L’Esbat selon Eleanor Bone

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L’Esbat selon Eleanor Bone

Frontiers of Belief (1968)

Traduction Tof


La sorcellerie se porte bien dans l’Angleterre d’aujourd’hui : pas des vieilles sorcières juchées sur des balais mais des femmes au foyer de la classe moyenne qui font leurs courses en supermarché, pas des adorateurs du Diable mais des personnes qui croient que la sorcellerie est « l’Ancienne Religion » d’avant le christianisme.

Les sorcières se réunissent 13 fois l’an, une fois chaque mois lunaire. Si c’est possible, les réunions se tiennent la nuit de la pleine lune, on appelle ces rencontres « esbats » (pour les distinguer des « sabbats », les quatre grands festivals de l’année des sorcières). Les sorcières, qui adorent des forces cosmiques, affirment pratiquer, lors de leurs réunions, la magie pour le bien général de la communauté : soigner un malade par exemple ou faire pousser les céréales.

Mme Eleanor Bone dirige une maison de retraite au sud de Londres et est aussi Grande Prêtresse de deux covens de sorcières – l’un à Tooting Bec et l’autre dans le Cumberland. Cette semaine nous publions des photos d’une des réunions mensuelles ordinaires du coven du Cumberland, avec un commentaire de Mme Bone.

1. Traditionnellement, les sorcières pratiquent nues – un symbole de liberté et aussi pour que le pouvoir puisse s’échapper librement de leurs corps. Les femmes portent un collier qui est un symbole d’éternité. Un cercle est tracé pour contenir et concentrer le pouvoir produit par les sorcières et non pour que les mauvais esprits restent à l’extérieur, les esprits mauvais ou autres ne sont pas présents lors des rituels des sorcières.

2. Au centre du cercle il y a un autel sur lequel il y a des récipients pour le sel et l’eau, un bouquet d’herbes, des cordes, une baguette, un encensoir, une bougie, une escourge, un calice et des petits gâteaux en forme de croissants qui seront utilisés lors de la cérémonie des gâteaux et du vin à la fin de l’esbat.

3. La Grande Prêtresse s’agenouille devant l’autel et consacre le sel et l’eau, les mélange avec son athamé – le couteau à manche noir que chaque sorcière doit posséder et avoir partout avec elle. Utilisant le bouquet d’herbes comme aspersoir, elle asperge les sorcières avec le mélange de sel et d’eau pour les purifier. Elle-même est purifiée par le Grand Prêtre.

4. Une bougie est placée à chacune des quatre directions (Est, Sud, Ouest et Nord) à l’extérieur du cercle. Le cercle lui-même doit être aussi grand que possible, sinon il est difficile pour 13 personnes – le nombre de membres d’un coven complet – d’y pratiquer. La Grande Prêtresse se tient tour à tour à chacune des quatre directions, en commençant à l’Est, et invoque les Puissances. Ce sont les Rois du Feu, de la Terre, de l’Air et de l’Eau – les quatre éléments traditionnels dont est fait tout ce qui existe. Le Feu est attribué au Sud, la Terre au Nord, l’Air à l’Est et l’Eau à l’Ouest.

5. Les sorcières essaient ensuite d’aider ceux qui sont malades ou qui ont des soucis. La méthode habituelle est l’utilisation traditionnelle de la danse et du chant, même si d’autres covens pratiquent de façons différentes. Parfois des poupées de cire sont utilisées pour soigner et une des façons préférées pour une sorcière qui pratique dans son coin est de « nouer un sort » en utilisant son athamé et des cordes. Avant chaque réunion les membres du coven discutent du travail à faire, choisissent le travail qui semble le plus urgent et décident de la meilleure façon de l’accomplir.

6. Seuls trois travaux magiques peuvent être accomplis lors de chaque réunion. Les sorcières ne peuvent pas produire plus de pouvoir à la fois, puis elles doivent récupérer ce qu’elles ont donné. Après le travail magique il y a une cérémonie des gâteaux et du vin qui n’est pas une parodie du sacrément chrétien mais purement un rite de remerciement pour le blé et la vigne qui ont été coupés pour donner nourriture et boisson. S’agenouillant devant la Grande Prêtresse, le Grand Prêtre présente tout d’abord le vin puis les petits gâteaux en forme de croissant pour qu’elle les bénisse. Le calice de vin fait le tour du cercle un peu comme une coupe d’amour. Puis on fait passer les gâteaux. Le coven est assis en cercle et l’on parle des affaires du groupe. Finalement la Grande Prêtresse récite la « charge », un message de la Grande Mère à toutes les choses – « Comme je suis une gracieuse déesse, je donne joie sur la terre, la certitude pendant la vie et lors de la mort une paix indicible… »

Savoir, oser, vouloir, rester silencieux ! Voilà ce qui fut le code des sorcières. Mais le moment est venu où il est nécessaire de briser le silence pour permettre à le sorcellerie d’être vue sous son véritable aspect.