Les Esprits de la Forêt

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Les Esprits de la Forêt

D'après Heodor Vernaleken – Vienne – 1859


Les esprits des bois sont multiples et la frontière est assez floue entre les esprits des arbres, les femmes sauvages, les esprits domestiques, les nains etc…. Ce sont, globalement des démons ou déités végétaux, ils n’habitent pas un arbre en particulier, mais sont attachés à TOUS les arbres, ainsi, si vous abîmez l’écorce d’un arbre, une petite femme des bois meurt. On compte parmi eux le peuple du bois (holzleute) ou de la mousse (moos leute), les hommes et femmes sauvages (wilde leute), les hommes et les femmes de la forêt (wald frauen/männer), les dames blanches (salige frau).

En général on les dit petits, sales, chevelus, ridés, ils se lavent dans la rosée et se sèchent avec la mousse. Ils filent la mousse pour en faire des vêtements, vivent en couple, mais on voit plus souvent les femmes (qui sont bienveillantes) et ils habitent les arbres creux ou les souches.

Ils sont attachés à la terre, et conseillent les paysans pour la période des semis. Dans certaines régions, lors de ces mêmes semis, on jette quelques graines de lin dans les buissons en offrande aux femmes du bois. C’est aussi à celles que sont destinées les tiges de lin qu’on laisse sur pied. On jettera du lin dans le poêle en offrande durant les 12 nuits de Yule, mais personne n’ira dans les bois durant la même période.

Mais ces pauvres créatures, qui aident et nourrissent les égarés, sont les proies préférées du chasseur sauvage. S’il en attrape une il la déchire. Elle ne pourra trouver refuge que dans une souche qui serait marquée de trois croix. C’est pourquoi elles prient les bûcherons de marquer les souches de trois croix avec leur hache.

Les cupules et creux dans les rochers ont été faits par elles, quand elles se sont assises là alors que la roche était encore tendre.

Elles sont toujours reconnaissantes envers les humains qui les aident. Si une femme allaite un de leurs petits elle lui offre de l’écorce. La femme en jettera une partie, et l’autre deviendra de l’or.

Parfois elles offrent une pelote de laine. Tant que c’est la femme à qui elles l’ont offerte qui la tricote la pelote ne finira jamais. Mais si la femme l’offre à une amie c’en sera fini.

Elles peuvent d’ailleurs vivre avec les humains, mais il ne faut pas leur demander leur nom, et leur mari ne devra pas les battre. Sinon elles s’en iront.

Elles aident volontiers aux tâches ménagères, mais si on les paye en vêtements elles fuient. Il ne faut pas complètement vider sa tasse, elles s’en chargeront, ce sera là une forme d’offrande.

On dit que quand il y a du brouillard après l’orage c’est une femme des fourrés (Buschweib) qui rentre chez elle, s’il y a de la fumée sur la montagne, c’est elle qui se fait du café.

On peut affirmer que ces femmes des bois sont devenues des divinités après avoir été une sorte d’esprit de la végétation primitif, et non pas le contraire : une déesse qui serait devenue un esprit de la végétation.

Si on voit plus souvent ces femmes, on en est bien aise, car leurs équivalents masculins sont beaucoup moins bienveillants. Les nains des bois et les kobolts se moquent des égarés et leur sautent sur le dos ; les géants des bois, parfois vêtus de peau d’ours, sont très violents et peuvent aller jusqu’à tuer celui qui répond à leur appel ; le chasseur des bois est extrêmement effrayant, car sans tête, ou bien sa tête sous son bras ; le Waldschrat, lui est une sorte de faune, solitaire, mi homme mi animal, avec des sourcils qui se touchent et des dents de loups.