Les Sabbaths des Sorcières à l’Epoque de Gerald Gardner
Les Sabbaths des Sorcières à l’Epoque de Gerald Gardner
Frederic Lamond
Traduction Tof
J’ai été initié en « Sorcellerie », comme on l’appelle maintenant, en présence de Gerald Gardner à la Veille de Février 1957 par Dayonis (qui vit maintenant à Salt Lake City). On nous disait de faire la distinction en les quatre Sabbaths majeurs d’un côté et les équinoxes et les solstices de l’autre.
A l’époque de Gerald, les quatre Sabbaths majeurs étaient appelés par leur nom anglais traditionnel : Hallowe’en, Candlemas, Beltaine et Lammas. Gerald essayait de nous enseigner le savoir traditionnel Anglais, pas les traditions Celtiques puisque l’Angleterre Méridionale avait été saxonne depuis 1300 ans. « Avant l’Epoque des Bûchers » (une expression qu’employait beaucoup Gerald) les quatre Sabbaths étaient de grandes fêtes célébrant la fin d’une des phases importantes du cycle agricole auxquelles tout le village participait. Seuls les Esbats de la pleine lune étaient réservés aux sorcières initiées car c’est à ce moment que l’on faisait des charmes ». A cette époque j’étais plutôt cynique quant aux affirmations de Gerald selon lesquelles il y avait une lignée initiatique continue remontant à l’Age de Pierre, mais je réalise maintenant qu’il utilisait, consciemment ou non, une technique miroir où il nous décrivait un passé mythique pour nous expliquer ce que devait être le futur. Ainsi lorsqu’il disait « Avant l’Epoque des Bûchers » il fallait comprendre « voilà ce que vous devez faire lorsque que vous vous sentirez assez en sécurité pour faire votre coming out. » Dans cet esprit il nous encourageait à inviter des amis non-initiés mais sympathisants, lors de fêtes autour d’un feu de joie au moment des Sabbaths majeurs, surtout pour Halloween et Beltaine.
Nous ne laissions pas de côté les Solstices et les Equinoxes, mais nous les célébrions au sein du coven avec des rituels magicks pour faire tourner la roue de l’Année et aider la nature à faire la transition d’une saison à la suivante. Yule, le Solstice d’Hiver était spécialement important. Nous devions faire tourner la roue pour que le soleil revienne l’année suivante : « Si personne, quelque part sur terre, ne tourne la roue le 21 décembre, le soleil ne reviendra pas ! » Cela peut sembler être un non-sens astronomique mais on y trouve une vérité poétique. Si nous ne célébrons pas le passage des saisons nous risquons de perdre conscience de leur existence. En Amérique du Nord nous n’en sommes pas très loin, les commerces ouverts 24 heures sur 24 et les transports publics ont effacé les distinctions entre la nuit et le jour et l’air conditionné dans nos bureaux nous isole des changements de température à l’extérieur.
Lorsque j’ai demandé à Gerald Gardner pourquoi nous ne célébrions pas les Equinoxes et les Solstices avec des fêtes, il a répondu :
Vous pouvez si vous voulez, mais ce ne serait pas approprié au climat de l’Angleterre où vous vivez. Le plus important festival païen a toujours été le festival de fertilité du printemps qui était célébré lorsqu’il faisait enfin assez chaud pour faire l’amour en plein air dans les champs afin d’assurer leur fertilité (sur le principe de la magick sympathique). Dans les pays méditerranéens c’est peu après l’Equinoxe d’Automne : d’où les dates des Pâques Juive (qui a remplacé l’orgie de fertilité de printemps après Moïse) et Chrétienne. En Angleterre et dans les pays à la même latitude il ne fait normalement pas assez chaud avant début mai (dans le calendrier Julien ce qui équivaut à la mi-mai du calendrier Grégorien), ce qui est décrit dans ce dicton populaire :
« Hourra, hourra pour le premier mai, les amours bucoliques commencent aujourd’hui ! »
En Scandinavie il ne fait pas fait pas assez chaud avant le Solstice d’Eté, c’est pourquoi les Suédois, les Norvégiens et les Danois célèbrent toujours le Solstice d’Eté par une nuit de danse autour d’un feu de joie où de nombreux couples s’éclipsent dans les fourrés.
De nombreux enfants, conçus autour des feux de joie du festival de printemps, sont nés neuf mois plus tard et cela pouvait déterminer la date du festival célébrant le retour de la lumière : peu après le Solstice d’Hiver pour ceux qui célébraient le printemps lors de l’Equinoxe de Printemps, mais pas avant la Veille de Février ou Chandeleur dans les pays où le printemps est célébré début de Mai.
Notre coven appréciait les fêtes que nous tenions lors des Sabbaths majeurs, alors que nous n’avions que les gâteaux lunaires et le vin lors des Esbats de pleine lune. Ainsi, quelque part entre 1959 et 1960 nous avons décidé d’avoir le même type de célébrations aux Equinoxes et Solstices qu’aux Sabbaths majeurs. Ce n’est que bien après qu’il a été question des huit étapes de la Roue de l’Année celte pour justifier la chose et cela ne venait pas de nous mais probablement des Druides. Je ne suis même pas certain que l’obsession pour l’authenticité celte – dont l’idée d’utiliser des noms irlandais au lieu des noms anglais pour les grands festivals – ne trouve pas son origine aux USA dans les années 1960. J’ai moi-même toujours trouvé cette obsession pour les Celtes plutôt étrange, pas parce que je n’ai qu’un quart de sang écossais (et donc celte), mais parce que les Celtes étaient – et les Irlandais le sont toujours – de grands guerriers et donc patriarcaux. Comme l’a dit un poète anglais dont le nom m’échappe lorsqu’il décrivait les différents peuples des Iles Britanniques :
L’Irlandais ne sait pas ce qu’il veut, mais il est prêt à se battre pour !
Ce que nous dans le Bricket Wood coven essayions de ranimer était pré-celtique et plus généralement venait du culte néolithique pré-indo-Européen de la Terre Mère.
Pour en revenir aux Sabbaths majeurs: ce que Gerald Gardner nous a appris à leur sujet implique que nous devons laisser le climat de la région où nous vivons nous dicter les dates des festivals majeurs, surtout celui de printemps, plutôt que de suivre ce que d’autres ont écrit sur d’hypothétiques anciennes traditions celtes.