Le Nouveau Livret Païen

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Après le décès de Robert Cochrane lors du Solstice d’Eté 1966, certains membres de son groupe ont décidé de reprendre le flambeau et de continuer son œuvre. Parmi eux Ronald White et George Winter ont formé un groupe païen qui se voulait plus « ouvert » qu’ils ont appelé « The Regency » avec l’idée qu’ils n’étaient là que jusqu’à ce que le fils de Jane et Robert Cochrane soit assez âgé pour prendre la place qu’avait occupée son père, mais ça ne s’est jamais fait.


Le Nouveau Livret Païen - Introduction

Il y a un besoin constant chez l'homme d’établir un lien entre lui et le monde et l’univers qui l’entoure, et tels qu’il les perçoit, d’exprimer sa compréhension dans le rituel et le mythe. Nos croyances et nos appréhensions des Dieux sont formées sur les cycles évidents de la nuit et du jour, sur les phases de la lune, sur l’emplacement du soleil dans les cieux, sur l’enchaînement des saisons et sur la nature de ce qui nous entoure et sur son impact sur nos vies. Elles prennent aussi en considération notre comportement et les formes de pensée, conscientes ou inconscientes, qui déclenchent nos réponses à notre perception univers et à la condition de l’homme dans cet univers.

Naturellement les rites religieux ont toujours varié selon les circonstances, à la fois physique et spirituelles, que rencontraient les gens. Ils ont tous essayé, à de nombreux niveaux, d’expliquer le fonctionnement de nos esprits et nos âmes. C’est à partir de telles compréhensions que les histoires des Dieux ont été façonnées et ont surgi de grandes et durables oeuvres d’art, drames, musique et littérature.

Le mythe est un des moteurs de nos esprits. S’il est correctement compris il peut être notre clef pour nous comprendre nous-même et celle de notre intégrité psychologique. Comme le mythe et le rituel sont enracinés dans la structure de la psyché humaine, n’importe quel type de croyance religieuse ne peut que reformuler des thèmes éternels adaptés, comme il se doit, aux nouveaux besoins et circonstances.

Les pouvoirs du mythe sont déployés par l’histoire des Dieux et notre lien avec eux et la Déesse qui est au-dessus d’eux. La danse, la musique, le mime et le drame maintiennent toujours jeunes leurs pouvoirs antiques car ils parlent à ce qui est le plus profond en nous et à nos rapports avec la nature et le sentiment de magie qui est au coeur de l’univers.

Dans le rituel païen nous participons au mythe et à son drame. Les petits groupes agissent mieux que les grands. Les grandes foules et congrégations engendrent l’hystérie à un extrême et l’ennui à l’autre. D’une manière ou d’une autre elles sont des dangers pour l’âme. Un petit groupe peut préserver l’individualité qui est précieuse, et comme il agit en tant que groupe il peut devenir plus que la somme de ses parties et peut être perçu ainsi. Chaque participant apporte une contribution au rite, mais dans le même temps il en nourrit son âme. Ce processus magique est une guérison. Il purifie aussi nos perceptions des parties les plus profondes de nos esprits et âmes. Un ami a dit un jour : « cela débarrasse ton esprit de ses dysfonctionnements ».

Ainsi nous devons réfléchir à nos mythes. Dans une société aussi complexe que la nôtre nous avons du mal à encourager la simplicité, car trop nombreux sont ceux qui jugent l’habileté par sa complexité, mais les croyances les plus simples sont souvent le meilleur point de départ. Si ces idées simples sont encrées sur une base psychologique saine, des subtilités plus profondes et des structures de pensée plus raffinées surgiront et tout ceci sans perte de spontanéité, car comme ce fut le cas pour les saints et les mystiques de toutes les religions, quel que soit leur avancement spirituellement, les simplicités essentielles, loin d’être érodées, sont fortifiées par des perceptions plus profondes.

Nos mythes sont saisonniers. Cela signifie que nos festivals sont liés à l’endroit et au moment de l’année et de nos vies à cet endroit. Notre Déesse et nos Dieux sont ceux que nous servons, bien que Leurs attributs aient été modifiés par le temps et l’évolution. Pourtant l’histoire qu’ils racontent, complète avec des variations, a une validité étendue. Un païen perçoit que ses rituels sont relatifs. Un lieu ou un moment ne devrait pas s’imposer à des autres modèles qui ne s’y adaptent pas. De même aucun modèle n’est, ou ne devrait être, totalement stable : il se développe en même temps que le groupe et ses membres se développent. Nous ne devrions pas nous torturer, ou endommageons notre environnement psychique en essayant de nous adapter à un rite stérile dicté par une autorité monolithique centrale ou un système dogmatique de pensée.

Ma propre expérience du rituel païen se fait par l’observation d’un mythe de base. Je n’inclue rien que je n’aie pas déjà expérimenté. Sa théologie est simple et n’a besoin d’aucune excuse.

En discutant d’un festival, j’ai donc décrit les bases dans un Préambule au rite. Puis suit le rituel proprement dit. J’ai ajouté à chaque rite, pour l’expliquer encore plus, un Sermon qui est conçu pour mettre en évidence toutes les leçons que le rite enseigne et pour être un commentaire sur sa signification pour notre propre voyage spirituel.

On remarquera qu’ici une grande partie du matériel est lié à la « Sorcellerie » (un mot qui perd rapidement sa connotation péjorative). Beaucoup de la soi-disant Sorcellerie n’était simplement qu’une survivance tronquée de la pensée et la pratique païennes. Ce que nous en savons vient de ses persécuteurs et du peu qui a survécu dans le rituel, la coutume et les chants. Partout où ces survivances sont toujours valides et vivantes elles apparaissent sous une forme ou une autre dans les écrits. Après tout, la théologie n’est pas très différente et de nombreuses fois j’ai été étonné qu’une pratique rituelle ayant évolué dans un lieu s’est avérée plus tard avoir des parallèles précis dans l’histoire passée du culte païen.

Ainsi il est prévu que tout utilisateur de ces textes puisse, utiliser ses propres Dieux pour découvrir un chemin vers l’amour de la Déesse et le respect et la vision que nous devons aux Dieux. Ainsi alors que nous commençons notre voyage rituel en considérant le mythe de base et les noms que nous pouvons donner à la Déesse et aux Dieux. Avant de commencer nous devons réfléchir aux lieux où nous pratiquons nos rites et les outils dont nous aurons besoin pour exprimer pleinement leur signification.


Le Nouveau Livret Païen - Le Mythe de Base

S’il est un grand thème païen, c’est celui, universellement populaire, de la Mère et de l’Enfant. Il est souvent associé à celui des frères jumeaux qui rivalisent pour être supérieur à l’autre et gouvernent à tour de rôle. Ces thèmes sont présents, avec d’autres, dans les mythes des Grecs, des Celtes, des Egyptiens, des Indous et d’autres venant de sources plus répandues et plus primitives. Même les contes de Grimm ont cet élément mythique et reflètent la croyance des anciennes cultures d’Europe du Nord. Les éléments de ces mythes de base, en particulier les deux mentionnés plus haut ont été brillamment présentés par Robert Graves dans son livre « La Déesse Blanche ». Un travail encore plus important a été fait par Joseph Campbell dans son œuvre monumentale « The Masks of God ». Les deux œuvres devraient être étudiées soigneusement par tous ceux qui s’intéressent au paganisme.

Fondamentalement ensuite, l’univers dans son ensemble est vu comme le domaine et l’être de la Grande Déesse, qui a tout apporté et qui est Elle-même tout, y compris les Dieux. La cosmologie contemporaine est arrivée à une situation semblable dans son étude de la singularité qui a créé l’univers. L’idée n’est pas nouvelle et s’apparente à la vision indoue de sa genèse et durée apparente, ce qu’ils appellent un « kalpa ». Plus encore, les Indous disent qu’à la fin de chaque kalpa l’univers se renouvelle dans une nouvelle expansion suivie d’une nouvelle contraction, et le processus se répète perpétuellement.

Même si c’est ainsi, nous devons considérer Ses manifestations basiques. Elle est alternativement Demoiselle, Mère et pour finir Vieille. Les trois phases de la lune sont Siennes: la nouvelle, la pleine, l’ancienne. En effet toutes les triades et nonnades sont Siennes. Elle a aussi produit son double, le Dieu. Il se manifeste dans les multiples séries de deux. Il a deux aspects: le Dieu de l’Année Croissante et le Dieu de l’Année Déclinante. Il peut se manifester dans le quadruple ou l’octuple et ainsi de suite indéfiniment. La Déesse, comme nous l’avons vu, peut être vue dans les multiples de trois. Toute considération de ces multiples mènera à la compréhension rapide qu’entre eux se produit toute la matière visible et invisible dans tout l’univers.

Dans notre mythe, et je souligne qui est conservé dans son expression la plus simple, la Déesse donne naissance à l’Enfant Etoile qui se développe rapidement sous l’apparence du Dieu de l’Année Croissante. Au Solstice d’Eté, il est, rituellement, écarté et sa place est prise par le Dieu de l’Année Déclinante. Ainsi les Dieux gouvernent successivement, bien qu’ils soient toujours un seul et même Dieu. Cette idée est exprimée dans l’art celte où une sculpture à trois têtes représente le Dieu et Ses deux aspects.

Ce sont nos oppositions de base. La lumière et les ténèbres. La lumière de l’intellect contrastant avec les ténèbres de notre inconscient. La Vie et la Mort. Nous basons la plupart de nos jugements irréfléchis sur des oppositions, acceptant l’un et rejetant l’autre, mais comme nous le verrons ces oppositions peuvent être résolues dans les mystères du mythe et l’accomplissement du rituel. Plus tard avec un peu de travail, l’intérêt et la signification des thèmes se développent.

Nous pouvons aussi réfléchir à nos festivals comme s’ils étaient les différents actes d’une pièce de théâtre. Pour prendre vie ils doivent être joués. Chacun de nos festivals est une pièce dans une pièce. Chacun a sa propre saveur dramatique. Il y a le happy end, le mélodrame, la comédie et la tragédie et la pièce finale avec sa danse des Morts. Comme pour la production de n’importe quel drame, chaque fois qu’il est joué il reproduit sa propre atmosphère et contribue à l’éthos de la pièce plus grande dont il fait partie. Il prend vie lors de son exécution et par cette exécution le drame annuel, dont nous sommes les acteurs et les spectateurs, prend vie. Le casting est énorme et ouvre des possibilités d’élaborations infinies, mais notre première considération doit être pour les noms que nous assignons aux personnages principaux.