Sorcellerie dans le Dorset
Sorcellerie dans le Dorset
Les origines de la Sorcellerie dans le Dorset – L’histoire de Gerald Gardner
Maria Court, Dorset Echo du 26 octobre 2013
Traduction Tof
La sorcellerie païenne contemporaine est l’une des religions les plus dynamiques du monde, on l’appelle aussi Wicca.
Et tout cela grâce à un homme du Dorset d'âge moyen appelé Gerald Gardner.
Contrairement à la croyance populaire, les Wicca - qui se qualifient de sorcières – n’adorent pas le diable. Ils se prosternent plutôt devant la déesse de la nature. Ils n'ont pas besoin d’église ou de temple car leur lien avec la terre les pousse à pratiquer leurs rituels en plein air.
De nos jours, les covens se rassemblent dans nos zones forestières et croient pouvoir jeter des sorts. Mais ils ne cherchent pas la publicité. Ils adorent leurs dieux, respectent la lune et travaillent avec des cristaux, des encens, des huiles et font mijoter leurs potions en toute discrétion. Ils utilisent des plantes et trouvent de la magie dans d’autres ingrédients de cuisine. Ils aiment développer leurs propres capacités et leur intuition. Et on dit qu’en 2013, vous n’êtes jamais très loin d'une sorcière.
On pense que lors du prochain recensement on verra que la Wicca est l’une des dix religions les plus importantes du Royaume-Uni.
Mais pourquoi de plus en plus de personnes se tournent vers la foi ? Certains disent que c’est parce que nous avons perdu notre sentiment d’appartenir à un groupe et que nous avons besoin de nous connecter à nouveau au rythme de la terre, lorsque les gens sèment leurs champs selon les phases de la lune et célèbrent les saisons. La Wicca voit aussi une polarité entre le masculin et le féminin.
Certaines personnes trouvent que cet équilibre est plus à leur goût que ne l’est une communauté patriarcale.
La Wicca a été développée dans les années 1940 par un naturiste d’âge moyen de Highcliffe appelé Gerald Gardner. Connu comme le Roi des Sorcières, Gardner à l’aspect légèrement étrange avait le genre d’apparence qu’il fallait pour être surnommé de la sorte.
Dans le documentaire « Une Sorcellerie très Britannique » diffusé par Chanel Four, Ian Stevenson un historien de Christchuch se souvient: « On le remarquait dans la foule. Il avait une abondante tignasse de cheveux blancs et des tatouages sur les bras. Les gens traversaient la route quand ils le voyaient, il avait une apparence un peu étrange ».
En 1938, à l’âge de 52 ans alors qu’il revenait des colonies, il s’est retiré avec son épouse à Highcliffe - une communauté anglaise tout ce qu’il y a de plus typique.
À l'époque, c'était un lieu très prisé des naturistes, Gardner était naturiste. Un article paru en 1939 dans le Christchurch Time raconte que des membres très respectés de la communauté comme des enseignants et des banquiers s’intéressaient à ce passe-temps particulier.
La même année, après avoir rencontré le New Forest coven, Gardner a été initié en sorcellerie et jusqu’à sa mort près de 30 ans plus tard, il y a consacré sa vie.
Après son initiation, il a décidé de faire revivre la foi, agrémentant les rituels du coven avec des idées empruntées au folklore de la sorcellerie anglaise, à la franc-maçonnerie (d’où vient le symbole du pentagramme), à la magie cérémonielle et aux écrits d’Aleister Crowley.
Plus tôt, au cours de ses voyages à l’étranger, il a étudié les cultures tribales et était fasciné par la magie rituelle tribale. « Pour ces gens, la magie était réelle » a-t-il écrit dans sa biographie. A l’époque où il a emménagé à Highcliffe, Gardner avait déjà étudié la magie depuis de nombreuses années. Il avait contacté des occultistes et un important groupe de francs-maçons qui vivaient non loin de là et connaissaient le folklore local et « la vie à la campagne ».
Mais il avait des ambitions bien plus grandes. Il ne voulait pas se contenter de guérir une verrue. Il voulait changer le monde.
Et il voulait tester ses pouvoirs magiques qu’il venait de découvrir.
Comme Hitler menaçait d’envahir l’Angleterre, Gardner était un membre des home gard et il se préparait à repousser les nazis grâce à la magie. C’est ce qu’il a fait en 1940avec son coven dans la New Forest, en créant, selon le biographe Philip Heselton, « un cône de pouvoir qu’il a dirigé vers le haut commandement Allemand et Hitler lui-même ».
Pour Gardner, la menace d’une invasion allemande était l’occasion idéale pour démontrer la puissance de la magie Wicca. L’ordre a été donné « vous ne pouvez pas traverser la mer, vous ne pouvez venir ». Peu après de nombreuses personnes sont mortes à cause de l’épuisement dû au rituel. Même si tout cela peut sembler farfelu, Hitler n’a pas envahi l’Angleterre et pourtant, même le gouvernement Britannique semblait craindre l’invasion.
Dans les années 1940, la Loi sur la Sorcellerie était toujours en vigueur et il était illégal d’affirmer être une sorcière. Tout ce qui était étranger au christianisme était traité avec suspicion.
Lorsqu’en 1949 Gardner a publié un livre intitulé High Magic’s Aid, il a utilisé un pseudonyme et l’ouvrage se présentait comme une œuvre de fiction, mais c’était le premier livre à parler publiquement de la magie Wicca. Peu de temps après, les députés spirites, soutenus par Winston Churchill, ont fait campagne contre la Loi sur la Sorcellerie qui a finalement été abrogée. Les Wicca pouvaient enfin l’être publiquement et en être fiers. Gardner voulait plus particulièrement faire connaitre la Wicca au grand public pour qu’elle ne meure pas avec lui.
Il en a eu l’occasion en 1958 lorsqu’il a été invité à participer à Panorama une émission d’actualité diffusée par la BBC.
Cette émission faisait suite à de nombreux journaux à sensations qui parlaient des croyances de Gardner, disant qu’il adorait le diable. Il était maintenant temps pour lui de se défendre.
L’émission a été regardée par 12 millions de spectateurs, dont beaucoup voyaient pour la première fois une véritable sorcière et entendaient parler pour la toute première fois de Wicca.
Dans les années 1960 la Wicca, avec ses idées sur l’égalité des sexes et son respect pour la nature, semblait correspondre aux mœurs de l’époque. Peu de temps après, elle s’est diffusée dans le monde entier, auprès du grand public, aidée en cela par des films tels que The Wicker Man.
Aujourd’hui ses adeptes semblent se complaire dans le fait qu’ils sont éclairés par leurs propres interprétations de la tradition plutôt qu’en suivant une longue série de règles. Il n’y a qu’une seule règle, le Conseil Wicca, qui enseigne « ne blesse personne et fais ce que tu veux ».
Le professeur Ronald Hutton qui a étudié la Wicca lors des 20 dernières années, résume sa perception de la Wicca par cette phrase: « Là où d’autres religions disent : C’est comme ça que vous devez ressentir le divin, la Wicca dit : C’est ainsi que vous pouvez ressentir le divin. »