« Aradia ou l'évangile des sorcières » : différence entre les versions

De Wiccapedia
Aucun résumé des modifications
m (venus -> vénus)
 
(4 versions intermédiaires par 2 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Textes et traductions|Portail:Textes et traductions]]
[[Portail:Textes et traductions|Textes et traductions]]


[[Folklore italien]]
[[Folklore italien]]
Ligne 23 : Ligne 23 :
de la terre.
de la terre.


Cependant, ils disparaissent lentement, et il y a encore des personnes âgées dans le Nord de l’Italie qui connaissent les noms étrusques des douze dieux, et les invocations à [[Bacchus]], [[Jupiter]], et [[Venus]], [[Mercure]], et les anciens esprits, et en ville des femmes fabriquent d’étranges amulettes, sur lesquelles elles murmurent des [[Sort|sorts]], tous connus au temps des romains, elles peuvent étonner même les instruits par leurs connaissances des légendes des [[Mythologie romaine|dieux latins]], mélangées avec le savoir que l’on peut trouver chez [[Cato]] ou [[Théocrite]]. Je suis devenu intime avec l’une d’entre
Cependant, ils disparaissent lentement, et il y a encore des personnes âgées dans le Nord de l’Italie qui connaissent les noms étrusques des douze dieux, et les invocations à [[Bacchus]], [[Jupiter]], et [[Vénus]], [[Mercure]], et les anciens esprits, et en ville des femmes fabriquent d’étranges amulettes, sur lesquelles elles murmurent des [[Sort|sorts]], tous connus au temps des romains, elles peuvent étonner même les instruits par leurs connaissances des légendes des [[Mythologie romaine|dieux latins]], mélangées avec le savoir que l’on peut trouver chez [[Cato]] ou [[Théocrite]]. Je suis devenu intime avec l’une d’entre
elles en 1886, et depuis j’ai rassemblé parmi ses consœurs toutes les anciennes traditions qu’elles connaissaient. Il est vrai que j'ai utilisé d'autres sources, mais cette femme de par une longue pratique a parfaitement appris ce que peu comprennent. Elle savait exactement ce que je voulais et comment l'obtenir de ses consœurs.
elles en 1886, et depuis j’ai rassemblé parmi ses consœurs toutes les anciennes traditions qu’elles connaissaient. Il est vrai que j'ai utilisé d'autres sources, mais cette femme de par une longue pratique a parfaitement appris ce que peu comprennent. Elle savait exactement ce que je voulais et comment l'obtenir de ses consœurs.


Ligne 201 : Ligne 201 :




== CHAPITRE II Le Sabbat ==
== CHAPITRE II - Le Sabbat ==
'''Treguenda ou Réunion Sorcière'''
'''Treguenda ou Réunion Sorcière'''


Ligne 778 : Ligne 778 :




== CHAPITRE VI Un charme pour gagner l'amour ==
== CHAPITRE VI - Un charme pour gagner l'amour ==
Quand un magicien, un adepte de Diane, un de ceux qui adorent la lune, désire l'amour d'une femme, il peut la changer en un chien, ainsi, oubliant qui elle est et tout ce qui se trouve autour d’elle, elle viendra immédiatement à sa maison, et là, reprendra sa forme naturelle et restera avec lui. Et quand il sera temps pour elle de partir, elle redeviendra un chien et rentrera chez elle, où elle se transformera à nouveau en fille. Elle ne se rappellera plus de ce qui a eu lieu, ou du moins que de petites parties, qui ressembleront à un rêve confus. Et elle prendra la forme d'un chien parce que Diane a toujours un chien à son côté.
Quand un magicien, un adepte de Diane, un de ceux qui adorent la lune, désire l'amour d'une femme, il peut la changer en un chien, ainsi, oubliant qui elle est et tout ce qui se trouve autour d’elle, elle viendra immédiatement à sa maison, et là, reprendra sa forme naturelle et restera avec lui. Et quand il sera temps pour elle de partir, elle redeviendra un chien et rentrera chez elle, où elle se transformera à nouveau en fille. Elle ne se rappellera plus de ce qui a eu lieu, ou du moins que de petites parties, qui ressembleront à un rêve confus. Et elle prendra la forme d'un chien parce que Diane a toujours un chien à son côté.


Ligne 1 312 : Ligne 1 312 :
Il est plus que probable qu’il y ait eu autant d’histoire de martyrs païens, qui furent obligés de renier leurs Dieux tels que Diane, Vénus, les Grâces ou d’autres, qui étaient adorées pour leur beauté, qu’il y en eut de chrétiens livrés aux lions. Car les païens aimaient leurs Dieux avec une sympathie humaine directe, sans mystification ou crainte, comme s’ils étaient des êtres de chair et de sang ; et beaucoup croyaient réellement en cela, c’était par exemple le cas quand une demoiselle qui avait fait un faux pas, en accusait un Dieu, un Faune, ou un Satyre, ce qui est vraiment touchant. Il y aurait beaucoup à dire pour ou contre les adorateurs des poupées, comme je l’ai entendu dire par une petite fille.  
Il est plus que probable qu’il y ait eu autant d’histoire de martyrs païens, qui furent obligés de renier leurs Dieux tels que Diane, Vénus, les Grâces ou d’autres, qui étaient adorées pour leur beauté, qu’il y en eut de chrétiens livrés aux lions. Car les païens aimaient leurs Dieux avec une sympathie humaine directe, sans mystification ou crainte, comme s’ils étaient des êtres de chair et de sang ; et beaucoup croyaient réellement en cela, c’était par exemple le cas quand une demoiselle qui avait fait un faux pas, en accusait un Dieu, un Faune, ou un Satyre, ce qui est vraiment touchant. Il y aurait beaucoup à dire pour ou contre les adorateurs des poupées, comme je l’ai entendu dire par une petite fille.  


== CHAPITRE XII - Tana la déesse de la Lune ==
L’histoire qui suit, qui apparaissait à l’origine dans les « Legends of Florence », que j’ai collecté dans le peuple, n’appartient pas à proprement parler à l’Evangile des Sorcières, et elle n’a pas vraiment à voir avec celle ci, mais malgré cela on ne peut pas totalement l’occulter, car elle concerne le même sujet. Diane y apparaît comme une simple déesse lunaire de la chasteté, et pas comme une sorcière. On me l’a racontée avec le nom de Fana, mais mon informatrice m’a laissé entendre qu’il pourrait s’agir de Tana ; elle n’en était pas sûre. Dans la mesure où Tana apparaît dans d’autres histoires, et que le sujet ne peut être que Diane, il n’y a pas trop de questions à se poser.
'''Tana, la Dea dela Luna'''
Tana était une jeune fille très belle mais très pauvre, et aussi modeste et pure qu’elle était belle et humble. Elle allait d’une Contadino à l’autre, ou de ferme en ferme pour travailler, et menait une vie honnête. Il y avait un jeune paltoquet, très laid, bestial et brutal, qui ne cessait de la harceler car il l’aimait, mais elle ne supportait pas son regard et repoussait ses avances.
Mais une nuit alors qu’elle s’en retournait seule de la ferme où elle avait travaillé, cet homme, qui s’était caché dans les fourrés, se jeta sur elle et cria : « Non mi’sfuggerai ; sara mia ! » - « tu ne peux fuir, tu m’appartiendras » Et, voyant qu’elle ne pouvait espérer de secours, car il n’y avait que la pleine lune qui les voyait depuis le ciel, Tana, désespérée, se laissa tomber à genoux et l’implora :
« Il n’y a personne sur terre pour m’aider
il n’y a que toi qui me voies sur cette route
c’est pourquoi je t’en supplie, ô Lune !
Autant tu es belle, tu es lumineuse,
Ton rayonnement couvre toute l’humanité
Aussi je t’en prie, illumine l’esprit
De ce pauvre être, qui voudrait me faire du mal,
Et qui ne reculerait même pas devant le pire.
Illumine son âme,
Afin qu’il me laisse en paix,
Et ensuite illumine mon chemin jusque chez moi »
A peine eut elle prononcé ces paroles qu’apparut une silhouette à la fois lumineuse et floue –una ombra bianca- qui lui dit :
« Relève toi, et rentre chez toi ! Cette grâce tu l’as amplement méritée,
Plus personne ne te fera de mal
Car tu es la plus vertueuse des femmes de cette terre
Tu seras une déesse
La Déesse de la Lune
Reine de tous les enchantements »
Et c’est ainsi que Tana devint Dea, ou l’esprit de la Lune.
Bien que l’origine en soit différente, c’est un poème mélodieux, et il ressemble au « goody Blake ans Harry Gill » de Wordsworth’s. Dans les deux cas Diane et la vieille femme sont surprises et terrifiées, et les deux s’adressent à un pouvoir supérieur :
« avec la froide Lune au-dessus de sa tête,
Goody priait à genoux ;
Le jeune Harry entendait ce qu’elle disait,
Et, glacé, il s’en retourna »
Le nœud dramatique de l’histoire est le même dans les deux cas. Dans la ballade anglaise le jeune mécréant est victime d’un froid intense ; la conteuse –sorcière italienne, plus sensible, ou plus sympathique pour son héroïne, laisse simplement le rustre de côté et déifie la jeune fille faisant d’elle une personnification de la Lune. La première histoire semble plus réaliste, la seconde plus poétique.
Et il est regrettable de remarquer, qu’une immense majorité des gens perçoivent, valorisent et ressentent la poésie grâce à ses mots, ou sa mise en forme, et ne ressentent pas la même chose quand le texte est présenté subjectivement, ou comme une pensée, et pas de façon versifiée. C’est une étrange constatation.
Prenez un passage d’un poète célèbre, recopiez le comme une simple prose, sans modifier son sens réel, si ce texte est toujours aussi émouvant que l’était la poésie alors il est de toute première qualité. Mais s’il a perdu toute sa beauté, il est de qualité inférieure ; car le meilleur ne peut se composer d’une simple association de mots vernissés, qu’il s’agisse de pensées ou de sentiments.
Nous ne nous sommes pas tellement éloignés du sujet qu’on pourrait le croire. En lisant et ressentant subjectivement ces textes sorciers que j’ai collectés, je suis souvent sidéré par le fait qu’ils sont pleins de poésie, surpassant largement les efforts des bardes modernes, et qui nécessite uniquement l’aide de quelques artistes du mot pour atteindre le plus haut niveau. Une preuve de ce que j’avance peut être
trouvée dans le fait que, dans des poèmes aussi célèbres que « Finding of the Lyre » de James Russel Lowell, ou dans celui parlant de l’invention de la flûte de Pan, par Mrs Browning, les auteurs ont omis les meilleures parties du mythe original, parce qu’ils ne l’avaient soit pas remarqué, soit pas ressenti. Car dans le premier texte il n’est pas précisé que c’est le souffle du Dieu Air (qui était l’âme inspiratrice de la musique du passé, et le Bellaria de la mythologie sorcière moderne) dans les filaments séchés d'’ne tortue, qui amenèrent Hermes à penser à fabriquer un instrument avec lequel il créa la musique des spheres et guida la course des planètes. Concernant Mrs Browning, elle omet totalement le Syrinx, c’est à dire la voix de la nymphe, qui demeure toujours dans la flûte qui fut son corps.
A mon avis l’ancienne prose narrative est bien plus poetique et touchante, et bien plus emplie de beauté et de romantisme, que les versions bien rythmées, et régulières, mais si imparfaites de nos poêtes. Et effectivement, on trouve ce manque de perception ou d’intelligence peut être trouvé dans tous les poèmes
« classiques », pas seulement ceux de Keats, mais presque tous les poètes qui se sont essayés à la mythologie grecque.
Tous les peintres ou les poètes peuvent traiter de la Grèce, mais s’ils prennent un sujet, particulièrement dans la tradition la plus profonde, et n’arrivent pas à percevoir son vrai sens et ne nous transmettent que quelque chose de simplement joli, mais qui n’est pas inspiré par le sens de l’original, on peut difficilement dire qu’ils ont bien fait leur travail. Je trouve que cette erreur n’apparaît pas dans les
versions sorcières italiennes ou toscanes des anciennes fables : au contraire, elles ont assimilé, voire même élargi l’esprit antique. Ainsi ai je pu remarquer que dans certains cas la transmission orale populaire, même telle qu’elle existe aujourd’hui, préserve mieux le sens original que ne l’ont fait les écrivains latins.
Je voudrais aussi rappeler aux lecteurs littéraux que s’ils trouvent des fautes de grammaire, de syntaxe ou pire dans les textes italiens de ce livre, il ne faudra pas qu’ils l’attribuent uniquement à l’ignorance de l’auteur, mais bien plutôt à l’imparfaite éducation de la personne qui a collecté et enregistré ces textes. J’y ai pensé en voyant dans une librairie un exemplaire de mes « Legends of Florence » dans lequel une âme bien intentionnée avait pris la peine de corriger au crayon toutes les formules archaïques. Ce faisant il ou elle ressemblait à un lecteur cultivé de Boston, qui, dans un de mes livres avait trouvé que mes citations de Chaucer, Spenser et d’autres ressemblaient à du pur –ou de l’impur- Webster ; ceci parce qu’il croyait que j’étais extrèmement ignorant en matière d’orthographe. En ce qui concerne le fait d’écrire dans les livres et de les abîmer, eux qui appartiennent à la postérité, c’est un acte vulgaire et immoral, et montre le vrai visage de ces gens, bien plus qu’ils ne se l’imaginaient.
« seul un être qui serait au même niveau qu’un voleur
écrirait dans un livre ou lui arracherait une page,
car il est bien connu que cela est un vol,
de prendre des libertés avec ce qui ne nous appartient pas ».
== CHAPITRE XIII - Diane et les enfants ==
« Alors Diane lui apparut comme une chasseresse,
l’arc à la main,
et elle dit « sèche tes larmes ma fille, ! »
et la représentation disparut »
Chaucer –The Knight’s Tale
Il y a bien longtemps vivait à Florence une famille noble, mais si appauvrie que leurs « giorno di festa » ou jours de fêtes n’étaient que rares et très espacés.
Toutefois ils vivaient toujours dans leur Palais (qui se trouvait dans la rue aujourd’hui appelée La Via Citadella ) une belle construction ancienne, et bien qu’ils arrivassent à avoir toujours l’air digne, il y avait bien des jours où ils n’avaient rien à manger.
Le Palais était dans un grand jardin dans lequel se trouvait une statue de Diane, en marbre, la représentant comme une magnifique femme, accompagnée d’un chien qui avait l’air de courir. Elle tenait un arc à la main et son front était orné d’une petite lune. Le bruit courait qu’à la nuit tombée la statue prenait vie et se
promenait, ne reprenant sa place que lorsque le soleil se levait et que la Lune se couchait.
Le père de famille avait deux enfants sages et intelligents,. Un jour ils rentrèrent, les bras chargés de fleurs qu’on leur avait offertes, et la fillette dit à son frère : « il faudrait en offrir quelques-unes unes à la femme à l’arc »
Alors ils déposèrent quelques fleurs aux pieds de la statue et ils tressèrent une couronne de fleurs que le garçon lui posa sur la tête.
A ce moment précis arriva le grand poète et magicien Virgile, qui savait tout sur les Dieux et les Elfes, et il leur dit en souriant : « vous avez fait votre don de fleurs à la déesse comme cela se faisait dans les temps anciens, il ne vous reste  plus qu’à prononcer la prière comme il se doit, et ce sera ainsi<ref>Il faut tenir compte du fait qu’il s’agit là d’une invocation, qui est un psaume ou un hymne. Par contre la Scongiurazione est une prière, bien qu’elle ait la forme d’une menace. Ceci n’existe que dans la magie classique.</ref> »
Et il leur fit répéter :
'''Invocation de Diane'''
Très chère Déesse de l’arc !
Très chère Déesse de la flèche !
Déesse de tous les chiens et de la chasse,
Qui veille dans les cieux étoilés,
Quand le soleil est allé se coucher,
Toi, avec la Lune sur ton front,
Qui préfère la chasse nocturne à la chasse diurne, Avec les nymphes, et au son du cor,
Toi, chasseresse toi-même
Et la plus puissante de tous ; je t’adresse cette prière,
Pense, ne serait ce qu’un court instant,
A nous qui te prions<ref>La partie la plus importante de cette magie réside dans la bonne intonation du texte, en quelque sorte comme pour les chants liturgiques ou les récitations arabes. D’où l’apparente forme de prose de la plupart des incantations magiques.</ref>
Puis Virgile leur enseigna également la Scongiurazione ou Conjuration qui doit être dite si l’on souhaite particulièrement beaucoup de bonheur.
'''Conjuration à Diane'''
« Resplendissante Déesse de l’arc en ciel,
des étoiles et de la Lune !
Puissante Reine
Des chasseurs et de la nuit !
Nous requérons ton aide
Et puisse tu nous apporter
Toute la joie du monde »
Et il ajouta la conclusion :
« si tu accordes ton attention à notre supplique,
et que tu nous donnes le bonheur,
Fais-nous un signe<ref>Il manque quelque chose ici, que l’on peut compléter grâce à d’autres incantations du même type et ce devait être quelque chose comme « si tu es bien intentionnée à mon égard, et que tu acceptes d’entendre ma prière, j’entendrai l’aboiement d’un chien, le hennissement d’un cheval, le coassement d’une grenouille, le chant d’un oiseau, les trilles d’un grillon etc… » en général sont énumérés 3 ou 4 de ces bruits d’animaux. Ils changent plus ou moins, mais restent toujours dans le même esprit. D’autres fois on demande un signe non pas auditif mais visuel, tel que les éclairs. Si on aperçoit un cheval blanc, c’est le signe que la prière sera exaucée dans les prochains jours. C’est également un signe de victoire</ref>
Et après qu’il leur eut apprit tout cela Virgile s’en alla. Les enfants coururent chez leurs parents, pour leur raconter ce qui venait de ses passer, et ceux ci leur firent promettre de ne rien raconter de cela à quiconque, Quelle ne fut leur surprise, le lendemain, de trouver aux pieds de la statue un cerf fraîchement tué, qui leur apporta de bons repas pendant plusieurs jours, et ils ne manquèrent plus jamais de gibier car la prière avait été prononcée correctement.
Dans leur voisinage vivait un prêtre, qui détestait tout ce qui n’appartenait pas à sa religion, et tout particulièrement l’adoration des anciens Dieux. Un jour qu’il passait près du jardin il vit la statue de Diane décorée de roses et d’autres fleurs. Plein de colère, il trouva dans la rue une tête de chou pourrie, qui traînait dans la boue, et il la jeta à la tête de la Déesse en disant :
« hors de ma vue, vil objet d’idolâtrie,
voici l’hommage que tu auras de ma part,
et que le diable s’occupe du reste »
Alors le prêtre entendit une voix qui venait d‘entre les feuilles et qui disait :
« Qu’il en soit ainsi ! Je te préviens,
Toi qui m’as apporté une offrande,
Que je te rapporterai quelque chose de ma chasse,
Demain tu auras ta part »
Toute la nuit le prêtre fit des rêves horribles, et quand enfin, peu avant 3 heures il s’endormit, il fut tiré de ce sommeil par un cauchemar dans lequel il lui semblait sentir quelque chose de lourd sur sa poitrine. Et en vérité quelque chose tomba de lui et roula par terre. Et quand il sortit de son lit et se baissa pour regarder la chose dans la lueur de la Lune, il vit qu’il s’agissait d’une tête humaine, à moitié
décomposée.<ref>La testa d’un uomo piena di verme e puzzolente, une parodie de la tête de chou pourrie, bien plus réaliste en italien que dans les traductions.</ref>
Un autre prêtre, entendant son cri d’horreur, entra dans la chambre, et après avoir jeté un coup d’œil à la tête, dit « je connais ce visage ! C’est celle d’un homme que j’ai confessé et qui a été décapité il y a trois mois à Sienne »
Et trois jours plus tard le prêtre qui avait manqué de respect à Diane mourut.
Cette histoire ne m’a pas été présentée comme faisant partie de l’Evangile des sorcières, mais plutôt comme une partie d’une grande série d’histoires présentant Virgile comme un magicien. Mais elle a toutefois sa place dans ce livre, car elle contient l’invocation et la conjuration de Diane, qui sont particulièrement belles et originales. Quand on se souvient que ces hymnes ont été préservés par des vieilles femmes, et sans aucun doute transformées lors de chaque transmission, il est merveilleux de voir qu’il reste tant de beauté dans ce texte, comme par exemple :
« Très chère Déesse de l’arc !
très chère Déesse de la flèche !
toi qui es dans le ciel étoilé »
Robert Browning est un grand auteur, mais si on compare tous les textes italiens au sujet de Diane, avec ce qu’il a écrit de remarquable sur Diane-Artemis, les critiques impartiaux devront bien admettre que les premiers sont aussi beaux que celui qui suit et qui est l’œuvre de Browning :
« Je suis une Déesse de la cour d’Ambroisie (l’Olympe)
et, à part Héra, la plus fière de toutes les Reines,
personne n’est au-dessus de moi,
dont le temple éclaire le monde ;
A travers le ciel je pousse ma lune lumineuse,
Dans les enfers j’apporte la paix à mes pâles amis,
Sur terre je veille sur toutes les créatures
Et me soucie de chaque louve jaune prégnante,
Et de chaque renarde pelée
Et de la mère ailée de chaque nichée
Et de tous ceux qui aiment les endroits verts et leur solitude »
Ceci est charmant, mais c’est uniquement une imitation, qui n’égale ni en forme ni en esprit les incantations, qui sont sincères dans leur foi. Et on peut malheureusement constater ici, et c’est vrai, que dans leur manipulation moderne de sujets classiques mythiques, les auteurs ont, malgré tout leur génie artistique, produit des travaux rococo qui apparaîtront comme tels à une autre génération, simplement parce qu’ils ont oublié, ou ignoré, quelque chose de vital que les folckloristes n’auraient probablement pas perdu. J’ai vu une peinture d’Achille à qui on avait mis une perruque style Louis XIV et un cimetère turc, et il eut été bon que le peintre soit un peu plus familiarisé avec les vêtements et les armes grecs.
== CHAPITRE XIV - Les messagers kobolt de Diane et Mercure ==
L’histoire qui suit ne m’a pas été transmise comme faisant partie de l’évangile des sorcières, mais dans la mesure où on y parle de Diane, et où Diane et Apollon sont présentés ici sous une autre forme, je l’inclus tout de même.
Il y a de nombreux siècles, vivait un « folletto », Kobolt ou Esprit, ou Démon, Ange –chi sa ?- qui pourrait le dire ?- et Mercure, le Dieu de la Rapidité, à qui le petit être plaisait bien, lui donna le pouvoir de courir aussi vite que le vent, et le privilège de pouvoir doubler quoi que ce soit derrière quoi il serait en tain de courir, que ce soit un être humain, un esprit ou un animal.
Ce folletto avait une très belle sœur, qui, comme lui plaisait beaucoup, mais aux Dieux, aux Déesses (pour chaque Dieu existait une Déesse, même dans le cas des esprits inférieurs) ; et, le même jour, Diane donna à cet elfe le pouvoir de pouvoir semer qui que ce soit qui la poursuivrait.
Un jour le frère vit sa sœur traverser le ciel à la vitesse d’un éclair, et ressentit l’envie incoercible de la doubler. Et ainsi se mit il à la poursuivre quand elle passa devant lui ; mais, tout comme son destin à lui était de la rattraper, son destin à elle était de ne pas être rattrapée, et ainsi se trouvèrent confrontés les vouloirs de deux Dieux puissants. Et ainsi les deux coururent infatigablement autour du bord du ciel, et au début cela fit hurler de rire les Dieux, mais quand ils connurent le fin mot de l’histoire, ils reprirent leur sérieux et se demandèrent comme tout cela allait finir.
Alors Dieu le Père parla :
« voyez la terre qui est dans l’ombre et la nuit ! Je vais transformer la sœur en Lune et le frère en Soleil. Ainsi lui échappera-t-elle éternellement, mais avec sa lumière il la rattrapera toujours, qui du lointain l’éclairer ; car les rayons du soleil sont ses mains, qui comme des griffes brulantes cherchent au loin, mais elle leur échappera. «
Et ainsi il fut décidé que cette course recommencerait chaque premier jour du mois, quand la lune froide est couverte avec autant de manteaux qu’un oignon l’est de peaux. Mais pendant la course la Lune se réchauffe et jette un vêtement après l’autre, jusqu’à être nue et s’arrêter, puis, aussitôt qu’elle sera rhabillée la course recommencera.
Comme les nuages de la tempête se morcellent en gouttes brillantes, ainsi les grands mythes du passé deviennent de petites histoires, et, tout comme les gouttes se réunissent « en rivière ou su l’étang » comme le disait Villon, ainsi les petits mythes se reforment à partir de ces eaux qui sont tombées. Dans cette histoire nous retrouvons celle du chien fait par Vulcain, et du loup – Jupiter avait réglé le problème en les pétrifiant – comme vous pouvez le lire dans Julius Pollux, son cinquième livre, ou dans n’importe quel autre traitant du thème de la mythologie.
« is canis fuit postea a Jove in lapidem conversus »
« le chien de chasse, comme chacun sait,
fut transformé en pierre par Jupiter »
Il est étonnant de voir que dans cette histoire la Lune est comparée à un oignon.
« L’oignon, disait Friedrich (Symbolik der Natur, P. 348), du fait de ses nombreuses peaux, était devenu chez les Egyptiens, l’emblème et le hiéroglyphe de la Lune polymorphe, dont les différentes phases sont nettement visibles dans une coupe verticale du bulbe, et dont la croissance et le déclin correspondent à ceux de l’astre. C’est pourquoi on l’a dédicacé à Isis, Déesse de la Lune » Et c’est pour cela que l’oignon était sacré, comme s’il portait la déité en lui ; C’est aussi de là que vient la remarque de Juvenal, qui dit que les Egyptiens étaient bien heureux de voir les Dieux pousser dans leur jardin.
== CHAPITRE XV - Laverna ==
L’histoire qui suit, avec son incantation, n’était pas dans le texte du Vangelo, mais il appartient de toute évidence à une série de légende en rapport avec lui. Diane y est décrétée protectrice de toute chose, qui vivent la nuit, de préférence les voleurs.
Et Laverna, comme il est dit dans Horace (épître 16,1) et Plautus, était la protectrice des voleurs et des voyous. Dans cette histoire elle apparaît comme une sorcière et une humoriste.
L’histoire me fut remise comme une tradition de Virgile, qui est souvent présenté comme familier des domaines du merveilleux et de l’art de la magie.
Il arriva que Virgile qui n’ignorait rien de tout ce qui touchait à la magie, et qui était lui-même écrivain et magicien, entendit un discours assez vide de sens, tenu par un orateur célèbre, et on lui demanda ce qu’il en avait pensé. Et il répondit :
« il me semble impossible de vous dire s’il s’agissait là d’une introduction ou d’une conclusion ; en tout cas il n’y avait pas de corps à ce discours. C’était comme certains poissons dont on ne sait pas s’ils sont faits entièrement de tête, ou entièrement de queue ; ou bien la Déesse Laverna, dont on n’a jamais su si elle n’était que tête, ou que corps, ou aucun des deux, voire les deux »
Alors l’Empereur voulut savoir qui était cette déité, dont il n’avait jamais entendu parler. Et virgil répondit :
« Parmi les Dieux et les Esprits des temps anciens –qu’ils nous soient favorables ! Parmi eux était une femme qui était la plus rusée et la plus polissonne d’entre eux tous. Elle s’appelait Laverna. Elle était une voleuse, assez peu connue des autres déités, qui étaient honnêtes et dignes, car elle était rarement au ciel ou dans le pays des fées.
« Elle était toujours sur terre, parmi les voleurs, les pickpockets, elle vivait dans l’obscurité. Il arriva un jour qu’elle apparaisse à un mortel, un prêtre, sous forme d’une très belle prêtresse (d’une Déesse quelconque) et elle lui dit :
« Tu possèdes un terrain que je souhaite acheter. Je souhaite y ériger un temple à (notre) Dieu. Je te jure sur mon corps, de te payer dans moins d’un an »
Et le prêtre lui céda le terrain.
En peu de temps Laverna eut vendu toute la récolte, le grain, le bétail, le bois et la volaille. Ce qui restait ne valait plus un liard.
Et le jour du paiement il n’y avait pas trace de Laverna. La chère Déesse était loin et avait laissé son créancier planté là.
Dans le même temps Laverna alla voir un grand Seigneur et lui acheta un château, meublé richement, et entouré de riches terrains.
Cette fois elle jura sur sa tête de payer dans les six mois.
Et comme elle l’avait fait avec le prêtre, elle vola et vendit chaque meuble, animal, homme et souris du château, ce qui resta à la fin n’aurait même pas suffit à rassasier une mouche. Quand le prêtre et le Seigneur eurent compris à qui ils avaient eu à faire, ils s’adressèrent aux Dieux et se plaignirent d’avoir été dupés par une Déesse.
Et bientôt tous surent qu’il s’agissait de Laverna, c’est pourquoi elle fut jugée par tous les Dieux.
Quand il lui fut demandé ce qu’elle avait fait des biens du prêtre, auquel elle avait juré sur son corps de payer dans les temps (et d’ailleurs, pourquoi avait elle renié sa parole ?)
Elle répondit d’une étrange manière, qui les étonna tous, elle fit disparaître son corps, de sorte que seule sa tête restât visible, et celle ci cria
« Regardez-moi ! j’ai juré sur mon corps, mais je n’ai pas de corps »
Alors les Dieux rirent.
Après le prêtre ce fut le tour du Seigneur qui avait aussi été lésé par elle et à qui elle avait fait serment sur sa tête. Et en guise réponse elle montra sans honte, à tous, son corps, qu’elle avait fort beau, mais qui n’avait pas de tête, et une voix, venant d’au-dessus de son cou, parla :
« Regardez-moi, car je suis Laverna, qui veut se défendre des accusations du Seigneur, qui jure que je suis fautive envers lui, et que je n’ai pas payé mes dettes, bien que le délai soit passé depuis longtemps, et que je suis une voleuse, car j’ai fait serment sur ma tête – mais, comme vous le voyez tous, je n’ai pas de tête, et par conséquent je n’ai jamais pu faire un tel serment»
Et ce fut alors un tonnerre de rires parmi les Dieux, qui prièrent la tête de rejoindre le corps, et demandèrent instamment à Laverna de payer ses dettes, ce qu’elle fit.
Alors Jupiter prit la parole et dit :
« Nous avons là une espiègle déesse sans devoirs (et sans croyants) alors que Rome est pleine de voleurs, d’escrocs, de faussaires et de marauds –ladri, bindolini, truffatori e scrocconi- qui tous vivent de mauvaises actions. Tout ce petit peuple n’a ni église, ni Dieu et c’est une honte, car même les pires des démons ont un maître, Satan, comme chef suprême de leur famille. Je propose donc que Laverna, à l’avenir, soit la Déesse des escrocs et des vendeurs malhonnêtes, et également de toute la lie de la race humaine, qui jusqu’à présent n’avaient ni Dieu ni Démon, car ils n’intéressaient ni l’un ni l’autre.
C’est ainsi que son rôle échut à Laverna.
Si quelqu’un avait un projet malhonnête, il se rendait dans son temple et priait Laverna, qui lui apparaissait sous forme de tête de femme. Si toutefois il avait mal accompli son forfait, il ne voyait que son corps quand il la priait à nouveau ; et s’il avait été malin, il la voyait tout en entier, tête et corps.
Laverna n’était pas plus chaste qu’honnête, et avait beaucoup d’amants et d’enfants. Il se disait qu’elle regrettait souvent sa vie et ses fautes, car au fond d’elle-même elle n’était pas mauvaise. Mais, quoi qu’elle fasse elle n’arrivait pas à s’améliorer, car sa passion était trop profondément ancrée en elle. S’il arrivait qu’un homme ait engrossé une femme, ou si telle jeune fille était enceinte, et qu’elle voulait le cacher au monde et échapper au scandale, elles priaient Laverna chaque jour<ref>ceci est aussi une qualité de Diane, qui est invoquée de la même manière. J’ai ôté un certain nombre de répétition du manuscrit original et j’ai également résumé la suite.</ref>
Quand arrivait le moment de la délivrance, Laverna les emportait nuitamment dans son temple, et après la naissance les replongeait dans le sommeil et les reconduisait dans leur lit, chez elles. Et au réveil, le matin, tout ne leur semblait avoir été qu’un rêve.<ref>Tout ceci indique par divers points une vraie tradition. Dans les mains des prêtres ceci serait un bon moyen de gagner en popularité</ref>
Laverna était bonne et indulgente envers celles qui, après un temps, souhaitaient reprendre leur enfant, s’ils menaient une vie qui lui convenait, et s’ils la priaient ardemment.
Et voici la cérémonie, qui doit être accomplie, et la prière qui doit être adressée à Laverna chaque nuit.
Il doit y avoir un endroit précis dévoué à la Déesse, une chambre, une cave, une grotte, mais en tout cas un endroit isolé.
Il faut alors prendre une table de la taille de 40 cartes à jouer mises étroitement les unes à côté des autres, elle sera cachée dans l’endroit prévu et il faudra se rendre là bas durant la nuit.
Prendre 40 cartes et les poser sur la table, comme un tapis ou une nappe.
Prendre les herbes « paura » et « concordia » et les faire cuire ensemble. Pendant ce temps répéter ce qui suit :
'''Invocation'''
Je cuis un bouquet de concordia
Pour être en paix et en harmonie avec Laverna
Pour qu’elle veuille bien me rendre mon enfant,
Et que sa bonté protège ma vie de tous les dangers !
Je cuis cette herbe, et pourtant ce n’est pas elle que je cuis
Je cuis la peur,<ref>Je suppose qu’il s’agit là de pavot sauvage. Le pavot était dédié à Ceres
mais aussi à la nuit et à ses rituels, et Laverna était une déité nocturne, sans doute
un jeu de mot avec « paura » la peur.</ref>
Pour tenir éloigné tout intrus, et s’il devait en venir un
(qui espionnerait mon rituel) qu’il soit frappé
de terreur et qu’il s’enfuie !<ref>Ce passage rappelle étrangement les œuvres de la Déesse greco-romaine
Pavor (ou peur) accompagnatrice de Mars. Elle était souvent invoquée pour effrayer les intrus ou les ennemis. Achille demande aux 7 chefs, devant Thèbes, de jurer par La Peur, Mars et Bellona (Mem.Acad. of Inscriptiosn v 9)</ref>
Après que ceci ait été dit, mettre les herbes bouillies dans une bouteille, étaler les cartes sur la table une par une et dire :
'''Invocation'''
Devant moi j’étale à présent 40 cartes
Mais ce ne sont pas 40 cartes
Que j’étale maintenant
Ce sont 40 Dieux
Supérieurs à Laverna,
Et que tous prennent l’aspect de volcans brûlants,
Jusqu’à ce que Laverna vienne et me rende mon enfant ;
Et tant que cela ne sera pas, qu’ils crachent
Des flammes de feu, et qu’ils crachent des charbons ardents
Par leurs nez, leurs bouches et leurs oreilles (jusqu’à ce qu’elle cède)
Qu’alors ils laissent Laverna en paix,
Libre de prendre ses enfants dans ses bras comme elle le souhaite »
« Laverna était la déesse romaine des voleurs, des escrocs, des plagiaires, des hypocrites. Dans les environs de Rome il y avait un temple dans une grotte, où les voleurs partageaient leur butin. Il s’y trouvait une statue de la déesse. Selon certains c’était une tête sans corps, selon d’autres c’était un corps sans tête, mais l’adjectif de « magnifique » que lui a appliqué Horace, indique que celle qui
fournissait des déguisements à ceux qui l’invoquaient, s’en était gardé un pour elle »
Elle était invoquée en silence. Ceci est confirmé par quelques lignes d’Horace (épître 16,I) dans lesquelles un imposteur « bougeant à peine les lèvres » répète la prière suivante :
« ô déesse Laverna,
offre moi l’art du mensonge et de la tricherie,
fais en sorte que les gens croient que je suis droit,
saint et innocent ! Cache dans l’obscurité
la plus profonde, toutes mes exactions ! »
Il est intéressant de comparer cette invocation avec celle qui précédait. Les basses couches de la société connaissaient bien Laverna, et chez Plautus, un cuisinier, à qui on a volé ses outils de travail, l’appelle afin qu’elle le venge.
J’appelle particulièrement votre attention sur le fait que, comme dans de nombreuses incantations italiennes, la déité est menacée, que ce soit Laverna ou Diane elle-même, des pires tourments par un pouvoir supérieur tant qu’elle n’aura pas exaucé le vœu de celui qui la prie. Ceci est classique, que ce soit chez les greco romains ou les orientaux, où le magicien ne se contente pas de s’en remettre au bon plaisir, ou à l’aide de Dieu ou de Satan, mais utilise tous les moyens à sa disposition pour obtenir ce qu’il veut. Je mentionne ceci car un critique m’a reproché d’exagérer le point auquel le culte du diable –introduit par l’église depuis 1500- est déficient en Italie.
Mais en fait, parmi les sorcières de haut rang, ou dans leurs traditions, on n’en trouve pratiquement aucune trace. Dans le culte de Satan chrétien, la sorcière n’osera jamais menacer Satan ou Dieu, ou la Sainte trinité, ou les Anges, car tout le système est basé sur le concept d’une Eglise et de l’obéissance.
L’herbe « concordia » tient sans doute son nom de la Déesse Concordia, qui était représentée, tenant une branche. Cette plante joue un grand rôle dans la sorcellerie, après la verveine et la rue.
== APPENDICE ==
Commentaires au sujet du texte précédent NDLT : j’ai volontairement résumé certaines phrases lorsque l’auteur se perdait en considérations dont j’estimais qu’elles n’apportaient rien à l’histoire.
Ce n’est qu’en 1886 que j’ai eu connaissance du manuscrit dans lequel était notées les bases de la sorcellerie italienne, et qu’il me fut promis que j’en aurai connaissance. Pendant un temps je fus déçu. Mais après que j’eus relancé Maddalena, mon indicatrice, j’obtins d’elle, le 1er janvier 1897, le manuscrit
intitulé « Aradia, ou l’évangile des sorcières »
Il faut tenir compte du fait que tous les points essentiels, comme par exemple le fait que Diane est la Reine des sorcières, qu’elle est liée à Herodia (Aradia), qu’elle a eu un enfant de son frère le soleil (ici Lucifer), que la Déesse de la Lune est en relation avec Cain, qui vit dans la Lune, et que les sorcières autrefois étaient opprimées par la noblesse féodale, qu’elles cherchaient à se venger à tout prix, qu’elles s’adonnaient à des orgies au nom de Diane, qu’elles étaient considérées comme suppôts de Satan – tout cela, je le répète, m’a été transmis, fragmentairement par Maddalena (et d’autres autorités dans ce domaine). Je
m’attendais à tout cela, mais pas à toute la partie sous forme de poésies. C’était plus qu’étonnant et surtout très intéressant, dans la mesure où ces textes étaient passés de Sorcières en sorcières depuis fort longtemps et contenaient par ce fait de très anciennes reliques de l’évangile.
Aradia et Herodia ne sont de toute évidence qu’une seule personne, qui au début est associée à Diane comme chef des sorcières. Je ne pense pas que cela ait à voir avec l’Hérode de la Bible, mais bien plutôt avec une continuation de Lilith, qui portait le même nom. Cela représente une identification ou une gemelisation des
déesses du ciel arienne et sémite. Au sixième siècle la vénération de Hérodia et Diane par les sorcières était condamnée par le concile à Ancrya. Pipernus et d’autres auteurs ont noté l’évidente identité de Herodia et de Lilith. Isis les a précédées toutes deux.
Dans ce texte Diane est la Déesse des athées et de ceux abandonnés de Dieu. Dans l’ancienne Rome, et encore aujourd’hui en Inde, on considérait que nul être ne pouvait être suffisamment mauvais pour ne pas mériter la protection des Dieux. On peut ajouter que parmi les libres penseurs, les parias éduqués, il y a une tendance à croire que les fautes de l’humanité sont plutôt dues à des raisons contre lesquelles nous ne pouvons lutter, des raisons innées dues à notre naissance, nous naissons avec des péchés dont nous ne pourrons nous défaire (d’où le dicton qui dit que « tout savoir veut dire tout pardonner » qui n’est vrai qu’à 90 pour cent, car nous sommes responsables de 10 pour cent de nos fautes) Jusqu’au XIIIème siècle on croyait que ce qu’il y avait de pire dans l’homme venait uniquement des abus et de la tyrannie de l’Eglise et de l’Etat.
Car durant toute leur vie la majorité des gens vivaient dans l’injustice, aucune loi ne protégeait les faibles.
C’est sans doute de là que viennent les invocations à Diane comme protectrice car les supposées adorations de Satan ne furent qu’une invention postérieure de l’Eglise, et, jusqu’à nos jours, elles n’ont jamais trouvé leur place dans la sorcellerie italienne. C’est à dire que la sorcellerie sataniste n’existait
pratiquement pas jusqu’au XVème siècle quand elle a été inventée, il faut bien le dire, par Rome pour avoir un argument permettant d’anéantir les croyances hérétiques venant d’Allemagne.
L’Homme ne se rend véritablement compte de son état de misère que lorsqu’il entrevoit un possible changement à l’horizon. Dans les temps anciens les esclaves supportaient leur misère car ils pensaient être nés pour cela. Etrangement les historiens ne semblent pas avoir remarqué que la souffrance de la majorité des
Hommes, des esclaves et des pauvres, était bien plus grande aux débuts du christianisme, ou vers la fin du Moyen Age, quand on a émancipé les serfs, qu’elle ne l’était avant cela. La raison en est que dans les temps anciens du paganisme les gens de peu ne pouvaient même pas imaginer que pour Dieu chaque être humain a
la même valeur, ou que eux aussi avaient des droits. En fait toute la tendance morale du Nouveau Testament est une opposition à l’esclavage ou à la servitude.
Chaque mot sur l’amour et le pardon du Christ, sur l’humilité et la charité, était en fait un reproche, non seulement pour chaque Seigneur mais aussi pour l’Eglise elle même et pour ses arrogants prélats.
Globalement l’Homme souffrait donc plus qu’avant, et la principale raison en est ce sentiment nouveau de « droits ». Et cela était aggravé encore par les interminables prêches qui disaient au peuple qu’il était de son devoir de souffrir, et de supporter l’oppression et la tyrannie. En soutenant le pouvoir de la Noblesse,
l’Eglise garantissait aussi le sien.
Le résultat en fut qu’un grand nombre de gens se tourna vers la sorcellerie comme religion, et vers les magiciens comme prêtres. Ils se réunissaient secrètement, dans des endroits isolés, parmi de vieilles ruines dont les prêtres disaient qu’elles étaient hantées par des esprits malins, ou dans les montagnes. Encore aujourd’hui on trouve en Italie des clairières, entourées de forêts de châtaignés, de rochers, de murs, qui sont des endroits idéaux pour des sabbats et donc on dit que c’est à cela qu’elles servaient. Je pense que dans l’Evangile des Sorcières nous avons un bon exemple de ce qui pouvait se passer à ces réunions. Ils adoraient des déités interdites et pratiquaient des rites interdits, autant pour se rebeller contre la Société que par passion. Dans l’Evangile des sorcières il est toutefois fait une distinction entre ceux qui sont nés mauvais et ceux qui sont opprimés. (« car tu ne devras jamais devenir comme la fille de Cain, ni comme cette race que la souffrance a rendue mauvaise…. »)
Le repas des sorcières, le gâteau de farine, de sel et de miel en forme de Lune montante est connu de tous les érudits. Les gâteaux en forme de Lune ou de cornes sont toujours très répandus.
Dans la sorcellerie moderne il arrive même qu’on en appelle aux vers de terre car ils vivent près des mystères obscurs, et la flûte d’un berger doit rester enterrée 3 jours pour être investie du pouvoir d’Orphée. Et ainsi, en Sorcellerie, tout n’est qu’une question de Poésie sauvage, basée sur des symboles qui s’équilibrent : lumière et ténébres, luciole et grain, vie et mort.
Etrange également est la façon dont on traite Diane, au cas où elle n’accéderait pas à nos désirs. C’est assez récurant dans les charmes et les exorcismes sorciers. Le magicien ou la sorcière requiert quelque chose de la déité, mais s’arroge le droit, de menacer également même la Reine de la Terre, du Ciel et des Enfers « donne moi ce que je veux, et je t’honorerai, refuse et je te ferai souffrir à jamais » Dans l’ancien enseignement sorcier italien, c’est « tout ou rien », et le requérant possède un pouvoir illimité.
La croyance ancestrale dans le pouvoir de la pierre trouée n’appelle pas de commentaires de ma part. Mais on remarquera que la sorcière sort très tôt le matin pour cueillir la verveine. Or, les vieux mages persans, ou plutôt leurs filles, honoraient le soleil levant et secouant de la verveine fraîchement cueillie, celle ci
étant l’une des 7 plantes les plus puissantes en magie. Les prêtresses étaient nues ce faisant, la nudité étant symbole de vérité et de sincérité.
L’extinction des feux, la nudité et l’orgie devinrent des symboles du corps couché dans la terre, du grain que l’on avait planté, ou de l’entrée dans la nuit et la mort, pour renaître sous une autre forme, renaissance et lumière. C’était une manière de s’évader du quotidien.
L’évangile des sorcières tel que je l’ai transmis, n’est en réalité que l’introduction d’un ensemble de cérémonies, cantiques de sorcières, incantations ou traditions relatives à la fraternité ou la sororité, qui pourront être trouvées dans mon « Etruscan Roman Remains and Florentine Legends »
(…)
Le chapitre étrange et mystique « comment Diane a fait les étoiles et la pluie » est le même que celui qu’on trouve dans les Legends of Florence, mais plutôt développé comme une étude cosmo-mythologique. Ceci appelle une réflexion qui est peut être la plus remarquable qu’éveille l’Evangile des Sorcières. Dans toutes les autres écritures de l’humanité, c’est un mâle, Jehovah, Bouddha ou Brahma, qui crée l’univers. Chez les sorcières c’est une femme.
Quand dans l’histoire il y a une période de rébellion intellectuelle contre le conservatisme, la hiérarchie et ainsi de suite, il y a un effort pour considérer les femmes comme l’égale de l’homme, donc, comme étant le sexe fort.
L’égalité des femmes était un sujet prédominent dans l’extraordinaire guerre des éléments, les étranges écoles de sorcellerie, le Neo platonisme, la cabale, l’hérésie à la chrétienté, le gnostisme, la magie persane et le dualisme, avec des relents de théologie de la Grèce et de l’Egypte ancienne, des 3ème et 4ème siècles à Alexandrie, et dans la Maison de la Lumière au Caire au 9ème siècle. C’était alors Sophia ou
Hélène, la libérée, qui incarnaient le Christ dont la mission était de sauver l’humanité.
Le sujet fut de nouveau d’actualité lorsque les templiers crurent pouvoir maîtriser l’Eglise et le Monde. Durant le Moyen Age, et jusqu’aux grands bouleversements qui inspirèrent les huguenots en France, les Jansenistes et les Anabaptistes, la femme fut mise en avant et joua un rôle plus important qu’elle ne le faisait dans la vie sociale ou la politique. C’est également le cas dans le cercle spirite fondé par les sœurs Fox à Rochester, New York, et cela se manifeste de diverses manières en cette fin de siècle, comme si la femme était un poisson qui ne se laisserait voir que dans les eaux troubles.
Il faut se souvenir que dans ces périodes révolues, la grande majorité de l’humanité, opprimée par l’Eglise et l’Etat, ne se manifestait que dans de telles périodes de rébellion contre les idées reçues. Et à chaque rébellion l’humanité, et particulièrement les femmes, étaient gagnantes concernant leurs dus et leurs droits.
Car, comme chaque inondation qui noie les champs, les rend ainsi plus fertiles, ainsi chaque révolution, aussi effrayante et choquante qu’elle soit sur le moment, apporte quelque chose de positif au Monde.
Les femmes émancipées, les militantes, considèrent que l’homme est limité, alors que la femme ne ferait que progresser. Dans le temps passé c’était une autre opinion qui prévalait, et toutes deux semblent être fausses, concernant l’avenir.
Car, en vérité, les deux sexes progressent, et dans ce cas on ne parle pas de conflit entre homme et femme, comme on le fait dans Mahabarata, mais de progression graduelle des réelles capacités et possibilités d’adaptation ou de coordination du pouvoir, en faisant ainsi tout conflit devrait cesser.
Es réflexions sont particulièrement adaptées à mon texte, et mon thème, car c’est en étudiant les périodes où les femmes se sont rendues influentes, que nous apprenons ce que sont réellement les capacités du sexe féminin. Ainsi la Sorcellerie, telle qu’elle fut, est un chapitre aussi intéressant qu’un autre. Car la Sorcière était un facteur important dans la rébellion sociale, et jusqu’à aujourd’hui il est de notoriété publique que les femmes sont inquiétantes, mystérieuses, et incompréhensibles, ce qu’elles-mêmes, pas plus que les hommes, ne peuvent expliquer.
« en chaque femme sommeille une sorcière »
Nous avons banni le manche à balai, le chat et les miracles, le sabbat et les pactes avec le Diable, mais le mystère est toujours aussi grand. Nul être vivant ne sait où tout cela va nous mener. La magie de l’amour, et la joie procurée par la beauté ne se trouvent elles pas dans les mystères et miracles de la nature et dans les forces magiques ?
Pour quiconque s’intéresserait au thème des influences et des capacités des femmes, cet Evangile des Sorcières donne des indications primordiales, qu’il y a eu des penseurs qui considéraient que la Création était le fait d’un développement féminin, ou d’une parthénogenèse, d’où le principe masculin serait né. Lucifer, ou la Lumière, était caché dans les ténèbres de Diane, comme la chaleur est cachée dans la glace. Même le Messie de cette doctrine est une femme : ARADIA, bien que les deux, mère et fille, soient confondues, et dans certaines histoires, mêlées, comme Jahveh l’est avec Elohim.
Reste à dire que les réunions en tenue d’Adam et d’Eve, telles que décrites dans l’Evangile des Sorcières ne sont plus très courantes parmi les jeunes et les vieilles sorcières, et les vénérables magiciens, aujourd’hui. Tout au moins pas à ma connaissance en Italie du nord et du Centre. Toutefois, parmi les roués, les viveurs et les filles faciles de Florence ou Milan, de telles assemblées sont appelées Balli angelici ou bals des anges. Ils sont loin d’être inconnus dans les grandes villes de ce monde. Il y a quelques années un journal du dimanche d’une ville américaine a publié un article détaillé sur le sujet, qui laissait entendre qu’on ne regrettait pas d’y aller, ce qui m’a été confirmé par des hommes qui connaissent le sujet.
Un point important, si on compare mon texte avec d’autres, d’Ovide ou de mythologistes, est que cette tradition italienne renferme beaucoup de restes du folklore latin ou étrusque, il y a probablement des poèmes entiers, des contes et des invocations qui se sont transmis depuis très très longtemps oralement.
Que les sorcières soient aujourd’hui encore une société secrète, ou une secte, appelée la « vieille religion », que des villages entiers dans la région de Rome soient païens, et qu’ils ne soient pratiquement dirigés que par les Setti mani ou « enfants des sept mois » peut être lu dans le roman du même nom, et dans divers
magazines, ou bien alors on peut me croire, tout simplement. L’existence d’une religion suppose une trace écrite, et dans ce cas on peut admettre que l’Evangile des Sorcières est réellement une très vieille œuvre. Il devient évident que les femmes se sont transmis oralement des chapitres entiers de mots et de phrases que parfois elles ne comprenaient pas tout à fait, mais qu’elles avaient entendu, et appris. Il ne fait pas de doute que cet évangile est la traduction d’un très ancien texte latin. Parmi les parias indiens il y avait des érudits qui savaient manier la plume, il en est de même parmi les nombreux adorateurs de Diane et de la Lune.
D’ici quelques années, cher lecteur, tout ceci sera balayé d’Italie par les journaux et les trains, comme un nuage est balayé par une tempête. Les vieilles traditions disparaissent à une telle vitesse qu’on m’a assuré, et je le crois, que tout ce que j’ai collecté ces 10 dernières années ne pourrait plus l’être aujourd’hui, car cela n’existerait tout simplement plus, sauf dans la mémoire de rares vieux magiciens, qui disparaissent chaque jour sans laisser de traces.
(…)
Depuis que j’ai écris les chapitres précédents, j’ai reçu « Naples in the Nineties » de E. Neville Rolfe, B.A. Ce qui pourrait intéresser mes lecteurs dans cet ouvrage est la concordance que fait Rolfe entre Diane et la sorcellerie, et à quel point ses attributs devinrent ceux de la Vierge Marie. M. Rolfe parle de la clé, de rue et de la verveine comme symboles de Diane ; pour tout cela j’ai des incantations, apparemment très anciennes, qui les identifient à Diane. J’ai souvent trouvé de la rue dans les maisons de Florence, et il m’en fut donnée comme si cela était une faveur toute particulière. Elle est toujours cachée dans un coin sombre, car si on en prend cela équivaut à prendre du bonheur.
La grenouille de bronze était un symbole de Diane, d’où la phrase « celui qui aime une grenouille la prend pour Diane » Jusqu’il y a peu de temps on en faisait des amulettes. J’en ai une qui me sert de presse papier. Il existe également une invocation à la grenouille.
Ainsi M. Rolfe confirme sans le savoir tout ce que j’ai dit, à savoir que les magiciens en Italie représentent un genre à part, et qu’à Naples et en Sicile ils ont toujours un grand pouvoir, qu’ils possèdent des documents magiques très rares, et des cartes cabalistiques, qui sont probablement venus de Malte.
Ce serait une grande joie pour moi si quiconque aura cet évangile entre les mains et qui aurait des informations confirmant tout ce qui précède, pouvait me le faire savoir, ou publier ce qu’il sait, afin que tout ce savoir ne soit pas perdu à jamais.
Les enfants de Diane, ou comment naquirent les fées Toute chose fut faite par Diane, les grands esprits des étoiles, les hommes, les géants, les nains qui creusent les rochers, et qui, une fois par mois, l’honorent avec des gâteaux. Il y avait une fois un jeune homme, très pauvre, sans parents, mais d’une grande bonté. Une nuit qu’il était assis dans un endroit isolé, mais tout à fait magnifique, il vit mille petites fées qui dansaient dans la lueur de la pleine lune. «J ‘aimerais être comme vous, ô fées » dit il « libre de toute contrainte, n’ayant pas besoin de manger. Mais qui êtes vous en vérité ? »
« nous sommes des rayons de Lune, les enfants de Diane, répondit l’une d’elle
« Nous sommes les enfants de la Lune,
nés d’une lumière brillante,
quand la Lune envoie ses rayons,
ils prennent la forme d’une fée »
« Et tu es l’un de nous car tu es né quand la Lune de notre mère Diane était pleine.
Oui, toi, notre frère, notre semblable, tu fais partie de notre clan »
« et quand tu es affamé et pauvre, et que tu souhaiterais avoir de l’argent en poche,
alors pense à la Lune, à Diane, sous laquelle tu es né, et répète ces mots :
Lune, merveilleuse Lune !
Plus brillante que les étoiles,
Lune, ô Lune, si c’est possible,
Apporte-moi le bonheur
« et si tu as de l’argent en poche, il se verra doublé
car les enfants qui sont nés à la pleine Lune, sont les fils et les filles de la Lune,
surtout s’ils sont nés un dimanche de marée haute »
Pleine Lune, marée haute
Grand homme tu seras
Le jeune homme qui n’avait qu’un paolo dans la poche (5 centimes romains) toucha l’argent et dit :
« Lune, Lune, merveilleuse Lune
pour toujours ma Lune adorée ! »
Et ainsi le jeune homme qui voulait devenir riche acheta et vendit, et gagna de l’argent, qui doublait chaque mois.
Mais après un certain temps il arriva qu’un mois il ne vendit rien, et donc ne gagna rien. Alors la nuit il s’adressa à la Lune :
« Lune, ô Lune, toi que j’aime de loin plus
que toutes les autres étoiles,
dis moi ce qui fait
que ce mois ci je n’ai rien gagné ? » Alors lui apparut une petite fée, toute brillante, qui lui dit :
« Tu n’obtiendras plus ni argent ni aide tant que tu ne travailleras pas assidûment »
puis elle ajouta :
« je ne te donnerai sûrement pas d’argent, uniquement de l’aide mon cher »
Alors le jeune homme comprit que la Lune, comme Dieu, et la Chance, n’aide que ceux qui s’aident eux-mêmes.
« comme l’appétit vient en mangeant, le gain vient en travaillant et épargnant »
Etre né à la pleine Lune signifie être rapide d’esprit, et être né en plus à la marée montante signifie un intellect brillant et de riches idées. Mais il ne suffit pas d’être assis dans la nef de la chance.
« il faut encore pagayer ardemment, si on veut que la nef avance les bonnes paroles ne suffisent pas il faut une pagaie pour faire bouger la nef » et comme on dit :
« la chance donne, la chance prend,
et parfois elle offre la fortune,
aux fainéants,
Mais bien plus souvent elle la donne aux besogneux »
Diane, Reine des serpents, Souveraine du don du langage
Dans une longue et étrange légende de Melambo, un magicien et grand physicien de naissance divin, il y a une invocation à Diane qui a tout à fait sa place dans ce livre.
Un jour Melambo demanda à sa mère pourquoi, alors qu’on lui avait promis qu’il saurait comprendre le langage de toutes les créatures vivantes, cela n’était pas encore arrivé. Et sa mère répondit :
« Patience mon fils, car c’est en attendant et en observant que nous découvrons comment apprendre. Et c’est en toi que se trouvent les professeurs, qui t’aideront le plus, si toutefois tu es prêt à les entendre. Oui ces professeurs peuvent t’en apprendre plus en quelques minutes que d’autres n’en apprendront dans toute une
vie » Il arriva que Melambo, un soir, alors qu’il ressassait ces paroles, et en même temps jouait avec un nid de serpents, qu’un serviteur avait trouvé dans un chêne creux, dit :
« si je le pouvais, j’aimerais m’entretenir avec toi, mais je sais que tu as un autre langage, aussi gracieux que tes mouvements, et aussi brillant que tes couleurs »
Et il s’endormit, et les jeunes serpents se lovèrent dans ses cheveux et commencèrent à lécher ses yeux et ses lèvres, pendant que leur mère chantait :
« Diane ! Diane ! Diane !
Reine de tous les magiciens,
Et de la nuit noire,
Et de toute la nature,
Des étoiles et de la Lune,
Et de tous les destins, et de la chance !
Toi qui maîtrises la marée basse et la marée haute,
Toi qui luit la nuit sur la mer,
Toi à qui appartient la mer,
Dans ta barque en forme de demi-lune
Dans la barque de la Lune montante tu luis brillamment,
Ton éternel sourire illumine le ciel
Mais aussi la terre, en se reflétant
Dans l’océan, sur ses eaux ;
Nous te supplions de donner à ce dormeur,
De donner à ce bon Melambo,
Le grand don de la compréhension,
De tout ce que disent toutes les créatures »
Cette légende contient beaucoup de choses étonnantes : parmi elles une invocation à la luciole, une autre à Mefitia, déesse de la Malaria, et une longue prophétie poétique relative à son héros. C’est de toute évidence plein de vieux mythes romains. La totalité du texte peut être trouvée dans « The Unpublisched Legends of Virgil » London, Elliot Stock
Diane offre la beauté et redonne la force
Diane a la possibilité de tout faire, elle peut donner la gloire aux petites gens, la richesse aux pauvres, la beauté aux laids. Tu n’auras aucun souci si tu lui es fidèle, si tu te languis dans une prison et dans le noir, elle t’apportera la lumière, nombreux sont ceux qu’elle rabaisse afin de les tirer d’autant plus haut par après.
Il y a très longtemps vivait à Monteroni un jeune homme extrêmement laid, à tel point que Gianni (c’était son nom) était montré aux gens de passage comme une bête de foire. Aussi laid qu’il fut, il était riche, bien que n’étant pas bien né, et il espérait secrètement qu’un jour une merveilleuse jeune fille tomberait amoureuse de lui et qu’il pourrait l’épouser.
Il arriva qu’une belle jeune femme blonde, noble, emménageât à Monteroni, et quand Gianni lui avoua sans la moindre gêne qu’il était amoureux d’elle, elle le gratifia d’un « non ».
Mais cette fois il était plus fasciné que d’habitude, car des forces étaient en action, dont il n’avait pas le moindre soupçon, et qui faisaient que le pauvre était comme possédé et que sa déception l’amena presque jusqu’à la folie.
Jour et nuit il traînait autour de la maison de la belle, cherchant une occasion de s’y introduire pour enlever la dame de force.
Mais ses plans échouèrent car la dame possédait un grand chat, plus intelligent que maints humains, et chaque fois que Gianni s’approchait le chat le sentait et donnait l’alarme par ses cris perçants. Il est vrai que son aspect n’était pas commun, comme s’il ne venait pas de cette terre, et dans ses yeux verts qui brillaient comme des torches, il y avait quelque chose d’effrayant qui faisait reculer même le pire des
hommes.
Mais un soir Gianni se dit qu’il était trop bête, d’avoir peur d’un simple chat qui aurait pu, tout au plus, effrayer un gamin, et il fomenta un plan d’attaque. Il chercha une échelle qu’il installa sous la fenêtre de la dame. Mais, pendant qu’il était au pied de son échelle une vieille femme apparut à côté de lui, et elle lui demanda de ne pas exécuter son projet. « car tu le sais Gianni, dit elle, la dame ne veut pas de toi ; pour elle tu ne représente que de la peur et de l’effroi. Rentre chez toi, regarde-toi dans un miroir et tu comprendras que tu es la représentation terrestre du péché »
Très en colère Gianni se mit à crier : « je ferai comme il me plaira, vieille femme démoniaque, même si pour cela je dois te tuer et tuer la dame » et il se mit à monter le long de l’échelle ; mais arrivé en haut, avant qu’il ne puisse ouvrir la fenêtre et entrer, il se trouva paralysé, comme s’il était de pierre ou de bois.
Il fut couvert de honte et il pensa « bientôt toute la ville va venir ici et constater ma défaite. Je vais tout de même tenter une dernière fois ma chance » et il cria :
« ô vecchia ! toi qui ne voulais que mon bien, sors-moi de cette situation ! Et si, comme je l’espère, tu es une sorcière, et qu’en devenant sorcier à mon tour, je puisse être libéré de mes soucis, alors je te le demande, apprends-moi, comment je pourrais gagner le cœur de cette dame, car j’ai bien compris qu’elle est comme toi et que je dois me montrer digne d’elle. Alors Gianni vit la vieille femme quitter le sol comme l’aurait fait la lumière d’une lanterne, et lorsqu’elle le toucha, elle l’enleva de son échelle et lui dit :
« bientôt tu vas partir pour un long voyage, et sur ton chemin tu verras une vieille jument pitoyable, devant laquelle tu devras dire :
« fée Diane ! fée Diane ! fée Diane !
je t’en conjure, fais quelque chose de bon
pour cette pauvre créature »
alors tu trouveras une chèvre géante, et un bouc géant, et tu diras :
« bonsoir gentil bouc ! »
et il répondra
« bonsoir mon bon monsieur !
je suis si fatigué,
je ne peux aller plus loin »
et tu devras répondre
« fée Diane, je t’en conjure, donne à ce bouc la paix et la tranquillité »
Alors nous entrerons dans une grande salle, où tu verras beaucoup de belles dames, qui essayeront de te séduire ; mais tu devras n’avoir qu’une seule réponse : « celle que j’aime est de Monteroni »
Et maintenant Gianni, à cheval, et c’est parti »
Et ainsi il monta le chat, qui s’envola aussi vite qu’une pensée, et ils trouvèrent la jument et après qu’il eut prononcé la conjuration, elle devint une femme et lui dit :
« au nom de la fée Diane !
que tu deviennes un beau jeune homme
rouge et blanc
comme le lait et le vin »
Après cela il trouva la chèvre et il la conjura et elle répondit :
« au nom de la fée Diane !
que tu sois plus richement vêtu qu’un Prince » Et ainsi il arriva à la grande salle, où il fut entouré de belles dames, mais à chacune il répondit que celle qu’il aimait était de Monteroni.
Après il ne vit ou ne sut plus rien, et il se réveilla à Monteroni, et effectivement transformé en un fort beau jeune homme que personne ne reconnut. Ainsi épousa-t'il la belle dame et à partir de ce jour ils vécurent la vie secrète des Sorcières et des Magiciens, et encore aujourd’hui ils continuent à vivre au pays féerique.
== CONCLUSION ==
Après que cet ouvrage ait été imprimé, j’ai acheté pour un penny, un petit livre qui montrait comment, par des incantations et des conjurations, on pouvait obliger, non seulement Diane, mais 39 autres déités à répondre à nos questions. Ce livre a certainement été recopié d’un vieux manuscrit, car il y est dit que c’est P.P. Francesco di Villanova Monteleone qui l’a découvert et traduit. Il est fait de deux parties, la première est intitulée « Circe » et l’autre « Médée ».
(…)




== Sources ==
== Sources ==
<references>
<references>

Version actuelle datée du 22 février 2019 à 21:06

Textes et traductions

Folklore italien


ARADIA OU L’EVANGILE DES SORCIERES

Charles G. Leland [1899]

Traduction / adaptation Véro


PREFACE

Si le lecteur a lu les travaux du folkloriste G. Pitré, ou les articles de "Madame Vere de Vere" parus dans le « Italian Rivista » italien, ou ceux de J. H. Andrews à « Folk-Lore », [Mars, 1897: "Neapolitan Witchcraft."] il se rendra compte qu'il y a en Italie un grand nombre de sorcières ou de diseuses de bonne aventure, qui prédisent l’avenir grâce aux cartes, exécutent d’étranges cérémonies dans lesquelles des esprits sont censés être appelés, qui fabriquent, vendent des amulettes, et ne se comportent génralement pas comme ce à quoi on pourrait s’attendre, qu’elles soient prêtresses noires Vaudou en Amérique ou sorcières ailleurs.

Mais la strega ou la sorcière italienne est à certains égards un personnage différent de ces derniers. Dans la plupart des cas elle vient d'une famille dans laquelle son pouvoir ou son art a été pratiqué depuis de nombreuses générations. Je n'ai aucun doute qu'il y ait des cas où cela remonte au moyen-age, à l’époque romaine voire même à celle des étrusques. Le résultat a été dans de telles familles la persistance de nombreuses traditions. Mais dans l’Italie du nord, comme les écrits l’indiquent malgré quelques petites collections de contes et de croyances populaires faites par des élèves, il n’y a jamais eu le moindre intérêt pour l’art sorcier étranger, pourtant il semblerait qu’elle inclue une incroyable quantité de mythes et légendes de la Rome antique , telles qu’ils furent rapportés par OVID, auquel, comme à tous les autres écrivains latins, beaucoup a échappé.. [Ainsi nous pouvons imaginer ce qu’il en aurait été des contes de fées allemands si rien n’avait survécu à part les ouvrages de Grimm et de Musaeus On pourrait alors croire qu’il s’agit là de la totalité des recueils du genre , alors qu’en fait ils ne représenteraient qu’une infime partie d’un ensemble. Et le savoir des sorcières était totalement inconnu des auteurs classiques de l’Antiquité, en vérité il n’y a chez aucun d’entre eux de preuve qu’il se mêlait au peuple pour y collecter des informations comme on le fait aujourd’hui. Ils se contentaient de rédiger leurs ouvrages à partir d’autres ouvrages quelque chose de ce genre de littérature nous reste encore aujourd’hui.

Ce manque de savoir était fortement encouragé par les sorcières et les magiciens, dans la mesure, où, par crainte des prêtres ils rendaient toutes leurs traditions extrêmement secrètes. En fait les prêtres ont aidé sans le savoir à cet état de faits, car l’interdit est un pouvoir d’attraction puissant et la magie, comme les truffes, se développe mieux, et se pare de ses meilleurs arômes, quand elle est cachée profondément.

Toutefois aujourd’hui, les prêtres, tout comme les magiciens, disparaissent avec une incroyable rapidité, il y a même un écrivain français qui a fait remarquer qu’un franciscain dans un train représente un anachronisme et dans quelques années, avec les journaux et les bicyclettes (le ciel seul sait ce qu’il adviendra lorsque qu’il y aura des machines volantes) ils seront tous irrémédiablement balayés de la surface de la terre.

Cependant, ils disparaissent lentement, et il y a encore des personnes âgées dans le Nord de l’Italie qui connaissent les noms étrusques des douze dieux, et les invocations à Bacchus, Jupiter, et Vénus, Mercure, et les anciens esprits, et en ville des femmes fabriquent d’étranges amulettes, sur lesquelles elles murmurent des sorts, tous connus au temps des romains, elles peuvent étonner même les instruits par leurs connaissances des légendes des dieux latins, mélangées avec le savoir que l’on peut trouver chez Cato ou Théocrite. Je suis devenu intime avec l’une d’entre elles en 1886, et depuis j’ai rassemblé parmi ses consœurs toutes les anciennes traditions qu’elles connaissaient. Il est vrai que j'ai utilisé d'autres sources, mais cette femme de par une longue pratique a parfaitement appris ce que peu comprennent. Elle savait exactement ce que je voulais et comment l'obtenir de ses consœurs.

Parmi d'autres reliques étranges, elle a réussi, après plusieurs années, à obtenir « l'évangile » qui suit et dont je dispose d’une copie écrite de sa main. Un exposé complet sur sa nature avec de nombreux détails se trouve dans un appendice. Je ne sais pas de manière certaine si mon informatrice a obtenu ces traditions de sources écrites ou de récits oraux, mais je pense qu’il s’agit principalement de la seconde solution. Mais, il y a peu de magiciens qui copient ou préservent des documents relatifs à leur art. Je n'ai pas vu mon informatrice depuis que « l'évangile » m'a été envoyé. J'espère obtenir plus d’informations dans un futur proche.

En bref je peux dire que l’art des sorcières est connu de ses adeptes comme « la vecchia religione » ou l’ancienne religion. Diane est leur déesse, sa fille Aradia (ou Herodias) le Messie féminin, dans ce qui suit on trouvera comment cette dernière est née et est venue sur Terre, comment elle a créé les sorcières et la sorcellerie, et est alors retournée au ciel. On trouvera aussi les cérémonies et les invocations ou les incantations à adresser à Diane et à Aradia, l'exorcisme de Caïn, et le sort de la pierre sainte, et de la rue et de la verveine, constituant, comme le dit le texte, le rite régulier, qui doit être chanté ou dit aux réunions de sorcières. On trouvera également d’étranges incantations ou les bénédictions du miel, de la farine, et du sel, ou les gâteaux du dîner sorcier, qui est très fortement influencé par l’antiquité et est une évidente relique des mystères romains.

Le travail aurait pu se prolonger à l’infini en y ajoutant des cérémonies et des incantations qui font réellement partie des rites sorciers, mais on les retrouve tous ou presque dans mes travaux intitulés « Etruscan-Roman Remains » et « Legends of Florence», j'ai hésité à compiler un tel volume avant de m'assurer qu’il y avait un public assez nombreux intéressé par ce travail. Depuis que j’ai écris les ouvrages précités j’ai trouvé et lu un texte très intelligent et divertissant intitulé « Il Romanzo dei Settimani » de G. Cavagnari datant de 1889, dans lequel l’auteur, sous forme de roman, dépeint les coutumes, les manières de penser, et particulièrement la nature de la sorcellerie, et les nombreuses superstitions courantes parmi les paysans de Lombardie.

Malheureusement, malgré sa connaissance étendue du sujet, il ne semble jamais être apparu au narrateur que ces traditions puissent être autre chose qu’un non-sens ou une folie anti-chrétienne abominable. Que cela existe dans ce qui reste de la mythologie antique et le folklore, qui est la base de l'histoire, l’auteur l’occulte totalement comme le ferait Zoccolone ou un franciscain errant. On pourrait croire qu’un homme, qui savait qu'une sorcière a vraiment essayé de tuer sept personnes lors d’une cérémonie ou d’un rite, afin d'obtenir le secret de la richesse immense, aurait au moins pu penser qu’une telle sorcière doit connaître de merveilleuses légendes; mais de tout ce là n'existe aucune trace. Il est évident que l’idée ne lui a pas traversé l’esprit qu’il y avait derrière tout cela quelque chose de très intéressant.

Son livre, finalement, fait partie du grand nombre de livres sur les fantômes et la superstition depuis que le sujet est tombé en discrédit, et dans lesquels les auteurs se moquent de ce qu’ils considèrent comme vulgaire et erroné. Comme Sir Charles Coldstream, ils ont jeté un rapide coup d’œil dans le cratère de Vésuve après son éruption et n'y ont rien trouvé. Mais il y avait quelque chose; et le scientifique, que n’était pas Sir Charles, continue à faire des trouvailles dans les résidus, et l'antiquaire de Pompei ou d’Herculaneum continue à dire qu’il reste encore sept villes enfouies à déterrer. J'ai fait (bien peu il est vrai) ce que j’ai pu pour exhumer quelque chose du volcan éteint de la sorcellerie italienne.

Si c’est ainsi que la sorcellerie italienne est traitée par l'auteur le plus compétent qui l'a décrite, il n’est pas surprenant que peu s'inquiéteront de savoir s'il y a un véritable évangile des sorcières, qui est apparemment très ancien, c’est un corps de croyances d’une contre-religion étrange qui vient des temps préhistoriques jusqu’à nous. La « sorcellerie n’est que foutaises ou même pire» disent les anciens auteurs, « et tous les livres sur le sujet ne valent pas mieux. » Je crois sincèrement, que ces pages pourront tomber dans les mains de quelques-uns uns qui penseront autrement.

Je devrais, cependant, pour rendre justice à ceux qui explorent les voies sombres et surprenantes, expliquer clairement que le savoir sorcier est caché avec un soin scrupuleux et n’est conservé que par très peu en Italie, tout comme l’est le Chippeway Medas ou le Vaudou africain. Dans le roman sur la vie de I Settimani, un aspirant est représenté comme vivant avec une sorcière et acquérant ou reprenant difficilement, bribes après bribes, ses sorts et incantations pendant des années. Ainsi mon défunt ami M. Dragomanoff m'a dit qu’un homme en Hongrie, ayant appris qu'il avait rassemblé de nombreux sorts (publiés plus tard dans des journaux de folklore), les a volés dans la chambre de l’étudiant et les a copiés, ainsi l'année suivante quand Dragomanoff y est retourné, il a trouvé le voleur devenu magicien. En réalité il n'avait pas beaucoup d'incantations, à peine une douzaine, mais dans ce domaine on peut faire beaucoup avec peu et je pense pouvoir dire qu'il y a peu de sorcières en Italie qui en connaissent autant que ce que j'ai édité, dans la mesure où ce que j’ai assemblé assidûment vient d’un peu partout Tout ce qui est écrit sur ce sujet, est souvent détruit avec un soin scrupuleux par les prêtres ou les pénitents, ou les nombreux qui ont une crainte superstitieuse d'être dans la même maison que de tels documents, de sorte que je considère le sauvetage du Vangelo comme quelque chose qui est pour le moins remarquable.


CHAPITRE I – COMMENT DIANE DONNA NAISSANCE A ARADIA (HERODIA)

« C’est Diane, regardez !

Son étoile se lève »

(Keat’s Endymion)

« Faites plus de lumière La Reine étoile entre dans sa nuit de noces »

(Ibid)


Ceci est l’évangile (vangelo) des sorcières.

Diane aimait profondément son frère Lucifer, le Dieu du Soleil et de la Lune, le Dieu de la Lumière (Splendor) qui était si fier de sa beauté que cela lui avait valu d’être expulsé du paradis.

De son frère Diane eut un enfant, une fille, à qui elle donna le nom de Aradia (Herodias).

En ce temps là, sur la terre, vivaient beaucoup de riches et beaucoup de pauvres.

Les riches faisaient des pauvres leurs esclaves.

En ce temps là il y avait beaucoup d’esclaves, qui étaient durement traités. Dans chaque palais des tortures, dans chaque château des prisonniers.

Beaucoup d’esclaves s’échappaient. Ils s’enfuirent vers une contrée où ils devinrent des voleurs et des hommes mauvais. La nuit, au lieu de dormir, ils fomentaient des plans, volaient leurs anciens maîtres et les tuaient. Ils sillonnaient les montagnes comme voleurs et assassins, et cela uniquement pour échapper à l’esclavage.

Un jour Diane dit à sa fille Aradia :

« En vérité tu es une immortelle

Mais tu es née pour redevenir mortelle

Il faut que tu descendes sur terre

Enseigner aux hommes et aux femmes

Qui voudront apprendre l’art de la sorcellerie dans ton école

Mais tu ne dois jamais devenir comme la fille de Cain

Ni comme cette race

Qu’elle a laissé devenir amère et vulgaire

Telle que les juifs et les zingaris errants

Qui tous sont des voleurs et des malfaisants, telle qu’eux

Tu ne dois pas devenir

Et tu seras la plus grande des sorcières

Et ton nom sera connu sur la terre entière

Et tu enseigneras l’art de l’empoisonnement

Pour empoisonner quiconque se serait cru au-dessus des autres

Oui, dans leurs palais tu dois les faire mourir

Et tu emprisonneras l’âme des dictateurs (avec ton pouvoir[1])

Et si tu trouves un paysan qui serait riche

Alors tu devras apprendre à la sorcière, ton élève,

Comment elle pourra détruire toute sa récolte avec des orages,

Avec les éclairs et le tonnerre (effrayant)

Avec la grêle et la tempête…

Et si un prêtre devait te nuire

Avec des incantations, alors tu dois lui

Rendre tout cela en double, et cela en

Mon nom, Daine, Reine de toutes les sorcières !

Et si les prêtres ou la noblesse

Te disent que tu dois t’en remettre

Au Père, au Fils et à la Vierge Marie,

Alors réponds :

« Votre Dieu, le Père et Marie sont

trois démons »….

« car le vrai Dieu, le Père, n’est pas vôtre,

Car je suis venue pour débarrasser la terre des malfaisants

Les hommes du mal, je les détruirai tous !

« Vous qui êtes pauvres et affamés,

et souffrez dans la misère, et subissez

souvent suffisamment d’enfermement, malgré tout cela

vous possédez une âme, et pour prix de votre souffrance

vous serez heureux dans l’autre monde,

et terrible sera le destin de ceux

qui vous ont fait du mal »

Lorsque enfin Aradia fut instruite, quand on lui eut appris comment maîtriser l’art de la sorcellerie et comment s’y prendre pour anéantir la mauvaise race (les oppresseurs) elle transmit son savoir à ses élèves et leur dit :

Quand je ne serai plus sur cette terre

Quand vous aurez besoin de quelque chose

Une fois par mois, à la pleine lune

Vous devrez vous réunir dans un endroit isolé

Ou vous rencontrer dans une forêt

Pour adorer l’esprit enveloppant de votre reine

Ma mère, la grande Diane.

Celle qui voudra tout apprendre de la sorcellerie

N’a pas encore atteint des plus profonds secrets, ma mère

Lui enseignera, la vérité sur les choses les plus secrètes,

Et vous serez tous libérés de l’esclavage

Et comme signe de votre vraie liberté

Vous devrez être nus lors de vos rites, aussi bien les hommes

Que les femmes : cela devra être ainsi, jusqu’à

Ce que le dernier de vos oppresseurs soit mort ;

Et vous pratiquerez le jeu de chasse de Benevento

Et quand les lumières seront éteintes,

Vous préparerez le repas de cette manière :



CHAPITRE II - Le Sabbat

Treguenda ou Réunion Sorcière

Comment consacrer le dîner

On trouve ici le dîner, en quoi il doit consister, ce qu’on doit dire et faire pour le consacrer à Diane.

Vous prendrez la farine et le sel, le miel et l'eau, et ferez cette incantation :


La Conjuration de la farine.

Je te conjure O farine !

Qui en vérité est notre corps, car sans toi

Nous ne pourrions pas vivre, car (d’abord en tant que semence)

Avant de fleurir, tu vis sous la terre

Où sont enterrés tous les secrets les plus profonds, et alors

Quand le sol commence à remuer comme la poussière dans le vent

Et malgré tout te porte dans ce rapide et mystérieux voyage !

Et aussi, quand tu n’étais encore qu’une partie de l’épi,

Même en tant que blé brillant (doré), même là

Les lucioles se hâtaient de jeter leur lumière sur toi[2]

Pour aider à ta croissance, car sans leur lumière

Tu ne pourrais ni pousser ni acquérir ta beauté

Pour cela tu appartiens à la race

Des sorcières ou des elfes, car

Les lucioles appartiennent au soleil….

Reine des lucioles ! Hâte-toi vers nous,[3]

Viens vers moi maintenant, comme si tu devais gagner une course,

Bride le cheval, quand tu m’entends chanter maintenant !

Bride, oh oui bride le fils du Roi !

Hâte-toi vers moi et amène le avec toi !

Le fils du Roi t’offrira bientôt la liberté ;

Et parce que tu seras éternellement lumineuse et belle,

Je veux te protéger sous un verre ; et là

J’étudierai tes secrets enfouis avec une loupe,

Jusqu’à ce que tous les mystères soient résolus,

Oui, tout le savoir merveilleux, qui embrouille

Cette vie de notre croix et la suivante

Je maîtriserai tous ces mystères

Oui, même ceux du blé finalement,

Et quand je saurai tout cela de façon certaine,

Alors, luciole, je te rendrai la liberté !

Quand enfin les sombres secrets de la terre ne me seront plus cachés

Mes bénédictions t’accompagneront


Voici maintenant la conjuration du sel

Conjuration du sel

Je te conjure, ô sel, vois ! quand le soleil sera à son zénith,

Exactement au milieu d’un courant,

Je prendrai ma place et regarderai l’eau autour de moi,

Et le soleil seul sera l’objet de mes pensées

Pendant que je serai assise là dans le soleil, à côté de l’eau :

Car en vérité toute mon âme sera tournée vers eux,

Aucun souhait ne détournera mes pensées,

Je désirerai découvrir la vérité parmi toutes les vérités,

Car depuis longtemps je souffre du désir

De connaître mon futur ou mon avenir,

Qu’ils soient bons ou mauvais.

Eau et soleil, soyez indulgents pour moi !


Voici maintenant la conjuration de Cain.

Conjuration de Cain

Je te conjure ô Cain, qui jamais

Ne trouvera la paix ou le repos, jusqu’à ce que tu sois libéré

Par le soleil[4], qui est ta geôle, et qui t’oblige à toujours

Battre des bras et bouger rapidement[5]

Je te le demande, laisse-moi connaître mon avenir ;

Et s’il doit être mauvais, modifie-le pour moi !

Si tu dois m’accorder cette faveur, je le verrai clairement

Dans l’eau et dans la splendeur du soleil ;

Et toi, ô Cain, tu me diras, avec des mots de ta bouche,

Comment sera cet avenir.

Et tant que tu ne m’auras pas accordé cela

Tu ne trouveras ni la paix ni la félicité.


Voici maintenant la conjuration de Diane

Conjuration de Diane

Je ne cuis pas le pain, ni le sel qui s’y trouve,

Je ne cuis pas le miel avec le vin,

Je cuis le corps, et le sang et l’âme

L’âme de la (grande) Diane, pour qu’elle ne trouve

Ni paix ni sérénité et qu’elle

Se courbe sous le poids de la souffrance, jusqu’à ce qu’elle m’accorde

Ce que je demande, ce que je souhaite le plus ardemment,

Je le lui demande du plus profond de mon cœur !

Et quand cette faveur me sera accordée, ô Diane !

Je donnerai cette fête en ton honneur,

Je festoierai et viderai le gobelet jusqu’à l’ultime goutte,

Nous danserons et sauterons sauvagement,

Et si tu m’accordes la grâce que je te demande,

Alors que la danse sera à son paroxysme, les lampes seront éteintes

Et nous nous aimerons librement !

Et cela sera fait : tous s'assiéront, nus, pour le dîner, hommes et femmes ; puis le repas terminé, ils danseront, chanteront, feront de la musique, puis s'aimeront dans l’obscurité, tous feux éteints : car c'est l'esprit de Diane qui les éteindra, et ils danseront et feront de la musique, pour sa gloire.

Alors il arriva que Diane, après que sa fille eut accompli sa mission et eut passé son temps sur terre parmi les vivants (les mortels), la rappela à elle, et lui donna la puissance qui quand elle était invoquée... pour peu qu’on ait fait quelques bonnes actions... elle lui donna le pouvoir de gratifier ceux qui l’avaient appelée en leur offrant le succès en amour :

Pour bénir ou maudire des amis ou des ennemis (pour faire le bien ou le mal).

Pour converser avec les esprits.

Pour trouver les trésors cachés dans d’anciennes ruines antiques.

Pour conjurer l’esprit des prêtres qui sont morts en laissant des trésors derrière eux

Pour comprendre la voix du vent.

Pour changer l'eau en vin.

Pour pratiquer la divination avec des cartes.

Pour connaître les secrets de la main (lire dans les lignes de la main).

Pour guérir les maladies. Pour transformer la laideur en beauté

Pour rendre dociles les bêtes sauvages.

Quoi qu’il soit demandé à l'esprit d'Aradia, cela devrait être accordé à ceux qui avaient mérité sa faveur.

Et ils doivent l'invoquer ainsi:

Ainsi je cherche Aradia ! Aradia ! Aradia ![6] A minuit, à minuit j'entre dans un champ, et avec moi je porte l'eau, le vin, et sel, je porte l'eau, le vin, et le sel, et mon talisman-mon talisman, mon talisman, ainsi qu’un petit sac rouge que je tiens dans ma main, et il y a du sel dedans, dedans. Avec l'eau et le vin je me bénis moi-même, je me bénis moi-même, avec dévotion pour implorer une faveur d'Aradia, Aradia.


Invocation à Aradia

Aradia, mon Aradia !

Toi qui es la fille de celui

Qui a été le plus mauvais de tous les esprits, qui autrefois

Règnait sur les enfers , après son éviction du ciel

Qui fut accueilli par sa sœur

Car ta mère s’est repentie de son péché

Et a souhaité faire de toi un esprit bon

Tu dois être miséricordieuse

Et non pas me vouloir du mal !

Aradia, Aradia ! Je te conjure

Par l’amour qu’elle eut pour toi !

Par l’amour que je ressens pour toi !

Je prie pour que tu m’accordes la faveur que je te demande !

Et quand elle me sera accordée alors l’un de ces

Trois signes apparaîtra clairement :

Le sifflement d’un serpent

La lueur d’une luciole

Le coassement d’un crapaud !

Mais si tu ne me l’accordes pas

Puisses tu à l’avenir ne connaître ni paix ni félicité,

Et devoir me chercher très loin,

Jusqu’à ce que tu me rejoignes pour accomplir mon souhait,

En te dépêchant, et alors seulement du pourras retourner

A ta destinée.

Ainsi soit il, Amen !


CHAPITRE III – Comment Diane créa les étoiles et la pluie

Diane fut créée avant la création ; en elle toutes choses étaient en attente ; c’est d’elle-même qu’elle tira la première obscurité et elle se divisa ; elle se partagea entre l’ombre et la lumière. Lucifer, son frère et son fils, elle même et son autre moitié étaient la lumière.

Et quand Diane vit combien la lumière était merveilleuse, cette lumière qui n’était autre que son autre moitié, son frère Lucifer, elle la désira ardemment. Elle voulut réaccueillir cette lumière dans son obscurité, elle tremblait du désir de se la réapproprier. De cette volonté naquit la damnation.

Mais Lucifer, la Lumière, s’éloigna d’elle et ne voulut pas se plier à son souhait ; il était la lumière, qui s’envole jusqu’au confins du ciel, la souris qui fuit devant le chat. Alors Diane s’adressa aux pères de la création, aux mères, aux esprits, qui existaient avant le premier esprit et leur déclara qu’elle n’arrivait pas à faire entendre raison à Lucifer. Ils la louèrent pour son courage ; ils lui dirent que pour se hisser il fallait d’abord qu’elle tombe ; pour devenir la plus grande des déesses elle devait d’abord devenir une mortelle.

Et, en ces temps extrêmement anciens, au début du temps, quand le monde fut créé, Diane descendit sur terre, tout comme Lucifer, qui était tombé, et Diane apprit la Magie et la Sorcellerie, avec lesquelles vivaient les sorcières, les elfes et les kobolts, qui tous ressemblaient aux hommes mais sans être mortels.

Et ainsi il arriva que Diane prenne l’apparence d’un chat. Son frère possédait un chat qu’il aimait plus que toute autre chose, et ce chat dormait dans son lit toutes les nuits, un chat plus beau que toute autre créature, un elfe, mais il n’en savait rien.

Diane convainquit le chat d’échanger leurs corps, et ainsi dormit elle avec son frère, et à la faveur de la nuit elle reprit son apparence et c’est ainsi qu’elle eut sa fille Aradia de son frère Lucifer. Mais lorsque au matin Lucifer vit sa sœur couchée près de lui, et que l’ombre avait triomphé de la lumière, il entra dans une grande colère ; mais Diane entonna un charme contre lui, un chant de pouvoir, et il se tut, le Chant de la Nuit, qui amène quiconque à dormir, il ne put plus rien dire.

Mais Diane l’ensorcela afin qu’il se soumette à son amour. Ceci fut le premier enchantement ; elle fredonna un air, c’était le fredonnement des abeilles (ou le bourdonnement d’une toupie) un rouet, qui filerait la vie. Elle fila la vie de tous les humains ; toute chose fut filée sur le rouet de Diane. Lucifer faisait tourner la roue.

Diane n’était pas connue comme étant la mère des sorcières et des esprits, des fées et des elfes et des kobolts qui vivaient dans des endroits isolés ; elle se cachait avec humilité comme étant une simple mortelle, mais grâce à la force de sa volonté elle se hissa au dessus de tous. Sa connaissance de la magie était si grande, et elle devint si puissante dans cet art, que sa grandeur ne se laissa point cacher. Et ainsi arriva-t-il qu’une nuit, e réunion de toutes les magiciennes et les elfes, qu’elle affirma pouvoir assombrir les cieux et changer toutes les étoiles en souris.

Tous ceux qui étaient présents dirent :

« si tu peux accomplir quelque chose d’aussi étrange, si tu as un tel pouvoir, alors tu seras notre reine » Diane alla sur la route ; elle prit la vessie d’un bœuf et une pièce de monnaie de sorcière dont la tranche était aussi aiguisée d’un couteau – avec de telles pièces de monnaie les sorcières découpent les traces de pieds laissées par les hommes dans la terre- et elle coupa la terre et avec elle et beaucoup de souris elle emplit la vessie, et elle gonfla la vessie jusqu’à ce que celle ci éclate.

Et alors arriva une merveille, car la terre qui avait été dans la vessie, devint la voûte céleste au dessus d’eux, et durant trois jours il plut sur la terre, les souris devinrent des étoiles ou de la pluie. Et, ayant fait le ciel et les étoiles et la pluie, Diane devint la reine des sorcières ; elle était le chat qui regnait sur les souris-étoiles, le ciel et la pluie.


CHAPITRE IV – Le charme des pierres consacré à Diane

Trouver une pierre trouée est le signe particulier que vous êtes dans les grâces de Diane. Celui à qui cela arrive, doit prendre la pierre dans sa main et répéter le texte ci après, après avoir procédé à la cérémonie prescrite.

Invocation de la pierre sacrée[7]

J’ai trouvé une pierre trouvée par terre.

Oh destin ! je te remercie pour cette heureuse trouvaille,

Mes remerciements vont aussi à l’esprit

Qui me l’a offerte sur cette route ;

Qu’il me veuille du bien

Et m’apporte le bonheur !

Aux premières lueurs du jour je me lèverai

Et traverserai des vallées (agréables)

Par monts et par vaux

Cherchant le bonheur

Pendant que je marche,

Cherchant la douce odeur de la rue et de la verveine

Car à nous tous elles apportent le bonheur.

Précautionneusement je les porte sur mon sein

Afin que personne ne le sache – car c’est

Une chose secrète en vérité,

Et sacrée aussi, et je prononce ce charme :

« ô verveine ! agis pour notre bien,

et que ta bénédiction soit sur les sorcières

ou les elfes qui t’ont donnée à moi »

C’est Diane qui est venue à moi,

Cette nuit, dans un rêve, et qui m’a dit :

« si tu veux tenir éloignées toutes les personnes malfaisantes,

alors garde bien la verveine et la rue à ton côté »

Grande Diane, toi qui es

La reine des cieux et de la terre,

Et de tout le monde inférieur, oui toi qui es

Celle qui protège tous les malheureux

Des voleurs et des meurtriers, et aussi les femmes

Qui mènent une mauvaise vie, et pourtant du sais

Qu’elles ne sont pas mauvaises, toi Diane,

Tu as malgré tout apporté un peu de joie dans leur vie.[8]

Mais en vérité je vais te conjurer, de telle sorte que tu ne trouves ni paix

Ni joie, car tu souffriras à jamais, jusqu’à ce que tu m’octroies

Ce que je te demande du plus profond de ma foi !

Ici nous trouvons de nouveau une menace à l’égard des Dieux, exactement comme dans le chamanisme ou chez les esquimaux, qui comptent les formes les plus primitives de conjurations, on trouve des menaces à l’égard des esprits. Vous en trouverez aussi des traces chez les catholiques romains les plus radicaux.

Lorsqu’il y a quelques années, dans une ville romaine, saint Bruno n’a pas donné suite aux prières des fidèles, ils ont saisi sa statue et l’ont trempée dans le fleuve, tête en bas. Aussitôt auprès cela il se mit à pleuvoir et le saint fut remit, avec dévotion, à sa place dans l’église.


Le charme ou la conjuration de la pierre ronde

La trouvaille d’une pierre ronde, petite ou grande, est de bon augure, mais il ne faut jamais s’en défaire, car la chance échoirait à celui qui recevrait la pierre à son tour, et celui qui s’en déferait deviendrait l’objet de maints malheurs.

Celui qui trouve une pierre ronde, doit lever les yeux au ciel, jeter trois fois la pierre vers le haut (et la rattraper à chaque fois) et dire :

« esprit des bons augures,

qui es venu à mon aide

crois moi, j’en avais grand besoin.

Esprit des kobolts rouges

Qui es venu pour m’aider moi qui suis dans le besoin

Je t’en prie ne m’abandonne pas :

Je te demande de t’introduire dans cette pierre

Afin que je puisse toujours t’avoir dans ma poche

Et si j’ai besoin de quoi que ce soit,

Je pourrais t’appeler,

Ne m’abandonne pas, de jour comme de nuit.

Si je devais prêter de l’argent à quiconque

Qui ne voudrait plus me rembourser, le moment venu,

Je te le demande, Kobold rouge, fais en sorte

Qu’il paye sa dette !

Et s’il ne veut pas et se montre arrogant,

Jette-toi sur lui avec ton cri « brié – brié » !

Et s’il dort, réveille-le d’une secousse

Arrache ses couvertures et effraye-le !

Et suis le, où qu’il aille.

Avertis le avec ton interminable

« brié – brié »

qu’il étouffera dans les soucis, lui qui

a oublié ses obligations,

tant qu’il n’aura pas payé sa dette.

Et ainsi mon débiteur devra, dès le lendemain

Soit m’apporter l’argent qu’il possède

Ou bien me l’envoyer sur le champ :

C’est ma prière,

O mon kobolt rouge, viens à mon secours !

Ou si je devais me disputer avec celle que j’aime

Alors, esprit du bonheur, je te le demande, va chez elle

Pendant son sommeil – prends la par les cheveux

Et porte la à travers la nuit jusque dans mon lit !

Et le matin, quand tous les esprits vont se reposer

Avant que tu ne retournes dans la pierre,

Ramène la de nouveau chez elle

Et laisse la dormir à nouveau. C’est pour cela, ô kobold

Que je te prie de faire de cette pierre ta maison !

Obéis à chacun de mes ordres.

Et ainsi seras tu éternellement en attente dans ma poche

Et toi et moi ne nous séparerons jamais.


CHAPITRE V – La conjuration du citron et des épingles

Dédié à Diane

Un citron piqué d’épingles de différentes couleurs apporte toujours la chance. Si vous recevez en cadeau un citron piqué d’épingles de couleurs, sans qu’il y en en ait de noire parmi elles, votre vie sera parfaitement heureuse, prospère et joyeuse.

Mais s’il y a quelques épingles noires parmi elles, alors vous aurez aussi du bonheur et la santé, mais mêlé à des soucis, même en très petites quantités (pour réduire les influences néfastes autant que possible, il faudra procéder à la cérémonie suivante, et prononcer les paroles magiques énumérées ci après[9])


L’incantation à Diane

Au moment précis où minuit arrive

J’ai cueilli un citron dans le jardin

Et aussi une orange et une mandarine (parfumée)

Précautionneusement je récoltai ces fruits (précieux)

Tout en disant :

« toi qui es la reine du soleil, et de la lune

et des étoiles, entends ! Je t’appelle !

et avec toute ma puissance je te conjure

de m’accorder ce que je vais te demander !

J’ai récolté trois choses dans ce jardin :

Un citron, une orange et une mandarine ;

Je les ai récoltés pour qu’ils m’apportent le bonheur.

J’en tiens deux dans ma main,

Et celui là, qui dirigera ma vie

Reine des étoiles !

Fais que ce fruit reste dans ma main.


Quelque chose a été oublié dans le manuscrit. Je suppose qu’il faut lancer les deux fruits en l’air sans les regarder et si c’est le citron qui reste on continue la cérémonie comme suit. Ceci semble évident, car sinon les conseils de l’incantation ne seraient pas valables.

En disant cela on regarde vers le ciel, et j’ai un citron dans une main et une voix me dit : « prends beaucoup d’épingles et pique les soigneusement dans le citron, des épingles de différentes couleurs ; et si tu te souhaites du bonheur et si tu veux offrir le citron à un ami ou à quiconque, alors tu dois le piquer d’épingles de couleurs très différentes.

« mais si tu souhaites que quelqu’un ait des malheurs, piques-y des épingles noires « Mais alors tu dois dire une autre incantation (celle ci) : »

L’incantation à Diane

Déesse Diane je te conjure

Et à haute voix je t’appelle

Tu ne connaîtras ni paix ni satisfaction

Jusqu’à ce que tu viennes me donner toute ton aide.

Demain quand le soleil sera au zénith,

Je t’attendrai pour cela,

Un verre de vin à la main

Et avec une lentille ou un verre à feu[10]

Et treize épingles, je procéderai à la magie

Elles seront toutes noires,

Mais toi, Diane, tu leur trouveras leur bonne utilisation !

Et pour moi tu invoqueras les démons de l’enfer

Tu les feras devenir compagnons du soleil,

Et ils apporteront avec eux

Les feux de l’enfer, et avec lui le pouvoir

Du soleil pour faire bouillir ce vin (rouge)[11]

De telle sorte que ces épingles soient chauffées au rouge

Et avec elles je remplirai ce citron

Afin que celui ou celle, à qui je le donnerai,

Ne connaisse jamais ni paix ni prospérité

Si tu m’accordes cette faveur,

Je t’en prie, fais-moi un signe !

Avant que le troisième jour

Ne soit écoulé,

Fais moi voir ou entendre

Un vent rugissant, une pluie diluvienne,

De la grêle, qui crépitera sur le sol

Tant que tu ne m’auras pas envoyé un de ces trois signes,

Toi, Diane, n’auras pas de paix.

Réponds favorablement aux prières que je t’ai adressées

Ou jour et nuit je te tourmenterai.


CHAPITRE VI - Un charme pour gagner l'amour

Quand un magicien, un adepte de Diane, un de ceux qui adorent la lune, désire l'amour d'une femme, il peut la changer en un chien, ainsi, oubliant qui elle est et tout ce qui se trouve autour d’elle, elle viendra immédiatement à sa maison, et là, reprendra sa forme naturelle et restera avec lui. Et quand il sera temps pour elle de partir, elle redeviendra un chien et rentrera chez elle, où elle se transformera à nouveau en fille. Elle ne se rappellera plus de ce qui a eu lieu, ou du moins que de petites parties, qui ressembleront à un rêve confus. Et elle prendra la forme d'un chien parce que Diane a toujours un chien à son côté.

Et voici le charme que devra dire celui qui veut attirer son aimée dans sa maison[12]

Nous sommes vendredi, et je souhaite me lever tôt car toute la nuit je n’ai pas trouvé le sommeil, en effet j’ai vu une merveilleuse jeune fille, la fille d’un riche seigneur, et je n’ai pas d’espoir de gagner son cœur. Si elle était pauvre je pourrais l’attirer avec de l’argent, mais comme elle est riche je n’ai aucune chance. (c’est pour cela que je vais conjurer Diane afin qu’elle m’apporte son aide)

Incantation à Diane

Diane, belle Diane !

Qui es aussi belle que bonne,

Par toute l’adoration que je t’ai vouée,

Et par toutes les joies de l’Amour que tu as connues,

Je requiers ton aide pour mon amour !

En vérité tout ce que tu veux réaliser

Tu en as le pouvoir :

Et si tu m’accordes la grâce

Que je te demande

Alors, je t’en prie, appelle ta fille Aradia,

Et envoie là devant le lit de la jeune fille,

Et transforme la en chien,

Et fais en sorte qu’elle vienne dans ma chambre

Et que dès qu’elle aura franchi le seuil, je t’en prie,

Elle retrouve sa forme humaine,

Aussi merveilleuse qu’avant,

Et que je puisse alors l’aimer

Jusqu’à ce que nos âmes soient apaisées, pleines de bonheur.

Alors, avec l’aide de la grande reine des elfes

Et de sa fille, la féerique Aradia,

Qu’elle redevienne un chien,

Et qu’ensuite elle reprenne sa forme humaine !

Et c’est ainsi que la jeune fille rentrera chez elle, discrètement, sans être vue, sous forme de chien car Aradia aura tout fait pour cela ; et la jeune fille pensera que tout cela n’était qu’un rève, car Aradia l’aura ensorcelée.


CHAPITRE VII - Pour avoir la chance de trouver ou d’acheter quelque chose

Une invocation ou une incantation à Diane.

L’homme ou la femme qui s’apprête à aller en ville, aimerait être à l’abri du danger ou d’un risque d’accident : ou avoir de la chance lors de ses achats, ainsi par exemple un érudit espérera trouver pour peu cher des livres rares ou des manuscrits, ou bien on souhaitera acheter quelque chose que l’on désire vraiment, ou faire une bonne affaire, ou trouver des raretés. Cette incantation sert pour la bonne santé, la joie du cœur, et aide à éloigner les malfaisants et à dompter l’hostilité. Pour les croyants ces paroles valent de l’or.

Pour Diane.

Nous sommes mardi, il est tôt,

J’aimerais m’attirer la chance

D’abord dans ma demeure, et ensuite, lorsque je sortirai

Et avec l’aide de la merveilleuse Diane

Je demande de la chance, même quand je quitterai la maison !

Avec trois gouttes d’huile, j’éloigne d’abord[13]

Les influences néfastes, et humblement je te prie,

O merveilleuse Diane,

Que tu les tiennes éloignées de moi

Et que tu leur confie mes pires ennemis !

Quand la malchance

Sera éloignée de moi,

Je la jetterai dehors, au milieu de la route,

Et si tu dois m’accorder cette grâce,

O merveilleuse Diane,

Que chaque cloche dans ma maison tinte joyeusement

Alors, plein de satisfaction,

Je me mettrai en route,

En sachant, qu’avec ton aide,

Je m’en retournerai

Après avoir découvert quelques beaux livres anciens

A un prix modique.

Et tu dois trouver l’homme,

Celui à qui appartient le livre,

Et tu iras toi-même

Pour occuper ses pensés Et lui faire savoir

Quel objet tu désires

Et fais en sorte qu’il fasse

Tout ce que tu lui demandes.

Ou bien, s’il existe un manuscrit

Rédigé il y a très longtemps,

Qu’il te soit révélé

Et tu l’obtiendras de la même manière

A un moindre coût.

Tu dois acheter tout ce que tu veux,

Avec l’aide de la grande Diane.[14]


CHAPITRE VIII - Comment, avec l’aide de Diane, faire de bonnes vendanges et avoir du bon vin

« douces sont les vendanges, quand les raisins mûrs

se tendent vers la terre de façon bacchanale

pourpres et gorgés de jus »

(Byron, Don Juan)


Celui qui souhaite avoir de bonnes vendanges et un vin fin, devra prendre une corne pleine de vin et avec ceci aller dans les vignes où poussent les raisins, et ensuite boire dans la corne, et dire:

Je bois, mais ce n’est pas du vin que je bois

Je bois le sang de Diane,

car le vin est devenu son sang

Et se répand dans mes vignes

D’où, en échange, coulera un vin riche,

Mais même si mes vendanges devaient être bonnes

Je ne serais pas débarrassé des soucis, car si

Les grappes devaient geler à la lune descendante,

Tout le vin serait aigre, mais

Si je bois dans cette corne,

Alors je bois le sang

Le sang de la grande Diane - avec son aide,-

Si j’embrasse ma main pour honorer la nouvelle lune,

Pendant que je prie la Reine,

Pour qu’elle protège mes vignes,

De la naissance du germe

Jusqu’aux grappes mûres

Puis jusqu’à la récolte et enfin

Jusqu’à ce que le vin soit fait –pourvu qu’il soit bon !

Et puisse-t-il être si réussi que

J’en obtiendrai de bons profits quand je le vendrai

Que la chance soit sur mes terres à vigne

Et sur toutes mes terres

Où qu’elles soient.

Si toutefois mon vin devait être mauvais

Alors je prendrais ma corne,

Et bravement je soufflerai dedans,

Dans la cave à vin, à minuit, et j’obtiendrai un son

Si fort et si effrayant,

Que toi, puissante Diane, même si tu es très loin

Tu entendras cet appel,

Et, ouvrant grandes les portes et les fenêtres Tu accourras sur le vent bruissant

En toute hâte,

Pour me trouver et me sauver –c’est à dire,

Sauve mon vin,

Ce qui me débarrassera de mes pires soucis ;

Car si je devais le perdre,

Je serais perdu moi même,

Mais avec ton aide, Diane,

Je serai sauvé.


Ceci est une très intéressante incantation et tradition, vraisemblablement très ancienne et munie d’un pouvoir de persuasion très fort. Car, premièrement, cela concerne un sujet qui a été peu souvent abordé – le lien entre Diane en tant que lune avec Bacchus, bien que dans le Dizionario Storico Mitologico de Pozzoli, et d’autres, il était dit clairement qu’en Grèce son adoration était liée à celle de Bacchus, Esculape et Apollon. Le lien est la corne. Sur une médaille de Alexandre Severus, Diane d’Ephèse porte la corne d’abondance. Ceci est la corne ou les cornes de la nouvelle lune, consacrées à Diane. D’après Callimachus Apollon a construit de sa main, pour Diane, un autel fait uniquement de petites cornes.

Le lien entre la corne et le vin est évident. Chez les anciens slaves, il était normal que le prêtre de Svantevit, le Dieu soleil, s’assure que l’idole tenait bien dans sa main une corne pleine de vin, afin de pouvoir prédire de bonnes récoltes pour la nouvelle année. Si la corne était pleine tout allait pour le mieux ; sinon, le prêtre remplissait la corne, en buvait, remettait la corne dans la main de l’idole et prédisait que, vraisemblablement, tout irait bien. [15]

Dans les « légendes de Florence » il y a une histoire de la Via del Corno, dans laquelle le héros, tombé dans un énorme tonneau de vin, est sauvé de la noyade car il souffle dans une corne avec toute son énergie. A ce son, qui porte très loin, même dans des contrées inconnues, tout le monde accourt à son secours, comme victime d’un enchantement. Dans la conjuration Diane, du plus profond des cieux, est représentée comme se précipitant au son du cor, et passant par portes et fenêtres pour sauver la récolte de celui qui souffle. Il y a une certaine similitude entre ces deux textes.

Dans l’histoire de la Via des Corno, le héros est sauvé par le kobold rouge, ou Robin Goodfellow, qui lui donne une corne, et c’est le même esprit qui apparaît dans la conjuration de la pierre ronde, qui est consacrée à Diane. Ceci est dû au fait que l’esprit est nocturne, et est proche de Diane Titania. Le baiser de la main pour la nouvelle lune est une cérémonie d’origine inconnue, et même Job, en son temps, la considérait comme païenne et interdite -ce qui signifie antique et démodée- comme il le dit (XXXI 26,27) « si je vois la lune dans toute sa brillance… et si mon cœur penche vers la tentation, ou que ma bouche a embrassé ma main…. Cela aussi serait un péché, qui mériterait une punition du très Haut, car j’aurais trompé le Dieu qui est au-dessus de nous » D’où on peut conclure que Job n’avait pas compris que Dieu a fait la lune et apparaît dans tout ce qu’il a fait, ou bien qu’il croyait vraiment que la lune était une déité indépendante. Dans tous les cas il est curieux de voir que ce vieux rite interdit est toujours vivace et aussi hérétique que par le passé.

La tradition, telle qu’elle m’a été transmise, omet de toute évidence une partie de la cérémonie, qui peut être compensée par des sources classiques. Si un paysan applique le rite, il ne doit pas le faire comme un certain africain, qui était le serviteur d’un de mes amis. La mission de cet homme de couleur était de verser chaque matin une libation de rhum sur un fétiche, au lieu de quoi il le versait dans son propre gosier. Le paysan devait aussi arroser ses vignes, comme le fermier du Devonshire, lors des cérémonies de Noël, arrose ses pommiers, avec une corne.


CHAPITRE IX - Tana et Endamone, ou Diane et Endymion

« hic ultra Endymionem indormit negligantiae »

« comme le dit la fable, Endymion, qui avait sa place sur l’Olympe, fut banni sur Terre pour 30 ans, car il avait manqué de respect à Junon. Et après qu’on l’eut autorisé à passer ce temps à dormir dans une grotte du Mont Athos, Diane lui rendit visite, attirée par sa beauté, toutes les nuits, jusqu’à ce qu’elle eut de lui 50 filles et un fils. Alors seulement Endymion eut le droit de retourner sur l’Olympe » (Diz, Stor. Mitol.)

La légende qui suit, et les paroles magiques, furent compilées sous le nom ou titre TANA. C’est le nom étrusque pour Diane, qui est toujours utilisé en Toscane romaine. Dans beaucoup d’ouvrages français ou italiens j’ai trouvé des histoires de sorcières qui avaient endormi une jeune fille pour le compte de son amoureux, mais ce sont ici les seules explications que je connaisse de toute la cérémonie.

TANA

Tana était une magnifique déesse et elle aimait un très beau jeune homme du nom de Endamone ; mais son amour fut perturbé par une sorcière, qui était sa rivale, mais pour laquelle Endamone ne ressentait rien. Mais la sorcière était bien décidée à le posséder, et pour cela elle convainquit son serviteur de la laisser entrer nuitamment dans la chambre d’Endamone. Une fois sur place elle prit l’aspect de Tana, qu’il aimait, afin qu’il croie que c’était elle qu’il tenait dans ses bras, et il l’accueillit en lui ouvrant les bras. En faisant cela il se soumettait à son pouvoir, car il lui permettait de procéder à un charme en lui coupant une boucle de ses cheveux.[16]

Alors elle rentra chez elle et prit un morceau d’intestin de mouton, en fit un sac, et elle y plaça ce qu’elle avait prit, noué d’un ruban rouge et d’un ruban noir, et une plume, et du poivre et du sel, et alors elle chanta une chanson.

C’étaient les mots, une très ancienne chanson de l’art sorcier.


Le charme

J’ai tissé ce sac pour Endamon,

C’est ma vengeance pour l’amour

L’amour profond que je ressentais pour lui Et que tu ne m’as pas rendu

Tu l’as sacrifié sur l’autel de Tana,

Mais jamais Tana ne sera tienne !

Chaque nuit dorénavant tu souffriras

Et c’est à moi que tu le devras !

De jour en jour, d’heure en heure

Je te ferai ressentir le pouvoir des sorcières

Avec passion tu seras tourmenté

Et tu ne connaîtras jamais le plaisir ;

Tu coucheras, enveloppé de sommeil

Sachant que ton aimée est tout près

Toujours agonisant, jamais mort,

Sans la force de prononcer un mot,

Mais tu entendras sa voix

Tourmenté par les affres de l’agonie

Il n’y aura pas de rémission pour toi !

Car tu ne peux briser ma magie puissante

Et tu ne te réveilleras jamais de ce sommeil :

Encore et toujours tu y couleras

Comme la cire sur les charbons ardents.

Petit à petit tu mourras,

Mais éternellement vivant, sur un lit de douleur,

Fort sera ton désir, mais faible,

Sans la force de bouger ou de parler,

Avec tout l’amour que j’éprouvais pour toi

Je te fais souffrir à présent,

Car tout mon amour était perdu

Je vais te faire goûter ma haine brûlante,

Que ta douleur soit éternelle

Je suis vengée et en paix.


Mais Tana, qui était beaucoup plus puissante que la sorcière, ne pouvait toutefois pas briser le sort, qui le tenait prisonnier dans le sommeil, mais elle prit toute sa douleur (il la voyait dans ses rêves) et pendant qu’elle le tenait dans ses bras elle chantait ceci :

La chanson de Diane (le contre sort)

Endamone, Endamone, Endamone !

Par l’amour que j’éprouve,

Que j’éprouverai toujours, jusqu’à ma mort,

Je mets trois croix sur ton lit

Je prends trois châtaignes sauvages,[17]

Je les cache dans ton lit Puis j’ouvre grand la fenêtre

Pour que la lumière de la pleine lune puisse entrer

Et éclairer un amour si clair et si lumineux,

Et j’adresse mes prières à elle, là haut,

Pour que notre amour soit un ravissement

Et que son feu emplisse nos cœurs,

Qui, pleins du plus profond amour, ne se sépareront jamais

Et je lui demanderai une autre chose !

Quiconque voudra être aimé

Et qui aura mis son amour entre mes mains

Je serai toujours à ses côtés pour l’aider.

Et ainsi la déesse put faire l’amour avec Endamone comme s’ils avaient été éveillée (en fait ils communiquaient en rêves). Et ainsi en est il toujours aujourd’hui, quiconque voudrait aimer quelqu’un qui dort, peut avoir recours à la merveilleuse Tana, et mener à bien son projet.

Cette légende, bien que ressemblant par bien des points au mythe classique, est en fait mêlée de pratiques sorcières, qui, si on faisait des recherches, apparaîtraient comme aussi anciennes que le reste du texte. Ainsi l’intestin de mouton –qui ici est utilisé à la place de la pochette en laine rouge, qui est employée en Magie- les rubans rouge et noir, la joie et la douleur entremêlées – la plume (de paon) ou penna maligna – le poivre et le sel, qui apparaissent dans beaucoup d’autres sorts, mais toujours pour apporter le mal et causer la douleur[18]

Le très ancien mythe traite de la lumière et de l’ombre, du jour et de la nuit, de la naissance des 51 (à présent 52) semaines de l’année. Ce sont Diane, la nuit, et Apollon, le soleil ou la lumière sous toutes ses formes. Il parle de faire l’amour durant le sommeil, ce qui, quand cela arrive dans la vraie vie, est généralement le fait d’un individu qui, sans être particulièrement modeste, souhaite préserver les apparences. Entre personnes consacrées on tenait le personnage de Diane (pour lequel elle fut amèrement outragée par les pères de l’Eglise) pour une magnifique hypocrite qui poursuivait son amour dans le secret. « et comme la lune couchait avec Endymion ainsi firent Hippolyte et Verbio » (à ce sujet le lecteur peut consulter Tertullian « de falsa religione » lib.ii.cap.17 et Pico de Mirandula « la strega »)

Toutefois nous trouvons ici une idée ou un idéal inhabituel et très significatif, dans l’acceptation d’une « lune claire et froide » prétendument chaste, qui, avec ses rayons de lumière s’introduit dans la nuit la plus profonde et se saisit des mystères occultes de l’amour. Ainsi Byron a–t-il eut l’idée originale que le soleil ne voit jamais la moitié des actes interdits, alors que la lune en est témoin ici, et ceci est mis en valeur dans le poème sorcier italien.

« le soleil se couche et la lune jaune se lève

dans la lune le diable est prêt à nuire,

quiconque la considère comme chaste, lui

lui a trop vite donné ce qualificatif à mon avis :

il n’y a pas un jour

assez long, même pas le 21 juin,

qui voie autant de choses indicibles

que ne le fait la lune en trois petites heures »

(Don Juan)


La lune est clairement la protectrice d’un amour secret et remarquable, et est présentée comme la déité qui est particulièrement indiquée pour ce jeu de l’amour. Celui qui l’invoque dit que les fenêtres sont ouvertes, pour que les rayons de lune puissent atteindre le lit, parce que notre amour est beau et lumineux…. Et je la prie de nous donner un grand ravissement (sfogo). La lumière tremblotante et pleine de mystère de la lune, qui semble couvrir la nature silencieuse d’intelligence et d’émotion, et la réveiller à moitié –transformant les ombres en pensées, et donnant à chaque arbre et chaque pierre une forme humaine, forme qui pourtant, bien que tremblant et respirant, est toujours endormie et en train de rêver – ne pouvait pas échapper aux grecs et ils l’exprimèrent comme Diane embrassant Endymion.

Mais, comme la nuit est le moment consacré aux secrets, et parce que la Diane des mystères était la Reine de la nuit, qui portait la lune montante, et la détentrice de toutes les choses secrètes, y compris les « doux péchés secrets et vices aimés » il se rattache à ce mythe bien plus qu’il n’y paraît au premier coup d’œil. Et dans la même mesure où l’on considère Diane comme la reine de toutes les sorcières émancipées et de la nuit, voire même comme la Venus-Astarte nocturne, il faut considérer l’amour pour le bel endormi comme sensuel, et cependant sacré et allégorique. Et c’est vraiment dans ce sens que les sorcières en Italie, qui se considèrent avec raison comme ses héritières, ont préservé et compris ce mythe.

C’est la reconnaissance d’un amour secret et interdit, avec la force d’attraction qu’exerce sur toute chose la lumière de la lune dans l’obscurité, avec la magie du surnaturel des Elfes et des Sorcières, une romance, combinée en une forme unique, la Magie de la Nuit.

« Un silence dangereux règne en cette heure,

une paix, dans laquelle l’âme toute entière

peut s’ouvrir, sans le pouvoir,

de réobtenir totalement son self contrôle !

La lumière argentée, nimbant arbre et tour,

Couvre le tout de douce beauté,

Et pénètre également le cœur, dans lequel elle laisse

Une langueur d’amour qui n’aura jamais de paix »

Voici ce qu’il faut comprendre dans le mythe de Diane et Endemion. La passion, le secret, et l’interdit deviennent divins ou esthétiques (ce qui, pour les grecs était une seule et même chose). C’était la magie des eaux volées, qui étaient suaves et furent intensifiées par la poésie. Et il paraît remarquable que cela fut préservé de cette manière là par les sorcières italiennes.


CHAPITRE X - Madonna Diane

« la Madone est essentiellement la déesse de la Lune » (Naples in the nineties par E.N. ROLFE)

Il y a bien longtemps, il y avait, à Cettardo Alto, une jeune fille d’une grande beauté, et elle était promise à un jeune homme de belle allure lui aussi ; mais, bien qu’ils fussent bien nés tous les deux, les aléas de la guerre les avaient rendus très pauvres. Et le seul défaut de la jeune fille était sa grande fierté, elle ne voulait pas se marier autrement qu’en grande pompe, dans le luxe et les festivités, dans une belle robe, et accompagnée de nombreuses demoiselles d’honneur de haut rang.

Et ce désir obsédait tellement Rorasa –c’était son nom- qu’elle en avait la tête toute retournée, et les jeunes filles de son entourage, sans parler des nombreux prétendants qu’elle avait éconduits, se moquaient d’elle, lui demandant quand son grand mariage aurait lieu, accompagnant ces paroles de dédain et de railleries, tant et si bien que dans un moment de folie elle se rendit au sommet d’une grande tour, et se jeta dans le vide ; Et pour comble de malheur, au pied de cette tour se trouvait un profond ravin dans lequel elle tomba. Toutefois il ne lui arriva pas de mal, car, tandis qu’elle tombait, une magnifique femme apparut, qui ne venait pas de cette terre, qui la prit par la main et l’emmena à travers les airs dans un endroit où elle serait en sécurité.

Tous les gens qui avaient vu cela ou qui en avaient entendu parler crièrent « voyez, un miracle » et ils se rassemblèrent et organisèrent une grande fête, et ils auraient voulu convaincre Rorasa qu’elle avait été sauvée par la Vierge. Mais la femme qui l’avait sauvée vint la voir en secret et lui dit « si tu as un quelconque désir, suit l’évangile de Diane, qui est encore appelé l’évangile des sorcières, qui en appellent à la Lune »

« si tu en appelles à la Lune, alors tu obtiendras tout ce que tu veux »

Alors la jeune fille sortit nuitamment dans les prés, et, s’agenouillant sur une pierre dans une vieille ruine, elle en appela à la Lune et invoqua Diane ainsi :

« Diane, très belle Diane,

toi qui m’as sauvée d’une mort affreuse

alors que je tombais dans ce sombre ravin !

je t’en prie accorde moi encore une faveur,

offre moi un mariage somptueux, avec beaucoup,

beaucoup de demoiselles d’honneur, belles et grandioses,

et si tu m’accordes cette faveur, je m’adonnerai sincèrement à la sorcellerie ! »

Quand Rorasa s’éveilla le matin, elle était dans une autre maison, où tout était

magnifique, et après qu’elle se fut levée une magnifique jeune fille l’emmena dans

une autre pièce, où on la revêtit d’une sublime robe de mariée, faite de soie et de diamants, qui était SA robe de mariée. Alors apparurent 10 jeunes femmes, toutes splendides, et, avec elles et d’autres personnes distinguées, elle se rendit à l’église en carrosse. Et toutes les rues étaient pleines de gens qui jetaient des fleurs. Elle rejoignit son promis et fut mariée selon les désirs de son cœur, d’une manière qui dépassait de loin ses espérances. Alors, après la cérémonie, il y eut une fête où toute la noblesse de Cettardo était présente, et dans toute la ville, riches et pauvres, purent festoyer à volonté.

Quand le mariage fut fini, chaque demoiselle d’honneur fit un présent à la mariée – l’une donna des diamants, une autre un parchemin (écrit) en or, après quoi elles demandèrent l’autorisation de se rendre toutes ensemble à la sacristie. Et elles restèrent là quelques heures sans être dérangées, jusqu’à ce que le prêtre envoie son « chierico » pour leur demander si elles désiraient autre chose. Mais quel ne fut l’étonnement du jeune homme lorsqu’il ne trouva pas les 10 demoiselles d’honneur, mais 10 statues en bois ou en terracotta, avec celle de Diane, debout sur une Lune, et elles étaient toutes magnifiquement sculptées et richement décorées et avaient certainement une grande valeur.

C’est pourquoi le prêtre posa les statues dans l’église, qui est la plus ancienne de Cettardo, et aujourd’hui, dans beaucoup d’églises vous pouvez voir la Vierge sur une Lune, mais il s’agit de Diane, la Dea delle Luna. Le nom de Rorasa semble signifier « rosée » en vérité la déesse de la rosée. Sa chute et le fait qu’elle ait été relevée par Diane, suggère la rosée qui tombe à la nuit, et s’élève sous forme de vapeur sous l’influence de la Lune. Il est possible qu’il s’agisse là d’un très vieux conte latin. Le satin blanc et les diamants font aussi penser à la rosée.


CHAPITRE XI - La maison du vent

« prête l’oreille au souffle et au sifflement du vent,

quand ils bruissent dans un doux bourdonnement,

car la puissance à beaucoup de voix différentes,

et quand la tempête se sera levée elle hurlera avec joie

et se répercutera quand elle atteindra les flancs des montagnes

puis s’écrasera dans la forêt. Entends son cri !

Certainement qu’un Dieu a lâché ses fauves,

Et rit quand il les entend rugir au loin »

C.G. LELAND


L’histoire qui suit n’appartient pas à l’Evangile des Sorcières, mais je l’ajoute car elle confirme le fait que la croyance en Diane a co existé longtemps avec le christianisme. Son titre complet, tel qu’il apparaît dans le manuscrit original, que l’on doit à Maddalenna, qui le tenait d’un homme natif de Volterra, est « La pellegrina delta Casa al Vento » (la femme pèlerin dans la maison du vent) Il faut ajouter, que, comme cela est dit dans ce conte, la maison en question existe toujours.

Il y a une maison de paysan au pied de la colline qui monte à Voletrra, et on l’appelle la Maison du Vent. Près de là il y avait autrefois un petit palais, dans lequel vivait un couple marié, qui n’avait qu’un seul enfant, une fille, qu’ils adoraient. A tel point que si l’enfant avait un simple petit mal de tête, ils frôlaient l’attaque cardiaque.

L’enfant grandit et le souhait de la mère, qui était très croyante, était que sa fille devienne nonne. Mais la jeune fille ne le souhaitait pas et disait qu’elle voulait se marier comme les autres. Et un jour qu’elle était à sa fenêtre, elle vit et entendit des oiseaux qui chantaient dans les vignes, et dans les arbres, et elle dit à sa mère qu’elle espérait un jour avoir une famille de petits oiseaux à elle, qui chanteraient autour d’elle dans son nid d’amour. Sa mère en fut tellement fâchée qu’elle la gifla. Et la jeune fille pleura, mais répondit que de toute manière, même battue ou maltraitée, elle trouverait le moyen de s’échapper et de se marier car il était hors de question qu’elle devint une nonne contre sa volonté.

En entendant cela la mère fut effrayée, car elle connaissait bien sa fille, et craignit qu’elle n’ait déjà un amoureux et qu’elle ne risquât de causer un scandale ; et à force d’y penser, elle se souvint d’une vieille femme de bonne famille, mais qui était devenue pauvre, et qui était connue pour son intelligence, sa culture et son pouvoir de persuasion, et elle se dit « voici la personne qui pourrait convaincre ma fille de devenir pieuse, et qui lui ferait découvrir la foi et la ferait devenir nonne »

Ainsi alla-t-elle chez cette femme, qui fut embauchée comme gouvernante au service de la jeune fille, qui, au lieu de le prendre mal, devint très dévouée à cette femme. Toutefois, dans la vie les choses ne se passent pas toujours comme on le voudrait, et on ne peut jamais savoir si, sous un rocher dans une rivière, on trouvera un poisson ou un crabe. Il se trouvait que la gouvernante n’était pas du tout une bonne catholique, et ne poussait pas du tout sa pupille à épouser la vie d’une nonne, même si celle ci l’avait souhaité.

Il arriva que la jeune fille, qui avait pour habitude de rester éveillée les nuits où la lune brillait pour entendre chanter les rossignols, crut entendre sa gouvernante, dans la chambre d’à côté, se lever et aller sur son balcon. La nuit suivante il se passa la même chose, et, se levant discrètement, la jeune fille vit la femme en train de prier, ou en tout cas à genoux dans la lumière de la lune, ce qui lui sembla un drôle de comportement, d’autant plus que la femme agenouillée prononçait des mots que la jeune fille ne pouvait comprendre, mais qui ne faisaient apparemment partie d’aucun service clérical.

Très excitée par cette découverte, elle en parla timidement avec sa gouvernante. Alors celle ci, après une courte réflexion, et après avoir fait jurer le secret à la jeune fille, car, le révéler serait dangereux, lui dit ce qui suit :

« Comme toi, je fut instruite dans ma jeunesse par des prêtres pour adorer un Dieu invisible. Mais une vieille femme en qui j’avais toute confiance me dit un jour « pourquoi adorer un Dieu que tu ne peux voir, alors que la Lune est visible dans toute sa splendeur ? Adore la, invoque Diane, la déesse de la Lune, et elle entendra tes prières » C’est cela que tu dois faire, obéir au Vangelo, l’évangile (des sorcières et ) de Diane, qui est la reine des fées et de la Lune » Alors la jeune fille, convaincue, fut convertie au culte de Diane et de la Lune, et, ayant prié de toute son âme pour avoir un amoureux, (après avoir appris la conjuration à la Déesse) (voir chapitre « un charme pour trouver l’amour ») fut bientôt récompensée par les attentions d’un courageux et riche cavalier, qui se révéla être un prétendant idéal. Mais la mère, qui était plus encline à distiller sa vindicte et à être cruelle qu’à se soucier du bonheur de sa fille, était furieuse de cette situation, et quand le jeune homme vint la trouver, elle lui déclara qu’elle souhaitait qu’il disparaisse car sa fille serait nonne, et que nonne elle serait, dût elle en mourir.

La jeune fille fut enfermée dans une cellule dans une tour, sans même la compagnie de sa gouvernante, obligée à dormir sur le sol de pierres, et elle serait morte de faim si on avait laissé faire sa mère. Alors, dans son désespoir elle pria Diane de la libérer, et, vois, elle trouva la porte ouverte et put s’enfuir. Alors, ayant obtenu une robe de pèlerin, elle voyagea très loin, inculquant et prêchant la vieille religion, la religion de Diane, la Reine des fées et de la Lune, la déesse des pauvres et des opprimés.

Et la réputation de son savoir et de sa beauté la précédait, et les gens la vénéraient, l’appelant la Bella Pellegrina. Finalement sa mère en entendit parler et entra dans une grande rage, et réussit à la faire arrêter à nouveau et la faire jeter en prison. Et alors, toute à sa colère, la mère lui demanda une fois encore si elle consentait à devenir nonne ; mais la jeune fille lui répondit que c’était impossible, car elle avait abandonné l’église catholique et était devenue une adoratrice de Diane et de la Lune.

Et il arriva finalement que la mère, se rendant compte qu’elle avait définitivement perdu sa fille, la confia aux prêtres pour être torturée et mise à mort, ce qu’ils faisaient à quiconque n’était pas adepte de leur religion ou qui s’en était détourné. Mais le peuple n’était pas content de cette décision, car tous l’aimaient pour sa beauté et sa bonté, et peu n’avaient pas profité de sa charité.

Avec l’aide de son amoureux elle obtint, comme une ultime grâce, que la nuit précédant l’application de la sentence elle puisse, avec un garde, se rendre dans le jardin du palais et prier.

Ce qu’elle fit, et, debout près de la porte de la maison, qui est toujours là aujourd’hui, elle pria, dans la lumière de la Pleine Lune, demandant à Diane de la libérer de cette cruelle persécution à laquelle elle devait être soumise, et qui était l’œuvre de ses propres parents.

Et ses parents, et les prêtres, et tous ceux qui devaient assister à sa mort, étaient dans le palais la surveillant pour qu’elle ne s’échappe pas.

Lorsque, vois ! en réponse à ses prières, une terrible tempête se leva, un vent tel qu’on n’en avait jamais connu jusqu’alors, qui arracha et balaya le palais et tous ceux qui s’y trouvaient, il ne resta pas une seule pierre debout, pas une âme ne survécut de tous ceux qui étaient présents. Les Dieux avaient répondu à sa prière.

La jeune femme s’enfuit avec son amoureux, l’épousa, et depuis lors la maison de paysans où elle s’était tenue debout et toujours appelée la Maison du Vent.

Ceci est la transcription exacte de l’histoire elle que je l’ai reçue, mais j’admets que j’ai compilé le texte original, qui faisait 20 pages. Il n’y a pas les descriptions détaillées des paysages, du ciel, des arbres, des nuages. Toutefois la narration elle-même est étrangement originale et puissante, car elle est une relique du paganisme pur et classique, et une telle survivance de la foi dans l’ancienne mythologie ne peut être égalée dans les transcriptions hellénistes des esthètes. Qu’une véritable croyance dans les divinités classiques ait pu survivre jusqu’à nos jours dans le domaine de la Papauté, est bien plus étonnant que le serait l’annonce de la découverte d’un mammouth vivant sur cette terre, car elle est le fait d’un phénomène humain. Je prédis qu’un jour viendra, dans pas si longtemps, où les savants seront surpris de constater à quel point les traditions antiques ont survécu dans le Nord de l’Italie, et l’indifférences qu’elles ont suscité, même chez les érudits. Il n’y a eu qu’un homme, et qui plus est, un étranger, pour collecter et préserver ces traditions.

Il est plus que probable qu’il y ait eu autant d’histoire de martyrs païens, qui furent obligés de renier leurs Dieux tels que Diane, Vénus, les Grâces ou d’autres, qui étaient adorées pour leur beauté, qu’il y en eut de chrétiens livrés aux lions. Car les païens aimaient leurs Dieux avec une sympathie humaine directe, sans mystification ou crainte, comme s’ils étaient des êtres de chair et de sang ; et beaucoup croyaient réellement en cela, c’était par exemple le cas quand une demoiselle qui avait fait un faux pas, en accusait un Dieu, un Faune, ou un Satyre, ce qui est vraiment touchant. Il y aurait beaucoup à dire pour ou contre les adorateurs des poupées, comme je l’ai entendu dire par une petite fille.


CHAPITRE XII - Tana la déesse de la Lune

L’histoire qui suit, qui apparaissait à l’origine dans les « Legends of Florence », que j’ai collecté dans le peuple, n’appartient pas à proprement parler à l’Evangile des Sorcières, et elle n’a pas vraiment à voir avec celle ci, mais malgré cela on ne peut pas totalement l’occulter, car elle concerne le même sujet. Diane y apparaît comme une simple déesse lunaire de la chasteté, et pas comme une sorcière. On me l’a racontée avec le nom de Fana, mais mon informatrice m’a laissé entendre qu’il pourrait s’agir de Tana ; elle n’en était pas sûre. Dans la mesure où Tana apparaît dans d’autres histoires, et que le sujet ne peut être que Diane, il n’y a pas trop de questions à se poser.

Tana, la Dea dela Luna

Tana était une jeune fille très belle mais très pauvre, et aussi modeste et pure qu’elle était belle et humble. Elle allait d’une Contadino à l’autre, ou de ferme en ferme pour travailler, et menait une vie honnête. Il y avait un jeune paltoquet, très laid, bestial et brutal, qui ne cessait de la harceler car il l’aimait, mais elle ne supportait pas son regard et repoussait ses avances.

Mais une nuit alors qu’elle s’en retournait seule de la ferme où elle avait travaillé, cet homme, qui s’était caché dans les fourrés, se jeta sur elle et cria : « Non mi’sfuggerai ; sara mia ! » - « tu ne peux fuir, tu m’appartiendras » Et, voyant qu’elle ne pouvait espérer de secours, car il n’y avait que la pleine lune qui les voyait depuis le ciel, Tana, désespérée, se laissa tomber à genoux et l’implora :

« Il n’y a personne sur terre pour m’aider

il n’y a que toi qui me voies sur cette route

c’est pourquoi je t’en supplie, ô Lune !

Autant tu es belle, tu es lumineuse,

Ton rayonnement couvre toute l’humanité

Aussi je t’en prie, illumine l’esprit

De ce pauvre être, qui voudrait me faire du mal,

Et qui ne reculerait même pas devant le pire.

Illumine son âme,

Afin qu’il me laisse en paix,

Et ensuite illumine mon chemin jusque chez moi »


A peine eut elle prononcé ces paroles qu’apparut une silhouette à la fois lumineuse et floue –una ombra bianca- qui lui dit :

« Relève toi, et rentre chez toi ! Cette grâce tu l’as amplement méritée,

Plus personne ne te fera de mal

Car tu es la plus vertueuse des femmes de cette terre

Tu seras une déesse

La Déesse de la Lune

Reine de tous les enchantements »


Et c’est ainsi que Tana devint Dea, ou l’esprit de la Lune.

Bien que l’origine en soit différente, c’est un poème mélodieux, et il ressemble au « goody Blake ans Harry Gill » de Wordsworth’s. Dans les deux cas Diane et la vieille femme sont surprises et terrifiées, et les deux s’adressent à un pouvoir supérieur :

« avec la froide Lune au-dessus de sa tête,

Goody priait à genoux ;

Le jeune Harry entendait ce qu’elle disait,

Et, glacé, il s’en retourna »

Le nœud dramatique de l’histoire est le même dans les deux cas. Dans la ballade anglaise le jeune mécréant est victime d’un froid intense ; la conteuse –sorcière italienne, plus sensible, ou plus sympathique pour son héroïne, laisse simplement le rustre de côté et déifie la jeune fille faisant d’elle une personnification de la Lune. La première histoire semble plus réaliste, la seconde plus poétique.

Et il est regrettable de remarquer, qu’une immense majorité des gens perçoivent, valorisent et ressentent la poésie grâce à ses mots, ou sa mise en forme, et ne ressentent pas la même chose quand le texte est présenté subjectivement, ou comme une pensée, et pas de façon versifiée. C’est une étrange constatation.

Prenez un passage d’un poète célèbre, recopiez le comme une simple prose, sans modifier son sens réel, si ce texte est toujours aussi émouvant que l’était la poésie alors il est de toute première qualité. Mais s’il a perdu toute sa beauté, il est de qualité inférieure ; car le meilleur ne peut se composer d’une simple association de mots vernissés, qu’il s’agisse de pensées ou de sentiments.

Nous ne nous sommes pas tellement éloignés du sujet qu’on pourrait le croire. En lisant et ressentant subjectivement ces textes sorciers que j’ai collectés, je suis souvent sidéré par le fait qu’ils sont pleins de poésie, surpassant largement les efforts des bardes modernes, et qui nécessite uniquement l’aide de quelques artistes du mot pour atteindre le plus haut niveau. Une preuve de ce que j’avance peut être trouvée dans le fait que, dans des poèmes aussi célèbres que « Finding of the Lyre » de James Russel Lowell, ou dans celui parlant de l’invention de la flûte de Pan, par Mrs Browning, les auteurs ont omis les meilleures parties du mythe original, parce qu’ils ne l’avaient soit pas remarqué, soit pas ressenti. Car dans le premier texte il n’est pas précisé que c’est le souffle du Dieu Air (qui était l’âme inspiratrice de la musique du passé, et le Bellaria de la mythologie sorcière moderne) dans les filaments séchés d'’ne tortue, qui amenèrent Hermes à penser à fabriquer un instrument avec lequel il créa la musique des spheres et guida la course des planètes. Concernant Mrs Browning, elle omet totalement le Syrinx, c’est à dire la voix de la nymphe, qui demeure toujours dans la flûte qui fut son corps.

A mon avis l’ancienne prose narrative est bien plus poetique et touchante, et bien plus emplie de beauté et de romantisme, que les versions bien rythmées, et régulières, mais si imparfaites de nos poêtes. Et effectivement, on trouve ce manque de perception ou d’intelligence peut être trouvé dans tous les poèmes « classiques », pas seulement ceux de Keats, mais presque tous les poètes qui se sont essayés à la mythologie grecque.

Tous les peintres ou les poètes peuvent traiter de la Grèce, mais s’ils prennent un sujet, particulièrement dans la tradition la plus profonde, et n’arrivent pas à percevoir son vrai sens et ne nous transmettent que quelque chose de simplement joli, mais qui n’est pas inspiré par le sens de l’original, on peut difficilement dire qu’ils ont bien fait leur travail. Je trouve que cette erreur n’apparaît pas dans les versions sorcières italiennes ou toscanes des anciennes fables : au contraire, elles ont assimilé, voire même élargi l’esprit antique. Ainsi ai je pu remarquer que dans certains cas la transmission orale populaire, même telle qu’elle existe aujourd’hui, préserve mieux le sens original que ne l’ont fait les écrivains latins.

Je voudrais aussi rappeler aux lecteurs littéraux que s’ils trouvent des fautes de grammaire, de syntaxe ou pire dans les textes italiens de ce livre, il ne faudra pas qu’ils l’attribuent uniquement à l’ignorance de l’auteur, mais bien plutôt à l’imparfaite éducation de la personne qui a collecté et enregistré ces textes. J’y ai pensé en voyant dans une librairie un exemplaire de mes « Legends of Florence » dans lequel une âme bien intentionnée avait pris la peine de corriger au crayon toutes les formules archaïques. Ce faisant il ou elle ressemblait à un lecteur cultivé de Boston, qui, dans un de mes livres avait trouvé que mes citations de Chaucer, Spenser et d’autres ressemblaient à du pur –ou de l’impur- Webster ; ceci parce qu’il croyait que j’étais extrèmement ignorant en matière d’orthographe. En ce qui concerne le fait d’écrire dans les livres et de les abîmer, eux qui appartiennent à la postérité, c’est un acte vulgaire et immoral, et montre le vrai visage de ces gens, bien plus qu’ils ne se l’imaginaient.

« seul un être qui serait au même niveau qu’un voleur

écrirait dans un livre ou lui arracherait une page,

car il est bien connu que cela est un vol,

de prendre des libertés avec ce qui ne nous appartient pas ».


CHAPITRE XIII - Diane et les enfants

« Alors Diane lui apparut comme une chasseresse,

l’arc à la main, et elle dit « sèche tes larmes ma fille, ! »

et la représentation disparut »

Chaucer –The Knight’s Tale


Il y a bien longtemps vivait à Florence une famille noble, mais si appauvrie que leurs « giorno di festa » ou jours de fêtes n’étaient que rares et très espacés.

Toutefois ils vivaient toujours dans leur Palais (qui se trouvait dans la rue aujourd’hui appelée La Via Citadella ) une belle construction ancienne, et bien qu’ils arrivassent à avoir toujours l’air digne, il y avait bien des jours où ils n’avaient rien à manger.

Le Palais était dans un grand jardin dans lequel se trouvait une statue de Diane, en marbre, la représentant comme une magnifique femme, accompagnée d’un chien qui avait l’air de courir. Elle tenait un arc à la main et son front était orné d’une petite lune. Le bruit courait qu’à la nuit tombée la statue prenait vie et se promenait, ne reprenant sa place que lorsque le soleil se levait et que la Lune se couchait.

Le père de famille avait deux enfants sages et intelligents,. Un jour ils rentrèrent, les bras chargés de fleurs qu’on leur avait offertes, et la fillette dit à son frère : « il faudrait en offrir quelques-unes unes à la femme à l’arc »

Alors ils déposèrent quelques fleurs aux pieds de la statue et ils tressèrent une couronne de fleurs que le garçon lui posa sur la tête.

A ce moment précis arriva le grand poète et magicien Virgile, qui savait tout sur les Dieux et les Elfes, et il leur dit en souriant : « vous avez fait votre don de fleurs à la déesse comme cela se faisait dans les temps anciens, il ne vous reste plus qu’à prononcer la prière comme il se doit, et ce sera ainsi[19] »

Et il leur fit répéter :

Invocation de Diane

Très chère Déesse de l’arc !

Très chère Déesse de la flèche !

Déesse de tous les chiens et de la chasse,

Qui veille dans les cieux étoilés,

Quand le soleil est allé se coucher,

Toi, avec la Lune sur ton front,

Qui préfère la chasse nocturne à la chasse diurne, Avec les nymphes, et au son du cor,

Toi, chasseresse toi-même

Et la plus puissante de tous ; je t’adresse cette prière,

Pense, ne serait ce qu’un court instant,

A nous qui te prions[20]

Puis Virgile leur enseigna également la Scongiurazione ou Conjuration qui doit être dite si l’on souhaite particulièrement beaucoup de bonheur.


Conjuration à Diane

« Resplendissante Déesse de l’arc en ciel,

des étoiles et de la Lune !

Puissante Reine

Des chasseurs et de la nuit !

Nous requérons ton aide

Et puisse tu nous apporter

Toute la joie du monde »


Et il ajouta la conclusion :


« si tu accordes ton attention à notre supplique,

et que tu nous donnes le bonheur,

Fais-nous un signe[21]

Et après qu’il leur eut apprit tout cela Virgile s’en alla. Les enfants coururent chez leurs parents, pour leur raconter ce qui venait de ses passer, et ceux ci leur firent promettre de ne rien raconter de cela à quiconque, Quelle ne fut leur surprise, le lendemain, de trouver aux pieds de la statue un cerf fraîchement tué, qui leur apporta de bons repas pendant plusieurs jours, et ils ne manquèrent plus jamais de gibier car la prière avait été prononcée correctement.

Dans leur voisinage vivait un prêtre, qui détestait tout ce qui n’appartenait pas à sa religion, et tout particulièrement l’adoration des anciens Dieux. Un jour qu’il passait près du jardin il vit la statue de Diane décorée de roses et d’autres fleurs. Plein de colère, il trouva dans la rue une tête de chou pourrie, qui traînait dans la boue, et il la jeta à la tête de la Déesse en disant :

« hors de ma vue, vil objet d’idolâtrie,

voici l’hommage que tu auras de ma part,

et que le diable s’occupe du reste »

Alors le prêtre entendit une voix qui venait d‘entre les feuilles et qui disait :

« Qu’il en soit ainsi ! Je te préviens,

Toi qui m’as apporté une offrande,

Que je te rapporterai quelque chose de ma chasse,

Demain tu auras ta part »

Toute la nuit le prêtre fit des rêves horribles, et quand enfin, peu avant 3 heures il s’endormit, il fut tiré de ce sommeil par un cauchemar dans lequel il lui semblait sentir quelque chose de lourd sur sa poitrine. Et en vérité quelque chose tomba de lui et roula par terre. Et quand il sortit de son lit et se baissa pour regarder la chose dans la lueur de la Lune, il vit qu’il s’agissait d’une tête humaine, à moitié décomposée.[22]

Un autre prêtre, entendant son cri d’horreur, entra dans la chambre, et après avoir jeté un coup d’œil à la tête, dit « je connais ce visage ! C’est celle d’un homme que j’ai confessé et qui a été décapité il y a trois mois à Sienne »

Et trois jours plus tard le prêtre qui avait manqué de respect à Diane mourut.

Cette histoire ne m’a pas été présentée comme faisant partie de l’Evangile des sorcières, mais plutôt comme une partie d’une grande série d’histoires présentant Virgile comme un magicien. Mais elle a toutefois sa place dans ce livre, car elle contient l’invocation et la conjuration de Diane, qui sont particulièrement belles et originales. Quand on se souvient que ces hymnes ont été préservés par des vieilles femmes, et sans aucun doute transformées lors de chaque transmission, il est merveilleux de voir qu’il reste tant de beauté dans ce texte, comme par exemple :

« Très chère Déesse de l’arc !

très chère Déesse de la flèche !

toi qui es dans le ciel étoilé »


Robert Browning est un grand auteur, mais si on compare tous les textes italiens au sujet de Diane, avec ce qu’il a écrit de remarquable sur Diane-Artemis, les critiques impartiaux devront bien admettre que les premiers sont aussi beaux que celui qui suit et qui est l’œuvre de Browning :

« Je suis une Déesse de la cour d’Ambroisie (l’Olympe)

et, à part Héra, la plus fière de toutes les Reines,

personne n’est au-dessus de moi,

dont le temple éclaire le monde ;

A travers le ciel je pousse ma lune lumineuse,

Dans les enfers j’apporte la paix à mes pâles amis,

Sur terre je veille sur toutes les créatures

Et me soucie de chaque louve jaune prégnante,

Et de chaque renarde pelée

Et de la mère ailée de chaque nichée

Et de tous ceux qui aiment les endroits verts et leur solitude »


Ceci est charmant, mais c’est uniquement une imitation, qui n’égale ni en forme ni en esprit les incantations, qui sont sincères dans leur foi. Et on peut malheureusement constater ici, et c’est vrai, que dans leur manipulation moderne de sujets classiques mythiques, les auteurs ont, malgré tout leur génie artistique, produit des travaux rococo qui apparaîtront comme tels à une autre génération, simplement parce qu’ils ont oublié, ou ignoré, quelque chose de vital que les folckloristes n’auraient probablement pas perdu. J’ai vu une peinture d’Achille à qui on avait mis une perruque style Louis XIV et un cimetère turc, et il eut été bon que le peintre soit un peu plus familiarisé avec les vêtements et les armes grecs.


CHAPITRE XIV - Les messagers kobolt de Diane et Mercure

L’histoire qui suit ne m’a pas été transmise comme faisant partie de l’évangile des sorcières, mais dans la mesure où on y parle de Diane, et où Diane et Apollon sont présentés ici sous une autre forme, je l’inclus tout de même.

Il y a de nombreux siècles, vivait un « folletto », Kobolt ou Esprit, ou Démon, Ange –chi sa ?- qui pourrait le dire ?- et Mercure, le Dieu de la Rapidité, à qui le petit être plaisait bien, lui donna le pouvoir de courir aussi vite que le vent, et le privilège de pouvoir doubler quoi que ce soit derrière quoi il serait en tain de courir, que ce soit un être humain, un esprit ou un animal.

Ce folletto avait une très belle sœur, qui, comme lui plaisait beaucoup, mais aux Dieux, aux Déesses (pour chaque Dieu existait une Déesse, même dans le cas des esprits inférieurs) ; et, le même jour, Diane donna à cet elfe le pouvoir de pouvoir semer qui que ce soit qui la poursuivrait.

Un jour le frère vit sa sœur traverser le ciel à la vitesse d’un éclair, et ressentit l’envie incoercible de la doubler. Et ainsi se mit il à la poursuivre quand elle passa devant lui ; mais, tout comme son destin à lui était de la rattraper, son destin à elle était de ne pas être rattrapée, et ainsi se trouvèrent confrontés les vouloirs de deux Dieux puissants. Et ainsi les deux coururent infatigablement autour du bord du ciel, et au début cela fit hurler de rire les Dieux, mais quand ils connurent le fin mot de l’histoire, ils reprirent leur sérieux et se demandèrent comme tout cela allait finir.

Alors Dieu le Père parla :

« voyez la terre qui est dans l’ombre et la nuit ! Je vais transformer la sœur en Lune et le frère en Soleil. Ainsi lui échappera-t-elle éternellement, mais avec sa lumière il la rattrapera toujours, qui du lointain l’éclairer ; car les rayons du soleil sont ses mains, qui comme des griffes brulantes cherchent au loin, mais elle leur échappera. «

Et ainsi il fut décidé que cette course recommencerait chaque premier jour du mois, quand la lune froide est couverte avec autant de manteaux qu’un oignon l’est de peaux. Mais pendant la course la Lune se réchauffe et jette un vêtement après l’autre, jusqu’à être nue et s’arrêter, puis, aussitôt qu’elle sera rhabillée la course recommencera.

Comme les nuages de la tempête se morcellent en gouttes brillantes, ainsi les grands mythes du passé deviennent de petites histoires, et, tout comme les gouttes se réunissent « en rivière ou su l’étang » comme le disait Villon, ainsi les petits mythes se reforment à partir de ces eaux qui sont tombées. Dans cette histoire nous retrouvons celle du chien fait par Vulcain, et du loup – Jupiter avait réglé le problème en les pétrifiant – comme vous pouvez le lire dans Julius Pollux, son cinquième livre, ou dans n’importe quel autre traitant du thème de la mythologie.

« is canis fuit postea a Jove in lapidem conversus »

« le chien de chasse, comme chacun sait,

fut transformé en pierre par Jupiter »

Il est étonnant de voir que dans cette histoire la Lune est comparée à un oignon.

« L’oignon, disait Friedrich (Symbolik der Natur, P. 348), du fait de ses nombreuses peaux, était devenu chez les Egyptiens, l’emblème et le hiéroglyphe de la Lune polymorphe, dont les différentes phases sont nettement visibles dans une coupe verticale du bulbe, et dont la croissance et le déclin correspondent à ceux de l’astre. C’est pourquoi on l’a dédicacé à Isis, Déesse de la Lune » Et c’est pour cela que l’oignon était sacré, comme s’il portait la déité en lui ; C’est aussi de là que vient la remarque de Juvenal, qui dit que les Egyptiens étaient bien heureux de voir les Dieux pousser dans leur jardin.


CHAPITRE XV - Laverna

L’histoire qui suit, avec son incantation, n’était pas dans le texte du Vangelo, mais il appartient de toute évidence à une série de légende en rapport avec lui. Diane y est décrétée protectrice de toute chose, qui vivent la nuit, de préférence les voleurs.

Et Laverna, comme il est dit dans Horace (épître 16,1) et Plautus, était la protectrice des voleurs et des voyous. Dans cette histoire elle apparaît comme une sorcière et une humoriste.

L’histoire me fut remise comme une tradition de Virgile, qui est souvent présenté comme familier des domaines du merveilleux et de l’art de la magie.

Il arriva que Virgile qui n’ignorait rien de tout ce qui touchait à la magie, et qui était lui-même écrivain et magicien, entendit un discours assez vide de sens, tenu par un orateur célèbre, et on lui demanda ce qu’il en avait pensé. Et il répondit :

« il me semble impossible de vous dire s’il s’agissait là d’une introduction ou d’une conclusion ; en tout cas il n’y avait pas de corps à ce discours. C’était comme certains poissons dont on ne sait pas s’ils sont faits entièrement de tête, ou entièrement de queue ; ou bien la Déesse Laverna, dont on n’a jamais su si elle n’était que tête, ou que corps, ou aucun des deux, voire les deux »

Alors l’Empereur voulut savoir qui était cette déité, dont il n’avait jamais entendu parler. Et virgil répondit :

« Parmi les Dieux et les Esprits des temps anciens –qu’ils nous soient favorables ! Parmi eux était une femme qui était la plus rusée et la plus polissonne d’entre eux tous. Elle s’appelait Laverna. Elle était une voleuse, assez peu connue des autres déités, qui étaient honnêtes et dignes, car elle était rarement au ciel ou dans le pays des fées.

« Elle était toujours sur terre, parmi les voleurs, les pickpockets, elle vivait dans l’obscurité. Il arriva un jour qu’elle apparaisse à un mortel, un prêtre, sous forme d’une très belle prêtresse (d’une Déesse quelconque) et elle lui dit :

« Tu possèdes un terrain que je souhaite acheter. Je souhaite y ériger un temple à (notre) Dieu. Je te jure sur mon corps, de te payer dans moins d’un an »

Et le prêtre lui céda le terrain.

En peu de temps Laverna eut vendu toute la récolte, le grain, le bétail, le bois et la volaille. Ce qui restait ne valait plus un liard.

Et le jour du paiement il n’y avait pas trace de Laverna. La chère Déesse était loin et avait laissé son créancier planté là.

Dans le même temps Laverna alla voir un grand Seigneur et lui acheta un château, meublé richement, et entouré de riches terrains.

Cette fois elle jura sur sa tête de payer dans les six mois.

Et comme elle l’avait fait avec le prêtre, elle vola et vendit chaque meuble, animal, homme et souris du château, ce qui resta à la fin n’aurait même pas suffit à rassasier une mouche. Quand le prêtre et le Seigneur eurent compris à qui ils avaient eu à faire, ils s’adressèrent aux Dieux et se plaignirent d’avoir été dupés par une Déesse.

Et bientôt tous surent qu’il s’agissait de Laverna, c’est pourquoi elle fut jugée par tous les Dieux.

Quand il lui fut demandé ce qu’elle avait fait des biens du prêtre, auquel elle avait juré sur son corps de payer dans les temps (et d’ailleurs, pourquoi avait elle renié sa parole ?)

Elle répondit d’une étrange manière, qui les étonna tous, elle fit disparaître son corps, de sorte que seule sa tête restât visible, et celle ci cria

« Regardez-moi ! j’ai juré sur mon corps, mais je n’ai pas de corps »

Alors les Dieux rirent.

Après le prêtre ce fut le tour du Seigneur qui avait aussi été lésé par elle et à qui elle avait fait serment sur sa tête. Et en guise réponse elle montra sans honte, à tous, son corps, qu’elle avait fort beau, mais qui n’avait pas de tête, et une voix, venant d’au-dessus de son cou, parla :

« Regardez-moi, car je suis Laverna, qui veut se défendre des accusations du Seigneur, qui jure que je suis fautive envers lui, et que je n’ai pas payé mes dettes, bien que le délai soit passé depuis longtemps, et que je suis une voleuse, car j’ai fait serment sur ma tête – mais, comme vous le voyez tous, je n’ai pas de tête, et par conséquent je n’ai jamais pu faire un tel serment»

Et ce fut alors un tonnerre de rires parmi les Dieux, qui prièrent la tête de rejoindre le corps, et demandèrent instamment à Laverna de payer ses dettes, ce qu’elle fit.

Alors Jupiter prit la parole et dit :

« Nous avons là une espiègle déesse sans devoirs (et sans croyants) alors que Rome est pleine de voleurs, d’escrocs, de faussaires et de marauds –ladri, bindolini, truffatori e scrocconi- qui tous vivent de mauvaises actions. Tout ce petit peuple n’a ni église, ni Dieu et c’est une honte, car même les pires des démons ont un maître, Satan, comme chef suprême de leur famille. Je propose donc que Laverna, à l’avenir, soit la Déesse des escrocs et des vendeurs malhonnêtes, et également de toute la lie de la race humaine, qui jusqu’à présent n’avaient ni Dieu ni Démon, car ils n’intéressaient ni l’un ni l’autre.

C’est ainsi que son rôle échut à Laverna.

Si quelqu’un avait un projet malhonnête, il se rendait dans son temple et priait Laverna, qui lui apparaissait sous forme de tête de femme. Si toutefois il avait mal accompli son forfait, il ne voyait que son corps quand il la priait à nouveau ; et s’il avait été malin, il la voyait tout en entier, tête et corps.

Laverna n’était pas plus chaste qu’honnête, et avait beaucoup d’amants et d’enfants. Il se disait qu’elle regrettait souvent sa vie et ses fautes, car au fond d’elle-même elle n’était pas mauvaise. Mais, quoi qu’elle fasse elle n’arrivait pas à s’améliorer, car sa passion était trop profondément ancrée en elle. S’il arrivait qu’un homme ait engrossé une femme, ou si telle jeune fille était enceinte, et qu’elle voulait le cacher au monde et échapper au scandale, elles priaient Laverna chaque jour[23]

Quand arrivait le moment de la délivrance, Laverna les emportait nuitamment dans son temple, et après la naissance les replongeait dans le sommeil et les reconduisait dans leur lit, chez elles. Et au réveil, le matin, tout ne leur semblait avoir été qu’un rêve.[24]

Laverna était bonne et indulgente envers celles qui, après un temps, souhaitaient reprendre leur enfant, s’ils menaient une vie qui lui convenait, et s’ils la priaient ardemment.

Et voici la cérémonie, qui doit être accomplie, et la prière qui doit être adressée à Laverna chaque nuit.

Il doit y avoir un endroit précis dévoué à la Déesse, une chambre, une cave, une grotte, mais en tout cas un endroit isolé.

Il faut alors prendre une table de la taille de 40 cartes à jouer mises étroitement les unes à côté des autres, elle sera cachée dans l’endroit prévu et il faudra se rendre là bas durant la nuit.

Prendre 40 cartes et les poser sur la table, comme un tapis ou une nappe.

Prendre les herbes « paura » et « concordia » et les faire cuire ensemble. Pendant ce temps répéter ce qui suit :

Invocation

Je cuis un bouquet de concordia

Pour être en paix et en harmonie avec Laverna

Pour qu’elle veuille bien me rendre mon enfant,

Et que sa bonté protège ma vie de tous les dangers !

Je cuis cette herbe, et pourtant ce n’est pas elle que je cuis

Je cuis la peur,[25]

Pour tenir éloigné tout intrus, et s’il devait en venir un

(qui espionnerait mon rituel) qu’il soit frappé

de terreur et qu’il s’enfuie ![26]

Après que ceci ait été dit, mettre les herbes bouillies dans une bouteille, étaler les cartes sur la table une par une et dire :

Invocation

Devant moi j’étale à présent 40 cartes

Mais ce ne sont pas 40 cartes

Que j’étale maintenant

Ce sont 40 Dieux

Supérieurs à Laverna,

Et que tous prennent l’aspect de volcans brûlants,

Jusqu’à ce que Laverna vienne et me rende mon enfant ;

Et tant que cela ne sera pas, qu’ils crachent

Des flammes de feu, et qu’ils crachent des charbons ardents

Par leurs nez, leurs bouches et leurs oreilles (jusqu’à ce qu’elle cède)

Qu’alors ils laissent Laverna en paix,

Libre de prendre ses enfants dans ses bras comme elle le souhaite »


« Laverna était la déesse romaine des voleurs, des escrocs, des plagiaires, des hypocrites. Dans les environs de Rome il y avait un temple dans une grotte, où les voleurs partageaient leur butin. Il s’y trouvait une statue de la déesse. Selon certains c’était une tête sans corps, selon d’autres c’était un corps sans tête, mais l’adjectif de « magnifique » que lui a appliqué Horace, indique que celle qui fournissait des déguisements à ceux qui l’invoquaient, s’en était gardé un pour elle »

Elle était invoquée en silence. Ceci est confirmé par quelques lignes d’Horace (épître 16,I) dans lesquelles un imposteur « bougeant à peine les lèvres » répète la prière suivante :

« ô déesse Laverna,

offre moi l’art du mensonge et de la tricherie,

fais en sorte que les gens croient que je suis droit,

saint et innocent ! Cache dans l’obscurité

la plus profonde, toutes mes exactions ! »

Il est intéressant de comparer cette invocation avec celle qui précédait. Les basses couches de la société connaissaient bien Laverna, et chez Plautus, un cuisinier, à qui on a volé ses outils de travail, l’appelle afin qu’elle le venge.

J’appelle particulièrement votre attention sur le fait que, comme dans de nombreuses incantations italiennes, la déité est menacée, que ce soit Laverna ou Diane elle-même, des pires tourments par un pouvoir supérieur tant qu’elle n’aura pas exaucé le vœu de celui qui la prie. Ceci est classique, que ce soit chez les greco romains ou les orientaux, où le magicien ne se contente pas de s’en remettre au bon plaisir, ou à l’aide de Dieu ou de Satan, mais utilise tous les moyens à sa disposition pour obtenir ce qu’il veut. Je mentionne ceci car un critique m’a reproché d’exagérer le point auquel le culte du diable –introduit par l’église depuis 1500- est déficient en Italie.

Mais en fait, parmi les sorcières de haut rang, ou dans leurs traditions, on n’en trouve pratiquement aucune trace. Dans le culte de Satan chrétien, la sorcière n’osera jamais menacer Satan ou Dieu, ou la Sainte trinité, ou les Anges, car tout le système est basé sur le concept d’une Eglise et de l’obéissance.

L’herbe « concordia » tient sans doute son nom de la Déesse Concordia, qui était représentée, tenant une branche. Cette plante joue un grand rôle dans la sorcellerie, après la verveine et la rue.


APPENDICE

Commentaires au sujet du texte précédent NDLT : j’ai volontairement résumé certaines phrases lorsque l’auteur se perdait en considérations dont j’estimais qu’elles n’apportaient rien à l’histoire.

Ce n’est qu’en 1886 que j’ai eu connaissance du manuscrit dans lequel était notées les bases de la sorcellerie italienne, et qu’il me fut promis que j’en aurai connaissance. Pendant un temps je fus déçu. Mais après que j’eus relancé Maddalena, mon indicatrice, j’obtins d’elle, le 1er janvier 1897, le manuscrit intitulé « Aradia, ou l’évangile des sorcières »

Il faut tenir compte du fait que tous les points essentiels, comme par exemple le fait que Diane est la Reine des sorcières, qu’elle est liée à Herodia (Aradia), qu’elle a eu un enfant de son frère le soleil (ici Lucifer), que la Déesse de la Lune est en relation avec Cain, qui vit dans la Lune, et que les sorcières autrefois étaient opprimées par la noblesse féodale, qu’elles cherchaient à se venger à tout prix, qu’elles s’adonnaient à des orgies au nom de Diane, qu’elles étaient considérées comme suppôts de Satan – tout cela, je le répète, m’a été transmis, fragmentairement par Maddalena (et d’autres autorités dans ce domaine). Je m’attendais à tout cela, mais pas à toute la partie sous forme de poésies. C’était plus qu’étonnant et surtout très intéressant, dans la mesure où ces textes étaient passés de Sorcières en sorcières depuis fort longtemps et contenaient par ce fait de très anciennes reliques de l’évangile.

Aradia et Herodia ne sont de toute évidence qu’une seule personne, qui au début est associée à Diane comme chef des sorcières. Je ne pense pas que cela ait à voir avec l’Hérode de la Bible, mais bien plutôt avec une continuation de Lilith, qui portait le même nom. Cela représente une identification ou une gemelisation des déesses du ciel arienne et sémite. Au sixième siècle la vénération de Hérodia et Diane par les sorcières était condamnée par le concile à Ancrya. Pipernus et d’autres auteurs ont noté l’évidente identité de Herodia et de Lilith. Isis les a précédées toutes deux.

Dans ce texte Diane est la Déesse des athées et de ceux abandonnés de Dieu. Dans l’ancienne Rome, et encore aujourd’hui en Inde, on considérait que nul être ne pouvait être suffisamment mauvais pour ne pas mériter la protection des Dieux. On peut ajouter que parmi les libres penseurs, les parias éduqués, il y a une tendance à croire que les fautes de l’humanité sont plutôt dues à des raisons contre lesquelles nous ne pouvons lutter, des raisons innées dues à notre naissance, nous naissons avec des péchés dont nous ne pourrons nous défaire (d’où le dicton qui dit que « tout savoir veut dire tout pardonner » qui n’est vrai qu’à 90 pour cent, car nous sommes responsables de 10 pour cent de nos fautes) Jusqu’au XIIIème siècle on croyait que ce qu’il y avait de pire dans l’homme venait uniquement des abus et de la tyrannie de l’Eglise et de l’Etat.

Car durant toute leur vie la majorité des gens vivaient dans l’injustice, aucune loi ne protégeait les faibles.

C’est sans doute de là que viennent les invocations à Diane comme protectrice car les supposées adorations de Satan ne furent qu’une invention postérieure de l’Eglise, et, jusqu’à nos jours, elles n’ont jamais trouvé leur place dans la sorcellerie italienne. C’est à dire que la sorcellerie sataniste n’existait pratiquement pas jusqu’au XVème siècle quand elle a été inventée, il faut bien le dire, par Rome pour avoir un argument permettant d’anéantir les croyances hérétiques venant d’Allemagne.

L’Homme ne se rend véritablement compte de son état de misère que lorsqu’il entrevoit un possible changement à l’horizon. Dans les temps anciens les esclaves supportaient leur misère car ils pensaient être nés pour cela. Etrangement les historiens ne semblent pas avoir remarqué que la souffrance de la majorité des Hommes, des esclaves et des pauvres, était bien plus grande aux débuts du christianisme, ou vers la fin du Moyen Age, quand on a émancipé les serfs, qu’elle ne l’était avant cela. La raison en est que dans les temps anciens du paganisme les gens de peu ne pouvaient même pas imaginer que pour Dieu chaque être humain a la même valeur, ou que eux aussi avaient des droits. En fait toute la tendance morale du Nouveau Testament est une opposition à l’esclavage ou à la servitude.

Chaque mot sur l’amour et le pardon du Christ, sur l’humilité et la charité, était en fait un reproche, non seulement pour chaque Seigneur mais aussi pour l’Eglise elle même et pour ses arrogants prélats.

Globalement l’Homme souffrait donc plus qu’avant, et la principale raison en est ce sentiment nouveau de « droits ». Et cela était aggravé encore par les interminables prêches qui disaient au peuple qu’il était de son devoir de souffrir, et de supporter l’oppression et la tyrannie. En soutenant le pouvoir de la Noblesse, l’Eglise garantissait aussi le sien.

Le résultat en fut qu’un grand nombre de gens se tourna vers la sorcellerie comme religion, et vers les magiciens comme prêtres. Ils se réunissaient secrètement, dans des endroits isolés, parmi de vieilles ruines dont les prêtres disaient qu’elles étaient hantées par des esprits malins, ou dans les montagnes. Encore aujourd’hui on trouve en Italie des clairières, entourées de forêts de châtaignés, de rochers, de murs, qui sont des endroits idéaux pour des sabbats et donc on dit que c’est à cela qu’elles servaient. Je pense que dans l’Evangile des Sorcières nous avons un bon exemple de ce qui pouvait se passer à ces réunions. Ils adoraient des déités interdites et pratiquaient des rites interdits, autant pour se rebeller contre la Société que par passion. Dans l’Evangile des sorcières il est toutefois fait une distinction entre ceux qui sont nés mauvais et ceux qui sont opprimés. (« car tu ne devras jamais devenir comme la fille de Cain, ni comme cette race que la souffrance a rendue mauvaise…. »)

Le repas des sorcières, le gâteau de farine, de sel et de miel en forme de Lune montante est connu de tous les érudits. Les gâteaux en forme de Lune ou de cornes sont toujours très répandus.

Dans la sorcellerie moderne il arrive même qu’on en appelle aux vers de terre car ils vivent près des mystères obscurs, et la flûte d’un berger doit rester enterrée 3 jours pour être investie du pouvoir d’Orphée. Et ainsi, en Sorcellerie, tout n’est qu’une question de Poésie sauvage, basée sur des symboles qui s’équilibrent : lumière et ténébres, luciole et grain, vie et mort.

Etrange également est la façon dont on traite Diane, au cas où elle n’accéderait pas à nos désirs. C’est assez récurant dans les charmes et les exorcismes sorciers. Le magicien ou la sorcière requiert quelque chose de la déité, mais s’arroge le droit, de menacer également même la Reine de la Terre, du Ciel et des Enfers « donne moi ce que je veux, et je t’honorerai, refuse et je te ferai souffrir à jamais » Dans l’ancien enseignement sorcier italien, c’est « tout ou rien », et le requérant possède un pouvoir illimité.

La croyance ancestrale dans le pouvoir de la pierre trouée n’appelle pas de commentaires de ma part. Mais on remarquera que la sorcière sort très tôt le matin pour cueillir la verveine. Or, les vieux mages persans, ou plutôt leurs filles, honoraient le soleil levant et secouant de la verveine fraîchement cueillie, celle ci étant l’une des 7 plantes les plus puissantes en magie. Les prêtresses étaient nues ce faisant, la nudité étant symbole de vérité et de sincérité.

L’extinction des feux, la nudité et l’orgie devinrent des symboles du corps couché dans la terre, du grain que l’on avait planté, ou de l’entrée dans la nuit et la mort, pour renaître sous une autre forme, renaissance et lumière. C’était une manière de s’évader du quotidien.

L’évangile des sorcières tel que je l’ai transmis, n’est en réalité que l’introduction d’un ensemble de cérémonies, cantiques de sorcières, incantations ou traditions relatives à la fraternité ou la sororité, qui pourront être trouvées dans mon « Etruscan Roman Remains and Florentine Legends »

(…)

Le chapitre étrange et mystique « comment Diane a fait les étoiles et la pluie » est le même que celui qu’on trouve dans les Legends of Florence, mais plutôt développé comme une étude cosmo-mythologique. Ceci appelle une réflexion qui est peut être la plus remarquable qu’éveille l’Evangile des Sorcières. Dans toutes les autres écritures de l’humanité, c’est un mâle, Jehovah, Bouddha ou Brahma, qui crée l’univers. Chez les sorcières c’est une femme.

Quand dans l’histoire il y a une période de rébellion intellectuelle contre le conservatisme, la hiérarchie et ainsi de suite, il y a un effort pour considérer les femmes comme l’égale de l’homme, donc, comme étant le sexe fort.

L’égalité des femmes était un sujet prédominent dans l’extraordinaire guerre des éléments, les étranges écoles de sorcellerie, le Neo platonisme, la cabale, l’hérésie à la chrétienté, le gnostisme, la magie persane et le dualisme, avec des relents de théologie de la Grèce et de l’Egypte ancienne, des 3ème et 4ème siècles à Alexandrie, et dans la Maison de la Lumière au Caire au 9ème siècle. C’était alors Sophia ou Hélène, la libérée, qui incarnaient le Christ dont la mission était de sauver l’humanité.

Le sujet fut de nouveau d’actualité lorsque les templiers crurent pouvoir maîtriser l’Eglise et le Monde. Durant le Moyen Age, et jusqu’aux grands bouleversements qui inspirèrent les huguenots en France, les Jansenistes et les Anabaptistes, la femme fut mise en avant et joua un rôle plus important qu’elle ne le faisait dans la vie sociale ou la politique. C’est également le cas dans le cercle spirite fondé par les sœurs Fox à Rochester, New York, et cela se manifeste de diverses manières en cette fin de siècle, comme si la femme était un poisson qui ne se laisserait voir que dans les eaux troubles.

Il faut se souvenir que dans ces périodes révolues, la grande majorité de l’humanité, opprimée par l’Eglise et l’Etat, ne se manifestait que dans de telles périodes de rébellion contre les idées reçues. Et à chaque rébellion l’humanité, et particulièrement les femmes, étaient gagnantes concernant leurs dus et leurs droits.

Car, comme chaque inondation qui noie les champs, les rend ainsi plus fertiles, ainsi chaque révolution, aussi effrayante et choquante qu’elle soit sur le moment, apporte quelque chose de positif au Monde.

Les femmes émancipées, les militantes, considèrent que l’homme est limité, alors que la femme ne ferait que progresser. Dans le temps passé c’était une autre opinion qui prévalait, et toutes deux semblent être fausses, concernant l’avenir.

Car, en vérité, les deux sexes progressent, et dans ce cas on ne parle pas de conflit entre homme et femme, comme on le fait dans Mahabarata, mais de progression graduelle des réelles capacités et possibilités d’adaptation ou de coordination du pouvoir, en faisant ainsi tout conflit devrait cesser.

Es réflexions sont particulièrement adaptées à mon texte, et mon thème, car c’est en étudiant les périodes où les femmes se sont rendues influentes, que nous apprenons ce que sont réellement les capacités du sexe féminin. Ainsi la Sorcellerie, telle qu’elle fut, est un chapitre aussi intéressant qu’un autre. Car la Sorcière était un facteur important dans la rébellion sociale, et jusqu’à aujourd’hui il est de notoriété publique que les femmes sont inquiétantes, mystérieuses, et incompréhensibles, ce qu’elles-mêmes, pas plus que les hommes, ne peuvent expliquer.

« en chaque femme sommeille une sorcière »

Nous avons banni le manche à balai, le chat et les miracles, le sabbat et les pactes avec le Diable, mais le mystère est toujours aussi grand. Nul être vivant ne sait où tout cela va nous mener. La magie de l’amour, et la joie procurée par la beauté ne se trouvent elles pas dans les mystères et miracles de la nature et dans les forces magiques ?

Pour quiconque s’intéresserait au thème des influences et des capacités des femmes, cet Evangile des Sorcières donne des indications primordiales, qu’il y a eu des penseurs qui considéraient que la Création était le fait d’un développement féminin, ou d’une parthénogenèse, d’où le principe masculin serait né. Lucifer, ou la Lumière, était caché dans les ténèbres de Diane, comme la chaleur est cachée dans la glace. Même le Messie de cette doctrine est une femme : ARADIA, bien que les deux, mère et fille, soient confondues, et dans certaines histoires, mêlées, comme Jahveh l’est avec Elohim.

Reste à dire que les réunions en tenue d’Adam et d’Eve, telles que décrites dans l’Evangile des Sorcières ne sont plus très courantes parmi les jeunes et les vieilles sorcières, et les vénérables magiciens, aujourd’hui. Tout au moins pas à ma connaissance en Italie du nord et du Centre. Toutefois, parmi les roués, les viveurs et les filles faciles de Florence ou Milan, de telles assemblées sont appelées Balli angelici ou bals des anges. Ils sont loin d’être inconnus dans les grandes villes de ce monde. Il y a quelques années un journal du dimanche d’une ville américaine a publié un article détaillé sur le sujet, qui laissait entendre qu’on ne regrettait pas d’y aller, ce qui m’a été confirmé par des hommes qui connaissent le sujet.

Un point important, si on compare mon texte avec d’autres, d’Ovide ou de mythologistes, est que cette tradition italienne renferme beaucoup de restes du folklore latin ou étrusque, il y a probablement des poèmes entiers, des contes et des invocations qui se sont transmis depuis très très longtemps oralement. Que les sorcières soient aujourd’hui encore une société secrète, ou une secte, appelée la « vieille religion », que des villages entiers dans la région de Rome soient païens, et qu’ils ne soient pratiquement dirigés que par les Setti mani ou « enfants des sept mois » peut être lu dans le roman du même nom, et dans divers magazines, ou bien alors on peut me croire, tout simplement. L’existence d’une religion suppose une trace écrite, et dans ce cas on peut admettre que l’Evangile des Sorcières est réellement une très vieille œuvre. Il devient évident que les femmes se sont transmis oralement des chapitres entiers de mots et de phrases que parfois elles ne comprenaient pas tout à fait, mais qu’elles avaient entendu, et appris. Il ne fait pas de doute que cet évangile est la traduction d’un très ancien texte latin. Parmi les parias indiens il y avait des érudits qui savaient manier la plume, il en est de même parmi les nombreux adorateurs de Diane et de la Lune.

D’ici quelques années, cher lecteur, tout ceci sera balayé d’Italie par les journaux et les trains, comme un nuage est balayé par une tempête. Les vieilles traditions disparaissent à une telle vitesse qu’on m’a assuré, et je le crois, que tout ce que j’ai collecté ces 10 dernières années ne pourrait plus l’être aujourd’hui, car cela n’existerait tout simplement plus, sauf dans la mémoire de rares vieux magiciens, qui disparaissent chaque jour sans laisser de traces.

(…)

Depuis que j’ai écris les chapitres précédents, j’ai reçu « Naples in the Nineties » de E. Neville Rolfe, B.A. Ce qui pourrait intéresser mes lecteurs dans cet ouvrage est la concordance que fait Rolfe entre Diane et la sorcellerie, et à quel point ses attributs devinrent ceux de la Vierge Marie. M. Rolfe parle de la clé, de rue et de la verveine comme symboles de Diane ; pour tout cela j’ai des incantations, apparemment très anciennes, qui les identifient à Diane. J’ai souvent trouvé de la rue dans les maisons de Florence, et il m’en fut donnée comme si cela était une faveur toute particulière. Elle est toujours cachée dans un coin sombre, car si on en prend cela équivaut à prendre du bonheur.

La grenouille de bronze était un symbole de Diane, d’où la phrase « celui qui aime une grenouille la prend pour Diane » Jusqu’il y a peu de temps on en faisait des amulettes. J’en ai une qui me sert de presse papier. Il existe également une invocation à la grenouille.

Ainsi M. Rolfe confirme sans le savoir tout ce que j’ai dit, à savoir que les magiciens en Italie représentent un genre à part, et qu’à Naples et en Sicile ils ont toujours un grand pouvoir, qu’ils possèdent des documents magiques très rares, et des cartes cabalistiques, qui sont probablement venus de Malte.

Ce serait une grande joie pour moi si quiconque aura cet évangile entre les mains et qui aurait des informations confirmant tout ce qui précède, pouvait me le faire savoir, ou publier ce qu’il sait, afin que tout ce savoir ne soit pas perdu à jamais.

Les enfants de Diane, ou comment naquirent les fées Toute chose fut faite par Diane, les grands esprits des étoiles, les hommes, les géants, les nains qui creusent les rochers, et qui, une fois par mois, l’honorent avec des gâteaux. Il y avait une fois un jeune homme, très pauvre, sans parents, mais d’une grande bonté. Une nuit qu’il était assis dans un endroit isolé, mais tout à fait magnifique, il vit mille petites fées qui dansaient dans la lueur de la pleine lune. «J ‘aimerais être comme vous, ô fées » dit il « libre de toute contrainte, n’ayant pas besoin de manger. Mais qui êtes vous en vérité ? »

« nous sommes des rayons de Lune, les enfants de Diane, répondit l’une d’elle

« Nous sommes les enfants de la Lune,

nés d’une lumière brillante,

quand la Lune envoie ses rayons,

ils prennent la forme d’une fée »

« Et tu es l’un de nous car tu es né quand la Lune de notre mère Diane était pleine.

Oui, toi, notre frère, notre semblable, tu fais partie de notre clan »

« et quand tu es affamé et pauvre, et que tu souhaiterais avoir de l’argent en poche,

alors pense à la Lune, à Diane, sous laquelle tu es né, et répète ces mots :

Lune, merveilleuse Lune !

Plus brillante que les étoiles,

Lune, ô Lune, si c’est possible,

Apporte-moi le bonheur

« et si tu as de l’argent en poche, il se verra doublé

car les enfants qui sont nés à la pleine Lune, sont les fils et les filles de la Lune,

surtout s’ils sont nés un dimanche de marée haute »

Pleine Lune, marée haute

Grand homme tu seras


Le jeune homme qui n’avait qu’un paolo dans la poche (5 centimes romains) toucha l’argent et dit :


« Lune, Lune, merveilleuse Lune

pour toujours ma Lune adorée ! »

Et ainsi le jeune homme qui voulait devenir riche acheta et vendit, et gagna de l’argent, qui doublait chaque mois.

Mais après un certain temps il arriva qu’un mois il ne vendit rien, et donc ne gagna rien. Alors la nuit il s’adressa à la Lune :

« Lune, ô Lune, toi que j’aime de loin plus

que toutes les autres étoiles,

dis moi ce qui fait

que ce mois ci je n’ai rien gagné ? » Alors lui apparut une petite fée, toute brillante, qui lui dit :

« Tu n’obtiendras plus ni argent ni aide tant que tu ne travailleras pas assidûment »

puis elle ajouta :

« je ne te donnerai sûrement pas d’argent, uniquement de l’aide mon cher »

Alors le jeune homme comprit que la Lune, comme Dieu, et la Chance, n’aide que ceux qui s’aident eux-mêmes.

« comme l’appétit vient en mangeant, le gain vient en travaillant et épargnant »

Etre né à la pleine Lune signifie être rapide d’esprit, et être né en plus à la marée montante signifie un intellect brillant et de riches idées. Mais il ne suffit pas d’être assis dans la nef de la chance.

« il faut encore pagayer ardemment, si on veut que la nef avance les bonnes paroles ne suffisent pas il faut une pagaie pour faire bouger la nef » et comme on dit :

« la chance donne, la chance prend,

et parfois elle offre la fortune,

aux fainéants,

Mais bien plus souvent elle la donne aux besogneux »

Diane, Reine des serpents, Souveraine du don du langage

Dans une longue et étrange légende de Melambo, un magicien et grand physicien de naissance divin, il y a une invocation à Diane qui a tout à fait sa place dans ce livre.

Un jour Melambo demanda à sa mère pourquoi, alors qu’on lui avait promis qu’il saurait comprendre le langage de toutes les créatures vivantes, cela n’était pas encore arrivé. Et sa mère répondit :

« Patience mon fils, car c’est en attendant et en observant que nous découvrons comment apprendre. Et c’est en toi que se trouvent les professeurs, qui t’aideront le plus, si toutefois tu es prêt à les entendre. Oui ces professeurs peuvent t’en apprendre plus en quelques minutes que d’autres n’en apprendront dans toute une vie » Il arriva que Melambo, un soir, alors qu’il ressassait ces paroles, et en même temps jouait avec un nid de serpents, qu’un serviteur avait trouvé dans un chêne creux, dit :

« si je le pouvais, j’aimerais m’entretenir avec toi, mais je sais que tu as un autre langage, aussi gracieux que tes mouvements, et aussi brillant que tes couleurs »

Et il s’endormit, et les jeunes serpents se lovèrent dans ses cheveux et commencèrent à lécher ses yeux et ses lèvres, pendant que leur mère chantait :

« Diane ! Diane ! Diane !

Reine de tous les magiciens,

Et de la nuit noire,

Et de toute la nature,

Des étoiles et de la Lune,

Et de tous les destins, et de la chance !

Toi qui maîtrises la marée basse et la marée haute,

Toi qui luit la nuit sur la mer,

Toi à qui appartient la mer,

Dans ta barque en forme de demi-lune

Dans la barque de la Lune montante tu luis brillamment,

Ton éternel sourire illumine le ciel

Mais aussi la terre, en se reflétant

Dans l’océan, sur ses eaux ;

Nous te supplions de donner à ce dormeur,

De donner à ce bon Melambo,

Le grand don de la compréhension,

De tout ce que disent toutes les créatures »


Cette légende contient beaucoup de choses étonnantes : parmi elles une invocation à la luciole, une autre à Mefitia, déesse de la Malaria, et une longue prophétie poétique relative à son héros. C’est de toute évidence plein de vieux mythes romains. La totalité du texte peut être trouvée dans « The Unpublisched Legends of Virgil » London, Elliot Stock

Diane offre la beauté et redonne la force

Diane a la possibilité de tout faire, elle peut donner la gloire aux petites gens, la richesse aux pauvres, la beauté aux laids. Tu n’auras aucun souci si tu lui es fidèle, si tu te languis dans une prison et dans le noir, elle t’apportera la lumière, nombreux sont ceux qu’elle rabaisse afin de les tirer d’autant plus haut par après.

Il y a très longtemps vivait à Monteroni un jeune homme extrêmement laid, à tel point que Gianni (c’était son nom) était montré aux gens de passage comme une bête de foire. Aussi laid qu’il fut, il était riche, bien que n’étant pas bien né, et il espérait secrètement qu’un jour une merveilleuse jeune fille tomberait amoureuse de lui et qu’il pourrait l’épouser.

Il arriva qu’une belle jeune femme blonde, noble, emménageât à Monteroni, et quand Gianni lui avoua sans la moindre gêne qu’il était amoureux d’elle, elle le gratifia d’un « non ».

Mais cette fois il était plus fasciné que d’habitude, car des forces étaient en action, dont il n’avait pas le moindre soupçon, et qui faisaient que le pauvre était comme possédé et que sa déception l’amena presque jusqu’à la folie.

Jour et nuit il traînait autour de la maison de la belle, cherchant une occasion de s’y introduire pour enlever la dame de force.

Mais ses plans échouèrent car la dame possédait un grand chat, plus intelligent que maints humains, et chaque fois que Gianni s’approchait le chat le sentait et donnait l’alarme par ses cris perçants. Il est vrai que son aspect n’était pas commun, comme s’il ne venait pas de cette terre, et dans ses yeux verts qui brillaient comme des torches, il y avait quelque chose d’effrayant qui faisait reculer même le pire des hommes.

Mais un soir Gianni se dit qu’il était trop bête, d’avoir peur d’un simple chat qui aurait pu, tout au plus, effrayer un gamin, et il fomenta un plan d’attaque. Il chercha une échelle qu’il installa sous la fenêtre de la dame. Mais, pendant qu’il était au pied de son échelle une vieille femme apparut à côté de lui, et elle lui demanda de ne pas exécuter son projet. « car tu le sais Gianni, dit elle, la dame ne veut pas de toi ; pour elle tu ne représente que de la peur et de l’effroi. Rentre chez toi, regarde-toi dans un miroir et tu comprendras que tu es la représentation terrestre du péché »

Très en colère Gianni se mit à crier : « je ferai comme il me plaira, vieille femme démoniaque, même si pour cela je dois te tuer et tuer la dame » et il se mit à monter le long de l’échelle ; mais arrivé en haut, avant qu’il ne puisse ouvrir la fenêtre et entrer, il se trouva paralysé, comme s’il était de pierre ou de bois.

Il fut couvert de honte et il pensa « bientôt toute la ville va venir ici et constater ma défaite. Je vais tout de même tenter une dernière fois ma chance » et il cria :

« ô vecchia ! toi qui ne voulais que mon bien, sors-moi de cette situation ! Et si, comme je l’espère, tu es une sorcière, et qu’en devenant sorcier à mon tour, je puisse être libéré de mes soucis, alors je te le demande, apprends-moi, comment je pourrais gagner le cœur de cette dame, car j’ai bien compris qu’elle est comme toi et que je dois me montrer digne d’elle. Alors Gianni vit la vieille femme quitter le sol comme l’aurait fait la lumière d’une lanterne, et lorsqu’elle le toucha, elle l’enleva de son échelle et lui dit :

« bientôt tu vas partir pour un long voyage, et sur ton chemin tu verras une vieille jument pitoyable, devant laquelle tu devras dire :

« fée Diane ! fée Diane ! fée Diane !

je t’en conjure, fais quelque chose de bon

pour cette pauvre créature »

alors tu trouveras une chèvre géante, et un bouc géant, et tu diras :

« bonsoir gentil bouc ! »

et il répondra

« bonsoir mon bon monsieur !

je suis si fatigué,

je ne peux aller plus loin »

et tu devras répondre

« fée Diane, je t’en conjure, donne à ce bouc la paix et la tranquillité »

Alors nous entrerons dans une grande salle, où tu verras beaucoup de belles dames, qui essayeront de te séduire ; mais tu devras n’avoir qu’une seule réponse : « celle que j’aime est de Monteroni »

Et maintenant Gianni, à cheval, et c’est parti »

Et ainsi il monta le chat, qui s’envola aussi vite qu’une pensée, et ils trouvèrent la jument et après qu’il eut prononcé la conjuration, elle devint une femme et lui dit :

« au nom de la fée Diane !

que tu deviennes un beau jeune homme

rouge et blanc

comme le lait et le vin »

Après cela il trouva la chèvre et il la conjura et elle répondit :

« au nom de la fée Diane !

que tu sois plus richement vêtu qu’un Prince » Et ainsi il arriva à la grande salle, où il fut entouré de belles dames, mais à chacune il répondit que celle qu’il aimait était de Monteroni.

Après il ne vit ou ne sut plus rien, et il se réveilla à Monteroni, et effectivement transformé en un fort beau jeune homme que personne ne reconnut. Ainsi épousa-t'il la belle dame et à partir de ce jour ils vécurent la vie secrète des Sorcières et des Magiciens, et encore aujourd’hui ils continuent à vivre au pays féerique.


CONCLUSION

Après que cet ouvrage ait été imprimé, j’ai acheté pour un penny, un petit livre qui montrait comment, par des incantations et des conjurations, on pouvait obliger, non seulement Diane, mais 39 autres déités à répondre à nos questions. Ce livre a certainement été recopié d’un vieux manuscrit, car il y est dit que c’est P.P. Francesco di Villanova Monteleone qui l’a découvert et traduit. Il est fait de deux parties, la première est intitulée « Circe » et l’autre « Médée ».

(…)


Sources

<references>

  1. Legare l’utilisation de l’art de la sorcellerie pour lier et paralyser les facultés humaines
  2. ici il est fait de toute évidence une corrélation entre le corps de la luciole, qui ressemble fort à un grain de blé et celui ci
  3. les six lignes suivantes sont souvent dites sur un rythme de comptine pour les enfants
  4. sans doute une confusion avec la Lune.
  5. on comprend ici que Cain doit se réchauffer en faisant ces gestes, ce qui semble une preuve tangible du fait qu’il faudrait lire « lune » au lieu de « soleil ». Une autre légende dit que Cain souffrait du froid de la Lune.
  6. cette formule doit être dite lentement, pour que les répétitions ressortent bien
  7. Holy stone (pierre sacrée) en fait serait la « pierre avec un trou » (hole stone) Sur les navires une telle pierre est considérée et appelée « pierre sacrée » (holy stone) ici nous lui rendons son nom
  8. ceci est une phrase assez embrouillée mais je pense lui avoir donné le sens voulu par l’auteur
  9. cette phrase n’est pas dans le manuscrit original, mais elle est nécessaire pour comprendre la suite
  10. ceci remonte à très loin, au temps des romains, on considérait ces verres comme étant chargés de magie et on les utilisait dans les cérémonies occultes.
  11. Cela signifie que Diane est appelée à envoyer les démons munis de tous les feux de l’enfer, pour intensifier encore la chaleur du soleil et ainsi amener le vin à ébullition. Comme l’orange est le fruit du soleil, on considère parallèlement que le citron avec sa couleur jaune clair est le fruit de la lune, et donc de Diane. Toutefois le citron, qui est choisi pour le charme est généralement un citron vert, car il sèchera et noircira. Il est bien connu que les peaux d’orange ou de citron, quand on les presse et les mélange avec de la glue, deviennent une substance très dure, qui se laisse travailler et peut être utilisée de différentes manières. J’ai consacré à cela un chapitre d’un livre non encore publié, qui est intitulé « cent arts mineurs » L’idée m’est venue quand une sorcière m’a offert un citron durci comme charme de protection.
  12. Le début de cette incantation est une introduction en prose qui explique la nature de la cérémonie.
  13. ceci fait référence à une petite cérémonie que j’ai vu faire souvent, et qui a aussi souvent été faite pour moi, comme une marque de politesse , ainsi qu’il est souvent fait entre sorcières et magiciens. Cela se passe ainsi : on fait divers signes et croix au-dessus d’une goutte d’huile sur la tête de celui que l’on veut bénir, le tout accompagné d’une courte incantation. Cette cérémonie m’a été chaudement recommandée et prescrite comme étant un moyen de rester riche et en bonne santé.
  14. Le texte qui précède a été obtenu, après quelques temps, en réponse à une requête pour savoir quelle conjuration devait être dite pour être sûr qu’on puisse trouver à la vente certains livres rares, ou d’autres choses que l’on désirerait, à un prix peu élevé. De ce fait l’invocation est écrite pour être appliquée à des quêtes littéraires ; mais ceux qui voudraient l’appliquer pour acheter autre chose, doivent modifier la requête, garder l’introduction dans laquelle se trouvent les vertus magiques. Mais je ne peux m’empêcher de penser que c’est surtout applicable, avec succès, aux recherches concernant les antiquités, la culture, l’art, et que ça devrait être imprimé dans la mémoire de tous les chineurs et les bibliographes il ne faut pas perdre de vue que cette prière, loin d’être exaucée peut avoir tout l’effet inverse si celui qui l’utilise n’y croit pas sincèrement, et il ne suffira pas de simplement se répéter intérieure « je crois ». Car le fait de croire réellement en quelque chose demande une longue et sérieuse discipline mentale, et c’est sans doute le sujet sur lequel il a en a été dit le plus, et qui demeure le moins compris. Et je parle ici tout à fait sérieusement, car l’homme qui est capable d’amener sa croyance à un tel niveau et qui donc augmente son pouvoir, cet homme pourra réellement réaliser des choses qui, pour le reste du monde, sembleront miraculeuses. Un jour viendra où ce principe ne sera pas seulement la base de toute éducation, mais aussi celle de toute culture morale ou sociale. J’ai, je l’espère, expliqué tout cela dans un ouvrage intitulé : « Avez vous une forte volonté ? ou comment la développer, ou développer toute autre faculté de l’esprit, et les rendre habituelles » paru à Londres chez George Redway. Le lecteur, qui a une foi profonde, peut, comme l’ont déclaré les sorcières, appliquer ce charme tous les jours avant de partir pour se procurer quelque article que ce soit, mais aussi pour retrouver des objets perdus, ou, pour trouver l’objet rare. S’il a un penchant pour la beauté des femmes il rencontrera bonnes fortunes ; s’il est un marchand il fera de bonnes affaires. Le botaniste qui dirait le charme avant d’aller aux champs découvrira sans doute de nouvelles plantes, et l’astronome est pratiquement certain de découvrir une nouvelle planète, ou au moins un astéroïde. Le charme peut être dit avant d’aller aux courses, de visiter des amis, d’aller se détendre à une fête, de vendre ou d’acheter, de faire un discours, et particulièrement avant d’aller à la chasse ou de faire une sortie nocturne, puisque Diane est la déesse de la chasse et de la nuit. Mais gare à celui qui prendra cela sur le ton de la plaisanterie !
  15. Le lecteur ne pourra pas manquer de remarquer que cette cérémonie ressemble à l’incantation italienne, avec cette seule différence que dans un cas on invoque le soleil et dans l’autre la lune, afin de s’assurer de bonnes récoltes. Kreussler : »Sorbenwendische Altertumer » Pt. I. p272.56
  16. Selon toutes les traditions de magie noire de la terre –particulièrement dans le vaudou- un individu peut être maltraité ou tué par un magicien qui pourrait obtenir une partie de sa personne, même toute petite, et surtout une mèche de cheveux. Ceci est très bien décrit dans Thiodolf l’Islandais, une romance de La Motte Fouqué. L’échange de mèches de cheveux par les amoureux peut être apparenté à de la magie.
  17. Marrons d’Inde. Une puissante magie contre le mal, également efficace contre les rhumatismes etc… Les trois châtaignes doivent venir d’une seule bogue.
  18. Cela n’a jamais été prouvé, mais c’est une réalité : Keats, dans son poème sur Endymion, semble ignorer tout l’esprit et la signification de l’ancien mythe, alors que dans cette chanson sorcière ils sont si minutieusement développés. Le principe de base est qu’un magnifique jeune homme est embrassé durant son sommeil par une Diane prétendument chaste.
  19. Il faut tenir compte du fait qu’il s’agit là d’une invocation, qui est un psaume ou un hymne. Par contre la Scongiurazione est une prière, bien qu’elle ait la forme d’une menace. Ceci n’existe que dans la magie classique.
  20. La partie la plus importante de cette magie réside dans la bonne intonation du texte, en quelque sorte comme pour les chants liturgiques ou les récitations arabes. D’où l’apparente forme de prose de la plupart des incantations magiques.
  21. Il manque quelque chose ici, que l’on peut compléter grâce à d’autres incantations du même type et ce devait être quelque chose comme « si tu es bien intentionnée à mon égard, et que tu acceptes d’entendre ma prière, j’entendrai l’aboiement d’un chien, le hennissement d’un cheval, le coassement d’une grenouille, le chant d’un oiseau, les trilles d’un grillon etc… » en général sont énumérés 3 ou 4 de ces bruits d’animaux. Ils changent plus ou moins, mais restent toujours dans le même esprit. D’autres fois on demande un signe non pas auditif mais visuel, tel que les éclairs. Si on aperçoit un cheval blanc, c’est le signe que la prière sera exaucée dans les prochains jours. C’est également un signe de victoire
  22. La testa d’un uomo piena di verme e puzzolente, une parodie de la tête de chou pourrie, bien plus réaliste en italien que dans les traductions.
  23. ceci est aussi une qualité de Diane, qui est invoquée de la même manière. J’ai ôté un certain nombre de répétition du manuscrit original et j’ai également résumé la suite.
  24. Tout ceci indique par divers points une vraie tradition. Dans les mains des prêtres ceci serait un bon moyen de gagner en popularité
  25. Je suppose qu’il s’agit là de pavot sauvage. Le pavot était dédié à Ceres mais aussi à la nuit et à ses rituels, et Laverna était une déité nocturne, sans doute un jeu de mot avec « paura » la peur.
  26. Ce passage rappelle étrangement les œuvres de la Déesse greco-romaine Pavor (ou peur) accompagnatrice de Mars. Elle était souvent invoquée pour effrayer les intrus ou les ennemis. Achille demande aux 7 chefs, devant Thèbes, de jurer par La Peur, Mars et Bellona (Mem.Acad. of Inscriptiosn v 9)