Les Cordes (Texte de Robert Cochrane)

Les Cordes

L'article suivant a été écrit par Robert Cochrane et publié dans Pentagrame n°3 en Mars 1965.

Mme Basford a soulevé un point intéressant au sujet de la bonne utilisation des cordes, ficelles de moisson, poupées de corde, etc. Elles semblent pouvoir provenir des fils tressés de l’ancienne Destinée, la déité principale des vraies sorcières. Elles sont, naturellement, à l'origine de l’expression " noueur de sorts. " Effectuées correctement elles devraient contenir beaucoup d’éléments différents, herbes, plumes et ingrédients d’un charme particulier. Elles sont désignées généralement dans la tradition sous l’appellation " d’échelles, " ou dans parfois de " guirlandes, " et avaient plus ou moins la même signification que les trois croix. Elles peuvent contenir trois bénédictions, trois malédictions, ou trois souhaits. Une sorcière possède aussi une échelle de dévotion, qui l’aide à entrer en méditation, nouée selon le modèle du chapelet catholique. La pratique celtique de lier les morts, utilisée maintenant dans leur pratique par certains des groupes modernes, indiquait à l'origine que la personne morte avait subi les étapes et la purification nécessaires sur le chemin du jugement final et du rachat. Le modèle actuel du noeud fut considéré comme une chose importante ; la forme des lignes formée par la corde étant un symbole de moindre importance.

Alexandre le grand, en coupant le noeud Gordien, annonça au monde qu'il allait vivre sa propre destinée par le fil d'une épée. Ce fut l'action d'un homme véritablement courageux, puisque le noeud était lié au joug des Taureaux jumeaux, les Maîtres de la Vie et de la Mort. Il se peut que, lorsque plus tard, il a construit un temple à Nemesis il essaya de racheter son ancienne action.

L'art de nouer doit être considéré comme une des meilleures formes de l’enseignement de l’ancienne tradition. Dans les toitures, les chevrons et le solivage sont traditionnellement de formes croisées, tenus par une structure finale au-dessus des poutres de toit cela a également un lien très étroit avec la sorcellerie.

Le prétendu " objet sacré " vénéré par certaines sorcières était en fait la quenouille d'un tisserand - et pouvait facilement être confondue avec un symbole phallique. la quenouille du tisserand, liée avec des roseaux ou de la paille, est fréquente dans les campagnes et également ailleurs encore. Elle est aussi liée à l’Art et à la déité suprême. Il semble que les sorcières n'étaient pas les moins influencées par les concepts freudiens.

Il y a de bonnes raisons de supposer que le jeu " des serpents et des échelles " provenait d'un passe-temps beaucoup plus ancien qui consistait à nouer. Un aspect du serpent est celui du tentateur ou du destructeur, et le jeu demeure une leçon de vie : on monte à l'aide de l'échelle, ou descend à cause du serpent. L'action du jeu dépend toujours du jet d'un cube noir et blanc (le dé) - un ancien symbole du destin.

Fondamentalement nouer les cordes, comme on le fait aujourd'hui, est fait de manière erronée. À l'origine elles étaient des cordes du destin, tissées et nouées dans un charme avec un but défini. Parfois on lui donnait l’apparence de l'objet ou de la personne à influencer, elles étaient également accrochées à un poteau ou clouées près de l'objet ou de la personne, de préférence dans un endroit public, pour indiquer son intention. Dans un charme italien, l'échelle est réellement placée dans le lit de la personne à toucher. Une magnifique échelle de sorcière fut trouvée dans le beffroi d'une église : vraisemblablement une sorcière était gênée dans son sommeil par le tumulte des cloches le dimanche matin !

Le "jeu de ficelle " est un jeu est assez intéressant mais comme forme de sorcellerie il est une indication intéressante de la complexité de la nature de l’Art. Chaque doigt de la main d'une sorcière a une signification et un but définis. Il est raisonnable de supposer que, les croix et les avions formés par les cordes pourraient nous en dire beaucoup sur certains rituels.