« Rosmerta » : différence entre les versions

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L'inscription dit :
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"e[..]o i euri rigani rosmertiac"<ref>RIG II.2, 67, p. 181.</ref>
"''e[..]o i euri rigani rosmertiac''"<ref>RIG II.2, 67, p. 181.</ref>


Plusieurs interprétations ont été proposées.
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"J'ai offert ceci à la "Reine" (et) à Rosmerta."<ref>Lambert, 1995, pp. 145-146 ; Olmsted, 1994, p. 362.</ref>
"J'ai offert ceci à la "Reine" (et) à Rosmerta."<ref>Lambert, 1995, pp. 145-146 ; Olmsted, 1994, p. 362.</ref>


Une deuxième hypothèse part du principe que Rigani et Rosmerta pourraient être deux épithètes désignant la même divinité. C'est l'interprétation la plus probable, car Regina est un titre parfois conféré aux Déesses romaines Junon, Minerve et Fortuna, ainsi qu'à la Déesse gallo-romaine Epona.<ref>Lejeune, in Hatt, 1981, p. 31 ; Hatt, 1981, pp. 17-18 ; CIL XIII, p. 115, 85 (Juno) ; CIL XIII, 177 (Minerva) ; CIL XIII, 6677 (Fortuna). Epona is given the title of Regina in Alba Iulia, Dacia (Romania), CIL III, 7750: Epon(a)e Regina(e) sanct(ae) ; in Dulca (Dalmatia), Euskirchen, 1993, n° 278 and CIL III, 12679: Epona Re[g(inae)] ; I. O. M. Epon(a)e Regin(ae) Genio Loci P. Bennius Eg[…] Regius Mil. Coh. Vol. Adiu[t(or)] princ(ipis), b(ene)f(iciarus) co(n)s(ularis) v(otum) s(olvit) ; in Razgrad (Bulgaria), AE 1993, 1370 and Ivanov, R., in Arheologija (Sofia), 35, 3, 1993, pp. 27-29: [---Dea?]e Eponae Reg(inae) pro salu(te) d(omini) n(ostri) M. Aur(elii) Antonini [Pii] Fel(icis) Aug(usti). Valerius Ruf(---) b(ene)f(iciarius) co(n)s(ularis) leg(ionis) XI Cl(audiae) Antoninianae V[---] Lae(to) II et Ceria[le c(o)ns(ulibus)] ; in Szentendre (Hungary), Euskirchen, 1993, n° 281: Epon(a)e Reg(inae).</ref> L'inscription dirait alors :
Une deuxième hypothèse part du principe que Rigani et Rosmerta pourraient être deux épithètes désignant la même divinité. Regina est en effet un titre parfois conféré aux Déesses romaines Junon, Minerve et Fortuna, ainsi qu'à la Déesse gallo-romaine Epona.<ref>Lejeune, in Hatt, 1981, p. 31 ; Hatt, 1981, pp. 17-18 ; CIL XIII, p. 115, 85 (Juno) ; CIL XIII, 177 (Minerva) ; CIL XIII, 6677 (Fortuna). Epona is given the title of Regina in Alba Iulia, Dacia (Romania), CIL III, 7750: Epon(a)e Regina(e) sanct(ae) ; in Dulca (Dalmatia), Euskirchen, 1993, n° 278 and CIL III, 12679: Epona Re[g(inae)] ; I. O. M. Epon(a)e Regin(ae) Genio Loci P. Bennius Eg[…] Regius Mil. Coh. Vol. Adiu[t(or)] princ(ipis), b(ene)f(iciarus) co(n)s(ularis) v(otum) s(olvit) ; in Razgrad (Bulgaria), AE 1993, 1370 and Ivanov, R., in Arheologija (Sofia), 35, 3, 1993, pp. 27-29: [---Dea?]e Eponae Reg(inae) pro salu(te) d(omini) n(ostri) M. Aur(elii) Antonini [Pii] Fel(icis) Aug(usti). Valerius Ruf(---) b(ene)f(iciarius) co(n)s(ularis) leg(ionis) XI Cl(audiae) Antoninianae V[---] Lae(to) II et Ceria[le c(o)ns(ulibus)] ; in Szentendre (Hungary), Euskirchen, 1993, n° 281: Epon(a)e Reg(inae).</ref> L'inscription dirait alors :


"J'ai offert ceci à Rosmerta Rigani", donc "à la Reine Rosmerta".<ref>Hatt, MDG 2, p. 159.</ref>
"J'ai offert ceci à Rosmerta Rigani", donc "à la Reine Rosmerta".<ref>Hatt, MDG 2, p. 159.</ref>


However, Lambert in the RIG II.2 suggests another possible interpretation, which he argues is the most probable one.797 According to him, the coordination between the words Rigani and Rosmerta is definitely not possible. Therefore, it cannot be an offering to two separate deities. He interprets the final word Rosmertiac as an abbreviated form of Rosmertiac[on], a word in –āko- designating a name of feast, that is ‘the feasts of Rosmerta’. Feasts held in honour of land-goddesses are known in Irish medieval literature, such as Óenach Macha (‘Macha’s Assembly’) for Macha and Óenach Tailten (‘Tailtiu Fair’) for Tailtiu, two earth-goddesses par excellence (see above). This theory is thus plausible. Lambert reckons that the word rigani could refer to a (human) queen, who would have made the offering. From this, it follows that the inscription should be read:
Pierre-Yves Lamber suggère toutefois une autre interprétation possible. Selon lui, la coordination entre les mots Rigani et Rosmerta est absolument impossible. Il ne peut donc pas s'agir d'une offrande à deux divinités séparées. Il interprète le mot final Rosmertiac comme une forme abrégée de Rosmertiac[on], un mot se terminant par -âko- désignant le nom d'un banquet ou d'une fête, qui serait ici "Le banquet de Rosmerta". Les festins en l'honneur de Déesses locales sont bien connus dans la littérature irlandaise, comme par exemple dans le cas de l'Óenach Macha ("L'Assemblée de Macha") et l'Óenach Tailten (‘La Foire de [[Tailtiu]]’) données pour deux Déesses terrestres par excellence. Lambert évoque aussi la possibilité qu'une reine (humaine) aurait pu faire l'offrande. L'inscription pourrait alors dire :


‘This I offered, (me) the queen of the feasts of Rosmerta.798 ’
"J'ai offert ceci, (moi) la reine du festin de Rosmerta"<ref>RIG II.2, 67, p. 183.</ref>
Notamment attestée par une inscription sur un terrine trouvée à Lezoux (Puy-de-Dôme), et déchiffrée par P.Y. Lambert et X. Delamarre.


== Sources ==
== Sources ==
<references>
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Version du 26 février 2014 à 17:33

Mythologie gauloise


Pierre Lambrechts écrit en 1942 que Rosmerta serait une simple duplication femelle du Dieu Mercure, n'ayant aucune fonction hormis celle de consort.[1] Mais la découverte plus récente d'au moins cinq inscriptions, dont deux sont associées à une représentation, indiquent qu'on vouait à cette Déesse un culte qui lui était propre.


Découvertes archéologiques

Dessin de l'autel consacré à Rosmerta découvert à Gissey-le-Vieil. "Aug(usto) sa[c(rum)] Deae Rosm[er]tae Cne(ius) Cominius Candidus et Apronia Avitilla v(otum) s(olve)runt l(ibentes) m(erito)"

A Gissey-le-Vieil, en Côte d’Or, une inscription lui rendait hommage : "Aug(usto) sa[c(rum)] Deae Rosm[er]tae Cne(ius) Cominius Candidus et Apronia Avitilla v(otum) s(olve)runt l(ibentes) m(erito)" "Consacré à l'auguste Déesse Rosmerta, Cneius Cominius Candidus et Apronia Avitilla ont payé pour leur voeu de leur propre volonté et de manière méritée." Les deux personnes nommées pourraient être des époux. L'homme semble être un citoyen romain car il porte les trois noms habituels, tandis que la femme porte un patronyme latin, Apronia, et un second nom celtique, Avitilla - possiblement basé sur le mot avi- signifiant "désir".[2]

L'utilisation de la formule "Dea", semble indiquer que l'inscription n'est pas antérieure à la moitié du IIème siècle après J.C.[3]



D'après le Dr Morelot, qui a étudié l'autel en 1843, Rosmerta était une divinité topique dont le culte était rattaché aux eaux curatives de Gissey.[4] Au moment où il émettait cette hypothèse, aucune autre inscription dédiée à Rosmerta n'avait cependant été découverte. Selon lui, Gissey était un nom celtique signifiant "Lieu rempli d'eau", en se basant sur "gi", "eau", et "cey", "rempli".



Dessin d'une statue découverte dans la région de Gissey-le-Vieil, datée de la fin du IIème ou du début du IIIème siècle après JC. Représente probablement la Déesse personnifiant les eaux curatives de Gissey-le-Vieil. Il pourrait s'agir de Rosmerta. (Morelot, 1843-1844, p. 222.)

Dans la même région géographique, on a découvert la statue d'une femme dénudée, allongée, datant probablement de la fin du IIème siècle ou du début du IIIème siècle après JC. Elle pourrait être une personnification des eaux de Gissey, étant donné que les Déesses des sources sont souvent dépeintes dans une telle position, uniquement vêtues d'un pan de tissu autour des hanches.



Inscription dédiée à Rosmerta, gravée sur une bande d'argent ayant fait partie d'un socle en bois, découverte à Dompierre-sur-Authie (Somme). Musée de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais)

Rosmerta est également mentionnée sur une bande d'argent gravée, ayant appartenu au socle de bois d'une statuette, déterrée en 1989 dans le lieu dit "La plaine au-dessus des Bois" à Dompierre-sur-Authie (dans la Somme), sur l'ancien territoire des Ambiani. La découverte a été faite durant les excavations d'un sanctuaire datant de la fin du Ier siècle après JC, composé d'un fanum et de zones à ciel ouvert où des offrandes étaient déposées. L'inscription dit : "Rosmert(ae) Aug(ustae) Exstipibus", "A l'auguste Rosmerta Exstipibus (j'ai offert ceci)"[5]



Une inscription en langue gauloise et en alphabet latin, gravée le long de la bordure intérieure d'une terrine découverte à Lezoux (Puy-de-Dôme, ancien territoire des Arvernes), mentionne les noms des divinités Rosmerta et Rigani. La Terrine de Lezoux a été sortie de terre en 1974 sur le site de Chassagne (également appelé site "des Religieuses"), nécropole néolithique et proto-historique, excavé de 1972 à 1976 dans le "Pré Tardy". L'objet était situé dans un puits funéraire datant de l'époque de Tibère. (Première moitié du Ier siècle après JC).[6]

L'inscription dit :

"e[..]o i euri rigani rosmertiac"[7]

Plusieurs interprétations ont été proposées.

D'abord, Rigani et Rosmerta pourraient être les noms de deux Déesses différentes. Rigani est l'équivalent celtique de la Regina ("Reine") latine. La "Déesse Reine" est honorée à Worringen[8] en Allemagne, à Lanchester[9] et à Lemington[10] en Grande-Bretagne. L'inscription aurait alors été dédiée à la fois à Rigani et à Rosmerta, et aurait dit :

"J'ai offert ceci à la "Reine" (et) à Rosmerta."[11]

Une deuxième hypothèse part du principe que Rigani et Rosmerta pourraient être deux épithètes désignant la même divinité. Regina est en effet un titre parfois conféré aux Déesses romaines Junon, Minerve et Fortuna, ainsi qu'à la Déesse gallo-romaine Epona.[12] L'inscription dirait alors :

"J'ai offert ceci à Rosmerta Rigani", donc "à la Reine Rosmerta".[13]

Pierre-Yves Lamber suggère toutefois une autre interprétation possible. Selon lui, la coordination entre les mots Rigani et Rosmerta est absolument impossible. Il ne peut donc pas s'agir d'une offrande à deux divinités séparées. Il interprète le mot final Rosmertiac comme une forme abrégée de Rosmertiac[on], un mot se terminant par -âko- désignant le nom d'un banquet ou d'une fête, qui serait ici "Le banquet de Rosmerta". Les festins en l'honneur de Déesses locales sont bien connus dans la littérature irlandaise, comme par exemple dans le cas de l'Óenach Macha ("L'Assemblée de Macha") et l'Óenach Tailten (‘La Foire de Tailtiu’) données pour deux Déesses terrestres par excellence. Lambert évoque aussi la possibilité qu'une reine (humaine) aurait pu faire l'offrande. L'inscription pourrait alors dire :

"J'ai offert ceci, (moi) la reine du festin de Rosmerta"[14]

Sources

<references>

  1. Lambrechts, 1942, p. 185.
  2. Dondin-Payre, 2001, pp. 234 ; Delamarre, 2007, pp. 34, 212 ; Delamarre, 2003, p. 61.
  3. Raespeat-Charlier, 1993, p. 12.
  4. Morelot, 1843-1844, pp. 210-211, 215.
  5. AE 2002, 1003 ; Piton, 1993, p. 87 et image p. 88 ; Gachelin, 2002, pp. 57-62 ; Fauduet, 2005, p. 96. Exstipibus peut être un nom propre, mais Delamarre, 2003 & 2007 n'en fait pas mention.
  6. CAG, 63.2, Le Puy-de-Dôme, 1994, pp. 131-132, 152-153.
  7. RIG II.2, 67, p. 181.
  8. CIL XIII, 8518.
  9. RIB 1084.
  10. AE 1950, 134.
  11. Lambert, 1995, pp. 145-146 ; Olmsted, 1994, p. 362.
  12. Lejeune, in Hatt, 1981, p. 31 ; Hatt, 1981, pp. 17-18 ; CIL XIII, p. 115, 85 (Juno) ; CIL XIII, 177 (Minerva) ; CIL XIII, 6677 (Fortuna). Epona is given the title of Regina in Alba Iulia, Dacia (Romania), CIL III, 7750: Epon(a)e Regina(e) sanct(ae) ; in Dulca (Dalmatia), Euskirchen, 1993, n° 278 and CIL III, 12679: Epona Re[g(inae)] ; I. O. M. Epon(a)e Regin(ae) Genio Loci P. Bennius Eg[…] Regius Mil. Coh. Vol. Adiu[t(or)] princ(ipis), b(ene)f(iciarus) co(n)s(ularis) v(otum) s(olvit) ; in Razgrad (Bulgaria), AE 1993, 1370 and Ivanov, R., in Arheologija (Sofia), 35, 3, 1993, pp. 27-29: [---Dea?]e Eponae Reg(inae) pro salu(te) d(omini) n(ostri) M. Aur(elii) Antonini [Pii] Fel(icis) Aug(usti). Valerius Ruf(---) b(ene)f(iciarius) co(n)s(ularis) leg(ionis) XI Cl(audiae) Antoninianae V[---] Lae(to) II et Ceria[le c(o)ns(ulibus)] ; in Szentendre (Hungary), Euskirchen, 1993, n° 281: Epon(a)e Reg(inae).
  13. Hatt, MDG 2, p. 159.
  14. RIG II.2, 67, p. 183.