Défixion

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Les tablettes de défixion (defixio en latin, Modèle:Grec ancien / katádesmos en grec ancien), appelées aussi tablettes de malédiction, constituent le type de témoignage le plus répandu qui nous soit parvenu de la magie antique. En effet, environ 2 000 exemplaires sont recensés à l’heure actuelle, s’étalant du Modèle:-s pour le document le plus ancien au Modèle:VIe siècle, et cela dans l’ensemble du monde gréco-romain. Attestée dans la littérature, la pratique consiste littéralement à « clouer », « lier », une personne ou parfois un animal. Comme le précise F. Graf : « L’objectif habituel de la défixion est donc de soumettre un autre être humain à sa volonté, de le rendre incapable d’agir selon son propre gré. », pratique appelée aujourd'hui envoûtement.

Artefacts utilisés pour la défixion

Malgré une variété somme toute normale vu le nombre important d’exemples à la disposition de l’historien, les tablettes de defixion répondent généralement à un certain nombre d’impératifs et reprennent des formes préétablies. Ainsi, s’il n’est pas le seul à avoir été utilisé, c’est toutefois le plomb qui semble avoir eu la préférence des magiciens comme support. Les raisons de ce choix sont multiples et relèvent aussi bien de la pratique que de la symbolique. En effet métal froid et sombre, il se trouvait notamment lié par sympathie aux mondes cachés. Mais plus encore, le plomb est malléable, facile à graver et résistant bien aux outrages du temps qui passe, à l’image de la pratique qui se veut bien souvent éternelle. Il était de plus d’un coût relativement faible, étant le plus souvent dérobé aux canalisations servant à alimenter les cités en eau. Mais des tablettes sur papyrus en Égypte, bronze, étain, etc., ont aussi été découvertes ce qui prouve bien l’importance de la parole écrite devenue opérante plus que le support en lui-même.

Les sépultures ont fourni un nombre important de textes, que ce soit à Athènes au Céramique, en Sicile ou même à Carthage. Les exécutants allaient jusqu’à utiliser le tuyau à libation de terre cuite qui reliait les cippes funéraires à l’extérieur pour y introduire les tablettes, obligeant les familles des défunts à une certaine vigilance. Les puits et les sources étaient aussi tout particulièrement prisés comme le souligne d’ailleurs la PGM VII, à l’image de la source des Roches à Chamalières où fut découverte une tablette rédigée en langue gauloise ou encore à Bath où des dizaines de tablettes ont été retrouvées dans la source sacrée.

D’autres objets aux caractères délibérément magique pouvaient éventuellement accompagner les feuilles de plomb ou de papyrus. Le cas le plus fréquemment attesté est celui de clous comme signalé plus haut. Plus rarement des morceaux d’étoffe, des cheveux ont été retrouvés, restes de ce qui constituait l’ousia, ce matériel magique provenant de la personne visée. Mais le cas le plus intéressant est peut-être celui de figurines d’envoûtement dont plusieurs exemples ont été découverts le plus souvent en compagnie de tablettes. Celles-ci pouvaient être schématiques à l’image de celles provenant de Karystos ou Tell-Sandhahana ou plus réalistes. Faites alors en terre cuite, elles étaient transpercées d’aiguilles en différentes parties anatomiques et la personne était représentée liée, entravée par souci de sympathie.

Domaines d'action

Le domaine d’action des tablettes était, comme l’on peut s’en douter, très vaste. Il touchait tous les domaines des passions humaines. Il est cependant possible de distinguer quatre grandes familles :

  • les defixiones iudicariae, courantes dans l’Athènes des Modèle:-sp, qui tentaient de nuire aux adversaires dans le cadre d’un procès. L’étude menée par G. Ottone, s’appuyant entre autres sur le fait que c’est le plus souvent la partie adverse qui est mise en cause et rarement les juges, laisse penser qu’elles appartiennent à la phase d’instruction et sont donc antérieures au procès lui-même ;
  • les defixiones amatoriae visent quant à elles à attirer une personne aimée, et cela pour le plus souvent de manière définitive et immédiate, ou causer tort à un rival en amour : l'une des plus célèbres est la tablette de Pella, rédigée en ancien macédonien au Modèle:-s- ;
  • les defixiones agonisticae, attestées essentiellement à l’époque impériale, dont le contexte est clairement celui du théâtre ou du cirque. À ce groupe, il est possible d’adjoindre les defixiones contre des concurrents économiques et qui relèvent de la même logique ;
  • enfin les défixions visant un voleur ou un calomniateur.

Si la longueur du propos diffère, il est possible de trouver un cheminement comparable. Lorsqu’elle n’est pas seulement onomastique, l'envoûtement est souvent, sinon toujours écrit à la première personne et comporte le nom de la personne visée avec sa filiation par la mère, Modèle:PertinenceDétail. Souvent apparaissaient aussi les noms des divinités contraintes de réaliser l’opération. À nouveau, les trois influences (grecque, égyptienne, juive) sont notables et à des divinités chthoniennes telle qu’Hermès ou Hécate s’adjoignent au fil des siècles Seth, Anubis, Iaô, Adonaï, Sabaoth. Enfin une partie non négligeable de l'envoûtement est réservée aux supplices que celui-ci était censé faire subir à l’adversaire ou à la personne visée.

Historiographie

Il est donc facile de saisir l’intérêt que représentent pour les historiens de tels documents qui renseignent à la fois sur les pratiques magiques, mais aussi sur la vie des sociétés qui n’hésitaient pas à y recourir, et cela dans toutes les classes sociales puisque, selon ce que rapporte Tacite, Cn. Calpurnius Pison fut accusé d'avoir utilisé des maléfices contre Germanicus[1], tandis que dans le sable d'une tombe de la nécropole d'Ostie, une lamelle de plomb percée de cinq trous portait les noms de neuf femmes, toutes esclaves et coiffeuses[2].

Bibliographie

  • AUDOLLENT A., Defixionum tabellae quotquot innotuerunt tam in Graecis Orientis quam in totius occidentis partibus praeter Atticas in corpore inscriptionum Atticarum editas, Thèse de doctorat d’État, Paris, A. Fontemoing, 1904 ; rééd. Francfort, 1967.
  • GRAF F., La magie dans l’antiquité gréco-romaine, Paris, Les Belles Lettres, 1994.

LÓPEZ JIMENO, A., Les tabellae Defixionis de la Sicília grega, ed. Hakkert, Amsterdam, 1991

LÓPEZ JIMENO, A., Noves tabellae defixionis àtiques, ed. Hakkert, Amsterdam 1998

LÓPEZ JIMENO, A., Textos grecs de malefici, ed. Akal, Madrid, 2001,

LÓPEZ JIMENO, A., La màgia malèfica en l'Antiguitat Grega: Les tabellae Defixionis d'època clàssica i d'època Imperial, al déu que encisa i encanta. Màgia i Astrologia al món clàssic i hel•lenístic, (J.Peláez, ed.) Còrdoba 2002, 103-120.

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LÓPEZ JIMENO, A., "Defixion aus Selinunt (SEG XXVI, 1113)", ZPE 73, 1988, 119 -

LÓPEZ JIMENO, A., "Nova lectura a una defixio de Selinunte (SEG XXVII, 1115)", Meerita 57, 1989, 325-327.

LÓPEZ JIMENO, A., "L'ús del matrónimo en els textos grecs de maledicció" RICUS (Filologia) XI, 2, 1991-1992, 163-180.

LÓPEZ JIMENO, A., "Zu einer Fluchtafel des Athener Kerameikos" ZPE 91,1992, 201-202.

LÓPEZ JIMENO, A.,"Sobre una nova defixio de Selinunte (SEG 39,1020)" Quaderns de Filologia Clàssica (ns) 5, 1995, 209-214. <http://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo ? codi = 2143815 & ordre = 1 & info = link>

LÓPEZ JIMENO, A., "La finalitat dels textos grecs de malefici (defixiones)" Estudis clàssics 112, 1997, 25-34. <http://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=7006&orden=147773&info = link>

LÓPEZ JIMENO, A., "Textos de màgia professional de Xipre" MHNH 11, 2011, pp. 159-174.

  • MARTIN M., La magie et ses praticiens dans le monde gréco-romain, Paris, Errance, 2005.
  • MARTIN M., Sois maudit ! Malédictions et envoûtements dans l'Antiquité, Paris, Errance, 2010.
  • OTTONE G., Tre note sulle "defixiones iudiciariae" greche di età arcaica e classica, « Sandalion. Quaderni di cultura classica, cristiana e medievale », XV (1992), 39-51.

Voir aussi

Articles connexes

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Liens externes

Notes

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  1. Tacite, Annales, III, 13
  2. CIL 5306, Mireille Cébeillac-Gervasoni, Maria Letizia Caldelli, Fausto Zevi, Épigraphie latine, Armand Colin, 2006, Modèle:ISBN, pp. 120-121.