Les Mendiants Masqués
Les Mendiants Masqués
Véro
Parmi les traditions afférentes au mois d’octobre il y en a une, qui existe essentiellement au Tyrol, et pour être plus précise, dans la partie orientale de cette région. La veille de la Toussaint des jeunes hommes vont de ferme en ferme, ou de maison en maison, vêtus d’une chemise blanche, le visage masqué de fourrure, et portant un chapeau. Ils ont en main un ustensile en bois : long manche terminé par une tête d’animal à la mâchoire inférieure mobile.
Le mot allemand désignant ces sculptures (schnapper) implique leur utilité : attraper, comme un animal qui attrape de la nourriture qu’on lui tend.
Les jeunes hommes sont censés ne pas parler, ou, s’ils sont obligés de le faire, de déguiser leur voix. Dans les maisons où ils frappent on leur donne des douceurs, de l’argent, ils remercient avec des chants. La tradition voudrait qu’on leur donne des « krapfen », sortes de beignets, qui existent aussi, sous la même appellation, en Italie.
L’étymologie de ce mot (kraffo) signifie « griffe » ou « crochet ». Il s’agit de gâteaux ronds, fourrés, frits, et saupoudrés de sucre glace. Il semblerait qu’ils existaient déjà dans la Rome antique, sous l’appellation de « globuli » (petites boules). Ils étaient alors badigeonnés de miel et parsemés de pavot et offerts aux Dieux à la fête du printemps (2ème siècle avant JC). Une autre source dit que les Krapfen ont été inventés par Cäcilie Krapf en 1690 pour Carnaval, ou bien encore par un pâtissier embauché comme canonnier dans l’armée, en 1750, et qui a fait ces gâteaux à l’image des boulets de canons.
Toujours est il qu’au Tyrol ces gâteaux étaient autrefois déposés en offrande sur les tombes pour garantir une bonne récolte à venir. On peut donc voir dans cette tradition (dans son ensemble) un mélange de culte des morts et de culte de prospérité. En effet, les fermes où s’arrête la petite troupe, et où on lui offre ces Krapfen, se garantissent une bonne récolte à venir. Donc ces personnages masqués tiennent le même rôle que tenaient les morts. Pour finir je vous transmets une recette de ces gâteaux. Il existe un livre qui répertorie « 100 recettes de krapfen » ce qui laisserait à penser qu’il doit en exister 1000…. Sans doute chaque ferme avait elle sa façon de faire. Ils peuvent être fourrés aux pommes, aux baies, aux châtaignes, à la viande, au fromage. Voici la façon que j’ai choisie :
Pour la pâte, mélanger 500 g de farine de blé et autant de farine de seigle, 1 œuf plus un jaune, 50 g de beurre ramolli, 1/8 litre d’huile, ¼ de litre d’eau, un peu de sel. Travailler le tout, laisser reposer au moins deux heures, rouler ensuite la pâte bien fine.
Il faut ensuite fourrer les gâteaux, c’est à dire découper des ronds de pâte, y déposer une mixture, couvrir d’un autre rond de pâte et souder les bords. Bon, rien ne vous empêche de les faire carrés, ou triangulaires ou de n’importe quelle autre forme. Peut être même sont ils faisables avec la machine à faire des raviolis…
Pour ladite mixture, mélanger 400g de graines de pavot, 350 g de sucre, 80g de sucre, 1/8 de litre d’eau, 1 cuillère à soupe de cannelle, un peu de muscade.
Faire ensuite frire comme pour des beignets, et pour finir saupoudrer de sucre glace.