Un avertissement pour l’Australie
Un avertissement pour l’Australie
Un Culte du Diable Ici !
D. L. Thompson, Australian Post du 6 octobre 1955
Traduction Tof
Combien de preuves vous faut-il ? Des adorateurs de Lucifer se rencontrent en secret de nos jours à Sydney. Lisez les faits au sujet des disciples des ténèbres. Vous ne rirez plus très longtemps.
L’autre nuit, j’ai passé quelques heures avec les membres d’un coven à Brougham Street, dans le quartier de King Cross. Depuis, le vêtement que j’ai porté prend l’air sous le soleil du printemps et les relents d’encens s’estompent, mais mon ahurissement au sujet de la sorcellerie et des sorcières et le plaisir qu’elles en retirent est toujours aussi grand.
L’adresse qu’on m’a indiquée est celle d’une vielle maison à deux étages semi-individuelle dans une rue séculaire. Au rez-de-chaussée, un homme basané en pantalon et chemise ouverte sur une poitrine velue m’a bloqué le passage.
« Mme Norton ?, a-t-il dit. Je pense qu’elle est loin. Ca fait longtemps que je ne l’ai plus vue. Peut être que si vous revenez la semaine prochaine… Nous avons reçu une lettre d’elle, dit-il. Elle dit qu’elle est là, a-t-il ajouté en haussant les épaules. Vous n’avez qu’à grimper les marches. Tout droit, aussi loin que vous pouvez aller. Il n’y a pas d’éclairage. »
Le premier escalier était faiblement éclairé par une ampoule pas très puissante. Le photographe a trébuché derrière moi sur le second escalier qui était pratiquement dans le noir. Nos pas nous ont menés en haut ; par endroits, la balustrade était manquante.
Devant nous, à mi-chemin vers le second étage, on voyait l’extrémité incandescente d’une cigarette et derrière elle, parlait une voix masculine.
« Si vous voulez voir Mme Norton, elle est sortie, » a-t-elle dit.
- Nous représentons le POST, ai-je dit. Mme Rosaleen Norton a écrit à mon éditeur au sujet d’une série d’articles publiée par le POST sur le culte du diable. Mme Norton a dit à mon éditeur qu’il avait tout faux au sujet de la sorcellerie, que les sorcières étaient des gens bien, droits et craignant le diable. Elle le savait car elle était elle-même depuis longtemps une sorcière. Et c’est pour cette raison que je veux voir Mme Norton. »
Le photographe s’est agrippé à la balustrade et a dit, « Ces … marches ! » et l’homme plus haut a ri, « Ha, ha, ha !!! » juste comme ça, du fin fond de son ventre.
Soudainement on a entendu, une voix de femme, en haut, derrière nous. Je me suis tourné et j’ai vu là-bas l’extrémité incandescente d’une cigarette. « Laisse-les monter, frère », et l’homme en haut a dit : « Qu’il en soit ainsi sœur », puis il a ajouté : « Vous pouvez venir messieurs. »
L’homme en haut, un gros bonhomme, s’est poussé de côté et nous a laissé passer.
Lorsque nous avons grimpé les dernières marches, une bouffée d’encens nous a agressés, rendant notre respiration difficile.
Enfin nous sommes arrivés en haut. Là une pièce ouverte faiblement éclairée par une lampe de bureau nous faisait face. Mme Norton se trouvait dans cette pièce. Elle était vêtue d’un fuseau bleu, d’une blouse et d’un masque de chat remonté sur la tête. Elle avait des cheveux sombres, des sourcils allongés qui accentuaient ses grands yeux en amandes. Autour d’elle, l’encens était si épais qu’elle semblait scintiller.
L’homme en haut nous a suivi dans la pièce. Il était gras, basané et d’âge moyen, avec le visage d’un dentiste qui a réussi. Il était jambes et pieds nus. Il avait jeté nonchalamment une cape noire sur le reste de son corps. Il tenait un fume cigarette de plus de 20 cm – tout comme Mme Norton.
« M. Thompson, a dit Mme Norton, je vous présente M. Abrahams. »
M. Abrahams et moi-même disons combien nous étions heureux d’être ensemble.
Durant la période de gène qui suit toujours la présentation d’une sorcière à une non-sorcière, le photographe regardant à travers la fumée de l’encens a commencé à étudier les lieux.
A gauche, dans l’ombre, se trouvait un vieux canapé. Au-dessus, un nu chaste peint par Mme Norton. Plus à gauche, se trouvait ce qui était de toute évidence le lieu de culte du coven : un autel avec une peinture en taille réelle (peinte par Mme Norton) d’un démon avec de grandes dents. A la gauche et à la droite de Lucifer se consumaient deux chandelles alors qu’une lampe à alcool ajoutait encore un peu de fumée à l’atmosphère nébuleuse. Des cornes étranges, des potions diaboliques et tout un bric-à-brac de magie noire étaient disposés autour.
A droite, il y avait un mur avec plusieurs dessins de Mme Norton ainsi qu’un design géométrique complexe portant une signification des plus obscures. Une fenêtre dans une niche traversait ce mur, et au travers, on pouvait voir un néon publicitaire : le monde de tous les jours s’agitait juste face au coven.
Derrière nous, pratiquement abandonné, il y avait un fauteuil et à côté, un autel plus petit avec un coquillage rempli de sang de chauve-souris ou quelque chose de ce genre. Dans le fauteuil, un homme maigre avec une tête de rat était assis.
- Bien M. Abrahams, dis-je avec un enthousiasme forcé, juste pour montrer qu’un journaliste est à l’aise partout, je me demande si vous accepteriez de vous tourner ? J’aimerais vérifier si vous avez ou non une queue.
- Une queue ?, dit M. Abrahams. Je regrette, mais je ne vous suis par monsieur.
- Une queue pointue. Vous êtes un diable je suppose.
M. Abrahams se remit à rire...
- Un diable ? A peine, mon frère. Nous sommes tous sorcières, bien sûr – hommes ou femmes. Non, monsieur, je suis un sorcier. Vous pourriez aussi dire que je suis un mage, même si je n’en suis pas tout à fait digne. »
Il s’est tourné et s’est incliné face au fauteuil où était assis le Rat.
« Et ça a-t-il dit, c’est le Second Sorcier. »
Le Rat, un homme taciturne et maigre s’est levé et a dit que c’était une bonne nuit. Nous avons ensuite parlé de procédure.
Certains rites sont interdits aux non-croyants
Le coven a accepté d’être photographié, mais nous comprenions tout à fait que certains rites ne pouvaient se pratiquer devant des non-croyants ou des appareils photos. Mme Norton regrettait d’être la seule sorcière disponible.
Elle avait tenté de persuader une autre personne, une sorcière prometteuse, de venir pour faire plaisir à notre photographe. Mais elle avait un bon travail dans le milieu chrétien et ses patrons étaient tatillons. Ils auraient sauté au plafond s’ils l’avaient vue photographiée en sorcière.
« Je vais faire sortir un peu de fumée, a dit le photographe. Je ne peux pas prendre de photo à travers ce brouillard. Puis-je ouvrir la fenêtre ? »
On a ouvert une fenêtre et Mme Norton est sortie pour se changer.
Elle est revenue quelques minutes plus tard. Elle portait un tablier de sorcière noir à la taille. Il pendait devant et derrière et était inexistant sur les côtés. Sur ses épaules nues, elle avait un châle noir avec des dessins rouges. Elle avait maintenant un masque de chat sur le visage et ne pouvait plus porter le long porte-cigarettes à ses lèvres félines.
Ces sorcières ne marchent pas, elles se déplacent silencieusement pieds nus. Elles sont là à un moment et n’y sont plus le moment suivant. M. Abrahams s’est éloigné en flottant sans se faire remarquer, puis est réapparu de nulle part, dans un vêtement noir, portant un masque obscène de crapaud vert, et nous a regardés de ses yeux vitreux et inexpressifs. Un crapaud qui fume la cigarette…
Mais nous savions qu’il s’agissait de M. Abrahams, car ces grosses jambes blanches sous une cape noire étaient reconnaissables entre mille.
« Vous savez, dit le Crapaud, au travers de ses très grosses lèvres, Abrahams n’est que mon nom dans le coven. Mon vrai nom est … Dans ma vie quotidienne à … - il pointa vaguement le doigt en direction de Sydney - je suis ingénieur en électronique.
- Comment puis-je savoir que votre vrai nom est … ? , ai-je demandé.
Le Crapaud a plongé une main dans les profondeurs de sa cape et en a ressorti un chéquier. - - - Jetez un coup d’œil là-dessus, frère, dit-il.
- M. Abrahams va du côté de King’s Cross vêtu de la sorte, a dit le chat. Il se moque bien de ce que pensent les gens. Je ferais bien la même chose, mais la police de Sydney risquerait bien de ne pas apprécier ma tenue. »
Ils risqueraient aussi de ne pas aimer la tenue de Mme Norton.
- Pour cette pause vous devriez peut être rejeter votre châle en arrière sur une épaule, a dit le photographe au Chat.
- A vrai dire, il ne faudrait pas porter de châle pour cela, a dit le Chat en le lançant sur le canapé.
Elle s’est retrouvée nue de la taille aux épaules. Mme Norton a été mannequin à une époque et se moquait d’être on non dissimulée par le châle.
- Combien êtes vous dans le coven ? » demandais-je.
- Sept, dit le Chat.
- Est-ce le seul coven à Sydney ?
- Non, ceci n’est qu’un coven parmi une demi douzaine, a dit le Crapaud. Comme vous le voyez, nous sommes bien équipés si ce n’est un léger manque de place. Il y a un coven a qui j’ai rendu visite qui est bien mieux équipé. Mais ce que nous avons nous convient admirablement et nous sommes redevables à Mme Norton d’avoir mis ce lieu à notre disposition et de l’avoir décoré.
- Pratiquez-vous vraiment la sorcellerie ou êtes-vous juste des gens qui aiment se déguiser ?
- Monsieur, a dit le Crapaud en grognant, nous avons essayé de faire de ce nous pouvions pour accepter votre légèreté, mais nous ne pouvons en tolérer plus.
- Sorcier Abrahams, ai-je dit, nous sommes venus pour observer et essayer de comprendre autant que nous pouvons, pas pour nous moquer.
- C’est bien, frère. Ha ha ha. !
- Nous sentons qu’il y a une forme de cruauté dans vos rites.
- C’est tout à fait faux » a dit le Crapaud. Les cruautés ont été trop courantes dans toutes les prétendues religions depuis que le monde est monde. Mais les Lucifériens ne pratiquent nulle cruauté envers l’homme ou l’animal.
- Mais que retirez-vous de la sorcellerie ? Si ce n’est pas pour le plaisir de vous déguiser ou pour prendre des pauses comme celles que nous venons de photographier, pourquoi bon sang faites-vous ça ? »
- Ce que j’en retire ? » a dit Mme Norton.
Elle a repoussé le masque de chat à l’arrière de sa tête et s’est allumé une autre cigarette. L’air froid venant de la fenêtre frigorifiait son corps nu et elle a récupéré son châle.
« J’en retire une vie avec des possibilités infinies et cela me satisfait totalement sur tous les plans de conscience. J’ai le pouvoir de me rendre dans d’autres dimensions et d’autres réalités. Je communique avec des entités et différentes formes de vie et en développant de nouveaux pouvoirs magiques en moi; j’arrive à avoir certaines perceptions extrasensorielles. J’ai le savoir et le pouvoir d’amener dans ma vie pratiquement tout ce que je veux réellement. J’expérimente des formes de plaisir dont l’existence reste inconnue de la majorité des gens. J’ai vaincu la peur. J’ai appris ce qui liait entre elles des choses apparemment sans rapport. Voila juste certaines des choses que je retire du Culte Sorcier », a dit Mme Norton.
Le reste de l’histoire est raconté par Rosaleen Norton. Imaginez-la la raconter comme elle me l’a exposée.
Elle est accroupie devant l’autel, le Lucifer lubrique en toile de fond. Le tablier noir est toujours son vêtement principal et le châle continue à glisser d’une de ses épaules. Mais elle est aussi indifférente aux regards de son audience masculine constituée de deux sorciers et deux journalistes qu’elle le serait devant autant d’iguanes.
« Mon expérience du Culte Sorcier est quelque peu inhabituelle, a dit Mme Norton. Je fus auto-initiée lorsque, à l’âge de 13 ans, j’ai fait un Serment d’Allégeance au Dieu Cornu. Pour cette cérémonie, j’ai utilisé de l’encens (un bâton), du vin, un peu de mon propre sang et quelques feuilles vertes. On ne m’a pas enseigné la magie cérémonielle et je n’ai rien lu sur ce sujet, c’est juste venu comme cela, instinctivement. Curieusement cette cérémonie est assez proche d’un rituel connu. Peu après, tous mes parents en furent informés car j’ai refusé de faire ma confirmation. Mes parents sont anglicans mais pas particulièrement religieux, ils ont donc accepté mon refus sans faire d’histoires. Tout au long de mon adolescence j’ai pratiqué des formes mineures de magie, des sorts etc. La première cérémonie s’est déroulée avec un ami dans une chambre à George Street à Sydney. A partir de cette époque (j’avais alors 21 ans) j’ai commencé à avoir différents contacts occultes significatifs. A cette époque, et depuis, j’ai rencontré des représentants d’autres groupes occultes et de covens et j’ai échangé des informations et pratiqué des rituels avec eux.
Cela nous mène à la question de comment contacter un coven ? La réponse est que les Puissances gouvernantes arrangent ces choses là, souvent sans tenir compte de la volonté consciente des personnes concernées. Cela peut sembler incroyable pour un profane mais c’est comme cela. Ce n’est pas uniquement vrai pour ceux qui suivent la Voie de la Main Gauche, c’est aussi vrai pour l’occultisme « blanc » traditionnel. « Lorsque l’étudiant est prêt, l’enseignant arrive. » Les vrais occultistes, quelles que soient leurs méthodes, se contactent les uns les autres sur les plans intérieurs de l’Existence et celui qui peut être utile à un autre le rencontrera en chair et en os. Il y a aussi l’idée qui veut que tout adepte du Culte Sorcier puisse toujours reconnaître une autre sorcière, même dans le cas d’initiés potentiels. »
L’initié est offert à Pan ou à Hécate
« Les sorcières (le terme s’applique aux deux sexes, même si on parle en général de sorciers pour les hommes, les plus avancés étant des mages) ne se confinent pas à une seule sphère de classe, d’âge, professionnelle ou sociale. La sorcière la plus jeune que j’ai pu rencontré (à part moi) était un jeune homme de 17 ans, la plus âgée était une sorcière de 65 ans.
Comme je l’ai dit, ce coven a sept membres. Le plus âgé a 51 ans le plus jeune 25. Il y a aussi plusieurs associés ou membres honoraires des deux sexes et notre dernière rencontre a eu lieu ici, dans mon propre temple. Nous nous sommes aussi réunis dans deux banlieues de la Côte Nord du pays et dans la banlieue est de Sydney. En été, nous nous réunissons en plein air, là où c’est possible.
Selon les covens, les rites d’initiations varient, mais ils sont en gros les mêmes. Après une période d’essai, on pose certaines questions au néophyte. Ensuite, il ou elle prend la position cérémonielle, une main sur le sommet du crâne et l’autre sous la plante d’un pied pour faire le serment d’allégeance aux déités masculine et féminine présidant le coven, parfois appelées Pan et Hécate. Il est aussi nécessaire de pratiquer un rituel pour les quatre Puissances Elémentales avant ou durant l’initiation. »
La Sorcière révèle quelques secrets du coven
« Après l’initiation il y a une sorte de baptême, lorsqu’un nouveau nom est donné à l’initié. Il est aussi courant qu’on lui présente un talisman magnétisé et un morceau de corde qualifié de « Jarretière Sorcière ».
Il y a toutes sortes de vêtures pour la cérémonie : cela va de la nudité totale à la tenue complète avec les robes, le capuchon, les sandales et les accessoires. On utilise différents encens selon la nature des rites et parfois on fait infuser des plantes spéciales que l’on boira ensuite.
« Vous vous demandez peut être pourquoi je vous parle de choses qui sont généralement tenues secrètes ? a dit Mme Norton. C’est parce que je suis fière d’être une sorcière, une thaumaturge ou ce que vous voulez. Jusqu’ici je n’en ai pas beaucoup parlé publiquement, pas parce que j’ai honte de mes pratiques, mais pour éviter les curieux. Mais à cause de la série d’article publiée il y a peu dans le POST je pense qu’il est bon que des informations de première main sur le Culte Sorcier soient données. Le POST a dit quelque chose de vrai. Il a dit qu’on pratique la sorcellerie en Australie. Je pense qu’on vous en a donné des preuves de première main. Le diable est, comme l’a dit le POST, à notre porte. Je suis une de ses disciples et cela remplit mon cœur noir de joie que vos lecteurs puissent avoir la possibilité d’entendre quelques mots en notre faveur. »
Alors que nous étions sur le point de partir, le photographe a désigné le liquide sombre sur le petit autel.
« Est-ce que c’est du vin ?, a-t-il demandé.
- Du vin et d’autres choses, a répondu le Crapaud.
- Du sang ?, ai-je demandé.
- Peut être, a-t-il dit. Donneriez-vous un peu de sang mon frère ?
- Ou prendriez-vous un verre ?, a dit Mme Norton. »
Nous avons refusé et le Crapaud nous a éclairés jusqu’au bas des marches à l’aide d’une chandelle qu’il a prise sur l’autel pour ce faire. Dehors, les voitures passaient et un chauffard ivre a perdu ses moyens en passant le long de la maison, jurant de façon pittoresque. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.