John Dee (Texte de Doreen Valiente)
John Dee
Doreen Valiente
Traduction Tof
Le nom de John Dee est un des noms les plus célèbres de l’occultisme anglais. Il est né à Londres en 1527 mais sa famille venait du Pays de Galles et affirmait descendre de Roderick le Grand, un des princes de Galles Gallois.
Dee fut éduqué à Cambridge où il devint un « Ami du Trinity College ». Depuis son plus jeune âge il s’est intéressé à l’occulte, surtout à l’alchimie. Il fut un très bon mathématicien et un collectionneur de livres et de manuscrits. Un des moments les plus terribles de sa vie fut lorsqu’il a appris qu’une foule d’ignorants et de fanatiques était rentrée chez lui à Mortlake et avait pillé sa bibliothèque car ils pensaient qu’il pratiquait la magie noire.
La plus grosse partie du travail de Dee n’a jamais été publiée mais, « The Hieroglyphic Monad » fut traduit du Latin par J. W. Hamilton-Jones et publié en 1947 par John M. Watkins. Ce livre extraordinaire donne un aperçu de la pensée étrange et brillante de Dee tout comme un livre un peu moins accessible « A True and Faithful Relation of what passed for many years between Dr John Dee and some Spirits » par Meric Casaubon publié en 1659.
Sous le règne de Marie Tudor la Catholique, Dee fut très prêt d’être brûlé pour hérésie et parce qu’on l’accusait d’être « quelqu’un qui conjure et invoque des démons ». Il a réussi à se disculper de cette accusation mais a tout de même passé quelque temps en prison. Lorsque Elizabeth Première est montée sur le trône, Dee fut reçu par elle à sa Cour. C’est lui qui eut la charge de choisir, grâce à l’astrologie, le jour le plus propice à son couronnement.
Nous savons maintenant que Dee fut bien plus que le conseiller occulte de la Reine Elisabeth Première. Lors des ses fréquents voyages, il agissait comme agent secret de la Reine, et coïncidence amusante, son nom de code était « 007 ». Je ne sais si Ian Fleming le créateur du 007 contemporain, James Bond du Service Secret de Sa Majesté, le savait ou non mais certaines des aventures de Dee étaient encore bien plus étranges que celles vécues par James Bond.
On a souvent affirmé que les sorcières ont un langage secret. Il est vrai qu’un véritable langage magique existe, même si les sorcières ne sont pas les seuls pratiquants de l’occulte à l’étudier et à parfois s’en servir. Ce langage est appelé Enochien et nous le devons aux recherches du Dr. John Dee et de son partenaire Edward Kelley.
Le langage Enochien a été obtenu via la clairvoyance d’Edward Kelley qui utilisait une boule de cristal comme outil de Scrying. Par ce biais, Kelley a obtenu un grand tableau divisé en cases. Dans chacune de ces cases figurait une lettre de l’alphabet. Ces tableaux, ou « tablettes », furent recopiés puis Kelley décrivait qu’il voyait dans ses visions un « ange » ou un esprit qui pointait une lettre après l’autre pour épeler un message. Dee qui agissait en tant que scribe lors de ces séances, transcrivait le message. Parfois les messages étaient révélés à l’envers, car les esprits disaient que les noms sacrés et les invocations transmises de cette manière plus complexe étaient si puissants que si on les avait récités dans le bon ordre ils auraient pu lever un pouvoir trop fort pour être maîtrisé et l’opération magique de transmission aurait pu être bouleversée
Aleister Crowley, qui s’intéressait aussi au language Enochien, affirmait la même chose dans son « Magick in Theory and Practice ». Il dit que l’utilisation des mots magiques Enochiens demandait une grande prudence parce que lorsqu’on les utilise des choses se passent – positives ou négatives. Il note également, comme d’autres l’on fait, que cette langue mystérieuse est réellement un langage, et non juste un charabia de mots étranges. Ce langage possède indubitablement une grammaire et une syntaxe. Il possède aussi un alphabet qui lui est propre même si l’Enochien ressemble à l’Hébreux, puisqu’il se compose essentiellement de consonnes, les voyelles devant être déterminées par celui qui parle en suivant certaines règles.
Le langage Enochien est un mystère philologique total. On a suggéré qu’il s’agit de ce qui subsiste de la lange des anciens Atlantes, peut être parce qu’il tire son nom du mystérieux patriarche Enoch qui a vécu avant le Déluge et qui « marcha avec Dieu, puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit » (Genèse, Chapitre 5 versé 21-4). Il existe un livre étrange, « Le Livre d’Enoch » dont le propos est de raconter l’histoire de ces « Enfants de Dieu » qui sont descendus du ciel et ont épousé les filles des hommes et ont ainsi donné à l’humanité une connaissance interdite, dont la connaissance de la magie.
Le souvenir de John Dee demeure à la frontière du Pays de Gales, entre Knighton et Beguildy il y a une colline appelée Conjurer's Pitch. Selon la tradition locale c’est là que Dee, lorsqu’il était au Pays de Galles, avait l’habitude de pratiquer des rites magiques.
Le successeur d’Elisabeth Première, James Premier, avait bien moins d’indulgence à l’égard de John Dee que n’en avait la Reine Vierge et Dee a fini sa vie dans la pauvreté et totalement oublié. Il est mort à Mortlake en 1608. A une époque pourtant, John Dee fut l’ami de personnes comme Sir Francis Bacon et Sir Walter Raleigh. Il fut membre d’un cercle appelé « L’Ecole de la Nuit », qui se réunissait secrètement dans la demeure de Sir Walter Raleigh à Sherbourne dans le Dorset pour y parler de sujets occultes et scientifiques. Sherbourne n’est pas très éloignée du Zodiaque de Glastonbury, c’est donc peut être là que Dee en a entendu parlé.