Pan (Texte de Tof)
Pan
Tof
Lorsqu’on me parle du « Cornu » ou du « Dieu Cornu », la première image qui me vient à l’esprit est celle d’un chèvre pied.
Je sais bien que le Plutarque a écrit que le Grand Pan est mort, mais je ne veux le croire. Il s’était assoupi et s’est réveillé depuis.
A l’origine Pan n’était en Arcadie (une petite région rurale grecque qui a tardé à accepter les nouveaux dieux grecs) que le dieu des bergers et de leurs troupeaux. Ce n’était qu’un tout petit dieu, mais peu à peu son rôle et sa zone d’influence se sont accrus et pour certains il est devenu le Dieu suprême de la Nature (rôle qu’il avait peut être déjà avant d’être supplanté par les dieux des Pélages.
Son origine est des plus incertaines, on lui a prêté comme mère Amalthée, la fameuse nymphe à la corne d’abondance, Callisto, Thymbris ou encore Pénélope (celle d’Ulysse) et pour père Zeus ou Hermès.
On raconte qu’à sa naissance, sa mère a pris peur en le voyant (une peur panique ?) en voyant son apparence mi-bouc mi-homme et l’a abandonné à la merci des animaux, mais son père (quel qu’il soit) l’a sauvé et l’a emmené vivre sur le mont Olympe.
Le monde de Pan n’est pas des plus rassurants, c’est un monde de magie angoissant et périlleux qui peut engendrer cette fameuse peur panique. Pan incarne la possession, le dieu qui nous chevauche dans le cercle, il libère nos instincts, pas tout à fait humain pas tout à fait bestial. Il est sexe et fécondité. Il est aussi le Dieu de la foule hystérique à qui il a fait perdre toute trace d’humanité.
En plus de sa fonction de Dieu des bergers il a aussi celle de l’art de la guerre, de l’instinct primitif et animal et d’une certaine façon de la fécondité.
Pour l’homme l’influence de Pan dépasse encore ce cadre, c’est lui qui nous fait désirer l’autre tout en instillant en nous la jalousie, il est tout en contradiction il est là tout en étant absent, il nous rassemble (puisque nous sommes son troupeau) et nous divise, il nous protège et nous effraie, il séduit et rebute …
Parmi les conquêtes de Pan on peut citer Sélène, la Déesse de la Lune (donc Pan le Dieu Cornu est bien l’amant de la Lune) et le berger sicilien Daphnis, mais là ce n’est pas une contradiction, il a des goûts éclectiques.
Pan était probablement le Dieu le plus populaire au moyen âge, ainsi l’église chrétienne en a fait son adversaire principal, c’est donc à son image qu’elle a représenté le diable cornu à pattes de bouc. C’était pour elle une manière de lutter contre le paganisme. Ainsi, on comprend mieux qu’avec le triomphe de l’église de Rome on a pu dire que « le grand Pan est mort. »