compétents, des miracles s'ensuivaient, mais je ne m'exprimerai pas davantage sur ce sujet.[3]
Correctement préparé
Nu, mais on peut porter des sandales (pas des chaussures). Pour l'initiation, liez les mains derrière le dos, les placer au bas du dos, et attacher les bouts des liens devant la gorge, laissant pendre une corde de hâlage devant pour pouvoir mener l'initié. (Les bras forment ainsi un triangle dans le dos.) Lorsque l'initié est agenouillé devant l'autel, la corde de hâlage est attachée à un anneau fixé dans l'autel. Une corde courte est liée comme une jarretière autour de la jambe gauche de l'initié, au-dessus du genou, avec les bouts rentrés. Une autre corde est liée autour de la cheville droite avec les bouts rentrés pour ne pas entraver les mouvements. Les cordes sont utilisées pour lier les pieds ensemble pendant que l'initié est agenouillé à l'autel, et doivent être assez longues pour procéder fermement. Les genoux doivent aussi être liés fermement. Ceci doit être fait avec précaution. Si l'aspirant se plaint de douleurs, les liens doivent être un peu desserrés ; souvenez-vous toujours que l'objectif est de retarder le flux sanguin de façon à induire un état de transe. Cela implique une petite gêne, mais un grand inconfort empêche l'état de transe ; il est donc bon de passer un peu de temps à ajuster le serrage des liens jusqu'à ce qu'il soit optimal. L'aspirant seul peut vous dire quand c'est le cas. Ceci ne s'applique bien entendu pas à l'initiation, puisqu'en cette occasion aucune transe n'est souhaitée ; pour l'objectif du rituel, il est bon que les initiés soient liés suffisamment fermement pour se sentir absolument sans défense, mais sans aucun inconfort.
La Danse de rencontre
C'est la Jeune Fille qui devrait mener la danse. Un homme devrait placer ses deux mains sur sa taille, se tenant derrière elle, et les autres hommes et femmes, alternativement, devraient faire la même chose, la Jeune Fille menant et eux tous dansant derrière elle. Elle les conduit enfin dans une spirale dans le sens des aiguilles d'une montre. Lorsqu'elle atteint le centre (il vaut mieux marquer l'endroit avec une pierre), elle se tourne soudainement et danse dans l'autre sens, embrassant chaque homme qu'elle croise. Tous les hommes et toutes les femmes tournent de la même manière et dansent dans l'autre sens, les hommes embrassant les femmes, et les femmes embrassant les hommes. Tous en rythme avec la musique, c'est un jeu très joyeux, mais qui nécessite de la pratique pour être bien mené. Notez que les musiciens devraient observer les danseurs et accélérer ou ralentir la musique s'il y a lieu de le faire. Pour les débutants ce devrait être lent, ou il y aura de la confusion. Cette danse est excellente pour que les gens fassent connaissance lors des grands rassemblements.
Quitter son corps
Il n’est pas sage de chercher à quitter son corps avant d’avoir pleinement obtenu la Seconde Vue. On peut utiliser le même rituel que celui effectué pour obtenir la Seconde Vue, mais il faut disposer d’un divan, d’un lit ou d’un fauteuil confortable. Agenouillez-vous afin que vos cuisses, votre ventre et votre torse soient bien soutenus, les bras tendus devant vous et attachés de chaque côté, afin que vous ressentiez résolument que vous êtes tiré vers l’avant. Tandis que la transe est induite, vous devriez ressentir la pulsion de sortir par le sommet de votre tête. Il faudrait conférer au fouet une action drainante, comme s’il vous conduisait ou vous tirait à l’extérieur. Vos deux volontés devraient agir rigoureusement à l’unisson, en gardant une tension homogène et constante. Lorsque la transe vient, votre tuteur peut vous aider en appelant doucement votre nom. Vous serez probablement attiré à l’extérieur de votre corps comme au travers d’une ouverture étroite, et vous vous retrouverez debout auprès de votre tuteur, regardant le corps étendu. Faites d’abord en sorte de communiquer avec votre tuteur ; s’il possède la Seconde Vue, il vous verra probablement. Ne vous aventurez pas trop loin pour commencer, et il est bien mieux d’avoir avec soi quelqu’un qui a l’habitude de quitter son corps. Note : Lorsque, étant parvenu à quitter votre corps, vous désirez y retourner, afin que votre corps spirituel et votre corps matériel coïncident, PENSEZ A VOS PIEDS. Cela vous fera revenir.
Vêtu du ciel
Il est important de travailler nu d'emblée, afin que cela devienne une seconde nature, et que la pensée "je n'ai pas de vêtements" ne fasse jamais irruption pour détourner votre attention de votre travail. Aussi, lorsque votre peau est accoutumée de la sorte à ne pas être confinée, le flux du pouvoir qui émane de vous est plus aisé et régulier. Lorsque vous dansez, vous êtes également libre et non limité... Et le meilleur de tout, c'est que le contact avec le corps de la personne aimée fait frémir jusqu'aux tréfonds de votre âme, et que votre corps délivre donc son pouvoir le plus conséquent ; il est alors plus important que tout qu'il n'y ait pas la moindre petite chose pour distraire votre attention, car c'est l'instant où l'esprit doit s'emparer du pouvoir généré pour le façonner, puis le rediriger vers l'objectif désiré avec toute la force et la frénésie dont l'imagination dispose.
Il a été dit qu'aucune réelle connaissance ne peut être obtenue avec nos façons de faire, que nos pratiques sont telles qu'elles ne peuvent conduire qu'à la luxure ; mais ce n'est vraiment pas le cas. Notre objectif est d'atteindre la vision intérieure, et nous le faisons de la manière la plus naturelle et la plus simple. Le but de nos opposants est de toujours empêcher l'homme et la femme de s'aimer, en pensant que tout ce qui facilite ou même permet qu'ils s'aiment est pernicieux et vil. Pour nous, c'est une chose naturelle, et si cela aide le Grand Oeuvre [ndt : alchimique], c'est une bonne chose.
Il est vrai qu'un couple brûlant d'une véritable soif de connaissance peut aller tout droit au but, mais les couples lambda n'ont pas ce feu. Nous leur montrons la voie, notre système, nos manières de faire (c'est à dire, le rituel magique). Un couple qui ne travaille avec rien d'autre que la luxure n'atteindra jamais rien ; mais dans un couple qui s'aime profondément les deux personnes dormiront probablement déjà ensemble, les premiers feux de leur passion seront déjà passés, et leurs âmes seront déjà en sympathie l'une avec l'autre. Si la première ou la deuxième fois ils s'arrêtent en chemin pendant un moment pour vénérer Aphrodite, ce ne sont qu'un ou deux jours de perdus, et l'intense plaisir qu'ils y gagnent ne fait que les reconduire jusqu'aux mystères d'Hermès, leurs âmes sont davantage en harmonie pour la grande quête. Une fois le voile percé, ils ne regarderont pas en arrière. Ce rite peut être utilisé comme la plus grande des magies s'il est accompli par deux partenaires qui fixent fermement leur esprit sur l'objectif et ne pensent pas du tout au sexe. C'est à dire qu'il faut fixer si fermement son esprit sur l'objectif que le sexe et tout le reste n'existent plus. Vous enflammez votre esprit à tel point que vous pouvez créer une marque dans l'astral qui fera se produire des choses.
Les Outils de travail
Il n’y a pas de magasins de fournitures magiques, donc à moins d’être assez chanceuse pour qu’on lui donne ou vende des outils, une sorcière pauvre doit improviser. Une fois initié vous devriez pouvoir emprunter ou obtenir un Athamé. Ayant ainsi tracé votre cercle, érigez un autel. N’importe quelle petite table ou coffre fera l’affaire. Il devra y avoir du feu dessus (une bougie suffira) et votre livre. Pour obtenir de bons résultats, l’encens est ce qu’il y a de mieux si vous pouvez en avoir, mais des charbons placés dans un réchaud où vous mettrez des plantes odorantes à brûler fera l’affaire. Si vous projetez de partager les gâteaux et le vin, ayez une coupe, et un plateau sur lequel les signes seront dessinés à l’encre, montrant un pentacle. Un fouet se fabrique aisément (notez qu’il a huit queues et cinq nœuds sur chaque queue). Procurez-vous un couteau à manche blanc et une baguette (une épée n’est pas nécessaire). Faites les marques avec l’Athamé. Purifiez tout, puis consacrez vos outils de la manière appropriée, en étant toujours vous-même correctement préparé. Mais souvenez-vous toujours que les opérations magiques sont inutiles, à moins que l’esprit ne puisse être amené à une attitude adéquate, élevé à son plus haut diapason.
Les affirmations doivent être formulées clairement, et l’esprit doit être enflammé de désir. Muni de cette volonté en frénésie, vous pouvez accomplir autant avec des outils simples qu’avec l’ensemble d’accessoires le plus vaste. Mais les bons outils, plus spécialement les anciens, ont leur propre aura. Ils aident à établir l’esprit de révérence, le désir d’apprendre et de développer vos pouvoirs. Pour cette raison, les sorcières essayent toujours d’obtenir leurs outils d’autres sorciers qui, étant des gens compétents, font de bons outils et les consacrent bien, leur donnant ainsi un très grand pouvoir. Un excellent outil sorcier s’emplit de beaucoup de pouvoir ; et vous devriez toujours vous efforcer d’utiliser les matériaux de la meilleure qualité possible pour fabriquer vos outils, afin qu’ils puissent absorber votre pouvoir plus aisément. Et bien entendu, si vous pouvez hériter ou obtenir les outils d’une autre sorcière, le pouvoir émanera d’eux. Une ancienne croyance préconise que les meilleures substances pour fabriquer les outils sont celles qui ont autrefois eu de la vie en elles, au contraire des substances artificielles. Ainsi, le bois ou l’ivoire sont meilleurs pour fabriquer une baguette que le métal, qui est plus approprié pour les couteaux et les épées. Un parchemin vierge est meilleur pour faire des talismans que du papier manufacturé, etc. Et les choses qui ont été fabriquées à la main sont bonnes, parce qu’il y a de la vie en elles.
Sources
<references>
- ↑ L’original semble être la première strophe du poème d’Aleister Crowley que voici, avec quelques petites modifications : « HAIL, Tyche! From the Amalthean horn Pour forth the store of love! I lowly bend Before thee: I invoke thee at the end When other gods are fallen and put to scorn. Thy foot is to my lips; my sighs unborn Rise, touch and curl about thy heart; they spend Pitiful love. Lovelier pity, descend And bring me luck who am lonely and forlorn. Fortune sits idle on her throne. The scent Of honeyed incense wreathes her lips with pleasure. For pure delight of luxury she turns, Smooth in her goddess rapture. So she spurns And crushes the pale suppliant. Softly bent, Her body laughs in ecstasy of leisure. » Aleister Crowley – La Fortune (1907)
- ↑ Note : Gardner a ajouté ce paragraphe aux Lois de l'Art au début des années 1960.
- ↑ Note de traduction : Gardner utilise le terme "Witches" pour parler des sorcières et des sorciers wiccans, mais dans ce texte lorsqu'il évoque les sacrifices, pratique qu'il réprouve, il les attribue aux "Sorcerers". Etant donné qu'en français les deux termes se traduisent par "sorcier", et que Gardner semble mettre une nette démarcation entre eux, j'ai choisi de retranscrire cette démarcation avec le terme "ensorceleur", qui n'est pas forcément le plus approprié. Si vous avez une meilleure idée, n'hésitez pas à m'en faire part.