Des Covens avant Guerre
Des Covens avant Guerre
Gavin Frost
Traduction Tof
A la fin du dix-neuvième siècle, suite aux idées de Rousseau, l’Intelligentsia Britannique a décidé que cela ferait du bien aux garçons de recevoir une éducation « naturelle ». De nombreux groupes se sont formés sur toute la terre. On peut citer les Buffalo Bill’s Boys et les Indiens de Seaton en Amérique et le mouvement Scout en Angleterre. Ces groupes et bien d’autres encore se réunissaient autour de feux de camps dans les bois et traçaient des cercles. Après la première Guerre Mondiale la nature de plus en plus paramilitaire du mouvement Scout fut à l’origine de la formation de mouvements dissidents comme l’Order of Woodcraft Chivalry et la Trinity of Woodcraft basés tous deux principalement dans la New Forest en Angleterre. La Trinity of Woodcraft traçait non seulement des cercles, mais ils honoraient aussi les directions et avaient adopté une spiritualité non-chrétienne. De tels groupes retournaient à la nature, traçaient des cercles et honoraient les directions autour d’un feu de camp en chantant des hymnes à d’anciennes déités. Les prêtres enrageaient et les traitaient de sorcières et eux en bons rebelles ont endossé ce nom. Il semble clair qu’il existait à partir de cette époque plusieurs groupes adultes de Sorcellerie.
Les estimations du nombre de covens en Angleterre lors du déclanchement de la seconde Guerre Mondiale varient d’une douzaine à plusieurs centaines. Comme d’habitude, tout dépend de ce qu’on entend par « coven ». En tout cas on peut dire que de nombreux groupes pratiquaient une forme de religion alternative de retour à la nature. Certains étaient Tantriques, d’autres évitaient cette voie mais continuaient à danser et à se retrouver nus. D’autres groupes pratiquaient la magie cérémonielle et utilisaient des outils marqués de sigils identiques à ceux utilisés par la Golden Dawn. La plupart d’entre eux s’inspiraient du Magus de Barret.
En 1938 Gerald Gardner un administrateur colonial britannique à la retraite a déménagé à Christchurch un peu en dessous de la New Forest. Sa participation à une troupe de théâtre locale a conduit à son initiation dans un coven existant ce qui plus tard a abouti à ce qui est devenu la Sorcellerie Gardnerienne. Il a publié « A Goddess Arrives » et « High Magic’s Aid » respectivement en 1948 et 1949. Il a fait preuve de versatilité et plus de rigueur dans son « Witchcraft Today » publié en 1953. Gardner a surtout ouvert les portes de la Sorcellerie à ceux qui cherchaient un autre chemin spirituel.
Il n‘est nullement improbable que Gardner ai été initié dans un de ces groupes et qu’il obéissait à ses vœux de secret. Apparemment il a réécrit leurs rituels pour les adapter à son gout et y a incorporé des textes de Crowley. Une des nombreuses grandes dames de cette époque, une psychique et poétesse de talent, Doreen Valiente a rejoint Gardner en 1953 et a réécrit une grande partie de ses textes. Elle a conservé les bases en les rendant bien plus poétiques et en a gommé les côtés chauvins de Gardner. Pour cela elle s’est inspirée du travail déjà ancien de Leland, la « Charge de la Déesse » en est un bon exemple.
Lorsque Valiente s’est brouillée avec Gardner elle a rejoint le coven « 1734 » de Robert Cochrane qui détestait Gardner et dont le groupe pratiquait vêtu de noir. Apparemment le système magique de Cochrane ressemblait à celui que j’ai expérimenté avec des Sorcières Siciliennes (Mago Negro). Dans cette approche, les rituels sont pratiqués en silence. On m’a expliqué « Qui sait comme les noms de ces dieux et déesses doivent être prononcés ? Il est préférable de se contenter de visualiser une déesse magnifique que de causer des problèmes à cause d’une mauvaise prononciation. »
J’ai eu la chance de discuter de tout cela avec Louisa Leek, la mère de Sybil. Elle m’a appris que différents petits groupes pratiquaient en Angleterre dans les années 1930 mais il m’a été impossible d’en retrouver la trace. Sybil s’accorde avec sa mère sur ces points et dit aussi que bon nombre d’entre eux se sont inspirés de Crowley. Crowley était un ami de Louisa et cette affirmation n’est peut être qu’une tentative pour accroitre l’importance qu’aurait eu Crowley.
En 1951 j’ai terminé mes études à l’University of London. J’ai été initié Sorcière dans un cercle à neuf-demoiselles à Boskednan en Cornouailles. Il s’agissait d’une tradition ayant des bases Druidiques, assez proche (quoi que différente) de celle rendue publique par Gardner. Le coven où j’ai été initié était antérieur à la seconde Guerre Mondiale. Toujours en 1951 la loi britannique contre les faux médiums. Cette loi abolit toutes les sanctions contre ceux qui pratiquent la Sorcellerie, à l’exception de ceux qui acceptent de l’argent en échange de pratiques occultes frauduleuses qui eux risquent la prison. Cette loi a incité Gardner à avertir les siens : « Ne vous faites pas payer pour enseigner la Sorcellerie. »