« Tarasque » : différence entre les versions
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Version actuelle datée du 8 avril 2014 à 12:02
La Tarasque, dite aussi « bête faramine » est un animal du folklore de Provence. Elle était censée hanter les marécages près de Tarascon, détruisant tout sur son passage et terrorisant la population. Elle fait depuis le Moyen Age l'objet de processions.
Légende
Originaire de Galatie, en Asie Mineure, fille du Léviathan biblique et de la Bounge, la tarasque a émigré vers le Rhône pour s'établir dans les marais qui se trouvent entre Arles et Avignon, dans les "bois noirs" de Nerluc, là où fut édifiée plus tard la ville de Tarascon. [1] Dragon amphibie aux yeux rougis et à l'haleine putride, la Tarasque vivait sur le rocher où a été construit le château de Tarascon. Elle guettait les voyageurs passant le Rhône pour s'en repaître, semant la terreur dans tout Tarascon.
Elle est mentionnée par Jacques de Voragine dans la Légende dorée qu'il écrivit dans les années 1261 - 1266 : "il se cachait dans le fleuve d'où il ôtait la vie à tous les passants et submergeait les navires. »
Plusieurs versions existent pour expliquer la fin du monstre. Un jour, une jeune fille originaire de Béthanie, Sainte Marthe, venue évangéliser la Basse-Provence, décida de braver la bête. Avec toute la compassion que lui procurait sa foi chrétienne, elle obtint la soumission de la créature qui se laissa mener en laisse : Sainte Marthe avait ligoté à jamais ce symbole du paganisme. Mais le village avait subi tant de pertes que ses habitants se ruèrent sur le monstre et le tuèrent. Ou encore, seize jeunes gens auraient défié et tué la Tarasque et seulement huit en seraient sortis vainqueurs et auraient fondé les villes de Tarascon et Beaucaire.
On raconte qu'une des vertèbres de la Tarasque serait dans les fossiles de Cuvier[2]
Représentations
Ce monstre est une sorte de dragon à six pattes courtes comme celles d'un ours, un torse comme celui d'un bœuf, recouvert d'une carapace de tortue et muni d'une queue écailleuse se terminant par un dard de scorpion. Sa tête a été décrite comme étant celle d'un lion aux oreilles de cheval avec un visage de vieil homme.
Une sculpture dite La Tarasque de Noves, datée d'entre 50 avant J.-C et les premières années du 1er siècle,représente un monstre androphage. Elle était à l’origine polychrome, mais seules des traces d’enduit rouge sont encore lisibles autour de la gueule et des griffes. Elle aurait été découverte à 2.5 m de profondeur derrière l’église de Noves. Elle est aujourd'hui conservée au musée Calvet d'Avignon.
Elle est décrite par Jacques de Voragine dans la Légende dorée (1261 - 1266) : "Il y avait, à cette époque, sur les rives du Rhône, dans un marais entre Arles et Avignon, un [[dragon], moitié animal, moitié poisson, plus épais qu'un bœuf, plus long qu'un cheval, avec des dents semblables à des épées et grosses comme des cornes."
S. Gestin dans l'Encyclopédie du Merveilleux la décrit comme un dragon d'eau à face de lion, avec une mâchoire pourvue de dents acérées, une crinière de cheval, six pattes d'ours et une queue de serpent. Ses écailles tranchantes et ses griffes mettent en pièces ses victimes, tandis ses naseaux exhalent un souffle empoisonné.
Processions
Au cours de la Renaissance, il fallait exorciser les craintes. À Tarascon c'était les crues du fleuve. Cette légende donna naissance à des festivités, créées par le Roi René d'Anjou en 1469. Elles se déroulaient alors sur deux jours, le second dimanche après la Pentecôte, et reprenaient ensuite le 9 juillet pour la fête de Marthe, patronne de Tarascon. Le roi les présida jusqu'au 14 avril 1474. Elles étaient destinées à exorciser le mal qui, pour les riverains du Rhône, se traduisait par les débordements intempestifs du fleuve. On accusait, entre autres choses, la Tarasque de bousculer les digues péniblement établies, de rompre de ses coups de queue les barrages qui empêchaient les eaux d'inonder la Camargue. On fabriqua alors un monstre qu'on lâchait dans les rues.
L'effigie était naïve mais impressionnante : immense carcasse de fer de 6 mètres de long, au corps en forme de tortue, hérissé de piquants, une tête humaine avec des moustaches gauloises, des oreilles triangulaires, des dents de poisson carnivore et une longue queue qui balaie tout sur son passage. À partir de Pentecôte puis les 50 jours suivants, elle devait rappeler au peuple ce monstre qui l'avait terrorisé.
Au XIXe siècle, les apparitions de ce monstre sont encore assez menaçantes : la queue très longue, constituée d'une poutre, traverse la foule qui, comme dans les abrivades, montre son habileté en bravant ou en essayant de toucher le monstre tout en lui échappant. À son passage, il était d'usage (et c'est encore l'usage aujourd'hui) de pousser le cri traditionnel : "Lagadeou, lagadigadeou, la Tarascou, Lagadeou, lagadigadeou, lou Casteou"
À l'époque, la périodicité de cette fête était aussi imprévisible que les inondations qu'elle était censée exorciser. La Tarasque courut en 1846, 1861, 1891 et 1946.
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, ces fêtes s'accompagnaient de jeux et d'une procession. En tête du cortège marchaient les tarascaïres ou chevaliers de la Tarasque, arborant une cocarde est rouge et bleue, couleurs de la Tarasque. Il étaient suivis par les différentes corporations de métiers : vignerons, portefaix, bergers, jardiniers (maraîchers, fermiers, métayers) mais aussi des bourgeois. La présence de ces corporations, qui représentaient les métiers de la Provence, symbolisait la renaissance fertile lors des fêtes de Pentecôte.
Désormais, la Tarasque ne sort qu'une fois par an (en principe le 29 juillet, jour de la Sainte Marthe). Le reste de l'année, on peut la voir dans son antre dans la Rue des Halles.
Depuis le 25 novembre 2005, les fêtes de la Tarasque à Tarascon ont été proclamées, par l'UNESCO, comme faisant partie du patrimoine oral et immatériel de l'humanité et inscrites en 2008.
Iconographie
Articles connexes :
Sources
Les Sacres du Folklore <references>
- ↑ S. Gestin, Encyclopédie du Merveilleux
- ↑ Jeux de la Tarasque : le coeur de Tarascon bat pour un dragon, D’après « L’Illustration », paru en 1846